par camino » mer. 09 sept. 2015, 19:44
... Vous vous doutez bien que vous parler, comme vous lire, est un réconfort important. Une fois de plus, je me suis trompé, j'ai vu le côté sombre des choses, je me suis laissé aller au chagrin plutôt qu'à la vie, au désespoir plutôt qu'à l'allégresse, à l'épanchement plutôt qu'à la sérénité. Hors la vie, une nouvelle fois, m'a offert une leçon à un endroit et dans des circonstances qui s'y prêtent bien peu à première vue.
J'ai profité hier d'un moment de calme pour prendre mon "courage" à 2 mains et tenter d'obtenir la volonté de ma maman. Faut-il expliquer ce qu'est l'émotion qui vous serre la gorge à ce moment là ? Et me voilà donc dans la chambre, donnant quelques nouvelles, tournant autour du pot, cherchant une façon d'entamer la conversation dont elle sait comme moi ne pouvoir faire l'économie.
Et c'est là que j'ai pris une leçon.
C'est ma maman qui, épelant ses paroles lettres après lettre, a abordé le sujet. Malgré sa main faible, tremblante, malgré son corps plus que fatigué, malgré les mille infirmités qui emprisonnent l'expression de sa pensée, elle a pu m'exposer sa volonté, et ainsi me décharger du fardeau épouvantable du choix. Mais ce n'est pas, je l'ai compris, le plus important.
Pendant les 2 heures de dictée patiente, j'ai retrouvé ma maman dans tout ce qu'elle a de merveilleux. Cette détermination sereine, cet esprit pétillant toujours, cette façon d'éclairer la situation avec un regard sans hypocrisie, sans colère, en toute intelligence... Elle était concentrée pour m'épeler tout ça, j'étais concentré pour saisir chaque lettre, chaque mot, et je pense qu'un spectateur de la scène nous aurait trouvé à l'unisson en nous voyant ainsi, recueillis, concentrés, nous aimant, surtout, comme on s'aime quand on est une maman et un fils. Aussi joliment que cela.
Elle est, je suis, dans ce tunnel de la maladie, et je ne pensais plus pouvoir vivre encore ce genre d'échange, ces quelques instants paisibles à côté d'une personne qui vous est chère. Même si j'ai passé la quarantaine et que j'ai toujours fait face à mes devoirs de mon mieux, j'avoue avoir savouré une fois encore le bonheur paisible d'une maman qui, jusqu'au bout, vous soulage de vos craintes et vous donne l'exemple du courage. J'ai aimé la voir, la revoir ainsi, et mille images du passé me sont revenus du temps où elle me semblait invincible. Voilà 2 heures de passées dans le bonheur d'avoir une maman, à cet instant où le mot prend ou reprend toute sa valeur. A ce moment où ce privilège immense laisse apparaître les limites que seul le temps impose. J'ai pu passer 2 heures avec la maman que j'avais. Avec celle, et maintenant j'en suis sûr, que j'aurais toujours.
Ce fil n'aurait pas dû s'appeler "ma maman s'en va", je m'en veux d'avoir osé dire ça. D'avoir osé le penser. Ce n'est pas l'exacte vérité. Bien sûr ses yeux se fermeront bientôt, bien sûr elle ne sera plus ici, bien sûr je ne verrais plus son regard briller en me voyant, bien sûr elle aura rejoint le ciel. N'empêche : jusqu'à mon dernier souffle et même après, je sais, j'ai compris que ma maman serait toujours là à mes côtés. Comme elle l'a toujours été au fond. Puisque cet amour là ne meurt jamais.
... Vous vous doutez bien que vous parler, comme vous lire, est un réconfort important. Une fois de plus, je me suis trompé, j'ai vu le côté sombre des choses, je me suis laissé aller au chagrin plutôt qu'à la vie, au désespoir plutôt qu'à l'allégresse, à l'épanchement plutôt qu'à la sérénité. Hors la vie, une nouvelle fois, m'a offert une leçon à un endroit et dans des circonstances qui s'y prêtent bien peu à première vue.
J'ai profité hier d'un moment de calme pour prendre mon "courage" à 2 mains et tenter d'obtenir la volonté de ma maman. Faut-il expliquer ce qu'est l'émotion qui vous serre la gorge à ce moment là ? Et me voilà donc dans la chambre, donnant quelques nouvelles, tournant autour du pot, cherchant une façon d'entamer la conversation dont elle sait comme moi ne pouvoir faire l'économie.
Et c'est là que j'ai pris une leçon.
C'est ma maman qui, épelant ses paroles lettres après lettre, a abordé le sujet. Malgré sa main faible, tremblante, malgré son corps plus que fatigué, malgré les mille infirmités qui emprisonnent l'expression de sa pensée, elle a pu m'exposer sa volonté, et ainsi me décharger du fardeau épouvantable du choix. Mais ce n'est pas, je l'ai compris, le plus important.
Pendant les 2 heures de dictée patiente, j'ai retrouvé ma maman dans tout ce qu'elle a de merveilleux. Cette détermination sereine, cet esprit pétillant toujours, cette façon d'éclairer la situation avec un regard sans hypocrisie, sans colère, en toute intelligence... Elle était concentrée pour m'épeler tout ça, j'étais concentré pour saisir chaque lettre, chaque mot, et je pense qu'un spectateur de la scène nous aurait trouvé à l'unisson en nous voyant ainsi, recueillis, concentrés, nous aimant, surtout, comme on s'aime quand on est une maman et un fils. Aussi joliment que cela.
Elle est, je suis, dans ce tunnel de la maladie, et je ne pensais plus pouvoir vivre encore ce genre d'échange, ces quelques instants paisibles à côté d'une personne qui vous est chère. Même si j'ai passé la quarantaine et que j'ai toujours fait face à mes devoirs de mon mieux, j'avoue avoir savouré une fois encore le bonheur paisible d'une maman qui, jusqu'au bout, vous soulage de vos craintes et vous donne l'exemple du courage. J'ai aimé la voir, la revoir ainsi, et mille images du passé me sont revenus du temps où elle me semblait invincible. Voilà 2 heures de passées dans le bonheur d'avoir une maman, à cet instant où le mot prend ou reprend toute sa valeur. A ce moment où ce privilège immense laisse apparaître les limites que seul le temps impose. J'ai pu passer 2 heures avec la maman que j'avais. Avec celle, et maintenant j'en suis sûr, que j'aurais toujours.
Ce fil n'aurait pas dû s'appeler "ma maman s'en va", je m'en veux d'avoir osé dire ça. D'avoir osé le penser. Ce n'est pas l'exacte vérité. Bien sûr ses yeux se fermeront bientôt, bien sûr elle ne sera plus ici, bien sûr je ne verrais plus son regard briller en me voyant, bien sûr elle aura rejoint le ciel. N'empêche : jusqu'à mon dernier souffle et même après, je sais, j'ai compris que ma maman serait toujours là à mes côtés. Comme elle l'a toujours été au fond. Puisque cet amour là ne meurt jamais.