Liturgie du jour avec Boisvert (2008)

« Mon âme aspire vers toi pendant la nuit, mon esprit te cherche dès le matin. » (Is 26.9)
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Invitation au don trinitaire

Message non lu par boisvert » mar. 06 mai 2008, 16:39

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17,1-11.

J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m'as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m'avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d'auprès de toi, et ils ont cru que c'était toi qui m'avais envoyé. Je prie pour eux ; ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux.

Avant même de vivre sa passion, de ressusciter et de monter au Ciel, Jésus prie pour ses disciples (et pour nous) comme Lui seul sait prier - et Il le fait ouvertement. Lorsque je relis ce passage en entier, d'abord je compte dix fois le verbe "donner" - et je note que le Père donne au Fils et que le Fils donne au Père, mais aucun des deux n'a quelque chose à "rendre", rien à "restituer". Evidemment, car entre les deux, "tout ce qui est à moi est à toi", mais aussi: "tout ce qui est à toi est à moi"... Et moi, à travers ce texte, je sens de la musique et du mouvement. Pour un peu, on dirait un peu de ces hommages que se faisaient les "Grands d'Espagne", avec leurs chapeaux à plume, qu'ils baissaient jusqu'à frôler le sol, pour se saluer les uns les autres. Image bien sûr très imparfaite de cet hommage perpétuel et de ce don d'Amour que se manifestent entre elles les trois personnes de la Trinité. Et voici qu'elles nous y invitent désormais, en nous tendant la main...

Cette main qui se tend me rappelle toujours cette merveilleuse fresque de la création de l'homme, de Lénoard de Vinci. Ma fidèle amie Simone Weil (devenue entre-temps ma lecture de chevet) dirait que ce doigt de Dieu doit désormais traverser toutes les "épaisseurs" de nos "nécessités", mais néanmoins, elle non plus n'hésite pas à écrire :

"La joie et la douleur sont des dons également précieux, qu'il faut savourer l'un et l'autre intégralement, chacun dans sa pureté, sans chercher à les mélanger. Par la joie, la beauté pénètre dans notre âme, par la douleur elle nous entre dans le corps. Avec la joie seule nous ne pourrions pas plus devenir enfants de Dieu que l'on ne devient capitaine en étudiant des manuels de navigation - mais dans tout apprentissage le corps a sa part".

Et je retrouve un texte lu hier ou avant hier "Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance: je suis vainqueur du monde".

Béni soit Ton nom, Seigneur mon Dieu, et rends-moi digne de Te connaître ! Car Te connaître, je sais que c'est la vie éternelle...

Post Scriptum

Simone Weil : Philosophe juive d'origine communiste athée, convertie, décédée à Ashford, Angleterre, en 1943.

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La consécration par la vérité.

Message non lu par boisvert » mer. 07 mai 2008, 17:21

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17,11-19.

Je leur ai fait don de ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu'ils ne sont pas du monde, de même que moi je ne suis pas du monde.
Je ne demande pas que tu les retires du monde, mais que tu les gardes du Mauvais.
Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.
De même que tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés par la vérité.

Consacre-les par la vérité. Etre consacré par la vérité, c'est être consacré par l'amour. Et cette consécration s'opère par l'Esprit-Saint, qui n'est autre que l'amour personnel du Père et du Fils l'un pour l'autre.(Je sors cette définition de "Deus Caritas Est", première encyclique de Benoit XVI. ) Si nous avons été consacrés par l'Amour, si notre première pensée et notre premier désir est de demeurer au cœur de ce mouvement d'amour qui unit le Père et le Fils, alors, il est clair que ni la détresse ni la haine du monde, ni nos faiblesses ni ,nos pauvretés, ni les blessures que d'autres nous infligent, ne sauraient venir à bout de notre foi.

Cela me renvoie directement au choix que Jésus a fait de Pierre pour être le berger de ses brebis. La raison de ce choix, on la trouve tout à la fin de l'Evangile de Jean: "Jésus dit à Simon-Pierre : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes agneaux. »
Il lui dit une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? » Il lui répond : « Oui, Seigneur, je t'aime, tu le sais. » Jésus lui dit : « Sois le pasteur de mes brebis. »
Il lui dit, pour la troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m'aimes ? » Pierre fut peiné parce que, pour la troisième fois, il lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes ? » et il répondit : « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime. » Jésus lui dit : « Sois le berger de mes brebis."

Ce n'est pas la robustesse de Pierre, ni son aptitude à commander à un équipage sur les eaux indociles du lac de Tibériade - comme je l'ai songé souvent - qui justifie le choix de Pierre par Jésus. Non, la raison de son choix par Jésus, c'est son amour pour Lui. Or, par trois fois, Pierre a renié le Christ, et par trois fois, le voici "consacré par la vérité"... Que c'est bon de réaliser cela ! C'est tout droit lié aussi au pardon manifesté à Marie-Madeleine en Luc 7 : "Ses nombreux péchés sont pardonnés, puisqu'elle a beaucoup aimé. Mais celui à qui l'on pardonne peu, aime peu."

Aujourd'hui, je prie le Seigneur de renouveler en moi cette expérience de pardonner une offense qu'on m'avait faite, une offense dure et injuste, mais que par grâce, par seul amour pour Lui, j'ai pu véritablement accepter et endurer avec patience, jusqu'à ce que la Paix s'épanouisse à nouveau dans mon cœur...

Et Jésus ajoute à Pierre: "Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c'est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t'emmener là où tu ne voudrais pas aller." Peu importe, car le mal que le monde peut faire à un homme, fut-ce dans le martyre, se limite au corps et n'atteint en rien le Principe d'Amour qui l'anime...
Et donc il lui dit encore : « Suis-moi. » Je vois que cela suffit bien. Béni soit le Dieu de plénitude !

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La prière pour l'unité

Message non lu par boisvert » ven. 09 mai 2008, 16:10

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 17,20-26.

Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi.
Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé.
Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux, et toi en moi. Que leur unité soit parfaite ; ainsi, le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé.

Afin que cette unité soit parfaite et vivante, et qu'elle rejaillisse tout autour en paix et joie profondes, il ne suffit pas de l'inscrire dans des textes, d'établir des projets, de rencontrer l'autre - mais il suffirait peut-être que chaque chrétien soit assidu, chaque jour, à la quête de la Vérité. L'amour trinitaire est un insondable mystère, mais notre incapacité de parvenir à le sonder n'est pas un obstacle; bien au contraire, le fait de s'y replonger chaque jour, en toute occasion bonne ou mauvaise, nous fait entrer plus profondément dans le bonheur qui nous est promis.

Si chaque chrétien pouvait consacrer ne serait-ce qu'une heure par jour à explorer son propre cœur avec sa propre foi, la foi qu'il l'a, telle quelle (le plus souvent interrogative - tant mieux !), à la limite de la méfiance même... la merveille qu'il ne tarderait pas à découvrir, c'est qu'il ne peut plus s'en passer.

Et parfois sans même qu'il s'en rende compte, son quotidien, banal et affreusement quotidien, sera interrompu par quelque chose que j'appelle un "mouvement d'Amour gratuit", une "expression de la Miséricorde", des choses qui correspondent en même temps à l'Amour et à l'humilité (et l'humilité est la simple reconnaissance de notre condition humaine) et, aussi, à une "impulsion d'expression" extérieure.

Si j'emploie des mot entre italiques, c'est qu'il me serait difficile d'employer un langage théologique ou rationaliste à propos de ce que le monde dénomme comme des "incidents sans conséquence" (sans conséquence, mon œil, oui !) Ce qu'on appelle la vie intérieure fait totalement partie de la vie extérieure, au point où l'on ne sait pas laquelle appartient à l'autre. Moi je crois qu'au départ, j'ai cru et que tout s'est enchaîné à cause de mon libre consentement. Des faits et des situations ont vécu, mais moi qui dis "je crois", je ne saurais pas préciser comment tout est advenu. La confiance - que j'appelle aussi "adhésion", suffit, et voilà tout.

Le 9 mai, il y a déjà un mois que mon père, aux prénoms extraordinaires de Gabriel, François, Joseph, s'en est allé vers là où tout demeure.

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Celui qui part, celui qui reste, Celui qui vient

Message non lu par boisvert » sam. 10 mai 2008, 19:08

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 21,20-25.

En se retournant, Pierre aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait. (C'est lui qui, pendant le repas, s'était penché sur la poitrine de Jésus pour lui dire : « Seigneur, quel est celui qui va te livrer ? »)
Pierre, voyant ce disciple, dit à Jésus : « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? »
Jésus lui répond : « Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, est-ce ton affaire ? Mais toi, suis-moi. »
Ainsi se répandit parmi les frères l'idée que ce disciple ne mourrait pas. Or, Jésus n'avait pas dit à Pierre : « Il ne mourra pas », mais : « Si je veux qu'il reste jusqu'à ce que je vienne, est-ce ton affaire ? »

La parole donnée par Jésus pour répondre à l'interrogation de Pierre, ne ressemble-t-elle pas à une ultime parabole ?

Et l'Evangéliste Jean indique lui-même la clé de compréhension de ce passage, en répétant que l'un doit suivre, tandis que l'autre restera. Quant aux derniers mots, "Jusqu'à je vienne", à mon sens, est à comprendre à la suite de cette autre parole, dans le même Evangile: "Dans la maison de mon Père, beaucoup peuvent trouver leur demeure ; sinon, est-ce que je vous aurais dit : Je pars vous préparer une place ? Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi ; et là où je suis, vous y serez aussi."

Ce qui signifie tout simplement que les uns seront appelés comme Pierre, puis Paul, à partir pour annoncer la bonne nouvelle "jusqu'aux limites du monde" - et finalement donner leur vie à l'imitation de Jésus... tandis que d'autres (et en réalité: la plupart d'entre nous) trouveront leur mission à l'endroit où ils sont. (Au fait, l'apôtre Jean a déjà reçu sa mission particulière, puisque Jésus a confié Marie à Jean, tout autant que Jean à Marie). De toute façon, en temps et en heure, Jésus vient à leur rencontre - pour les prendre avec Lui.

Dans l'histoire de l'Eglise, aucun doute qu'à chaque génération, il y aura des regards dépités, vaguement jaloux, de "ceux qui restent" envers "ceux qui partent", et inversement, de ceux qui partent à l'égard de ceux qui restent. Or, je suis persuadé que dans les deux cas, il y a un arrachement à nos propres désirs, un décalage profond entre ce que nous aimerions que soit la volonté du Père - et ce que le Père nous donne à vivre concrètement.

Il n'y a rien de romanesque dans une vie chrétienne. Mais il y a un labeur lent et caché, souvent pénible. Pour les uns comme pour les autres, il ne s'agit donc pas de s'exalter d'images brillantes ou marquées de rouge (du rouge de la couleur du sang), mais de demeurer dans l'Amour, quoi qu'il puisse advenir. Si l'on rêve d'héroïsme, eh bien, on se trompe : il y a de l'héroïsme en tout, et chacun d'entre nous est appelé à se dépasser. Donc, "Est-ce ton affaire ?", lance Jésus à Pierre. Non, ce n'est pas l'affaire de Pierre. Quand bien-même Jésus l'a appelé à devenir le pasteur de Ses brebis, il y a de multiples choses qui ne sont pas son affaire.

L'Evangile d'aujourd'hui me réconforte en ce sens qu'il justifie les années passées à servir mes parents - et que d'autres diront des années "perdues". En vérité, ce n'est pas leur affaire et je ne me justifierai pas. Mais à moi aussi, moi qui suis "resté", il est commandé comme à Pierre: "Suis-moi", le verbe "suivre" désigne d'abord l'adhésion, l'obéissance.

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Re: Celui qui part, celui qui reste, Celui qui vient

Message non lu par DavidB » dim. 11 mai 2008, 2:21

Voilà qui n'est pas mal du tout!

Merci boisvert.
Comme un petit enfant, moi aussi, je veux me laisser prendre dans les bras de Dieu, mon Père en Jésus-Christ, me laisser asseoir sur ses épaules, et voir enfin, devant moi, au loin, s'élargir mes horizons.

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Pentecôte 2008

Message non lu par boisvert » lun. 12 mai 2008, 15:33

Livre des Actes des Apôtres (Ac 2, 1-11)

2 4 Alors ils furent tous remplis de l'Esprit Saint : ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit.

C'est, en définitive la dernière phrase de ce passage des Actes des Apôtres qui a retenu spécialement mon attention ce dimanche de Pentecôte: "Chacun s'exprime selon le don de l'Esprit."

Selon le don de l'Esprit, apparaîtront des hommes excellents chacun dans leur domaine particulier: Jésus ne fut-il pas (aussi) un excellent charpentier ? Il ne faut pas douter que chacun de nous possède un don particulier, par lequel il peut s'exprimer tout entier et parvenir à cette joie de la participation à l'acte créateur. Pour moi, je savais depuis longtemps que j'écrirais beaucoup, mais mon écriture a longtemps vagabondé entre le courrier (manuscrit), le témoignage, le récit, les nouvelles, la poésie, etc.

Voici donc un petit poème qui m'a brûlé le cœur et les doigts et qui remonte à l'année 1979 - il parlait déjà de l'Esprit, mais au moment où je l'ai écrit, je ne savais pas moi-même interpréter ce que j'avais écrit. En me relisant, je me souviens que je m'étais dit: c'est sans doute l'esprit de la poésie ? C'était venu d'un trait, à un moment de ma vie où je me demandais vraiment vers quoi m'orienter. Ces huit lignes m'avaient coulé entre les doigts et je les avais griffonnées, avant de les jeter aussi vite (mais sans savoir qu'elles demeureraient inscrites en moi):

"L'Esprit s'étend sur toutes choses également !
Par delà la grisaille et le détour des nuits,
Tel un soleil Il est, apaisant nos tourments !
c'est Quelqu'un, quelque part, et le meilleur du fruit...

S'il te semble aujourd'hui que l'espoir est trahi,
Que ton pain est amer et que demain te ment
Songe, alors, que ce pain pour l'Amour te nourrit
Car ton sort Il bénit et le veille ardemment..."

A cette époque, je venais d'achever mon temps d'armée, je m'étonnais que ma liberté retrouvée fut autant soumise à mon inscription à différents organismes: "Je faisais la queue pour une farde de cigarettes, je me retrouve à faire la queue pour avoir un emploi !" Je n'avais ni travail, ni fiancée, ni ambitions professionnelles, et je me demandais déjà à quoi rimait (tiens ?) tout ce que j'avais vécu, étudié, supporté.

Au fil des ans, j'ai continué d'écrire, souvent sur un mode sentimental, romantique, légèrement désespérant. "A quiet desperation is the English way" (Une désespérance tranquille, c'est la manière anglaise - c'était dans l'album "Pyramide" de Pink Floyd.) C'était une écriture assez lourde, chargée de frustrations, de sentiments d'injustice, d'isolement expiatoire, bref, c'était assez sombre.

Après mon expérience de conversion, j'ai témoigné sur des centaines de pages, mais je cherchais toujours à "stabiliser" mon écriture. Finalement, avec l'apparition d'Internet, j'ai écrit beaucoup plus encore, et de fil en aiguilles, je me suis rapproché de ce que j'avais recherché sans y penser vraiment.

Enfin, au cours de l'année 2003, par un détour de chemin dont je suis incapable de retracer le détail, je me suis retrouvé sur le forum de "Jésus lui dit Donne-moi à boire" dont je cite l'adresse:

http://groups.msn.com/JesusluiditDonnem ... ationsmsnw

D'emblée, le principe de fonctionnement de ce forum m'était apparu en même temps très simple, mais aussi extrêmement exigeant, puis que la règle proposée était unique: partager ce que les textes liturgiques du jour m'avaient apporté - et jamais rien de plus, jamais rien "à côté". Plus question donc de s'étendre sur des désirs insatisfaits, d'étaler des projections de l'égo, de chercher le contact particulier, de s'inventer des passés ou des futurs qui compenseraient pour tout le "mal vécu". Seul le présent de la rencontre avec la Parole devait être pris en compte.

Cela fait plus de deux ans que j'écris chaque jour mon commentaire de l'Ecriture. J'y ai trouvé une joie et une force qui durent toujours. Pour moi qui communie chaque matin, il y a dans cette pratique d'écriture comme un renouvellement, dans l'après-midi, des grâces reçues le matin à la communion. (Et qu'est-ce que cela a d'étonnant, quand on y réfléchit : ne s'agit-il pas en réalité des mêmes choses ? Le matin, je communie au Pain, l'après-midi, je communie à la Parole. Mais que ce soit au Pain ou à la Parole, c'est toujours communier au Verbe de Dieu.) Ainsi, avec la communion du matin et la "mise en commun" de l'après-midi, j'ai deux temps forts dans ma journée, et je peux témoigner que je reçois de la Joie deux fois par jour.

Ne suis-je pas un homme comblé ? D'autant que le "réveil de la grâce" du matin à l'après-midi me permet de d'éviter les distractions vaines, et bien souvent, j'ai réalisé, après coup, que j'avais pu accomplir tel ou tel geste de miséricorde... que seule la grâce permet.

Bonne fête à tous et à toutes !

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Re: Pentecôte 2008

Message non lu par Relief » lun. 12 mai 2008, 16:08

Merci boisvert , bonne et sainte fête de la Pentecôte à toi aussi :)

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Si pénible incompréhension de l'Amour !

Message non lu par boisvert » mar. 13 mai 2008, 16:30

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 8,14-21.

Les disciples avaient oublié de prendre du pain, et ils n'avaient qu'un seul pain avec eux dans la barque.
Ils discutaient entre eux sur ce manque de pain.
Il s'en aperçoit et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pain ? Vous ne voyez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le coeur aveuglé ? Vous avez des yeux et vous ne regardez pas, vous avez des oreilles et vous n'écoutez pas ? Vous ne vous rappelez pas ? (..0) Vous ne comprenez pas encore ? »

J'ai coupé le texte en deux. Le passage qui manque, c'est celui où Jésus leur rappelle qu'Il a, par deux fois, multiplié les pains et les poissons pour une multitude d'hommes et de femmes. Dès lors, comment se fait-il qu'ayant assisté de tout près à ces signes extraordinaires, ils se préoccupent encore du fait qu'ils n'ont emporté qu'un seul pain dans leur barque ?

Ce qui est manifeste ici, pour moi, c'est la souffrance de Jésus qui ne parvient pas à faire participer ses plus proches à ce feu qui brûle son cœur, ce feu dont Il voudrait qu'il incendie la terre entière... Jésus souffre. Il souffrait déjà quand s'adressant aux pharisiens, dans l'Evangile du 12 mai, Il leur répond (en Marc 8,11-13) :."Aucun signe ne sera donné à cette génération" - et le ton sur lequel cette parole a été dite est donné dans cette remarque: "Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ?"

La peine de Jésus, cette souffrance intime de l'homme qui a des trésors à partager mais qui ne rencontre que l'incrédulité ou l'indifférence, ou l'incompréhension... oh, je la connais, au moins en partie !

En 2002, la France a fêté le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. J'ai participé à la fête en achetant une biographie du poète sur cassettes audio réalisée par Alain Decaux, laquelle était accompagnée de textes du poète récité par Jean Négroni. Et en cette occasion, j'avais été émerveillé de découvrir la différence qu'il y a entre la description LUE du Jardin des Feuillantines et le même texte RECITE par un homme de théâtre: c'était extraordinaire, renversant, les mots chantaient, la rime n'était que sous-jacente à la musique du texte... ce fut une découverte extraordinaire !

Cette découverte, j'ai voulu la partager avec tous mes proches. Je leur présentais le texte ("Ce qui se passait aux Feuillantines vers 1813") et après qu'ils se soient ennuyés à lire, péniblement:

C'est dans ces moments-là que le jardin paisible,
La broussaille où remue un insecte invisible,
Le scarabée ami des feuilles, le lézard
Courant au clair de lune au fond du vieux puisard,
La faïence à fleur bleue où vit la plante grasse,
Le dôme oriental du sombre Val-de-Grâce,
Le cloître du couvent, brisé, mais doux encor,
Les marronniers, la verte allée aux boutons-d'or,
La statue où sans bruit se meut l'ombre des branches,
Les pâles liserons, les pâquerettes blanches,
Les cent fleurs du buisson, de l'arbre, du roseau,
Qui rendent en parfums ses chansons à l'oiseau,
Se mirent dans la mare ou se cachent dans l'herbe,
Ou qui, de l'ébénier chargeant le front superbe,
Au bord des clairs étangs se mêlant au bouleau,
Tremblent en grappes d'or dans les moires de l'eau,
Et le ciel scintillant derrière les ramées,
Et les toits répandant de charmantes fumées,
C'est dans ces moments-là, comme je vous le dis,
Que tout ce beau jardin, radieux paradis,
Tous ces vieux murs croulants, toutes ces jeunes roses,
Tous ces objets pensifs, toutes ces douces choses,
Parlèrent à ma mère avec l'onde et le vent,
Et lui dirent tout bas : « Laisse-nous cet enfant ! »

... je leur passais la récitation de Jean Négroni, qui m'avait complètement ébloui, car les mots demeuraient, tout en laissant place à la musique qu'ils contenaient. Certes, il faut beaucoup de talent pour réciter des textes ! Mais malheureusement, à mon immense stupéfaction, ce que j'avais éprouvé, mes amis ne le ressentaient d'aucune façon. Tout au contraire, ils me regardaient d'un air étonné, voire suspicieux, d'un air de dire: "Dans quoi notre ami cherche-t-il encore nous entraîner...."

En cette occasion-là, oui, j'ai éprouvé une grande peine. C'est sans doute la même peine qu'a éprouvé mon papa Gabriel, lorsque, terminant une démonstration mathématique appliquée à un théorème de physique (son calcul permettait d'éluder deux pages d'autres formules), il avait posé la craie en bas du tableau et avait dit, les yeux tout pétillants: "Vous ne voyez pas comme c'est beau ?" ... Eh bien non, à son étonnement et à son dépit, visiblement, ses étudiants n'avaient fait que soupirer - presque en plus - du fait de la "douleur surajoutée" aux cours par ce petit génie des sciences... Pauvre papa, moi aussi, je n'y comprenais rien, tu sais, et d'ailleurs je ne comprenais pas grand chose....

Or, mon partage de ce jour ne concerne ni la beauté des gestes de Jésus, ni la pureté des toiles de maître ou de "la Mathématique" (qui est un langage !), mais en reprenant le texte de l'Evangile, en réalité, c'est l'Amour qui peine à se faire comprendre.

Dans la souffrance du Fils, il y a pleinement celle du Père éternel, qui voudrait tant que son "Je t'aime" soit entendu par les hommes, par tous et par chacun d'entre eux, et d'autant par ceux qui se sont éloignés et qui se jugent indignes.

La souffrance de la beauté qu'on arrive pas à partager, finalement, c'est encore peu de choses à côté de la peine de l'amoureux qui fait sa déclaration avec des mots tout simples et qui voit sa "belle" lui sourire ironiquement, avec un regard qui le pénètre comme une lame dans le cœur et qui signifie: "Tu m'amuses mais tu ne m'intéresses pas..."

Et finalement, n'est-ce pas pour cela que le Verbe a choisi la Croix, la croix comme un autel où écrire le titre de sa chanson d'Amour:
"INRI : Iesus Nazarenus Rex Iudæorum"

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Cet inadmissible commandement d'aimer !

Message non lu par boisvert » mer. 14 mai 2008, 14:22

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 15,9-17.
Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. (...) Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Ce que je vous commande, c'est de vous aimer les uns les autres.

Ce commandement - ce commandement-là ! - comment peut-on, Seigneur, commander à ses sentiments ? Comment puis-je manifester de l'amour à l'égard de cet escroc de syndic que j'ai croisé ce matin, à cause duquel je me suis retrouvé sans chauffage durant déjà deux hivers ! Comment aimer encore cette femme à qui j'avais donné le meilleur de moi-même, au point que le jour de son départ, j'ai senti comme une partie de moi qui refusait de continuer à vivre ? Comment aimer ces petits caïds de collège qui me tapaient sur les doigts à coups de règles métalliques - simplement parce que j'étais plus petit, et que cela les faisait rire !

En réalité, c'est impossible SAUF pour l'amour de Quelqu'un que j'aimerais toujours en premier, SAUF si c'est pour Lui plaire, et à Lui seul, et parce que c'est Lui seul qui me le demande.

Or, il faut également une bonne compréhension du commandement. Ce que Jésus demande est difficile, mais n'est pas impossible dans la mesure où son commandement s'adresse (comme tout commandement d'ailleurs) à la volonté et non aux sentiments.

Fondamentalement, le Seigneur ne m'avait pas demandé d'éprouver de la sympathie à l'égard de ce vieil ennemi qui m'avait volé. Mais l'ayant vu tomber à vélo dans un fossé, je me suis arrêté, j'ai mis ce qui restait de son vélo dans mon coffre et je l'ai reconduit chez lui. Et lorsqu'il s'est remis, il a retrouvé son naturel et il a ironisé, juste avant que je reparte: "Tu rajouteras çà sur ma note, pas vrai ?". Et moi, je n'ai pas pu m'empêcher de lui rétorquer: "Ne t'en fais pas: tu sais bien que je refais mes comptes chaque matin, n'est-ce pas ?" Celte répartie cynique m'est sortie de la bouche... mais quoi, le principal était fait. J'aurais très pu passer sans ralentir à côté du fossé et continuer mon chemin; c'était en plein hiver, il aurait pu être blessé et qui sait s'il aurait survécu avant que quelqu'un le remarque sur ce chemin de campagne ?

C'est beaucoup plus tard que j'ai réalisé ceci : en fixant mon attention sur les gestes à faire, et non sur la personne en faveur de laquelle j'avais agi (puis les personnes, sans distinction, j’avais subtilement rectifié mes émotions et mes sentiments). Et tout à la fin, l’an dernier, j’ai découvert un commentaire de Simone Weil (la petite philosophe juive convertie décédée en1943), qui m’a laissé stupéfait. C’était ce que j’avais cherché à formuler en vain depuis longtemps.

A propos du commandement de l’amour du prochain, lequel découle directement du commandement de l’amour de Dieu (« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »), elle avait noté :

« Aimer un étranger comme soi-même, présuppose de s’aimer soi-même comme un étranger ».

Quel souffle ! Pour aimer comme Jésus le commande, il faut garder son regard fixé sur Lui en tout temps. A la longue, il se produit comme un détachement de l’ego qui… pour le moins, avec de l’entraînement, permet de mieux percevoir cette espèce d’égalité parfaite du Créateur, Lui qui fait se lever le soleil et tomber la pluie « sur les justes comme sur les méchants ».

Au fait, Jésus ne demande rien moins que cette perfection : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait »… (Vraiment, Jésus, Tu ne doutes de rien !) Quoique... ces rectifications "subtiles", dont j'ai parlé plus haut, au niveau des émotions et des sentiments - si elles sont subtiles, cela ne les empêche pas d'être porteuses de sens. Il se trouve que j'ai cessé ma tabagie il y a quatre ans aujourd'hui. J'avais fait un essai avec la volonté, une fois par an... pendant quinze ans. Mais lors de mon ultime tentative, au lieu de dire: "Je veux", j'avais prié: "Jésus, je t'en supplie, Seigneur, délivre-moi de cette chaîne affreuse qui diminue ma vie !". Ainsi fut fait. J'ai cessé de fumer, mais j'ai perdu d'un coup un tiers de mes relations. Le 21 septembre de la même année, j'ai déposé mon dernier verre de bière. Un an plus tard, j'avais retrouvé ma taille de jeune homme, et je me suis remis à écrire... Toutes louanges à Celui qui était là et qui regardait "dans le secret" ! Le bien, que nous ne pouvons que désirer, Lui, Il nous le revaudra !

Alleluia !

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Le commadement d'aimer (suite)

Message non lu par boisvert » jeu. 15 mai 2008, 12:04

Lettre de saint Jacques 2,1-9.
Certes, vous avez raison quand vous appliquez la loi du Royaume, celle qui est dans l'Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais quand vous marquez des différences entre les personnes, vous commettez un péché, et cette Loi vous dénonce comme coupables.

Cet extrait de la Lettre de saint Jacques permet de poursuivre la réflexion commencée hier. A ce propos, je me suis souvenu de l'image mentale qui s'était aussitôt formée devant moi en découvrant le mot de S.Weil : "Aimer un étranger comme soi-même présuppose de s'aimer soi-même comme un étranger". Cette image, c'était celle d'un homme qui aurait la faculté de se considérer lui-même à partir d'un point de vue différent - et je préciserais: depuis un point légèrement surélevé situé à un mètre à l'arrière de son propre corps.

Eh bien, si nous arrivions à nous considérer ainsi, si avions cette faculté de nous tenir à distance de nous-mêmes et de nous voir vivre, je crois que cela nous aiderait beaucoup à "relativiser" notre égoïsme, notre suffisance, nos penchants, nos excès, les personnes ou les choses auxquelles nous accordons une attention exagérée (sans compter que cela pourrait même être assez comique !)

Cela me semble en tout cas un long chemin avant de ne plus , comme écrit l'apôtre, "marquer de différences entre les personnes". Même si l'absence de mon père (ses funérailles ont eu lieu il y a un mois aujourd'hui) et l'éloignement de ma mère constituent des "incitants" supplémentaires qui me poussent vers les autres, je remarque tout de même qu'entre deux personnes qui entreront dans ma boutique, l'une aura d'office ma préférence, et l'autre pas. C'est d'abord sur ces sympathies ou antipathies immédiates que je désire porter mon effort.

Pour le reste, l'apôtre Jacques a bien raison de relever les faveurs et les indulgences que nous réservons si facilement à ceux que nous savons "bien nantis", or, que les richesses sont trompeuses !

Comme j'étais en train de retourner ces choses dans ma tête, j'ai croisé Jean-Paul, un voisin qui joue tout ce qu'il peut chaque semaine à la loterie - et chaque semaine, je lui fais remarquer que des millions d'euros ne sauraient compenser - et d'aucune façon, pour l'une ou l'autre chose que nous avons perdues. Je lui ai tendu ma vieille plaque militaire (celle qu'ont tous les soldats, et qui reprend en double sur une plaque de métal cassable, des informations imprimées dont: le nom de famille suivi des premières lettres des prénoms, le No Matricule, la religion, la date de naissance - mais aussi le groupe sanguin. Quand on vit seul, ce sont des choses auxquelles on pense... )

Bref, j'ai déclaré à Jean-Paul: "Regarde, çà, cette plaque, celle-là et pas une autre, c'est un de ces objets qu'aucun billet de loterie au monde ne pourrait me faire gagner - et c'est à moi !" C'est qu'elle a coûté dix mois de ma jeunesse, énormément de sueur, d'énergie - et toutes les questions que peut se poser un jeune soldat quand il est de garde, et qu'il compte les jours avant "la quille"... à propos de son avenir, de l'amour, de la liberté, du travail, de la manière de vivre, des risques bien réels encourus au cours des exercices à grande échelle, etc. A vrai dire, cette plaque sans éclat, je suis content et même fier de la porter de nouveau. Et du seul point de vue chrétien, elle me rappelle assez souvent désormais, qu'ici, dans le monde, n'est pas ma vraie patrie. Je ne suis plus soldat, mais je sers le Maître qui m'a aidé (comme en de multiples occasions) à "passer au travers" d'une situation défavorable.

A l'armée, nous avions également appris à apprécier une journée à la fois. Cela aussi me renvoie à l'Evangile, puisque Jésus avait dénoncé les vains soucis et les craintes non fondées:
"A chaque jour suffit sa peine". Seigneur, que je puisse bientôt de nouveau éclater de rire et rire de bon cœur !

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Le renoncement

Message non lu par boisvert » ven. 16 mai 2008, 12:12

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc 8,34-38.9,1.

Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive.
Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Évangile la sauvera.
Quel avantage, en effet, un homme a-t-il à gagner le monde entier en le payant de sa vie ?
Quelle somme pourrait-il verser en échange de sa vie ?
Si quelqu'un a honte de moi et de mes paroles dans cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aussi aura honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père avec les anges. »
Et il leur disait : « Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d'avoir vu le règne de Dieu venir avec puissance. »

Gagner le monde entier, et vite, c'est le rêve commun de beaucoup. Je me souviens du jeune garçon qui disait: "L'an 2000, c'est tellement loin ! J'aurai 44 ans, je serai déjà vieux !" Je me souviens également de l'homme de 20 ans que je fus. J'étais plein d'énergie, mais la question du sens était déjà bien présente et revenait de manière lancinante à chaque échec et chaque dépit amoureux. C'est au milieu de ces revers qu'intervient la tentation de "gagner le monde entier", tentation de pouvoir, de fortune, de possession et de renommée - car en réalité, la tentation de gagner le monde entier se résume le plus souvent à ses quatre concepts - parmi lesquels je n'inscris pas l'amour, l'amour dans son acception humaine la plus commune. Car à cause des quatre premiers, la définition même de l'amour est déjà tronquée, déformée. Car si je me suis déjà mis à poursuivre le pouvoir, la fortune, la possession et la gloire, comment puis-je encore affirmer sans tricher, sans mentir: "Je peux aussi aimer telle personne, et l'aimer pour elle-même, l'aimer gratuitement, prendre des risques pour elle" ? Rien qu'à le dire, on devine bien que la liberté, indissociable de l'amour, entre en conflit avec le reste.

Et maintenant, voici: la conquête est achevée. Je ne suis ni chef d'Etat, ni grand patron, ni directeur de banque, mais je suis tout de même devenu chef de bureau, je règne sur une dizaine d'employés, ma maison est payée, je pars trois fois par an en vacances, je roule en BMW dernier modèle. A défaut d'avoir réussi mon mariage, j'ai des aventures et des loisirs qui me conviennent. Or, je tombe malade. Immobilisé pour un an, je ne suis plus chef de rien du tout, mais je suis à la merci de la bonne (ou mauvaise) volonté des uns et des autres. Je commence même à avoir difficile de boucler mes fins de mois - et la question revient: c'est quoi ma vie ? Le Seigneur est miséricordieux. Il a permis ce retour de l'échec, dont Il me relève par la suite, simplement pour me dire: "Oui, au fait, c'est quoi ta vie ? Qu'est-ce qu'elle vaut réellement ? Qu'as-tu fait qui avait réellement du sens ? N'as-tu pas mis ton coeur dans un coffre, ou sous le capot de ta belle voiture ? Que comptes-tu faire à présent ? Le nouveau sens que tu voudrais donner à ta vie, avec quel argent peux-tu te l'offrir ? Et tes amours, où sont-ils ?"

C'est ainsi qu'un François d'Assise, qui était parti avec fougue faire la guerre sur un beau cheval blanc, avec une belle armure et une grande épée qui étincelaient toutes deux sous le ciel flamboyant de Toscane... tomba malade avant d'arriver sur le champ de bataille et faillit bien mourir. Il dût rentrer chez lui, avouer tête basse son échec, et puis il se mit à réfléchir... tout le monde sait jusqu'où l'amour de Dame Pauvreté l'a mené ensuite. De même Charles de Foucauld, bel officier français en Afrique, mais mal noté, amateurs de fêtes, de jeux d'argent, de conquêtes féminines et de duels, jusqu'au jour où.... De même le fils prodigue, qui est rentré en lui-même, une fois dilapidée sa part d'héritage, et qui traverse une période de famine....

Et moi ? Que vais-je encore donner au Seigneur, moi qui ai un jour, à l'âge de 18 ans, après avoir été rebelle et méchant pendant 3 ans, qui ne rêvais que de battre tous mes concurrents dans la course au diplôme ? Un matin, sur un banc public, je me suis dit: "il me faut réapprendre à aimer". Et quand je m'y suis mis, cela m'a conduit à choisir entre l'Amérique et un poste de fonctionnaire, puis à renoncer au poste de chef de service à l'exportation, pour devenir simple bouquiniste. Et puis, encore, à n'aimer qu'une seule femme et lorsqu'elle m'a quitté (j'étais ruiné au trois-quarts), à demeurer célibataire - puisque j'avais osé affirmé: "Je n'ai qu'une parole"; et enfin : à prendre cette croix que m'a tendu Jésus, à la prendre tous les jours sans un jour de congé en 18 ans, pour assister mes parents - et je fus heureux ainsi.

Oui, je fais partie de ceux qui ont vu le règne de Dieu venir avec puissance - et je continue de prier et à offrir mes peines afin que son Règne vienne. Je n'attends pas la fin du monde, puisque le monde est déjà fini pour moi depuis longtemps. Ce que j'attends, c'est l'occasion que je recevrai encore, par pure grâce, de me donner encore...

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Tous les méfaits des langues trop pendues

Message non lu par boisvert » sam. 17 mai 2008, 11:51

Lettre de saint Jacques 3,1-10.

Mes frères, ne croyez pas avoir tous la mission d'enseigner : vous le savez bien, nous qui enseignons, nous serons jugés plus sévèrement.Car nous commettons tous beaucoup de fautes. Si quelqu'un ne commet pas de fautes en paroles, c'est un homme parfait, capable de mettre un frein à tous les instincts de son corps. En mettant un frein dans la bouche des chevaux pour qu'ils nous obéissent, nous dirigeons tout leur corps. Voyez aussi les navires : quelles que soient leur taille et la force des vents qui les poussent, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail au gré de celui qui tient la barre.
De même notre langue, qui est une si petite partie de notre corps : elle peut se vanter de faire de grandes choses. Voyez encore : une toute petite flamme peut mettre le feu à une grande forêt. La langue aussi est un feu, elle est le monde de la méchanceté ; cette langue est une partie de nous-mêmes, et c'est elle qui contamine le corps tout entier, elle met le feu à toute notre existence, un feu qu'elle tient de l'enfer. Les humains sont arrivés à dompter et à domestiquer toutes les espèces de bêtes et d'oiseaux, de reptiles et de poissons ; mais la langue, aucun homme n'est arrivé à la dompter, vraie peste, toujours en mouvement, remplie d'un venin mortel. Elle nous sert à bénir le Seigneur notre Père, elle nous sert aussi à maudire les hommes, eux qui ont été créés à l'image de Dieu. Bénédiction et malédiction sortent de la même bouche. Mes frères, il ne doit pas en être ainsi.

J'ai toujours aimé cette épître de Jacques à cause de la force de comparaison entre le petit gouvernail du grand navire et la langue qui, dit Jacques, notre langue peut se vanter de faire d'aussi grandes choses.

A la toute première lecture, j'avais trouvé que c'était un peu exagéré. D'autant qu'il ajoute: "Personne n'est arrivé à la dompter, vraie peste... remplie d'un venin mortel, etc." Mais ensuite, je me suis souvenu de certaines paroles d'encouragements et de promesses écrites d'assistance qui sont restées plusieurs fois "lettres mortes" de la part d'une personne proche dans ma famille. Je me suis adapté, j'ai privilégié l'esprit de famille et l'espérance de la solidarité qui reviendrait, mais voilà: désormais, à chaque fois que cette personne m'assure de son soutien... j'ai un réflexe de recul, je ne peux m'empêcher d'émettre un point d'interrogation - qui reste en suspens jusqu'à ce que la chose promise soit accomplie. En sorte que la relation de confiance, autrefois tellement sûre et réconfortante, reste toujours un peu tendue.

Pour le reste, tout le monde aura fait cette expérience, je crois, d'écouter ce qui se dit au seuil des églises à la sortie d'un office quelconque... On vient à peine de chanter la gloire de Dieu, de proclamer sa louange, d'écouter sa Parole, de partager le pain, et puis, d'un seul coup, cela "tire dans tous les sens": l'organiste ne sait pas jouer, l'officiant avale la moitié de ses mots... et ce n'est là que peu de choses car "on dit qu'il serait porté sur la boisson", etc. Difficile d'arrêter un ragot, une médisance ! Un jour, à la stupéfaction de ces paroissiens, le curé d'Ars était monté en haut du clocher de son église avec un vieil oreiller qu'il avait déchiré: les plumes avaient commencé de s'envoler partout et lui s'était écrier: "Allez, courrez, ramassez les toutes si vous le pouvez !" Et comme on lui demandait ce que cela signifiait, il avait répondu : "Voilà ce qu'il advient avec vos bavardages et vos médisances - cela n'a l'air de rien, mais lorsqu'il s'agit de rattraper et de corriger ses mauvais mots, c'est tout de suite trop tard !"

Méfions-nous, car il y a aussi des mots qui tuent. Je connais cette histoire affreuse d'un homme que l'on était venu arrêter chez lui en l'accusant d'avoir séduit une mineure d'âge. Son épouse, aussitôt, s'est dressée sur lui et a dit: "Jamais plus tu ne me verras, ni moi, ni les enfants !" Et la nuit suivante, avant même d'être inculpé, l'homme s'est pendu dans sa cellule... le vrai coupable fut arrêté cinq jours plus tard. Cette affreuse affaire s'est déroulée dans le village d'origine de mon père - à l'époque où tout le monde était "sur les dents" à propos de la fameuse affaire Dutroux...

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Du deuil à l'acceptation, de l'acceptation à l'apaisement

Message non lu par boisvert » sam. 17 mai 2008, 18:31

Jn 11 37 Mais certains d'entre eux disaient : « Lui qui a ouvert les yeux de l'aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? »

Eh bien non, les hommes étant si lents à croire en la puissance de la Parole, Jésus laissa mourir son ami Lazare, et Il en souffrit le deuil dans sa chair, en versant des larmes amères, au point que les proches s'exclamèrent : "Comme il l'aimait !" - mais c'était dans le but de leur révéler à tous que la résurrection n'est pas une chimère. Il dit fortement à Marthe: "Ne t'ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire de Dieu !". Et la gloire de Dieu étant la vie pour l'homme, il appela Lazare hors du tombeau...

J'ai découvert ce superbe et terrible texte de Victor Hugo. Un affreux malheur l'avait frappé: sa fille Léopoldine, au cours de son voyage de noces, avait entrepris avec son époux, une promenade en barque sur la Seine. Pourtant, sur le fleuve réputé tranquille, une vague avait néanmoins déferlé et englouti leur petite embarcation - les noyant tous les deux.

Hugo fut pris d'un remords puissant, car il était croyant et la nouvelle affreuse l'avait surpris tandis qu'il était en voyage... non pas avec son épouse légitime, mais avec sa maîtresse, Juliette Drouet. Peut-être y avait-il vu un signe céleste sur la précarité de sa renommée personnelle. Car il était déjà riche, célèbre, académicien et "pair de France". Mais cette gloire mondaine lui réserva le triste honneur d'apprendre la nouvelle non pas par un parent proche, mais par le journal, la "gazette de Paris" qui commençait à être distribuée dans tous les "relais de poste" de France.

Toujours est-il que se relevant du deuil devant la beauté de la nature, il avait écrit ces mots.... dans lesquels, je crois, beaucoup d'entre nous, qui ont perdu un être cher, pourront se retrouver:

Maintenant que Paris, ses pavés et ses marbres,
Et sa brume et ses toits sont bien loin de mes yeux ;
Maintenant que je suis sous les branches des arbres,
Et que je puis songer à la beauté des cieux ;

Maintenant que du deuil qui m'a fait l'âme obscure
Je sors, pâle et vainqueur,
Et que je sens la paix de la grande nature
Qui m'entre dans le cœur ;

Maintenant que je puis, assis au bord des ondes,
Emu par ce superbe et tranquille horizon,
Examiner en moi les vérités profondes
Et regarder les fleurs qui sont dans le gazon ;

Je viens à vous, Seigneur ! confessant que vous êtes
Bon, clément, indulgent et doux, ô Dieu vivant !
Je conviens que vous seul savez ce que vous faites,
Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent

Je dis que le tombeau qui sur les morts se ferme
Ouvre le firmament ;
Et que ce qu'ici-bas nous prenons pour le terme
Est le commencement ;

Aujourd'hui, moi qui fus faible comme une mère,
Je me courbe à vos pieds devant vos cieux ouverts.
Je me sens éclairé dans ma douleur amère
Par un meilleur regard jeté sur l'univers.

Seigneur, je reconnais que l'homme est en délire
S'il ose murmurer ;
Je cesse d'accuser, je cesse de maudire,
Mais laissez-moi pleurer !

Hélas ! laissez les pleurs couler de ma paupière,
Puisque vous avez fait les hommes pour cela !
Laissez-moi me pencher sur cette froide pierre
Et dire à mon enfant : Sens-tu que je suis là ?

Laissez-moi lui parler, incliné sur ses restes,
Le soir, quand tout se tait,
Comme si, dans sa nuit rouvrant ses yeux célestes,
Cet ange m'écoutait !

Hélas ! vers le passé tournant un œil d'envie,
Sans que rien ici-bas puisse m'en consoler,
Je regarde toujours ce moment de ma vie
Où je l'ai vue ouvrir son aile et s'envoler !

Je verrai cet instant jusqu'à ce que je meure,
L'instant, pleurs superflus !
Où je criai : L'enfant que j'avais tout à l'heure,
Quoi donc ! je ne l'ai plus !

Ne vous irritez pas que je sois de la sorte,
Ô mon Dieu ! cette plaie a si longtemps saigné !
L'angoisse dans mon âme est toujours la plus forte,
Et mon cœur est soumis, mais n'est pas résigné.

Ne vous irritez pas ! Fronts que le deuil réclame,
Mortels sujets aux pleurs,
Il nous est malaisé de retirer notre âme
De ces grandes douleurs.

Voyez-vous, nos enfants nous sont bien nécessaires,
Seigneur ; quand on a vu dans sa vie, un matin,
Au milieu des ennuis, des peines, des misères,
Et de l'ombre que fait sur nous notre destin,

Apparaître un enfant, tête chère et sacrée,
Petit être joyeux,
Si beau, qu'on a cru voir s'ouvrir à son entrée
Une porte des cieux ;

Quand on a vu, seize ans, de cet autre soi-même
Croître la grâce aimable et la douce raison,
Lorsqu'on a reconnu que cet enfant qu'on aime
Fait le jour dans notre âme et dans notre maison,

Que c'est la seule joie ici-bas qui persiste
De tout ce qu'on rêva,
Considérez que c'est une chose bien triste
De le voir qui s'en va !

(Extrait de "A Villequier, dans le recueil "Les Contemplations")

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La grâce du tournesol

Message non lu par boisvert » dim. 18 mai 2008, 17:41

Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean 3,16-18.

Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

C'est d'Amour qu'il s'agit, non de lois, de raisonnements, d'obligations, de droits, mais d'Amour - et d'Amour qui sauve. Je viens de lire le message de Léandre Lachance pour ce dimanche, qui me dit la même chose: : "Tu es à l'école de l'Amour. Je t'ai choisi/e; J'ai besoin de toi. Ce n'est pas ce que tu fais ou dis qui est important, mais bien l'Amour qui habite ton cœur" (Pensée 1A_15) Peu avant l'Eucharistie de ce matin, je lisais encore: "Pourquoi Dieu est-il toujours, à priori, associé à une pensée négative touchant à la mort ? C'est que dans notre chair même, dans notre instinct, dans notre ego, demeure inscrit ce qui est écrit dans l'Exode (33) : « Tu ne pourras pas voir mon visage, car on ne peut pas me voir sans mourir. »

Ainsi, il y aura toujours, jusqu'à notre dernière heure, une part de nous-même qui nous tirera en arrière et vers le bas. Cependant, celui qui croit échappe, dit Jésus, et cela suffit.

Par l'attention simple appliquée à la l'effort de croire, au désir de croire, je crois fermement que le principe de corruption, cette spirale descendante vers la mort, qui est en chacun de nous, est déjà déjà subtilement inversée et changée en spirale ascendante vers la Vie. C'est ce qu'enseigne également la parabole du grain tombé en terre: s'il ne meurt pas, il demeure seul; s'il meurt, il donne beaucoup de fruit. (Jn 12,24).

Non seulement je crois cela, mais je peux me le prouver facilement. Car aujourd'hui même, si je n'avais pas eu la foi, moi qui suis désormais pratiquement orphelin, qui vis une grande solitude, qui sens petit à petit durcir mes os et mes articulations, qui ne suis plus invité aux barbecues de printemps de mes anciens amis, comment aurais-je fait, sans la foi en Jésus, pour ne pas me laisser aller à boire le verre de bière qu'on m'a proposé dès dix heures du matin ?
Si je n'avais pas la foi en Jésus, j'aurais sans aucun doute écouté mon corps qui me disait de rester au lit après la sieste plutôt que d'écrire mon partage de ce jour; je n'aurais pas pris trois heures pour rendre visite à ma vielle maman, car la présence de personnes âgées m'eût trop rappelé ma propre finitude... etc.

Mais par la foi, j'ai la grâce. Et par la grâce, je suis tourné vers le seul Bien. Par la grâce, quand bien même mes pieds marcheraient d'eux-mêmes en arrière, je sais que je vais de l'avant car rien dans ma chair ne saurait résister à l'attrait de l'Amour.

C'est la grâce qui est faite au tournesol, cette fleur des champs qui est vouée à sécher, comme toutes les herbes des champs, mais quel que soit le moyen employé pour l'obliger à ne pas se tourner vers le soleil, tant qu'elle aura la vie en elle, elle cherchera à suivre le mouvement du soleil...

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Prier sans jamais douter

Message non lu par boisvert » lun. 19 mai 2008, 15:16

Psaume 18 - 15 Accueille les paroles de ma bouche, le murmure de mon coeur ; qu'ils parviennent devant toi, Seigneur, mon rocher, mon défenseur !

Evangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 9, 14-29)
17 Un homme dans la foule lui répondit : « Maître, je t'ai amené mon fils, il est possédé par un esprit qui le rend muet ; cet esprit s'empare de lui n'importe où, il le jette par terre, l'enfant écume, grince des dents et devient tout raide. J'ai demandé à tes disciples d'expulser cet esprit, mais ils n'ont pas réussi. »
Jésus leur dit : « Génération incroyante, combien de temps devrai-je rester auprès de vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ? Amenez-le auprès de moi. »
On l'amena auprès de lui. Dès qu'il vit Jésus, l'esprit secoua violemment l'enfant ; celui-ci tomba, il se roulait par terre en écumant.
Jésus interrogea le père : « Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? » Il répondit : « Depuis sa petite enfance. Et souvent il l'a même jeté dans le feu ou dans l'eau pour le faire périr. Mais si tu y peux quelque chose, viens à notre secours, par pitié pour nous ! » Jésus reprit : « Pourquoi dire : 'Si tu peux'... ? Tout est possible en faveur de celui qui croit. » Aussitôt le père de l'enfant s'écria : « Je crois ! Viens au secours de mon incroyance ! » Jésus, voyant que la foule s'attroupait, interpella vivement l'esprit mauvais : « Esprit qui rends muet et sourd, je te l'ordonne, sors de cet enfant et n'y rentre plus jamais ! » L'esprit poussa des cris, secoua violemment l'enfant et sortit. L'enfant devint comme un cadavre, de sorte que tout le monde disait : « Il est mort. » Mais Jésus, lui saisissant la main, le releva, et il se mit debout. Quand Jésus fut rentré à la maison, seul avec ses disciples, ils l'interrogeaient en particulier : « Pourquoi est-ce que nous, nous n'avons pas pu l'expulser ? » Jésus leur répondit : « Rien ne peut faire sortir cette espèce-là, sauf la prière.


J'ai trouvé qu’au verset 15 du Psaume correspond tout à fait la réponse du père du possédé. Jésus, comme souvent, tend lui-même une main secourable pour élever la foi de ceux et celles qui viennent chercher la guérison auprès de lui. C'est ainsi qu'il rétorque à ce malheureux père: « Pourquoi dire : 'Si tu peux'... ? Tout est possible en faveur de celui qui croit. »

Et - aussitôt - comme le précise le texte, le père de l'enfant malade jette cette réponse à la fois étonnante et remarquable par son humilité: "Oui, je crois, mais je sais que ma foi est encore insuffisante !" C'est en ceci qu'il rejoint le Psalmiste - qui non seulement prie, mais prie aussi afin que les mots de sa prière parviennent devant Dieu.

Alors que le reste de ce récit demeure encore un peu obscur à mes yeux, il n'en est pas moins clair que Jésus conclut avec ses disciples sur l'importance de la prière assidue et constante, en leur déclarant : "Rien ne peut faire sortir cette espèce-là, sauf la prière." (Ce que je traduis : « La prière vient à bout de tout ») N'est-ce pas, d'ailleurs, la raison pour laquelle il s'était plaint de cette "génération incrédule" ? Car ils prient davantage pour paraître devant les autres dans les synagogues qu'en croyant que Dieu les écoute.

Il ne faut donc prier sans jamais douter. A ce propos, je voudrais donner un témoignage. Lorsqu’il m’est arrivé le 1er janvier 2004, de me casser un orteil en descendant un escalier, j’ai trouvé ce coup de malchance tellement injuste… qu’en définitive, je me suis dit : « Le Seigneur sait certainement en quoi cela sera utile, mais moi je ne dois pas me troubler ». Et pendant un mois, incapable de monter un escalier, j’ai dû occuper le lit du rez-de-chaussée… que je venais d’installer pour les parents. Or, c’est durant cette « retraite forcée » que, privé de toute distraction, je me suis plongé dans l’étude de la théologie de la Miséricorde – qui m’a conduit à être délivré de ma tabagie, et qui me porte encore aujourd’hui.

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