par cmoi » dim. 23 oct. 2022, 6:49
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
D'autre part, donner d'innombrables préceptes rituels n'est-il pas le meilleur moyen de faire croire que la pureté ou l'impureté réside surtout dans la pratique de rites extérieurs déconnectés de l'amour du prochain ? Cette pédagogie me paraît mauvaise.
Dans son épître aux romains, St Paul en donne une autre raison : c’est pour montrer que la loi ne permet pas d’être sauvé. Cela vous rejoint mais donne une autre perspective.
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
Dieu veut la Miséricorde, mais Dieu veut aussi la Justice. Conséquence : Dieu ne veut pas que le pécheur aille en enfer, mais quand le pécheur meurt sans repentance, Il veut le châtiment du pécheur. .
C’est une volonté de permission, car dans l’absolu il voulait son salut.
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
2508 Le mensonge consiste à dire le faux avec l’intention de tromper le prochain.
Les expressions figurées ne sont donc évidemment pas concernées.
Ok. Mais je garde l’impression que la notion donnée par l’acte de foi, qu’il ne peut ni se tromper ni nous tromper, vous pose problème. C‘était pour y répondre que je vous avais proposé la distinction volonté/commandement de Dieu. Pour moi la vérité n’est pas soumise à controverse comme la bonté, et là je place aussi la parole sur « la mesure dont vous aurez mesuré » etc. dont nous allons reparler. Dieu nous jugera en tenant pour vérité ce que nous aurons de bonne foi pris pour la vérité. Tandis que la bonté quoiqu'il en soit est bonne à notre niveau (il y a inversion du risque).
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
Mais si le jugement est incertain, on fait quoi ? On dirait que le scrupuleux n'a pas de chance, et que le dilettante est béni. .
Bonne question. Je pense que ce qui compte, c’est l’énergie et la bonne foi que l’on met à avoir un jugement droit et certain. Ainsi n’est-on pas « coupable » s’il est incertain, car on fera aussi au mieux. Donc l’intention dans ce cas remplace la déficience du jugement et c’est là qu’interviennent les « quelques règles » comme critère de discernement supplémentaire
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
D'autre part, le coup du "
il n'est jamais permis de faire le mal pour qu'il en résulte un bien" me laisse dubitatif, car on peut faire du mal à quelqu'un pour qu'il en résulte un bien sans pour autant que ce soit un péché.
J’ignore à quoi vous pensez mais attention : « faire le mal » n’est pas pareil que faire « du » mal.
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
De plus, cette phrase serait ce qui selon vous (je suppose) désapprouverait l'obéissance d'Abraham. Mais Dieu l'a louée, cette obéissance aveugle. Bizarre, non ? .
Je vous accorde que c’est subtil. Cela rejoint ce que vous écriviez sur le jugement incertain. Abraham était en situation d’être certain de la volonté de Dieu, nous non (je vous renvoie sur la distinction que je faisais entre volonté et commandement) du moins qu’à travers filtre. Pour compléter de façon paradoxale, cela ne devrait pas vous troubler, pour nous l’obéissance peut remplacer la conscience quand on est incertain, mais dans certains cas on ne connaît pas avec précision quel est le commandement à considérer comme adéquat à la situation et on tricherait à en « choisir un » pour lui obéir. Dieu alors adoptera nos critères pourvu qu’ils respectent les « quelques règles » qui reviennent à nous préserver du péché contre l’Esprit, et je pense qu’il préfèrera cela que de nous voir obéir en aveugle et sans comprendre, ce qui souvent consiste à « tricher ».
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
Qu'entendez-vous par "conscience pure" ? La volonté de Dieu est que nous ayons une conscience pure ? C'est-à-dire simplement savoir discerner ce qui est bien et ce qui est mal ? ou se donner "bonne conscience" d'avoir bien agi ? Je pense qu'il ne suffit pas de savoir ce qui est bien, mais que Dieu veut surtout que nous voulions ET fassions le bien. .
La conscience pure est selon ce que j’en pensais celle ici qui cherche à abolir à la fois le jugement incertain et celui incorrect, et qui bien sûr agit en accord, c’est celle du saint, dont le discernement se rapproche de celui de Dieu. Rien à voir avec « se donner bonne conscience », car c’est par amour et conviction, soin passionné de la vérité. Celui qui fait cet effort le fait bien sûr aussi pour mettre en pratique et que ses actes soient parfaits, du moins (humilité) autant que possible et en tout cas meilleurs, pas par orgueil, pour briller ou dominer, etc. Il est vrai que ce n’est pas toujours le cas, mais là je n’y avais pas pensé. La motivation(comme le but) c’est l’amour !
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
cmoi a écrit :Le but du jeûne n’est pas de devenir maigre comme un clou ou de s’affamer, et aimer Dieu par les sacrifices que cela suppose est un AMOUR PERVERS et HYPOCRITE.
Je ne comprends pas pourquoi vous dites ça alors que, plus loin, vous reconnaissez qu'on peut aimer Dieu en lui offrant des souffrances volontaires ou non, afin de participer à la Rédemption. .
J’ai pensé après coup que j’aurais dû être plus explicite et précis, en effet. Mais j’avais déjà tant de choses à dire et je voulais éviter de faire trop long.
La différence, est que le but ici est d’acquérir la conscience pure pour qu’elle « fusionne avec Dieu », donc c’est à ce niveau que doit s’exprimer l’amour et non au niveau de l’œuvre qui n’est qu’un moyen, tandis que quand l’origine est extérieure, l’amour se trouve au niveau du sacrifice et donc de l’acte, car l’objet ou la cause de la souffrance représente la volonté de Dieu, (serait-ce une volonté de permission et qui nous est dommageable, car Dieu sait changer un mal en bien) que l’on tient pour un bien quoiqu’il nous en coûte. Est-ce encore trop abstrait ?
Coco lapin a écrit : ↑sam. 22 oct. 2022, 17:19
Effectivement, "la mesure avec laquelle vous mesurez" n'a pas le même objet, et ces paroles n'ont pas le même sens chez Marc et chez Matthieu. Chez Marc il s'agit de l'importance qu'on donne aux grâces qu'on a reçues, et si l'on porte de bons fruits on en aura encore. Chez Matthieu, il s'agit de la sévérité ou de l'indulgence avec laquelle on juge le prochain.
Maintenant, quel est le rapport avec "
la conscience prime" ?
Par ailleurs, le pharisien de la parabole me paraît sincèrement persuadé d'être meilleur que le publicain, et de bien agir en le méprisant. Donc le véritable devoir auquel nous invite l'enseignement de Jésus n'est pas de "juger selon sa conscience" mais de "vaincre son ignorance coupable"..
Vous vous rapprochez de mon explication mais vous arrêtez en route.
J’ai dû être trop concis ou c’était pour vous trop nouveau. Votre exemple Pharisien /publicain est excellent, il apporte au sujet la notion de péché contre l’Esprit qui conduit à l’aveuglement de l’esprit - les pharisiens étaient certains que Jésus exorcisait par la force des démons ! Mais parce que cela leur évitait de se remettre en question ainsi que leur jugement, ils s’abusaient et se mentaient à eux-mêmes ! La différence ici est subtile entre la bonne conscience (qu’ils avaient et se donnaient) et la vraie bonne conscience qui reste ouverte à la nouveauté. Donc je suis d’accord avec votre conclusion, mais cela n’exclut pas pour autant le jugement selon la conscience en ce que si l’ignorance est coupable, c’est que le jugement de la conscience veut tricher avec la vérité pour telle ou telle autre raison secrète que la conscience dissimule ou croit pouvoir dissimuler. Je ne sais pas si c’est clair… Souvent dans ce cas il y a refoulement préalable de la vraie conscience dans l’inconscient, par une intention de pouvoir « faire le mal » ou continuer à se tromper quand on s’aperçoit qu’on se trompait. Ainsi, après refoulement, on ne se « donne » pas bonne conscience, on croit vraiment l’avoir !
Or le refoulement, s’il est toujours volontaire, il peut être « réflexe » ou spontané, fait par « habitude acquise » ou sans trop analyser les tenants et les aboutissants, il est le résultat d’une conscience impure qui a perdu de vue la vérité et se trompe sur le bien, jouet de sentiments, pulsions, manque de volonté, etc..
Tout cela se tient dans vote « ignorance « plus ou moins coupable » »…
Pour en revenir à la question de mesure, et à comment j’en arrive à la notion de « la conscience prime », je crois que Marc m’aidera mieux que Mathieu pour vous éclairer.
De Mathieu nous retiendrons ce que vous aviez écrit je crois, à savoir que Jésus dans la parabole des talents a jugé celui qui le trouvait dur en adoptant cette dureté : ainsi il l’a jugé en adoptant le jugement de l’autre - qui se trompait - parce qu’il avait des raisons de se tromper qui n’étaient pas clean (voir mon explication ci-dessus) s’il faut chercher une explication. S’il trouvait Jésus « dur » c’est qu’il s’opposait à lui en quelque chose sur quoi il ne voulait rien « lâcher ».
Pour Marc, je vais essayer de faire simple et bref (en plus de ce que j’avais écrit et qui serait à reprendre avec cette « clé ») : de ce que les paroles entendues viennent s’ajouter à la mesure préalable, peut se déduire que la conscience prime, car ces paroles sont venues modifier la conscience par une perspective nouvelle. La mesure adoptée par Jésus se fait donc proportionnelle à ce que la conscience a perçu de la vérité qui lui a été donnée et du jugement qu’elle a exercé à partir de là – et non d’après une loi extérieure plus ou moins bien comprise et mal interprétée.
Est-ce plus clair ?
Sur le fond il n’y a pas d’opposition ni de différence entre les 2 évangélistes. La primauté de la conscience est ce à quoi ils aboutissent tous les 2 mais exprimée sous des jours différents qui se complètent.
Reprenez ma distinction entre la privation dont la cause est intérieure et celle où elle est extérieure : l’amour en nous de Dieu (ou la communion à son amour) ne se manifeste pas (ne doit pas se manifester) ou ne se fait pas, au même niveau, selon.
Inverser ce niveau relève d‘une duplicité ou d’un mauvais gré, d’un début de péché contre l’Esprit. Qui aura des conséquences fâcheuses mais souvent imperceptibles, surtout si la doctrine « manipulée » peut paraître impeccable. Cela peut être dû à l’ignorance, une éducation défaillante ou souillée, ou à l’influence en nous notamment des péchés capitaux sur le concupiscible, et ensuite le psychologique prend le relais et fait ses nœuds.
Elle peut sembler venir ici en contradiction, mais quand la cause est intérieure, volontaire, Dieu adopte notre mesure, sinon il adoptera celle de la cause extérieure.
Si on cherche l’amour dans le jeûne en lui-même et qu’il est volontaire, on a perdu notre récompense puisqu’on se l’est donnée à soi-même, pour faire le lien avec d’autres propos voisins. Combien de fois des chrétiens se désespèrent de ne pas obtenir ce qu’ils demandent à cause de cela ! Ce jeûne est cadeau, privation ! C’est à Dieu de nous donner sa réponse, pas à nous !
Ainsi « que ta main droite ne sache pas ce que fait la gauche », et tout le reste. L’autre à qui on doit cacher nos belles actions et prières c’est aussi et surtout nous. La réponse de Dieu seule doit compter, qui peut être simplement son plaisir et ne pas passer à l’acte, notre amour ne doit pas se résumer à ce qu’on lui a offert, il est bien plus dans la relation entre 2 personnes.
La foi disparaîtra, nos œuvres aussi, ce qui restera c’est la fusion de la conscience et ses effusions.
La foi en aura renouvelé l’élan, les œuvres l’attestation de sincérité. Elles sont indispensables, la foi est capitale, mais elles sont produites par la conscience. Je réponds à l’objection que la foi est une grâce : si Jésus a évoqué plusieurs fois « si vous aviez la foi grosse comme… » c’est bien que nous avons la main sur ce qu’elle est par son usage.
Au lieu de conscience je pourrais aussi dire âme ou esprit, mais c’est pour éviter des ambiguïtés (les animaux ont une âme et l’esprit peut désigner tant de choses différentes. On dit « rendre » l’âme ou l’esprit, mais la conscience « s’éteint ». Que Dieu ressuscite au sens fort de Jésus dans St Jean, qui parle du salut comme de la vie (les synoptiques aussi, mais les traducteurs souvent font la substitution).
Je précise cela pour préciser ce que je voulais dire en la définissant par le jugement, car ce n’est pas qu’intellectuel. Intuition, volonté, affections, etc. y interviennent même davantage. Je pourrais dire aussi « cœur », mais cela pourrait donner aux sentiments et affects une part prépondérante sans oublier la connotation « d’involontaire » (fausse car ils dépendent en grande partie de …la conscience). Voilà pour mon « traitement » ici des synonymes qualifiant la personne vivante… La conscience, c'est ce qui en nous exerce la charité directement à l'égard de Dieu. Quand elle est pure, elle ne fait rien d'autre, quelles qu'en soient les manifestations extérieures...
Bon dimanche.
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
D'autre part, donner d'innombrables préceptes rituels n'est-il pas le meilleur moyen de faire croire que la pureté ou l'impureté réside surtout dans la pratique de rites extérieurs déconnectés de l'amour du prochain ? Cette pédagogie me paraît mauvaise. [/quote]
Dans son épître aux romains, St Paul en donne une autre raison : c’est pour montrer que la loi ne permet pas d’être sauvé. Cela vous rejoint mais donne une autre perspective.
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
Dieu veut la Miséricorde, mais Dieu veut aussi la Justice. Conséquence : Dieu ne veut pas que le pécheur aille en enfer, mais quand le pécheur meurt sans repentance, Il veut le châtiment du pécheur. . [/quote]
C’est une volonté de permission, car dans l’absolu il voulait son salut.
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
[i][b]2508[/b] Le mensonge consiste à dire le faux avec l’intention de tromper le prochain.[/i]
Les expressions figurées ne sont donc évidemment pas concernées. [/quote]
Ok. Mais je garde l’impression que la notion donnée par l’acte de foi, qu’il ne peut ni se tromper ni nous tromper, vous pose problème. C‘était pour y répondre que je vous avais proposé la distinction volonté/commandement de Dieu. Pour moi la vérité n’est pas soumise à controverse comme la bonté, et là je place aussi la parole sur « la mesure dont vous aurez mesuré » etc. dont nous allons reparler. Dieu nous jugera en tenant pour vérité ce que nous aurons de bonne foi pris pour la vérité. Tandis que la bonté quoiqu'il en soit est bonne à notre niveau (il y a inversion du risque).
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
Mais si le jugement est incertain, on fait quoi ? On dirait que le scrupuleux n'a pas de chance, et que le dilettante est béni. . [/quote]
Bonne question. Je pense que ce qui compte, c’est l’énergie et la bonne foi que l’on met à avoir un jugement droit et certain. Ainsi n’est-on pas « coupable » s’il est incertain, car on fera aussi au mieux. Donc l’intention dans ce cas remplace la déficience du jugement et c’est là qu’interviennent les « quelques règles » comme critère de discernement supplémentaire
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
D'autre part, le coup du "[i]il n'est jamais permis de faire le mal pour qu'il en résulte un bien[/i]" me laisse dubitatif, car on peut faire du mal à quelqu'un pour qu'il en résulte un bien sans pour autant que ce soit un péché. [/quote]
J’ignore à quoi vous pensez mais attention : « faire le mal » n’est pas pareil que faire « du » mal.
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
De plus, cette phrase serait ce qui selon vous (je suppose) désapprouverait l'obéissance d'Abraham. Mais Dieu l'a louée, cette obéissance aveugle. Bizarre, non ? . [/quote]
Je vous accorde que c’est subtil. Cela rejoint ce que vous écriviez sur le jugement incertain. Abraham était en situation d’être certain de la volonté de Dieu, nous non (je vous renvoie sur la distinction que je faisais entre volonté et commandement) du moins qu’à travers filtre. Pour compléter de façon paradoxale, cela ne devrait pas vous troubler, pour nous l’obéissance peut remplacer la conscience quand on est incertain, mais dans certains cas on ne connaît pas avec précision quel est le commandement à considérer comme adéquat à la situation et on tricherait à en « choisir un » pour lui obéir. Dieu alors adoptera nos critères pourvu qu’ils respectent les « quelques règles » qui reviennent à nous préserver du péché contre l’Esprit, et je pense qu’il préfèrera cela que de nous voir obéir en aveugle et sans comprendre, ce qui souvent consiste à « tricher ».
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
Qu'entendez-vous par "conscience pure" ? La volonté de Dieu est que nous ayons une conscience pure ? C'est-à-dire simplement savoir discerner ce qui est bien et ce qui est mal ? ou se donner "bonne conscience" d'avoir bien agi ? Je pense qu'il ne suffit pas de savoir ce qui est bien, mais que Dieu veut surtout que nous voulions ET fassions le bien. .[/quote]
La conscience pure est selon ce que j’en pensais celle ici qui cherche à abolir à la fois le jugement incertain et celui incorrect, et qui bien sûr agit en accord, c’est celle du saint, dont le discernement se rapproche de celui de Dieu. Rien à voir avec « se donner bonne conscience », car c’est par amour et conviction, soin passionné de la vérité. Celui qui fait cet effort le fait bien sûr aussi pour mettre en pratique et que ses actes soient parfaits, du moins (humilité) autant que possible et en tout cas meilleurs, pas par orgueil, pour briller ou dominer, etc. Il est vrai que ce n’est pas toujours le cas, mais là je n’y avais pas pensé. La motivation(comme le but) c’est l’amour !
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
[quote="cmoi"]Le but du jeûne n’est pas de devenir maigre comme un clou ou de s’affamer, et aimer Dieu par les sacrifices que cela suppose est un AMOUR PERVERS et HYPOCRITE.[/quote]
Je ne comprends pas pourquoi vous dites ça alors que, plus loin, vous reconnaissez qu'on peut aimer Dieu en lui offrant des souffrances volontaires ou non, afin de participer à la Rédemption. .[/quote] J’ai pensé après coup que j’aurais dû être plus explicite et précis, en effet. Mais j’avais déjà tant de choses à dire et je voulais éviter de faire trop long.
La différence, est que le but ici est d’acquérir la conscience pure pour qu’elle « fusionne avec Dieu », donc c’est à ce niveau que doit s’exprimer l’amour et non au niveau de l’œuvre qui n’est qu’un moyen, tandis que quand l’origine est extérieure, l’amour se trouve au niveau du sacrifice et donc de l’acte, car l’objet ou la cause de la souffrance représente la volonté de Dieu, (serait-ce une volonté de permission et qui nous est dommageable, car Dieu sait changer un mal en bien) que l’on tient pour un bien quoiqu’il nous en coûte. Est-ce encore trop abstrait ?
[quote="Coco lapin" post_id=454036 time=1666451950 user_id=18191]
Effectivement, "la mesure avec laquelle vous mesurez" n'a pas le même objet, et ces paroles n'ont pas le même sens chez Marc et chez Matthieu. Chez Marc il s'agit de l'importance qu'on donne aux grâces qu'on a reçues, et si l'on porte de bons fruits on en aura encore. Chez Matthieu, il s'agit de la sévérité ou de l'indulgence avec laquelle on juge le prochain.
Maintenant, quel est le rapport avec "[i]la conscience prime[/i]" ?
Par ailleurs, le pharisien de la parabole me paraît sincèrement persuadé d'être meilleur que le publicain, et de bien agir en le méprisant. Donc le véritable devoir auquel nous invite l'enseignement de Jésus n'est pas de "juger selon sa conscience" mais de "vaincre son ignorance coupable"..[/quote]
Vous vous rapprochez de mon explication mais vous arrêtez en route.
J’ai dû être trop concis ou c’était pour vous trop nouveau. Votre exemple Pharisien /publicain est excellent, il apporte au sujet la notion de péché contre l’Esprit qui conduit à l’aveuglement de l’esprit - les pharisiens étaient certains que Jésus exorcisait par la force des démons ! Mais parce que cela leur évitait de se remettre en question ainsi que leur jugement, ils s’abusaient et se mentaient à eux-mêmes ! La différence ici est subtile entre la bonne conscience (qu’ils avaient et se donnaient) et la vraie bonne conscience qui reste ouverte à la nouveauté. Donc je suis d’accord avec votre conclusion, mais cela n’exclut pas pour autant le jugement selon la conscience en ce que si l’ignorance est coupable, c’est que le jugement de la conscience veut tricher avec la vérité pour telle ou telle autre raison secrète que la conscience dissimule ou croit pouvoir dissimuler. Je ne sais pas si c’est clair… Souvent dans ce cas il y a refoulement préalable de la vraie conscience dans l’inconscient, par une intention de pouvoir « faire le mal » ou continuer à se tromper quand on s’aperçoit qu’on se trompait. Ainsi, après refoulement, on ne se « donne » pas bonne conscience, on croit vraiment l’avoir !
Or le refoulement, s’il est toujours volontaire, il peut être « réflexe » ou spontané, fait par « habitude acquise » ou sans trop analyser les tenants et les aboutissants, il est le résultat d’une conscience impure qui a perdu de vue la vérité et se trompe sur le bien, jouet de sentiments, pulsions, manque de volonté, etc..
Tout cela se tient dans vote « ignorance « plus ou moins coupable » »…
Pour en revenir à la question de mesure, et à comment j’en arrive à la notion de « la conscience prime », je crois que Marc m’aidera mieux que Mathieu pour vous éclairer.
De Mathieu nous retiendrons ce que vous aviez écrit je crois, à savoir que Jésus dans la parabole des talents a jugé celui qui le trouvait dur en adoptant cette dureté : ainsi il l’a jugé en adoptant le jugement de l’autre - qui se trompait - parce qu’il avait des raisons de se tromper qui n’étaient pas clean (voir mon explication ci-dessus) s’il faut chercher une explication. S’il trouvait Jésus « dur » c’est qu’il s’opposait à lui en quelque chose sur quoi il ne voulait rien « lâcher ».
Pour Marc, je vais essayer de faire simple et bref (en plus de ce que j’avais écrit et qui serait à reprendre avec cette « clé ») : de ce que les paroles entendues viennent s’ajouter à la mesure préalable, peut se déduire que la conscience prime, car ces paroles sont venues modifier la conscience par une perspective nouvelle. La mesure adoptée par Jésus se fait donc proportionnelle à ce que la conscience a perçu de la vérité qui lui a été donnée et du jugement qu’elle a exercé à partir de là – et non d’après une loi extérieure plus ou moins bien comprise et mal interprétée.
Est-ce plus clair ?
Sur le fond il n’y a pas d’opposition ni de différence entre les 2 évangélistes. La primauté de la conscience est ce à quoi ils aboutissent tous les 2 mais exprimée sous des jours différents qui se complètent.
Reprenez ma distinction entre la privation dont la cause est intérieure et celle où elle est extérieure : l’amour en nous de Dieu (ou la communion à son amour) ne se manifeste pas (ne doit pas se manifester) ou ne se fait pas, au même niveau, selon.
Inverser ce niveau relève d‘une duplicité ou d’un mauvais gré, d’un début de péché contre l’Esprit. Qui aura des conséquences fâcheuses mais souvent imperceptibles, surtout si la doctrine « manipulée » peut paraître impeccable. Cela peut être dû à l’ignorance, une éducation défaillante ou souillée, ou à l’influence en nous notamment des péchés capitaux sur le concupiscible, et ensuite le psychologique prend le relais et fait ses nœuds.
Elle peut sembler venir ici en contradiction, mais quand la cause est intérieure, volontaire, Dieu adopte notre mesure, sinon il adoptera celle de la cause extérieure.
Si on cherche l’amour dans le jeûne en lui-même et qu’il est volontaire, on a perdu notre récompense puisqu’on se l’est donnée à soi-même, pour faire le lien avec d’autres propos voisins. Combien de fois des chrétiens se désespèrent de ne pas obtenir ce qu’ils demandent à cause de cela ! Ce jeûne est cadeau, privation ! C’est à Dieu de nous donner sa réponse, pas à nous !
Ainsi « que ta main droite ne sache pas ce que fait la gauche », et tout le reste. L’autre à qui on doit cacher nos belles actions et prières c’est aussi et surtout nous. La réponse de Dieu seule doit compter, qui peut être simplement son plaisir et ne pas passer à l’acte, notre amour ne doit pas se résumer à ce qu’on lui a offert, il est bien plus dans la relation entre 2 personnes.
La foi disparaîtra, nos œuvres aussi, ce qui restera c’est la fusion de la conscience et ses effusions.
La foi en aura renouvelé l’élan, les œuvres l’attestation de sincérité. Elles sont indispensables, la foi est capitale, mais elles sont produites par la conscience. Je réponds à l’objection que la foi est une grâce : si Jésus a évoqué plusieurs fois « si vous aviez la foi grosse comme… » c’est bien que nous avons la main sur ce qu’elle est par son usage.
Au lieu de conscience je pourrais aussi dire âme ou esprit, mais c’est pour éviter des ambiguïtés (les animaux ont une âme et l’esprit peut désigner tant de choses différentes. On dit « rendre » l’âme ou l’esprit, mais la conscience « s’éteint ». Que Dieu ressuscite au sens fort de Jésus dans St Jean, qui parle du salut comme de la vie (les synoptiques aussi, mais les traducteurs souvent font la substitution).
Je précise cela pour préciser ce que je voulais dire en la définissant par le jugement, car ce n’est pas qu’intellectuel. Intuition, volonté, affections, etc. y interviennent même davantage. Je pourrais dire aussi « cœur », mais cela pourrait donner aux sentiments et affects une part prépondérante sans oublier la connotation « d’involontaire » (fausse car ils dépendent en grande partie de …la conscience). Voilà pour mon « traitement » ici des synonymes qualifiant la personne vivante… La conscience, c'est ce qui en nous exerce la charité directement à l'égard de Dieu. Quand elle est pure, elle ne fait rien d'autre, quelles qu'en soient les manifestations extérieures...
Bon dimanche.