Il est parfaitement faux d'affirmer comme "innovation récente" la doctrine catholique sur le baptême. Vous êtes dans l'erreur, Valentin.Valentin a écrit :
En tant qu'orthodoxe, je ne crois pas au baptême de désir, principalement en raison du passage de Saint Jean que j'ai cité plus haut (voir aussi Mc XVI:16). La doctrine catholique du baptême de désir est une innovation récente qui ne repose sur aucune base scripturaire.
Le désir du baptême selon saint Ambroise
On trouve dans le discours de saint Ambroise sur la mort de l'empereur Valentinien II, assassiné en 392, avant d'avoir pu recevoir le baptême, un texte capital qui, après les déclarations de Cyprien sur le baptême du désir, achève d'ouvrir la droite intelligence de l'axiome : Hors de l'Église, pas de salut.
Pour moi, dit le saint évêque, j'ai perdu celui que j'allais engendrer à l'Évangile. Mais lui n'a pas perdu la grâce qu'il a demandé. J'apprends votre affliction de ce qu'il n'a pas reçu les mystères du baptême. Mais, dites-moi, qu'avons-nous en notre pouvoir, sinon la volonté et le désir ? Or, naguère encore, il a manifesté ce désir de se faire initier avant d'entrer en Italie, et déclaré son dessein de se faire aussitôt baptiser par moi. C'est pourquoi surtout il avait songé à m'appeler. Il n'a donc pas la grâce qu'il a désirée, qu'il a demandée ? Certes, s'il l'a demandée, il l'a reçue. Et c'est pourquoi il est écrit , Sagesse, IV, 7 : Quelle que soit la mort du juste, son âme sera dans le repos.
Saint Ambroise dit qu'il n'y a pas de "sang d'encre à se faire" par rapport au salut de Valentinien II, même si Valentinien II n'aura pas pu recevoir le baptême.
Saint Augustin
Utilisant après Cyprien la comparaison de l'arche. saint Augustin rappellera, d'une part, que l'arche n'est porteuse de salut que pour ceux qui sont dans son unité par le coeur, tandis que ceux qui sont hors d'elle par le coeur, même s'ils sont en elle par le corps, et conservent en eux le principe du baptême, périssent.
D'autre part, dit-il, Cyprien lui-même a enseigné que non seulement le martyre, mais la foi et la conversion du coeur, peuvent suppléer invisiblement au baptême, quand fait défaut le temps de le recevoir*.
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* Saint Augustin, De baptismo contra Donatistas, livre IV, chap. XXII, 29. Tel était aux yeux de Cyprien, le cas du bon larron, crucifié pour ses crimes, non pour l'amour du Christ, mais visité par la foi.
Le point de vue "rigoriste" selon lequel il faut absolument recevoir le sacrement du baptême pour être sauvé ne tient pas debout. C'est une idée contraire à l'enseignement de l'Église.
Oui, il faut nécessairement recevoir le baptême quand on a la foi ou quand on a la connaissance de l'Église. Quand on est un converti au Christ : il y a obligation de volonté et de désir. Il faut bien demander le baptême pour ensuite le recevoir. Il faut le vouloir. Mais il n'y a pas la nécessité que des gens éloignés de la foi, des étrangers (sans faute de leur part) à la connaissance explicite de l'Église et de ses sacrements ou ignorants de l'Évangile soient baptisés par l'Église pour être sauvés. A l'impossible nul n'est tenu. Il n'y a pas de Socrate né plus de 450 ans avant Jésus qui est "damné pour l'éternité, pénalisé pour toujours" du fait de n'avoir point reçu le sacrement de l'Église de son vivant ! avant même l'existence de l'Église catholique !
Dieu opère bien à travers les sacrements. Il s'est lié aux sacrements. Par contre, Dieu n'est pas esclave des sacrements.
(J'utilise les notes du feu cardinal Journet dans L'Église du Verbe incarné p. 1762)