Le christianisme et l'armée

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Joseph-Diego
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Joseph-Diego » mer. 01 janv. 2020, 11:05

Altior a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 10:49
Joseph-Diego a écrit :
mar. 31 déc. 2019, 23:26
Pensez vous que de nos jours l'Eglise pourrait donner l'ordre de rejoindre une guerre ?
Je suis d'avis que le vrai ennemi des chrétiens de nos jours ne vient pas de l'extérieur de leur hinterland, mais de leur faiblesse. C'est pourquoi l'Église ferait bien de donner l'ordre de rejoindre une guerre. Mais une guerre intérieure. Je rejoindrai tout de suite l'appel de l'Église à cette guerre et je rêve en pensant à l'appel du Pape de marcher, pieds nus et évêques en tête, au tombeau de Saint Pierre pour demander pardon au Seigneur, car je l'ai renié plus de trois fois. Pourtant, pour arriver à un appel à une guerre pareille, il faudrait que les chrétiens se rendent compte que leur faiblesse actuelle et leur menace principale ne s'appelle pas «Islam». Ni «réchauffement climatique», mais «péché». Il faudrait qu'il obéissent à l'appel des hérauts de la Sainte Vierge à Fatima: «Pénitence! Pénitence! Pénitence!».

Bonne et sainte année, Joseph-Diego!
Là dessus je ne peux qu'être entièrement d'accord ...

Merci d'avoir donné votre avis Altior !

Trinité
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Trinité » mer. 01 janv. 2020, 19:17

Levergero a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 10:50
Trinité a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 0:28
En l'occurrence, la propagation de la Foi , par la violence est contraire à l'esprit évangélique!
Certes, mais on trouve aussi beaucoup de violence dans les ancien et nouveau testaments....
Oui!
Surtout l'ancien... dans le nouveau , c'est pas évident, il s'agit en fait de quelques passages, ou il ne faut pas avoir une interprétation littérale des paroles de Jésus.

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Carhaix
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Carhaix » mer. 01 janv. 2020, 19:42

Levergero a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 10:50
Trinité a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 0:28
En l'occurrence, la propagation de la Foi , par la violence est contraire à l'esprit évangélique!
Certes, mais on trouve aussi beaucoup de violence dans les ancien et nouveau testaments....
Vous êtes là pour troller, en fait.

Venir sur un forum catholique pour tirer à boulets rouges sur l'Église dans la totalité de vos messages, en n'exposant jamais d'argument, et en ne répondant jamais rien aux arguments ou tentatives de dialogue de vos correspondants. Vous venez juste soulager votre bile anti catholique.

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Kerygme
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Kerygme » ven. 03 janv. 2020, 11:58

Bonjour Joseph Diego,
Joseph-Diego a écrit :
mar. 31 déc. 2019, 18:23
Avant ma conversion j'aimais crier haut et fort qu'en cas de guerre, l'État pouvait bien me chercher, plutôt mourir ou être emprisonné que d'aller me battre dans l'armée et tuer des gens qui eux même se sont certainement retrouvé là contre leur gré.
Je suis un ancien militaire, bien que non croyant à l'époque, et c'est au contraire cette attitude passée d'objecteur de conscience qui est contre notre devoir de chrétien. Celui de défendre ceux que nous aimons, pas seulement nos proches mais ceux qui partagent une même foi, les mêmes valeurs comme celles d'une nation ou tout simplement qui participent à la vie de celle-ci. Il semble que suite à votre conversion vous vous interrogiez sur ce sujet, probablement parce que vous ressentez que votre position passée n'était pas dans l'ordre des choses ?

Il y a d'ailleurs un diocèse aux armées avec des prêtres-aumôniers, des diacres permanents qui vont sur le terrain, en OpEx, sur des théâtres d'opérations ... nous en avions lors de la guerre du Golfe.

Il y a une réflexion que je trouve pertinente dans votre propos : "... se sont certainement retrouvé là contre leur gré". En effet et c'est toute la difficulté à endosser après l'action. Cet homme, probablement époux et père de famille, n'était là que pour faire son devoir également : comme celui de vous neutraliser. Sans colère, ni haine. Est ce réellement évitable ?
Dans une situation de crise, on intervient avec des moyens de crise. Les pompiers aussi font des dégâts avec leur eau, faut-il laisser brûler pour autant ?

"Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime." - Jean 15,13

Etre militaire ce n'est pas vouloir du mal à son prochain ou vouloir l'occire, bien au contraire.
C'est accepter de faire le don de sa vie pour défendre ceux qui ne le peuvent pas, ou qui travaillent pour faire vivre cette nation et qui comptent sur vous pour les défendre. Je connais peu de militaires qui ont l'envie d'en découdre et le jour venu cela leur passe très vite. Ou alors il faut qu'ils voient le psy, et ils se feront réformer.

Mais ils s'entraînent, justement pour éviter cela, et lorsque arrive l'heure de mettre leurs convictions en actes c'est là qu'on voit la réalité : celle d'avoir été militaire pour "la gamelle" ou par vocation.
Et puis il serait regrettable que dans une armée il n'y ait pas de chrétiens pour faire respecter les valeurs humaines dans ces moments ou l'homme pourrait se laisser aller à ses pires penchants.

Pour vivre paisiblement une société doit avoir une terre, des valeurs ... et de quoi les défendre. C'est regrettable mais le monde est fait ainsi : "Si vis pacem, para bellum" ( Si tu veux la paix, prépare la guerre).

Nous mêmes vivons dans une société qui a été possible parce que d'autres sont morts pour elle, et donc pour nous.


Cordialement.
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Re: Le christianisme et l'armée

Message non lu par cmoi » lun. 06 janv. 2020, 10:05

Cher Kerygme,

votre argumentation reprend les points 4 et 5 de l’article 79 de Gaudium et spes, mais le point 3 de ce même article reconnaît et valide la voie de l’objection de conscience.
Par conséquent ce sont 2 voies équivalentes, et qui nous rappellent qu’il y aura plusieurs demeures dans la maison du père.

Ce qui me semblerait pertinent, or je ne crois pas qu’il y ait eu de tentatives officielle en ce sens, c’est de clarifier les cas où telle voie serait préférable à telle autre, en cela j’inclinerai à penser qu’elles ne soient pas équivalentes face à une situation donnée, même si l’on peut chacune la choisir « à priori » et dans l’absolu, en obligeant en quelque sorte la réalité à s‘y conformer (ce qu’elle ne fera qu’à sa manière aveugle et brutale).
Il serait en tout cas judicieux de ne pas attendre une situation d’obligation urgente pour y réfléchir, mais d’y penser par avance.
Le Christ a clairement proposé celle de l’objection de conscience (tendre la joue), mais difficile de ne pas distinguer dans des actes d’autorité (par exemple le maître face aux vignerons homicides) des cas de légitime défense, ou dans des cas plus commerciaux ou diplomatiques (le gérant indélicat) quand cela relève du souci de son propre intérêt.
C’est donc à chacun de faire son choix…

Cet exemple me permet d'élargir la question à bien d 'autres points de morale et quand à ce qu'il convient de penser quand l'Eglise s'est prononcée ; elle se prononce mais laisse parfois des zones d'ombre ou non éclaircies, parce qu'elle est (par exemple ) momentanément fatiguée du sujet et qu'il ne lui est pas prioritaire, qu'il ne lui semble pas nécessaire d'aller plus loin.
En vertu de cela, sa conclusion peut n'être valable que dans un cas précis qui était d'actualité et ne pas traiter tous les cas.

Si l'Eglise est infaillible, elle n'est pas omnisciente.

Par conséquent, appliquer ensuite cette conclusion à d'autres cas, quand ultérieurement ceux-ci se révèlent, et les forcer à y coïncider, ce n'est pas juste ni rigoureux ni pertinent, mais à peine obéissant. En fonction de recherches ultérieures, cela peut même aboutir à des affirmations erronées.

Si quelqu'un m'agresse parce que j'ai eu tort de lui dire quelque chose (on va ramener le conflit à des personnes), je peux accepter son agression comme une pénitence en tenant compte du fait qu'il ne va pas chercher à me faire grand mal, et ne pas me défendre (j'en ai pourtant le droit). S'il vise à me faire un mal non plus seulement disproportionné, mais qui me laisserait des séquelles, j'ai encore le droit aux deux attitudes, mais la meilleure change de camp.
S'il cherche à me tuer, il n'y a plus d'alternative, je dois me défendre.
Il y a donc bien ce me semble des précisions qui laissent de moins en moins le choix dans certains cas, et cela peut parfois être à l'opposé du cas que l'Eglise avait traité sans prétendre à l'exshaustivité.

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Re: La christianisme et la guerre

Message non lu par Nebularis » mer. 18 mars 2020, 18:18

Bonjour Trinité.
Vous écrivez :
Trinité a écrit :
mer. 01 janv. 2020, 0:28
« La croisade a été une idée qui, de soi, était pure, mais de fait, a été tout de suite envahie et souillée par une idée impure », écrivait le philosophe français Jacques Maritain en 1970.
C’est une citation étonnante. On voit mal en quoi la volonté de trucider par exemple les Cathares (croisade des Albigeois) ou les Lituaniens (croisades dites baltes ou « nordiques ») pourrait relever d’une quelconque « idée pure ». Les objectifs de ces expéditions sont, de façon tout à fait éclatante, bassement politiques : il s’agit d’annexer des territoires et de les intégrer économiquement aux puissances catholiques impliquées (le Languedoc à la France, la Baltique à l’Ordre teutonique).

Il n’en va pas autrement de la première croisade en Terre sainte, où il ne s’agit nullement de « porter secours » aux Byzantins (les croisés se garderont bien de restituer les territoires conquis à Constantinople). D’ailleurs, on sait ce que fut, un siècle plus tard, la quatrième croisade. Je rappelle en passant que c’est l’année 1204 qui marque le véritable début du schisme entre Orient et Occident, non 1054. Lisez ce que firent les croisés à Constantinople : vous comprendrez.

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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Nebularis » mer. 18 mars 2020, 18:19

Bonjour Kerygme.

Vous écrivez :
Kerygme a écrit :
ven. 03 janv. 2020, 11:58
Pour vivre paisiblement une société doit avoir une terre, des valeurs ... et de quoi les défendre.
Je vais vous titiller un petit peu, si vous le permettez.
La France d’aujourd’hui, matérialiste et athée, possède-t-elle ces valeurs pour lesquelles un chrétien se doit (et je vous approuve sur ce point) de donner sa vie ?
Si l’État était demeuré chrétien et disons « culturellement » homogène, votre injonction y gagnerait en clarté, ne trouvez-vous pas ?

Sans religion et sans valeurs communes, n’est-il pas inévitable que l’armée nationale dégénère en mercenariat ? N’en avons-nous pas la preuve avec ces opérations extérieures qui, à l’exception peut-être du Sahel et de la Syrie, concernent bien davantage des intérêts américains que français ?

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Re: La christianisme et la guerre

Message non lu par Trinité » mer. 18 mars 2020, 22:56

Nebularis a écrit :
mer. 18 mars 2020, 18:18


Il n’en va pas autrement de la première croisade en Terre sainte, où il ne s’agit nullement de « porter secours » aux Byzantins (les croisés se garderont bien de restituer les territoires conquis à Constantinople). D’ailleurs, on sait ce que fut, un siècle plus tard, la quatrième croisade. Je rappelle en passant que c’est l’année 1204 qui marque le véritable début du schisme entre Orient et Occident, non 1054. Lisez ce que firent les croisés à Constantinople : vous comprendrez.
Bonsoir Nebularis,

En ce qui concerne la croisade en terre sainte, le message initiale était celui-ci:

Les croisades ont pour origine la prédication du pape Urbain II à Clermont-Ferrand, le 27 novembre 1095, qui appelle à la mobilisation de la chrétienté pour délivrer la Terre Sainte des musulmans et particulièrement Jérusalem, ville-symbole où le Christ est mort et ressuscité.
Après dans la pratique, je suis de votre avis, le but initiale est tombé en désuétude , pour ne plus retrouver que des idées de conquêtes et profits en tous genres…

[Att. au hs. Fil sur les croisades ici : viewtopic.php?f=28&t=40708&p=68508&hili ... des#p68508]

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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Kerygme » mer. 18 mars 2020, 23:46

Bonsoir,
Nebularis a écrit :
mer. 18 mars 2020, 18:19
... (NdA : pour la notification)
Je comprends ce que vous voulez dire mais je trouve que c'est un point de vue réducteur, qui part d'une confusion puisque entièrement politisé. Vous proposez une théorie qui transpose une dérive étatique sur une institution à son service au travers de ses personnels.

Le militaire n'est pas un concept à politiser, il est juste un serviteur de la nation et de son bien commun. Il y a donc des militaires interconfessionnels, agnostiques, athées, areligieux qui peuvent avoir des valeurs pour lesquelles ils sont prêts à donner leurs vies. Elles ne sont pas forcément chrétiennes, si c'était le cas pourrions nous prétendre avoir un effectif qui justifierait une armée ?

Il n'y a pas forcément une raison hautement héroïque ou morale dans le don de sa vie pour un militaire. Peut être va-t-il seulement mourir pour une raison économique comme défendre ces métaux rares nécessaires à ce smartphone dernier cri, les barils de pétrole pour que les familles puissent partir en week-end ou pour fabriquer le plastique de telle bouteille d'eau. Il n'a pas à juger de la pertinence ou non de son intervention, il obéit à celui qui été élu par les Français pour prendre ces décisions : le chef de l'État, chef des Armées. Mais il n'est pas pour autant le miroir des dérives politiques. C'est très réducteur et presque infamant.

Quant aux intérêts Français, hélas, ils sont forcément Américains. Nous n'avons plus les moyens de nos prétentions.
Alors quand leurs intérêts croisent les nôtres, nous suivons. Et quand ils disent qu'il n'y vont pas (ex: la Syrie) et bien nous remballons nos bonnes intentions. Ce n'est pas du mercenariat pour autant. Il faut avoir vu l'armée américaine se déployer et agir pour le comprendre.
Qui sait, d'ici 10 à 15 ans nos intérêts seront un coup Américains et Chinois la fois d'après.
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Nebularis » jeu. 19 mars 2020, 1:43

Kerygme a écrit :
mer. 18 mars 2020, 23:46
Le militaire n'est pas un concept à politiser, il est juste un serviteur de la nation et de son bien commun.
Je pense hélas que tout est politique.
Donner sa vie dans le combat contre le djihadisme n’est pas la même chose que donner sa vie pour des métaux rares.
Il n'a pas à juger de la pertinence ou non de son intervention, il obéit à celui qui été élu par les Français pour prendre ces décisions : le chef de l'État, chef des Armées. Mais il n'est pas pour autant le miroir des dérives politiques. C'est très réducteur et presque infamant.
Loin de moi toute intention infamante, vous pouvez me croire. Le soldat est noble par essence : le danger auquel il s’expose et la logique sacrificielle à laquelle il se soumet l'anoblissent. Je ne remets pas en cause la grandeur inhérente à tout engagement militaire, quel qu’il soit. Même les soudards saoudiens sont « nobles » en ce sens (même si je ne peux pas décemment les priver de ces guillemets).

Mais le revers de la médaille, c’est que le soldat peut être instrumentalisé. Le soldat peut mourir sottement, bassement, au service d’intérêts ignobles. La voilà, la véritable infamie.

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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Kerygme » jeu. 19 mars 2020, 12:46

Bonjou Nebularis,
Nebularis a écrit :
jeu. 19 mars 2020, 1:43
[Mais le revers de la médaille, c’est que le soldat peut être instrumentalisé. Le soldat peut mourir sottement, bassement, au service d’intérêts ignobles. La voilà, la véritable infamie.
Il peut mourir tout aussi sottement en traversant la rue.
Mais à l'heure où on ne fait plus son service militaire peut être ne comprenons nous plus certaines valeurs ? Ce n'est certes pas une demie journée citoyenne qui va le faire.

Puisque le sujet n'est pas l'intelligence de la mort du militaire mais le christianisme et l'armée, il faut remettre cela dans le contexte du service, dans son sens ecclésial : a t'il été jusqu'au bout de son engagement ? Je traduis dans mon langage d'ancien militaire : "quand il s'est engagé contractuellement, était ce par conviction ou pour la gamelle ?". Qu'il ait défendu les sombres intérêts politiques d'une oligarchie de fait n'entre pas en ligne de compte.

J'argumente comparativement avec une référence biblique, les deux livres de Samuel.
Le politique (roi David) dispose de la force militaire, il donne ses ordres en fonction de sa politique ou de sa diplomatie à son général en chef (Joab) qui a pour mission de diriger des hommes sous ses ordres (une armée avec notre soldat de référence); les choses ne semblent pas avoir beaucoup évoluées.
Que les décisions du roi David soient bonnes ou pas, Joab obéit à son roi, le soldat obéit à Joab et meurt. Est-ce que çà remet en cause la valeur de son sacrifice ? On peut certes remettre en cause la décision (politique) du roi David sur l'utilité de la mort du soldat, lequel a fait son devoir. Voila dans votre raisonnement où je trouve qu'il y a confusion : la juxtaposition de l'utilité de la décision sur celui qui a fait, de façon ordonnée, ce qu'il devait faire : étymologiquement son devoir.

Cela m'amène à une question ne nécessitant pas forcément de réponse : auriez vous confiance dans une armée censée défendre vos libertés et dont les soldats choisiraient - selon leur volonté propre - les causes intelligentes où les raisons utiles de mourir ? Il y a fort à parier que vous devriez aller vous même en opérations extérieures, ou attendre que le problème s'exporte devant votre porte.

Je pense que c'est un luxe que de raisonner ainsi sur l'utilité de la mort d'un homme qui a donné sa vie pour que vous conserviez cette liberté, celle de remettre même en cause le fond de ce don qu'il a fait pour la défendre. Quelle abnégation de sa part, en définitif il a super bien fait son devoir et c'est aux antipodes du mercenariat (même si j'ai bien compris que vous appliquiez cette notion à l'utilisation de l'armée Française selon les intérêts Américains, et que j'aurais plutôt qualifiée de : vassale).
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Re: La christianisme et l'armée

Message non lu par Nebularis » jeu. 19 mars 2020, 14:09

Avé Kerygme,
Kerygme a écrit :
jeu. 19 mars 2020, 12:46
Que les décisions du roi David soient bonnes ou pas, Joab obéit à son roi, le soldat obéit à Joab et meurt. Est-ce que çà remet en cause la valeur de son sacrifice ?
Non, bien sûr. Je l’ai dit : je ne remets pas en cause la valeur du soldat en tant que tel, c’est-à-dire dans son essence de combattant prêt au sacrifice.
On peut certes remettre en cause la décision (politique) du roi David sur l'utilité de la mort du soldat, lequel a fait son devoir. Voila dans votre raisonnement où je trouve qu'il y a confusion : la juxtaposition de l'utilité de la décision sur celui qui a fait, de façon ordonnée, ce qu'il devait faire : étymologiquement son devoir.
Je comprends très bien votre point de vue. Il est, dans une certaine mesure, irréfutable, puisque l’engagement du soldat doit être total (sinon, quelle valeur aurait cet engagement ?)

Mais je vais vous donner un exemple pour mieux illustrer ma pensée.

Prenez un soldat allemand catholique de la Wehrmacht. Tout comme n’importe quel soldat de n’importe quelle nation, il doit obéissance à ses officiers, aux généraux et surtout, au Führer.

Mais comment concilier ici l’obéissance et la morale (la conscience) chrétienne ? Si je suis votre logique jusqu’au bout, les soldats de la Wehrmacht ne faisaient rien de répréhensible lorsqu’ils exterminaient des civils juifs par familles entières. Ils obéissaient simplement aux ordres. Ils faisaient donc leur devoir.

N’y a-t-il pas ici une faille dans votre raisonnement ? En tant que chrétien catholique, le soldat allemand dans mon exemple n’a-t-il pas plutôt le devoir de refuser les ordres de ses supérieurs ?
Cela m'amène à une question ne nécessitant pas forcément de réponse : auriez vous confiance dans une armée censée défendre vos libertés et dont les soldats choisiraient - selon leur volonté propre - les causes intelligentes où les raisons utiles de mourir ?
Je vais peut-être vous étonner mais : oui, j’aurais confiance en une telle armée.

Prenons un autre exemple : l’occupation américaine de l’Irak.
Les soldats américains déployés dans ce pays n’ont pas, dans leur grande majorité, choisi ce théâtre d’opération en particulier. On ne leur a pas demandé s’ils trouvent particulièrement utile d’y mourir. Mais ils obéissent aux ordres : car tel est leur devoir.

Les insurgés djihadistes, au contraire, ont bel et bien choisi leur cause librement, selon leur volonté propre : combattre l’envahisseur.

Ce libre choix n’est-il pas ici un avantage ? De la même manière, les Talibans n’ont-ils pas vaincu en Afghanistan ? Eux aussi ont choisi leur cause librement, me semble-t-il.

Pour quoi se bat le soldat occidental ? La « liberté » ? Les idéaux démocratiques ? Cela résonne assez creux quand on pense à l’état de l’Afghanistan ou de l’Irak.

Le djihadiste et le talib, eux, se battent pour leur pays et leur Dieu.
Je pense que c'est un luxe que de raisonner ainsi sur l'utilité de la mort d'un homme qui a donné sa vie pour que vous conserviez cette liberté
Encore une fois, il faut distinguer entre le soldat qui donne sa vie dans le combat contre Da’esh et celui qui donne sa vie pour l’accaparement de je ne sais quelles terres rares ou au service de la stratégie moyen-orientale désastreuse de Washington (sans laquelle Da’esh n’aurait probablement jamais existé).

Le premier est digne de tous les honneurs et de notre plus grand respect.
Le second, pardonnez-moi, mais à mon sens il n’y a pas droit. Personne ne l’empêche de démissionner s’il se rend compte que la cause qu’il sert est absurde, vaine ou ignoble.

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Re: Le christianisme et l'armée

Message non lu par Trinité » jeu. 19 mars 2020, 14:19

Très intéressant ce débat entre Nébularis et Kerygme!

Gaudens
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Re: Le christianisme et l'armée

Message non lu par Gaudens » jeu. 19 mars 2020, 14:48

Bonjour Nebularis.
Je viens de lire ces échanges sur la guerre ,qui m'avaient jusqu'ici échappés.
J'ai du mal à suivre votre préférence pour Daesh ou les Talibans, par rapport à des armées occidentales(tout en constatant que ce sont les Américains,nos "chefs de file" qui ont mis le désordre (je suis poli,évidemment en utilisant cet euphémisme) dans tout le Moyen Orient).Pour ne rien dire de la Bosnie/Serbie ou de la Syrie où les intérêts européens,et français en particulier,n'étaient nullement menacés( mais là,c'était de la responsabilité de nos gouvernants de ne pas se laisser entrainer comme ils l'ont fait).
Et par ailleurs, vous oubliez que pour un soldat "démissionner",comme vous dites , c'est déserter ,ce qui veut dire en temps de paix la prison et en temps de guerre, douze balles dans la peau.Pas si facile que ça,vous voyez !

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Re: Le christianisme et l'armée

Message non lu par Nebularis » jeu. 19 mars 2020, 15:21

Bonjour Gaudens,
Gaudens a écrit :
jeu. 19 mars 2020, 14:48
J'ai du mal à suivre votre préférence pour Daesh ou les Talibans
À aucun moment je n'ai exprimé une quelconque « préférence » pour ces gens. Ne m'attribuez pas une telle opinion sans preuves, s’il-vous-plaît.

J'ai dit que les insurgés djihadistes et les Talibans avaient un avantage sur les Occidentaux, dans le sens où ils se battent pour leur terre et leur religion, alors que les Américains et leurs vassaux prétendent se battre pour des concepts abstraits comme la liberté (un joli mot creux qui signifie, dans la traduction de la propagande états-unienne : l'hégémonie géostratégique américaine).

Dans ces conditions, vous conviendrez que le Taliban est davantage susceptible de se battre avec courage et de sacrifier sa vie, que le soldat de l'Otan.

Oui, je reconnais le courage et l'esprit de sacrifice des Talibans, tout comme je reconnais celui des soldats de la Wehrmacht ou de l'Armée soviétique : dire cela ne revient évidemment pas à cautionner leurs idéologies respectives.
Et par ailleurs, vous oubliez que pour un soldat "démissionner",comme vous dites , c'est déserter ,ce qui veut dire en temps de paix la prison et en temps de guerre, douze balles dans la peau.Pas si facile que ça,vous voyez !
C'est faux. Démissionner ne veut pas dire déserter. On peut tout à fait démissionner de l'armée française, même si je vous accorde que la procédure est longue et complexe. Elle est néanmoins possible. Quant à la désertion, elle n'est pas punie de mort, mais de trois à dix ans d'emprisonnement.

Mais cette désertion fût-elle punie de mort, je maintiens fermement que la désertion peut être préférable à l'obéissance dans certains cas, notamment si des vies innocentes sont en jeu ou s'il s'agit de risquer sa propre vie au service d’intérêts bassement politiques ou économiques.

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