par philémon.siclone » mer. 13 oct. 2010, 22:09
ti'hamo a écrit :qu'on en revienne aux fondamentaux révolutionnaires
Mais pourquoi "révolutionnaires" ?
L'entraide, la protection des faibles, la recherche de la paix et du bien commun, la gestion rationnelle ne se donnant pas pour seul but la rentabilité, l'être humain au-dessus des intérêts économiques, le souci d'améliorer le quotidien de chacun, ça a existé en France bien avant la révolution, que je sache.
Pourquoi "fondamentaux révolutionnaires" ?? La solidarité, la fraternité, ça n'a strictement rien de spécifiquement révolutionnaire.
Même mieux : concernant la mise en pratique, ce n'est pas forcément la période révolutionnaire qui s'en tire le mieux (si on compte en frontispices massifs et en occurrences du terme dans les discours, alors peut-être, oui).
Je dirais plutôt que tant qu'on croira faire remonter la pratique des vertus politiques en France à 1789, on aura toujours un problème, de toute façon.
1789 est un point de référence parce que nous sommes en République et en démocratie, et que nous le voulions ou non, nous héritons, de façon collective et d'un point de vue politique, de la Révolution. De fait, c'est dans ces années que les concepts d'un gouvernement se réclamant des valeurs républicaines ont été annoncés, formulés, proclamés, discutés, décidés et votés. Ces valeurs sont restées malheureusement lettre morte : le programme révolutionnaire demeure inappliqué, à cause des profiteurs bourgeois qui ont fait main basse sur le régime dès le 9 Thermidor, et qui depuis n'ont plus jamais relâché leur emprise.
Les vertus politiques préexistent évidemment à la Révolution (elles remontent même à la Grèce antique, soit dit en passant). Mais le modèle de gouvernement d'Ancien régime, qui repose essentiellement sur la volonté du prince, la puissance des parlements et des hommes de robe, de la noblesse, des corporations et enfin du clergé, qui sont les lobbies de cette époque, est quand même très éloigné de ce que nous connaissons aujourd'hui. Sans parler de l'importance du patrimoine domanial des petits et grands seigneurs, et des jeux d'alliances matrimoniales jusqu'au plan international, en rapport par ailleurs avec une économie reposant essentiellement sur l'agriculture, d'où l'importance de la possession de la terre, du domaine, économie qui cède le pas dans le siècle qui suit, avec l'avènement de l'industrie. A ce titre, nous sommes aujourd'hui à des années-lumière de ce modèle de vie politique.
Alors à moins de vouloir revenir en arrière, je ne vois pas comment on peut s'interdire de se référer à la Révolution, qui est l'évènement fondateur de notre temps, et qui, seul, porte en lui un programme susceptible de remettre en cause tout ce que notre société contient en égoïsme et en injustice.
Et puis s'il faut se référer au passé, autant prendre en compte tout le passé : l'Ancien Régime, issu de la féodalité, elle-même issue de la dislocation de l'empire franc, lui-même issu de l'écroulement de l'empire romain, qui s'était lui-même érigé sur les conquêtes territoriales de la République de Rome. Or je ne pense pas que la féodalité, par exemple, puisse nous servir de modèle aujourd'hui.
Je sais ce que vous allez vous empresser de me répondre (après m'avoir lu en diagonale, en vous contentant simplement de bondir de rage à la simple vue du mot "féodalité" que je viens de prononcer), comme d'habitude : "il ne faut pas mépriser le Moyen-Âge qui n'est pas une époque aussi obscure que les barbus et autres franc-mac' de la République prétendent, agnagna etc." Je vous réponds d'avance : qui vous parle de rabaisser le Moyen-Âge ? J'ai la plus grande admiration pour les grandes figures que furent Saint-Louis, Jeanne d'Arc, les hauts faits d'armes, les valeurs de l'antique chevalerie, les hauberts, les heaumes rutilents et brillant au soleil, avant d'être fracassés et déchiquetés sous les coups d'épées, faisant jaillir le sang et gicler les cervelles, la chanson de Roland, les cathédrales, la spiritualité d'un saint Bernard, d'un saint François d'Assise, les croisades, l'amour courtois et les chants d'oiseau. Vous voyez, j'aime et j'admire le Moyen-Âge, même si le catalogue que je viens de dérouler à quelque chose de touristique. Mais la question n'est pas là : en quoi le monde féodal peut-il nous servir encore aujourd'hui de modèle ? Et je vous pose cette question en étant convaincu moi-même qu'il y a certainement beaucoup de valeurs morales à tirer de la chevalerie, et que c'est sans doute une excellente idée de faire étudier la chanson de Roland, les poèmes de Ruteboeuf, les romans de Chrétien de Troyes dans nos écoles. Oui, sans doute, cela est important pour la culture, et pour la richesse des rapports humains, qui se sont considérablement appauvris ces derniers temps. Mais comme modèle de vie politique, je ne vois pas, même concernant l'Ancien régime. Vous voulez rétablir les corporations ? La noblesse ? Les seigneurs, les privilèges ? Les parlements tels qu'ils fonctionnaient alors (où les charges étaient à vendre, et rapportaient ensuite beaucoup d'argent) ? Les fermiers généraux ? Les baillis, les prévôts des marchands ? Les routiers qui allaient se payer sur les gens du pays quand ils se retrouvaient sans emploi ? Dites-moi.
[quote="ti'hamo"][quote]qu'on en revienne aux fondamentaux révolutionnaires[/quote]
Mais pourquoi "révolutionnaires" ?
L'entraide, la protection des faibles, la recherche de la paix et du bien commun, la gestion rationnelle ne se donnant pas pour seul but la rentabilité, l'être humain au-dessus des intérêts économiques, le souci d'améliorer le quotidien de chacun, ça a existé en France bien avant la révolution, que je sache.
Pourquoi "fondamentaux révolutionnaires" ?? La solidarité, la fraternité, ça n'a strictement rien de spécifiquement révolutionnaire.
Même mieux : concernant la mise en pratique, ce n'est pas forcément la période révolutionnaire qui s'en tire le mieux (si on compte en frontispices massifs et en occurrences du terme dans les discours, alors peut-être, oui).
Je dirais plutôt que tant qu'on croira faire remonter la pratique des vertus politiques en France à 1789, on aura toujours un problème, de toute façon.[/quote]
1789 est un point de référence parce que nous sommes en République et en démocratie, et que nous le voulions ou non, nous héritons, de façon collective et d'un point de vue politique, de la Révolution. De fait, c'est dans ces années que les concepts d'un gouvernement se réclamant des valeurs républicaines ont été annoncés, formulés, proclamés, discutés, décidés et votés. Ces valeurs sont restées malheureusement lettre morte : le programme révolutionnaire demeure inappliqué, à cause des profiteurs bourgeois qui ont fait main basse sur le régime dès le 9 Thermidor, et qui depuis n'ont plus jamais relâché leur emprise.
Les vertus politiques préexistent évidemment à la Révolution (elles remontent même à la Grèce antique, soit dit en passant). Mais le modèle de gouvernement d'Ancien régime, qui repose essentiellement sur la volonté du prince, la puissance des parlements et des hommes de robe, de la noblesse, des corporations et enfin du clergé, qui sont les lobbies de cette époque, est quand même très éloigné de ce que nous connaissons aujourd'hui. Sans parler de l'importance du patrimoine domanial des petits et grands seigneurs, et des jeux d'alliances matrimoniales jusqu'au plan international, en rapport par ailleurs avec une économie reposant essentiellement sur l'agriculture, d'où l'importance de la possession de la terre, du domaine, économie qui cède le pas dans le siècle qui suit, avec l'avènement de l'industrie. A ce titre, nous sommes aujourd'hui à des années-lumière de ce modèle de vie politique.
Alors à moins de vouloir revenir en arrière, je ne vois pas comment on peut s'interdire de se référer à la Révolution, qui est l'évènement fondateur de notre temps, et qui, seul, porte en lui un programme susceptible de remettre en cause tout ce que notre société contient en égoïsme et en injustice.
Et puis s'il faut se référer au passé, autant prendre en compte tout le passé : l'Ancien Régime, issu de la féodalité, elle-même issue de la dislocation de l'empire franc, lui-même issu de l'écroulement de l'empire romain, qui s'était lui-même érigé sur les conquêtes territoriales de la République de Rome. Or je ne pense pas que la féodalité, par exemple, puisse nous servir de modèle aujourd'hui.
Je sais ce que vous allez vous empresser de me répondre (après m'avoir lu en diagonale, en vous contentant simplement de bondir de rage à la simple vue du mot "féodalité" que je viens de prononcer), comme d'habitude : "il ne faut pas mépriser le Moyen-Âge qui n'est pas une époque aussi obscure que les barbus et autres franc-mac' de la République prétendent, agnagna etc." Je vous réponds d'avance : qui vous parle de rabaisser le Moyen-Âge ? J'ai la plus grande admiration pour les grandes figures que furent Saint-Louis, Jeanne d'Arc, les hauts faits d'armes, les valeurs de l'antique chevalerie, les hauberts, les heaumes rutilents et brillant au soleil, avant d'être fracassés et déchiquetés sous les coups d'épées, faisant jaillir le sang et gicler les cervelles, la chanson de Roland, les cathédrales, la spiritualité d'un saint Bernard, d'un saint François d'Assise, les croisades, l'amour courtois et les chants d'oiseau. Vous voyez, j'aime et j'admire le Moyen-Âge, même si le catalogue que je viens de dérouler à quelque chose de touristique. Mais la question n'est pas là : en quoi le monde féodal peut-il nous servir encore aujourd'hui de modèle ? Et je vous pose cette question en étant convaincu moi-même qu'il y a certainement beaucoup de valeurs morales à tirer de la chevalerie, et que c'est sans doute une excellente idée de faire étudier la chanson de Roland, les poèmes de Ruteboeuf, les romans de Chrétien de Troyes dans nos écoles. Oui, sans doute, cela est important pour la culture, et pour la richesse des rapports humains, qui se sont considérablement appauvris ces derniers temps. Mais comme modèle de vie politique, je ne vois pas, même concernant l'Ancien régime. Vous voulez rétablir les corporations ? La noblesse ? Les seigneurs, les privilèges ? Les parlements tels qu'ils fonctionnaient alors (où les charges étaient à vendre, et rapportaient ensuite beaucoup d'argent) ? Les fermiers généraux ? Les baillis, les prévôts des marchands ? Les routiers qui allaient se payer sur les gens du pays quand ils se retrouvaient sans emploi ? Dites-moi.