A propos du mal physique dans la création

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doris
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A propos du mal physique dans la création

Message non lu par doris » mar. 09 sept. 2008, 20:41

Dans le jardin un début de fleuve qui l’arrose, de l’herbe, des plantes, des arbres fruitiers. Dieu, en sa forme encore invisible, Adam, Eve, le serpent s’y promènent dans l’indifférenciation, c’est-à-dire dans l’harmonie. Dieu s’adresse à eux et leur donne deux commandements : ‘Vous croîtrez, vous mangerez’. Dieu précise à chacun en quoi consiste cette nourriture. A la créature animale, les plantes du jardin, à la créature humaine, les fruits de ce même jardin. Avant que Dieu ne crée Adam, il le nomme ‘homme’ et dit comment il le veut : ‘A sa ressemblance’. La lumière, qui ne relève ni du charnel ni du végétal, reçoit, simultanément à sa séparation d’avec les ténèbres, et son nom et son commandement : ‘Que la lumière soit’. La lumière nourrit l’esprit spirituel, comme les produits du jardin nourrissent le corps. ‘Vous êtes la lumière du monde’, dira Jésus, c’est-à-dire, vous êtes la Justice, que par vous, Dieu exerce.

Le commandement de croître n’a subi aucune modification. Il devient réalité par la création d’Eve, en laquelle et par la semence d’Adam, advient une nouvelle créature. Désormais, Dieu ne modèlera plus la glaise, la descendance s’établira de façon autonome, c’est-à-dire que Dieu n’insufflera plus son souffle pour que la vie soit. A présent, le souffle réside en le charnel tout entier, et se transmet d’âge en âge par la procréation. Adam et Eve sont les prophètes du souffle, autrement dit prophètes de l’Esprit même de Dieu. ‘Vous êtes des dieux’, dira Jésus, en mémoire de ce premier souffle.

Le second commandement, la nourriture, par l’effet de la même Providence, (car la semence d’Adam qui pourvoit au peuplement de la terre, relève de la Providence) donne la nourriture pour maintenir la vie à la multitude à venir, inaugurée par Adam et Eve. Cette nourriture se voit attribuer à présent un commandement opposé et subit, de fait, une modification. A manger des fruits, suit l’interdit de ne pas manger ceux d’un arbre géographiquement localisé. Avec le peuple que Dieu va se constituer, la nourriture devient un culte religieux, donc déjà, nourriture spirituelle. Au temps fixé par Dieu pour sa nouvelle création, Jésus instituera une nouvelle nourriture pour laquelle il dira : ‘Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps’. De fait, l’ancien culte par les produits de la terre, subit une nouvelle et dernière modification. Le corps se maintiendra et spirituellement en vie par un corps, et charnellement en vie par les produits de la terre. Ainsi, par le corps de Jésus se renouvelle et la condition purement charnelle de la nourriture, et la condition purement spirituelle par le corps de Jésus.

Adam et Eve ne sont pas arrivés le ventre creux devant l’arbre du milieu du jardin. La nourriture qu’ils mangent déjà, ils la connaissent. Ils ne sont pas arrivés non plus devant ce même arbre, l’esprit vide. Ils possèdent un vocabulaire. Dieu regarde minutieusement comment ils nomment les éléments extérieurs de la création. Le nom qu’ils donnent à chaque chose, leur donne la mémoire de chacune, une fois qu’elle n’est plus à la portée de leur regard. Nommer c’est voir une chose extérieure, donc visible, en mémoriser le nom, c’est voir en soi l’image de cette chose sans que la parole intervienne. L’écriture première consistera à dessiner sur les éléments même de la création, les images contenues en soi que la mémoire de l’œil conserve.

‘Vous pouvez manger des fruits de tous les arbres, sauf ceux de l’arbre du milieu’. C’est un double commandement : l’un mémoire des fruits à manger, l’autre qui casse l’indifférenciation par la localisation précise de l’arbre du milieu, dont les fruits ne sont pas à manger. L’arbre est au milieu du jardin, il n’est pas séparé des arbres alentour, desquels les fruits sont à manger, et dont ils connaissent le goût. Le goût fonctionne d’une façon universelle sur ce qui désole les papilles. Cette universalité du goût, Dieu la rappelle dans sa Pâque, accompagnée d’herbes amères. L’individualité du goût porte sur les choses bonnes. Untel appréciera ceci, untel ne l’appréciera pas. Le discernement portera simultanément sur la mémoire du goût des fruits qu’ils connaissent des arbres alentour, et sur la mémoire tout aussi visuelle, de l’arbre du milieu, auquel le commandement de n’en pas manger les fruits est directement associé : ils seront devant, ils le verront. L’interdit de Dieu instaure la mémoire des sens. Au moment de la tentation, l’œil se souviendra de l’arbre du milieu du jardin, (sans oublier ceux d’alentour). Le goût se souviendra des fruits déjà mangés. L’oreille se souviendra de la parole de Dieu. L’ouïe est le sens des sons : chacun porte son nom : le vent, les vagues, etc. La parole est un son que l’ouïe a mémorisé. L’écriture, c’est-à-dire l’évolution du dessin des choses en mots de ces choses, et sa conséquence naturelle, la lecture, sont une parole qui n’émet plus le son. Le toucher a une double fonction : celle de la procréation, les corps s’uniront qui assureront la descendance, celle de la grâce qui touche l’esprit spirituel.

L’interdit de Dieu met en mouvement chaque mémoire propre des sens qui convergeront vers l’esprit. Le renoncement de la nourriture ne porte pas sur un fruit inconnu, mais sur un fruit, dont par ailleurs Adam et Eve ont reçu le commandement d’en manger. D’où le rappel de Dieu : ‘Vous pouvez manger de tous les fruits’. Il n’y a ni privation, ni frustration, il n’y a aucun danger pour la vie. Le renoncement porte sur une connaissance acquise (et non sur une ignorance), connaissance véhiculée par la mémoire. Dieu instaure la maîtrise de l’esprit charnel par l’esprit spirituel. Ce renoncement, ce premier jeûne de l’humanité, est un sacrifice d’action de grâce.

La créature animale reçoit les deux premiers commandements : croître et se nourrir. D’une part, sur sa nourriture, Dieu ne lui demande pas de sacrifice d’action de grâce, et d’autre part, sa nourriture (les plantes du jardin), est distincte de celle d’Adam et Eve (les fruits). Pour tenter, le serpent a entendu et mémoriser le commandement qu’Adam et Eve ont reçu de Dieu. ‘Vous pouvez manger de tous les fruits, sauf ceux de l’arbre du milieu’. Et c’est par ce que le serpent ne devait pas manger de ‘tous les fruits des arbres du jardin’, qu’il entre en contact avec Adam et Eve : ‘Alors, Dieu a dit, vous ne mangerez pas tous les fruits des arbres !’ Il ne tente pas pour qu’ils mangent les fruits de l’arbre du milieu du jardin, il tente pour qu’ils ne mangent d’aucun fruit d’aucun arbre. Il n’exclut pas l’obéissance à Dieu, c’est là toute sa ruse, toute son intelligence. Il rend à tous les arbres l’indifférenciation initiale, il les rattache les uns aux autres comme l’on rattache un wagon à un autre, afin que l’ensemble devienne un train. Et qu’est-ce qu’un train, sinon une série de wagons indifférenciés. Et qu’est-ce le jardin initial, sinon des arbres indifférenciés. Et qu’est la nature de la créature encore toute une, dans cette harmonie initiale, sinon un doux asservissement, que Dieu casse par le moyen d’un renoncement.
La conséquence de la ‘nouvelle’ indifférenciation des arbres du jardin proposée par le serpent, est l’obtention de l’obéissance envers lui, identique à celle envers Dieu, puisque l’arbre du milieu du jardin reste intact. Cependant, tout en restant intact, il perd ipso facto la spécificité que Dieu lui a donnée, pour devenir celle du serpent qui l’étend aux arbres alentour. Leurs fruits ne sont plus rattachés à l’instinct naturel de la faim, puisque le serpent en interdit à présent la nourriture. C’est-à-dire que chacun de ces arbres alentour devient parodie de l’arbre unique de Dieu, parodie de l’obéissance envers Dieu, auquel cet arbre seul se rattachait. Chacun des arbres alentour devient ‘arbre du milieu du jardin’. C’est le changement radical de l’instinct naturel de la faim sur lequel va se greffer un instinct nouveau : celui de ‘conservation’, de ‘survie’ se propageant à tous les instincts naturels, les rendre indifférenciés, comme les arbres sont rendus indifférenciés par le serpent disant : ‘Alors, Dieu a dit, vous ne mangerez pas les fruits de tous les arbres’.

L’arbre de Dieu reste intact, et avec, l’esprit d’Adam, l’esprit d’Eve. Dieu ne discute pas avec le serpent. Dieu se met en attente de l’acte d’obéissance ou de désobéissance. Et de fait, cette nourriture mortelle du fruit de l’arbre du milieu du jardin redonne à Adam et Eve la mémoire de ce qu’ils ont été prévenus : ‘Si vous mangez de ce fruit, certainement vous mourrez’. De fait, l’obéissance à Dieu est ridiculisée, outragée, qui fait que manger les fruits de l’arbre du milieu est la même chose que de n’en pas manger.

Jésus va détruire cet instinct de ‘conservation’, de ‘survie’ par une phrase lapidaire : ‘Qui sauve sa vie, la perd, qui la perd, la sauve’. Jésus détruit cette ancienne nourriture par sa mort en croix, et en confirme la destruction par sa résurrection et par la nourriture de cette résurrection. La conséquence de l’heureuse résurrection de Jésus, en un, efface la désobéissance introduite en l’humanité, en deux, elle restaure la maîtrise du charnel par le spirituel et configure à nouveau la ressemblance de l’homme, de la femme et de l’enfant, à celle de Dieu. De fait, l’ancien commandement, en quoi consiste la nourriture, devient un nouveau commandement : ‘Prenez et mangez-en tous, ceci est mon corps’. Quel est l’effet de cette nourriture là ? De perpétuer l’illusion de l’immortalité inaugurée par le serpent, et cela par le moyen de la résurrection de Jésus ? Non ! Cette nourriture conduit à la fin de l’immortalité dont Adam et Eve ont été assujettis, et à la suite, la descendance.

Adam et Eve connaissaient la mort ! Dans l’indifférenciation harmonieuse, les animaux mourraient, le végétal se fanait. Quand il ne pleuvait pas, ils voyaient la terre se dessécher. Ils géraient la vie, ils géraient la mort, qu’ils ont nommée de son nom, comme ils ont nommé toute chose sous le regard bienveillant de Dieu. Lorsqu’ils sont devant l’arbre du milieu du jardin, (et simultanément devant les arbres alentour) ils ont l’expérience de la mort extérieure à eux-mêmes. Le serpent, également.

La mort n’est pas une création que Dieu aurait greffée spontanément sur l’arbre du milieu du jardin, au cas où les fruits seraient mangés. La mort entre dans le temps pour faire sortir du temps. Elle est une existence précédant la vie. Lorsque Dieu a modelé la chair d’Adam à partir de la glaise, l’existence d’Adam est achevée. C’est un corps qui marchera, qui parlera, qui entendra, selon leur sens bien spécifique, qui mangera en fonction de son instinct qui lui sera associé, qui procréera en fonction de cet instinct qui lui sera affecté, dès que Dieu insufflera son souffle à ce corps. Quand le serpent dit à Adam et Eve, donc à Dieu présent en ce jardin, ‘Vous ne mourrez pas’, son venin insuffle l’instinct d’immortalité, c’est-à-dire de ‘conservation’ de ‘survie’. Quand Dieu indique que la conséquence de la nourriture des fruits de l’arbre du milieu du jardin est la mort, cette nourriture est la mort du discernement. C’est-à-dire le retour à l’indifférenciation tant des arbres du jardin, que la nature indifférenciée d’Adam et Eve, instincts et spirituel ne faisant qu’un. Le serpent va rendre l’humanité non pas esclave de la mort, mais de l’instinct de ‘survie’, donc de l’immortalité.
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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Zvjezdana62 » sam. 24 janv. 2009, 20:58

On est sur que les animaux mouraient dans le jardin? Je crois qu’eux aussi étaient immortels avant le péché originel?
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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Raistlin » lun. 26 janv. 2009, 10:45

Zvjezdana62 a écrit :On est surs que les animaux mourraient dans le jardin, je croie qu’ils aussi étaient immortels avant le péché originel?
Je ne pense pas que les animaux aient été immortels avant le péché originel. D'abord parce que l'immortalité d'Adam et Eve provenait de leur relation directe avec Dieu - que les animaux n'avaient pas - et ensuite, la profusion d'ossements datant d'avant l'apparition de l'Homme invalide cette hypothèse.

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par olive » mar. 27 janv. 2009, 0:50

Bonjour,

Je pense que les animaux étaient immortelles, Dieu étant la Vie, Il ne peut aller contre sa nature en créant la mort . Ce qui a introduit la mort est le péché originel qui a eu une répercussion cosmique .

Pour ce qui est de la datation des ossements , de l'apparition de l'Homme etc aucune science ne saurait être formelle . C'est souvent très hypotétique malgré des observations qui peuvent semler correspondre . (mais je vous en prie Raistlin ne rentrons pas dans ce débat )

Petite Olive .
Dernière modification par olive le mar. 27 janv. 2009, 12:45, modifié 1 fois.

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par DavidB » mar. 27 janv. 2009, 6:26

Personnellement, Olive, je trouve que vous aviez un début de réponse bien plus plausible que la finale. C'est bien beau de vouloir questionner la science, mais la façon dont vous le faite ne présente aucun sérieux. J'irais dans votre première intuition, le péché originel a eu une portée cosmique étendant la mort en tout temps, de la même façon que la croix du christ rétablit l'ensemble du temps. Le péché originel aurait bien pu provoquer la mort, même à des animaux qui existaient bien avant l'homme. Pas besoin de nier que des animaux ont exister longtemps avant notre apparition.


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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par DavidB » mar. 27 janv. 2009, 6:30

Une autre question me vient. Si on lit la création, il me semble qu'au départ, nous étions sensés être herbivores. Pourtant si on se fit à ce qui concerne la vie des plantes, celles-ci, étant digérées, devaient bien mourir, et cela bien avant le péché originel. C'est aussi, ce qui prouve que la Genèse risque d'être extrêmement mal lue si on le fait à ce niveau.


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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Xavi » sam. 05 sept. 2009, 13:52

Dès la Genèse, n’y a-t-il pas une profonde ambiguïté sur ce qu’est la mort ? Les espèces créées se renouvellent par la mort de génération en génération. A-t-il pu en être autrement pour Adam et Eve qui ont été créés à l’image de Dieu et ont reçu leur humanité dans un corps animal naturellement mortel que Dieu commençait déjà à façonner avant même l’apparition des plantes (Gn 2, 5-9) ?

Chacune de nos cellules doit mourir pour en susciter une autre. Toute la nature vit en se renouvelant sans cesse.

Est-ce vraiment la mort ? La vie est passage d’un état dans un autre. La mort est immobile. Elle est destruction définitive.

Dans la nature, la mort n’existe physiquement que de manière relative. Une forme visible disparaît, mais tous les éléments chimiques qui la composent retournent dans la poussière du sol et sont réincorporés dans d’autres vivants.

La profonde différence par rapport aux autres créatures, c’est que les humains ont reçu la vie divine éternelle, la capacité de franchir la mort physique sans que leur être, leur âme soit détruite. Cette capacité a été blessée par la faute originelle.

Dans Gn 2, 17, l’avertissement du risque de mort indiqué par Dieu à Adam n’évoque pas une réalité qui lui est inconnue. Elle ne semble pas viser nécessairement la mort physique. Le texte hébreu paraît viser deux morts en écrivant : de mort, tu mourras. Ce qui est visé, n’est-ce pas un risque de mort pour la personne humaine faite de corps mais aussi d’esprit à l’image de Dieu ? Sans la communion avec Dieu, la vie de l’homme, sa personne, n’est-elle pas vouée à se dissoudre dans la mort physique : la mort (physique) n’est-elle pas vouée à détruire sa personne, à la faire mourir ? De la mort (physique), tu mourras (ta personne).

Le Christ, le nouvel Adam, n’a pas supprimé la mort physique, il l’a franchie, il en a vaincu les effets négatifs. Elle n’a plus aucun pouvoir sur lui. N’était-ce pas la situation d’Adam sans la chute ?

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par enverite » lun. 07 sept. 2009, 19:07

La mort nous est présentée comme la consequence du péché.
On peut avoir une approche punitive comme un chatiment de la transgression.

On peut aussi se poser la question si la mort n'est pas simplement resultant d'un êtat particulier dû à la consommation de l'arbre qui fera passer d'un êtat insensible au temps à un monde temporel.
Telle est souvent la symbolique du serpent.

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Xavi
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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Xavi » mar. 08 sept. 2009, 18:18

enverite a écrit : On peut aussi se poser la question si la mort n'est pas simplement resultant d'un êtat particulier dû à la consommation de l'arbre qui fera passer d'un êtat insensible au temps à un monde temporel.
Cela me semble correct : la chute fait passer l'humain de l'état insensible au temps (de la mort physique qui est dans la nature, sa personne ne meurt pas, sa vie spirituelle en Dieu se poursuit sans interruption et son corps se renouvelle autant que nécessaire) à un monde temporel (la blessure spirituelle de la chute le soumet à la mort : de la mort physique tu mourras (Gn 2, 17) car, en dehors de la communion spirituelle avec Dieu, il est soumis aux limites terrestres temporelles.

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par enverite » mer. 09 sept. 2009, 16:32

c'est bien ce qui est extraordinaire dans le mystere chretien, c'est qu'il nous permet de remonter le chemin de la CHute...

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par DavidB » mer. 09 sept. 2009, 17:02

J'avais déjà lu aussi que la mort, le passage à la sensibilité au temps, si l'on veut, était un moyen de salut, que nous ne demeurions pas figés dans le refus de Dieu dans nos misères, mais que même après un refus nous puissions encore revenir à lui... La mort n'est donc pas punitive, mais préventive.
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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Xavi » mer. 09 sept. 2009, 17:53

Oui, la réflexion de DavidB me semble, en effet, plutôt correcte, sauf que le mot préventive évoque une prévention contre un danger futur plus qu’une délivrance d’une situation antérieure. Mais, sur le fond, je suis plutôt d’accord.

Le problème vient probablement de l’ambiguïté du mot « mort » qui évoque une destruction totale, définitive, irrémédiable. Ce qui n’est pas tout à fait exact, ni dans la nature où la mort permet un renouvellement de la vie, ni pour nous du fait que le Christ a franchi la mort.

La mort passage peut être positive pour un état meilleur. Elle n’est pas nécessairement négative, ni punitive.

Mais, la mort peut aussi faire mourir. Le nouveau testament évoque la seconde mort. (Apoc. 20, 6). C’est la menace de mourir de la mort que Dieu évoque en Gn 2, 17 : muth th muth.

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Re: Genèse du péché originel

Message non lu par Invité » mer. 09 sept. 2009, 20:57

Tout comme il y a une seconde vie , il y a aussi une seconde mort

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Haïti et l’existence de Dieu

Message non lu par Xavi » dim. 14 févr. 2010, 15:58

Etaient-ils de plus grands pécheurs pour qu’il leur arrive un tel malheur ? Dieu ne pouvait-il empêcher ou, du moins, atténuer une telle souffrance ? Comment peut-on croire que Dieu existe s’il laisse survenir une telle détresse ?

Lorsque la maladie, l’accident ou d’autres drames se produisent, le cri du Christ lui-même surgit dans les cœurs : Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Nous pensons vite, comme les passants, les scribes, les membres du sanhédrin et les soldats au pied de la croix : le Christ était bien capable de se sauver lui-même, de descendre de la croix, et c’est donc parce qu’il l’a voulu qu’il a accepté de mourir. C’est vrai. Pourquoi donc crie-t-il son abandon ?

Ce n’est pas sa seule douleur sur la croix à ce seul moment qu’il considère. Son cri est cosmique. Dieu laisse le monde vivre distinctement de lui malgré tout le mal qui s’y déploie. Au commencement, dit la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre. Il a créé un monde matériel distinct pour l’homme. C’est toute l’humanité, tout le monde créé par le Christ, que Dieu laisse vivre sans tout ramener à une fusion bienheureuse en Lui qui priverait le monde et l’humanité de leur existence propre.

Dieu ne peut pas être infidèle à son amour, à sa création. Tout a été fait par le Christ jusqu’à l’homme créé à son image et jusqu’à devenir lui-même homme par son incarnation.

Il a fait ex-ister tout l’univers pour y créer l’homme, celui qui était le but de toute la création, celui qui devait la gérer et la conduire à un accomplissement qui nous peinons à imaginer.

Pour que l’homme puisse vivre, être une personne et non une simple extension fusionnée en Dieu sans distinction, il a été créé, il a été créé libre dans une réalité autonome de Dieu pour y vivre et y développer une vie à l’image et à la ressemblance de Dieu.

Dieu ne peut pas être fidèle à sa création et y intervenir en brisant son autonomie. Le projet de Dieu ce n’est pas une fusion mais une communion d’amour comme celle que partagent le Père, le Fils et l’Esprit Saint.

Sauf en niant la création distincte du ciel et de la terre, Dieu ne peut pas faire de miracle tout seul. Le maître de la création, c’est l’homme. C’est lui qui a été créé pour dominer le monde matériel. Dans le monde matériel créé et distinct du ciel, les miracles de Dieu passent toujours par l’homme.

Et d’abord par le Christ, vrai Dieu et vrai homme.

Le Christ nous a montré toute la puissance du vrai homme par ses miracles et surtout par sa résurrection. C’est le péché, et le péché seulement, qui prive l’humanité de son pouvoir d’empêcher tout mal de s’y produire et de blesser les hommes.

Si nous avions la foi, la communion avec Dieu, nous pourrions déplacer les montagnes. En lui, nous pouvons obtenir tout ce que nous demandons.

Parfois, nous voyons des miracles et nous disons facilement que Dieu a fait un miracle, ou la Sainte Vierge, un saint du ciel ou les saints anges, mais est-ce bien exact ? Ne serait-il pas plus vrai de dire qu’un homme a tendu la main et a pu rejoindre avec son cœur la présence active au ciel de Dieu, de Marie, d’un saint ?

Les mains du ciel ne cessent de se tendre vers nous. Ils ne demandent qu’à nous aider à saisir les bienfaits de la communion avec Dieu dans ce monde. Nous sommes si faibles.

Le problème n’est jamais l’inaction du ciel, mais notre inaction d’hommes pécheurs qui nous empêche de remplir le rôle donné à nos premiers parents.

S’il y a tant de souffrances à Haïti, ce n’est pas à cause de l’inaction de Dieu mais seulement à cause du péché de l’homme, ce terrible péché originel par lequel nos premiers parents se sont emparés du fruit de la connaissance, l’ont séparé du tronc de Dieu.

Quand redécouvrirons-nous tout le dégât causé par cette faute, toute l’importance du salut que nous apporte le Christ ?

Les hommes devraient maîtriser la création en communion avec Dieu et ils sont sortis de cette communion, ils ont perdu le jardin spirituel d’Eden, ils sont devenus aveugles, ils ne savent plus comment faire.

Avec désormais des hommes qui ont chacun leur propre idée, comment le monde qui devait être ordonné par l’homme en unité avec Dieu peut-il échapper au chaos ?

Le mal ne vient pas de Dieu, mais de notre incapacité présente à faire vivre le monde dans l’harmonie depuis le péché originel. Le monde est bon, la création est bonne, mais elle est actuellement privée de celui qui aurait dû la conduire vers son accomplissement : nous.

La prière est d’une grand efficacité. Souvent, elle nous obtient mystérieusement des secours extraordinaires, des miracles. Lorsque le cœur de l’homme se tourne vers Dieu, par le Christ, nous voyons parfois tant d’effets puissants dans nos vies concrètes. Ce sont autant de signes de ce que l’homme pourrait, aurait dû et devrait faire dans la création.

Aussi, en pensant à Haïti, soyons bien certains que Dieu fait tout ce qui est possible dans l’amour de sa création, mais il ne veut pas nous détruire en faisant cesser l’autonomie de sa création créée pour l’homme. A nous, les hommes d’aujourd’hui de saisir le ciel par la prière et la communion pour commencer à rétablir avec le Christ le règne de Dieu sur la terre avec l’homme.

Quand le mal est sous nos yeux, ce n’est pas Dieu qu’il faut accuser, mais le mal et le péché parmi les hommes et en nous, le manque d’ouverture au salut du Christ, seule véritable issue.

N’en déduisons cependant pas que de grands efforts de notre volonté ou la longueur de nos prières vont suffire pour déplacer des montagnes. Parfois, un petit clin d’œil de notre cœur peut avoir une plus grande efficacité.

Devant le mal, tournons-nous davantage vers le Christ qui nous rétablit dans la communion divine, prenons davantage conscience de l’étendue du mal en nous et de la délivrance nécessaire.

Ne croyons jamais que Dieu ne fait pas tout ce qu’il peut sans nous détruire. Seule notre propre destruction le retient d’en faire davantage.

N’oublions pas qu’Adam a été créé pour diriger et ordonner le monde créé, le renouvellement de toute chose, la mort physique, les variations multiples du vivant, les tremblements de terre comme les tempêtes, les virus comme toutes les combinaisons des éléments vivants. La création est bonne. Prions pour que l’homme y retrouve sa place.

Dieu ne peut pas sauver à lui seul l’homme et le monde.

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Re: Haïti et l’existence de Dieu

Message non lu par omicron » jeu. 18 févr. 2010, 10:59

Merci pour ce beau texte qui redonne à chacun la place qui lui revient.
J'aime le lien que vous entretenez dans la relation de Dieu avec sa création, lien que vous comparez à celui qui nourrit la Trinité.

Le drame survenu à Haïti parle avec force à notre nature humaine programmée pour s'émouvoir d'une mise en scène où le scandale est ramassé dans le temps et dans l'espace. Cette mise en scène concentrée est aujourd'hui relayée par des moyens de communications qui ne nous laissent rien ignorer de l'horreur qui se joue et qui nous permettent, humanité rassemblée, de communier au même désastre.
On se voit beau.
Nous aimons ces spectacles car nous avons bien compris que nous pouvons facilement nous en laver les mains et accuser la fatalité ou un Dieu improbable. S'ils tuent ou blessent des gens, ces drames ne blessent pas notre narcissisme et c'est bien l'essentiel.
Mais, une fois l'émotion passée, une fois le cri de rage poussé contre Dieu ou la fatalité, le risque est malgré tout de rester extérieur à ce scandale ramassé et de n'en pas tirer de conclusions.

Lors du tremblement de Terre de Lisbonne de 1755 qui ébranla les consciences du temps et poussa Voltaire à écrire un poème de révolte, Rousseau, en réponse à ce poème, eut cette remarque pertinente :
"Sans quitter votre sujet de Lisbonne, convenez, par exemple, que la nature n’avait point rassemblé là vingt mille maisons de six à sept étages, et que si les habitants de cette grande ville eussent été dispersés plus également, et plus légèrement logés, le dégât eût été beaucoup moindre, et peut-être nul. Combien de malheureux ont péri dans ce désastre, pour vouloir prendre l’un ses habits, l’autre ses papiers, l’autre son argent ? "
http://www.site-magister.com/volrous2.htm

Mais, au fond, qu'en est-il de ces drames dans la logique du Père Aimant ?
Puisque nous sommes à son image, porte-t-il donc le même regard que nous ?
Je vais courir le risque de me mettre dans sa peau.
Il n'y a pour Lui pas plus de scandale dans ce hoquet médiatisé que dans la mort silencieuse des désespérés qui s'éteignent dans l'anonymat à des milliers d'exemplaires et dont l'un d'entre eux se trouve peut-être à côté de chez moi.
Pas plus de scandale que dans la mort stupide et répétée partout dans le monde, d'adolescents qui se tuent bêtement en voiture alors même qu'ils n'ont pas bu.
Pas plus de scandale dans ce drame que dans la multitude de ce que nous avons classé dans la rubrique des faits divers difficilement localisables parce que géographiquement éparpillés.
Et j'ajoute encore qu'il y a là moins de scandale que dans la mort honteuse de cette fillette enterrée vivante par sa famille pour laver un honneur sali et dont Etienne Lorant s'est fait l'écho, acte certainement répété à des milliers et des milliers d'exemplaires.

Il y a des tremblements qui montent très haut dans l'échelle de Richter de notre bonne conscience et qui sont inversement proportionnels à la blessure narcissique qu'ils provoquent en nous.
Pour illustrer ce que je veux dire, je vous renvoie à cet article du "causeur" où l'auteure s'interroge sur la différence de traitement entre la Shoah et la dérive stalininenne du communisme.
Pour résumer son postulat : l'horreur stalinienne reste dans le silence des intellectuels car rien d'autre ne peut y être invoquée que la "défaite de l'humanité".
(J'ajoute, sans Dieu).

http://www.causeur.fr/la-grande-nuit-stalinienne,3719

A bientôt.
Au-delà de deux commentaires par jour, c'est l'égo qui prime, l'échange devient second.

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