par jeanbaptiste » sam. 14 sept. 2013, 0:57
La remarque de Griffon est pertinente.
En fait, cette nouvelle "orientation" ( le mot vient d'Orient, l'est) du prêtre est en réalité dans la continuité ... de la Contre-Réforme.
Il y a déjà eu un bouleversement architectural dans les églises, bien avant les années 70. C'était lors de la Contre-Réforme. Avant la messe catholique était "esthétiquement" assez proche de ce que l'on peut voir dans les messes orientales : il y avait un jubé, l'autel était caché par un voile etc.
Les Mystères étaient voilés, signe de respect, de grandeur, de profondeur etc. (c'est le sens de la pudeur).
Avec la Contre-Réforme, nous sommes dans la lutte contre l'idée protestante qu'il n'y a pas de Présence Réelle du Christ dans les Saintes Espèces. On est aussi à une époque où la formation du clergé et des fidèles est fortement réévaluée à la hausse : alors on commence à mélanger à la liturgie des exigences catéchétiques.
La messe n'est pas seulement un culte, ça doit aussi être un lieu de catéchèse : on ouvre l'intérieur des églises et on lève les voiles afin que les fidèles puissent VOIR la consécration.
Vatican II entérine cette exigence à la fois avec la nouvelle orientation du prêtre, mais aussi avec le vernaculaire. Dans les deux il s'agit de réduire la distance, langagière et physique, entre ceux qui assistent à la célébration et ce qui est célébré.
La contrepartie c'est que la dimension "mystérique" de la messe ayant été fortement atténuée, il y a souvent eu des dérives vers une certaine "banalisation du mystère", voire carrément vers une forme d'incroyance en la Présence Réelle (ce qui est l'inverse des buts recherchés).
D'un point "liturgique", la chose se justifie en ce que on voit tout aussi bien l'Eucharistie quand le prêtre est tourné vers l'Orient que lorsqu'il l'est vers l'Est. Et même la voit-on "plus".
Du point de vue de la Tradition et même de l'Oecuménisme, la chose n'a pas beaucoup de sens. "L'orientation vers l'est" (c'est un truisme !) a toujours été la norme, sinon la pratique majoritaire. D'un point de vue oecuménique au sens large, toutes les autres religions sont "orientées" (le célébrant est tourné dans le même sens que les fidèles) : juifs, musulmans, orthodoxes etc.
D'un point de vue pratique, c'est un avis personnel, la chose pose finalement plus de problèmes qu'elle n'en résout : notre regard est naturellement attiré par le prêtre, même quand il est de dos. Alors de face ! De plus nous sommes habitué aux émissions télés, aux présentateurs. Le prêtre qui nous fait face ne peut pas manquer de nous donner l'impression que nous assistons à un spectacle. Finalement, en voulant donner à voir plus le Christ, on a donné à voir plus le prêtre et ses gestes à lui. Dans une autre culture que la notre (celle du show-biz) cela pourrait passer, mais je crois que cette réforme est tombé au mauvais siècles.
D'un point de vue théologique, les personnes en faveur de "l'orientation" (vers l'est donc), comme Ratzinger, évoquent l'idée qu'en étant tous tournés dans la même direction nous signifions la dimension cosmique de la messe : l'Univers entier, avec les anges, tourné vers le Seigneur. C'est aussi la conception traditionnelle (c'est-à-dire apostolique).
D'un point de vue théologique, les personnes en faveur de "l'occidentalisation" évoquent la plus grande visibilité de la Présence Réelle et la création d'un espace liturgique qui favorise le sentiment que la communauté est présente et active.
Bref, tournés vers l'est le centre c'est l'Est cosmique. Nous sommes tous tournés vers l'est : fidèles, prêtre, et même l'église-bâtiment ! Et ce dans le monde entier. Le monde entier est tourné vers l'Orient.
Le prêtre faisant face aux fidèles, l'orientation est close par l'assemblée qui entoure l'Eucharistie. Le centre devient le Seigneur présent dans cette église-ci.
La messe tournée vers l'est est cosmique et "universelle" et favorise par là la dimension catholique de l'Eglise et la présence de Dieu dans l'Univers entier.
La messe "face au peuple" est centrée sur l'assemblée particulière et favorise par là la dimension ecclésiale de l'Eglise catholique et la présence de Dieu même dans la plus petite communauté du monde.
Rappelons toutefois que la messe n'a jamais été totalement "orientée". Il y a toujours eu des parties de la messe qui se faisaient "face au peuple" (les lectures, certaines oraison etc.). On est obligé de reconnaître qu'entre une messe "dos au peuple" et une messe strictement "face au peuple", la première est largement plus équilibrée car elle signifie bien par les différentes orientations du prêtre les deux axes de la liturgie : Le Seigneur au centre de l'Univers et le Seigneur au centre la plus petite assemblée d'hommes.
La remarque de Griffon est pertinente.
En fait, cette nouvelle "orientation" ( le mot vient d'Orient, l'est) du prêtre est en réalité dans la continuité ... de la Contre-Réforme.
Il y a déjà eu un bouleversement architectural dans les églises, bien avant les années 70. C'était lors de la Contre-Réforme. Avant la messe catholique était "esthétiquement" assez proche de ce que l'on peut voir dans les messes orientales : il y avait un jubé, l'autel était caché par un voile etc.
Les Mystères étaient voilés, signe de respect, de grandeur, de profondeur etc. (c'est le sens de la pudeur).
Avec la Contre-Réforme, nous sommes dans la lutte contre l'idée protestante qu'il n'y a pas de Présence Réelle du Christ dans les Saintes Espèces. On est aussi à une époque où la formation du clergé et des fidèles est fortement réévaluée à la hausse : [b]alors on commence à mélanger à la liturgie des exigences catéchétiques[/b].
La messe n'est pas seulement un culte, ça doit aussi être un lieu de catéchèse : [b]on ouvre l'intérieur des églises et on lève les voiles afin que les fidèles puissent VOIR la consécration[/b].
Vatican II entérine cette exigence à la fois avec la nouvelle orientation du prêtre, mais aussi avec le vernaculaire. Dans les deux il s'agit de réduire la distance, langagière et physique, entre ceux qui assistent à la célébration et ce qui est célébré.
La contrepartie c'est que la dimension "mystérique" de la messe ayant été fortement atténuée, il y a souvent eu des dérives vers une certaine "banalisation du mystère", voire carrément vers une forme d'incroyance en la Présence Réelle (ce qui est l'inverse des buts recherchés).
D'un point "liturgique", la chose se justifie en ce que on voit tout aussi bien l'Eucharistie quand le prêtre est tourné vers l'Orient que lorsqu'il l'est vers l'Est. Et même la voit-on "plus".
Du point de vue de la Tradition et même de l'Oecuménisme, la chose n'a pas beaucoup de sens. "L'orientation vers l'est" (c'est un truisme !) a toujours été la norme, sinon la pratique majoritaire. D'un point de vue oecuménique au sens large, toutes les autres religions sont "orientées" (le célébrant est tourné dans le même sens que les fidèles) : juifs, musulmans, orthodoxes etc.
D'un point de vue pratique, c'est un avis personnel, la chose pose finalement plus de problèmes qu'elle n'en résout : notre regard est naturellement attiré par le prêtre, même quand il est de dos. Alors de face ! De plus nous sommes habitué aux émissions télés, aux présentateurs. Le prêtre qui nous fait face ne peut pas manquer de nous donner l'impression que nous assistons à un spectacle. Finalement, en voulant donner à voir plus le Christ, on a donné à voir plus le prêtre et ses gestes à lui. Dans une autre culture que la notre (celle du show-biz) cela pourrait passer, mais je crois que cette réforme est tombé au mauvais siècles.
D'un point de vue théologique, les personnes en faveur de "l'orientation" (vers l'est donc), comme Ratzinger, évoquent l'idée qu'en étant tous tournés dans la même direction nous signifions la dimension cosmique de la messe : l'Univers entier, avec les anges, tourné vers le Seigneur. C'est aussi la conception traditionnelle (c'est-à-dire apostolique).
D'un point de vue théologique, les personnes en faveur de "l'occidentalisation" évoquent la plus grande visibilité de la Présence Réelle et la création d'un espace liturgique qui favorise le sentiment que la communauté est présente et active.
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Bref, tournés vers l'est le centre c'est l'Est cosmique. Nous sommes tous tournés vers l'est : fidèles, prêtre, et même l'église-bâtiment ! Et ce dans le monde entier. Le monde entier est tourné vers l'Orient.
Le prêtre faisant face aux fidèles, l'orientation est close par l'assemblée qui entoure l'Eucharistie. Le centre devient le Seigneur présent dans cette église-ci.[/b]
La messe tournée vers l'est est cosmique et "universelle" et favorise par là la dimension catholique de l'Eglise et la présence de Dieu dans l'Univers entier.
La messe "face au peuple" est centrée sur l'assemblée particulière et favorise par là la dimension ecclésiale de l'Eglise catholique et la présence de Dieu même dans la plus petite communauté du monde.
Rappelons toutefois que la messe n'a jamais été totalement "orientée". Il y a toujours eu des parties de la messe qui se faisaient "face au peuple" (les lectures, certaines oraison etc.). [b]On est obligé de reconnaître qu'entre une messe "dos au peuple" et une messe strictement "face au peuple", la première est largement plus équilibrée car elle signifie bien par les différentes orientations du prêtre les deux axes de la liturgie : Le Seigneur au centre de l'Univers et le Seigneur au centre la plus petite assemblée d'hommes.[/b]