Christian a écrit :Quant à la capacité du marché de réaliser des infrastructures et des équipements, n’avons-nous pas hérité du 19ème siècle et du capitalisme triomphant, tous les réseaux de voies ferrées, de Shanghaï aux Andes, du PLM aux liaisons transcontinentales américaines ; le canal de Suez ; l’électrification ; les métros (les deux compagnies qui ont construit et exploité celui de Paris ne seront nationalisées qu’en 1949) ; les réseaux téléphoniques (sauf en France, où le monopole d’Etat explique l’immense retard de notre pays dans ce domaine, jusque dans les 1980), etc. etc. ?
[align=justify]Bonjour Christian,
Je ne sais pas quelles sont vos sources sur l'histoire de ces grands travaux : en ce qui concerne le canal de Suez, il est osé de parler d'entreprise privée libéral ou de marché: sa réalisation n'a été possible qu'avec le soutien actif de l' Impératrice Eugénie, du Khedive d'Egypte, et de l'appel à l'épargne publique, Ferdinand de Lesseps ayant écarté les banquiers de son projet. L'interéssé était diplomate et représentait les intérêt de la France en Egypte. Les travaux ont été réalisés dans le cadre inespéré d'une concession de 99 ans et Nasser s'est bien entendu empressé de nationaliser le Canal à l'expiration de celle-ci.
Vous savez que De Lesseps a retenté l'expérience à Panama dix ans plus tard, avec des banques, et tout le monde connaît le fiasco politique et financier qui s'en est suivi.
En ce qui concerne le métro, je reste très surpris : les superviseurs du métro Parisien ont été Edmont Huet et Fulgence Bienvenüe, inspecteur Général des Ponts et Chaussées, et la Ville de Paris et l'Etat en ont été les maîtres d'ouvrage. La Compagnie Générale de Traction du baron Empain, associé avec l'Etablissement Schneider du Creusot ont été les premiers concessionnaires-exploitants, mais n'ont pas réalisé les grands ouvrages de génie civil. En parlant de nationalisation ultérieure, vous confondez investissement et mode d'exploitation.
En fait, il est exact que nombre d'intérêts nationaux ferroviaires ont été exclus dès l'origine de toute intrusion possible dans Paris mais il s'agissait d'un choix technique délibéré lié à la largeur des voies.
De là à penser que de tels ouvrages sont le fruit du marché ou de l'initiative privée, c'est méconnaître à la fois le rôle de L'Etat au XIXe siècle, et ses fonctions régaliennes nettement circonscrites , et le mécanisme des concessions publiques, qui est d'ailleurs toujours actuel, et en recherche de perfectionnement avec les fameux PPP.
Je pense que vous sous estimez les rapports entre L'Etat et les majors du BTP, la césure entre la sphère publique et privée n'est pas toujours très nette, et ce n'est pas un hasard si l'on retrouve à la tête de ces entreprises de purs produits des corps d'Etat les plus prestigieux, et si la pratique du pantoufflage demeure.
En ce qui concerne les exemples historiques anglo-saxons que vous citez, je les connais mal, mais je sais que même outre-atlantique les politiques actuelles de grands travaux sont fédérales. Les californiens reviennent de la dérégulation du marché de l'électricité, et ont brutalement pris conscience ces dernières années des carences du marché en la matière.
Bien fraternellement dans le Christ.[/align]
" Or c'est ici la vie éternelle, qu'ils te connaissent , Toi, le seul vrai Dieu et celui que Tu as envoyé, Jésus Christ" Jean 17,3