Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par invité1 » dim. 10 mai 2020, 23:34

Le Père Zanotti Sorkine sait que s'il s’aventurait sur le terrain miné de l'homosexualité et rappellerait l'enseignement de l’Église à ce sujet, c'en serait fini de lui médiatiquement parlant.

Le problème est que si tous les prêtres se taisent, la vérité disparaît.

Gaudens
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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Gaudens » lun. 11 mai 2020, 11:17

Cher invité 1:reste à savoir s'il n'a jamais rappelé l'enseignement de l'Eglise à ce sujet dans l'un ou l'autre de ses nombreux sermons ou enseignements publics ou semi-publics.Une vidéo ne représente évidemment pas tout son enseignement et l'isoler de tout le reste pour attaquer le P.Z-S est peut-être une tactique pure et simple.Ce prêtre hors norme qui a réveillé l'Eglise de Marseille d'une façon providentielle en gêne plus d'un dans le monde clérical et sans doute de tous les côtés.

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Foxy
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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Foxy » lun. 11 mai 2020, 13:53

Gaudens a écrit :
lun. 11 mai 2020, 11:17
Cher invité 1:reste à savoir s'il n'a jamais rappelé l'enseignement de l'Eglise à ce sujet dans l'un ou l'autre de ses nombreux sermons ou enseignements publics ou semi-publics.Une vidéo ne représente évidemment pas tout son enseignement et l'isoler de tout le reste pour attaquer le P.Z-S est peut-être une tactique pure et simple.Ce prêtre hors norme qui a réveillé l'Eglise de Marseille d'une façon providentielle en gêne plus d'un dans le monde clérical et sans doute de tous les côtés.
Vous avez raison Gaudens, le Père Zanotti a écrit un livre : "Au diable la tiédeur"

Voici un extrait du Figaro :
LE FIGARO. - Vous dénoncez la tiédeur de l'Église. Pourtant évêques et prêtres montent au front contre le projet de loi sur le mariage homosexuel?

ZANOTTI. - Ce n'est pas la tiédeur de l'Église que je vise, Dieu m'en garde! Le pape est brûlant et avec lui bien des serviteurs de l'Évangile. Ce que je dénonce, c'est le risque pour les prêtres (et ce risque, je le sens poindre en moi) de mener une vie pastorale entièrement tournée vers des communautés plus ou moins mourantes, sans être tourmentés par la brebis perdue, que dis-je, par les troupeaux entiers de brebis et d'agneaux qui à l'heure présente s'éloignent de plus en plus du bercail de l'Église et mettent en péril, je le crois, jusqu'à leur bonheur le plus temporel. Le monde a besoin de la présence quotidienne du prêtre. Il faut qu'on le voie dans les rues, qu'on le reconnaisse, qu'on entende sa voix dans les bars et dans les magasins, qu'il prenne sans complexe sa place de guide et de père ; il n'est pas un homme de structures, il est un apôtre, ne l'oublions pas, et le repli, c'est le fruit de la tiédeur! Quant aux évêques qui prennent position sur les lois qui se préparent, ils ne font que leur devoir!

Ces prises de position ne manquent-elles pas de charité envers les personnes homosexuelles?

Le discours des évêques est toujours très respectueux et très prudent. Cependant, il est fort possible que leur délicatesse ne soit pas reçue et que leur point de vue crée des ravins plus que des ponts. Ils n'y seront pour rien. Néanmoins, il me semble qu'il serait bon que les évêques et les prêtres, tout en défendant le mariage - le plan initial de Dieu mis en œuvre par une société qui a suivi pendant des siècles le bon sens (au sens fort) de la loi naturelle - rappellent aussi que ceux qui empruntent d'autres voies - parce qu'ils ne l'ont pas choisi et qu'ils ne peuvent pas faire autrement - sont infiniment aimés de Dieu. Leur créateur et Père a un projet pour chacun d'eux!

Vous voulez parler de ceux qui sont attirés par les personnes de leur sexe?

Ces personnes, qui portent en elles le désir de «l'amitié de similitude», terme qu'employaient les grecs et que je préfère à celui d'homosexualité, sont des enfants de Dieu et ne sont pas laissées en bord de route. Elles ne sont pas condamnées non plus à ne pas aimer. Leurs vies, en toutes leurs composantes, peuvent être réussies, surtout dans la mesure où leurs cœurs se tourneraient vers Jésus et Marie qui les aiment comme ils aiment tous les hommes de la terre, sans faire de différence aucune, s'adaptant à leur être sans doute plus que nous, rêvant de les guider sur un chemin juste et beau. Voilà ce que je crois que nous devrions dire avant toute autre considération, nous qui, normalement, à cause du Christ, estimons chaque personne au-delà de ses caractéristiques particulières. Si tous les hommes se regardaient entre eux avec le regard profond du Christ, personne ne se sentirait exclu, floué dans ses droits, et chacun serait heureux de la place qu'il occupe sans rêver d'en occuper une autre qui, en l'occurrence, ne lui va pas. Mais dans ce débat, ce qui me révolte aussi c'est de voir les êtres se définir ou être définis en fonction d'une tendance, fût-elle déterminante! A bas les groupes, à bas les chapelles! Vive les hommes qui se ressemblent beaucoup plus qu'on ne le croit!
https://www.lefigaro.fr/livres/2012/10/ ... s-mots.php
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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par nicolas-p » lun. 11 mai 2020, 17:19

je suis partagé.

je connais un peu le Père Zanotti, car il m'a suivi à Marseille étudiant et c'est lui qui m'a marié en 2001, baptisé une de mes filles...

je l'ai donc côtoyé quelques années au début de son ministère de prêtre.

il est effectivement très charismatique, ses messes extraordinaires et jamais je ne l'ai entendue sortir de l'enseignement de la Sainte Eglise Catholique.

il est réellement empreint d'un amour et dévouement pour les autres. il est quelque part assez extraordinaire.

certes depuis mon départ de Marseille, je suis de loin son parcours maintenant.

ce qui me gène un peu est sa médiatisation à outrance. cela dénote d'un curé d'Ars ou Saint Padre Pio plus enclins à la retenue, à la vie cachée et pourtant le Père Zanotti est d'une trempe comparable!

est ce un signe pour notre temps? en fait il trop? : bien difficile de répondre, seul lui même le sait.

il est atypique et c'est sûr, ne s'est sûrement pas fait que des amis dans le clergé, car son charisme a dû occulter bien des confrères ... qui ont dû se sentir un peu délaissés...

le phénomène de "gourou" est aussi possible car finalement certains catholique ne venaient à la messe que pour lui! il était tellement flamboyant, impétueux, dynamique! présent pour tous!

peut être que devant une ferveur trop "importante" et trop "tournée" vers lui" sa hiérarchie a eu peur que certains l'adulent au point d'oublier le Christ pour lui!

c'est toujours un risque avec de telles personnalités.

l'Abbé Pages assez "rigide" à mon sens va un peu loin en l'accusant à demi mots par média interposées. il devrait avoir un peu plus de réserve face à son confrère et le corriger directement et en face si cela est mérité.

cela me trouble un peu cette façon de faire pas très charitable et créant finalement plus de confusion que de vérité.

sur la question homosexuelle l 'église dit bien que:

Sur l’acte (et non la tendance) : (n°2357) il dit: « S’appuyant sur la Sainte Écriture (cf. Genèse 19, 1-29 ; Romains 1, 24-27 ; 1 Corinthiens 6, 10 ; 1 Timothée 1, 10), "les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés" » car ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle. La différence des sexes est voulue par Dieu qui nous a fait homme et femme à son image. Le refus de cette différence et complémentarité des sexes, c’est (consciemment ou non) le rejet de ce que Dieu a souhaité pour nous.

Il n’est pas possible de déclarer comme le voudraient certains « bon, normal » un acte homosexuel. Ce n’est pas une volonté de blesser, C’est être honnête que de le dire.

Il reste cependant fondamental de distinguer l’attirance et l’activité. L’attirance homosexuelle n’est ni bonne ni mauvaise en soi et personne ne doit se culpabiliser d’une tendance dont il n’est pas responsable. L’activité, en revanche, met en jeu notre liberté et responsabilité. Ce qui est condamné par l’église est bien la pratique, c'est-à-dire les rapports sexuels entre individus du même sexe, et non pas l'homophilie, le fait d’aimer.

je pense que le Père Zanotti joue sur ce registre et que je sache, Jésus fréquentait les prostituées, femme adultère etc... non pas bien sûr pour les complaire dans leur péché, mais les aimer et les ramener vers Dieu.

il est parfaitement possible qu'en "privé il dise directement et sans détour à ces personnes quel chemin elles prennent et là où cela les conduira si elles ne changent pas.

peut être a t'il aussi un peu de complaisance de part son passé (ancien chanteur de cabaret donc très au contact de la communauté LGBT qu'il a du fréquentée par son métier et probablement noué des amitiés avec certains)

il a toujours été très droit et humain et pieux dans ce que j'ai pu connaitre de lui.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Cinci » lun. 11 mai 2020, 18:03

Bonjour,

Merci bien pour l'extrait du Figaro !

Et, après l'avoir lu grâce à vous, il ressortirait de cette page, selon moi, que le père Zanotti peut nous tenir un discours mi-chair mi-poisson. Il y a là comme un problème "quand même".

D'une part, il paraît bien adhérer à l'idée que des évêques feraient bien de dénoncer le mariage homosexuel ou de rappeler la doctrine de l'Église. Et la société des siècles passées avoir bien fait d'agir comme elle agissait, et que la loi naturelle est tout. Et donc il y aurait bien anomalie, désordre, un mal, du péché. D'autre part, il continue ensuite, nous soutenant pour finir qu'il ne devrait pas y avoir de distinction à faire entre le mode de vie homosexuelle et le mode de vie des autres. Il suggère réellement qu'un homosexuel n'aurait pas du tout à faire pénitence, ni à changer quoi que ce soit à son mode de vie particulier. Jésus et sa sainte mère l'aimeraient comme il est, c'est à dire sans la moindre nécessité de conversion, et soit, ici, sans avoir à reconnaître pour commencer que l'homosexualité elle-même serait une tare, un des aspects de cette chair qui combat contre l'esprit , qui ne peut même pas se soumettre à Dieu, une rebellion contre le plan de Dieu pour ses enfants, etc. Le père Zanotti semble bien dire que ce serait plutôt à nous, les catholiques, de nous adapter à la "caractéristique" du mode d'être homosexuel.

Son discours est mi-chair mi poisson, mais en ce qu'il ne condamne pas bien sûr la hiérarchie de l'Église, ni la défense que des évêques feraient du mariage traditionnel. Et il ne prétendrait pas s'élever lui-même contre la fameuse loi naturelle de la scolastique, Thomas d'Aquin et cie. Il nous donnerait ici comme des gages de son orthodoxie. Pourtant ? Il s'élève en pratique à l'encontre de ce que seront les conclusions normales et ordinaires de tout ce dont il viendra de dire qu'il accepterait en premier soit la loi naturelle, la doctrine ancienne de l'Église, etc.

C'est un peu ce que d'autres pourraient appeler "faire le grand écart" ou pratiquer une sorte de gymnastique assez particulière.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par invité1 » lun. 11 mai 2020, 23:10

Gaudens a écrit :
lun. 11 mai 2020, 11:17
Une vidéo ne représente évidemment pas tout son enseignement et l'isoler de tout le reste pour attaquer le P.Z-S est peut-être une tactique pure et simple. Ce prêtre hors norme qui a réveillé l’Église de Marseille d'une façon providentielle en gêne plus d'un dans le monde clérical et sans doute de tous les côtés.
Je n’attaque pas le père Zanotti-Sorkine, que je trouve sympathique et souvent inspiré, même s'il est théâtral.

Je parle uniquement des vidéos qu'il diffuse sur sa chaîne Youtube, pas de ses autres œuvres, écrits ou sermons.

Et je constate, comme d’autres, que dans ses courtes vidéos de "vulgarisation" sous forme de questions/réponses, il ne rappelle pas la position de l’Église sur l’homosexualité, et parfois édulcore passablement l’enseignement de l’Église sur d’autres thèmes également.

L'abbé Pagès (à qui le père Zanotti-Sorkine devrait dispenser des cours de comédie pour lui faire perdre sa rigidité et son phrasé robotique), n’hésite jamais à rappeler avec exactitude, clarté et fermeté, la position de l’Église, si déplaisantes fussent-elles à entendre.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par nicolas-p » mar. 12 mai 2020, 7:29

Internet n'est pas forcément le meilleur vecteur.
L'abbé pages s'adresse plus à des catholiques ancrés déjà dans la foi ou la théologie. Il en rebute plus d'un et pas très attirant pour un non catholique .

Le père zanotti c'est plus du "superficiel " pour des personnes loin de l'église. C'est plus un premier pas pour éveiller leur curiosité.

Donc des rôles différents pour des personnalités différentes

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Gaudens » mer. 13 mai 2020, 11:58

Assez d'accord avec vos deux premières phrases,Nicolas P, encore que...A qui s'adresse le P.Pagès? Je dirais plutôt à des catholiques "idéologiques" si vous voyez ce que je veux dire...Mais traiter le P.Z-S de "superficiel" ,répondant à une curiosité de néophytes pas très au courant, c'est sans doute aller bien vite ! Mais bon,chacun son appréciation, d'autant que je connais bien peu ledit prêtre.Bonne journée.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Léon » mer. 13 mai 2020, 12:06

Le père Zanotti-Sorkine n'est pas "superficiel", il est simple...Et profond, avec cette sensibilité bien à lui.
Il va droit au but, sans détours.
C'est sûr qu'il peut sembler loin des grands savants, des grands théoriciens malades et froids, même titrés comme des "théologiens"...
A tout intellectualiser à outrance sans le vivre, on perd la vitalité de l’Évangile et de la vie chrétienne authentique.
Et là, en fait on reste dans une religion cérébrale, morte à mon avis, au lieu d'une religion du cœur bien vivante.
L'intelligence de la foi bien reçue, est davantage à travailler et vivre avec le cœur qu'avec la tête...
C'est ainsi que je reçois les Béatitudes évangéliques et tout l’Évangile de Vie, pour des cœurs vivants et enflammés d'amour autant que possible.
Sans cela, on passe à côté de l'essentiel à vivre et à partager: quel dommage et quel gaspillage.
Chacun peut faire ce qu'il veut, mais bon je laisse à d'autres ce jeu de tricoter des raisonnements hasardeux, pour ne pas dire faux et abusifs.
Tout à Jésus par Marie,
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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Cinci » mer. 13 mai 2020, 13:14

Et l'autre volet de la critique de l'abbé Pagès ...


https://www.youtube.com/watch?v=RKPgF03uQ_Y

Le salut facile pour tous ?

et

L'abbé en profitera pour nous ressortir une citation de Grégoire XVI de Mirari vos
L'indifférentisme est cette funeste opinion répandue partout par la fourbe des méchants, selon laquelle on pourrait, par une profession de foi quelconque, obtenir le salut de l'âme, pourvu que l'on ait des moeurs conformes à la justice et à la probité. L'apôtre nous a pourtant avertis : "il n'y a qu'un Dieu, qu'une foi, qu'un baptême" (Ep 4,5) Qu'ils tremblent donc ceux qui s'imaginent que toute religion conduit par une voie facile au port de félicité ! [...]

- voir vers la 16e minute



C'est pourtant vrai que l'idée que dénonçait jadis Grégoire XVI est devenue une idée-force et extraordinairement répandue partout dans notre société occidentale et libérale actuelle. Et tout le monde (ou presque) semble prêt à croire que le moindre "humanitaire" athée (même athée; a fortiori un "spirituel" ou amateur d'une religiosité de son choix) pourra bénéficier d'un accès direct au ciel mais de ce qu'ayant pu être une personne tellement éprise de justice.

En revenir au père Zanotti ...

Je me rappelle que le père Zanotti avait produit un texte à la mémoire des victimes de l'attentat criminel contre Charlie Hebdo, et allant même jusqu'à pouvoir faire de ces gars désormais défunts de Charlie le portrait d'autant de saints intercesseurs et susceptibles de nous aider, nous autres, les catholiques (en particulier les catholiques, j'imagine), à devenir des individus plus tolérants, etc. Le père Zanotti prendrait-il comme une chose acquise que Cabu serait déjà dans la vision béatifique, Wolinski et les autres ? A la limite se raccrocherait-on à l'idée que son texte n'aurait jamais eu valeur doctrinale sans doute et qu'il serait bien plutôt une sorte de fiction littéraire ayant juste pour but de lui permettre d'exprimer ses idées de pacifismes, de respect humain, d'amour d'autrui. Ce n'est pas sûr. En lisant son texte à Charlie, d'une manière ou d'une autre : on en retiendrait par-dessus tout l'idée que Dieu serait trop bon pour que l'enfer puisse jamais être une réalité pour personne.

Mais ce que dit le père Zanotti dans le document exploité plus haut, pour cette "correction de copie" par le père Pagès tendrait vraiment à accréditer l'idée que, lui, le père Zanotti, n'arrive pas à croire à ce mystère de la foi catholique.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Cinci » mer. 13 mai 2020, 13:27

Ici on aurait le texte de la lettre à Charlie

https://site-catholique.fr/index.php?po ... ti-Sorkine

Aujourd’hui, préoccupé par plus haut, maintenant que la vie n’est plus un mystère pour vous puisque vous connaissez la vérité tout entière (et Dieu sait si cette connaissance doit désormais susciter en vous non plus votre humour mais votre joie), je viens vous demander un petit coup de main pour la France. Ne me le refusez pas.

Amis, auriez-vous la gentillesse de dire un mot au créateur du monde afin qu’il continue de juger avec indulgence ses enfants d’en bas qui le rejettent ou qui prétendent le défendre en tuant leurs semblables ? Faites cela pour nous, je vous en supplie
ou
Un dernier point qui me tient à cœur : si vous croisiez au Ciel les trois petits enfants qui, lors de l’affaire Merah, ont été assassinés sauvagement, embrassez-les pour moi, et partagez avec eux la gloire qui est la vôtre aujourd’hui.
Le ciel, la gloire ... Ce sont des expressions traditionnelles que l'on réserve aux élus de Dieu, aux saints. Aussi, du simple fait de mourir, la gloire serait-elle désormais réservée à tous ? Ce serait très étrange quand même de vouloir soutenir cela, en tant que catholique et en tant que prêtre en même temps.

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Pathos » mer. 13 mai 2020, 13:48

Je pose la question : lors de la chanson est ce que Me Lapix et sa compère son réellement emballées ou se marrent intérieurement ?

En tout cas sieurCohen (celui qui décrète qui sont les cerveaux malades) a une moue bien méprisante (il mange sans adresser un mot au curé) ...

https://www.youtube.com/watch?v=veoxFBw_ZFA

Moi je dis Prudence ! prudence..
Une nation n'est pas ce qu'elle pense d'elle même dans le temps mais ce que Dieu pense sur elle dans l'éternité. Soloviev

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par nicolas-p » mer. 13 mai 2020, 13:52

Léon a écrit :
mer. 13 mai 2020, 12:06
Le père Zanotti-Sorkine n'est pas "superficiel", il est simple...Et profond, avec cette sensibilité bien à lui.
Il va droit au but, sans détours.
C'est sûr qu'il peut sembler loin des grands savants, des grands théoriciens malades et froids, même titrés comme des "théologiens"...
A tout intellectualiser à outrance sans le vivre, on perd la vitalité de l’Évangile et de la vie chrétienne authentique.
Et là, en fait on reste dans une religion cérébrale, morte à mon avis, au lieu d'une religion du cœur bien vivante.
L'intelligence de la foi bien reçue, est davantage à travailler et vivre avec le cœur qu'avec la tête...
C'est ainsi que je reçois les Béatitudes évangéliques et tout l’Évangile de Vie, pour des cœurs vivants et enflammés d'amour autant que possible.
Sans cela, on passe à côté de l'essentiel à vivre et à partager: quel dommage et quel gaspillage.
Chacun peut faire ce qu'il veut, mais bon je laisse à d'autres ce jeu de tricoter des raisonnements hasardeux, pour ne pas dire faux et abusifs.
je me suis mal exprimé:

je ne dis pas que lui est superficiel: pour l'avoir côtoyé pendant des années, non, loin de moi cette idée.

je voulais dire qu'il s'adresse de manière plus "simple" à des gens souvent assez éloignés de l'Eglise (théologie plus simple) que l'abbé Pagès

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Cinci » mar. 19 mai 2020, 21:45

Cela étant dit ...


https://www.youtube.com/watch?v=VRaBX-Iflko

L'entretien du père Zanotti accordé à des prêtres lors de sa visite à Montréal il y a deux ans. Il s'étend généreusement sur son parcours. Il explique son approche comme prêtre.

Parce que si j'ai fait valoir la critique du père Pagès plus haut, on va s'imaginer que j'aimerais chercher mesquinement des puces à notre homme de Dieu. Je redis qu'il est excellent comme prêtre. Que c'est toujours un plaisir de l'entendre. Les points doctrinaux "discutables" ne sont pas à nier, mais c'est sûr aussi que l'on ne peut pas réduire toute la vie d'une personne ni tout son engagement qu'à un seul couac ou deux.

:)

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Re: Un prêtre extraordinaire : le père Zanotti-Sorkine

Message non lu par Cinci » sam. 23 mai 2020, 1:11

Bonjour,

Je veux revenir sur un point qui me semble tout de même important. C'est à propos de la mort (sujet joyeux comme vous le savez)

Dans un vidéo, - je ne me souviens plus lequel (peut-être l'entretien accordé à des prêtres à Montréal en 2018) mais si j'oublie le lieu je suis sûr du mot du père Zanotti en revanche -, ce dernier faisait remarquer que la mort n'était rien du tout. Il comparait la chose à la venue du sommeil. Une seconde avant de s'endormir on est encore en état de veille, une seconde après on a déjà plongé dans le sommeil. Sauf qu'il nous est impossible de déterminer à quel moment l'on passe de la veille au sommeil. Dans son analogie, tout ce que le sujet pourra savoir : il réalise un moment donné qu'il se trouve dans l'autre état ("Tiens, j'aurais franchi le seuil. Et ce n'est que ça !") mais pour s'y découvrir aussitôt vivant en compagnie de Jésus et tout va très bien. En un mot : le père Zanotti dit de ne pas s'en faire avec la mort. Pas de quoi s'énerver. Ce n'est rien du tout.

Aussi, sans penser le moindrement au discours du père Zanotti, je lisais ce matin une petite tranche du livre de Vittorio Messori intitulé Le pari sur la mort. L'espérance chrétienne : réalité ou illusion ? .

Voici ce que je lisais :
" ... Ludwig Feuerbach, le philosophe allemand qui, par tant d'aspects, fut un maître pour son compatriote Marx, se berçait de l'illusion que, lui aussi, il réduirait l'inévitable "accident" en en niant l'existence même : "La mort est un fantasme, une chimère, un néant - s'évertuait-il à répéter. Sa réalité était imaginaire, elle ne naît que de nos idées. "

C'est ce que disait déjà Épicure, l'ancien philosophe à l'origine de la ligne culturelle qui aboutira à Feuerbach et à Marx. "Que nous importe la mort ? ", se demande Épicure dans un passage de ses écrits. "La mort n'existe pas. Quand nous sommes là, elle n'y est point. Et quand elle se trouve là, nous, nous n'y sommes pas."

Le calembour d'Épicure jouant sur les mots est apparemment aussi brillant qu'il est creux à la réflexion, et s'avère illusoire mis à l'épreuve des faits. C'est là toute la conception superficielle de la mort comme un but distinct de la vie : comme un problème qui ne naîtrait que lorsque, soudain, il se présente à nous. Alors que, selon la définition médicale bien connue, "la vie n'est que l'ensemble des fonctions qui s'opposent à la mort". Aussi bien sur le plan physiologique que sur celui de la psychologie, la mort ne se situe pas à la fin, mais à l'intérieur de la vie même. Elle n'est pas une fastidieuse formalité que l'on doit accomplir un jour loin dans le temps : mais bien une réalité quotidienne, une possibilité de tous les instants, sur lesquels elle projètte son exigence de signification. Dès la naissance, on est assez vieux pour mourir.
Autre chose, car Messori poursuivait plus loin :
Il n'y a pas seulement ma mort. Même si l'on admettait que cette mort qui sera mienne ne me concerne pas ("Quand nous sommes là, elle n'y est point ..."), il resterait pourtant la mort des autres : de nos parents, de nos enfants, de nos amis; de ceux que nous aimons et qui nous aiment.

Nous, nous ne sommes pas morts, pas encore. Mais autour de nous, près, tout près de nous, on meurt. Même ici "n'y sommes-nous pas quand elle se trouve là ?"

Il y eut un temps ou, comme tout chroniqueur d'un journal quotidien, je dus fréquenter les salles de morgues. Je te jure que je n'ai jamais pensé à citer Épicure, Marx, Feuerbach à tant de parents, d'épouses, de maris, d'enfants, de frères pétrifiés ou hurlant de douleur devant les dalles de marbre sur lesquelles gisaient des cadavres tout meurtris.

Dans ces lugubres souterrains, jamais il ne m'est venu à l'esprit de démontrer à ces pauvres désespérés "qu'en réalité la mort n'existe pas"; que, comme Marx l'assure, 'L'homme est un être génétiquement déterminé et comme tel il est immortel". Voici ce qu'écrit le poète Eugénio Montale :

"Que quelqu'un meure, cela ne touche personne, mais s'Il est inconnu et s'il est loin ..."

Loin de moi de songer que le père Zanotti entretiendrait les mêmes idées que Karl Marx.

Néanmoins, je pourrais y voir un lieu commun touchant la mort ou plutôt comme la négation de celle-ci, la volonté d'écarter cette réalité de notre paysage parce qu'il n'en vaudrait réellement pas le coup de s'y arrêter, qu'il n'y aurait rien là de toute façon. Dans un cas comme dans l'autre, l'on se retrouve, philosophiquement parlant, dans ce cas de figure ou la mort n'y est comprise que tel un instant survenant à la fin. Mais comme le fait remarquer Messori dans sa réflexion, en réalité c'est que la mort est déjà là, nous expérimentons déjà sa présence, ses effets.

En lisant Messori, je songeais également à quel point le mot du père Zanotti escamotait le fait que dans le christianisme la mort représente réellement une peine, comme on parlerait de la peine que doit subir un prisonnier purgeant une sentence. Les hommes n'ont pas été crées pour mourir, pour subir un réel préjudice. Or les baptisés qui meurent, même un grand saint qui se retrouve au paradis, subissent tout de même un préjudice du fait de la mort, ne serait-ce que de ne pas pouvoir jouir de son corps bien à soi d'ici le Jugement dernier. Ce n'est rien là d'agréable en soi.

Le père Zanotti omet (encore et toujours) de soulever cette perspective chrétienne selon laquelle certains risqueraient de se retrouver pour un bon moment au purgatoire. Il ne dit rien, rien de rien, sur l'éventualité que soi-même ou d'autres pourraient tous finir leur course dans le préjudice définitif et éternel.

A écouter le père Zanotti, il n'y aurait que la vie et la vie.

Je réfléchissais sur le fait que nous rencontrons beaucoup de prêtres, de nos jours, qui semblent réellement minimiser, relativiser-effacer, les difficultés ou problèmes lancinants que nous nous pouvons éprouver dans nos vies, avant même d'être morts ! Et que ça peut être frustrant. Ce serait comme de se trouver en face de jovialistes qui nieraient le sérieux des épreuves "Ta ta ta ... N'y pensez pas ! " ou "Vous confesser ? Bahhh ! C'est tout pardonné depuis longtemps. Considérez juste que Jésus vous aime." ou "Inutile de se morfondre. Suffit de regarder Jésus.", etc.

Je pense à une sorte d'évitement sur le fait que, en effet, la mort fait déjà sentir ses ravages de notre vivant. Le problème ne se trouve pas saisi à bras le corps, ni vécu dans une sorte de compassion réelle pour autrui ni ne lui donne concrètement comme des moyens pour s'attaquer à la peine elle-même, des moyens de rédemption. L'attitude pastorale jovialiste peut sembler confiner parfois à la méthode du placebo ou à la méthode Coué.

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