Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

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prodigal
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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par prodigal » ven. 01 nov. 2019, 13:03

Mais rassurez-vous, je préfère la vie à la mort.
Je n'ai pas dû être assez clair. Il me paraît tout à fait normal et sensé de profiter au mieux des progrès de la médecine. Je nuance cependant cette évidence en disant que cela ne nous suffit pas pour dire que, d'une manière générale, nous ayons à nous féliciter globalement d'être né si tard.
On peut transposer à tout. Ce qui est progrès d'un certain point de vue est disparition ou au moins régression d'un autre, et toute appréciation globale est subjective. Mais, et ceci est important, cela ne dispense pas de profiter au mieux de ce qui s'est amélioré, ou de le défendre s'il est menacé. En revanche, il faut se garder de vouloir conserver le pire d'une époque révolue, sous prétexte que l'on a de bonnes raisons de détester l'époque présente. On peut regretter l'époque où il était normal d'avoir la foi catholique, ce n'est pas une raison pour réclamer le retour des bûchers, si vous me permettez d'être un peu caricatural.
Il est donc parfaitement légitime de chercher à améliorer le sort de son prochain, et même le sien propre. Mais cela n'a rien à voir avec l'utopie transhumaniste, ni avec le communisme réel. Si vous êtes malade et alitée et qu'un voisin vous rend service, il fait bien. Mais si un philanthrope décide d'éliminer par eugénisme les personne susceptibles de développer des maladies il fait mal, et c'est lui qui en réalité préfère la mort à la vie.Remarquez que le premier cas, le service rendu, se conjugue très bien avec la charité, ce qui est exclu dans le second. On peut donc en conclure que la charité doit nous servir de guide.
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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par mikesss » ven. 01 nov. 2019, 13:31

Quejana a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 11:57
Je comprends votre point de vue, mikesss. Vous considérez que c'est une plus grande gloire d'occuper un rôle avec humilité et amour que de gagner en puissance dans la société - si je vous comprends bien... D'un point de vue strictement chrétien, cela se tient. Et effectivement d'un point de vue plus matérialiste, cela pose problème. Mais on ne devrait pas l'imposer aux femmes ; on n'a du mérite que si on choisit volontairement la dernière place, pas si on nous y oblige. Je crains aussi que cela soit juste un joli prétexte de la part des hommes pour asseoir leur domination sur la femme. Surtout que ce rôle de mère peut être assumé d'une autre manière, d'une manière plus symbolique que dans la maternité elle-même. Je connais des enseignantes par exemple qui transpose cela sur le soin qu'elles prennent de leurs élèves - c'est un exemple parmi d'autres...
N'est-ce pas un manque de charité envers son prochain de l'obliger à occuper sur Terre la dernière place - quand bien même serait-elle dans le ciel la plus élevée ?
Effectivement, il n'est pas question d'imposer aux femmes de devenir mère de famille et d’arrêter de travailler, il s'agit de faire prendre conscience à la société de la beauté d'un tel rôle. Et cela ne concerne que les femmes ayant une famille a charge, bien évidemment. C'est pour cela que je disais auparavant que le travail des femmes n'est pas mauvais en soi, je ne vois aucune objection au fait que celles qui n'ont pas d'enfant encore petits puissent travailler, c'est même dans ce cas une bonne chose (le cas de l'institutrice en est un bon exemple).

Bref, il ne s'agit pas d'imposer quoique ce soit, mais de faire prendre conscience à la société que le rôle d'une mère de famille est de s'occuper de ses enfant, pas d'aller faire carrière. Et vous employez le mot dernière place pour parler des mères au foyer, mais ce rôle n'a été relégué à la dernière place que dans notre société contemporaine, ce n'est pas le cas dans l'absolu: regardez avec quel respect les italiens regardent les mamans, c'est édifiant, je trouve.

Cela dit, afin d'équilibrer un peu, je vais faire le même reproche à l'homme; nombreux sont ceux qui délaissent leurs famille afin de "faire carrière"; leur travail, leur salaire, les honneurs ont pris de pas sur la vie de famille et ils n'assument plus leur rôle de père de famille; là encore, il y a une prise de conscience à faire.

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par helios » ven. 01 nov. 2019, 19:32

Bonjour

En toute dernière analyse je décèle dans l'énoncé du sujet un propos qui en invalide le titre :
que l'on vive dans un monde où les modifications génétiques sont permises pour éliminer... les imperfections de l'homme.
Or, l'homme ayant été créé à l'image de Dieu,le délester de ses imperfections revient à le rendre parfait, c'est-à-dire Parfait. Soit - oserai-je
le dire - l'Egal de Dieu.
On pourrait alors proposer : "Un monde peuplé de Dieux est-il possible ?"... Et un tel monde est non seulement possible, voire souhaitable
nécessaire même ...On le nommerait "Démocratie"
Il ne reste plus qu'à l'inventer...

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Fée Violine » lun. 04 nov. 2019, 3:04

Le HS sur Péguy et Jeanne d'Arc a été envoyé en "Histoire"

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par mikesss » lun. 04 nov. 2019, 8:02

Quejana a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 20:14
mikesss > Mais "faire prendre conscience à la société de la beauté d'un tel rôle" ne risque-t-il pas de faire culpabiliser les femmes qui ne choisissent pas ce chemin-là ?
Bonjour Quejana,
Désolé, je n'avais pas vu votre message, perdu dans la discussion sur Péguy :)

Mais qu'est ce que la culpabilisation au juste, si ce n'est un rappel de la conscience pour nous dire que l'on est pas dans le droit chemin? Ce n'est pas une mauvaise chose, la conscience sert à ça, je pense...

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par mikesss » lun. 04 nov. 2019, 8:51

helios a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 19:32
Bonjour

En toute dernière analyse je décèle dans l'énoncé du sujet un propos qui en invalide le titre :
que l'on vive dans un monde où les modifications génétiques sont permises pour éliminer... les imperfections de l'homme.
Or, l'homme ayant été créé à l'image de Dieu,le délester de ses imperfections revient à le rendre parfait, c'est-à-dire Parfait. Soit - oserai-je
le dire - l'Egal de Dieu.
On pourrait alors proposer : "Un monde peuplé de Dieux est-il possible ?"... Et un tel monde est non seulement possible, voire souhaitable
nécessaire même ...On le nommerait "Démocratie"
Il ne reste plus qu'à l'inventer...
C'est assez drôle ce que vous dites là, parce que (je ne sais pas si c'est volontaire de votre part) ça me fait penser à Aristote qui disait que la démocratie est le système des dieux (vu qu'il n'est vraiment applicable que dans un monde peuplé d'individus parfaits)

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par helios » lun. 04 nov. 2019, 11:18

Bonjour mikess
C'est assez drôle ce que vous dites là, parce que (je ne sais pas si c'est volontaire de votre part) ça me fait penser à Aristote qui disait que la démocratie est le système des dieux (vu qu'il n'est vraiment applicable que dans un monde peuplé d'individus parfaits)
Merci d'avoir subodoré dans mon intervention badine une référence au grand Aristote. Mon intention était, plus modestement, de convoquer
le petit Jean-Jacques :
« S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes. »
Rousseau, "Du contrat social" {( III,4), De la démocratie}

Encore un sournois plagiaire qui n'a pas bu dans son verre ?

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par mikesss » lun. 04 nov. 2019, 12:02

Bonjour Hélios,

il semblerait que je me soit trompé, c'est effectivement Rousseau et non Aristote qui disait cela. Aristote disait juste que la démocratie est un système vicié, et donc mauvais. (c'est une déviance de la république).

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Ombiace » mar. 05 nov. 2019, 12:17

prodigal a écrit :
ven. 01 nov. 2019, 13:03
Il est donc parfaitement légitime de chercher à améliorer le sort de son prochain, et même le sien propre. Mais cela n'a rien à voir avec l'utopie transhumaniste, ni avec le communisme réel. Si vous êtes malade et alitée et qu'un voisin vous rend service, il fait bien. Mais si un philanthrope décide d'éliminer par eugénisme les personne susceptibles de développer des maladies il fait mal, et c'est lui qui en réalité préfère la mort à la vie.Remarquez que le premier cas, le service rendu, se conjugue très bien avec la charité, ce qui est exclu dans le second. On peut donc en conclure que la charité doit nous servir de guide.
Bonjour Prodigal, et aux autres membres
Je viens de découvrir ce fil, et votre réflexion, Prodigal est celle dont je m'approche le plus.
J'ajouterais:
La souhaitable perfection doit elle se situer sous l'angle de ce à quoi la plupart des arguments ici présentés répondent, à savoir, semble -t-il, l'autosatisfaction, par le culte du corps ou en se félicitant des réussites de la chirurgie esthétisque, ou encore de l'eugénisme, etc..? Le type de bienfaits que cela apporte est-il de nature à étancher une soif d'amour, ou au contraire à assoiffer davantage celui qui en bénéficie? Un peu de lucidité, en effet, serait peut-être souhaitable, pour étudier les questions qui me semblent d'un enjeu supérieur (toutes mes excuses, Quejana) :

De quel sorte d'"amour" aimons-nous le prochain que nous éprouvons le besoin de perfectionner physiquement?
Est-ce de ce type d'"amour" dont Jésus nous a aimés, et dont il nous demande de faire preuve?

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par helios » mar. 05 nov. 2019, 17:44

Bonjour

A la lecture de certains messages je prends conscience, et avec grande affliction , que je suis un nihiliste endurci.
J'ai, en effet, avoué trouver souhaitable l'avènement d'un monde sans souffrance -que celle-ci résulte de la méchanceté et de l'égoïsme des hommes ou de l'âpreté de l'environnement- c'est-à-dire d'un monde où le mal aurait disparu.

On m'objecterait donc que dans un tel monde où, certes, l'on n'aurait plus à peiner, à craindre, à s'alarmer,
à souffrir dans son corps etc...
ne se présenteraient plus, du même coup, les occasions d'être peiné, de s'apitoyer, de compatir,
de soulager, de consoler etc... c'est-à-dire les opportunités d'agir vertueusement, de mériter par ses oeuvres...

Soit...
Ce serait donc en nihiliste que je continuerais à rendre grâce au Seigneur dans l'amour permanent... plus une joie de tous les instants.

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Ombiace » mar. 05 nov. 2019, 22:36

helios a écrit :
mar. 05 nov. 2019, 17:44
J'ai, en effet, avoué trouver souhaitable l'avènement d'un monde sans souffrance -que celle-ci résulte de la méchanceté et de l'égoïsme des hommes ou de l'âpreté de l'environnement- c'est-à-dire d'un monde où le mal aurait disparu.
Bonjour helios,
vos souhaits honorent vos bonnes intentions; je ne sais pas très exactement ce qu'est le nihilisme, alors je ne saurais vous soulager, désolé.

Je crois que nous avons la même utopie (voir ce qui est souligné), pourtant le Seigneur a dit que nous avons toujours des pauvres avec nous. Ce que je peux vous dire, dans le prolongement de ma dernière intervention (2 messages plus haut), c'est que faire disparaître un mal physique (j'entends du à une esthétique ingrate, par exemple) ne me semble pas de nature à faire disparaître le mal moral, le plus profond. La panacée pour combattre ce mal, c'est tout simplement l'amour du prochain, qui se transmet de prochain à prochain, même en dépit d'un physique ingrat.
Faire reculer la souffrance ne suppose pas nécessairement en effet de donner, autant que la veuve pauvre, qui donne davantage. Le superflu suffit à cet objectif.
Les praticiens ne sont pas dans la souffrance, ils ne sont donc pas un bon exemple. Néanmoins, ils ont raison d'accrocher dans leurs cabinets les dessins des enfants soignés. ç'est une récompense qui n'a pas de prix! Leurs importants honoraires, quant à eux, ne portent pas ces témoignages d'affection, ou leur simple et fraîche gratuité
helios a écrit :
mar. 05 nov. 2019, 17:44
ne se présenteraient plus, du même coup, les occasions d'être peiné, de s'apitoyer, de compatir,
de soulager, de consoler etc... c'est-à-dire les opportunités d'agir vertueusement, de mériter par ses oeuvres...
Il n'y a pas nécessité de mériter, la parole sur le serviteur inutile peut nous inspirer

En udp, helios
Dernière modification par Ombiace le mer. 06 nov. 2019, 3:46, modifié 2 fois.

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Ombiace » mer. 06 nov. 2019, 3:52

Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 1:03
Pour parler de l'évangile avec des termes freudiens, la croix, c'est tout de même le marqueur d'un principe de réalité qui devrait éclairer et freiner le principe de plaisir, non? C'est le signe que le royaume des cieux ne peut pleinement se réaliser et absorber tout le réel dans son règne. Le nihilisme est ce qui refuse ce principe de réalité, qui refuse qu'en ce monde, l'action humaine ne puisse pleinement accomplir l'infini et les rêves humains, car plus profondément encore, le nihilisme a rejeté le réel, a souhaité en son for intérieur sa suppression et son annulation. Et c'est en cela qu'il est un ressentiment contre la vie, une volonté de néant.
Merci pour cette mise au point qui ne m'était pas destinée, elle m'instruit. J'imagine que c'est là (en souligné) la genèse de tout nihilisme!?!

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par LaurentVan » mer. 06 nov. 2019, 4:34

Bonjour,

Monde sans douleur physique c’est possible.

Les Dr Frankenstein du socialisme remplient d’amour et de paix pour ce monde en rêve.

Insensibilité congénitale à la douleur
[+] Texte masqué
Causes
L’analgésie congénitale est une maladie génétique. Elle est due à la mutation d’un gène qui bloque la transmission des signaux de la douleur entre les neurones. Dans certains cas, la maladie peut être causée par une production anormalement élevée d’endorphine. Actuellement, les études sur les causes de l’analgésie congénitale tendent à aider à trouver de nouveaux traitements de la douleur chronique.
Symptômes et complications
L’unique symptôme de l’analgésie congénitale est l’absence de toute sensation de douleur physique. La maladie n’influe pas sur les autres sens, et n’occasionne généralement pas d’autre perte sensorielle : une personne atteinte d’analgésie congénitale peut toujours sentir et toucher des objets. Les signes qui peuvent alerter dès le plus jeune âge : un enfant qui ne régit pas aux stimuli douloureux ou qui ne pleure pas après un traumatisme. Si ce symptôme peut sembler anodin, l’absence de douleur peut avoir de graves conséquences sur la santé en empêchant la détection de toute blessure, même minime. Sans diagnostic précoce, la moindre blessure est susceptible de s’aggraver, avec des complications pouvant engager le pronostic vital. L’insensibilité à la douleur peut ainsi provoquer des mutilations sans que le patient ne s’en aperçoive : des morsures de la langue et des lèvres pendant la mastication, des brûlures, des plaies au niveau des doigts, des fractures, des infections, etc. En général, les personnes souffrant d’analgésie congénitale ont une faible espérance de vie, dépassant rarement les 30 ans.
Source :
https://sante-medecine.journaldesfemmes ... -en-charge
C’est une maladie rare dont le gène a été identifié et Crisper-Cas 9 peut editer le code génétique des personnes ne souhaitant plus souffrir de mal physique.

Quand bien même donner une maladie génétique à des individus qui sont spirituellement malades est une faute, une aberration et peut être très certainement une abomination, cela n’arrêtera pas certains individus intrépides dans leur quête d’un monde sans souffrance.
« Nous ne sommes pas des êtres humains ayant une expérience spirituelle. Nous sommes des êtres spirituels ayant une expérience humaine. »

Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955)

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Crosswind » mer. 06 nov. 2019, 11:10

Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 1:03
Le problème n'est pas le désir d'un monde parfait […] Le nihilisme advient quand cette volonté de perfection en vient à nier la réalité du réel, si je puis dire, c'est-à-dire lorsque l'homme en vient à nier sa finitude,[…] son incomplétude, pour substituer au réel tel qu'il est un arrière monde imaginaire, une illusion de paradis terrestre à réaliser, c'est-à-dire une consolation […] et c'est en ce sens qu'il y a nihilisme, c'est-à-dire volonté de nier le réel, désir que le réel et la condition humaine ne soient pas ce qu'ils sont.
Je reproche à l'ensemble de votre intervention un parti pris métaphysique qui se garde bien de s'annoncer au lecteur, tout en entretenant un certain flou quant aux termes utilisés. Vous critiquez l'aspiration de quelques-uns, nommés nihilistes dans le cadre de cette discussion, à modifier le réel. Lorsque le mot "réel" est emprunté, il est j'estime indispensable d'en préciser les contours sémantiques. Car, et je sais que vous ne pouvez l'ignorer, sous ce vocable peut se voir décrite l'expérience d'un réel formalisé (une expérience mise en forme par des objets), normalisé (ces objets sont reliés par des relations rationnelles) et subjectivé (je m'inscris en tant qu'objet de ce réel doté d'une histoire). En ce sens, cette première définition du mot réel vise le constat du contenu d'expérience. Mais un second sens du mot lui attribue une visée d'un ordre supérieur. Ce n'est plus seulement une simple liste du contenu de l'expérience, mais l'affirmation que ce contenu, présenté comme tel, est insurpassable, définitif, inscrit dans le marbre de l'éternité. Or cette dernière interprétation est sujette à débat. Actuellement, personne n'a jamais pu démontrer ni l'existence d'un réel, qu'il soit transcendant ou immanent, ni l'assurance que si un tel réel devait exister, nous aurions la moindre chance d'en soulever le voile : ces discussions d'inspiration kantienne ont pris un nouveau tour depuis 1925 et la formalisation de la physique moderne, la fameuse mécanique quantique. Sans parler d'Einstein qui, pas le dernier pour les bons mots, affirmait qu'il était impossible pour le physicien de "sortir" de la physique pour appréhender objectivement la réalité qu'il prétendait décrire. La centralité épistémique de l'être humain, insurpassable et reconnue depuis un bon moment maintenant, semble pour vous prêter le flanc à deux exceptions : l'affirmation d'un réel qui ne nous concernerait pas, et même l'une ou l'autre de ses caractéristiques. Ce n'est pas rien…
Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 1:03
Il y a même, dans les idéologies du progrès les plus dures, un rejet de la vie, un refus de notre présent et de la nécessité de notre finitude, avec tout ce qu'implique cette finitude (à commencer par le fait que nous ne soyons pas tout puissants!). La liberté humaine est par définition inquiétante, capable du mal et de la violence comme du bien. Notre finitude nous est essentielle, et nous ne pouvons pas faire que les forces de l'univers ne soient pas plus puissantes que nous. Rejeter cette condition, c'est rejeter la vie humaine, sa liberté par essence indeterminée et capable de tout, bref, c'est rejeter la situation d'être humain.
Vous partez de l'idée de finitude pour en déduire un au-delà. C'est ma foi très instinctif, mais incorrect quant à votre double conclusion qui amène la nécessité de l'existence d'un être qui "nous" dépasserait et de sa possible connaissance, au moins partielle, par l'homme. Alors bien sûr, on ne peut nier qu'il y ait de l'Être : "il y a" bel et bien. Mais aucun contenu de cet éprouvé, aucun contenu de l'expérience c'est-à-dire les objets et leurs relations, autrement dit aucun Etants, ne pourra être démontré comme étant cet Être, au nom de la centralité épistémologique. L'Être est partout tout en étant nulle part, et ne nécessite même pas le moindre Etant.

De cette manière, il ne s'agit évidemment pas de nier la vie (je me demande d'ailleurs ce que vous entendez par là, exactement). La finitude nous permet de "jouer" avec des objets, dans un monde qui n'est ni ouvert ni fermé dans l'absolu, elle est la condition intrinsèque de ce jeu, d'un jeu au sein duquel nous avons le sentiment de ne pas pouvoir tout faire. Mais rien ne nous empêche d'imaginer pouvoir toujours faire plus. Rien ne nous l'interdit sinon la foi ou une morale. Vivre, c'est s'inscrire pleinement dans un jeu en apparence illimité aux insondables promesses. Je m'inscris donc en totale opposition avec votre thèse : vivre c'est au contraire admettre notre finitude non pas en tant que négatif d'un être quelconque qui nous serait accessible d'une manière ou d'une autre pour nous "dire" le bien, le mal ou comment nous comporter ou espérer. Cela, pour moi, c'est plutôt mourir. Vivre, c'est s'élancer dans une recherche toujours renouvelée, dans un renouveau permanent des relations dont je sais jouir. En fin de compte, vivre c'est intégrer l'Être non pas comme étant au loin, dans un Etant diaphane atone et fantomatique, mais bel et bien ici et maintenant.
Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 1:03
C'est pourquoi il y a dans le nihilisme une volonté de néant, un désir de négation de l'être et de notre essence, du présent, et ce par la consolation d'une idéologie répondant soit disant à toutes les frustrations humaines.
Vous développez une vision très caricaturale du nihilisme !

Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 1:03
Ceux qui veulent un monde sans plus aucun mal, par exemple, devront m'expliquer ce qu'ils feront de la liberté humaine dans leur idéal de perfection... et comment fait-on pour supprimer la liberté humaine autrement qu'en détruisant l'humanité de l'homme?
Et que faire de la contingence, et des innombrables causes que nous ne maîtrisons pas et qui peuvent subvenir à tout instant?
Deux points de réponses. Le premier, courant, revient à affirmer que si la liberté humaine est une sensation éprouvée par l'association d'une volonté limitée par un monde contingent, elle n'en est pas moins qu'un concept. Personne ne peut réellement dire si nous sommes absolument "libres de dire non", si notre liberté n'est pas que le miroir éprouvé d'une suite mécanique de type matérialiste, ou d'une Volonté Divine. En ce sens, associer la liberté à l'essence, à l'humanité de l'homme, m'a toujours semblé d'une grande naïveté et source de confusion. Le deuxième me fait remarquer que l'absence du mal dans nos sociétés ne peut en aucun cas se résumer à une absence de liberté. D'une part car nous ne pouvons pas être empêchés de faire quelque chose qui n'existe pas, ou plus. D'autre part parce que le mal et le bien sont des notions issues en droite ligne de notre expérience sensible. Il suffit d'une molécule pour transformer la plus terrible souffrance en expérience du Tonnerre de Dieu, et vice-versa. Correctement administrés, certains composés feraient passer la vie dans une prison de Raqqa pour un passage au Paradis.

Il est parfaitement possible de faire croire à quelqu'un qu'il est libre dans un 9m², ou en prison au Paradis Eternel. L'étude psychologique de certains cas est édifiant, croyez-moi. Je le répète, la liberté de l'homme n'est pas une certitude, encore moins un trait de sa Nature, et elle est à géométrie variable.

Je vous rejoins par contre en ce qui concerne la contingence. L'ennui, c'est que ce concept est un concept terminus. Evoquer la contingence, c'est évoquer l'idée que, oui, tout peut arriver et mettre à mal le scénario rationnel savamment établi. C'est d'ailleurs ce qui se passe, on ne cesse de modifier nos axiomes rationnels au fil du temps. La contingence, c'est le White Spirit de la pensée, le joker de la philosophie. C'est pour cette raison que la science l'intègre, pour mieux la neutraliser, en tant que fil directeur de son développement.

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Re: Un monde parfait sans Dieu est-il possible ?

Message non lu par Crosswind » mer. 06 nov. 2019, 14:35

Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 14:14
Je ne suis pas venu sur ce site pour écrire un traité de philosophie, dérouler du concept et définir chaque terme employé de maniére précise et parfaitement rigoureuse. Il faudrait 20 pages à chaque fois, et les interlocuteurs n'en veulent pas, comme moi d'ailleurs.
Du souhait de vos interlocuteurs, vous êtes seul juge semble-t-il. Quant à la rigueur, elle est essentielle dès lors que le discours sert une position, sans quoi la posture défendue relève de l'opinion rhétorique.
Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 14:14
De plus, il est inutile de voir Dieu ou autre dans mon message précédent, puisqu'il n y apparait pas. Je ne sais pas si vous n'êtes pas venu ici pour croquer des chrétiens, en somme, avec pour idée préalable que le chrétien est enchainé à ses illusions et à sa tristesse, et que tout ce qu'il dit présuppose son illusion d'un au-delà, d'un "big boss" auquel il serait soumis, avec ses grandes catégories horrible de "Bien" et de "Mal". C'est votre droit le plus strict, et c'est très charitable de votre part, mais en ce qui me concerne je n'ai pas a rentrer dans ce jeu là. C'est très mal me comprendre, soit dit en passant.
Je n'ai effectivement point vu Dieu chez vous. Les choses sont claires, pour une fois.
Suroît a écrit :
mer. 06 nov. 2019, 14:14
Je me suis seulement rapproché ici du sens nietzschéen de ce mot, seulement dans le cadre de ce qui concerne le sujet et les interventions des autres personnes sur ce même sujet […]Comprenez que si nous devions dérouler à chaque foi une notion jusqu'au bout pour l'analyser des ses fondements ultimes, nous ne ferions rien d'autre que pourrir tous les sujets de ce forum, et je crois que ce n'est pas très respectueux d'agir ainsi.
Croyez-vous vraiment que vos interlocuteurs sortent de leur petit doigt la notion de sens nietzschéen lorsque vous leur pondez un article sur l'humanité de l'homme, le bien et le mal? Vraiment? Ne seriez-vous pas un brin moqueur?

Je vous reproche donc, après révision du contrat, d'associer frauduleusement des visées abstraites et philosophiques, à la réalité phénoménale concrète de monsieur-tout-le -monde, en vue d'un but hypothétique mais plausible, quoique nébuleux. Il y a la casserole du soldat, et la cuisinière de Nietzsche.

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