par Jean-Mic » sam. 10 avr. 2021, 12:29
Sur la définition canonique de l'aumônier, rien à ajouter à ce que vient d'écrire Paxet Bonum
PaxetBonum a écrit : ↑sam. 10 avr. 2021, 8:12
La définition est claire : Aumônier = "Ecclésiastique chargé de l'instruction religieuse, de la direction spirituelle dans un établissement, un corps."
Seul un ecclésiastique peut être aumônier.
Toutefois (je parle du cas français, il doit avoir son équivalent dans les autres pays), l'État reconnaît la présence d'aumôniers dans un certain nombres d'établissement publics (hôpitaux, prisons) ainsi qu'au sein de l'armée. La présence d'aumôniers dans ces établissements est une obligation pour l'État, et n'a pas été remise en cause par la loi de 1905. Les établissements scolaires ne sont pas concernés. Les quatre religions autorisées à avoir de tels aumôniers sont les catholiques, les protestants (par l'intermédiaire de l'Église réformée unie de France, ERUF, principale Église protestante en France), le judaïsme et l'islam (dans ces deux derniers cas, j'ignore qu'elle est l'instance reconnue pour présenter des aumôniers).
Lorsqu'un poste d'aumônier est à pourvoir (pour la clarté de la suite, je ne parlerai que de l'Église catholique ; les procédures sont les mêmes pour les trois autres religions), l'Église propose un nom au Ministère de l'Intérieur, chargé des cultes (ou au Ministère de la Défense pour les aumôniers militaires). Le Ministère accepte généralement les personnes sans difficulté (notamment après avoir vérifier leur casier judiciaire ; il faut des cas graves pour que le Ministère refuse les personnes présentées). L'aumônier est alors nommé par décret ministériel pour une durée déterminée renouvelable autant que nécessaire. Les aumôniers ainsi nommés sont rétribués par l'État (eh, oui ! même sous le régime français de Séparation !) en fonction des horaires travaillés (rares sont les aumôniers "à temps plein").
Par les temps qui courent, l'Église présente, en fonction des besoins et des disponibilités, tantôt des prêtres, tantôt des diacres, tantôt des laïcs à ces nominations. L'État n'a rien à redire là dessus : la qualité de clerc ou de laïc n'a pas sa place en droit français.
Voilà pourquoi on a, en droit français, des "aumôniers laïcs", bien utiles pour la mission de l'Église. Inutile de dire que les nouveaux aumôniers reçoivent de l'Église une formation adéquate.
Prenons maintenant deux cas proches dans mon diocèse.
- A la Maison d'Arrêt, l'aumônier en titre est un diacre, qui assure cette mission à temps partiel (deux demi-journées par semaine) en plus de ces autres missions ecclésiales. Il est rétribué en conséquence par le Ministère de la Justice. Il est assisté dans sa mission d'Église d'une "équipe d'aumônerie". Cette équipe est composée de laïcs bénévoles ... et d'un prêtre, tous agréés par le Ministère (à moins que, pour eux, ce ne soit décentralisé à l'échelon du préfet). Pour le droit français, le prêtre est un bénévole comme les autres ; pour le droit canonique, le responsable de l'aumônerie est et reste le diacre, qui de fait est présent au moins deux fois par semaine dans l'établissement, alors que le prêtre ne se rend à la prison qu'un dimanche par mois, pour célébrer messe et confessions. Il arrive que le prêtre en question soit remplacé par un autre prêtre (voire par l'évêque, qui y a d'ailleurs célébré des confirmations) mais toujours après autorisation (ministérielle ? ou préfectorale ?).
- Au centre hospitalier, les aumôniers catholiques reconnus sont au nombre de deux ... et ce sont des "aumônières" : deux femmes laïques (l'expression est passée dans l'usage). Elles sont évidemment assistées d'une équipe de bénévoles (dont deux prêtres, cf. plus haut le statut du prêtre à la prison), qui visitent les malades qui le demandent. Elles sont rémunérées, au prorata des heures "travaillées", par l'Hôpital, et sont assimilées au personnel non soignant de l'Hôpital. La preuve ? Dans un passé récent, une des aumônières a malheureusement "pété les plombs" en public, dans les couloirs de l'Hôpital. La direction de l'Hôpital et l'évêché ont immédiatement mis fin, d'un commun accord, à sa mission, l'évêché en la relevant de sa mission ecclésiale, la direction de l'Hôpital en prononçant un licenciement pour faute grave.
Je n'ai pas abordé le cas des établissements scolaires, qui ne relèvent pas tout à fait des mêmes règles, et que je connais moins bien.
Sur la définition canonique de l'aumônier, rien à ajouter à ce que vient d'écrire Paxet Bonum[quote=PaxetBonum post_id=433801 time=1618035173 user_id=3191]La définition est claire : Aumônier = "Ecclésiastique chargé de l'instruction religieuse, de la direction spirituelle dans un établissement, un corps."
Seul un ecclésiastique peut être aumônier.[/quote]
Toutefois (je parle du cas français, il doit avoir son équivalent dans les autres pays), l'État reconnaît la présence d'aumôniers dans un certain nombres d'établissement publics (hôpitaux, prisons) ainsi qu'au sein de l'armée. La présence d'aumôniers dans ces établissements est une obligation pour l'État, et n'a pas été remise en cause par la loi de 1905. Les établissements scolaires ne sont pas concernés. Les quatre religions autorisées à avoir de tels aumôniers sont les catholiques, les protestants (par l'intermédiaire de l'Église réformée unie de France, ERUF, principale Église protestante en France), le judaïsme et l'islam (dans ces deux derniers cas, j'ignore qu'elle est l'instance reconnue pour présenter des aumôniers).
Lorsqu'un poste d'aumônier est à pourvoir (pour la clarté de la suite, je ne parlerai que de l'Église catholique ; les procédures sont les mêmes pour les trois autres religions), l'Église propose un nom au Ministère de l'Intérieur, chargé des cultes (ou au Ministère de la Défense pour les aumôniers militaires). Le Ministère accepte généralement les personnes sans difficulté (notamment après avoir vérifier leur casier judiciaire ; il faut des cas graves pour que le Ministère refuse les personnes présentées). L'aumônier est alors nommé par décret ministériel pour une durée déterminée renouvelable autant que nécessaire. Les aumôniers ainsi nommés sont rétribués par l'État (eh, oui ! même sous le régime français de Séparation !) en fonction des horaires travaillés (rares sont les aumôniers "à temps plein").
Par les temps qui courent, l'Église présente, en fonction des besoins et des disponibilités, tantôt des prêtres, tantôt des diacres, tantôt des laïcs à ces nominations. L'État n'a rien à redire là dessus : la qualité de clerc ou de laïc n'a pas sa place en droit français. [b]Voilà pourquoi on a, en droit français, des "aumôniers laïcs", bien utiles pour la mission de l'Église[/b]. Inutile de dire que les nouveaux aumôniers reçoivent de l'Église une formation adéquate.
Prenons maintenant deux cas proches dans mon diocèse.
- A la Maison d'Arrêt, l'aumônier en titre est un diacre, qui assure cette mission à temps partiel (deux demi-journées par semaine) en plus de ces autres missions ecclésiales. Il est rétribué en conséquence par le Ministère de la Justice. Il est assisté dans sa mission d'Église d'une "équipe d'aumônerie". Cette équipe est composée de laïcs bénévoles ... et d'un prêtre, tous agréés par le Ministère (à moins que, pour eux, ce ne soit décentralisé à l'échelon du préfet). Pour le droit français, le prêtre est un bénévole comme les autres ; pour le droit canonique, le responsable de l'aumônerie est et reste le diacre, qui de fait est présent au moins deux fois par semaine dans l'établissement, alors que le prêtre ne se rend à la prison qu'un dimanche par mois, pour célébrer messe et confessions. Il arrive que le prêtre en question soit remplacé par un autre prêtre (voire par l'évêque, qui y a d'ailleurs célébré des confirmations) mais toujours après autorisation (ministérielle ? ou préfectorale ?).
- Au centre hospitalier, les aumôniers catholiques reconnus sont au nombre de deux ... et ce sont des "aumônières" : deux femmes laïques (l'expression est passée dans l'usage). Elles sont évidemment assistées d'une équipe de bénévoles (dont deux prêtres, cf. plus haut le statut du prêtre à la prison), qui visitent les malades qui le demandent. Elles sont rémunérées, au prorata des heures "travaillées", par l'Hôpital, et sont assimilées au personnel non soignant de l'Hôpital. La preuve ? Dans un passé récent, une des aumônières a malheureusement "pété les plombs" en public, dans les couloirs de l'Hôpital. La direction de l'Hôpital et l'évêché ont immédiatement mis fin, d'un commun accord, à sa mission, l'évêché en la relevant de sa mission ecclésiale, la direction de l'Hôpital en prononçant un licenciement pour faute grave.
Je n'ai pas abordé le cas des établissements scolaires, qui ne relèvent pas tout à fait des mêmes règles, et que je connais moins bien.