par axou » dim. 20 déc. 2015, 18:20
Héraclius a écrit :
Il faut, je pense, prier avec le corps. Nous ne sommes pas pur esprits, même si l'Occident platonicien tend à mentaliser toute chose. La prière inscrite dans le corps a des effets très bénéfiques, très beaux. Saint Isaac le Syrien, que j'aime beaucoup, a beaucoup écrit sur la prosternation, qui est pour lui une façon de manifester son abandon et sa confiance lorsque l'esprit est obstrué, incapable de communiquer avec Dieu.
Se mettre à genoux devant le Seigneur, et être communié au lieu de se communier soi-même, m'a spirituellement beaucoup appris. S'en remettre à Dieu, accepter son incapacité à se sauver soi-même, accepter son indignité joyeusement...
Le sacrement de l'autel est le plus incarné des sacrements. Notre Divin Roi est vraiment présent. A geste physique de Dieu, une réponse physique s'impose.
Héraclius -
pierresuzanne a écrit :
Bonjour Axou,
Les hommes étant ce qu'ils sont, des êtres avec un corps,
ce que nous exprimons avec notre corps a une valeur qui transforme notre esprit.
(...) vivement que tout le monde soit à genoux la bouche ouverte ! On évitera bien des abominations !
Bonjour Héraclius et Pierre, merci pour cet éclairage sur la manière dont vous vivez les choses et sur vos raisons de trouver cette pratique plus respectueuse. Je comprends mieux.
Entièrement d'accord sur le fait que la prière est inscrite dans le corps et que les postures du corps entraînent certaines dispositions spirituelles (et psychiques). Je comprends en quoi, pour vous, cette pratique vous amène à plus de reccueillement. Pour moi ce n'est pas le cas : d'abord cela me provoque du dégoût et une sensation d'intrusion, ce qui ne favorise pas vraiment le reccueillement, ensuite cela m'évoque la nourriture donnée aux animaux, ce qui ne le favorise pas non plus. (Dieu sait si j'aime les animaux...)
En revanche, je me reccueille en ce moment là en étant présente dans mon corps, en me déplaçant lentement vers l'autel, concentrée sur le don qui va m'être fait, et pleinement présente dans le geste tendu pour recevoir le Corps du Christ (et parfois le Sang). L'incarnation de cette prière dans le corps se fait dans le mouvement VERS l'autel et dans la MAIN TENDUE.
Ajoutons que c'est très important pour moi de refaire les mêmes gestes qu'ont fait les apôtres et les disciples d'Emmaus, qui ont tendu cette main. Je suis d'accord avec Mac.
C'est très personnel, et fort heureusement, l'Eglise laisse le choix à chacun. Dieu merci.
Il me semble seulement qu'elle devrait éduquer d'avantage les personnes à la solennité de ce moment et à la prière par le corps, quelque soit la posture choisie.
Pendant quelques années, je me suis rendue à la "messe qui prend son temps" ( la MT) chez les Jésuites, qui est une messe d'étudiants (ouverte à tous) qui dure ...1 heure et demie à 2 h. (il y avait quelques "rajouts" à la messe classique, temps de silence de 20 mn après la parole, échange en petit groupe de 4 ensuite..)
Je ne sais pas comment ça se passe maintenant mais il y quelques années, voici comment j'y ai vécu la communion, ce qui m'a beaucoup marquée.
Tous en cercle autour de l'autel, le Père nous donnait l'Hostie, et nous la gardions dans la main, le temps que tout le monde soit servi. Ensuite, nous communions tous en même temps au Corps du Christ.
Ensuite, quelques uns parmi nous (qui voulait) allaient à l'autel prendre 4 ciboires, communiaient au Corps du Christ, puis donnait ensuite le ciboire à une autre personne qui faisait de même : nous nous donnions mutuellement le Corps du Christ. J'ai rarement vu un tel climat de reccueillement que pendant ces messes là, qui mettait l'accent sur la notion de "repas partagé", ensemble. Evidemment, il s'agissait d'une assistance très motivée puisque ce n'est pas anodin de venir à une messe de 2 h plutôt qu'à une messe d'une heure...
pierresuzanne a écrit :
Vous mettez-vous à genou lors de la consécration ?
Vous devriez essayer !
Juste pendant quelques semaines !
Vous comprendriez alors l'importance de notre corps dans notre vie de foi.
C'est mon cas, ce geste là me porte à plus de présence à ce moment là, en effet.
pierresuzanne a écrit :
Je vous passe les messes où quelques vieilles entreprenantes et tremblotantes, se glissent dans les équipes liturgiques pour distribuer la communion et renverser le ciboire par terre...
Cher Pierre Suzanne, vous devriez lire les livres du Père Guy Gibert : il raconte dans l'un de ses bouquins qu'il était une fois dans une Eglise ou il devait faire une conférence le soir et il s'y engueulait joyeusement avec le curé du lieu car ses chiens étaient avec lui : en effet, le père Guy voulait les garder près de lui même dans l'Eglise, à prendre ou à laisser. Au moment le plus fort de l'engueulade, ils se sont aperçus que les 2 chiens étaient en train de lever la patte contre l'autel, ce qui n'a pas arrangé leurs relations..
pierresuzanne a écrit :
Une fois, le prêtre m'a demandé de l'aider à distribuer la communion. J'ai refusé, car c'était une toute petite assemblée (20 personnes !) et qu'il n'y avait aucun besoin qu'un laïc l'aide. Il a insisté, et j'ai obéi par soumission ecclésiale. J'en garde un souvenir épouvantable. D’habitude, je ne regarde pas les gens communier, mais là j'étais aux premières loges.... Mon Dieu, quelle horreur.... vivement que tout le monde soit à genoux la bouche ouverte ! On évitera bien des abominations !
Cela m'est arrivé aussi une fois qu'on me demande de donner la communion. J'en garde un souvenir merveilleux car donner à mes frères le Corps du Christ, être instrument de la grâce du Seigneur, me prenait aux tripes. Je me souviens que le degré de révérence dans l'accueil de l'Hostie était très...varié, et oui, un certain nombre de personnes étaient passablement "distraites". La joie de mon engagement dans ce moment a pris le pas sur l'effet de l'accueil de certains mais si cela m'arrivait tous les dimanches, j'en serais atteinte. je suis étonnée que les prêtres, qui vivent cela tous les dimanches, n'éprouvent pas un besoin fort d'éduquer les personnes à recevoir EN PRESENCE le corps du Christ, quelque soit la posture choisie.
Bien à vous,
Axou
[quote="Héraclius"]
Il faut, je pense, prier avec le corps. Nous ne sommes pas pur esprits, même si l'Occident platonicien tend à mentaliser toute chose. La prière inscrite dans le corps a des effets très bénéfiques, très beaux. Saint Isaac le Syrien, que j'aime beaucoup, a beaucoup écrit sur la prosternation, qui est pour lui une façon de manifester son abandon et sa confiance lorsque l'esprit est obstrué, incapable de communiquer avec Dieu.
Se mettre à genoux devant le Seigneur, et être communié au lieu de se communier soi-même, m'a spirituellement beaucoup appris. S'en remettre à Dieu, accepter son incapacité à se sauver soi-même, accepter son indignité joyeusement...
Le sacrement de l'autel est le plus incarné des sacrements. Notre Divin Roi est vraiment présent. A geste physique de Dieu, une réponse physique s'impose.
Héraclius -[/quote]
[quote="pierresuzanne"]
Bonjour Axou,
Les hommes étant ce qu'ils sont, des êtres avec un corps,
ce que nous exprimons avec notre corps a une valeur qui transforme notre esprit.
(...) vivement que tout le monde soit à genoux la bouche ouverte ! On évitera bien des abominations !
[/quote]
Bonjour Héraclius et Pierre, merci pour cet éclairage sur la manière dont vous vivez les choses et sur vos raisons de trouver cette pratique plus respectueuse. Je comprends mieux.
Entièrement d'accord sur le fait que la prière est inscrite dans le corps et que les postures du corps entraînent certaines dispositions spirituelles (et psychiques). Je comprends en quoi, pour vous, cette pratique vous amène à plus de reccueillement. Pour moi ce n'est pas le cas : d'abord cela me provoque du dégoût et une sensation d'intrusion, ce qui ne favorise pas vraiment le reccueillement, ensuite cela m'évoque la nourriture donnée aux animaux, ce qui ne le favorise pas non plus. (Dieu sait si j'aime les animaux...)
En revanche, je me reccueille en ce moment là en étant présente dans mon corps, en me déplaçant lentement vers l'autel, concentrée sur le don qui va m'être fait, et pleinement présente dans le geste tendu pour recevoir le Corps du Christ (et parfois le Sang). L'incarnation de cette prière dans le corps se fait dans le mouvement VERS l'autel et dans la MAIN TENDUE.
Ajoutons que c'est très important pour moi de refaire les mêmes gestes qu'ont fait les apôtres et les disciples d'Emmaus, qui ont tendu cette main. Je suis d'accord avec Mac.
C'est très personnel, et fort heureusement, l'Eglise laisse le choix à chacun. Dieu merci. :)
Il me semble seulement qu'elle devrait éduquer d'avantage les personnes à la solennité de ce moment et à la prière par le corps, quelque soit la posture choisie.
Pendant quelques années, je me suis rendue à la "messe qui prend son temps" ( la MT) chez les Jésuites, qui est une messe d'étudiants (ouverte à tous) qui dure ...1 heure et demie à 2 h. (il y avait quelques "rajouts" à la messe classique, temps de silence de 20 mn après la parole, échange en petit groupe de 4 ensuite..)
Je ne sais pas comment ça se passe maintenant mais il y quelques années, voici comment j'y ai vécu la communion, ce qui m'a beaucoup marquée.
Tous en cercle autour de l'autel, le Père nous donnait l'Hostie, et nous la gardions dans la main, le temps que tout le monde soit servi. Ensuite, nous communions tous en même temps au Corps du Christ.
Ensuite, quelques uns parmi nous (qui voulait) allaient à l'autel prendre 4 ciboires, communiaient au Corps du Christ, puis donnait ensuite le ciboire à une autre personne qui faisait de même : nous nous donnions mutuellement le Corps du Christ. J'ai rarement vu un tel climat de reccueillement que pendant ces messes là, qui mettait l'accent sur la notion de "repas partagé", ensemble. Evidemment, il s'agissait d'une assistance très motivée puisque ce n'est pas anodin de venir à une messe de 2 h plutôt qu'à une messe d'une heure...
[quote="pierresuzanne"]
Vous mettez-vous à genou lors de la consécration ?
Vous devriez essayer !
Juste pendant quelques semaines !
Vous comprendriez alors l'importance de notre corps dans notre vie de foi.
[/quote]
C'est mon cas, ce geste là me porte à plus de présence à ce moment là, en effet.
[quote="pierresuzanne"]
Je vous passe les messes où quelques vieilles entreprenantes et tremblotantes, se glissent dans les équipes liturgiques pour distribuer la communion et renverser le ciboire par terre... [/quote] :rire:
Cher Pierre Suzanne, vous devriez lire les livres du Père Guy Gibert : il raconte dans l'un de ses bouquins qu'il était une fois dans une Eglise ou il devait faire une conférence le soir et il s'y engueulait joyeusement avec le curé du lieu car ses chiens étaient avec lui : en effet, le père Guy voulait les garder près de lui même dans l'Eglise, à prendre ou à laisser. Au moment le plus fort de l'engueulade, ils se sont aperçus que les 2 chiens étaient en train de lever la patte contre l'autel, ce qui n'a pas arrangé leurs relations..
[quote="pierresuzanne"]
Une fois, le prêtre m'a demandé de l'aider à distribuer la communion. J'ai refusé, car c'était une toute petite assemblée (20 personnes !) et qu'il n'y avait aucun besoin qu'un laïc l'aide. Il a insisté, et j'ai obéi par soumission ecclésiale. J'en garde un souvenir épouvantable. D’habitude, je ne regarde pas les gens communier, mais là j'étais aux premières loges.... Mon Dieu, quelle horreur.... vivement que tout le monde soit à genoux la bouche ouverte ! On évitera bien des abominations ![/quote]
Cela m'est arrivé aussi une fois qu'on me demande de donner la communion. J'en garde un souvenir merveilleux car donner à mes frères le Corps du Christ, être instrument de la grâce du Seigneur, me prenait aux tripes. Je me souviens que le degré de révérence dans l'accueil de l'Hostie était très...varié, et oui, un certain nombre de personnes étaient passablement "distraites". La joie de mon engagement dans ce moment a pris le pas sur l'effet de l'accueil de certains mais si cela m'arrivait tous les dimanches, j'en serais atteinte. je suis étonnée que les prêtres, qui vivent cela tous les dimanches, n'éprouvent pas un besoin fort d'éduquer les personnes à recevoir EN PRESENCE le corps du Christ, quelque soit la posture choisie.
Bien à vous,
Axou