par Gaudens » lun. 09 nov. 2020, 12:42
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Bonjour Daidalon,
Il y a beaucoup d’affirmations dans vos deux derniers messages.Je serais tenté de les synthétiser en disant qu’elles expriment la tentation majeure de ce début de siècle :adopter sur toutes choses,voire l’univers entier mais plus particulièrement sur les régions occidentales de notre terre,baptisées dans le christianisme ,une lecture définitive , sous la forme d’un vaste regard panoramique s’étendant des temps les plus reculés,paléololithique inclus , jusqu’à notre époque actuelle post-moderne : une sorte de démarche d’inventaire et de liquidation,un art auquel excellent certains de nos contemporains et particulièrement certaines chaines de télévision, Arte au tout premier rang. Avec en présupposé,l’illusion de tout connaitre, de tout avoir compris des ressorts tant scientifiques que spirituels de la totalité de ces temps et en particulier ce qui articule les civilisations en elles mêmes et entre elles. Et au centre de chaque civilisation, la religion qui l’a animée, lui a donné sa forme ,jusqu’à la débandade finale de chacune puisque nous nous repaissons depuis quelques décennies du mot de Paul Valéry,sur les civilisations mortelles.
Je ne crois pas,pour ma part, que nous sachions vraiment tout de tout cela et que nous ayons tout compris après avoir échafaudé une grille d’explication générale universellement valable.Rappelez vous aussi les mots du génial Shakespeare « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n'en rêve votre philosophie ».
Bien sûr il ne s’agit pas de nier que chaque civilisation fut , est et probablement sera la cristallisation d’une religion qui lui donne son armature spirituelle ;à cet égard je ne crois pas que la laïcité vantée à longueur de temps, l’athéisme de fait qui ne se cache même plus derrière elle , soient de nature à faire naitre,croitre et embellir aucune civilisation.D’où l’extrême vacuité qui se profile devant nous, sauf sursaut.
De ces religions primordiales type certains chamanismes ou animismes, tels le Tao ou le Shinto (avant le Shinto d’Etat de Meiji),l’hindouisme surtout,je ne dirai jamais aucun mal sauf quand elles se colorent d’aspect maléfiques,telles les religions pré-colombiennes d’Amérique du sud avec les flots de sang de sacrifice humains qu’elles charroyaient. Mais vous faires erreur en mettant toutes les religions au même plan :il y a ces religions primordiales * qui expriment une religiosité fondamentale de l’être humain et constituent la colonne vertébrale des civilisations que son génie -le fait qu’il soit à l’image de Dieu – lui permit de créer,même sous des formes parfois un peu frustes.
Le christianisme n’est justement pas une de ces religions primordiales.Héritier d’une religion en effet évolutive,à la fois primordiale en certains aspects mais intégrant une Révélation divine en dialogue constant,dialectique avec l’histoire d’un peuple ,le christianisme est bien,comme vous le reconnaissez vous-même,universel,au-delà même de ces religions primordiales.Le fait de savoir dans quelle mesure il les invalide ou pas est trop vaste pour l’aborder aujourd’hui mais vous reconnaitrez sans peine qu’il les dépasse.
Deux mots sur votre expression d’un « Dieu personnel et antropomophe », deux notions bien différentes.Oui le christinanisme a reçu la Révélation d’un Dieu personnel ,source de toute personne, c’est-à-dire un êtte infini mais qui se perçoit et se donne témoignage à lui-même et qui est en lui-même communion,puisque Un et Trine. Mais est-il anthropomorphe pour autant ? Vous connaissez l’excellent mot d’esprit d’un humoriste,anglais peut-être anglais : »Dieu a créé l’homme et celui-ci le lui a bien rendu », ce qui veut dire qu’au cours des âges et aujourd’hui encore,l’homme n’aura cessé de prêter à Dieu ses propres senstiments,ses ambitions et ses colères le cas échéant.Mais pour la foi chrétienne,le Christ s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu, c’est-à-dire nous faire participer à sa divinité.Notre Dieu n’est pas pour autant anthropomorphe.
Ensuite il faudrait un fil entier pour analyser dans quelle mesure ce christianisme est le même ou pas qu’aux temps judéo-chrétiens ou au temps de Charlemagne.La confession de foi à la Sainte Trinité,la croyance en la constitution de l’Eglise comme Corps du Christ,alimenté par le sacrement qui nous fait participer réellement à ce corps,la succession apostolique qui le rend possible,tout cela est bien déjà présent dans le premier siècle chrétien ,n’en déplaise aux Prieur et Mordillat de service. Tout au plus,comme nous le montrent les textes que l’Eglise lit en ce dimanche,y eut-il un élargissement presque indéfini de la perspective eschatologique au cours du premier siècle :alors que la première génération chrétienne attendait la Parousie de façon imminente ,son regard s’est rapidement élargi de façon presque infinie jusqu’aux temps actuels Après cela,oui bien sûr,le jeu dialectique entre société civile et politique d’un côté,Eglise de l’autre,l’incarnation charnelle de cette Eglise dans les jeux du pouvoir,etc…tout cela a changé des formes dans le détail , en particulier dans les modalités d’exercice de l’autorité.Mais fondamentalement, c’est peu de choses :jamais les turpitude humaines n’auront réussi à empêcher l’accès à la grâce des sacrements, à l’écoute humble de la Parole de Dieu.
Alors vouloir créer une nouvelle religion,plus ou moins synthétique, en gardant une bonne dose de christianismequel sens cela aurait-il ? Aucun.Le New Age s’y est essayé bruyamment dans les trente dernières années du siècle passé et il semble bien qu’il n’en reste déjà plus grand chose,sinon,une pagaie accrue dans les esprits de nos contemporains.
Ce qui ne sauve pas nécessairement la position de la foi chrétienne à vues humaines dans un Occident qui donne tête baissée,tel le taureau dans l’arène , dans la muleta de l’oubli de qu’il est, du mépris de lui-même et de tout ce qui lui a permis d’exister.Le Fils de l’Homme,quand il reviendra,trouvera-t-il la foi sur terre ? « dit le Seigneur Lui-même.Mais comme Il a aussi promis que les portes de l’Enfer ne prévaudraient pas ,il est permis d’espérer, à vues non humaines.C’est ce qui différencie l’espoir de l’espérance.
PS:ne parvenant décidément pas à me rebrancher sur le site via mon identitifiant de Gaudens depuis le changement d'hébergeur,j'ai réussi à y rentrer avec ce nouveau nom de Néo Gaudens où on pourra reconnaitre l'ancien Gaudens !
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Bonjour Daidalon,
Il y a beaucoup d’affirmations dans vos deux derniers messages.Je serais tenté de les synthétiser en disant qu’elles expriment la tentation majeure de ce début de siècle :adopter sur toutes choses,voire l’univers entier mais plus particulièrement sur les régions occidentales de notre terre,baptisées dans le christianisme ,une lecture définitive , sous la forme d’un vaste regard panoramique s’étendant des temps les plus reculés,paléololithique inclus , jusqu’à notre époque actuelle post-moderne : une sorte de démarche d’inventaire et de liquidation,un art auquel excellent certains de nos contemporains et particulièrement certaines chaines de télévision, Arte au tout premier rang. Avec en présupposé,l’illusion de tout connaitre, de tout avoir compris des ressorts tant scientifiques que spirituels de la totalité de ces temps et en particulier ce qui articule les civilisations en elles mêmes et entre elles. Et au centre de chaque civilisation, la religion qui l’a animée, lui a donné sa forme ,jusqu’à la débandade finale de chacune puisque nous nous repaissons depuis quelques décennies du mot de Paul Valéry,sur les civilisations mortelles.
Je ne crois pas,pour ma part, que nous sachions vraiment tout de tout cela et que nous ayons tout compris après avoir échafaudé une grille d’explication générale universellement valable.Rappelez vous aussi les mots du génial Shakespeare « Il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre, Horatio, que n'en rêve votre philosophie ».
Bien sûr il ne s’agit pas de nier que chaque civilisation fut , est et probablement sera la cristallisation d’une religion qui lui donne son armature spirituelle ;à cet égard je ne crois pas que la laïcité vantée à longueur de temps, l’athéisme de fait qui ne se cache même plus derrière elle , soient de nature à faire naitre,croitre et embellir aucune civilisation.D’où l’extrême vacuité qui se profile devant nous, sauf sursaut.
De ces religions primordiales type certains chamanismes ou animismes, tels le Tao ou le Shinto (avant le Shinto d’Etat de Meiji),l’hindouisme surtout,je ne dirai jamais aucun mal sauf quand elles se colorent d’aspect maléfiques,telles les religions pré-colombiennes d’Amérique du sud avec les flots de sang de sacrifice humains qu’elles charroyaient. Mais vous faires erreur en mettant toutes les religions au même plan :il y a ces religions primordiales * qui expriment une religiosité fondamentale de l’être humain et constituent la colonne vertébrale des civilisations que son génie -le fait qu’il soit à l’image de Dieu – lui permit de créer,même sous des formes parfois un peu frustes.
Le christianisme n’est justement pas une de ces religions primordiales.Héritier d’une religion en effet évolutive,à la fois primordiale en certains aspects mais intégrant une Révélation divine en dialogue constant,dialectique avec l’histoire d’un peuple ,le christianisme est bien,comme vous le reconnaissez vous-même,universel,au-delà même de ces religions primordiales.Le fait de savoir dans quelle mesure il les invalide ou pas est trop vaste pour l’aborder aujourd’hui mais vous reconnaitrez sans peine qu’il les dépasse.
Deux mots sur votre expression d’un « Dieu personnel et antropomophe », deux notions bien différentes.Oui le christinanisme a reçu la Révélation d’un Dieu personnel ,source de toute personne, c’est-à-dire un êtte infini mais qui se perçoit et se donne témoignage à lui-même et qui est en lui-même communion,puisque Un et Trine. Mais est-il anthropomorphe pour autant ? Vous connaissez l’excellent mot d’esprit d’un humoriste,anglais peut-être anglais : »Dieu a créé l’homme et celui-ci le lui a bien rendu », ce qui veut dire qu’au cours des âges et aujourd’hui encore,l’homme n’aura cessé de prêter à Dieu ses propres senstiments,ses ambitions et ses colères le cas échéant.Mais pour la foi chrétienne,le Christ s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir Dieu, c’est-à-dire nous faire participer à sa divinité.Notre Dieu n’est pas pour autant anthropomorphe.
Ensuite il faudrait un fil entier pour analyser dans quelle mesure ce christianisme est le même ou pas qu’aux temps judéo-chrétiens ou au temps de Charlemagne.La confession de foi à la Sainte Trinité,la croyance en la constitution de l’Eglise comme Corps du Christ,alimenté par le sacrement qui nous fait participer réellement à ce corps,la succession apostolique qui le rend possible,tout cela est bien déjà présent dans le premier siècle chrétien ,n’en déplaise aux Prieur et Mordillat de service. Tout au plus,comme nous le montrent les textes que l’Eglise lit en ce dimanche,y eut-il un élargissement presque indéfini de la perspective eschatologique au cours du premier siècle :alors que la première génération chrétienne attendait la Parousie de façon imminente ,son regard s’est rapidement élargi de façon presque infinie jusqu’aux temps actuels Après cela,oui bien sûr,le jeu dialectique entre société civile et politique d’un côté,Eglise de l’autre,l’incarnation charnelle de cette Eglise dans les jeux du pouvoir,etc…tout cela a changé des formes dans le détail , en particulier dans les modalités d’exercice de l’autorité.Mais fondamentalement, c’est peu de choses :jamais les turpitude humaines n’auront réussi à empêcher l’accès à la grâce des sacrements, à l’écoute humble de la Parole de Dieu.
Alors vouloir créer une nouvelle religion,plus ou moins synthétique, en gardant une bonne dose de christianismequel sens cela aurait-il ? Aucun.Le New Age s’y est essayé bruyamment dans les trente dernières années du siècle passé et il semble bien qu’il n’en reste déjà plus grand chose,sinon,une pagaie accrue dans les esprits de nos contemporains.
Ce qui ne sauve pas nécessairement la position de la foi chrétienne à vues humaines dans un Occident qui donne tête baissée,tel le taureau dans l’arène , dans la muleta de l’oubli de qu’il est, du mépris de lui-même et de tout ce qui lui a permis d’exister.Le Fils de l’Homme,quand il reviendra,trouvera-t-il la foi sur terre ? « dit le Seigneur Lui-même.Mais comme Il a aussi promis que les portes de l’Enfer ne prévaudraient pas ,il est permis d’espérer, à vues non humaines.C’est ce qui différencie l’espoir de l’espérance.
PS:ne parvenant décidément pas à me rebrancher sur le site via mon identitifiant de Gaudens depuis le changement d'hébergeur,j'ai réussi à y rentrer avec ce nouveau nom de Néo Gaudens où on pourra reconnaitre l'ancien Gaudens !