Bonjour à tous,
Les derniers messages rappellent opportunément que la différence essentielle entre l’humain et l’animal est dans sa spécificité spirituelle et sa vocation à partager la vie de Dieu.
La différence essentielle tient évidemment dans le fait que les humains sont des âmes immortelles, mais, dans cette section de philosophie du forum, la réalité spirituelle des humains n’est pas directement l’objet actuel de ce fil de discussion qui se penche sur la comparaison avec l’animal qui est un être de la création matérielle, de la nature.
Nous cherchons ici quelle différence peut être trouvée dans la nature dont nous faisons aussi partie.
Cinci a écrit : ↑jeu. 25 oct. 2018, 15:32
Cinci écrit :
Que c'est compliqué, que c'est compliqué !
Dites, Xavi, vous seriez au Québec, l'on aurait pu penser que vous étiez présent dans la file d'attente le 17 octobre dernier, le jour de l'ouverture légale des comptoirs de la société québécoise du cannabis.
p.s. : j'ai le sentiment que vous vous embrouillez dans cette histoire juste parce que vous tenez mordicus à lier chronologiquement l'apparition de l'homme sur terre au seul fait de l'écriture principalement.
Merci Cinci pour ce moment de rire bien nécessaire quand on essaie de creuser du mystère.
Un peu d’air est toujours le bienvenu !
C’est vrai que c’est compliqué, très compliqué. Et trop embrouillé. J’espère que vous continuerez à creuser. Chaque réaction aide à avancer.
Dans ce fil, les connaissances sur les diverses formes d’intelligence animale que rapporte Bassmeg sont utiles et je l’en remercie. Elle oblige à mettre beaucoup de nuances et de prudence dans nos pensées, notamment dans les rapports d’un animal à l’absent.
Par contre, il me semble que la distinction entre le langage oral (qui semble pratiqué par les homo sapiens depuis plus de 100.000 ans) et le langage écrit (pratiqué seulement depuis moins de 6.000 ans) ne me semble pas compliquée.
Il s’agit de deux langages différents qui actionnent des parties différentes de notre cerveau et les liens entre ces deux langages ne doivent pas nous faire oublier la spécificité et la nouveauté du langage écrit (l’écriture) par rapport au langage oral beaucoup plus ancien dans l’histoire du monde.
Vous pensez, Cinci, que je tiens «
mordicus à lier chronologiquement l'apparition de l'homme sur terre au seul fait de l'écriture principalement ». Il est exact que j’interroge ce lien, mais, on est dans le domaine de la recherche et des hypothèses, et non dans les certitudes de la foi. Il n’est pas question ici de tenir «
mordicus » une position et le caractère «
embrouillé » que vous observez montre que des efforts restent à faire pour dégager des avancées.
Pourquoi suis-je arrivé à penser que l’écriture pourrait être un critère principal dans la réalité terrestre de l’apparition de l’homme créé à l’image de Dieu ?
Il y a eu d’abord ma découverte du rattachement de tout le récit du début de la Genèse au pays de Sumer (le sud est de l’Irak et de l’ancienne Mésopotamie) :
1. Abraham vient de Ur (la capitale de Sumer),
2. Babel est situé dans le même pays de Sumer,
3. le Tigre et l’Euphrate (évoqués dans le récit imagé du jardin d’Eden) sont dans le pays de Sumer où se rejoignent aussi d’autres fleuves qui correspondent au récit biblique (Karkheh, Wadi al Batin et Karoun),
4. l’adamah (littéralement : la terre rouge) dont est tiré l’humanité nouvelle correspond à l’argile rouge présent en abondance dans le pays de Sumer et qui a permis d’y inventer l’écriture,
5. le déluge qui a inondé cet adamah paraît correspondre exactement à l’une des grandes inondations qui ont recouvert à plusieurs reprises le pays de Sumer de très faible altitude au bas de montagnes et au bord du golfe persique,
6. le récit de la Genèse situe la création dans le quatrième millénaire avant Jésus-Christ qui est l’époque de l’invention de l’écriture par les Sumériens,
7. l’écriture a été inventée par l’usage de tablettes d’argile rouge (l’adamah dont est tiré l’adam),
8. la première écriture sumérienne était faite d’images et le récit de la création parle de l’homme comme une « image » de Dieu,
9. la description de la création de l’humain peut être lue et comprise exactement comme un acte d’écriture : l’homme est créé par de la poussière extraite de l’argile rouge comme l’écriture sumérienne est créée par de la poussière retirée de l’argile rouge,
10. la structure du début de la Genèse et son genre littéraire correspondent aux écrits des Sumériens,
11. le nouvel Adam, le Christ, est la Parole faite chair, soit une expression qui renvoie à l’écriture qui, en fait, est l’inscription d’une pensée immatérielle dans un support matériel, donc une parole faite chair,
12. et, enfin, comment ne pas relever que c’est par l’écriture d’hommes créés que Dieu donne sa Parole, l’Écriture Sainte, la Parole de Dieu.
De tels indices incitent, au moins, à considérer l’hypothèse que l’écriture soit un marqueur pertinent de l’apparition (de la création) de l’humain à l’image de Dieu dans l’histoire concrète.
Bien que de nombreux chrétiens d’aujourd’hui ne parviennent plus, depuis Darwin et les découvertes de l’exégèse historico-critique, à croire à la création d’Adam et Ève dans l’histoire concrète, celle-ci demeure un fondement essentiel de la foi chrétienne, une constante dans l’enseignement du Magistère.
Adam et Ève ont été aussi historiques que Jésus lui-même. C'est leur spécificité qui marque la différence entre un humain créé et l'animal.
Et, non, il ne s’agit pas ici de fondamentalisme. Il n’est pas question ici de contester ce que la science peut dire des évolutions survenues depuis des milliards d’année, ni de défendre une quelconque opposition entre la science et la foi. La lecture du récit biblique d’Adam et Ève doit respecter, pour être sérieuse et crédible, la vérité des règles d’interprétation qu’indique l’enseignement officiel de l’Église. Dans toute recherche exégétique catholique, l’Écriture Sainte ne se lit qu’en Église, selon la Tradition de la foi catholique et en communion avec le Pape.
Le corps d’Adam et Ève provient de processus évolutifs déjà largement connus par les sciences, mais leur création provient d’un souffle spirituel qui, dans la réalité corporelle que la science peut étudier, a créé des âmes immortelles capables de partager la vie éternelle d’amour de Dieu.
Tous ces éléments de réflexion font l’objet d’autres sujets longuement développés dans ce forum.
Que peut-on en retenir ici, dans la réalité terrestre, dans une recherche de la différence entre l’homme et l’animal ?
Il est clair qu’aucun animal ne peut pratiquer le langage oral des humains, mais les possibilités animales par rapport au langage oral sont imprécises et il est compliqué de préciser les spécificités du langage oral humain qui a longuement évolué durant la préhistoire.
Entre le langage oral animal et le langage oral humain, il y a une différence qualitative ou de complexité. Mais, y a-t-il une spécificité plus précise permettant, selon le critère de Carolus, «
la formulation et l’articulation des réflexions profondes ».
C'est dans tout ce contexte que je m'intéresse au critère plus précis de l’écriture.
Comment expliquer la tardiveté de son invention par rapport à l’émergence des homo sapiens, par rapport à l’émergence du langage oral ?
Est-ce que le souffle spirituel qui a créé l’humain a pu avoir un effet physique sur son cerveau ou sur sa vie psychique et intellectuelle rendant l’écriture possible ? C’est possible et les neurosciences actuelles sont très ouvertes aux effets des réalités psychiques sur le fonctionnement du cerveau. Mais, je n’en ai actuellement aucune idée. On peut tout aussi bien penser que Dieu a créé l’humain par son souffle spirituel à un stade des processus évolutifs de la nature par lesquels il a façonné le corps humain, lorsque le cerveau nécessaire à l’écriture a atteint un état permettant l’écriture.
Est-ce que le souffle spirituel créateur de l’humain a été nécessaire ou déterminant pour rendre l’humain capable d’écrire ou est-ce que ce souffle spirituel est intervenu lorsque l’humain est devenu capable d’écrire. Je ne peux que répéter que je n’en ai aucune idée.
Mais, par contre, l’humain créé à l’image de Dieu a pu, du fait de sa double nature corporelle et spirituelle, acquérir, lors de sa création par un souffle divin, un sens de l’infini et de l’éternel sans lequel il me semble qu’il ne pourrait percevoir Dieu dans la totalité de la double nature, corporelle et spirituelle, de son être.
Ce qui est certain c’est que, dans sa pensée intérieure, un humain (lorsque son cerveau a la maturité nécessaire sans dégradation excessive) a la capacité de se représenter en images, en toute liberté et sans limites, n’importe quelle donnée disponible dans sa mémoire et de combiner toutes les images de sa pensée avec n’importe quelle variable et n’importe quelle autre donnée. Cette liberté illimitée d’imaginer nous permet de transformer dans notre pensée la couleur, la forme ou la position de n’importe quel objet, et même d’inventer des objets inexistants dans le réel, de penser un soleil vert, de transformer un rond en carré, de voir un sapin sur la mer, de marcher sur l’eau, de voler au-dessus de la tour Eiffel, etc.
Dans notre pensée, tout nous est possible sans aucune limite. Nous pouvons imaginer n’importe quoi, même si cela n’a aucune réalité concrète.
La pensée humaine peut ainsi disposer librement de tout ce qu’elle met en images à l’intérieur d’elle-même, et peut ainsi créer en elle-même n’importe quoi, par n’importe quelle combinaison de ce dont elle peut disposer ou qu’elle invente en elle-même. La puissance et l’étendue créatrices de la pensée humaine sont illimitées et permettent toutes les fantaisies imaginables, par un infini de combinaisons.
Dans le niveau de réalité de la pensée, l’humain n’est-il pas « comme » Dieu, à l’image de Dieu ? Il peut créer et transformer librement et sans limites. Il peut aussi penser l’infini et l’éternel.
Le souffle divin qui crée l’humain n’a-t-il pas aussi ouvert, en l’humain, une capacité infinie de créer une image comme Dieu lui-même l’a fait en le façonnant à son image par de la poussière extraite de l’argile rouge ?
N’est-ce pas parce qu’il a, en lui, cette capacité de créer de la pensée par une combinaison infinie des données de sa mémoire, que l’humain a pu recevoir, lors de la Création, la maîtrise du monde créé, que Dieu lui a confié la tâche de gouverner le monde et toutes les créatures ?
N’est-ce pas aussi parce qu’il a reçu cette liberté de pouvoir imaginer sans limite toutes les combinaisons qu’il peut vouloir penser que l’humain est devenu responsable des choix que cette liberté permet, mais, plus encore, de l’amour que cette liberté permet.
C’est ici que nous pouvons penser à l’écriture. N’est-ce pas parce que la pensée humaine peut effectuer volontairement d’infinies combinaisons qu’elle rend l’humain capable, à l’extérieur de lui-même, de pratiquer l’écriture ?
Car, attention, l’écriture ce n’est pas un simple dessin ou quelques mots ou images dessinés. L’écriture est un système infini de combinaisons de mots écrits qui désignent les êtres et les idées, par lequel le monde intérieur de la pensée (qui peut librement combiner des images à l’infini en elle-même) peut s’exprimer à l’extérieur d’elle-même avec les mêmes possibilités infinies de combinaisons.
L’écriture est un système qui permet d’exprimer à l’extérieur de la pensée et avec des signes graphiques, la même infinité de combinaisons que celle qui existent à l’intérieur de la pensée humaine. Comme dans ma pensée, je peux écrire que le soleil est vert, qu’un rond est carré, que la tour Eiffel se trouve au milieu de la mer ou que je marche sur la planète Mars.
Tout ce qui est impossible dans le réel concret est possible et peut être créé dans le monde intérieur de la pensée, comme dans le monde de l’écriture.
N’est-ce pas ces combinaisons infiniment possibles de notre pensée qui nous donnent accès aux combinaisons infinies d’un système d’écriture ?
Et, inversement, l’utilisation d’un tel système d’écriture n’est-elle pas la preuve d’une pensée capable de l’infinité de combinaisons et de la libre créativité qui caractérise l’écriture ?
N’est-ce pas parce qu’il a en lui cette faculté de pouvoir librement, volontairement et de manière illimitée et infinie, penser les données qu’il a reçues en lui et créer librement des combinaisons, que l’humain a seul accès au système illimité qu’est l’écriture et, notamment, au système illimité des mathématiques.
Le système illimité et infini de l’écriture, qui applique à l’extérieur la pensée humaine intérieure, lui permet d’extérioriser sa pensée dans la même mesure et ainsi de partager cette pensée avec d’autres que lui-même, et, plus profondément, de partager cette pensée dans un lien d’amour et de communion.
La pensée et l’écriture ne sont-elles pas les deux faces, intérieure et extérieure, de la spécificité de l’humain créé à l’image de Dieu ?
Est-ce que les animaux ont ce sens de l’infini et de l’éternel que montre cette spécificité à double face ?
L’incapacité d’un animal de pouvoir utiliser un système d’écriture infini n’indique-t-il pas son incapacité mentale à pouvoir s’abstraire du présent par une pensée capable de se représenter librement le réel par des images et des combinaisons d’images, de manière infinie et créatrice ?
Les animaux les plus proches des humains sont probablement capables, dans une certaine mesure, d’exprimer un équivalent des mots d’un langage oral désignant une chose ou une idée et de comprendre des signes oraux ou écrits. Certaines combinaisons de signes peuvent aussi être comprises comme un ensemble signifiant par un animal. Des animaux peuvent manifester une certaine maîtrise des nombres, voire de certaines opérations de nombres.
Mais, il semble qu’en aucun cas, on ne trouve le moindre indice d’une capacité animale de pouvoir gérer et combiner volontairement des données de manière infinie comme notre pensée humaine et l’écriture (y compris l’écriture mathématique) nous le permettent à l’intérieur et à l’extérieur de nous-mêmes.
L’animal pourrait peut-être apprendre un système limité de combinaisons de données, mais non un système illimité d’écriture que permet la pensée humaine parce qu’elle est elle-même illimitée et donc libre.
Mais, il ne faut évidemment pas en déduire que celui qui n’écrit pas ne serait pas humain.
Ce n’est pas l’écriture elle-même qui est essentielle à l’existence d’un humain. Un humain est pleinement humain même s’il n’a pas appris à écrire, s’il n’a pas encore la maturité cérébrale lui permettant d’écrire ou si la perdu la capacité d’écrire pour un motif quelconque.
De même, ce n’est pas davantage la pensée dans le cerveau qui est essentielle à l’existence d’un humain. Il est pleinement humain même si la maturation de son cerveau est encore insuffisante pour penser ou si son cerveau dégradé ne lui permet plus de penser.
Le souffle spirituel dans un corps qui fait exister un humain, une âme immortelle à l’image de Dieu, ne permet jamais de détruire l’humain créé par une dégradation de son corps ou d’une partie de son corps comme son cerveau. Les faiblesses ou les dégradations de notre corps ne peuvent tuer l’âme, la personne humaine.