Le Livre de l'Apocalypse

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Libremax
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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Libremax » mar. 29 juil. 2014, 14:40

Bonjour,
la difficulté de votre question me semble résider dans cette idée :
"surtout lui expliquer que c'est Dieu qui envoie tout ça sur terre, pour punir les "méchants" (la notion de persécuteur va restée compliqué pour elle je crois) va être assez coton."

L'Apocalypse ne raconte pas uniquement ce qui pourrait se passer un jour, dans le futur : elle cristallise les malheurs de l'humanité de toutes les époques, dont le Christ est vainqueur, dans le passé, le présent et l'avenir. Et même s'il s'agit de figures peu sympathiques, un enfant de 6 ans est capable d'entendre que dans le monde, il y a toujours eu, et il y aura encore, de grands dangers, de grandes calamités, des maladies, des erreurs et des catastrophes. Et c'est de tout cela dont parle très clairement l'Apocalypse.

Alors, est-ce Dieu qui envoie tout cela pour punir les méchants? Oui parce que pour le croyant, tout existe de par la sainte volonté du Créateur. Mais c'est l'être humain qui se trompe, qui choisit de suivre et d'adorer la bête, de persécuter les saints, et de se livrer, en définitive, au malheur. L'homme se livre lui-même aux punitions que Dieu envoie.
Ainsi, l'Apocalypse est un avertissement : le malheur nous menace tous.
Mais c'est aussi une histoire qui se termine bien (il ne faut pas l'oublier) : ce même être humain, s'il reste fidèle à Dieu, sera sauvé, et il n'y aura plus de larme ni de mal.

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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Fée Violine » mar. 29 juil. 2014, 18:19

J'ajouterai que les bêtes de cette tapisserie sont très mignonnes, pas du tout effrayantes et pourtant je crains les choses effrayantes (je les crains sans doute davantage qu'un enfant de 6 ans élevé à la télé !

Cinci
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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Cinci » mar. 29 juil. 2014, 18:23

En fait, l'Apocalypse a la même fonction ultime que la chanson We Shall Overcome de Joan Baez. Il s'agit de rassurer et consoler son monde.

:)

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MariaMagdala
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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par MariaMagdala » mer. 30 juil. 2014, 8:52

Personnellement, j'approuve les propos de Fee Violine. La TV est plus riche en violence que toutes les tapisseries du monde. Tout est dans la maniere de lui presente. Les enfants aiment bien ce qui est manicheen alors pourquoi ne pas lui expliquer, sans rentrer dans les details, qu'un jour Dieu separera les bons des mechants et il utilisera pour cela des monstres..... comme elle peut en voir dans les dessins animes? Je pense que dans un premier temps, c'est accessible. A 6 ans, je ne sais pas si un enfant comprends ce que veut dire exactement que la mort. Quand un enfant regarde un film ou le mechant meurt a la fin, il est content.
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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Mac » sam. 02 août 2014, 13:20

Bonjour l'athée, :)

1.1
Révélation de Jésus Christ (Apocalypse signifie révélation), que Dieu lui a donnée pour montrer à ses serviteurs les choses qui doivent arriver bientôt, et qu'il a fait connaître, par l'envoi de son ange, à son serviteur Jean,

Oui, une enfant de 6 ans c'est trop petit l'athée surtout que l'apocalypse c'est mystique. Pour répondre à un intervenant ci-dessus, non les enfants n'ont pas de difficulté avec le crucifix, en tout cas mes deux neveux de 3 ans et 7 ans n'ont absolument aucun problème. Je dirais même que c'est tout le contraire.
Convertissez-vous Jésus est Amour et Seigneur. Pas d'autre Nom qui sauve si ce n'est celui qui de Jésus Christ.

Fraternellement. :coeur:

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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Nicéphore » dim. 03 août 2014, 6:54

Mac a écrit :Oui, une enfant de 6 ans c'est trop petit l'athée surtout que l'apocalypse c'est mystique. Pour répondre à un intervenant ci-dessus, non les enfants n'ont pas de difficulté avec le crucifix, en tout cas mes deux neveux de 3 ans et 7 ans n'ont absolument aucun problème. Je dirais même que c'est tout le contraire.
Merci de ne pas me faire dire n'importe quoi. Le ton utilisé à propos du crucifix et des chemins de croix était ironique …
De plus, est parce que c'est compliqué qu'il ne faut pas l'aborder avec des enfants ? Que dire alors du mystère de la Trinité ou de l'Eucharistie ? (c'est ironique !)

Mac
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Re: L'apocalypse à 6 ans

Message non lu par Mac » dim. 03 août 2014, 13:40

Bonjour Nicéphore, :)
Nicéphore a écrit :Merci de ne pas me faire dire n'importe quoi. Le ton utilisé à propos du crucifix et des chemins de croix était ironique …
De plus, est parce que c'est compliqué qu'il ne faut pas l'aborder avec des enfants ? Que dire alors du mystère de la Trinité ou de l'Eucharistie ? (c'est ironique !)
Désolé, je vous ai mal compris. Pardon.
S'agissant de votre question, le catéchisme est adapté à l'âge des enfants, on ne parle pas de l'apocalypse.

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L'enfant male dans l'Apocalypse

Message non lu par antoine75 » mar. 04 oct. 2016, 20:26

Si la vierge Marie est la femme de l'Apocalypse, l'enfant male qui doit mener les nations avec un sceptre de fer est bien Jésus ou peut-il s'agir de quelqu'un d'autre ? Si oui dans quelles conditions ?

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La bête de l'apocalypse est-elle internet ?

Message non lu par antoine75 » lun. 02 juil. 2018, 20:58

La bête de l'apocalypse n'est-elle pas internet et tout ce monde interconnecté par les réseaux ? Il y a bien des canaux transocéaniques (la bête monte de la mer) Une des têtes blessés à mort pourrait être le WTC. Puis tout le monde se prosterne de plus belle devant cette technologie et sa modernité. Et maintenant, ce sont les réseaux sociaux qui nous commandent. De plus, le nombre de la bête, 666, est étrangement associé à la puce rfid, une autre dérive de ce monde interconnecté. Qui sait ? Moi-même, j'ai pensé avoir une puce implantée dans mon corps, mais je suis un cas psychiatrique !

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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? le net?...

Message non lu par Carhaix » lun. 02 juil. 2018, 23:49

Ça peut être une clef de lecture.

Mais on peut y voir un autre aspect. La bête est une "bête", et renvoie à l'animalité qui est dans l'homme. Ensuite, elle s'oppose à une autre bête : l'agneau égorgé qui est le Christ, et qui renvoie au sacrifice du Temple, préfiguré par les conditions du sacrifice d'Isaac.

Comme l'Apocalypse est un texte fortement symbolique, on peut y voir la désignation du contraire absolu du Christ : le vieil homme qui préfère son animalité au Salut et refuse de s'immoler réellement sur la Croix à la suite du Christ, d'où la fausse blessure de la Bête.

Autre aspect : l'image qui bouge et parle. Aussitôt on pense aux idoles qui, dans l'Écriture, "ont une bouche et ne parlent pas, on des yeux et ne voient pas, des pieds et ne marchent pas, etc.". Ici l'idole s'anime, d'où le miracle qui émerveille le monde. N'est-ce pas une peinture symbolique de nos illusions, qui nous font croire à la réalité de nos idoles au cours de la vie sur terre ?

Dernier aspect : le fameux chiffre 666. Il y a deux composantes dans ce chiffre : une forme ternaire, 3 x 6 ; et le chiffre 6 lui-même. On pense à l'inachèvement de la Création : dans ce siècle, nous sommes encore au 6e jour, jour de l'homme, puisque Dieu ne s'est pas encore reposé dans la Parousie du Christ. À la Trinité de Dieu répond une fausse trinité de l'homme sans Dieu, qui précède le retour du Christ.

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Christophe67
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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? La télé?, le net?...

Message non lu par Christophe67 » mar. 03 juil. 2018, 13:47

Interprétation fondamentaliste car dans Apocalypse, on peut voir ce que l'on veut y voir. Je rejoins Etienne Lorant concernant la télé ou internet. Une voiture est-elle mauvaise en soi ? Elle peut servir à sauver une vie mais elle peut aussi en détruire, tout dépend de l'utilisation et de la volonté que l'on a pour cette utilisation.

On peut en effet regarder le jour du Seigneur, KTO avec la télé ou sur internet. Mais on peut aussi regarder des films violents ou pornographiques. Ils restent des moyens matériels ! Ce ne sont pas mon PC, mon écran, mon routeur ADSL, ma télécommande qui vont me faire pécher. Mais plutôt les sites, les forums ou le contenu vers lequel je vais me sentir attirer.

Les utiliser pour répondre à nos passions ou nos idolâtries, c'est là que je vois l'esprit du monde, l'esprit de l'Antéchrist.

Cordialement.

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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? La télé?, le net?...

Message non lu par gerardh » mar. 03 juil. 2018, 14:32

_______

Bonjour,

Comme cela a déjà été indiqué, il y a deux bêtes dans l'Apocalypse. Elles ont trait à des évènements futurs et ne doivent donc pas être rapportées à des circonstances actuelles. A noter que la seconde bête est le futur Antéchrist.



_________

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Carhaix
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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? La télé?, le net?...

Message non lu par Carhaix » mar. 03 juil. 2018, 19:55

Christophe67 a écrit : Interprétation fondamentaliste car dans Apocalypse, on peut voir ce que l'on veut y voir. Je rejoins Etienne Lorant concernant la télé ou internet. Une voiture est-elle mauvaise en soi ? Elle peut servir à sauver une vie mais elle peut aussi en détruire, tout dépend de l'utilisation et de la volonté que l'on a pour cette utilisation.

On peut en effet regarder le jour du Seigneur, KTO avec la télé ou sur internet. Mais on peut aussi regarder des films violents ou pornographiques. Ils restent des moyens matériels ! Ce ne sont pas mon PC, mon écran, mon routeur ADSL, ma télécommande qui vont me faire pécher. Mais plutôt les sites, les forums ou le contenu vers lequel je vais me sentir attirer.

Les utiliser pour répondre à nos passions ou nos idolâtries, c'est là que je vois l'esprit du monde, l'esprit de l'Antéchrist.
gerardh a écrit :
mar. 03 juil. 2018, 14:32
Comme cela a déjà été indiqué, il y a deux bêtes dans l'Apocalypse. Elles ont trait à des évènements futurs et ne doivent donc pas être rapportées à des circonstances actuelles. A noter que la seconde bête est le futur Antéchrist.
Y a-t-il quelque part un mode d'emploi d'interprétation de l'Apocalypse que saint Jean aurait mis dans les annexes de son article, en plus des notes bibliographiques renvoyant à de nombreux passages de l'Ancien Testament ? Non. En revanche il existe un formidable apparat critique : les commentaires des pères de l'Église.

Il y a plusieurs strates de lecture... Ça parle de l'avenir, dans la perspective eschatologique, oui, sans doute. Mais aussi de notre présent, celui des vivants contemporains de ce siècle, et aussi d'un plus large processus qui englobe tout le mystère.

Le plus intéressant pour nous, je pense que c'est la signification dans le temps présent, dans nos vies et dans nos âmes. L'Antéchrist, si vous voulez, c'est vous et moi, lorsque nous refusons de nous convertir et que nous suivons nos idoles. Et l'Antéchrist, ce n'est pas seulement celui qui s'oppose au Christ, mais il peut être celui qui précède le Christ, qui précède sa venue en nous. Et parfois les deux se confondent.

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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? La télé?, le net?...

Message non lu par gerardh » mer. 04 juil. 2018, 9:00

_____

Bonjour,

Jean nous dit qu'il y a plusieurs Antéchrist(s). Certains en ont déjà maintenant le caractère. mais le véritable Antéchrist interviendra dans le futur.


_____

Cinci
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Re: Qui est la bête de l'Apocalypse? La télé?, le net?...

Message non lu par Cinci » mer. 04 juil. 2018, 15:12

Il n'y a pas de mode d'emploi fourni par Jean afin de décoder fructueusement son texte. Non, c'est vrai.

Mais il y a quand même des analyses ou des commentaires qui sont plus pertinents que d'autres et au sujet des symboles que l'on retrouve chez Jean. Il y a des analyses qui sont mieux inspirées et plus inspirantes que d'autres. Il arrive qu'un commentateur peut tenir un riche filon par rapport à d'autres qui s'égarent dans des points de détails à nous en faire perdre le sens profond de l'écriture prophétique.

Un exemple de très bonne analyse ou d'observations judicieuses en deux parties :
1.

La Bête et la Prostituée

Quelle que soit l'Interprétation retenue pour la Bête, on ne peut négliger le fait qu'elle est distincte de la Prostituée. Si distincte même que, vers la fin du chapitre 17, Jean parle d'une hostilité irréductible entre la Bête et la femme. L'ange dit : "Les dix cornes que tu as vues et la Bête haïront la Prostituée, elles la rendront déserte et nue, et elles mangeront ses chairs et la brûleront au feu" (17,16) On voit habituellement en ces mots une annonce de la destruction de Rome et de son empire.

[...]

Si l'on tient compte de la distinction entre la Bête et la femme, la ville détruite ne peut être Rome, puisque celle-ci est incluse, éventuellement, dans le symbole de la Bête et de ses dix cornes. La ville anéantie par les forces démoniaques et par leurs alliés terrestres est, en fait, Jérusalem. Sa ruine intègre symboliquement les invasions et les désastres qui se sont succédé dans son histoire. Selon 11,2, les nations piétinent Jérusalem pendant 42 mois, donc tout au long de son existence vu que cette durée coïncide avec la prédication des deux témoins ("Loi et Prophètes: 11,3") , avec le temps du pouvoir politique de la bête de la mer (13,5) et le séjour de la femme (Israël) au désert (12,14).

Toutefois la destruction dont parle notre texte diffère des précédentes que Jérusalem a connues : la ville qui est détruite n'est plus la "Cité sainte" mais la "grande Prostituée", "Babylone la grande", "la mère des prostituées et des abominations de la terre". Cette terrible métamorphose a été anticipée au chapitre 11, où Jean dit que les cadavres des deux témoins gisent sans sépulture "sur la place de la grande cité, qui s'appelle spirituellement Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié" (11,8)

Si la destruction de Jérusalem dont parle le chapitre 17 doit être entendue au sens matériel, elle ne peut que se référer qu'à celle par les Romains en 70 après J.C. : à l'époque, en raison du meurtre de Jésus, Jérusalem était devenue aux yeux de Jean et des premiers chrétiens la "Prostituée", par opposition à ce qu'elle était auparavant, la "Cité sainte".

La grande Prostituée

La distinction entre la Bête et la Prostituée, qui fonde notre analyse, nous a conduit à identifier la Prostituée avec Jérusalem. Ce résultat étonne certes, mais Jean est lui-même saisi de stupeur en contemplant un tel mystère à la lumière de l'Esprit (17,6). Toutefois, si on lit sans préjugés et dans son ensemble la partie du livre qui précède le chapitre 17, l'identification de la Prostituée avec Jérusalem, et donc avec un certain judaïsme, n'apparaît pas soudaine ou inattendue. Elle n'est que la justification d'une fin du judaïsme que Jean a laissé entrevoir dès le début de l'Apocalypse, par exemple à travers les images qui évoquent la soumission des anges (représentants de l'économie ancienne) au Christ rédempteur.

[...]

Au terme de l'épisode des deux témoins (VIe trompette), un tremblement de terre frappe la cité, appelée la grande, dont le nom n'est pas précisé. Le contexte montre qu'il s'agit de Jérusalem. Au chapitre 16, après le versement de la dernière coupe, un séisme frappe la grande cité : cette fois, c'est Babylone (16,19)

Malgré des détails qui varient, l'auteur parle d'un seul et même événement. Le séisme commun aux deux textes nous en assure, car il connote dans l'Apocalypse l'Intervention salvatrice du Christ et se réfère à sa Pâque. Nous avons dit, d'autre part, que les événements décrits dans les coupes se passent, du point de vue de la structure, à l'intérieur de la VIIe trompette, puisque leur succession est une reprise et un développement de cette dernière. Dès lors, la grande cité anéantie par un tremblement de terre dans la VIIe coupe (Babylone) est identique à celle dont la VIe trompette raconte la destruction, à savoir Jérusalem.

et
2.

La bête de la terre, le faux prophète, la Prostituée

L'examen des éléments internes du chapitre 17 conduit à la même conclusion. Si l'on tient suffisamment compte de la dualité entre la Bête et la Prostituée, on s'aperçoit que l'exposé de ce chapitre récapitule et prolonge le contenu des chapitres 12 et 13. La scène se passe en effet au désert et ses acteurs sont la Bête et la Prostituée. Tout cela est une reprise évidente de ce qui a été dit au chapitre 12 à propos de la femme poursuivie par le dragon, qui se réfugie au désert. Les deux situations se correspondent, mais le rapport entre les protagonistes est antithétique : dans un cas la femme craint et fuit le dragon, dans l'autre elle a établit avec lui une entente et même une intimité.

Le parallélisme entre les deux scènes ne peut être dû au hasard. Le rappel du désert n'est pas une simple touche de couleur, mais un renvoi précis à la situation décrite auparavant, afin d'indiquer que les personnages sont les mêmes. Dès lors - et que reposent en paix les interprétations allégoriques et concordistes ! - la Prostituée est le même être que la femme du chapitre 12. En celle-ci nous avons d'abord reconnu un symbole de l'humanité entière en tant qu'objet du plan divin de salut (Ière fuite au désert), puis un symbole d'Israël en tant qu'objet d'une première grande intervention salvifique de Dieu dans l'économie ancienne (2e fuite au désert). La Prostituée du chapitre 17 est la reprise de ce symbole sous le second aspect, c'est à dire en tant qu'il se réfère au peuple élu. Le fait qu'ici la femme est devenue une prostituée montre que son attitude spirituelle a changé : elle ne redoute plus son adversaire et s'est même familiarisée avec lui, au point de croire qu'elle peut le plier à sa propre volonté. L'issue de cette conviction monstrueuse - l'anéantissement de la Prostituée par la Bête - montre que cette conviction était illusoire.

Tout cela offre une allégorie de la "perversion du judaïsme" qui s'est manifestée, d'après Jean et le christianisme primitif, dans le refus de reconnaître Jésus le Messie promis selon les Écritures.

Pour l'Apocalypse, le motif d'un tel refus tient au caractère temporel et terrestre qu'avait pris l'attente d'Israêl. Les Juifs espéraient un Messie politique, qui leur donnerait richesse et pouvoir. A cette manière de penser Jean oppose vigoureusement la "révélation de Jésus-Christ" en tant qu'Agneau : le Messie triomphe à travers l'échec et la mort; quant à son pouvoir, il est essentiellement spirituel.

De fait, la prostitution que l'Apocalypse impute à un certain judaïsme semble consister dans la sécularisation de l'attente messianique. La métaphore de la prostitution vient à Jean de l'Ancien Testament, où elle est courante pour désigner l'idolâtrie. Les prophètes l'emploient à propos des nations, mais plus encore à propos de l'infidélité du peuple élu au Dieu unique. Le lien privilégié qui unissait Israël à YWHW est souvent exprimé par l'image de la relation époux/épouse, et l'infidélité envers Dieu prend la connotation d'un adultère (Is 1,21; Ez 16,15; Os 2; 5,3 ...)

L'idolâtrie dont parle l'Apocalypse n'est donc pas simplement un culte erroné, enlevé à Dieu et transféré à des créatures. Elle est adoration de Satan et connivence avec sa tentative blasphématoire d'usurper la dignité divine. La première incarnation de Satan était la bête de la mer (13, 1-10); la première forme d'idolâtrie est l'adoration du pouvoir politique, le consentement à sa prétention d'absolu. Voilà pourquoi la bête de la terre manifeste sa nature perverse en amenant "la terre et ses habitants à se prosterner ... devant la première bête" (13,12) et "en donnant un souffle vivant à la statue de la bête [de la mer], pour qu,elle parle et fasse en sorte que tous ceux qui ne se prosternent pas en adoration devant elle ... soient tués" (13,15). Autrement dit, elle porte la responsabilité des crimes et des ambitions blasphématoires qui caractérise l'exercice du pouvoir politique corrompu.

Comme on le voit, l'adoration de la statue (idolâtrie) n'est pas simplement un culte rendu à un objet inanimé, elle signifie pour l'auteur de l'Apocalyse l'acceptation et la justification des visées totalitaires du pouvoir politique. En faisant cela, la bête de la terre manifeste sa nature de faux prophète. Dans la suite, Jean présente de fait cet être sous un tel nom (16,13; 19,20), la fonction du faux prophète étant également d'avaliser et de promouvoir les actions de la Bête. Tous les commentateurs ont reconnu que le couple "bête de la mer/bête de la terre" ne fait qu'un avec le couple "Bête/faux prophète" qui est mentionné dans la partie finale du livre.

Le couple "Bête/Prostituée" représente encore la même réalité. La Bête qui sert de support à la Prostituée est, nous l'avons vu, à la fois le dragon (Satan) et la bête de la mer (pouvoir politique),; la Prostituée, tout en rassemblant les caractères des deux, est pour son propre compte une reprise du symbole de la bête de la terre : le pouvoir religieux sécularisé.

La Prostituée nommé "mystère"

Le chapitre 17 montre la Prostituée comme si elle portait la responsabilité morale de l'impiété et de la corruption répandue dans le monde. Avec elle se sont prostitués les rois de la terre, et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de sa prostitution. Elle est "Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre". Jean, familier des Écritures, répugnerait à attribuer à Rome ou à une autre cité païenne un tel degré de responsabilité spirituelle. Ce comble d'iniquité ne pouvait venir que de la corruption d'une réalité qui avait été d'abord pure et sainte. Tel était le cas de Jérusalem, "Cité sainte" devenue "Sodome et Égypte" . Qu'elle soit appelée "Babylone", cela signifie qu'est atteint le paroxysme de sa perversion : elle s'identifie avec son plus terrible adversaire, l'empire babylonien qui avait détruit le royaume de Juda.

Une autre donnée montre qu'il s'agit d'une réalité sacrée qui s'est pervertie : le nom inscrit sur le front de la Prostituée est "mystère" (17,5). C'est son vrai nom; l'autre, "Babylone la grande, mère des prostituées", semple plutôt en être l'explication, selon ce que l'ange dit à Jean : "Pourquoi t'étonner ? Je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte" (verset 7) .

Dans le langage du Nouveau Testament, le terme "mystère" est d'ordinaire associé au plan du salut, au règne de Dieu et à la mort du Christ. Telle est la valeur permanente du mot dans l'Apocalypse (cf. 1,20; 10, 7). Si la Prostituée est nommé "mystère", cela veut dire que, même au moment où elle est jugée et condamnée, elle appartient encore d'une manière privilégiée au dessein du Dieu Sauveur. Cela ne peut être dit ni de Rome ni d'une autre cité païenne; c'est Jérusalem, elle seule, qui sera renouvelée et qui descendra du ciel pour les noces avec l'Agneau.

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