par Altior » jeu. 17 sept. 2020, 10:17
Philon a écrit : ↑jeu. 17 sept. 2020, 8:51
Notre époque favorisant les changements fréquent ( affectifs, conjugaux, professionnels, etc.)et les déracinements, fonctionnant dans l'immédiat ( portables) , sur le flux tendu ( économie mondialisée), favorise ce "vent". On change plus souvent de conviction, de milieux, de lieu d'habitation, de statut social, de cercle d'amis. Mais en même temps cette société est en voie de déchristianisation, donc ce vent du changement est peut-être lié à cela. La foi ( dirait Simone Weil) est peut-être , au contraire, un enracinement dans le Ciel ?
Théoriquement, oui, sans doute la foi donne de la stabilité et même aide à mieux comprendre l'instabilité «dans le monde», car on se rend compte que notre vraie patrie est ailleurs. Lors de ma conversion, j'ai eu clairement le sentiment de retour à la maison.
Et pourtant, l'Église-même est devenu un peu instable. Avant, un curé était assigné à une paroisse, en principe, pour toute sa vie. Le Saint Curé d'Ars, qu'on n'arrête pas de nous offrir comme modèle de prêtre, a été attaché à sa paroisse et ses succès en pastorale ne sont pas venus tout d'un coup, car il faut que le temps travaille après l'ensemencement pour arriver à la moisson. Mais de nos jours, les curés sont mutés au bout de quelques années d'une paroisse à une autre, d'un office à un autre, là où il ne connaissent, souvent, personne. Même les évêques sont mutés de plus en plus souvent, quoiqu'ils soient censés d'y rester plus de cinq ans. L'anneau d'un évêque signifie qu'il est «marié» a son diocèse. Mais trop souvent ils doivent divorcer de leur diocèse pour une autre.
Je fréquente, une ou deux fois par an, un couvent franciscain. Je prend part à la Messe. Une Messe NOM, ayant même des accents charismatiques (les fidèles prient «bras en haut», on s'enchaîne les mains à Pater Noster, culte pour les «apparitions» de Medjugorie et ainsi de suite). Mais les franciscains ne sont jamais les mêmes. Un ou deux changent chaque fois. En demandant où est celui que j'avais connu juste une année avant, auquel je me suis confessé et qui m'a donné quelques conseils, on me dit qu'il est dans un autre couvent, qu'il a reçu une autre mission, souvent dans un autre pays. Compliqué d'avoir une relation de longue haleine avec un frère et d'établir un lien spirituel!
La fièvre des permutations touche les communautés traditionnelles aussi. Monsieur l'abbé X, de l'IBP, mon premier directeur spirituel en France a été muté à Paris. Monsieur l'abbé Y, de FSSPX, avec lequel mon fils a fait sa caté de première communion, a été muté dans un prieuré en Normandie. Ou en Bretagne, on ne sait pas exactement...
Nous vivons des temps de plus en plus fluides (Guénon a une jolie justification philosophico-mathématique pour cela). Plus surprenant encore est le fait que pas seulement le monde change de plus en plus vite (et avec lui, l'Église), mais que ce fait est de plus en plus considéré une valeur en soi-même. Ayant récemment visité la Faculté de Médecine de Nantes, j'ai vu plein d'affiches de la part des syndicats étudiants. Toutes avaient pour slogan «Bouge ta Fac!». Je pensais: le simple fait de bouger «la Fac» est une vertu?
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Notre époque favorisant les changements fréquent ( affectifs, conjugaux, professionnels, etc.)et les déracinements, fonctionnant dans l'immédiat ( portables) , sur le flux tendu ( économie mondialisée), favorise ce "vent". On change plus souvent de conviction, de milieux, de lieu d'habitation, de statut social, de cercle d'amis. Mais en même temps cette société est en voie de déchristianisation, donc ce vent du changement est peut-être lié à cela. La foi ( dirait Simone Weil) est peut-être , au contraire, un enracinement dans le Ciel ?
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Théoriquement, oui, sans doute la foi donne de la stabilité et même aide à mieux comprendre l'instabilité «dans le monde», car on se rend compte que notre vraie patrie est ailleurs. Lors de ma conversion, j'ai eu clairement le sentiment de retour à la maison.
Et pourtant, l'Église-même est devenu un peu instable. Avant, un curé était assigné à une paroisse, en principe, pour toute sa vie. Le Saint Curé d'Ars, qu'on n'arrête pas de nous offrir comme modèle de prêtre, a été attaché à sa paroisse et ses succès en pastorale ne sont pas venus tout d'un coup, car il faut que le temps travaille après l'ensemencement pour arriver à la moisson. Mais de nos jours, les curés sont mutés au bout de quelques années d'une paroisse à une autre, d'un office à un autre, là où il ne connaissent, souvent, personne. Même les évêques sont mutés de plus en plus souvent, quoiqu'ils soient censés d'y rester plus de cinq ans. L'anneau d'un évêque signifie qu'il est «marié» a son diocèse. Mais trop souvent ils doivent divorcer de leur diocèse pour une autre.
Je fréquente, une ou deux fois par an, un couvent franciscain. Je prend part à la Messe. Une Messe NOM, ayant même des accents charismatiques (les fidèles prient «bras en haut», on s'enchaîne les mains à Pater Noster, culte pour les «apparitions» de Medjugorie et ainsi de suite). Mais les franciscains ne sont jamais les mêmes. Un ou deux changent chaque fois. En demandant où est celui que j'avais connu juste une année avant, auquel je me suis confessé et qui m'a donné quelques conseils, on me dit qu'il est dans un autre couvent, qu'il a reçu une autre mission, souvent dans un autre pays. Compliqué d'avoir une relation de longue haleine avec un frère et d'établir un lien spirituel!
La fièvre des permutations touche les communautés traditionnelles aussi. Monsieur l'abbé X, de l'IBP, mon premier directeur spirituel en France a été muté à Paris. Monsieur l'abbé Y, de FSSPX, avec lequel mon fils a fait sa caté de première communion, a été muté dans un prieuré en Normandie. Ou en Bretagne, on ne sait pas exactement...
Nous vivons des temps de plus en plus fluides (Guénon a une jolie justification philosophico-mathématique pour cela). Plus surprenant encore est le fait que pas seulement le monde change de plus en plus vite (et avec lui, l'Église), mais que ce fait est de plus en plus considéré une valeur en soi-même. Ayant récemment visité la Faculté de Médecine de Nantes, j'ai vu plein d'affiches de la part des syndicats étudiants. Toutes avaient pour slogan «Bouge ta Fac!». Je pensais: le simple fait de bouger «la Fac» est une vertu?