par cmoi » lun. 14 févr. 2022, 10:02
Trinité a écrit : ↑dim. 13 févr. 2022, 18:46
Bonjour cher c moi,
Malheureusement je ne suis pas encore de votre avis.
Vous avez raison de parler de foi évidente, or l’évidence n’apprend rien. Aussi raisonnable qu’elle puisse l’être pour la raison, la foi est absurde, et celui qui la possède doit dépasser cette absurdité et il ne le fera pas par la raison, mais par son cœur. Là il apprendra quelque chose de sa foi. Si la grâce peut remplacer tout un cheminement en termes de résultat, elle ne le remplace pas en termes de mérite.
Une expérience de NDE ne profite qu’à soi et n’aide à aucun discernement sur les autres, elle ne révèle rien à leur propos, et son témoignage est fort limité à moins de faire ensuite tout un travail pour se « mettre à niveau ».
J’ai aussi parlé d’une autre foi, ni ordinaire ni extraordinaire mais anormale, et qui souvent a plus de valeur qu’une foi ordinaire. Elle peut sembler orgueilleuse (quitter l’Eglise en s’appropriant la lumière) mais elle est aussi juste -de là où nous étions, la nôtre aussi petite était-elle, était meilleure et plus sûre et plus intègre que celle régnante et que menaçait l’obscurité.
Ce qui est injuste, c’est de s’approprier celle de l’Eglise ou d’y rester par intérêt, facilité, convention, ambition, que sais-je. D’accepter qu’elle soit frelatée, aussi.
Il faut un certain cran pour choisir une voie anormale, où les repères disparaissent ou sont erronés, en lançant pour défi à la lumière que l’on sait quitter : trouve-moi, prouve ta supériorité, ici elle est insuffisante pour me protéger et je dois y parvenir seul si je veux survivre. C’est certes aussi un manque de foi, mais il y a ambivalence, et c’est faire le choix de refuser cette ambivalence et en cela, conforme à Celui qui ne nous veut pas tiède, que de jeter ensuite sa lampe..
Un manque de foi, ou… une forme de délicatesse, un refus de provoquer, d’ennuyer, de se sentir important…
Bref, cette foi anormale n’est pas si étrangère à celle qui est extraordinaire, jusque quand elle n’est plus de la foi mais l’a remplacé par autre chose qu’elle sait fragile et vain, mais provisoirement « opérationnel ».
Le problème il est que certains provisoires deviennent définitifs, et le contraire aussi. Il faut savoir faire preuve de souplesse face aux événements, et accepter ce que Jean de la Croix appelait la nuit mais dans un combat qui était purement mystique et qui souvent, pour beaucoup, est plus de nos jours existentiel, ontologique, philosophique, etc.
La foi « évidente » est soit très fragile, soit elle est passée par bien des épreuves et ne se pose plus même la question de ce qu’elle est, elle n’apporte aucun secours, elle est plutôt la cause de bien des problèmes, mais sans jamais atteindre ni souffler la petite flamme intérieure, si discrète, dont on est le seul à pouvoir s’en contenter pour vivre comme un non voyant. Le saint que j’ai nommé va même jusqu’à dire qu’elle peut s’éteindre, et qu’alors cela n’empêche pas l’âme d’être comme sa propre lumière – mais elle sait que cela ne vient pas d’elle et elle ne voit rien, pourtant elle est dans la paix. Je vous accorde que cela ne se fait pas du premier coup mais demande un entraînement et du temps.
Cela ressemble fort à ce qui arrivera à la foi anormale.
Quand on n’en a pas l’entraînement, alors, il est bon de chercher une Eglise où trouver une lumière à quoi rallumer la sienne, fut-ce en passant…
Mais Dieu sait ce qu’il en est de nos difficultés et il en tient compte. Souvenez-vous de cette parabole moderne, écrite je crois par Paulo Coelho, où quand il n’y avait qu’une seule trace dans le sable, ce n’était pas que l’âme avait été abandonnée, mais que Jésus la portait.
Mais je ne suis pas en train de dire que perdre la foi est toujours un acte de foi, ou encore que la conserver c’est la renier. Je décris des cas particuliers pour juste rappeler que nous ne savons jamais ce qui se passe au for interne des personnes, bien que ce qui y est engagé ne change pas si facilement au gré des circonstances, au contraire il se durcit et il se montre dans les grands événements.
La volonté joue la plus grande part, elle se renforce ou s’affaiblit face aux épreuves, autant que face aux stimulations (quand l’objectif n’est qu’égoïste : joie, etc. au lieu d’être oblatif) et il y en a toujours, si bien que jamais la foi ne stagne sans régresser.
Je n’aime pas trop parler de la foi, je crois que c’est une tentation que de vouloir la connaître. La foi a vocation pour disparaître et je ne crois pas bon de vouloir la connaître, elle n’est rien, elle remplace l’amour comblé, elle comble un vide en attendant la rencontre, or y a-t-il vraiment un vide si l’autre est présent mais invisible ? Les crises de la foi sont identitaires, soit qu’on ne sache plus qui est l’autre, soit qu’on se sente dessaisi de soi.
Vous aimez les chansons, alors je vous invite à écouter « je n’ai rien à raconter », par Gérard Manset. Ce dont elle parle peut aussi bien être la foi la plus pure, que le désespoir le plus noir. Les 2 se ressemblent tant ! Et il n’est pas très important de savoir ce que c’est : ce qui importe, c’est de « tenir ».
https://www.youtube.com/watch?v=mTV-tzJOrjg
C’est un peu ce que dit aussi ce texte :
http://www.jumafred.com/ema/txtdiv4.php
[quote=Trinité post_id=446252 time=1644770769 user_id=9842]
Bonjour cher c moi,
Malheureusement je ne suis pas encore de votre avis.
[/quote]
Vous avez raison de parler de foi évidente, or l’évidence n’apprend rien. Aussi raisonnable qu’elle puisse l’être pour la raison, la foi est absurde, et celui qui la possède doit dépasser cette absurdité et il ne le fera pas par la raison, mais par son cœur. Là il apprendra quelque chose de sa foi. Si la grâce peut remplacer tout un cheminement en termes de résultat, elle ne le remplace pas en termes de mérite.
Une expérience de NDE ne profite qu’à soi et n’aide à aucun discernement sur les autres, elle ne révèle rien à leur propos, et son témoignage est fort limité à moins de faire ensuite tout un travail pour se « mettre à niveau ».
J’ai aussi parlé d’une autre foi, ni ordinaire ni extraordinaire mais anormale, et qui souvent a plus de valeur qu’une foi ordinaire. Elle peut sembler orgueilleuse (quitter l’Eglise en s’appropriant la lumière) mais elle est aussi juste -de là où nous étions, la nôtre aussi petite était-elle, était meilleure et plus sûre et plus intègre que celle régnante et que menaçait l’obscurité.
Ce qui est injuste, c’est de s’approprier celle de l’Eglise ou d’y rester par intérêt, facilité, convention, ambition, que sais-je. D’accepter qu’elle soit frelatée, aussi.
Il faut un certain cran pour choisir une voie anormale, où les repères disparaissent ou sont erronés, en lançant pour défi à la lumière que l’on sait quitter : trouve-moi, prouve ta supériorité, ici elle est insuffisante pour me protéger et je dois y parvenir seul si je veux survivre. C’est certes aussi un manque de foi, mais il y a ambivalence, et c’est faire le choix de refuser cette ambivalence et en cela, conforme à Celui qui ne nous veut pas tiède, que de jeter ensuite sa lampe..
Un manque de foi, ou… une forme de délicatesse, un refus de provoquer, d’ennuyer, de se sentir important…
Bref, cette foi anormale n’est pas si étrangère à celle qui est extraordinaire, jusque quand elle n’est plus de la foi mais l’a remplacé par autre chose qu’elle sait fragile et vain, mais provisoirement « opérationnel ».
Le problème il est que certains provisoires deviennent définitifs, et le contraire aussi. Il faut savoir faire preuve de souplesse face aux événements, et accepter ce que Jean de la Croix appelait la nuit mais dans un combat qui était purement mystique et qui souvent, pour beaucoup, est plus de nos jours existentiel, ontologique, philosophique, etc.
La foi « évidente » est soit très fragile, soit elle est passée par bien des épreuves et ne se pose plus même la question de ce qu’elle est, elle n’apporte aucun secours, elle est plutôt la cause de bien des problèmes, mais sans jamais atteindre ni souffler la petite flamme intérieure, si discrète, dont on est le seul à pouvoir s’en contenter pour vivre comme un non voyant. Le saint que j’ai nommé va même jusqu’à dire qu’elle peut s’éteindre, et qu’alors cela n’empêche pas l’âme d’être comme sa propre lumière – mais elle sait que cela ne vient pas d’elle et elle ne voit rien, pourtant elle est dans la paix. Je vous accorde que cela ne se fait pas du premier coup mais demande un entraînement et du temps.
Cela ressemble fort à ce qui arrivera à la foi anormale.
Quand on n’en a pas l’entraînement, alors, il est bon de chercher une Eglise où trouver une lumière à quoi rallumer la sienne, fut-ce en passant…
Mais Dieu sait ce qu’il en est de nos difficultés et il en tient compte. Souvenez-vous de cette parabole moderne, écrite je crois par Paulo Coelho, où quand il n’y avait qu’une seule trace dans le sable, ce n’était pas que l’âme avait été abandonnée, mais que Jésus la portait.
Mais je ne suis pas en train de dire que perdre la foi est toujours un acte de foi, ou encore que la conserver c’est la renier. Je décris des cas particuliers pour juste rappeler que nous ne savons jamais ce qui se passe au for interne des personnes, bien que ce qui y est engagé ne change pas si facilement au gré des circonstances, au contraire il se durcit et il se montre dans les grands événements.
La volonté joue la plus grande part, elle se renforce ou s’affaiblit face aux épreuves, autant que face aux stimulations (quand l’objectif n’est qu’égoïste : joie, etc. au lieu d’être oblatif) et il y en a toujours, si bien que jamais la foi ne stagne sans régresser.
Je n’aime pas trop parler de la foi, je crois que c’est une tentation que de vouloir la connaître. La foi a vocation pour disparaître et je ne crois pas bon de vouloir la connaître, elle n’est rien, elle remplace l’amour comblé, elle comble un vide en attendant la rencontre, or y a-t-il vraiment un vide si l’autre est présent mais invisible ? Les crises de la foi sont identitaires, soit qu’on ne sache plus qui est l’autre, soit qu’on se sente dessaisi de soi.
Vous aimez les chansons, alors je vous invite à écouter « je n’ai rien à raconter », par Gérard Manset. Ce dont elle parle peut aussi bien être la foi la plus pure, que le désespoir le plus noir. Les 2 se ressemblent tant ! Et il n’est pas très important de savoir ce que c’est : ce qui importe, c’est de « tenir ».
https://www.youtube.com/watch?v=mTV-tzJOrjg
C’est un peu ce que dit aussi ce texte :
http://www.jumafred.com/ema/txtdiv4.php