Trinité a écrit : ↑ven. 14 août 2020, 13:11
Ce problème a été largement débattu sur autre fil.
En ce qui me concerne,je trouve l'Eglise responsable de n'avoir pas diffusé ces cas de pédophilie, lorsqu'ils ont été avoué en confession.
D'autre part.
Il était si simple au confesseur de n'accorder l'absolution, que dans le cadre d'une dénonciation à la justice de leurs méfaits par les concernés.
On ne saura jamais bien-sûr, si cela a été fait.
Bonjour Trinité,
Oui, j’ai vu passer » ce ou ces fils il y a plusieurs mois.
Le problème de ces fils, qui font déjà des dizaines voire des centaines de pages, c’est de n’y pas répéter ce qui y a déjà été dit avant qu’on les découvre. Cela oblige à les lire, et je n’en ai pas le courage. C’est en tout cas ma démarche, de m’obliger à lire quasiment tout l’historique ou un bon bout (au moins ce qui concerne les intervenants du moment) avant d’intervenir (je ne reproche rien à ceux qui ne l’ont pas, mais me concernant je le vois comme un devoir de délicatesse, ainsi que de lire toutes les réponses quand j’interviens et de répondre quand c’est attendu de façon même supposée…) sans compter qu’au moment où on les découvre le sujet est peut-être hors du périmètre de ce qu’on voudrait en dire…
Si on veut rester dans le cadre annoncé par ce fil-ci, il est inévitable que des sujets se recoupent et débordent, il faudrait y ajouter la question des séquelles et de la réparation, ce qui serait l’enrichir.
Je rappelle que ma démarche ici était de répondre à une objection dangereuse et spécieuse et aux conséquences dramatiques, malheureusement typique d’une certaine école de pensée chrétienne, comme quoi les cas relevant de minorités ne méritaient pas d’être traités avec justice et miséricorde et intégrés au corpus doctrinal.
J’ai pour cela cité 2 autres exemples en rapport avec l’actualité (qui a le mérite de rendre momentanément les gens plus « sensibilisés » et moins indifférents, plus objectifs…) à savoir les victimes d’un avortement et ceux de prêtres pédophiles. Je me suis donc contenté d’exemples touchant au sujet du fil, et sachant que celui en question était sinon ici et avant - celui que vous aviez évoqué de ceux qui se marient avec la mauvaise personne sous l’aspect d’une intimité sexuelle épanouissante et réussie.
Ce sujet en lui-même (tel que formulé par l’objection en question) ne ferait pas fortune s’il était celui d’un fil dédié, pourtant il est très important pour comprendre l’histoire contemporaine de l’Eglise car cette objection appartient au courant traditionnaliste et explique en partie la critique faite par lui de Vatican II alors que ce devrait être le contraire qui serait justifié (mais comment se critiquer soi-même sinon en changeant ?). Parce que tous les nouveaux cas sont des cas d’abord minoritaires en tant que représentatifs et signalés, mais si on abat tout le poids d’hypocrisie latente, on risque de trouver une autre réalité ! et que cela a obligé l’Eglise à évoluer. Il est dommage qu’il ne soit abordé qu’en passant…
Du coup, le sujet a dévié vers celui des prêtres pédophiles, parce qu’il est plus dramatique. Etant donné que vous le resituez, permettez-moi de donner mon avis une bonne fois sur la question, et qui pourrait en concerner d’autres.
J’ai toujours cette autre démarche qui consiste à prendre ce qui fait sujet pour l’autre immédiatement.
Je suis ok avec votre premier point (il devrait aussi être diffusé/affiché les coordonnées des confesseurs des prêtres, ou mieux d’un interlocuteur dédié de proximité (un laïc formé à l’écoute), pour aider les victimes à se déclarer, et favoriser la mise à jour de la vérité), moins avec le second qui soumet l’aspect religieux à celui civil.
Toutefois, il est clair que sans l’intervention de la justice civile, l’Eglise n’aurait pas remplie sa mission (il y a là un puits de honte insondable qui mériterait d’être encore plus exploré, car il n’est pas encore récuré, loin de là !) et en cela on peut dire merci à l’état laïc.
Je vous explique ma réticence (ce que vous dites est me semble-t-il aujourd’hui ce qui leur est demandé !) :
- la justice civile applique des protocoles d’instruction souvent traumatisants pour les victimes et les confie (dans les premiers contacts de proximité notamment) à des intervenants peu ou non formés. Cela risque et peut ajouter de nouveaux traumatismes. L’Eglise devrait pouvoir pallier à cela plus facilement si elle voulait s‘en donner la peine.
Le battage médiatique n’est pas propice à une reconstruction/réparation
Les sanctions ne sont souvent pas adaptées au mal ni à sa guérison. L’Eglise devrait pouvoir s’appuyer sur sa légitimité et la situation particulière du prédateur et sa foi, de la victime aussi qui est en général catholique, pour faire mieux et mettre en œuvre et suivre un parcours « à la carte ».
Lequel parcours devra plus prendre en compte les besoins de la victime : la loi ne leur accorde qu’une somme d’argent, voire le remboursement de séances thérapeutiques, puis l’oubli.
L’Eglise ne saurait s’en remettre à la justice civile pour traiter le cas en ce qu’il est un péché. Or quand la justice s’en mêle, elle s‘en dédouane en grande partie. De tels péchés ne sauraient se régler par une simple absolution et sa pénitence, ils exigent de rencontrer la victime et de la soutenir, de lui expliquer le mal qu’elle a subi, de tenir compte de son ressenti et de ses attentes pour une réparation, de l’aider à pardonner, etc.
C’est la priorité.
Il peut y avoir des raisons de ne pas faire intervenir la loi civile, celles évoquées par Jésus lui-même quand il nous conseille de régler nos litiges entre nous sans la faire intervenir – et c’est souvent le conseil des avocats eux-mêmes s’ils ne sont pas vénaux : je parle en général, car dans les cas graves la question ne se pose même pas.
C’est bien sûr un cas grave, mais le plus grave ici en est la suite. Si on la confie aux lois civiles, elle va « oublier » et noyer la question spirituelle, il va y avoir une perte de crédibilité énorme quand au catéchisme enseigné : à quoi sert-il de donner des lois Divines très exigeantes et prioritaires qui parfois contredisent les lois civiles, si on confie au pouvoir civil le droit de jugement et de sanction, la possibilité aussi de « libération » !
Quand l’Eglise découvre un cas, elle le fait dans le cadre de son ministère et le traitement de ce cas en relève bien. Si la victime veut porter plainte (ou ses parents), après qu’elle aura été sollicitée et écoutée, alors il y aura intervention de la justice civile, mais pas avant ! (Et le travail des tribunaux n’annulera pas la démarche d’Eglise qui pourra même et au contraire le faciliter). Ou alors si elle refuse de reconnaître ou de parler de ce qu’elle a subi, semble avoir à l’égard de ce qui lui est arrivé un autre comportement déviant que ce déni (de fuite, d’agressivité sans suite, ou autre……) Que sait-on de sa vie jusque-là avant (inceste ? Tout est possible…) et qui peut expliquer bien des réactions étranges ?
Il faut toujours prévoir les pires scénarios possibles pour savoir y répondre, mais tout en espérant le meilleur…
Donnons à notre foi et à notre peuple de baptisés, le droit de s’exprimer en toute autonomie et liberté !
Si la confession ne doit servir qu’à une chose, c’est à la sainteté. Si quand un péché est grave (et même toujours), elle ne va pas au bout de la démarche de réparation/restauration qui inclut le tort fait à la victime (en tenant compte de qui elle est, de son ressenti, etc.), l’Eglise n’a pas rempli sa mission.
Dans un cas grave comme celui-là, la rencontre ultérieure de la victime ne peut être confiée au seul pénitent. Peut-être pas au confesseur, là encore il devrait y avoir des intervenants formés pour tenir ce rôle et ceci sous le secret de confession.
Je n’exclus pas qu’une victime puisse devenir le meilleur soutien d’un prédateur pour l’aider dans son ferme propos…
Il n’y aura tout de même pas tant de cas que cela puisse être impossible à mettre en œuvre !
Avant d’être « un crime », c’est un péché grave ! Je préfère le dire ainsi que d’entendre : « c’est non seulement un péché, mais un crime… »
(Cherchez l’hypocrisie ! C’est fondamental, il y va de la crédibilité de l’existence de l’Eglise et de ses sacrements. )
Voilà les bases du protocole que j’attends et à l’égard duquel je ne vois nulle trace de quoi que ce soit… Désolé si ce fut un peu long à exposer… Ce n’est pourtant que du bon sens.
Derrière l’horreur soulevée par les confidences du père Preynat, il faut être conscient qu’il représente un cas rare pour 2 raisons :
Il a avoué sans qu’il y ait eu de preuves flagrantes
Il n’a plus recommencé depuis et a tenu parole pendant des années
Vue sous ces 2 angles, l’horreur peut être pire ! Il ne semble pas non plus avoir été violent, et il semble (aussi outrageant ou scandaleux que cela soit) avoir une certaine empathie pour ses victimes (comme s’ils lui apportaient une sorte de solidarité à l’égard de celle qu’il a lui-même été). Il a semble-t-il mais ce serait à confirmer, joué un peu sur la compassion, le chantage à l’affectif, tout en utilisant son autorité.
Ce qui est anormal, c’est le temps que cela a prit pour que la vérité soit établie et qu’il soit mis hors d’état de nuire, à partir du moment où cela s’est su.
(En revanche, il semble que l'Eglise aussi bien que lui-même aient fait du bon boulot : il n'y a pas eu de rechute ; c'est rare et à remarquer. Ce en quoi elle/il a échoué, c'est dans la prise en charge des victimes...)
Ce qui ne l’est pas, hélas, anormal dans un cas pareil (au sens statistique ou logique), c’est le nombre de victimes qu’il a pu faire : il y en a sans doute et encore aujourd’hui qui ne s‘en souviennent même pas et qui ne savent pas d’où leur vient une souffrance qu’ils ne doivent même plus ressentir et qui se manifeste par divers symptômes ennuyeux ou sévères. Ce n'est pourtant pas une excuse, au contraire... !