par ademimo » jeu. 17 sept. 2020, 16:14
Altior a écrit : ↑jeu. 17 sept. 2020, 9:52
ademimo a écrit : ↑mer. 16 sept. 2020, 23:40
Un retour à la monarchie ne se poserait qu'en cas de crise gravissime et d'effondrement du régime.
On ne sait pas. L'expérience historique pourrait suggérer le contraire. Deux fois la monarchie a suivi la république. Dans les deux cas cela a été suite à des succès. Dans les deux cas le changement est venu de façon presque naturelle. Il était dans l'air, pour ainsi dire.
-la première fois c'était suite à la lutte d'Austerlitz. Gagnée. La Première République était gouvernée de toute façon de la main de fer de Napoléon. N'était-il pas normal que le gagnant, qui a fait effondrer un empire qui se prétendait le saint successeur de l'empire romain s'arroge, à son tour, ce titre ? Du moment où il avait déjà l'office, quoique pas encore le titre?
-la deuxième fois c'était suite à la Guerre de Crimée. Gagnée par la France et voilà: personne n'a pu contester sérieusement le couronnement du gagnant. Auquel s'ajoute le fait qu'il était successeur légitime d'un grand empereur. Le fait que ce grand empereur était un peu usurpateur a passé presque inaperçu, car ce n'était pas de bon ton de le rappeler.
Par contre, deux fois la république a succédé à la monarchie. Dans les deux cas cela est arrivé dans des situations de crise.
-la première fois un roi a fait l'erreur de convoquer le Parlement de l'époque. Les comptes étaient vides et le Budget avait besoin de sous. Il a eu l'idée saugrenue de passer la chose par les États Généraux, comme si, vous voyez, le Peuple serait d'accord de payer plus cher.
-la deuxième fois l'empereur qui avait gagné contre les Russes et contre l'«homme malade de l'Europe» perd devant les Allemands. Une guerre très courte, mais une défaite totale.
Au contraire, il est vrai que le plus retentissant changement du régime fut lorsque la République Romaine est devenu l'Empire Romain. Là, oui, on peut parler d'un effondrement du régime républicain. C'est très instructif, car jamais un peuple n'a pas été si opposé à la monarchie. Et pourtant, les luttes entre les partis, devenues de plus en plus dures jusqu'à l'élimination physique des perdants, la vie de moins en moins sûre en pleine paix, ont fait que tout le monde tourne vers les militaires comme une solution salvatrice. La dictature militaire de Jules César a été reçue comme une bénédiction. Le fait qu'il fut assassiné par une conspiration républicaine n'a agi qu'en mieux préparer le terrain pour l'avènement de la monarchie, chose qui était impensable une génération avant.
Vous avez une vision assez folklorique de l'histoire. Concernant la Rome antique, c'est un peu anachronique de dire que le régime républicain s'est effondré au profit de la monarchie impériale. En réalité, la République n'a jamais été abolie de façon formelle. Ceux que nous appelons aujourd'hui "empereurs" étaient en réalité des magistrats de la République, investis par le Sénat, et qui portaient le titre de "Premier des sénateurs", ou Princeps, doublé des titres d'Auguste et de César. Ils ont maintes fois essayé de transformer cette magistrature en monarchie héréditaire, sans jamais y parvenir, parce que l'idée répugnait aux Romains. C'est l'une des causes de l'instabilité du régime, d'ailleurs, ou la succession avait tendance à se dérouler de façon chaotique.
Et concernant la France depuis 1789, la seule restauration monarchique que nous ayons connue s'est faite à la faveur de l'effondrement militaire de l'Empire. Louis XVIII est arrivé dans les "bagages" de la Coalition. Et c'est le même schéma pour tous les changements de régime qui se sont faits soit pendant les révolutions, soit à l'issue de défaites militaires, soit plus rarement lors d'un coup d'État (par le détenteur du pouvoir déjà en place). En 1870, le fruit était mûr, de toute façon. S'il n'y avait pas eu Sedan, ce n'est pas dit que le régime de serait encore longtemps maintenu. Je me demande même si la déclaration de guerre à la Prusse n'est pas un coup de poker de Napoléon III pour sauver son trône.
Il n'y a réellement eu qu'un seul changement de régime intervenu de façon démocratique, mais tout de même dans un contexte de guerre extérieure au moment de la décolonisation, c'est-à-dire dans un moment de grave crise : l'avènement de la Cinquième République.
Et donc, si la Ve République doit s'effondrer, ce sera certainement en suivant le même schéma (révolution, guerre, crise grave...).
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[quote=ademimo post_id=426681 time=1600292442 user_id=17731]
Un retour à la monarchie ne se poserait qu'en cas de crise gravissime et d'effondrement du régime.
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On ne sait pas. L'expérience historique pourrait suggérer le contraire. Deux fois la monarchie a suivi la république. Dans les deux cas cela a été suite à des succès. Dans les deux cas le changement est venu de façon presque naturelle. Il était dans l'air, pour ainsi dire.
-la première fois c'était suite à la lutte d'Austerlitz. Gagnée. La Première République était gouvernée de toute façon de la main de fer de Napoléon. N'était-il pas normal que le gagnant, qui a fait effondrer un empire qui se prétendait le saint successeur de l'empire romain s'arroge, à son tour, ce titre ? Du moment où il avait déjà l'office, quoique pas encore le titre?
-la deuxième fois c'était suite à la Guerre de Crimée. Gagnée par la France et voilà: personne n'a pu contester sérieusement le couronnement du gagnant. Auquel s'ajoute le fait qu'il était successeur légitime d'un grand empereur. Le fait que ce grand empereur était un peu usurpateur a passé presque inaperçu, car ce n'était pas de bon ton de le rappeler.
Par contre, deux fois la république a succédé à la monarchie. Dans les deux cas cela est arrivé dans des situations de crise.
-la première fois un roi a fait l'erreur de convoquer le Parlement de l'époque. Les comptes étaient vides et le Budget avait besoin de sous. Il a eu l'idée saugrenue de passer la chose par les États Généraux, comme si, vous voyez, le Peuple serait d'accord de payer plus cher.
-la deuxième fois l'empereur qui avait gagné contre les Russes et contre l'«homme malade de l'Europe» perd devant les Allemands. Une guerre très courte, mais une défaite totale.
Au contraire, il est vrai que le plus retentissant changement du régime fut lorsque la République Romaine est devenu l'Empire Romain. Là, oui, on peut parler d'un effondrement du régime républicain. C'est très instructif, car jamais un peuple n'a pas été si opposé à la monarchie. Et pourtant, les luttes entre les partis, devenues de plus en plus dures jusqu'à l'élimination physique des perdants, la vie de moins en moins sûre en pleine paix, ont fait que tout le monde tourne vers les militaires comme une solution salvatrice. La dictature militaire de Jules César a été reçue comme une bénédiction. Le fait qu'il fut assassiné par une conspiration républicaine n'a agi qu'en mieux préparer le terrain pour l'avènement de la monarchie, chose qui était impensable une génération avant.
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Vous avez une vision assez folklorique de l'histoire. Concernant la Rome antique, c'est un peu anachronique de dire que le régime républicain s'est effondré au profit de la monarchie impériale. En réalité, la République n'a jamais été abolie de façon formelle. Ceux que nous appelons aujourd'hui "empereurs" étaient en réalité des magistrats de la République, investis par le Sénat, et qui portaient le titre de "Premier des sénateurs", ou Princeps, doublé des titres d'Auguste et de César. Ils ont maintes fois essayé de transformer cette magistrature en monarchie héréditaire, sans jamais y parvenir, parce que l'idée répugnait aux Romains. C'est l'une des causes de l'instabilité du régime, d'ailleurs, ou la succession avait tendance à se dérouler de façon chaotique.
Et concernant la France depuis 1789, la seule restauration monarchique que nous ayons connue s'est faite à la faveur de l'effondrement militaire de l'Empire. Louis XVIII est arrivé dans les "bagages" de la Coalition. Et c'est le même schéma pour tous les changements de régime qui se sont faits soit pendant les révolutions, soit à l'issue de défaites militaires, soit plus rarement lors d'un coup d'État (par le détenteur du pouvoir déjà en place). En 1870, le fruit était mûr, de toute façon. S'il n'y avait pas eu Sedan, ce n'est pas dit que le régime de serait encore longtemps maintenu. Je me demande même si la déclaration de guerre à la Prusse n'est pas un coup de poker de Napoléon III pour sauver son trône.
Il n'y a réellement eu qu'un seul changement de régime intervenu de façon démocratique, mais tout de même dans un contexte de guerre extérieure au moment de la décolonisation, c'est-à-dire dans un moment de grave crise : l'avènement de la Cinquième République.
Et donc, si la Ve République doit s'effondrer, ce sera certainement en suivant le même schéma (révolution, guerre, crise grave...).