par cmoi » mar. 09 juin 2020, 13:51
Bonjour Cinci,
Je me disais que je n’allais plus intervenir ici et même, sur tout ce forum, mais votre intervention présente enfin de vrais arguments et vous étiez déjà quasiment le seul à réellement nous présenter des objections qui tenaient compte des nôtres et n’y faisaient pas la sourde oreille, etc.
Votre esprit est parfois très élastique, au point de donner l’impression d’être lunatique, mais il est aussi capable de telles fulgurances (aux réserves prés que releva Prodigal) et que je salue.
Je vais donc vous apporter une réponse. D’un point de vu légal, comme l’a déjà signalé je crois Prodigal, il est extrêmement difficile d’arriver à établir une distinction certaine entre une religion et une secte. Si c’était possible, les sectes toutes pourraient être condamnées et poursuivies en justice et y entreraient les sataniques.
Sans aller jusque là, il est clair que la définition seule et valeur des mots devrait suffire pour condamner un culte, ou une simple affiliation, à une personne ou un être ou un concept, peu importe, qui relève d’une façon indiscutable du mal ! De la même façon, tout ce qui relève de pouvoirs occultes faisant ouvertement appel à des entités qui ne sont pas bienveillantes, sorcellerie, magie, médiums, guérisseurs (je n’ai pas dit que cela les concernait tous !) etc. quand bien même s’y mélangeraient d’autres qui le seraient (Sainte Vierge), quand bien même (et surtout si) l’efficacité en est probante, devraient être condamnées, proscrites et poursuivies en justice…
C’est un combat qui comporte des risques réels, mais qui en vaut la peine. Il se trouve que nous ne sommes pas assez médiatiquement crédibles pour le mener en tant qu’Eglise avec succès, à cause de ce que nous avons trop été parfois sectaires.
Concernant l’Eglise et sa survie, car c’est bien de cela dont il s’agit, il se trouve qu’elle s’est trouvée singulièrement démunie pour faire face à certaines déferlantes.
Face à la luxure et quelles qu’en soient les formes (instants fugaces de plaisirs sans aucune promesse entre adultes consentants), on peut parler d’amour, de fidélité, de santé, de spiritualité, d’affectivité, de dignité de la personne, que ce ne sont là que des instants brefs et sans grande valeur, etc. et conserver une grande crédibilité, voire une attractivité.
Si l’on excepte les scandales qui se sont révélés en notre sein…
Or elle a plus ou moins bien pu résister à la pilule et usage d’autres contraceptifs, et face au Sida (une simple transfusion sanguine…) et à la question du préservatif, elle a fait preuve de maladresse et parfois de malhonnêteté.
Face à l’homosexualité, à ceux pour qui elle est « foncière et involontaire » et chez qui elle exclura le viol (il fut très pratiqué quand elle était hors la loi), à moins de trouver un protocole de guérison qui prouve qu’il s’agisse d’une maladie (spirituelle, psychosomatique ou autre…), difficile d’apporter pour réponse soit l’obligation de commettre un acte qui ne leur est pas naturel, soit celle de ne pas témoigner de leurs sentiments avec leurs corps. Cela n’est possible que dans une perspective eschatologique que beaucoup de croyants eux-mêmes n’ont pas et qui relève en certaines de ses formes d’une vocation particulière (ce pour quoi on en a retrouvé un certain nombre parmi les religieux ou clercs).
Face au divorce (qui nierait que leur nombre est un fléau ? Mais une bénédiction dans certains cas douloureux…) elle a été obligée de reconnaître qu’une séparation peut être souhaitable. Là encore, sans perspective eschatologique que… (bis repetita) comment peut-elle refuser la communion et refuser ses moyens de salut (vouer quasiment à l’enfer) à ceux qui en sont la partie victime si d’aventure l’occasion d’un nouvel amour se présentait ?
Beaucoup se sont éloignés d’elle à cause de cela qui s’efforcent d’observer les 10 commandements, qui prient, pour qui Jésus est La référence inégalée, qui pratiquent avec zèle les œuvres de miséricorde tant spirituelles que corporelles mais pour qui l’église, là, (c’est un exemple éloquent mais seulement un exemple) ne représentait plus la vérité du Christ. Et il suffit que cela soit une fois, pour une seule chose, et vu la doctrine de l’Eglise si bien connue, tout le reste s’effondre du coup (c’est le revers de la médaille de l’infaillibilité et tuttti quanti).
Je regrette qu’ils n’aient pas pensé à se faire orthodoxes…
Vous me direz que ce n’est plus le cas, mais c’est venu trop tard et certains critiquent encore cette décision papale.
Il faut reconnaître jusqu’à quels sommets il faut parfois grimper pour pouvoir « tenir sa foi », et quand pour beaucoup, même au sein de l’Eglise, ceux-ci sont noyés dans le brouillard, s’adapter provisoirement et faire en sorte à dégager le ciel, rendre possible l’ascension et fournir un bon guide –comme vous l’avez très bien dit il y a peu, il n’y en a plus vraiment (je crois que Dieu les forme et pour le moment les préserve et les cache, jusqu’à ce qu’ils soient « au point »).
(Il dépend aussi de nos prières et de notre attitude qu’ils surgissent… qu’on y réfléchisse !)
Ce qui n’est pas possible si « d’entrée » on oblige au nom de la plus pure et sainte doctrine, tout le monde à la plus pure sainteté, ce qui créera des situations d’inégalité.
Si en plus une loi civile s’en mêle (qui ne connaît de la miséricorde que l’objection atténuante), on arrivera à une catastrophe !
Or il n’y a pas que cette perspective « privée ». Dans le concert des nations, le catholicisme a aussi fait des bourdes, qui ne correspondaient certes pas à sa doctrine, mais à sa pratique et son témoignage donc, à une certaine sensibilité (ou insensibilité..). Il a défendu le racisme, la corruption, la censure - il en est une qui peut se justifier, comme à l’égard de la pornographie, d’ailleurs tout peut parfois vraiment se justifier, mais il faut en donner le juste cadre et y rester…
Bon, tout cela vous le savez déjà, alors où je veux en venir ? Je veux en venir que nous sommes obligés (évêque ou laïc) d’aborder la réalité autrement. Obligés d’adopter ce qu’il y a de vrai chez nos adversaires, pour y mettre notre levain, au lieu de voir ce qu’il y a en eux de faux, et de les combattre car ce combat nous l’avons perdu, c’est un fait. Nous ne devons le maintenir que pour conserver nos vérités intactes, mais elles ne sont plus reconnues pour telles ou du moins admises comme nous étant rattachées (il arrive qu’on nous les vole). Et avec notre levain nous pourrons aussi introduire d’autres vraies farines et qui nous appartiennent, qui aujourd’hui sont rejetées parce qu’elles sont entre nos mains salies, font partie de ce qui est abhorré.
Nous n’avons pas perdu par faiblesse, mais par corruption. Nous n’avons pas perdu parce que nous avions le visage pur du Christ, mais parce que nous l’avions défiguré. Il se peut aussi que nous ayons eu affaire à « plus fort que nous » mais alors la suite dépend de la providence de Dieu, car son assistance nous a été promise et que le miracle existe.
Je vais prendre 2 exemples, ils me seront personnels pour éviter toute controverse. Au moment de la guerre à Sarajevo, comme d’autres j’ai été sollicité pour m’y rendre le week-end en croisade catholique, et tuer tous frais payés des civils (au sens militaire du terme) qui passeraient à portée d’une arme qui me serait gracieusement confiée. Et je vous assure qu’il me fut difficile de refuser, les arguments employés étaient fort habiles et convaincants, d’autres y ont cédé.
Un catholique du secours catholique a fait squatter par des réfugiés syriens (je crois) une dépendance que j’ai au fond de mon jardin (65 m2 meublés) et qu’utilisent mes enfants quand ils me visitent. Il ignorait que les arrivées d’eau et d’électricité passaient par ma maison (ce qui mettait même après le squatt la loi de mon côté), et je les ai coupées. Il m’a fait promettre « entre cathos »de ne pas faire intervenir la police, et a cru qu’en utilisant la force (armes blanches + le nombre) il obtiendrait gain de cause. J’ai voulu savoir jusqu’où il était prêt à aller pour bafouer mon droit de propriété, et je l’ai su. Je les ai aussi épargnés mais ils ont dû partir…
Je connais un collègue de travail catho qui a dû cohabiter pendant plusieurs années avec une famille de réfugiés, bon gré/mal gré mais fondamentalement contre son gré.
(Je ne dis pas qu’il ne faut pas accueillir les réfugiés, mai cet accueil doit répondre à certaines conditions et s’organiser à un autre niveau. Les états catholiques n’ont pas fait mieux que les autres à cet égard.
J’en profite pour signaler, puisque je suis dans une parenthèse, que je n’ai rien contre cette doctrine si elle appartient à un parti politique qui veut conserver ou préserver des acquis culturels, pourvu qu’il ne prétende pas que c’est au nom de L’église et que celle-ci reste un tiers et qui peut le contredire dans ses actions.
De la même façon qu’un pouvoir civil peut « corriger » la doctrine en ce qu’elle n’est pas infaillible, pour anticiper son amélioration…
Prenons un exemple : l’avortement. Avant de devenir ce qu’il est revenu, il fut pratiqué par des femmes qui voulaient s’éviter la honte d’avoir péché et qui auraient gardé l’enfant ou l’auraient fait adopter (tant d’adoptions sont en attente !), sans le poids du qu’en dira-t-on ! Or si les catholiques les avaient encadrées dans la miséricorde, avaient apporté des procédures de secours adaptées à ces futures mères, il y en aurait eu moins et il n’aurait peut-être pas été nécessaire de voter une loi qui en fera in fine une méthode contraceptive bis de secours. Car celles qui y recourraient pour d’autres causes (pauvreté, …) auraient profité de ces mesures qui au moins auraient permis à chacun de prendre ses responsabilités.
Mais quand on a le pouvoir, on se repose sur ses lauriers et on prétend que tout est sous contrôle puisque le péché d’avortement était sanctionné par la loi et basta.)
Des exemples, j’en aurais à la pelle (y compris de m’être vu refusé l’entrée à une messe traditionaliste, parce qu’on ne me connaissait pas, déjà, et que je ne portais pas le costume-cravate !) et c’est plus la somme de leurs petitesses qui a finie par être trop grosse à l’échelle de tous, plus que les grands débats médiatiques qui n’en offrent qu’une représentation partielle et biaisée. Vous connaissez sûrement le cas de conscience posé par Dostoievski¨ : non on ne devrait pas « sacrifier » un enfant innocent, même si cela devait sauver l’humanité. Mais dans la réalité le problème est souvent inversé : si nous ne « cédons » pas, on tuera notre enfant (qui cette fois bien vivant est devenu une sorte de petit dieu). Et là c’est différent. Non pas tant parce que c’est le nôtre, mais parce que la cause est crapuleuse. Et que ce qui s’applique, c’est la parole du Christ : quiconque ne le fait pas passer Lui avant son père, sa mère, etc.) et que le Christ à ce moment là a pris un visage tout petit, lié à cette cause qui nous est à nous presque indifférente, extérieure, sans importance, comparée à la vie de notre enfant.
Dans ce cas il ne faut pourtant pas céder, et oui c’est accepter que notre enfant soit tué, et oui il n’y a pas toujours d’équilibre pour le justifier sinon la foi (c’est comme porter un faux témoignage pour sauver un innocent : c’est si tentant !) et oui, celle au miracle aussi, qui n’est ni une lâcheté ni un rêve, mais une réalité et qui ne se produira peut-être pas si nous manquons de foi – mais nous devons y croire.
Or l’attitude en quoi consisterait l’application actuelle de la doctrine dite traditionnelle est à l’opposé, elle en exclut la possibilité, elle fait offense au Christ crucifié pour nos péchés et en sa puissance.
Le concept de légitime défense est insuffisant pour nous permettre d’aller jusqu’à justifier cette doctrine qui ne se contente pas de prendre le pouvoir, mais qui s’en sert pour imposer des inégalités et des discriminations, des sanctions qui sortent de son périmètre de compétence.
Celui des droits de Dieu aussi. C’est un grand classique que de prétendre qu’il est avec soi, quand on s’apprête à faire mal !
Je ne crois pas que « ce système libéral est jugé par nos évêques conciliaires comme un système moralement supérieur au régime de chrétienté comme il y en avait jadis » ni que « ils reconnaissent comme juste et même meilleur l'idée que l'éducation des pupilles de la nation soit confiée à des professeurs laÏcistes » puisqu’ils défendent l’école libre et donc privée, confessionnelle, inscrite dans un cadre légal reconnu (c’est mieux que clandestine !).
Cependant vous avez raison, c’est contradictoire avec ce qu’ils enseignent en soi ou voudraient enseigner, sauf que… c’est pragmatique. Et que le principe, tel que le définit l’encyclique, est juste, mais qu’il demande pour qu’en émerge la supériorité de notre enseignement, du temps et des efforts soutenus.
Nous sommes certes au creux de la vague, mais cette vague là ne sera pas stoppée, comme l’a été celle dont nous étions au sommet. Elle pourra l’être provisoirement par le martyr, mai pas par des vérités qui pour partielles qu’elles furent, ont suffit à nous débouter !
Nous ne sommes pas un parti politique, mais une religion. Notre royaume n’est pas de ce monde. Notre but n’est pas de dominer, mais de servir sans discrimination. Et à l’échelle de l’individu, nous croyons que cela lui apporte plus de liberté intérieure, la vraie. Alors il ne nous est pas permis de commencer par l’en priver, ne serait-ce qu’en partie… Sur terre, notre force doit nous venir de la base, non du sommet. Au sommet se trouve la miséricorde, et c’est à nous de faire en sorte que la justice l’y rejoigne mais par le bas. Sans quoi la miséricorde prendra toujours fait et cause pour l’opprimé, le serait-il au nom d’une religion dont le culte est sacré.
L’évangile de Luc 16/8:15 (à relire) nous donne pas mal de latitudes, mais pas celle-là… Jésus ne nous a jamais dit de prendre le pouvoir et d’imposer l’observation des 10 commandements à tous les sujets. Il a au contraire désavoué ceux (dévoués au culte) qui prenaient prétexte du culte pour détourner les enfants d’accomplir leur devoir envers leurs parents (je n’ai pas la référence précise en tête). Il y a aussi Luc 11 (39:42 à quoi peut s’ajouter un regard sur les versets 46 et 52 un peu plus bas).
Bonjour Cinci,
Je me disais que je n’allais plus intervenir ici et même, sur tout ce forum, mais votre intervention présente enfin de vrais arguments et vous étiez déjà quasiment le seul à réellement nous présenter des objections qui tenaient compte des nôtres et n’y faisaient pas la sourde oreille, etc.
Votre esprit est parfois très élastique, au point de donner l’impression d’être lunatique, mais il est aussi capable de telles fulgurances (aux réserves prés que releva Prodigal) et que je salue.
Je vais donc vous apporter une réponse. D’un point de vu légal, comme l’a déjà signalé je crois Prodigal, il est extrêmement difficile d’arriver à établir une distinction certaine entre une religion et une secte. Si c’était possible, les sectes toutes pourraient être condamnées et poursuivies en justice et y entreraient les sataniques.
Sans aller jusque là, il est clair que la définition seule et valeur des mots devrait suffire pour condamner un culte, ou une simple affiliation, à une personne ou un être ou un concept, peu importe, qui relève d’une façon indiscutable du mal ! De la même façon, tout ce qui relève de pouvoirs occultes faisant ouvertement appel à des entités qui ne sont pas bienveillantes, sorcellerie, magie, médiums, guérisseurs (je n’ai pas dit que cela les concernait tous !) etc. quand bien même s’y mélangeraient d’autres qui le seraient (Sainte Vierge), quand bien même (et surtout si) l’efficacité en est probante, devraient être condamnées, proscrites et poursuivies en justice…
C’est un combat qui comporte des risques réels, mais qui en vaut la peine. Il se trouve que nous ne sommes pas assez médiatiquement crédibles pour le mener en tant qu’Eglise avec succès, à cause de ce que nous avons trop été parfois sectaires.
Concernant l’Eglise et sa survie, car c’est bien de cela dont il s’agit, il se trouve qu’elle s’est trouvée singulièrement démunie pour faire face à certaines déferlantes.
Face à la luxure et quelles qu’en soient les formes (instants fugaces de plaisirs sans aucune promesse entre adultes consentants), on peut parler d’amour, de fidélité, de santé, de spiritualité, d’affectivité, de dignité de la personne, que ce ne sont là que des instants brefs et sans grande valeur, etc. et conserver une grande crédibilité, voire une attractivité.
Si l’on excepte les scandales qui se sont révélés en notre sein…
Or elle a plus ou moins bien pu résister à la pilule et usage d’autres contraceptifs, et face au Sida (une simple transfusion sanguine…) et à la question du préservatif, elle a fait preuve de maladresse et parfois de malhonnêteté.
Face à l’homosexualité, à ceux pour qui elle est « foncière et involontaire » et chez qui elle exclura le viol (il fut très pratiqué quand elle était hors la loi), à moins de trouver un protocole de guérison qui prouve qu’il s’agisse d’une maladie (spirituelle, psychosomatique ou autre…), difficile d’apporter pour réponse soit l’obligation de commettre un acte qui ne leur est pas naturel, soit celle de ne pas témoigner de leurs sentiments avec leurs corps. Cela n’est possible que dans une perspective eschatologique que beaucoup de croyants eux-mêmes n’ont pas et qui relève en certaines de ses formes d’une vocation particulière (ce pour quoi on en a retrouvé un certain nombre parmi les religieux ou clercs).
Face au divorce (qui nierait que leur nombre est un fléau ? Mais une bénédiction dans certains cas douloureux…) elle a été obligée de reconnaître qu’une séparation peut être souhaitable. Là encore, sans perspective eschatologique que… (bis repetita) comment peut-elle refuser la communion et refuser ses moyens de salut (vouer quasiment à l’enfer) à ceux qui en sont la partie victime si d’aventure l’occasion d’un nouvel amour se présentait ?
Beaucoup se sont éloignés d’elle à cause de cela qui s’efforcent d’observer les 10 commandements, qui prient, pour qui Jésus est La référence inégalée, qui pratiquent avec zèle les œuvres de miséricorde tant spirituelles que corporelles mais pour qui l’église, là, (c’est un exemple éloquent mais seulement un exemple) ne représentait plus la vérité du Christ. Et il suffit que cela soit une fois, pour une seule chose, et vu la doctrine de l’Eglise si bien connue, tout le reste s’effondre du coup ([u]c’est le revers de la médaille[/u] de l’infaillibilité et tuttti quanti).
Je regrette qu’ils n’aient pas pensé à se faire orthodoxes…
Vous me direz que ce n’est plus le cas, mais c’est venu trop tard et certains critiquent encore cette décision papale.
Il faut reconnaître jusqu’à quels sommets il faut parfois grimper pour pouvoir « tenir sa foi », et quand pour beaucoup, même au sein de l’Eglise, ceux-ci sont noyés dans le brouillard, s’adapter provisoirement et faire en sorte à dégager le ciel, rendre possible l’ascension et fournir un bon guide –comme vous l’avez très bien dit il y a peu, il n’y en a plus vraiment (je crois que Dieu les forme et pour le moment les préserve et les cache, jusqu’à ce qu’ils soient « au point »).
(Il dépend aussi de nos prières et de notre attitude qu’ils surgissent… qu’on y réfléchisse !)
Ce qui n’est pas possible si « d’entrée » on oblige au nom de la plus pure et sainte doctrine, tout le monde à la plus pure sainteté, ce qui créera des situations d’inégalité.
Si en plus une loi civile s’en mêle (qui ne connaît de la miséricorde que l’objection atténuante), on arrivera à une catastrophe !
Or il n’y a pas que cette perspective « privée ». Dans le concert des nations, le catholicisme a aussi fait des bourdes, qui ne correspondaient certes pas à sa doctrine, mais à sa pratique et son témoignage donc, à une certaine sensibilité (ou insensibilité..). Il a défendu le racisme, la corruption, la censure - il en est une qui peut se justifier, comme à l’égard de la pornographie, d’ailleurs tout peut parfois vraiment se justifier, mais il faut en donner le juste cadre et y rester…
Bon, tout cela vous le savez déjà, alors où je veux en venir ? Je veux en venir que nous sommes obligés (évêque ou laïc) d’aborder la réalité autrement. Obligés d’adopter ce qu’il y a de vrai chez nos adversaires, pour y mettre notre levain, au lieu de voir ce qu’il y a en eux de faux, et de les combattre car ce combat nous l’avons perdu, c’est un fait. Nous ne devons le maintenir que pour conserver nos vérités intactes, mais elles ne sont plus reconnues pour telles ou du moins admises comme nous étant rattachées (il arrive qu’on nous les vole). Et avec notre levain nous pourrons aussi introduire d’autres vraies farines et qui nous appartiennent, qui aujourd’hui sont rejetées parce qu’elles sont entre nos mains salies, font partie de ce qui est abhorré.
Nous n’avons pas perdu par faiblesse, mais par corruption. Nous n’avons pas perdu parce que nous avions le visage pur du Christ, mais parce que nous l’avions défiguré. Il se peut aussi que nous ayons eu affaire à « plus fort que nous » mais alors la suite dépend de la providence de Dieu, car son assistance nous a été promise et que le miracle existe.
Je vais prendre 2 exemples, ils me seront personnels pour éviter toute controverse. Au moment de la guerre à Sarajevo, comme d’autres j’ai été sollicité pour m’y rendre le week-end en croisade catholique, et tuer tous frais payés des civils (au sens militaire du terme) qui passeraient à portée d’une arme qui me serait gracieusement confiée. Et je vous assure qu’il me fut difficile de refuser, les arguments employés étaient fort habiles et convaincants, d’autres y ont cédé.
Un catholique du secours catholique a fait squatter par des réfugiés syriens (je crois) une dépendance que j’ai au fond de mon jardin (65 m2 meublés) et qu’utilisent mes enfants quand ils me visitent. Il ignorait que les arrivées d’eau et d’électricité passaient par ma maison (ce qui mettait même après le squatt la loi de mon côté), et je les ai coupées. Il m’a fait promettre « entre cathos »de ne pas faire intervenir la police, et a cru qu’en utilisant la force (armes blanches + le nombre) il obtiendrait gain de cause. J’ai voulu savoir jusqu’où il était prêt à aller pour bafouer mon droit de propriété, et je l’ai su. Je les ai aussi épargnés mais ils ont dû partir…
Je connais un collègue de travail catho qui a dû cohabiter pendant plusieurs années avec une famille de réfugiés, bon gré/mal gré mais fondamentalement contre son gré.
(Je ne dis pas qu’il ne faut pas accueillir les réfugiés, mai cet accueil doit répondre à certaines conditions et s’organiser à un autre niveau. Les états catholiques n’ont pas fait mieux que les autres à cet égard.
J’en profite pour signaler, puisque je suis dans une parenthèse, que je n’ai rien contre cette doctrine [u]si elle appartient à un parti politique qui veut conserver ou préserver des acquis culturels, pourvu qu’il ne prétende pas que c’est au nom de L’église [/u]et que celle-ci reste un tiers et qui peut le contredire dans ses actions.
De la même façon qu’un pouvoir civil peut « corriger » la doctrine en ce qu’elle n’est pas infaillible, pour anticiper son amélioration…
Prenons un exemple : l’avortement. Avant de devenir ce qu’il est revenu, il fut pratiqué par des femmes qui voulaient s’éviter la honte d’avoir péché et qui auraient gardé l’enfant ou l’auraient fait adopter (tant d’adoptions sont en attente !), sans le poids du qu’en dira-t-on ! Or si les catholiques les avaient encadrées dans la miséricorde, avaient apporté des procédures de secours adaptées à ces futures mères, il y en aurait eu moins et il n’aurait peut-être pas été nécessaire de voter une loi qui en fera in fine une méthode contraceptive bis de secours. Car celles qui y recourraient pour d’autres causes (pauvreté, …) auraient profité de ces mesures qui au moins auraient permis à chacun de prendre ses responsabilités.
Mais quand on a le pouvoir, on se repose sur ses lauriers et on prétend que tout est sous contrôle puisque le péché d’avortement était sanctionné par la loi et basta.)
Des exemples, j’en aurais à la pelle (y compris de m’être vu refusé l’entrée à une messe traditionaliste, parce qu’on ne me connaissait pas, déjà, et que je ne portais pas le costume-cravate !) et c’est plus la somme de leurs petitesses qui a finie par être trop grosse à l’échelle de tous, plus que les grands débats médiatiques qui n’en offrent qu’une représentation partielle et biaisée. Vous connaissez sûrement le cas de conscience posé par Dostoievski¨ : non on ne devrait pas « sacrifier » un enfant innocent, même si cela devait sauver l’humanité. Mais dans la réalité le problème est souvent inversé : si nous ne « cédons » pas, on tuera notre enfant (qui cette fois bien vivant est devenu une sorte de petit dieu). Et là c’est différent. Non pas tant parce que c’est le nôtre, mais parce que la cause est crapuleuse. Et que ce qui s’applique, c’est la parole du Christ : quiconque ne le fait pas passer Lui avant son père, sa mère, etc.) et que le Christ à ce moment là a pris un visage tout petit, lié à cette cause qui nous est à nous presque indifférente, extérieure, sans importance, comparée à la vie de notre enfant.
Dans ce cas il ne faut pourtant pas céder, et oui c’est accepter que notre enfant soit tué, et oui il n’y a pas toujours d’équilibre pour le justifier sinon la foi (c’est comme porter un faux témoignage pour sauver un innocent : c’est si tentant !) et oui, celle au miracle aussi, qui n’est ni une lâcheté ni un rêve, mais une réalité et qui ne se produira peut-être pas si nous manquons de foi – mais nous devons y croire.
Or l’attitude en quoi consisterait l’application actuelle de la doctrine dite traditionnelle [u]est à l’opposé[/u], elle en exclut la possibilité, elle fait offense au Christ crucifié pour nos péchés et en sa puissance.
Le concept de légitime défense est insuffisant pour nous permettre d’aller jusqu’à justifier cette doctrine qui ne se contente pas de prendre le pouvoir, mais qui s’en sert pour imposer des inégalités et des discriminations, des sanctions qui sortent de son périmètre de compétence.
Celui des droits de Dieu aussi. C’est un grand classique que de prétendre qu’il est avec soi, quand on s’apprête à faire mal !
Je ne crois pas que « ce système libéral est jugé par nos évêques conciliaires comme un système moralement supérieur au régime de chrétienté comme il y en avait jadis » ni que « ils reconnaissent comme juste et même meilleur l'idée que l'éducation des pupilles de la nation soit confiée à des professeurs laÏcistes » puisqu’ils défendent l’école libre et donc privée, confessionnelle, inscrite dans un cadre légal reconnu (c’est mieux que clandestine !).
Cependant vous avez raison, c’est contradictoire avec ce qu’ils enseignent en soi ou voudraient enseigner, sauf que… c’est pragmatique. Et que le principe, tel que le définit l’encyclique, est juste, mais qu’il demande pour qu’en émerge la supériorité de notre enseignement, du temps et des efforts soutenus.
Nous sommes certes au creux de la vague, mais cette vague là ne sera pas stoppée, comme l’a été celle dont nous étions au sommet. Elle pourra l’être provisoirement par le martyr, mai pas par des vérités qui pour partielles qu’elles furent, ont suffit à nous débouter !
Nous ne sommes pas un parti politique, mais une religion. Notre royaume n’est pas de ce monde. Notre but n’est pas de dominer, mais de servir sans discrimination. Et à l’échelle de l’individu, nous croyons que cela lui apporte plus de liberté intérieure, la vraie. Alors il ne nous est pas permis de commencer par l’en priver, ne serait-ce qu’en partie… Sur terre, notre force doit nous venir de la base, non du sommet. Au sommet se trouve la miséricorde, et c’est à nous de faire en sorte que la justice l’y rejoigne mais par le bas. Sans quoi la miséricorde prendra toujours fait et cause pour l’opprimé, le serait-il au nom d’une religion dont le culte est sacré.
L’évangile de Luc 16/8:15 (à relire) nous donne pas mal de latitudes, mais pas celle-là… Jésus ne nous a jamais dit de prendre le pouvoir et d’imposer l’observation des 10 commandements à tous les sujets. Il a au contraire désavoué ceux (dévoués au culte) qui prenaient prétexte du culte pour détourner les enfants d’accomplir leur devoir envers leurs parents (je n’ai pas la référence précise en tête). Il y a aussi Luc 11 (39:42 à quoi peut s’ajouter un regard sur les versets 46 et 52 un peu plus bas).