C'est sans doute ici que j'aurais dû placer ma citation du dernier article de Matthieu Grimpret, l'ami "catholique" de l'UMP ou plutôt "l'ami UMP" des Catholiques :
"Depuis qu'il est arrivé sur le trône de saint Pierre, Benoît XVI a placé au coeur de son action pastorale la notion de "non négociable", c'est-à-dire l'idée selon laquelle certains enseignements de l'Eglise, qui ne relèvent pourtant pas de la Révélation et du dépôt de la Foi, n'en constituent pas moins des pierres d'achoppement sur lesquelles il n'est pas possible de transiger. Il s'agit notamment de toutes les questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie. A titre personnel, j'estime qu'il s'agit d'une fuite en avant de nature idéologique, à rebours de l'Evangile."
Pour le coup, là, il semblerait presque que Grimpret soit franc-maçon "à titre personnel". Et cet autre passage est aussi estomaquant :
"je répugne même à critiquer en public les enseignements du magistère avec lesquels je suis en désaccord total".
Une idée de la fidélité empreinte d'un étrange formalisme... En public, il paraît adhérer à l'enseignement du Magistère de l'Eglise et à la foi catholique, mais en privé il y aurait des points de "désaccord total" et pas sur des broutilles ainsi que le laisse penser "les questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie" ?
Mystère, mystère... On verra bien si le site de Liberté Politique continue de lui ouvrir ses colonnes après un tel article.
Ah oui, j'oubliais... le commencement de l'article :
"Il y a dix ans, j'étais en train d'écrire un livre qui connut un certain retentissement et que certains ont même qualifié de "manifeste de la génération Jean Paul II"."
Vanité de Grimpret mise à part, on dirait qu'on est en train de nous fabriquer la relève de Christian Terras, une hostilité à l'intérieur de l'Eglise contre le Magistère, d'un point de vue libéral et bourgeois, cette fois-ci, mais prétendant à la même représentativité et auquel les médias recourront systématiquement. On nous sortira désormais Grimpret dès qu'on voudra montrer que le dépôt de la foi catholique est rejeté par les "fidèles" (de droite). Les mentions de "paroissiens de base, comme j'en connais beaucoup", "manifeste de la génération", "beaucoup de catholiques", c'est cela, la même manipulation que Golias, et avec le même adversaire "les services de la Curie romaine", " le pape et son entourage", "le trône de Saint Pierre", "le personnel de l'Eglise". Et la même méthode, qu'on n'a donc pas fini de voir : "je crois être en droit de réclamer", et le même discours qu'on n'a pas fini d'entendre : " faire reculer l'Eglise", "certains enseignements de l'Eglise, qui ne relèvent pourtant pas de la Révélation et du dépôt de la Foi", "questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie (...) fuite en avant de nature idéologique, à rebours de l'Evangile"... Le mot "rétrograde" n'a pas été prononcé, mais on y a échappé de peu.
En plus, Grimpret ne peut même pas établir que le Pape était au courant du contenu de l'entretien donné deux jours avant l'annonce de la levée de l'excommunication :
"Peut-on croire que les services de la Curie romaine n'ait jamais eu vent des pensées et des propos douteux de ce prélat ? Si c'est le cas, on regrettera l'extraordinaire légèreté avec laquelle cette administration a agi, négligeant de se pencher sur les positions de Mgr Williamson concernant le judaïsme"
Tout son article repose donc sur du vent, il n'a pas d'autre contenu que la "honte d'être catholique" comme il le dit, d'une façon parfaitement mondaine, la crainte de perdre des points dans sa carrière si bien commencée et si bien parrainée...
Car le fin mot de l'histoire, c'est :
"voter pour un candidat compétent mais qui refuse de s'engager contre la loi Veil, c'est non négociable ; par contre, rendre toute sa place à un évêque qui nie la Shoah et tient des propos inhumains, c'est tout à fait négociable - et ce au nom d'une unité qui, du reste, constitue un véritable leurre.
Le "candidat compétent mais qui refuse de s'engager contre la loi Veil", c'est Sarkozy, c'est de lui qu'il faut comprendre la déclaration d'allégeance de "dans mon esprit, le chef est le chef", pas du Pape. Si Grimpret était de bonne foi, il n'écrirait pas :
"l'idée selon laquelle certains enseignements de l'Eglise, qui ne relèvent pourtant pas de la Révélation et du dépôt de la Foi, n'en constituent pas moins des pierres d'achoppement sur lesquelles il n'est pas possible de transiger. Il s'agit notamment de toutes les questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie. A titre personnel, j'estime qu'il s'agit d'une fuite en avant de nature idéologique, à rebours de l'Evangile. Mais, après tout, qui suis-je pour juger les idées du pape..."
Qui n'est rien d'autre que se moquer de tout catholique en pleine possession de sa raison. Qui est d'un parfait cynisme. Absolument infect de duplicité.
En résumé :
Grimpret profite sans scrupule de l'affaire Williamson pour dire aux catholiques que le Pape n'est pas crédible, qu'il ne faut pas le suivre quand il nous rappelle que " les questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie" ne sont pas négociables. Que la foi catholique ne doit pas empêcher de voter Sarkozy et même qu'il faut préférer un "candidat compétent" à un pape qui fait "reculer l'Eglise". Ses arguments ? Le Pape n'est pas sérieux, et "les questions d'anthropologie, de morale sexuelle, de défense de la vie" sont "une fuite en avant de nature idéologique, à rebours de l'Evangile". Grimpret nous explique qu'il vaut mieux voter Sarkozy "qui refuse de s'engager contre la loi Veil" et pour un parti dirigé par un franc-maçon que sauver son âme... C'est écrit dans la perspective des élections européennes, où l'électorat catholique verra au moins trois partis pro-vie : FN, MPF et FRS, se présenter, rare occasion pour lui de voter sans violer sa fidélité à l'Eglise une, sainte catholique et apostolique.
Grimpret voudrait que les fidèles catholiques soient adultères, qu'ils trompent Dieu sans scrupules pour se commettre avec Sarkozy... Et c'est aussi une réponse contre la Marche pour la Vie et le commencement de succès qu'elle a connu cette année, l'affaire Williamson n'étant ici rien d'autre qu'un bon prétexte.
Voilà, j'en reste là, puisque la suite de ce que j'ai à dire serait
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