par Cinci » lun. 15 janv. 2018, 3:23
Milla a écrit :
Mais aucune relation personnelle avec Dieu. Je ne sais pas s'il existe, et s'il existe je ne l'aime pas (sans hostilité, c'est un constat).
C'est bien normal de ne pas avoir de relation personnelle avec un être dont on ne sait pas s'il existe pour commencer. Au début des années 1960, le cinéaste Ingmar Bergman aurait déjà dit quelque chose du même genre. Il disait :
Je suis convaincu que Dieu n'existe pas et, d'ailleurs, s'il existait je le détesterais. Comme il était sûr d'avance qu'il détesterait Dieu s'il existait,
il fallait donc que Dieu n'existât point.
Il y a un point commun entre vous deux, Milla.
A force de lire et d'échanger, une chose est claire : si j'en crois les chrétiens, cela dépend de moi. Si je faisais ce qu'il fallait, si j'étais vraiment sincère, si mes intentions étaient droites, il ne me laisserait pas dans l'ombre. J'y suis toujours : la conclusion n'est pas difficile... et sans doute pas fausse ?
Il est bien possible que vous fassiez déjà "ce qu'il faut", chère Milla, ou suffisamment,ou assez en tenant compte de votre propre situation, mais que néanmoins se puisse être Dieu qui ne se révèle pas encore, et parce qu'il aurait ses raisons d'agir ainsi.
Des grands bouts de désert à ramer sur le sable et éventuellement une avancée formidable : la vie spirituelle est ainsi faite. Puis, en un mois, en six mois ou en un an, vous vous trouverez à racheter quarante ans d'immobilisme.
Souvent, c'est parce que Dieu fabrique "quelque chose" en tenant compte non pas seulement de vous en tant qu'individu mais également des autres. La "misère" que vous éprouverez dans le moment et qui peut faire souffrir jusqu'à un certain point peut trouver sa raison d'être 1) dans la nécessité d'y creuser un certain vide pour ce que Dieu pourrait vouloir vous donner plus tard 2) parce que Dieu vous fait expérimenter d'abord ce qu'est l'expérience d'être "sans Dieu" et pour que vous soyez bien solidaire des désespérés 3) Parce qu'il vous "taille" de cette façon afin que vous soyez propre à bien le connaître, et à ne pas le confondre avec une idole la journée où la grâce vous tombera dessus sans crier gare !
La chose qui est certaine c'est que Dieu n'a pas plus ou moins d'amour; mettons ici plus pour des "piliers" d'église et moins pour les "déshérités" qui n'ont pas de chance de vivre des trucs fantastiques. Non, Dieu aime les pauvres.
L'important c'est de ne pas paniquer. Développer une capacité à soutenir l'adversité sans se raidir, sans s'aigrir ou se désespérer. Savoir attendre, tout en se nourrissant l'esprit, l'âme ou le coeur par la beauté, des belles oeuvres, une bonne littérature : c'est déjà chose excellente.
Il vous manquerait juste - peut-être ? Pour vous je le dis sans savoir - de demander à d'autres (même mentalement, dans le silence) de prier Dieu pour vous. Il n'est pas nécessaire de demander à devenir une grenouille de bénitiers. Mais juste d'obtenir une certaine faim de Dieu un peu plus grande, d'être un peu désentraver à l'intérieur, dans de meilleurs dispositions envers les choses saintes.
Mon expérience à moi me ferait penser (j'en suis convaincu) que chaque fois où l'on demande une réponse de Dieu et en un domaine vital, signifiant, d'importance pour soi-même, quelque chose de sérieux, on obtient bien une réponse en retour. Pas nécessairement tout de suite, mais la réponse vient quand même. Pas au moment où l'on s'y attendrait, pas d'une façon que l'on aurait pu imaginer. Il y a tout de même une rétroaction ! Quand une demande exprime franchement ce qui fait déjà partie de la volonté de Dieu, il est sûr que celle-ci se verra exaucée. Parfois Dieu attend depuis des années que nous bougions le bout du petit orteil. Et lorsque nous nous décidons à le bouger enfin d'un millimètre en sa direction, il nous fond dessus littéralement. La chose m'est déjà arrivé. Je sais de quoi je parle. J'ai déjà vécu cela (entre autres) avec le sacrement de pénitence.
En décembre dernier, le Père Jean dont j'ai déjà parlé sur ce forum (ex-aumônier de prison pendant 38 ans, qui a connu Jacques Mesrine et autres grandes figures de la truanderie) me rappelait une anecdote au sujet d'un de ces truands justement. Un cas vécu ! C'est un type qui faisait partie du crime organisé depuis des années. Or un beau jour, circulant en voiture, le hasard l'aura mené sur la route qui passe en face de l'ancien monastère des Pères trappistes à Oka. Une belle journée d'été, il fait beau. Tiens, pourquoi ne pas faire un stop et entrer pour acheter un petit quelque chose à la boutique du monastère. Ce qui fut fait. Au moment de payer la facture, le père qui se trouvait là - un vieux moine - s'informe tout à coup auprès de notre client s'il ne lui plairait pas de se confesser (?) La chose pourrait lui faire du bien. Notre bonhomme a consenti, bien plus par envie de ne pas déplaire au vieux moine qu'autre chose. "De toute façon, je vais raconter un paquet de menteries." Mais une fois la (fausse) confession terminée, notre criminel endurci s'est retrouvé devant un vieux moine intimement dévasté, roulant des larmes sur ses joues et qui lui dit :"Ça ne valait pas le coup de faire l'exercice si c'était pour dire un tissu de mensonges." C'est là que le criminel non repenti a craqué. C'est ce qui l'a converti. Il s'est départi ensuite de tous ses biens mal acquis, mit un terme à sa vie de criminel. Et, encore aujourd'hui, il fait des tournées de conférences pour témoigner de son expérience, de sa foi et tout.
[quote]Milla a écrit :
Mais aucune relation personnelle avec Dieu. Je ne sais pas s'il existe, et s'il existe je ne l'aime pas (sans hostilité, c'est un constat).
[/quote]
C'est bien normal de ne pas avoir de relation personnelle avec un être dont on ne sait pas s'il existe pour commencer. Au début des années 1960, le cinéaste Ingmar Bergman aurait déjà dit quelque chose du même genre. Il disait : [i]Je suis convaincu que Dieu n'existe pas et, d'ailleurs, s'il existait je le détesterais[/i]. Comme il était sûr d'avance qu'il détesterait Dieu s'il existait, [i]il fallait donc que Dieu n'existât point[/i].
;)
Il y a un point commun entre vous deux, Milla.
[quote] A force de lire et d'échanger, une chose est claire : si j'en crois les chrétiens, cela dépend de moi. Si je faisais ce qu'il fallait, si j'étais vraiment sincère, si mes intentions étaient droites, il ne me laisserait pas dans l'ombre. J'y suis toujours : la conclusion n'est pas difficile... et sans doute pas fausse ?
[/quote]
Il est bien possible que vous fassiez déjà "ce qu'il faut", chère Milla, ou suffisamment,ou assez en tenant compte de votre propre situation, mais que néanmoins se puisse être Dieu qui ne se révèle pas encore, et parce qu'il aurait ses raisons d'agir ainsi.
Des grands bouts de désert à ramer sur le sable et éventuellement une avancée formidable : la vie spirituelle est ainsi faite. Puis, en un mois, en six mois ou en un an, vous vous trouverez à racheter quarante ans d'immobilisme.
Souvent, c'est parce que Dieu fabrique "quelque chose" en tenant compte non pas seulement de vous en tant qu'individu mais également des autres. La "misère" que vous éprouverez dans le moment et qui peut faire souffrir jusqu'à un certain point peut trouver sa raison d'être 1) dans la nécessité d'y creuser un certain vide pour ce que Dieu pourrait vouloir vous donner plus tard 2) parce que Dieu vous fait expérimenter d'abord ce qu'est l'expérience d'être "sans Dieu" et pour que vous soyez bien solidaire des désespérés 3) Parce qu'il vous "taille" de cette façon afin que vous soyez propre à bien le connaître, et à ne pas le confondre avec une idole la journée où la grâce vous tombera dessus sans crier gare !
La chose qui est certaine c'est que Dieu n'a pas plus ou moins d'amour; mettons ici plus pour des "piliers" d'église et moins pour les "déshérités" qui n'ont pas de chance de vivre des trucs fantastiques. Non, Dieu aime les pauvres.
L'important c'est de ne pas paniquer. Développer une capacité à soutenir l'adversité sans se raidir, sans s'aigrir ou se désespérer. Savoir attendre, tout en se nourrissant l'esprit, l'âme ou le coeur par la beauté, des belles oeuvres, une bonne littérature : c'est déjà chose excellente.
Il vous manquerait juste - peut-être ? Pour vous je le dis sans savoir - de demander à d'autres (même mentalement, dans le silence) de prier Dieu pour vous. Il n'est pas nécessaire de demander à devenir une grenouille de bénitiers. Mais juste d'obtenir une certaine faim de Dieu un peu plus grande, d'être un peu désentraver à l'intérieur, dans de meilleurs dispositions envers les choses saintes.
Mon expérience à moi me ferait penser (j'en suis convaincu) que chaque fois où l'on demande une réponse de Dieu et en un domaine vital, signifiant, d'importance pour soi-même, quelque chose de sérieux, on obtient bien une réponse en retour. Pas nécessairement tout de suite, mais la réponse vient quand même. Pas au moment où l'on s'y attendrait, pas d'une façon que l'on aurait pu imaginer. Il y a tout de même une rétroaction ! Quand une demande exprime franchement ce qui fait déjà partie de la volonté de Dieu, il est sûr que celle-ci se verra exaucée. Parfois Dieu attend depuis des années que nous bougions le bout du petit orteil. Et lorsque nous nous décidons à le bouger enfin d'un millimètre en sa direction, il nous fond dessus littéralement. La chose m'est déjà arrivé. Je sais de quoi je parle. J'ai déjà vécu cela (entre autres) avec le sacrement de pénitence.
En décembre dernier, le Père Jean dont j'ai déjà parlé sur ce forum (ex-aumônier de prison pendant 38 ans, qui a connu Jacques Mesrine et autres grandes figures de la truanderie) me rappelait une anecdote au sujet d'un de ces truands justement. Un cas vécu ! C'est un type qui faisait partie du crime organisé depuis des années. Or un beau jour, circulant en voiture, le hasard l'aura mené sur la route qui passe en face de l'ancien monastère des Pères trappistes à Oka. Une belle journée d'été, il fait beau. Tiens, pourquoi ne pas faire un stop et entrer pour acheter un petit quelque chose à la boutique du monastère. Ce qui fut fait. Au moment de payer la facture, le père qui se trouvait là - un vieux moine - s'informe tout à coup auprès de notre client s'il ne lui plairait pas de se confesser (?) La chose pourrait lui faire du bien. Notre bonhomme a consenti, bien plus par envie de ne pas déplaire au vieux moine qu'autre chose. "De toute façon, je vais raconter un paquet de menteries." Mais une fois la (fausse) confession terminée, notre criminel endurci s'est retrouvé devant un vieux moine intimement dévasté, roulant des larmes sur ses joues et qui lui dit :"Ça ne valait pas le coup de faire l'exercice si c'était pour dire un tissu de mensonges." C'est là que le criminel non repenti a craqué. C'est ce qui l'a converti. Il s'est départi ensuite de tous ses biens mal acquis, mit un terme à sa vie de criminel. Et, encore aujourd'hui, il fait des tournées de conférences pour témoigner de son expérience, de sa foi et tout.