par Perlum Pimpum » dim. 02 avr. 2023, 11:32
Bonjour Héraclius,
Héraclius a écrit : ↑sam. 01 avr. 2023, 18:10
Mais vous remarquerez que ce n'est pas Gilson, mais Thomas, qui hésite à donner à Dieu une essence, alors qu'il n'hésite pas à lui accorder l'exister. On aura donc du mal, de ce simple fait, à rejeter comme impropre à la pensée de St Thomas de comprendre l'essence de Dieu comme relative à son exister, pour ainsi dire subordonnée à lui dans l'identification (au sens où dire ce qu'est Dieu, c'est le dire exister, acte pur d'être). Comment rendez-vous compte de l'hésitation avicennienne de l'Ange de l'Ecole, si vous tenez l'essence et l'exister comme les deux tenants face à face d'une distinction de raison ?
Je remarque d’abord que saint Thomas attribue explicitement l’essence à Dieu, et fait dêcouler l’existence de l’essence divine par le biais de la simplicité :
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Il ne s’agit pas de nier que la Q.3 vienne après la Q.2, en laquelle Thomas dit très clairement qu’ « avant de se demander ce qu’est une chose, on doit se demander si elle existe » (q.2 a.2 ad.2), mais de dire qu’en le cadre de la Q.3 l’affirmation de l’essence est antécédente à celle de l’existence.
Le raisonnement est :
1° Que Dieu est (q.2).
2° Que Dieu est Simple (q.3) : il n’y a pas en Dieu composition d’essence et de sujet (a.3), donc Dieu est son essence (a.3), donc son essence est son être (a.4).
Et vous trouvez très explicitement l’affirmation que la Déité de Dieu (autrement dit Dieu en son essentialité) est Dieu : « Dieu est la Déité-même » (q.3, a.3 sed contra)
« Dieu est identique à son essence ou nature... Ainsi, puisque Dieu n’est pas composé de matière et de forme, comme nous l’avons montré, on doit conclure nécessairement que Dieu est sa déité, sa vie, et quoi que ce soit d’autre qu’on affirme ainsi de lui. » (ST, I, q.3 a.3 co). Respondeo dicendum
quod Deus est idem quod sua essentia vel natura…
oportet quod Deus sit sua deitas
« Il ne suffit pas de dire que Dieu est identique à son essence, comme nous venons de le montrer ; il faut ajouter qu’il est identique à son être, ce qui peut se prouver de maintes manières... Son essence est donc son existence. » (ST, I, q.3, a.4 co). Respondeo dicendum
quod Deus non solum est sua essentia, ut ostensum est, sed etiam suum esse… Sua igitur essentia est suum esse.
Je remarque ensuite que si la raison divine de son existence est son essence, nous ne connaissons pas cette essence (le formel de la Déité nous est sur-mystérieux) pour conséquemment déduire son existence : nous déduisons l’existence de Dieu de ses effets :
« “ Être ” [esse] se dit de deux façons : en un premier sens pour signifier l’acte d’exister, en un autre sens pour marquer le lien d’une proposition, œuvre de l’âme joignant un prédicat à un sujet. Si l’on entend l’existence de la première façon, nous ne pouvons pas plus connaître l’être de Dieu que son essence. De la seconde manière seulement nous pouvons connaître l’être de Dieu : nous savons, en effet, que la proposition que nous construisons pour exprimer que Dieu est, est vraie et nous le savons à partir des effets de Dieu, ainsi que nous l’avons dit. » (ST, I, q.3, a.4 ad.2).
C’est pourquoi je ne crains pas de dire que le gilsonisme opère une réduction de la doctrine thomasienne. Votre hésitation à attribuer l’essence à Dieu n’est pas thomasienne..
« Après ce qui précède, on peut tenir pour assuré que
Dieu est sa propre essence, sa propre quiddité ou nature. Tout être, en effet, qui n'est pas sa propre essence ou quiddité, présente nécessairement une certaine composition. Puisque tout être possède une essence qui lui est propre, c'est tout ce qu'est une chose qui serait sa propre essence, si dans cette chose il n'y avait rien d'autre que cette essence ; cette chose serait elle-même sa propre essence. Si donc une chose n'est pas sa propre essence, c'est qu'il y a en elle, nécessairement, autre chose que son essence. Et il y aura ainsi en elle composition. Aussi bien, même l'essence, chez les êtres composés, est-elle désignée par mode de partie, l'humanité chez l'homme par exemple. Or nous avons montré qu'il n'y a aucune composition en Dieu.
Dieu est donc sa propre essence. Seul semble rester en dehors de l'essence ou de la quiddité d'une chose ce qui n'entre pas dans la définition de cette chose. La définition exprime en effet ce qu'est la chose. Or seuls les accidents de la chose ne tombent pas sous la définition. Seuls donc, dans cette chose, les accidents se trouvent en dehors de l'essence. Or en Dieu, nous l'avons vu, il n'y a pas d'accidents.
En Dieu, il n'y a donc rien qui ne soit son essence. Il est donc lui-même sa propre essence. Les formes qui ne sont pas attribuées à des réalités subsistantes, que celles-ci soient prises dans l'universel ou qu'elles le soient dans le singulier, sont des formes qui ne subsistent pas, par soi, à l'état isolé, individuées en elles-mêmes. On ne dit pas que Socrate, un homme, un animal, soient la blancheur, car la blancheur ne subsiste pas par soi, à l'état isolé ; elle est individuée par un sujet subsistant. De même encore les formes naturelles ne subsistent pas par soi, à l'état isolé ; elles sont individuées dans des matières qui leur sont propres : on ne dira pas que ce feu, ou que le feu, est sa propre forme. Les essences mêmes ou les quiddités des genres et des espèces sont individuées par la matière désignée de tel ou tel individu, bien que la quiddité du genre ou de l'espèce enferme une matière et une forme en général : on ne dira pas que Socrate, ou tel homme, soit l'humanité. L'essence divine, elle, existe par soi, en soi, individuée en elle-même, puisque, nous l'avons vu, elle n'existe en aucune matière.
L'essence divine est donc attribuée à Dieu de telle manière que l'on dise : Dieu est sa propre essence. L'essence d'une chose ou bien est cette chose, ou bien se comporte à l'égard de cette chose d'une certaine manière à titre de cause, puisque c'est par son essence que la chose prend rang dans l'espèce. Mais rien, d'aucune manière, ne peut être cause de Dieu, puisque Dieu est l'être premier.
Dieu est donc sa propre essence. Ce qui n'est pas sa propre essence se tient, pour une part de soi-même, à l'égard de son essence comme la puissance par rapport à l'acte. C'est pourquoi l'essence est aussi désignée à la manière d'une forme, par exemple quand on parle d'humanité. Mais en Dieu, nous l'avons vu, il n'y a aucune potentialité.
Dieu est donc nécessairement sa propre essence. » (CG, I, 21).
Héraclius a écrit : ↑sam. 01 avr. 2023, 18:10
J'avoues ne pas trop comprendre non plus votre polémique contre le Dieu "acte de rien". Evidemment qu'en un sens, Dieu est acte
de rien ! Y aurait-il une potentialité dont Dieu serait l'acte, analogue au rôle que l'espèce joue chez les anges ? J'ai l'impression qu'en érigeant votre "seconde lecture" en opposition à la première, vous en niez le fond puisque votre distinction de raison tend dangereusement vers la distinction réelle. Vous parlez du néant comme si c'était une catégorie qui s'opposait d'abord à l'essence, mais elle s'oppose d'abord à l'être ; Dieu n'est pas néant justemment parce qu'il n'est qu'être, mais naturellement pas l'être incomplet de la chose créé, indéterminé en l'abscence d'une limitation déterminante. Là encore, l'asymétrie de l'être et de l'essence en Dieu est exigée par leur rapport dans les choses créées : si dans ces dernières l'essence est en puissance de l'acte d'être, alors en Dieu il faudra n'admettre le terme d'essence que vidé du caractère "potentiel" qu'il a dans les choses créées.. Faute de quoi je ne vois pas comment sauver, concrètement, la simplicité divine.
La distinction d’essence et d’exister est une distinction réelle mineure (ex parte rei) en les créatures : les deux parties, quoique distinctes in re, sont simultanément données (à défaut l’essence existerait indépendamment de l’exister). De sorte que si, en l’ordre créé, devait se nier absurdement l’essence pour n’affirmer que l’exister, l’exister serait l’acte de rien, ce sans qu’on puisse en conclure que ce rien soit son essence, puisque en l’ordre créé l’essence est réellement autre que l’exister. Tout à l’inverse la distinction d’essence et d’exister est seulement une distinction de raison raisonnée en Dieu. De sorte que si en Dieu l’exister n’est l’acte de rien (l’acte d’aucune essence), l’alternative suivante : soit Dieu n’a pas d’essence ; soit ce rien est son essence réelle. Or, dans la mesure où vous faisiez découler CONTRADICTOIREMENT l’an-essentialité de l’exister divin de l’identité réelle en Dieu de l’exister et de l’essence *, devenait logique de vous attribuer la conséquence ultime de cette contradiction : l’essence de Dieu est le néant.
* Vous écriviez : « Dieu n'est qu'exister est une évidence pour tout thomiste, puisque c'est une conséquence nécessaire de l'identification de l'essence de Dieu à son exister. »
Je vous réponds que l’évidence pour tout thomiste est que Dieu est réellement une essence, autant que réellement un exister, et que les deux se confondent réellement à raison de la simplicité divine, quoiqu’ils continuent de se distinguer notionnellement. Dieu n’est donc pas qu’exister, il est aussi essence ! Exciper de l’identité réelle de l’essence et de l’exister en Dieu pour nier ensuite un des termes de l’équivalence est contradictoire ! Vous êtes donc confronté au choix suivant : soit affirmer que Dieu est un exister an-essentiel, auquel cas merci de ne pas vous prétendre thomiste ; soit faire dêcouler contradictoirement la négation de l’essence divine de son identité réelle à l’exister, et vous voilà défier le néant…
Héraclius a écrit : ↑sam. 01 avr. 2023, 18:10
Je suis curieux de savoir qui s'est fait nihiliste & athée pour avoir trop lu
L'être et l'essence, haha. Mais l'accusation d'athéisme contre la théologie apophatique est vieille comme cette dernière.
Mon opposition n’est pas à l’apophatisme mais à sa caricature, l’ultra-apophatisme. Est nihiliste quiconque déifie contradictoirement le néant ; ce que vous avez fait, comme montré ci-avant.
Cordialement.
Bonjour Héraclius,
[quote=Héraclius post_id=457240 time=1680365421 user_id=7770]
Mais vous remarquerez que ce n'est pas Gilson, mais Thomas, qui hésite à donner à Dieu une essence, alors qu'il n'hésite pas à lui accorder l'exister. On aura donc du mal, de ce simple fait, à rejeter comme impropre à la pensée de St Thomas de comprendre l'essence de Dieu comme relative à son exister, pour ainsi dire subordonnée à lui dans l'identification (au sens où dire ce qu'est Dieu, c'est le dire exister, acte pur d'être). Comment rendez-vous compte de l'hésitation avicennienne de l'Ange de l'Ecole, si vous tenez l'essence et l'exister comme les deux tenants face à face d'une distinction de raison ? [/quote]
Je remarque d’abord que saint Thomas attribue explicitement l’essence à Dieu, et fait dêcouler l’existence de l’essence divine par le biais de la simplicité :
[spoiler]
Il ne s’agit pas de nier que la Q.3 vienne après la Q.2, en laquelle Thomas dit très clairement qu’ « avant de se demander ce qu’est une chose, on doit se demander si elle existe » (q.2 a.2 ad.2), mais de dire qu’en le cadre de la Q.3 l’affirmation de l’essence est antécédente à celle de l’existence.
Le raisonnement est :
1° Que Dieu est (q.2).
2° Que Dieu est Simple (q.3) : il n’y a pas en Dieu composition d’essence et de sujet (a.3), donc Dieu est son essence (a.3), donc son essence est son être (a.4).
Et vous trouvez très explicitement l’affirmation que la Déité de Dieu (autrement dit Dieu en son essentialité) est Dieu : « Dieu est la Déité-même » (q.3, a.3 sed contra)[/spoiler]
« Dieu est identique à son essence ou nature... Ainsi, puisque Dieu n’est pas composé de matière et de forme, comme nous l’avons montré, on doit conclure nécessairement que Dieu est sa déité, sa vie, et quoi que ce soit d’autre qu’on affirme ainsi de lui. » (ST, I, q.3 a.3 co). Respondeo dicendum [b]quod Deus est idem quod sua essentia vel natura[/b]… [b]oportet quod Deus sit sua deitas[/b]
« Il ne suffit pas de dire que Dieu est identique à son essence, comme nous venons de le montrer ; il faut ajouter qu’il est identique à son être, ce qui peut se prouver de maintes manières... Son essence est donc son existence. » (ST, I, q.3, a.4 co). Respondeo dicendum [b]quod Deus non solum est sua essentia, ut ostensum est, sed etiam suum esse… Sua igitur essentia est suum esse.[/b]
Je remarque ensuite que si la raison divine de son existence est son essence, nous ne connaissons pas cette essence (le formel de la Déité nous est sur-mystérieux) pour conséquemment déduire son existence : nous déduisons l’existence de Dieu de ses effets :
« “ Être ” [esse] se dit de deux façons : en un premier sens pour signifier l’acte d’exister, en un autre sens pour marquer le lien d’une proposition, œuvre de l’âme joignant un prédicat à un sujet. Si l’on entend l’existence de la première façon, nous ne pouvons pas plus connaître l’être de Dieu que son essence. De la seconde manière seulement nous pouvons connaître l’être de Dieu : nous savons, en effet, que la proposition que nous construisons pour exprimer que Dieu est, est vraie et nous le savons à partir des effets de Dieu, ainsi que nous l’avons dit. » (ST, I, q.3, a.4 ad.2).
C’est pourquoi je ne crains pas de dire que le gilsonisme opère une réduction de la doctrine thomasienne. Votre hésitation à attribuer l’essence à Dieu n’est pas thomasienne..
« Après ce qui précède, on peut tenir pour assuré que [b]Dieu est sa propre essence, sa propre quiddité ou nature[/b]. Tout être, en effet, qui n'est pas sa propre essence ou quiddité, présente nécessairement une certaine composition. Puisque tout être possède une essence qui lui est propre, c'est tout ce qu'est une chose qui serait sa propre essence, si dans cette chose il n'y avait rien d'autre que cette essence ; cette chose serait elle-même sa propre essence. Si donc une chose n'est pas sa propre essence, c'est qu'il y a en elle, nécessairement, autre chose que son essence. Et il y aura ainsi en elle composition. Aussi bien, même l'essence, chez les êtres composés, est-elle désignée par mode de partie, l'humanité chez l'homme par exemple. Or nous avons montré qu'il n'y a aucune composition en Dieu. [b]Dieu est donc sa propre essence[/b]. Seul semble rester en dehors de l'essence ou de la quiddité d'une chose ce qui n'entre pas dans la définition de cette chose. La définition exprime en effet ce qu'est la chose. Or seuls les accidents de la chose ne tombent pas sous la définition. Seuls donc, dans cette chose, les accidents se trouvent en dehors de l'essence. Or en Dieu, nous l'avons vu, il n'y a pas d'accidents.[b]En Dieu, il n'y a donc rien qui ne soit son essence.[/b] [b]Il est donc lui-même sa propre essence[/b]. Les formes qui ne sont pas attribuées à des réalités subsistantes, que celles-ci soient prises dans l'universel ou qu'elles le soient dans le singulier, sont des formes qui ne subsistent pas, par soi, à l'état isolé, individuées en elles-mêmes. On ne dit pas que Socrate, un homme, un animal, soient la blancheur, car la blancheur ne subsiste pas par soi, à l'état isolé ; elle est individuée par un sujet subsistant. De même encore les formes naturelles ne subsistent pas par soi, à l'état isolé ; elles sont individuées dans des matières qui leur sont propres : on ne dira pas que ce feu, ou que le feu, est sa propre forme. Les essences mêmes ou les quiddités des genres et des espèces sont individuées par la matière désignée de tel ou tel individu, bien que la quiddité du genre ou de l'espèce enferme une matière et une forme en général : on ne dira pas que Socrate, ou tel homme, soit l'humanité. L'essence divine, elle, existe par soi, en soi, individuée en elle-même, puisque, nous l'avons vu, elle n'existe en aucune matière. [b]L'essence divine est donc attribuée à Dieu de telle manière que l'on dise : Dieu est sa propre essence[/b]. L'essence d'une chose ou bien est cette chose, ou bien se comporte à l'égard de cette chose d'une certaine manière à titre de cause, puisque c'est par son essence que la chose prend rang dans l'espèce. Mais rien, d'aucune manière, ne peut être cause de Dieu, puisque Dieu est l'être premier. [b]Dieu est donc sa propre essence[/b]. Ce qui n'est pas sa propre essence se tient, pour une part de soi-même, à l'égard de son essence comme la puissance par rapport à l'acte. C'est pourquoi l'essence est aussi désignée à la manière d'une forme, par exemple quand on parle d'humanité. Mais en Dieu, nous l'avons vu, il n'y a aucune potentialité. [b]Dieu est donc nécessairement sa propre essence.[/b] » (CG, I, 21).
[quote=Héraclius post_id=457240 time=1680365421 user_id=7770]
J'avoues ne pas trop comprendre non plus votre polémique contre le Dieu "acte de rien". Evidemment qu'en un sens, Dieu est acte [b]de[/b] rien ! Y aurait-il une potentialité dont Dieu serait l'acte, analogue au rôle que l'espèce joue chez les anges ? J'ai l'impression qu'en érigeant votre "seconde lecture" en opposition à la première, vous en niez le fond puisque votre distinction de raison tend dangereusement vers la distinction réelle. Vous parlez du néant comme si c'était une catégorie qui s'opposait d'abord à l'essence, mais elle s'oppose d'abord à l'être ; Dieu n'est pas néant justemment parce qu'il n'est qu'être, mais naturellement pas l'être incomplet de la chose créé, indéterminé en l'abscence d'une limitation déterminante. Là encore, l'asymétrie de l'être et de l'essence en Dieu est exigée par leur rapport dans les choses créées : si dans ces dernières l'essence est en puissance de l'acte d'être, alors en Dieu il faudra n'admettre le terme d'essence que vidé du caractère "potentiel" qu'il a dans les choses créées.. Faute de quoi je ne vois pas comment sauver, concrètement, la simplicité divine. [/quote]
La distinction d’essence et d’exister est une distinction réelle mineure (ex parte rei) en les créatures : les deux parties, quoique distinctes in re, sont simultanément données (à défaut l’essence existerait indépendamment de l’exister). De sorte que si, en l’ordre créé, devait se nier absurdement l’essence pour n’affirmer que l’exister, l’exister serait l’acte de rien, ce sans qu’on puisse en conclure que ce rien soit son essence, puisque en l’ordre créé l’essence est réellement autre que l’exister. Tout à l’inverse la distinction d’essence et d’exister est seulement une distinction de raison raisonnée en Dieu. De sorte que si en Dieu l’exister n’est l’acte de rien (l’acte d’aucune essence), l’alternative suivante : soit Dieu n’a pas d’essence ; soit ce rien est son essence réelle. Or, dans la mesure où vous faisiez découler CONTRADICTOIREMENT l’an-essentialité de l’exister divin de l’identité réelle en Dieu de l’exister et de l’essence *, devenait logique de vous attribuer la conséquence ultime de cette contradiction : l’essence de Dieu est le néant.
[size=85]* Vous écriviez : « Dieu n'est qu'exister est une évidence pour tout thomiste, puisque c'est une conséquence nécessaire de l'identification de l'essence de Dieu à son exister. » [/size]
Je vous réponds que l’évidence pour tout thomiste est que Dieu est réellement une essence, autant que réellement un exister, et que les deux se confondent réellement à raison de la simplicité divine, quoiqu’ils continuent de se distinguer notionnellement. Dieu n’est donc pas qu’exister, il est aussi essence ! Exciper de l’identité réelle de l’essence et de l’exister en Dieu pour nier ensuite un des termes de l’équivalence est contradictoire ! Vous êtes donc confronté au choix suivant : soit affirmer que Dieu est un exister an-essentiel, auquel cas merci de ne pas vous prétendre thomiste ; soit faire dêcouler contradictoirement la négation de l’essence divine de son identité réelle à l’exister, et vous voilà défier le néant…
[quote=Héraclius post_id=457240 time=1680365421 user_id=7770]
Je suis curieux de savoir qui s'est fait nihiliste & athée pour avoir trop lu [i]L'être et l'essence[/i], haha. Mais l'accusation d'athéisme contre la théologie apophatique est vieille comme cette dernière.[/quote]
Mon opposition n’est pas à l’apophatisme mais à sa caricature, l’ultra-apophatisme. Est nihiliste quiconque déifie contradictoirement le néant ; ce que vous avez fait, comme montré ci-avant.
Cordialement.