Communautarisme catholique

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » mar. 09 juil. 2019, 9:23

Par "ennui", je voulais (mais mal..) parler d'un sentiment qui expliquerait l'acte créateur de Dieu. De fait, je ne crois pas que se donner des causes extérieures à soi d'un plus grand amour (et là se comprend la beauté et la nécessité de la liberté, humaine notamment) soit nécessairement un signe d'ennui ni de manque, mais une façon différente de vivre l'extase et ce qu'elle suppose d'accroissement et de dilatation.
Il est vrai que le temps présent peut nous donner une impression similaire si précisément on oublie ce lien amour-liberté.
Vous êtes non seulement tout excusé, mais ces erreurs d'appréciation qui sont normales sont aussi intéressantes en ce que leur éclairage porte alors sur votre riche monde intérieur.
Vous avez raison, cela fait toute la différence, mais je pense aussi qu'il ne faut pas en attendre la connaissance ; la véritable attitude amoureuse ne consiste-t-elle à anticiper autant que faire se peut les désirs de l'autre, à lui être ouvert plus qu'à l'enfermer dans l'image que nous en avons ?

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » mar. 09 juil. 2019, 18:55

cmoi a écrit :
mar. 09 juil. 2019, 9:23
Par "ennui", je voulais..
A propos, je ne sais pas si vous y verrez un lien, mais que vous inspire le "serviteur inutile"? Une invitation à se retirer dans la prière?(Mille excuses: je ne donne vraiment pas dans le communautarisme.. Même s'il est vrai qu'il n'y a pas besoin d' être ermite pour prier.)
Cette parole me semble en tout cas une opportunité pour le frère ainé du fils prodigue..
cmoi a écrit :
mar. 09 juil. 2019, 9:23
Vous êtes non seulement tout excusé, mais ces erreurs d'appréciation qui sont normales sont aussi intéressantes en ce que leur éclairage porte alors sur votre riche monde intérieur.
Merci
cmoi a écrit :
mar. 09 juil. 2019, 9:23
la véritable attitude amoureuse ne consiste-t-elle à anticiper autant que faire se peut les désirs de l'autre,
J 'ai cru observer que cela pouvait également étouffer lorsque la personne cherche de l' espace pour se construire. (Là, c'est vous qui me faites sortir du sujet!)

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » mer. 10 juil. 2019, 16:55

Vous avez raison pour l’opportunité, et je suis touché par votre sollicitation.
Concernant le serviteur inutile, c’est avant tout pour moi une invitation à se débarrasser (fuir !) des titres, grades, privilèges etc. dont certains ecclésiastiques furent ( !?) friands, autant que les hommes politiques, les soldats, les nobles, les cadres, et tant d’autres… Cette hiérarchie et tous les défauts du genre sont hélas encore très présents.
Le plus dépouillé, le moine, reste pourtant LA référence de sainteté incontournable, ce qui n’est pas un mal, mais cela aussi et c’est encore mieux, est Là remis en question par cette vérité, cette réduction qui est aussi une ouverture extraordinaire à la grâce, pour chaque baptisé. Tout lui est possible, accessible, et sans aucun intermédiaire, dès lors qu’il a su renoncer à tout par amour et fidélité, qu’il accomplit ce qui s’appelait son devoir d‘état sans rien s’accaparer.
Et ceci dès maintenant, sans attendre une vie future.
Or dans le royaume des cieux, tout cela disparaît, le plus inutile et oublié a autant de chance sinon plus d’être ce dernier qui sera le premier.
C’est aussi une école de lâcher prise, qui paradoxalement doit conduire à une grande confiance en soi.
Vous avez raison de dire que sinon cela peut étouffer, à moins de comprendre que nous disposons de tout le temps utile pour atteindre à l’efficacité, notre liberté n’est nullement sous contrôle et surveillée, sauf à être protégée quand par zèle elle s‘est aventurée au-delà de son domaine de compétence et risque d‘être piétinée.
Comme à l’armée, je dirai que la fonction prime sur le grade, et que la fonction tient ici à comment dans l’intimité nous parvenons à toucher le cœur de Dieu, autant dire que cela ne cesse de remettre en question la transparence de nos relations avec les autres et leur utilité.

Pour en revenir au sujet (il est inévitable de parfois s'en écarter !) la communauté chrétienne a cette particularité que le dernier devrait y être traité comme et mieux que le premier, que la compétition ou plutôt ses enjeux devraient y être inversés, on peut donc penser que le vrai saint voudra la fuir pour ne pas être "repéré" et conserver ses croix, à moins de passer dans une logique de transmission ou d'avoir atteint une certaine impassibilité.

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » mer. 10 juil. 2019, 19:19

cmoi a écrit :
mer. 10 juil. 2019, 16:55
Or dans le royaume des cieux, tout cela disparaît, le plus inutile et oublié a autant de chance sinon plus d’être ce dernier qui sera le premier.
C’est aussi une école de lâcher prise, qui paradoxalement doit conduire à une grande confiance en soi.
Vous semblez savoir apprécier les choses simples et authentiques.. Je me trouve agréablement surpris, ce n' est pas si fréquent: Être blasé est si répandu..
cmoi a écrit :
mer. 10 juil. 2019, 16:55
on peut donc penser que le vrai saint voudra la fuir pour ne pas être "repéré" et conserver ses croix

Je ne suis pas sûr que le saint recherche la difficulté pour la difficulté. Ne serait-ce pas une occasion de s' autosatisfaire et de pécher par narcissisme spirituel?

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » jeu. 11 juil. 2019, 10:10

J'aurais envie de vous répondre qu'il y a pas mal d 'années de "travail sur soi" derrière cela, mais en fait je n'ai jamais été blasé, c'est un sentiment dans lequel je ne sais pas tomber sans rebondir.
Sans doute parce qu'alors il n'y a plus de souffrance aigüe, et j'ai besoin de la sentir spirituellement, car elle me sert d'alerte comme pour la sensibilité dans le corps.

Le risque que vous pointez avec pertinence est réel en effet, mais plus que la difficulté pour la difficulté, je pense que certaines recommandations évangéliques (s'isoler pour prier, chercher la dernière place, cacher sa vertu, etc.) et même si le concept main droite/main gauche et celui de la lampe sous le boisseau semblent en résoudre une partie - sont plus difficiles à vivre parmi d'autres chrétiens (exclusivement !) car malgré tout, ils ne sont pas sans péché, et la friction entre chrétiens peut produire de très détestables exemples et effets.
L'histoire hélas en porte les stigmates dans toutes nos vies, et l'œcuménisme parait bien falot à côté de paroles aussi tranchantes que de laisser là notre offrande et notre prière pour aller d'abord nous réconcilier.
Sans prétendre avoir raison, je me suis pour ma part réconcilié au point de changer de camp extérieur, puisqu'il faut hélas et malgré tout en avoir un pour communier...

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » sam. 13 juil. 2019, 10:52

cmoi a écrit :
jeu. 11 juil. 2019, 10:10
c'est un sentiment dans lequel je ne sais pas tomber sans rebondir.
J'envie votre vitalité
cmoi a écrit :
jeu. 11 juil. 2019, 10:10
Sans prétendre avoir raison, je me suis pour ma part réconcilié au point de changer de camp extérieur, puisqu'il faut hélas et malgré tout en avoir un pour communier...
Qu'appelez-vous camp extérieur?
cmoi a écrit :
jeu. 11 juil. 2019, 10:10
s'isoler pour prier, chercher la dernière place, cacher sa vertu, etc.) et même si le concept main droite/main gauche et celui de la lampe sous le boisseau semblent en résoudre une partie
En souligné, ce qui me pose question, et ne peut que difficilement à mes yeux apporter cohésion. Qu'est-ce qui peut être résolu, entre chrétien, selon que l' on mette l' accent sur l' effacement, ou au contraire, sur la médiatisation de la vérité, la justice, etc..? C' est un dilemme qui relève peut-être de la compétence de la Trinité pour ce qui est de l'apprécier, car Elle seule voit ce fond des cœurs en lien étroit avec les intentions de chacun(e)
Peut-être le communautarisme chrétien qui ferait l'économie de la question ne met peut-être pas toute les chances de son coté. Il ne faudrait pas réduire celui qui fait silence à un pleutre hypocrite, ni celui qui témoigne avec ostentation à un hystérique..

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » sam. 13 juil. 2019, 11:35

Rassurez-vous : ce n'est pas toujours confortable de se prendre l'effet des montagnes russes :-D

Camp extérieur : l'orthodoxie. Les différences théologiques de fond sont devenues à mes yeux dérisoires. Le "filioque" est quasiment résolu, L'assomption = dormition, l'infaillibilité comme résultante d'un concile, c'est ce qui se fera je pense après réconciliation, et pour l'Immaculée Conception, le pape en aurait-il fait un dogme s'il ne s'y était senti poussé par la première concernée, dont l'intention ne saurait être de donner un motif de désaccord. Le pape lui-même a observé qu'il conviendrait de distinguer dans le dogme ce qui est incontournable, de ce qui (comme les apparitions) n'engage pas la foi, mais une sorte de "bonne volonté", comme pour la croyance en des apparitions. Par ailleurs, la liturgie et la mystique orthodoxe m'ont permis de renouveler mon émerveillement en me donnant l'impression de redécouvrir ma foi. Le reste est de l'ordre du disciplinaire et donc beaucoup de l'orgueil et du relatif. En fait, je me sens membre des 2 à la fois... anticipant leur réunification.

J'ai fait une erreur dans mon dernier message : c'est l'éloignement et le manque de communication qui ont creusé l'incompréhension et les excommunications réciproques (même s'il y entra une part de mauvais caractère et d'orgueil, un manque de charité fraternelle).

Bien sûr, vous avez raison, certains choix entre 2 biens sont impossibles à faire si tant est qu'il faille en choisir le meilleur, car ce dernier dépend d'une intention qui relève en quelque sorte de la providence et non plus de la vertu. Si Dieu sait tirer un bien du mal, il arrive que nous lui fassions obstacle malgré tout, mais cela ne doit que nous stimuler à essayer de le surprendre, de l'étonner en bien.

Faut-il (je réalise à quel point mon propos s'enchaîne au précédent) choisir l'Eglise de sa naissance ou celle qui nous aide à en renouveler la foi ? Je suis convaincu que la sainteté, qui seule importe, est au-dessus ou au-delà de cela, de ces clivages, qu'elle puise ses ressources là où elles lui conviennent sans se soucier de cela, pourvu de rester intègre, qu'il y a des saints des 2 côtés (comme il y eut 2 papes et des partisans canonisés des deux camps ultérieurement dans l'Eglise dite Romaine) : les saints sont l'Eglise, même s'il ne la "font" pas tous, pas toujours, pas que.. s'ils 'agit de celle dite "militante".

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » dim. 14 juil. 2019, 23:59

cmoi a écrit :
sam. 13 juil. 2019, 11:35
Le "filioque" est quasiment résolu, L'assomption = dormition, l'infaillibilité comme résultante d'un concile,
Je connais peu ces points de clivage, voire pas. Peut-être votre position nouvelle et pivot apporterait-elle un éclairage original sur le problème, si vous permettez que je vous sollicite ( sans que cela ne vous mette dans l' embarras )
cmoi a écrit :
sam. 13 juil. 2019, 11:35
Bien sûr, vous avez raison, certains choix entre 2 biens sont impossibles à faire
pierrot2 a écrit :
sam. 13 juil. 2019, 10:52
selon que l' on mette l' accent sur l' effacement, ou au contraire, sur la médiatisation de la vérité, la justice, etc.
pierrot2 a écrit :
sam. 13 juil. 2019, 10:52
Peut-être le communautarisme chrétien qui ferait l'économie de la question ne met peut-être pas toute les chances de son coté. Il ne faudrait pas réduire celui qui fait silence à un pleutre hypocrite, ni celui qui témoigne avec ostentation à un hystérique..
Ces sensibilités divergentes doivent, je suppose, exister dans les trois grandes religions chrétiennes. Peut-être ces clivages en commun pourraient-ils paradoxalement rapprocher !?!

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » lun. 15 juil. 2019, 10:34

Je vous remercie pour votre ouverture cher Pierrot2, et je veux bien y répondre, mais je ne crois pas pour le coup que ce soit le lieu pour ce sujet.
Je partage à fond votre avis favorable quand à ce que votre dernière question soulève.
Bien des catholiques d'aujourd'hui se sont nourris aux enseignements de par exemple Antoine Bloom sur la prière.
Les livres de Mgr Kallistos Ware sont aussi partagés par de nombreux catholiques.
"Les récits d'un pélerin Russe" (on oublie trop souvent leur merveilleuse suite en 3 récits) sont très connus aussi, qui parlent de la Philocalie, livre qui n'est (un peu à la manière de Thomas d'Aquin) que la reprise des textes de plusieurs théologiens et mystiques orthodoxes (les 2 sont difficilement séparables en orthodoxie) pour défendre la prière dite hésychaste ou prière du cœur /prière de Jésus/l'invocation du nom (directement sortie de l'Evangile quant à ses paroles quand il y en a) et dont la répétition incessante tient une part prépondérante dans la pratique personnelle (un peu comme le rosaire pour un catho).

Une bilbiographie succinte ?

Pour un survol de type catéchétique:
" Le mystère de la foi. Introduction à la théologie dogmatique orthodoxe" par Hilarion Alfeyev (vivant)
"Approches de Dieu dans la voie orthodoxe" par Kallistos Ware (souvent précédé de son autobiographie et donc du récit de sa conversion)
(L'autobiographie d'Antoine Bloom, qui bien que moine a été chirurgien dans l'armée française et a fait de la résistance en France, lui aussi converti, est aussi très intéressante )
Pour une révision historique :
"L'Orthodoxie : L'Eglise des sept Conciles" par Kallistos Ware

Je vais réfléchir à comment présenter le sujet, mais si vous avez une idée, n'hésitez pas...

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » mer. 17 juil. 2019, 6:08

cmoi a écrit :
lun. 15 juil. 2019, 10:34
Une bilbiographie succinte ?
Bonjour cmoi,

si je devais lire de nouveau, ce serait probablement ce type de littérature, mais j' ai "abandonné" cela depuis un bon moment.. :dormir:
Le moment de la retraite sera sans doute le bon, mais je ne suis pas pressé.. :chair:

Dites-moi, dans quel sens avez-vous fait ce grand écart?
cmoi a écrit :
lun. 15 juil. 2019, 10:34
Je vais réfléchir à comment présenter le sujet, mais si vous avez une idée, n'hésitez pas...
Méconnaissant des débats, et même des sujets de division, je ne vous serais de nulle aide. Si c' est trop d' énergie, ne vous donnez pas cette peine.
merci en tout cas de votre bonne volonté. :)
Salutations.., ma sympathie vous accompagne :ciao:

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » mer. 17 juil. 2019, 11:57

Je n'ai pas compris votre question sur le grand écart....
J'essayerai ce WE de rédiger un aperçu historique sur le schisme entre l'orient et l'occident et j'en ferai un sujet..
Je peux sinon déjà, par envie autant que par politesse, vous donner les raisons personnelles qui me firent "revenir aux sources" (c'est ainsi que le voient les orthodoxes) car je crois de fait que beaucoup de catholiques romains sont en fait des orthodoxes qui s'ignorent, mais qu'ils pratiquent simplement au plus simple et pratique, selon la coutume du lieu et de leur éducation. Changer de rite n'est pas si facile et si c'est parfois enthousiasmant, c'est aussi parfois déstabilisant...
Bon, mais je vais aller manger avant :!:

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » mer. 17 juil. 2019, 16:27

Pierrot2; voila : chose promise...

Le catéchuménat en principe sert à lever les objections que nous pourrions avoir à partager la foi et la vie de l’Eglise. Mais pour ceux qui ont été baptisés dès leur plus jeunes années, c’est au fur et à mesure qu’ils découvrent les choses que ces dilemmes se font jour. Je ne parle pas tant là des points de théologie qui font encore débat, à moins que l’avis dominant soit clairement dominant et quasiment exclusif. Sur d’autres sujets plus historiques (comme l’inquisition) l’Eglise elle-même a reconnu ses torts et je ne pense pas que ceux-là soient à retenir comme des points d’achoppement.
En ce qui me concerne, Il y eut d’abord ma grand-mère maternelle, qui m’apprit à lire à 3 ans en se servant d’un catéchisme (les miches de pain) et qui avait des ascendances Russes prestigieuses. Plus tard, quand je poserai « des colles religieuses » à ma famille et à ses invités religieux (évêques, etc. du beau monde !) il s’avérera que le point de vue orthodoxe, qui lui fut transmis et qu’elle respectera bien qu’elle fut toujours catholique, permettait de résoudre certains points qui sinon seraient restés obscurs ou insuffisants, avec un brio mystique que j’affectionnerai.

Voilà donc ma liste des choses qui m’étaient dérangeantes (dans un ordre chronologique et sachant que certaines furent évanescentes) et qui ne le furent plus. Sachant que ce ne sont pas toujours les plus insignifiantes qui le sont le moins quand on les considère :
  • La communion sous deux espèces quasiment réservée aux clercs
    L’usage d’une denrée modifiée pour l’eucharistie et qui n’a quasiment jamais eu court à nos repas habituels
    L’ajustement des sacrements (baptême, première communion, confirmation) + profession de foi, sur un parcours qui ressemble à celui de la scolarité
    Un baptême au rabais, non par immersion complète
    Le fait que le baptême ne change pas les conditions extérieures de notre salut (bien qu’il efface la faute et sa peine, et même si le contraire serait difficile à mettre en œuvre !)
    Le fait d’une hiérarchie (laïc/clerc, etc.) et tout ce que cela entraîne, notamment les scandales de la curie Romaine
    Les commandements de l’Eglise (qui obligent sous peine de faute grave)
    Les changements liturgiques et excès qui ont suivi Vatican II : sans eux et les déchirements presque fratricides qui les ont accompagnés (ma famille fut partagée, une partie est devenue traditionnaliste), aujourd’hui j’administrerai les sacrements sous la houlette romaine. Je n’ai au lieu de cela qu’ondoyé 2 fois, en des circonstances exceptionnelles qui le justifiaient amplement. Ces changements, qui conspuaient ce qui avant était sacralisé, m’ont incité comme beaucoup à reprendre et raviver mes désaccords intellectuels non résolus
De là :
  • Les dogmes de l’immaculée conception et de l’assomption (en ce qu’ils obligent sous peine d’hérésie, donc d’excommunication, donc deviennent un critère discriminant pour être sauvé : il me semble que certains dogmes ne relèvent pas de la foi nécessaire au salut, qui furent établis sur des éléments ne faisant pas appel à la raison et une fois close la révélation…) même si personnellement j’y crois.
    Le dogme de l’infaillibilité papale, en ce qu’il est autoproclamé : en toute bonne logique il aurait fallu qu’elle soit antérieure pour qu’il soit valide, or si Jésus a donné à Pierre un charisme ce serait plutôt celui de la conservation du troupeau dans son intégralité : les procédés employés (ce dogme + les excommunications) sont trop extrêmes et douteux, susceptibles de révisions… L’infaillibilité personnelle n’est pas un moyen induit par cette promesse de prévaloir sur les portes de l’enfer, mais plutôt la charité fraternelle.
    La sacralisation de l’hymen de Marie qui serait resté intact (même à l’accouchement) et que certains tiennent pour une vérité de foi : comme s’il n’y avait pas d’autres sujets plus importants !
    Le refus de la communion aux divorcés remariés (jusque récemment, mais surtout la façon erratique et brouillone, contradictoire parfois, dont l’Eglise a évolué sur ce thème de l’indissolubilité au fil du temps et qui a révélé bien des lacunes et défauts : d’abord on ne divorce pas mais se sépare, ensuite on peut éventuellement annuler et seulement après divorcer, puis le contraire : il fallait divorcer avant de demander l’annulation, et si on a vécu en concubinage donc dans le péché eh bien on peut encore se marier et pas ceux qui l’ont fait et ont été quittés sans faute de leur part, les « réserves » apposées sur les actes de mariage, etc. sans compter l’obligation de se marier civilement d’abord et qui fiscalement pénalisa longtemps les parents mariés donc chrétiens)
    L’idée qu’il était juste que le Christ souffre pour nos péchés, parce que seule la souffrance d’une nature Divine pouvait réparer un tort fait à cette nature Divine : je crois qu’il a souffert pour nous ouvrir son cœur et nous montrer la voie, par nécessité d’amour et non par justice. Conséquence de cela : le prêchi-prêcha sur le mode « retraites » qui pour raviver le repentir prétend que quand je pèche, je crucifie le Christ qui me voyait ou du moins augmente sa souffrance au calvaire : cela ressemble à du chantage et c’est bien bas, médiocre, hors sujet. Ce que je critique, c’est le fait de se servir de cela qui en soi n’est pas faux pour ajouter à notre honte et nos remords : ce n’est pas là inciter à l’amour, non, mais à un assujettissement, voire une vengeance par dégoût… Car l’amour de Dieu ne saurait relever de telles considérations, et celui que nous lui portons s’en satisfaire quand nous l’offensons. Comme le dit si bien le dogme de l’Eglise, il y a un mystère de la rédemption : alors pourquoi le déflorer d’une si vile façon !
    Ce n’est ici qu’en exemple pour illustrer une différence non doctrinale mais « d’esprit », entre l’orthodoxie et ce à quoi a abouti la scolastique du catholicisme romain.

L’événement déclencheur fut un épisode très malheureux de mon histoire, survenu sur le tard, où j’estime que l’Eglise n’a pas rempli son rôle, et cela réveilla des profondeurs du passé et de ma solitude quelque chose que j’avais rangé aux oubliettes :

Ayant été successivement victime de plusieurs prêtres pédophiles (qui ne se connaissaient pas) durant ma puberté et mon adolescence, j’avais le choix entre réduire cela à des comportements et des responsabilités individuelles, ou mettre en cause l’Eglise.
Le fait que ces travers étaient déjà connus, répertoriés, et ne sauraient être tolérés dans un contexte d’admission à la prêtrise, avait de quoi faire réfléchir : s’ils ont pu être dissimulés à ce moment-là, était-ce de bonne foi ?
Pour moi, l’Eglise a failli à sa mission, soit en ne discernant pas les causes d’exclusion, ce qui serait grave mais pas autant que - soit plus tard en ce que par ses sacrements dont c’est le rôle essentiel, elle n’est pas parvenue à en vaincre le mal alors que c’est là sa mission et que cela concerne les personnes les plus aptes à en bénéficier, personnes qu’elle a conservé dans son sein. Elle doit remettre alors sa démission à son chef, le Christ, à lui de remédier au mal qu’elle n’a pas su guérir, endiguer !
Il y a quand même un devoir d'efficacité pour rester un minimum crédible !

Si déjà je n’avais pas quitté l’Eglise en fin d’adolescence, c’est qu’un heureux concours de circonstances m’avait donné pour amie (nous avions des affinités spirituelles réciproques qui dépassaient tout) une personne très élevée dans la hiérarchie Catholique Romaine, de grande vertu, digne d’admiration, auprès de qui j’ai pu faire entendre ma voix et découvrir mes trésors (nous en avons tous) et bénéficier dans le secret d’une reconnaissance qui me combla en tant que brebis.

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par Ombiace » jeu. 18 juil. 2019, 6:44

cmoi a écrit :
mer. 17 juil. 2019, 16:27
Pierrot2; voila : chose promise...
Merci cmoi, je suppose qu'écrire ces lignes était douloureux comme le fer dans la plaie. Un corps étranger, dans tous les sens du terme, avec dessus une cicatrice qu' il a fallu rouvrir. Mais j' imagine que la quête d'empathie n'est pas votre but. Je me bornerais à exprimer ma surprise de voir abordées des choses si personnelles sur l' internet, et à donc saluer votre audace.
Les points de désaccords s' entendent; certains m' avaient posé question sans que je sache qu'ils faisaient l'objet d'une séparation d' églises. J'imagine que je me situe sur le plan du fond et que un minimum de forme, mais chargée de sens, peut à mes yeux suffire pour exécuter le rituel..
Merci, de nouveau, pour avoir inventorié tout cela: cela me donne un aperçu appréciable

Et aussi, je demeure attaché à l'unité, et crois le catholicisme plus légitime pour incarner ce rôle. Ce qui m'intepellerait le plus serait peut-être ces questions de l' enfant que vous étiez à ces doubles références religieuses que vous aviez alors. Je ne suis pas étonné que les réponses catholiques ne vous ai pas satisfait car il me semble que la vulgarisation de ses enseignements n'a pas toujours fait partie de sa préoccupation

Concernant votre passé de victime de l' Eglise, vous avez toute ma sollicitude; j' ai déjà écrit sur un fil dédié au thème de la pédophilie dans l' Eglise: Pour moi, les chrétiens doivent s' efforcer de se montrer attirants, en imitation du Christ, càd en clairement désignant comme faux catholique ceux qui agissent de la sorte. L' image de Christ ne doit pas être défigurée, repousser par ces repoussants comportement qu' un vrai catholique ne saurait pratiquer. J' imagine que vous seriez tranquillisé si ceci était reconnu, vos souffrances auraient servi; enfin, je parle à votre place, j'espère ne pas déborder..

cmoi
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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par cmoi » jeu. 18 juil. 2019, 9:27

A mon tour de vous remercier pour votre intuition et votre compréhension si perspicaces.
Je le dis en toute franchise, vous avez raison concernant cette légitimité et l'unité. J'ai découvert au sein de l'orthodoxie une complexité que je n'imaginais pas en ce qui concerne ce qui est ou pas légitime, dans une reconnaissance mutuelle ou une filiation apostolique, et j'en passe de ces mots ou concepts qui créent des distinctions infinitésimales qui ouvrent des abîmes.

Vous avez raison sur ce que vous jugez nécessaire. Je n'interviendrai pas ici, jamais, sur ce sujet que je considère trop intime pour être débattu (pour l'instant pour moi).
J'ai en décembre dernier rédigé (en 3 semaines intensives) un livre témoignage que j'ai ensuite complété de mes réflexions personnelles puis remis à la commission chargée d'enquêter. Il fait 240 pages et contient tout ce que j'ai à en dire... Et qu'il m'a fallut tant d'années pour pouvoir exprimer.

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Re: Communautarisme catholique

Message non lu par James » jeu. 18 juil. 2019, 20:51

Bonjour à tous mes chers frères et soeurs,

Permettez-moi de citer ici ce merveilleux extrait tiré de l’Évangile selon Saint Jean que malheureusement nous, le peuple chrétien, avons perdu de vue :
Chapitre 17 : La Prière de Jésus

1 Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie
2 et que, selon le pouvoir sur toute chair que tu lui as donné, il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
3 Or la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
4 Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire.
5 Et maintenant, Père, glorifie-moi auprès de toi de cette gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût.
6 « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as tirés du monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés et ils ont observé ta parole.
7 Ils savent maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi,
8 que les paroles que je leur ai données sont celles que tu m’as données. Ils les ont reçues, ils ont véritablement connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
9 Je prie pour eux ; je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi,
10 et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et j’ai été glorifié en eux.
11 Désormais je ne suis plus dans le monde ; eux restent dans le monde, tandis que moi je vais à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un.
12 Lorsque j’étais avec eux, je les gardais en ton nom que tu m’as donné ; je les ai protégés et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, en sorte que l’Ecriture soit accomplie.
13 Maintenant je vais à toi et je dis ces paroles dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie dans sa plénitude.
14 Je leur ai donné ta parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde.
15 Je ne te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du Mauvais.
16 Ils ne sont pas du monde comme je ne suis pas du monde.
17 Consacre-les par la vérité : ta parole est vérité.
18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les envoie dans le monde.
19 Et pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité.
20 « Je ne prie pas seulement pour eux, je prie aussi pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi :
21 que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé.
22 Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un,
23 moi en eux comme toi en moi, pour qu’ils parviennent à l’unité parfaite et qu’ainsi le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
24 Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, car tu m’as aimé dès avant la fondation du monde.
25 Père juste, tandis que le monde ne t’a pas connu, je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
26 Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître encore, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux. »
Père très saint,
Insufflez dans le coeur de vos fils un Esprit d'unité.
Aidez-nous à abattre nos quelques divergences de point de vue nés de nos coeurs tièdes et de notre faible intelligence, Seigneur, et guidez-nous dans la Vérité pleine et entière.
Que tous retrouvent le gout de se rassembler et de s'aimer afin que votre volonté soit faite et que le monde reconnaisse que vous nous aimez.
Nous vous en supplions, au nom du sacrifice de Jésus le Christ sur la Croix pour la pardon de nos péchés et le salut des âmes.
Amen.

Que le Seigneur vous bénisse!

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