Interprétation de la Genèse

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Raistlin
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Interprétation de la Genèse

Message non lu par Raistlin » dim. 09 sept. 2007, 9:38

Bonjour à tous.

Je me suis plongé ce WE dans les tous premiers chapitres de la Genèse (création de l'univers et de l'homme) et il m'a bien fallu reconnaître qu'en les lisant littéralement, et en les prenant au pied de la lettre, on arrivait à des contre vérités scientifiques flagrantes.

Du coup, j'aurais voulu quand même savoir si certains d'entre vous auraient pu me diriger vers des ouvrages (ou des théologiens / exégètes) qui proposent une interprétation satisfaisante de la Genèse.

Merci d'avance.
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Boris
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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Boris » lun. 10 sept. 2007, 10:51

Comme notre Bon Seb, je n'ai pas de références littéraires.

Mais la Foi nous "commande" de croire que ce que la Bible nous révèle est vrai. Mais pas forcément au premier degré ...

L'univers ne fut pas créé en 6 jours, mais le travail de l'Homme doit s'interrompre le 7e jour au minimum pour son équilibre. (ce qui se traduit par le sabbat puis le Dimanche Chrétien et le Vendredi musulman)
UdP,
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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Nailsmith » lun. 15 oct. 2007, 19:56

L’envers des choses
Il y a quelques années, j'avais suivi des cours de peinture. Au début, le professeur nous donnait des notions de base pour dessiner un visage se référant à une photo ou une peinture existante. J'avais de la difficulté à reproduire fidèlement le visage. Tout était disproportionné. Le prof me donna un truc très simple pour régler ce problème. Il m'a dit:"tourne l'image à l'envers et essaie de nouveau". De peine et de misère, j'entrepris le dessin en me concentrant sur les traits et non sur le visage. J'essayais de tracer les traits sur mon papier au bon endroit et de la bonne longueur sans me soucier de l'image. En tournant mon dessin à l'endroit, à ma grande surprise, l'image était presque fidèle à l'original. En science, c'est un peu le même principe. On prend un phénomène, on prend des lectures aussi précises que possible. On les analyse, l'on pose des hypothèses. Quand la théorie colle avec la pratique, on en énonce une loi. Mais cette loi, quand nous la retournons dans le sens opposé, on y voit la nature, l'univers. Un coucher de soleil, près de l'océan. La lumière du soleil qui se décompose par la diffraction de l'atmosphère. Nous pouvons prédire la longueur d'onde de chaque couleur etc. Si l'on tourne cela dans l'autre sens on y voit un superbe coucher de soleil. Deux personnes voyant cette beauté de la nature peuvent être inspirées de façon très différente suivant leur vécu ou leur état d'âme. Si l'une des personnes est triste et, l'autre joyeuse, il est certain que ceux-ci seront inspirés de façon différente. Les deux récits de la Genèse furent inspirés de façon différente suivant l'état du peuple juif. L'un a été écrit ou tout allait bien et l'autre ou tout allait mal. Mais, tous les deux nous donnent une part de vérité sous deux optiques différentes.
Mais il est quand même possible de compararer le premier récit de la Genèse avec les connaissances d'aujourd'hui. Voici un example:
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre
Au commencement Dieu créa la lumière et la matière. À la première seconde, l’univers est une grande purée composée de cinq populations de particules élémentaires : protons, neutrons, électrons, photons, neutrinos. Les protons, neutrons et électrons sont des particules de matière, tandis que les photons et neutrinos sont des particules de lumière. Toutes ces particules errent au hasard ; dans toutes les directions dues à la température extrême évitant toute probabilité de recombinaison.....
Je peux continuer en parallèle jusqu'au septième jour

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Raistlin » mar. 16 oct. 2007, 8:55

Bonjour Nailsmith,
Nailsmith a écrit :Je peux continuer en parallèle jusqu'au septième jour
Mais je vous en prie, faites ! :)
Je suis toujours demandeur d'interprétations des Ecritures.

Je pense quand même que vous aurez du mal, notamment une fois arrivé au troisième jour où il est dit que les végétaux sont créés... avant le soleil qui n'arrive qu'au quatrième jour. Bien sûr, ceci est biologiquement impossible...

Pour ma part, je pense que ce qui est essentiel de retenir dans la Genèse, c'est :
1- Que Dieu a créé en séparant (très important quand on veut lutter contre les théories New Age qui veulent que tous se fondent dans le Tout)
2- La création de l'être humain (surtout à un niveau spirituel d'ailleurs)

Cordialement,
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Re: De Genesi ad litteram - Saint Augustin

Message non lu par Christophe » mar. 16 oct. 2007, 16:19

Charles a écrit :Le texte en ligne : http://www.sant-agostino.it/latino/gene ... index2.htm
Merci Charles.
Sais-tu s'il existe une version française de ce texte ? :D
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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Raistlin » mar. 16 oct. 2007, 19:14

Merci Charles ! :)

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Christophe » mar. 16 oct. 2007, 20:11

Charles, sais-tu si ce texte existe aussi sur papier et en version française ? J'aimerai vraiment le lire, le texte de la Genèse étant vraiment LE texte "fondateur" de l'anthropologie et de l'écologie judéo-chrétienne. Et la lecture à l'écran est fatigante...

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Nailsmith » mar. 16 oct. 2007, 22:55

Raistlin a écrit:
Je pense quand même que vous aurez du mal, notamment une fois arrivé au troisième jour où il est dit que les végétaux sont créés... avant le soleil qui n'arrive qu'au quatrième jour. Bien sûr, ceci est biologiquement impossible...
Qui dit végétaux, dit carbonne, oxigène, hydrogène,etc.
Alors prenons la création des végétaux dans la Genèse et examinons l'envers des choses comme je l'ai expliqué dans mon promier fil:

Dieu dit : « _Que la _terre (matière) _verdisse de verdure : des herbes _portantes semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre des fruits contenant leur semence » et il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. Il y eu un soir et il y eu un matin : troisième jour.

Les étoiles sont la deuxième chance de l’évolution nucléaire. En leur cœur s’élaborent les espèces chimiques qui présideront à la vie.
Ces étoiles sont dites de premières générations. Elles n’ont pas toutes la même masse. Les plus grosses (cent fois la masse du soleil) ont une durée courte (3 ou 4 millions d’années) à l’échelle de vie galactique. Les moins massives, comme le Soleil vivront des milliards d’années.
L’étoile ce contractant augmente la température interne de celle-ci. La température est telle que l’hydrogène se fusionne avec d’autres atomes d’hydrogène pour donner des atomes d’hélium générant beaucoup d’énergie. Après quelques millions d’années l’étoile se stabilise et transforme son hydrogène en hélium.
Une fois l’hydrogène transformé en hélium, ces étoiles recommencent à ce contracter. L’énergie libérée, sert à nouveau à la réchauffer, comme à la faire briller. Sous l’effet de la gravité, l’étoile reprend l’ascenseur thermique.
Au coeur de l’étoile, il n’y a plus que des noyaux d’hélium. La température monte furieusement (100000 de degré). Il vient un temps où les collisions entre atomes sont si intenses et fréquentes que la probabilité de collision entre trois atomes d’hélium soit suffisante pour se fusionner en atome de carbone.
Tout tourne autour de fait que la masse des trois noyaux d’hélium correspond presque exactement à la masse d’un état excité du noyau de carbone. <<Sans cette concordance, apparemment tout à fait fortuite et imprévisible, le carbone ne serait pas venu au monde>>.
Une telle rencontre triple est extraordinairement rare. Les jeux du hasard exigent du temps, beaucoup de temps. L’explosion initiale a duré quelques minutes tandis qu’ici c’est sur des millions d’année que nous pouvons compter.
Après l’atome de carbone, l’étoile produit des atomes de plus en plus lourds comme l’uranium 238.
L’étoile se contracte de plus en plus puis ensuite par un phénomène physique, l’étoile explose.
En mourant, elle fertilise l’espace des produits de sa cuisson interne. Le carbone sert de catalyse surtout dans les étoiles à grandes masses accélérant la production d’atomes lourds comme l’azote et l’oxygène nécessaires à la vie future, mais accélère la combustion et diminue ainsi la vie de ces étoiles géantes.
Des myriades de poussières interstellaires provenant d’étoiles mortes ou désintégrées vont s’associer pour créer un terrain de suprême fertilité, les planètes.

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Raistlin » mer. 17 oct. 2007, 10:30

Bonjour Nailsmith, :)

J'aurais été d'accord avec vous si la Genèse avait parlé de terrain fertile. Sauf qu'elle parle explicitement de verdure (or qui dit verdure dit chlorophylle donc soleil) et d'arbres fruitiers.

Cordialement,
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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Nailsmith » mer. 17 oct. 2007, 14:08

Enfin, pour faire court, le premier récit de la Genèse est un récit séquentiel, temporel, qui nous amène au code génétique de l'humanité. Tandis que le deuxième récit est intemporel et nous amène au code existentiel de l'humanité.

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par Xavi » jeu. 10 sept. 2009, 19:02

Dans la continuité avec l’attention que je porte actuellement à la Genèse à laquelle j’ai eu l’occasion de consacrer du temps durant mes dernières vacances, je reprends ici ce fil qui me semble pouvoir rejoindre d’autres fils réactualisés récemment dans le forum, et particulièrement les réflexions de Raistlin.
Raistlin a écrit : Je me suis plongé ce WE dans les tous premiers chapitres de la Genèse (création de l'univers et de l'homme) et il m'a bien fallu reconnaître qu'en les lisant littéralement, et en les prenant au pied de la lettre, on arrivait à des contre vérités scientifiques flagrantes.
C’est quoi « littéralement » ou « au pied de la lettre » ? Est-ce les mots du texte hébreu ou ceux de la langue française ? Est-ce, pour chacun de ces mots et pour les expressions, le sens le plus courant ou d’autres sens sont-ils considérés ?

Quelles sont les contre vérités scientifiques flagrantes qui seraient repérées ?

L’exemple suivant est proposé :
Raistlin a écrit : vous aurez du mal, notamment une fois arrivé au troisième jour où il est dit que les végétaux sont créés... avant le soleil qui n'arrive qu'au quatrième jour. Bien sûr, ceci est biologiquement impossible...
Voilà une lecture littérale qui paraît présenter une contre vérité scientifique évidente.

Et pourtant…

Il faut d’abord vérifier, dans l’hébreu, le sens exact du mot « végétaux ». Ce mot s’applique-t-il exclusivement aux produits de notre terre ?
Raistlin a écrit : J'aurais été d'accord avec vous si la Genèse avait parlé de terrain fertile. Sauf qu'elle parle explicitement de verdure (or qui dit verdure dit chlorophylle donc soleil) et d'arbres fruitiers
Le raisonnement n’est-il pas incertain ?

Il faut observer que, dans la Genèse comme pour la science, le soleil n’est que le grand luminaire de notre terre (et de quelques autres planètes de son système).

La science actuelle considère qu’à côté du système solaire, il existe d’autres systèmes similaires dans l’univers qui peuvent être plus anciens. Rien n’exclut de pouvoir y trouver des végétaux ou d’autres espèces vivantes. Dans l’univers, il n’y a pas d’impossibilité biologique à ce que des espèces vivantes similaires aux végétaux de notre terre soient apparus avant notre soleil, ailleurs que dans notre système solaire et que sur notre terre.

Rien n’impose de lire le quatrième jour de la création comme étant celui de la création de toutes les planètes et étoiles visibles depuis notre terre et non comme celui de la création de notre terre et de la situation de notre système solaire par rapport à notre terre.

Alors qu’il est indiqué que, ce même quatrième jour, Dieu fit les étoiles et les plaça dans l’étendue du ciel, nous savons certes aujourd’hui que ce que nous appelons des étoiles peuvent être, en réalité, des galaxies plus grandes que notre système solaire dont la lumière nous parvient souvent longtemps après leur disparition.

Il n’en reste pas moins que, lors de la formation de notre système solaire et de la terre dans ce système, chaque chose de l’univers a pris sa place par rapport à cette terre qui est au centre de l’attention de la Genèse par rapport à la création de l’humain. Dans toute différentiation, lorsqu’une nouvelle chose distincte est faite, les autres sont situées par rapport à cette nouveauté. Lorsque l’enfant naît, la femme dont il provient est faite mère, l’homme dont il provient est fait père, etc. Cela ne nie pas l’existence de la femme et de l’homme avant l’existence de l’enfant, avant qu’ils ne soient faits mère et père.

Il y a toujours, par rapport à la création, un réflexe qui vient du fait que le mot création évoque une nouveauté à partir de rien, émanant directement de Dieu lui-même.

Ne faut-il pas lever cette ambiguïté : l’acte créateur vient directement de Dieu mais peut se produire dans une créature antérieure.

Adam ne vient pas davantage de nulle part que les étoiles. La création d’Adam et Eve se produit lorsqu’ils sont faits humains à l’image de Dieu par un acte créateur dans un corps terrestre façonné par une longue évolution et de multiples mutations.

Il ne semble pas possible de considérer autrement les étoiles dans le quatrième jour de la Genèse. Durant ce jour, d’une durée immense non encore définie par les 24 heures d’une rotation devant le soleil, lorsque notre terre surgit avec d’autres planètes dans le système solaire au milieu d’autres galaxies, est-il inexact, pour la Genèse qui nous parle de la terre sur laquelle l’humain va être créé, de considérer que Dieu fait toutes choses pour que cette terre ait un grand luminaire (le soleil), un petit luminaire (la lune) et des étoiles (les galaxies et autres éléments lumineux de l’univers).

Il n’y a pas nécessairement dans le récit de ce quatrième jour l’affirmation d’un ordre chronologique selon lequel il y aurait d’abord la terre, ensuite le soleil et la lune, puis enfin les étoiles, ce qui est évidemment contraire à la réalité.

Il y a seulement l’affirmation que, pour notre terre, Dieu a fait le soleil, la lune et les étoiles. Il y a seulement, dans le récit, une addition : Dieu fait ceci et cela et cela. Pour la terre que nous habitons. De même qu’à un nouvel enfant, il donne un père, une mère, des oncles, des tantes, des concitoyens… qui existent avant lui, de même, à la terre, il donne un soleil, une lune, des étoiles… qui ont pu exister avant elle.

Bien avant que la science ne le découvre mais en parfaite concordance avec les connaissances actuelles, la Genèse ne met pas notre terre en premier dans la construction du monde, elle n’apparaît qu’à une modeste quatrième étape. Elle n’a pas le monopole, ni même la primauté, dans l’apparition de la lumière, des eaux, du solide, et des productions végétales vivantes. La science a déjà démontré que d’autres galaxies, d’autres systèmes lumineux, précèdent dans l’univers notre système solaire avec notre terre. La science n’exclut pas que des productions vivantes puissent exister ailleurs dans l’univers.

Une telle interprétation reste bien aléatoire et incertaine, mais ne suffit-elle pas pour être, au moins, réservé avant d’affirmer qu’il y a certainement une contradiction avec la science ?

Une lecture littérale incitera peut-être à objecter que la terre, dans nos traductions françaises, est déjà mentionnée avant le quatrième jour.

Attention ici encore. La Genèse nous traduit elle-même (Gn 1, 10) ce qu’elle nomme terre : c’est le sec, le solide séparé des eaux, ce qui ne vise pas seulement notre terre, mais toute planète.

En fait, le texte hébreu passe sans distinction, de la terre, comme mot visant tout solide sec dans l’univers, à la terre de l’humanité, comme il le fait aussi pour l’humain, sans que les traductions françaises ne le relèvent guère, en usant du même mot « adam » tant pour le genre, l’humain mâle et femelle, que pour nommer ensuite le premier humain.

Soyons prudent avec nos interprétations spontanées de nos traductions françaises. La lumière du premier jour n’est pas nécessairement celle du soleil du quatrième jour, le ciel et les eaux du deuxième jour ne sont pas nécessairement à confondre sans distinction ou nuance avec l’espace que nous apercevons physiquement au-dessus de nos têtes et l’eau que nous connaissons.

N’oublions pas que la Genèse ne nous parle pas que de la réalité terrestre, mais aussi d’une réalité spirituelle, d’un monde de Dieu dont l’humain est exclu par le péché originel.
Raistlin a écrit : ce qui est essentiel de retenir dans la Genèse, c'est : …La création de l'être humain (surtout à un niveau spirituel d'ailleurs)
Voilà qui est bien exact.

Si nous voulons tout ramener à une description limitée à du terrestre, là où la science doit s’arrêter, comment pourrions-nous comprendre un récit qui nous présente l’humain à l’image de Dieu et en relation avec Dieu, ce qui s’étend bien au delà du champ de connaissance de la science ?

La Bible et la science parlent de la même réalité, mais la science s’arrête au terrestre alors que la Bible considère aussi l’action de Dieu, le monde spirituel.

N’oublions pas que nous sommes désormais revêtus d’un vêtement de peau (Gn, 3, 21) et que le même mot hébreu traduit par « peau » est traduit par « aveugle » dans d’autres textes bibliques : Le 19, 14 et 21, 18; Dt 15, 21 ; 27, 18 ; 2Sam 5, 8 ; 2 R 25, 7 ; Is 42, 19 ; 43, 8 ; Jér 31, 7 ; 39, 7 ; 52, 11 ; Mal. 1, 8.

Y a-t-il donc vraiment des contre vérités scientifiques insurmontables ?

L’affirmation est répandue, mais, en présence d’une contradiction flagrante entre la vérité scientifique et un texte biblique, il peut y avoir un sous-entendu contestable : celui d’un sens littéral unique. Les sens symboliques et les expressions imagées ouvrent déjà de multiples compréhensions, mais le sens littéral n’est pas davantage univoque ou pur de toute interprétation.

Par rapport à une impression de contradiction scientifique, il ne faut pas oublier de réagir aussi en examinant les possibilités d’une correction de la lecture littérale retenue avant d’en déduire une conclusion de contradiction.

L’esprit de prophétie qui a souvent permis à des auteurs inspirés des textes bibliques de parler du futur en des termes voilés dont la réalisation concrète s’est révélée ultérieurement, comme les prophéties réalisées par le Christ, a pu aussi permettre aux auteurs de la Genèse de percevoir prophétiquement, certes de manière voilée, des faits réels du passé.

Il reste des voies ouvertes pour chercher encore, dans la mesure du possible, à concilier notre raison et notre foi, tout en sachant les limites de notre raison par rapport aux réalités qu’elle ne peut saisir et en étant aussi prudent pour la compréhension des prophéties du passé que pour celles de l’avenir.

Pour les premiers chapitres de la Genèse, même en cas de lecture littérale, cela demande de rester très attentif à notre propre lecture pour éviter de constater une contradiction objective avec la science là où c’est notre propre interprétation qui serait en défaut par rapport au sens littéral réel du texte.

Il n’en reste pas moins toujours une profonde difficulté à aborder un texte où nos repères d’interprétation suscitent davantage de doutes que de convictions, sont beaucoup plus complexes que les textes du nouveau testament, ce qui doit nous inciter à un surplus de prudence et de réserve mais non nous décourager à chercher à comprendre toujours un peu mieux le sens et la portée de ce texte fondateur qu’est la Genèse qui peut encore nous aider aujourd’hui sur le chemin de la foi.

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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par ti'hamo » jeu. 10 sept. 2009, 22:27

Je trouve intéressante la proposition de Xavi d'interprétation "non-chronologique" d'un récit évoquant des différentiations et des distributions de rôles.

Pour ce qui précède, attention à trop vouloir établir un parallèle strict entre le récit de la Genèse et ce que nous connaissons de l'évolution de cet univers depuis le Big-Bang : selon certaines théories, ce big-bang n'en serait qu'un parmi d'autres, le multivers étant alors constitué d'une infinité d'univers-bulles s'ouvrant ici et là, voire les un dans les autres, connaissant une phase d'expansion, puis de dilution, qui ramène à un état de "vide quantique" à partir duquel "s'allument" de nouveaux univers...

...une sorte d'univers fractal, quoi. Dans ce cas le Big-Bang de notre univers n'est pas directement le "fiat lux" même s'il en serait un lointain écho (au sens propre), une de ses multiples images.
“Il serait présomptueux de penser que ce que l'on sait soi-même n'est pas accessible à la majorité des autres hommes.”
[Konrad Lorenz]

Celui qui connaît vraiment les animaux est par là même capable de comprendre pleinement le caractère unique de l'homme.
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Re: Interprétation de la Genèse

Message non lu par jpm » lun. 14 sept. 2009, 18:29

Xavi a écrit :Dans la continuité avec l’attention que je porte actuellement à la Genèse à laquelle j’ai eu l’occasion de consacrer du temps durant mes dernières vacances, je reprends ici ce fil qui me semble pouvoir rejoindre d’autres fils réactualisés récemment dans le forum, et particulièrement les réflexions de Raistlin.
Raistlin a écrit : Je me suis plongé ce WE dans les tous premiers chapitres de la Genèse (création de l'univers et de l'homme) et il m'a bien fallu reconnaître qu'en les lisant littéralement, et en les prenant au pied de la lettre, on arrivait à des contre vérités scientifiques flagrantes.
C’est quoi « littéralement » ou « au pied de la lettre » ? Est-ce les mots du texte hébreu ou ceux de la langue française ? Est-ce, pour chacun de ces mots et pour les expressions, le sens le plus courant ou d’autres sens sont-ils considérés ?

Quelles sont les contre vérités scientifiques flagrantes qui seraient repérées ?
....N’oublions pas que nous sommes désormais revêtus d’un vêtement de peau (Gn, 3, 21
??,

Est-ce une bonne traduction?

CThN°OTh (Kaph-thaw-Nun final-°waw-Thaw): L'article assimilatif Kaph, dégage l'idée ce corps. La rac. Nun final-Thaw, développe l'idée de substance ajoutée ou de corporéité de plus en plus croissante.

De plus le discours permet de croire qu'il s'agit d'Adam et Eve en chair et en os, mais non !, "Et-il-assigna, Adam, nom à l'épouse intellectuelle sienne (sa faculté volitive), Hewah (existence élémentaire)... Pour la traduction littérale de:
Wa-îkerâ hâ-Adam shem Aishet ô hawah....

D'autant que Adam "connut" une autre "épouse" généralement passée sous silence : Aishah ou faculté volitive d'Adam
(chap.2, verset 22).

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Re: Qui a écrit l'ancien testament ?

Message non lu par Xavi » ven. 28 janv. 2011, 19:11

Merci à bon Seb pour ses explications fort exactes.

Il ne faut cependant pas en déduire que l’Ecriture ne nous dit rien du passé historique. A travers les influences et les motivations bien humaines des auteurs des textes bibliques, nous croyons que l’Esprit Saint les inspire et leur a permis, bien au delà de la conscience précise que ces auteurs humains avaient du contenu de leurs propres écrits, de nous donner un enseignement qui nous révèle l’essentiel du passé historique nécessaire à notre foi aujourd’hui.

Les sources concrètes, et souvent la signification exacte, des nombreux détails qui nous sont rapportés restent largement inconnues.

Mais, malgré les limites de leurs connaissances scientifiques de l’époque et leurs références mythologiques, ils ont pu discerner et relater l’essentiel de ce qui s’est vraiment passé dans l’histoire. Ils l’ont exprimé en des termes inévitablement imagés pour pouvoir y intégrer la réalité spirituelle des évènements et particulièrement pour tout ce qui concerne les évènements spirituels vécus au début de l’humanité, notamment la relation des premiers humains avec Dieu et le péché originel qui a rompu leur communion avec leur Créateur.

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Re: Qui a écrit l'ancien testament ?

Message non lu par Xavi » sam. 29 janv. 2011, 17:17

Epsilon a écrit :A partir de là nous pouvons aborder l'exégèse ... entre autre qu'une vérité historique pour entrer au rang de "vérité" doit être corroborée par des écrits de différentes sources ... ainsi vous ne pouvez, a priori, dire que c'est une "vérité historique" s'il n'y a que la Bible qui en parle (et/ou qui en fait état).
Il y a ici une ambiguïté sur le mot « histoire ». Est historique ce qui s’est réellement produit dans le temps et l’espace de manière concrète, et non seulement ce qui a été prouvé par les méthodes scientifiques d’un historien.

L’historien « athée » ou « neutre » ne déclare historiquement établi que ce qu’il a pu constater, selon ses critères, ce qui est établi par des sources multiples et suffisantes, de son point de vue scientifique.

Que la science ne se limite pas à ce que la Bible affirme est normal.

Mais, dans la vie ordinaire, chacun de nous peut croire vrai (croire qu’un fait s’est produit dans le temps et à un endroit géographique) ce qu’un seul témoin lui rapporte. Tout dépend de la crédibilité du témoin par rapport à ce qu’il raconte. Il n’y a là aucune distinction entre foi et science. La radio dit qu’il y a eu un accident à tel endroit aujourd’hui. J’y crois.

Le croyant croit le témoin qui s’exprime.

Le croyant chrétien ne croit pas seulement à l’historicité d’un fait parce que la Bible le relate, mais parce que l’enseignement authentique de l’Eglise lui confirme qu’il s’agit d’un fait historique et qu’il partage cette conviction.

Cette conviction se attache à la reconnaissance de la Bible comme Parole de Dieu à travers les écrits humains qui la composent autant qu’à la reconnaissance de l’action de l’Esprit Saint dans l’Eglise et le Magistère.

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