Mon désir d'enfant s'obstine

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20ans
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Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par 20ans » ven. 24 janv. 2020, 5:38

Chers amis,

Je me tourne vers vous pour entendre votre avis sur une situation compliquée. Il ne s'agit pas d'un énième sujet sur l'homosexualité, car je sais qu'il en existe beaucoup sur ce forum, il se trouve que je suis homosexuel, je le mentionne pour que l'on saisisse mieux mon propos, mais mes questions n'en sont pas directement liées.
Je suis un homme de 20 ans, j'ai grandi dans une famille catholique dans laquelle la religion a une place importante. J'ai annoncé mon homosexualité à mes parents à l'adolescence. Je n'ai pas vécu le rejet qu'une telle annonce peut susciter. Leur réaction a été cohérente avec la position de l'Eglise. Ils m'ont accompagné dans ma spiritualité, tout en me soulignant leur conception de l'homme et de la famille. Au fil des années, bien que j'ai été tenté quelques fois de rejeter ces valeurs traditionnelles pour vivre ma sexualité, ce serait un mensonge de ne pas le reconnaître, à la fin c'est toujours Dieu qui gagne, qui me gagne. Ainsi, je reconnais être la proie de moments d'égarement, j'ai plusieurs fois fait l'amour à des hommes, mais à chaque fois le même schéma s'est répété: l'assouvissement de mes pulsions sexuelles ne m'a pas apporté le bonheur et sa durabilité. Le sentiment d'être libre n'apparaît naturellement que lorsque Dieu m'habite et que j'habite en Dieu. Malgré l'irréversible nature de ma sexualité, je me tourne et me retourne toujours vers Lui. S'il y a un conflit intérieur entre foi et sexualité, il trouve toujours une solution, en Lui.

Le conflit est autre. J'ai pensé des années qu'il émanait d'un rejet auquel j'aurais été prétendument confronté, provoqué par les membres de ma famille ou mes amis proches, qui n'accepteraient pas mon homosexualité. Mais la réalité n'est pas celle-là. J'étais aveuglé. Personne ne m'a rejeté pour mon homosexualité. La phrase qui revenait, c'était: "l'important, c'est que tu sois heureux". D'apparence simpliste, cette phrase a en réalité entraîné de profonds questionnements. Je ne suis heureux qu'en Dieu. Ce qui m'a rendu malheureux, c'est de penser que je pourrais vivre la vie que je veux en étant homosexuel, ce qui n'est pas le cas. J'ai du lutter pour exister et faire exister ma conception de la sexualité et je lutte encore. J'évolue dans un milieu universitaire où la question de l'homosexualité revient très souvent en s'habillant d'une parure politique très forte, elle m'étouffe parce qu'elle n'admet qu'une issue possible à l'homosexualité, l'accomplissement total de celle-ci. Elle est restrictive. Alors qu'il y a d'autres hommes comme moi, qui sont homosexuels, mais qui veulent évoluer en Dieu, avoir une femme, fonder une famille, avoir des enfants. Qui sont-ils pour dire que nous ne sommes pas la majorité? Au nom de quel principe décident-ils qu'il n'y a qu'une manière d'évoluer en société lorsqu'on est homosexuel? Pour autant, je ne me reconnais pas dans le propos de certains catholiques pour qui l'homosexualité est une doctrine. Certes, les politiques (de gauche pour la plupart) en ont fait un combat idéologique, mais ce que j'éprouve, ce que je ressens, je serais bien incapable d'en faire un combat. Je suis un humain. Je ne rejoins pas non plus les catholiques quand ils projettent leur définition de la famille sur tout le monde, car cette attitude contribue à mon sens à éloigner les exclus de la religion, alors que Dieu rassemble. Voilà donc où se situe le conflit. Je ne suis véritablement en accord avec aucune conception. Je me sens emprisonné, cloisonné.

A cela s'ajoute la question de la filiation qui se révèle centrale. Je voue une admiration constante pour ma mère. Je ne peux pas ne pas être fasciné par la personne qui m'a donné la vie. Ma mère est la figure de Dieu sur terre, elle réunit tout. Elle est la fondation. Je trouve toujours réponse en elle. Mon père aussi est une personne importante, il est la transmission directe, celui qui me construit, altère mes jugements, quand ma mère les modère. La complémentarité des sexes est une richesse infinie, car elle m'a situé. Je ne dis pas que l'on ne peut s'épanouir que lorsqu'on est le fruit de cette complémentarité, je dis qu'à moi, elle a construit mon identité. Je n'ai que 20 ans, mais un seul désir subsiste, surpasse tous les autres, permettre à mon tour à une femme, de donner la vie. Je veux aussi être l'acteur de cette complémentarité. Mais n'ayant aucune attirance sexuelle pour les femmes, je ne parviens pas à me résigner, me faire à cette idée. A quoi ça sert de vivre si je ne peux pas faire vivre? Et c'est là que tout se brise, quand je réalise que la voie naturelle d'avoir des enfants, que Dieu accorde aux hétérosexuels, ne m'est pas donnée. Je souffre du fait de ne pas arriver à me projeter. Or, il me semble que c'est pour cela qu'on vit. On se projette toujours, tout le temps. En couple, seul, j'observe qu'on est tous plus au moins orienté par nos projets d'avenir. Je souffre que le mien soit si trouble et incertain, la perspective d'avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner. Comment avoir un enfant, quand on est homosexuel, et qu'un seul modèle nous plaît, celui qui descend d'Adam et Eve?

Certes j'accepterais le dessein de Dieu, s'il se situe en dehors de la filiation, mais je ne pourrais pas me faire à l'idée non plus que je puisse "finir seul". Qu'on m'épargne l'éternel "tu es trop jeune pour penser ça, pour penser comme ça", je n'arrive pas à me séparer mentalement de mes peurs, je n'arrive pas non plus à composer avec elles. Je suis pas dérangé par le fait, qu'un jour, comme tout le monde, je vais mourir. Je veux bien mourir… mais pas abandonné.

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katolik
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par katolik » ven. 24 janv. 2020, 18:02

Cher jeune homme de 20 ans,

Après la lecture de votre message (merci d’ailleurs de nous partager cela avec franchise) , j'ai essayé de voir ce qui me paraissait important :

- réaction des parents
- pulsions sexuelles
- culpabilité
- solution : Retour vers Dieu
- conflit intérieur, emprisonnement
- projeter un avenir....et se projeter dans "un/son" enfant
- finir seul

en notant tout cela, je réalise que, intérieurement, vous vivez de réelles tortures face à toutes les questions que vous vous posez...
J'aurai envie de parler de beaucoup de choses, mais je limiterai mes remarques à quelques unes de vos phrases :

- la première phrase qui me fait réagir est "A quoi ça sert de vivre si je ne peux pas faire vivre?" ...Cher jeune homme, dans l'Eglise Catholique, un des 4 piliers du mariage s'appelle la "Fécondité". Lors des préparations au Mariage, les animateurs expliquent toujours que la fécondité n'est pas , nécessairement, synonyme de "donner la vie". La fécondité signifie aussi, et surtout, "générosité, don de soi, don pour les autres, don gratuit...
Heureusement que de nombreux couples qui n'ont pas eu d’enfants vivent sans avoir fait vivre...

Une de mes filles est homosexuelle. Elle a toujours voulu être prof, et c'est ce qu'elle est actuellement. L'enseignement d'aujourd'hui , et l'abandon de nombreux parents en ce qui concerne l'éducation de leurs enfants, font que son métier ne se limite pas à l'enseignement mais également à l'éducation de jeunes ados.... Il est tout à fait possible de projeter votre avenir avec des enfants...

Par contre, vous qui vous retournez vers Dieu à certaines occasions de votre vie, vous savez que seuls un homme et une femme peuvent donner la vie... vous voulez "permettre à mon tour à une femme, de donner la vie"....oui, et après ? Comment voyez-vous votre rôle de père si vous avez un enfant ? Un bébé ressent l'Amour de son papa pour sa maman (et réciproquement ) dans le ventre de sa mère...comment arriverez-vous à faire ressentir cela à l’enfant ? Un enfant n'est pas un cadeau que l'on utilise un certain moment et que l'on oublie ensuite ! Donner la vie vous oblige à donner votre propre vie à cet enfant, jour après jour ...

Quand à votre phrase "avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner." ... je vous conseillerai simplement de lire le texte dont la première phrase est "Vos enfants ne sont pas vos enfants"...etc. Par l'arrivée d'un enfant, vous pourriez orienter votre vie ?? ...j'espère surtout que votre souhait ne sera pas d'orienter la sienne...

Vous dites, pour terminer, que vous acceptez de mourir, mais pas abandonné !
Cher "jeune homme" , je vous conseille simplement de lire ce soir Matthieu 6,24-34, et surtout la dernière phrase :
"Ne vous faites pas de souci pour demain ; demain aura souci de lui-même; à chaque jour suffit sa peine" ...

Mon ami, ma Prière de ce soir vous est destinée... Je suis en Union de Prière avec vous.
Que le Seigneur vous permette d'avancer dans les jours à venir.
Bernadette Soubirous : "Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire"

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Kerniou
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par Kerniou » sam. 25 janv. 2020, 11:44

Cher jeune ami,
l'authenticité de votre témoignage est poignante.
Je ne vous donnerai pas de conseil, votre questionnement vous permettra de trouver des solutions satisfaisantes pour vous au regard de Dieu.
Je vais prier pour vous, pour que Dieu vous accompagne dans vos choix et décisions. Vous avez la chance d'avoir des parents acceptants et une famille accueillante.
Faites votre chemin et soyez attentif à votre entourage. Bonne route à vous et ... bon vent !
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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la Samaritaine
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par la Samaritaine » dim. 26 janv. 2020, 12:45

Cher Jeune Homme de 20 ans,

je suis moi aussi bouleversée par votre témoignage et la manière dont vous l'évoquez, avec une profonde maturité. Ma sœur ainée est homosexuelle, elle vit pacsée avec sa compagne. Elle est passionnée par ses neveux et leur consacre beaucoup de temps et d'intérêt, elle a nourri son désir d'enfant ainsi. Je crois aussi que la fécondité peut s'exprimer de multiples manières.

Vous désirez donner la vie, on ne sait pas ce que réserve l'avenir. Mais peut-être pouvez vous demander l'Esprit Saint au Père pour savoir quelle forme peut prendre cette vie maintenant ? Savez vous ce que disait Michel-Ange ? Il disait qu'il donnait vie à la statue déjà présente dans le bloc de pierre posé devant lui.

Plutôt que se projeter, pourquoi ne pas donner la vie dans l'instant présent ? Pourquoi ne pas goûter l'instant présent et demander à Dieu comment donner la vie AUJOURD'HUI ?

Je pense qu'il serait très sage de vous faire accompagner spirituellement, par une personne qui tient la route ! Qui vous comprend et vous respecte, en égard à votre situation et votre sensibilité originale et si riche.
Je vous redonne à vous aussi le site ou vous pourriez trouver un accompagnement de qualité : https://www.devenirunenchrist.net
Vous pouvez aussi écrire aux Jésuites une lettre de motivation pour être accompagné par l'un d'entre eux.

Je vous dis aussi quelque chose par rapport au fardeau que nous avons à porter. Le Christ dit : "Donnez moi votre fardeau et je le ferai léger". Ce ne sont pas des paroles en l'air. En Christ, le fardeau devient léger parce que l'on se sent à sa juste place, ce qui n'exclut pas des moments difficiles. Si, malgré la prière, on sent que c'est trop lourd, avec le risque de désespoir, de sentiment larvé d'échec qui va avec, c'est que probablement, nous portons indument un fardeau que Dieu ne nous demande pas de porter, nous ne sommes pas à notre place. C'est pour cela que se confesser, se faire accompagner, cela permet de remettre certaines pendules à l'heure.

En prière pour vous, Que le Seigneur vous bénisse et vous garde !

Samaritaine

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Joseph-Diego
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par Joseph-Diego » lun. 27 janv. 2020, 12:06

20ans a écrit :
ven. 24 janv. 2020, 5:38
Chers amis,

Je me tourne vers vous pour entendre votre avis sur une situation compliquée. Il ne s'agit pas d'un énième sujet sur l'homosexualité, car je sais qu'il en existe beaucoup sur ce forum, il se trouve que je suis homosexuel, je le mentionne pour que l'on saisisse mieux mon propos, mais mes questions n'en sont pas directement liées.
Je suis un homme de 20 ans, j'ai grandi dans une famille catholique dans laquelle la religion a une place importante. J'ai annoncé mon homosexualité à mes parents à l'adolescence. Je n'ai pas vécu le rejet qu'une telle annonce peut susciter. Leur réaction a été cohérente avec la position de l'Eglise. Ils m'ont accompagné dans ma spiritualité, tout en me soulignant leur conception de l'homme et de la famille. Au fil des années, bien que j'ai été tenté quelques fois de rejeter ces valeurs traditionnelles pour vivre ma sexualité, ce serait un mensonge de ne pas le reconnaître, à la fin c'est toujours Dieu qui gagne, qui me gagne. Ainsi, je reconnais être la proie de moments d'égarement, j'ai plusieurs fois fait l'amour à des hommes, mais à chaque fois le même schéma s'est répété: l'assouvissement de mes pulsions sexuelles ne m'a pas apporté le bonheur et sa durabilité. Le sentiment d'être libre n'apparaît naturellement que lorsque Dieu m'habite et que j'habite en Dieu. Malgré l'irréversible nature de ma sexualité, je me tourne et me retourne toujours vers Lui. S'il y a un conflit intérieur entre foi et sexualité, il trouve toujours une solution, en Lui.

Le conflit est autre. J'ai pensé des années qu'il émanait d'un rejet auquel j'aurais été prétendument confronté, provoqué par les membres de ma famille ou mes amis proches, qui n'accepteraient pas mon homosexualité. Mais la réalité n'est pas celle-là. J'étais aveuglé. Personne ne m'a rejeté pour mon homosexualité. La phrase qui revenait, c'était: "l'important, c'est que tu sois heureux". D'apparence simpliste, cette phrase a en réalité entraîné de profonds questionnements. Je ne suis heureux qu'en Dieu. Ce qui m'a rendu malheureux, c'est de penser que je pourrais vivre la vie que je veux en étant homosexuel, ce qui n'est pas le cas. J'ai du lutter pour exister et faire exister ma conception de la sexualité et je lutte encore. J'évolue dans un milieu universitaire où la question de l'homosexualité revient très souvent en s'habillant d'une parure politique très forte, elle m'étouffe parce qu'elle n'admet qu'une issue possible à l'homosexualité, l'accomplissement total de celle-ci. Elle est restrictive. Alors qu'il y a d'autres hommes comme moi, qui sont homosexuels, mais qui veulent évoluer en Dieu, avoir une femme, fonder une famille, avoir des enfants. Qui sont-ils pour dire que nous ne sommes pas la majorité? Au nom de quel principe décident-ils qu'il n'y a qu'une manière d'évoluer en société lorsqu'on est homosexuel? Pour autant, je ne me reconnais pas dans le propos de certains catholiques pour qui l'homosexualité est une doctrine. Certes, les politiques (de gauche pour la plupart) en ont fait un combat idéologique, mais ce que j'éprouve, ce que je ressens, je serais bien incapable d'en faire un combat. Je suis un humain. Je ne rejoins pas non plus les catholiques quand ils projettent leur définition de la famille sur tout le monde, car cette attitude contribue à mon sens à éloigner les exclus de la religion, alors que Dieu rassemble. Voilà donc où se situe le conflit. Je ne suis véritablement en accord avec aucune conception. Je me sens emprisonné, cloisonné.

A cela s'ajoute la question de la filiation qui se révèle centrale. Je voue une admiration constante pour ma mère. Je ne peux pas ne pas être fasciné par la personne qui m'a donné la vie. Ma mère est la figure de Dieu sur terre, elle réunit tout. Elle est la fondation. Je trouve toujours réponse en elle. Mon père aussi est une personne importante, il est la transmission directe, celui qui me construit, altère mes jugements, quand ma mère les modère. La complémentarité des sexes est une richesse infinie, car elle m'a situé. Je ne dis pas que l'on ne peut s'épanouir que lorsqu'on est le fruit de cette complémentarité, je dis qu'à moi, elle a construit mon identité. Je n'ai que 20 ans, mais un seul désir subsiste, surpasse tous les autres, permettre à mon tour à une femme, de donner la vie. Je veux aussi être l'acteur de cette complémentarité. Mais n'ayant aucune attirance sexuelle pour les femmes, je ne parviens pas à me résigner, me faire à cette idée. A quoi ça sert de vivre si je ne peux pas faire vivre? Et c'est là que tout se brise, quand je réalise que la voie naturelle d'avoir des enfants, que Dieu accorde aux hétérosexuels, ne m'est pas donnée. Je souffre du fait de ne pas arriver à me projeter. Or, il me semble que c'est pour cela qu'on vit. On se projette toujours, tout le temps. En couple, seul, j'observe qu'on est tous plus au moins orienté par nos projets d'avenir. Je souffre que le mien soit si trouble et incertain, la perspective d'avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner. Comment avoir un enfant, quand on est homosexuel, et qu'un seul modèle nous plaît, celui qui descend d'Adam et Eve?

Certes j'accepterais le dessein de Dieu, s'il se situe en dehors de la filiation, mais je ne pourrais pas me faire à l'idée non plus que je puisse "finir seul". Qu'on m'épargne l'éternel "tu es trop jeune pour penser ça, pour penser comme ça", je n'arrive pas à me séparer mentalement de mes peurs, je n'arrive pas non plus à composer avec elles. Je suis pas dérangé par le fait, qu'un jour, comme tout le monde, je vais mourir. Je veux bien mourir… mais pas abandonné.
Bonjour cher frère,
J'ai moi aussi la vingtaine, 23 ans et moi aussi je n'aurai certainement jamais d'enfant biologique ni même à charge.
Pour d'autres raisons que vous mais je crois tout de même comprendre ce que vous êtes en train de vivre.

J'essaie peu à peu de me faire à cette idée, de l'accepter, mais c'est terriblement dur de renoncer à la paternité biologique, d'autant plus quand on aime les enfants ... Cependant, y renoncer pour Dieu doit nous rendre plus fort, car Dieu lui même dans la Bible a enseigné ceci au sujet des personnes qui renonceraient à avoir des enfants pour lui :

Isaïe 56 : 3-5

"Et que l'eunuque ne dise pas: Voici, je suis un arbre sec! 
Car ainsi parle l'Éternel: Aux eunuques qui garderont mes sabbats, qui choisiront ce qui m'est agréable, et qui persévéreront dans mon alliance, je donnerai dans ma maison et dans mes murs une place et un nom préférables à des fils et à des filles; je leur donnerai un nom éternel, qui ne périra pas. "


Je relis ce verset très souvent.
Nous ne sommes pas des arbres secs parce que nous ne mettons pas au monde d'enfants !
Si notre stérilité "volontaire" nous permet d'être plus présent pour les choses de Dieu, si ne pas avoir d'enfant et de famille nous permet de servir Dieu avec plus de Paix et d'efficacité, alors cette stérilité apparente sera en fait bien plus fructueuse qu'un enfant de notre chair .

N'oublions pas aussi qu'il n'y a pas qu'une seule manière d'être papa et je prie d'ailleurs Dieu d'être père un jour ...

Nous pouvons être papa d'un enfant spirituel et non charnel : c'est a dire être le parrain d'un enfant catholique .
Parrain en anglais c'est Godson , Dieu-fils, ton fils ou ta fille en Dieu et non de ta chair.
D'ailleurs théoriquement le parrain d'une personne ne peut pas se marier avec la marraine car ces deux personnes sont liées en tant que parents spirituels de l'enfant/l'adulte baptisé.

Nous pouvons être un papa d'adoption, un papa de cœur, d'un jeune adulte qui verra en nous le père qu'il n'a jamais eu ...
Et pourquoi pas l'adopter officiellement et lui donner notre nom de famille s'il souhaite le porter puisqu'en France une loi l'autorise, on appelle ça l'adoption simple .
La personne garde sa filiation avec sa famille biologique mais devient aussi officiellement votre enfant et votre héritier.

Il y aussi une multitude de manière de "procréer" c'est à dire en portant des fruits pour l'Église mais si vous êtes comme moi, ces autres manières ne remplacent pas l'envie d'être père ; convertir des milliers de personnes c'est génial mais ça ne fait pas de nous un père ...


Vous avez tout mon soutien, et j'espère que Dieu vous permettra un jour d'être père même si ce n'est pas de la façon dont on pense en premier.
J'ai renoncé à la paternité charnelle car je ne serai jamais un bon mari et un bon père pour un enfant, alors que je suis un bien meilleur ami et tonton/parrain.

Alors de quelle manière Dieu fera de moi un père parmi les choix que j'ai énoncé ?
Je ne sais pas encore, et malgré que cela me travaille beaucoup et me bouleverse par moment, l'idée de ne jamais avoir une descendance, je me souviens toujours que tout est possible à Dieu et que lui seul sait ce qui me convient ...


Que la Paix du Christ enveloppe votre cœur et illumine votre âme.

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20ans
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par 20ans » lun. 27 janv. 2020, 22:10

katolik a écrit :
ven. 24 janv. 2020, 18:02
Par contre, vous qui vous retournez vers Dieu à certaines occasions de votre vie, vous savez que seuls un homme et une femme peuvent donner la vie... vous voulez "permettre à mon tour à une femme, de donner la vie"....oui, et après ? Comment voyez-vous votre rôle de père si vous avez un enfant ? Un bébé ressent l'Amour de son papa pour sa maman (et réciproquement ) dans le ventre de sa mère...comment arriverez-vous à faire ressentir cela à l’enfant ? Un enfant n'est pas un cadeau que l'on utilise un certain moment et que l'on oublie ensuite ! Donner la vie vous oblige à donner votre propre vie à cet enfant, jour après jour ...

Quand à votre phrase "avoir un enfant pourrait orienter ma vie, dans le sens que je déciderai, moi, de lui donner." ... je vous conseillerai simplement de lire le texte dont la première phrase est "Vos enfants ne sont pas vos enfants"...etc. Par l'arrivée d'un enfant, vous pourriez orienter votre vie ?? ...j'espère surtout que votre souhait ne sera pas d'orienter la sienne...

Vous dites, pour terminer, que vous acceptez de mourir, mais pas abandonné !
Cher "jeune homme" , je vous conseille simplement de lire ce soir Matthieu 6,24-34, et surtout la dernière phrase :
"Ne vous faites pas de souci pour demain ; demain aura souci de lui-même; à chaque jour suffit sa peine" ...

Mon ami, ma Prière de ce soir vous est destinée... Je suis en Union de Prière avec vous.
Que le Seigneur vous permette d'avancer dans les jours à venir.
Katolik, vous faites bien d'écrire le mot "Amour" avec une majuscule. Ma vision de l'Amour est l'Amour de Dieu qui transcende, qui ne se limite pas à la sexualité. Je me rappelle la personnalité de Michael Glatze qui était homosexuel et qui a rencontré une femme dont il est tombé amoureux avant de devenir pasteur dans une église américaine. L'enfant dont il serait le père saurait ressentir cet Amour qui ne ment pas, l'Amour qui descend de Dieu Lui-même. En aimant sa femme, son enfant, un père aime Dieu lui-même. Dès que l'histoire de cet homme s'est répandue dans la sphère publique, elle a suscité la controverse de tous les côtés. Et cet exemple caractérise le conflit que moi je vis. La communauté gay a mal pris le fait qu'un homme gay s'intéresse à la religion catholique et qu'il soit habité par le besoin d'aimer une femme. C'est quelque chose qu'ils n'ont pas compris. Dans le même temps, les catholiques ont vu une imposture en ce pasteur à l'époque, son destin ne ressemblait à aucun autre. Le même conflit s'opère avec la sortie du film "I am Michael", certains y voient une provocation de la part du réalisateur, car contrairement aux autres films de cette catégorie, la représentation homosexuelle est une représentation excentrique ou désespérée. Personne avant lui, n'avait eu l'idée de tourner un film qui montre une réalité différente. Tout ça pour dire, que le rejet naît aussi de la difficulté à se positionner. Tout le monde, tout le temps, a envie de se positionner sur tout. Or, l'identité est bien un domaine sur lequel il est difficile de se positionner, l'identité est quelque chose qui évolue. J'ai lu de nombreux livres post-modernes qui me raccrochent à l'idée que l'identité n'est pas fixe. Une personne n'est jamais qu'un homme, qu'un gay, qu'un étudiant en droit…

J'ai ri quand vous m'avez rappelé que les parents n'orientent pas la vie de leurs enfants, je partage évidemment cet avis. J'ai souligné que c'est ma vie que je souhaitais orienter. Vous aussi, avant d'avoir votre fille, vous étiez habité par le désir d'avoir un enfant. J'imagine que c'était une idée réfléchie. Quand un père désire un enfant, il a envie par ce choix de transformer sa vie. Il est au courant que cela implique le changement de son statut, en plus des responsabilités qui découlent de ce choix.
la Samaritaine a écrit :
dim. 26 janv. 2020, 12:45
Plutôt que se projeter, pourquoi ne pas donner la vie dans l'instant présent ? Pourquoi ne pas goûter l'instant présent et demander à Dieu comment donner la vie AUJOURD'HUI ?
La Samaritaine, il y a des moments où mon désir d'enfant occupe toute la place dans mon esprit, rend mes autres pensées triviales et insignifiantes. Certaines fois, je goûte les plaisirs de la vie "tournée vers le présent" que vous décrivez. Mais voyez-vous, c'est après des longues heures d'angoisse, seul dans ma chambre, que je me force à "revenir au présent". Le projet d'aimer un enfant, d'en être le père, c'est ça mon présent.

Merci mes amis pour vos messages et votre bienveillance,

Vous ne niez pas la difficulté d'avoir des enfants à laquelle je suis confronté. Mais il m'apparaît que vous partez du postulat que le fait d'être naturellement le père d'un enfant est inenvisageable. Comment en êtes-vous si sûrs ? Votre approche est une approche lucide du XXIe siècle : en effet, vous ne pensez pas, et heureusement, qu'une personne homosexuelle peut changer d'orientation sexuelle. Mais, à vous lire, j'ai l'impression que la sexualité détermine l'individu et le conditionne dans ses choix de vie. Faudrait-il que toute la vie d'une personne homosexuelle s'oriente en un sens défini par sa sexualité? A vous suivre, une seule issue possible s'offre à moi, celui d'aimer un homme alors que j'éprouve dans tout mon être le besoin de désirer et d'aimer une femme et d'évoluer avec elle dans l'Amour de Dieu.
Joseph-Diego évoque la stérilité, mais je ne comprends pas la comparaison. La stérilité en soi cause l'infertilité, ce n'est pas le cas de l'homosexualité.
Les moyens de compensation que vous évoquez : être prof, devenir parrain etc. sont très difficiles à concevoir, à 20 ans. Je préfère à choisir la vérité de Kerniou dont le message traduit le doute qu'un tel questionnement suscite. Le projet d'être père, en dépit de mes conflits intérieurs et de la contradiction externe inévitable, est paradoxalement renforcé.

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apatride
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par apatride » mar. 28 janv. 2020, 1:09

20ans,

Je ne vais pas paraphraser ce que d'autres membres vous ont très bien répondu.

Je pensais à une alternative, je ne sais pas si elle est possible ou envisageable, qui serait de vivre marié à une femme de façon chaste, un mariage d'édification vertueuse mutuelle et d'amitié, si l'on peut dire. Dans ce cadre, le devoir conjugal serait ordonné à la procréation, ni plus ni moins ; sauf bien entendu si votre désir évolue avec le temps.

Reste bien sûr à trouver la compagne prête à s'engager dans une telle relation.

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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par Kerniou » mer. 29 janv. 2020, 11:04

Votre idée, Cher Apatride, dénie la vocation du mariage ...
Puis-je vous rappeler que les parents de Thérèse de Lisieux avaient secrètement fait le voeu d'un mariage sans vie sexuelle et que leur confesseur
leur a rappelé la mission du mariage dont l'absence de vie sexuelle est exclue ... L'amour charnel: "donner son corps à l'autre"reste la base du mariage chrétien.
Quant on choisi une direction, on en abandonne une autre; c'est la nature-même de la notion de choix ...
Il reste la possibilité de l'adoption ...
Laissez, cher 20ans, le temps au Seigneur de vous clarifier ce qu'Il attend de vous ...
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par apatride » mer. 29 janv. 2020, 13:37

Kerniou a écrit :
mer. 29 janv. 2020, 11:04
Votre idée, Cher Apatride, dénie la vocation du mariage ...
Puis-je vous rappeler que les parents de Thérèse de Lisieux avaient secrètement fait le voeu d'un mariage sans vie sexuelle et que leur confesseur leur a rappelé la mission du mariage dont l'absence de vie sexuelle est exclue ..
Bonjour Kerniou,

Plus qu'un rappel, vous me l'apprenez !

Je pensais que l'abstinence dans le mariage était un choix possible, merci de m'avoir corrigé.

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20ans
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par 20ans » ven. 31 janv. 2020, 19:07

Kerniou a écrit :
mer. 29 janv. 2020, 11:04
Votre idée, Cher Apatride, dénie la vocation du mariage ...
Puis-je vous rappeler que les parents de Thérèse de Lisieux avaient secrètement fait le voeu d'un mariage sans vie sexuelle et que leur confesseur
leur a rappelé la mission du mariage dont l'absence de vie sexuelle est exclue ... L'amour charnel: "donner son corps à l'autre"reste la base du mariage chrétien.
Quant on choisi une direction, on en abandonne une autre; c'est la nature-même de la notion de choix ...
Il reste la possibilité de l'adoption ...
Laissez, cher 20ans, le temps au Seigneur de vous clarifier ce qu'Il attend de vous ...
Je suis d'accord avec vous. Mon idée n'est pas d'aller à l'encontre de ce que Dieu projette sur moi, ni d'adapter la religion à mes inclinaisons sexuelles. Je ne veux pas transgresser l'idée de l'amour charnel et ce qu'elle implique dans le cadre du mariage, je ne veux pas transgresser d'une manière générale. Je ne veux simplement pas que mon homosexualité limite mon choix. Evidemment que la notion de choix implique d'abandonner une direction pour une autre. Je suis parfaitement conscient qu'on ne peut pas tout avoir. Je voudrais faire le choix d'aimer une femme, et que cet amour résulte en un désir (et que ce désir permette la naissance de mes enfants). Voilà ma direction, ma perspective. Je me remets à Dieu car c'est Lui qui décide. Mais je pense que contrairement aux hommes, Il permet plus de choses. Il ne donne pas de réponse mais lorsque l'on veut se réaliser, en Lui, pourquoi les hommes, les traducteurs de Sa parole, nous en empêchent?

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Joseph-Diego
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Re: Mon désir d'enfant s'obstine

Message non lu par Joseph-Diego » sam. 01 févr. 2020, 0:29

apatride a écrit :
mer. 29 janv. 2020, 13:37
Kerniou a écrit :
mer. 29 janv. 2020, 11:04
Votre idée, Cher Apatride, dénie la vocation du mariage ...
Puis-je vous rappeler que les parents de Thérèse de Lisieux avaient secrètement fait le voeu d'un mariage sans vie sexuelle et que leur confesseur leur a rappelé la mission du mariage dont l'absence de vie sexuelle est exclue ..
Bonjour Kerniou,

Plus qu'un rappel, vous me l'apprenez !

Je pensais que l'abstinence dans le mariage était un choix possible, merci de m'avoir corrigé.
Apatride,en fait l'idée de base du mariage, qui c'est malheureusement perdue depuis, c'est qu'on se marie pour pouvoir avoir "le droit" d'avoir des relations sexuelles.
Et idem, initialement les relations sexuelles ont été créés par Dieu pour la procréation .
Donc qui veut des enfants, doit avoir des relations intimes avec une personne et doit donc se marier avec elle.
D'après le plan parfait voulu par Dieu.
(On met de côté les exceptions du genre adoption, etc .)

Du coup, si vous aimez une personne sans vouloir avoir d'enfants et de relations sexuelles avec elle, le mariage n'a pas lieu d'être, cette personne est une simple amie.
Sachant que Jésus nous exhorte à aimer tout le monde de l'amour "agape" , traduit par charité en français mais ce mot a perdu son vrai sens, rien n'empêche d'être proche, attentionné et affectif avec quelqu'un sans pour autant vouloir se marier avec .

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