Bonjour philippe1,
Merci d'avoir pris la peine de réexpliquer votre philosophie, j'ai compris où se situe la faille du raisonnement. En fait, votre analyse est intéressante, mais elle n'est pas ajustée à la démonstration rationnelle de l'existence de Dieu, elle la présuppose. Je reprends vos propos :
philippe1 a écrit :
, on ne peut pas dire qu'une chose existe et n'existe pas à la fois. C’est le principe de non contradiction ok mais changez cette notion existence à gauche par réel et à droite par virtuel et vous avez « on peut dire qu’une chose est soit virtuel soit en tant que réel »
Seulement ces deux bases sont liées et inséparables
On a donc deux bases qui ne sont pas opposées mais comme « complémentaires » l’une de l’autre. Le A et le non A ne sont plus opposés mais échangent de l’information c’est l’état T
Ces deux bases s’excluent l’une et l’autre ou échangent, il n’y a pas d’autre possibilité. C’est l’inséparabilité de ces deux états, il n’y a pas exclusion de l’un au profit de l’autre ou vice versa. Un exemple connu, l’onde et le corpuscule ne s’excluent pas ils sont deux aspects deux réels. L’inséparabilité d’états quantiques est démontrée depuis 1981. Cette notion de virtuel se retrouve dans l’image d’une graine où tout est contenu et recouvre également la symbolique de l’arbre de la connaissance qui donne des fruits.
L'erreur consiste à considérer un parallèle équivalent entre :
X et non X d'une part
la réalité et la potentialité d'autre part.
En réalité, votre distinction réalité/potentialité est dans le champ "X existe". Pour raisonner de façon logique, il convient dans un premier temps d'éprouver l'existence de quelque chose (X ou non X), puis de s'interroger sur la forme de l'existence de la chose (réel/potentiel, ou bien matériel/immatériel, on peut imaginer d'autres distinctions ; on peut les appeler comme vous l'avez fait par "état" de la chose existante).
Dans votre raisonnement, vous mettez tout sur le même plan, confondant "ce qui existe sous la forme d'une potentialité" (1) et "ce qui n'existe pas" (2). L'exemple de la graine est très parlant. La graine existe et ce qu'elle donnera existe aussi, même à l'état de potentiel (la plante, les fruits, etc). L'autre exemple que vous prenez, emprunté à la physique quantique, peut aussi illustrer cette distinction existence/non existence et forme de l'existence.
On dit en physique quantique que la lumière est à la fois onde et particule. En effet, le photon, pris isolément est bien une particule élémentaire qui forme la lumière. Mais la particule inscrite dans le temps, donc en déplacement, forme également une onde qui se propage dans l'espace-temps. Cette dualité correspond à une même réalité et à une même existence. On ne peut dire que lorsque l'on perçoit l'onde, la particule n'existe pas ; ni le contraire. Nous sommes donc dans l'exemple d'une conception duale de l'existence de la lumière et non dans une preuve de l'existence de composants de la lumière.
Conséquence de la confusion entre (1) et (2) : votre raisonnement aboutit à un paradoxe métaphysique. X et non X peuvent exister en même temps. En effet, s'ils échangent de l'information T, c'est qu'ils sont en relation, donc qu'ils existent tous les deux. La seule façon de sortir de cette impasse, à mon sens, est derecentrer correctement le problème comme je vous l'ai proposé ci-dessus, à savoir de réserver le principe du tiers inclus dans la caractérisation de l'existence, et non comme preuve de cette existence.
Pour revenir au sujet, la preuve rationnelle de l'existence de Dieu, le principe du tiers inclus ne sert pas, mais peut expliquer, en présupposant l'existence de Dieu, la potentialité et les différentes formes de l'existant dans la Création. Quelques exemples : la diversité des espèces animales, leur évolution à travers les temps géologiques, la pédagogie du message Divin, etc.
philippe1 a écrit :
Conséquence immédiate. On ne peut plus dire ceci est vrai donc le contraire est faux. Il faut dire ceci est vrai mais incomplètement, car en virtualité une part de ce vrai est dans l’opposé. Les deux pôles ne sont que l’un par rapport à l’autre.
En terme d'existence, on conserve, comme dit ci-dessus, une exclusion totale, sous peine de tomber dans un paradoxe. En revanche, il est possible que "le vrai et le faux se mêlent", mais cette expression est maladroite. Il vaut mieux parler de "phénomène conjoint" qui partage plusieurs attributs changeants. L'exemple de la lumière est parlant.
philippe1 a écrit :
Vous ne pouvez supprimer l’homme ou la création sans supprimer Dieu qui est sous une forme ou une autre, réel ou potentiel.
L’infini n’existe pas. Et d’ailleurs il est souvent supprimé dans les équations.
Là encore, vous confondez existence et formes de l'existence. Dieu est
certes sous une forme ou sous une autre (réellement ou potentiellement), ce sont les états de Son Existence. Supprimer l'homme supprimera son corps et son coeur, où Dieu habite. Cela supprimera le pain eucharistique, puisqu'il ne peut être consacré que par des prêtres, donc des hommes ; la Présence Réelle de Jésus-Christ sur terre sera supprimée.
Mais vous ne supprimerez pas Dieu pour autant, puisqu'Il Est pur esprit. Pour preuves :
L'homme est un être créé, donc il y a eu un moment où Dieu était sans l'homme, sans aucun problème. Si Dieu, aujourd'hui, ne peut plus se passer de l'homme, c'est qu'il a changé entre temps. Or, Dieu ne peut pas changer. Une dépendance de Dieu envers l'homme est donc absurde.
Dire que Dieu dépend de l'homme (ou de l'univers, ou de toute chose créée) signifie que Dieu est contingent, qu'Il a une
cause qui le détermine. C'est-à-dire qu'il n'est plus Dieu... La définition de Dieu est à la base qu'Il est la Cause de tout ce qui existe et qu'Il est sa propre Cause.
Votre raisonnement fait accroire à un certain panthéisme, où Dieu est une partie du monde. Si la partie du monde cesse d'existe, alors on ampute Dieu. C'est absurde, du moins dans la Théologie catholique.
Sur la notion d'infini et de son traitement dans les équations, l'argument ne vaut pas grand chose, car en parlant de Dieu, on parle d'un Etre tout autre, au-delà de nos conceptions humaines. Dieu est forcément infini, sinon il n'est plus Dieu. L'aspect "fini" de Dieu, au sens mathématique de "borné", poserait le problème de la Cause qui bornerait Dieu :
une cause extérieure à Lui ? Absurde, cela signifierait qu'Il n'est pas sa propre Cause, qu'il serait contingent
Il serait sa propre limite ? On remet ainsi en cause Son Omnipotence, car s'Il se limite, c'est qu'Il ne peut pas tout. De plus, Dieu tomberait dans le paradoxe suivant :
Dieu peut tout faire y compris créer un endroit dans lequel il ne peut pas aller. C'est présupposer l'absurdité de Dieu.