De la liturgie en langue vernaculaire

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De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 31 mai 2018, 11:20

Bonjour,

Pendant la FERM, que je fréquente souvent le dimanche, les fidèles ont souvent le nez plongé dans leur missel pour pouvoir comprendre ce qui se dit où se chante. Est-ce qu'on peut considérer que c'est une bonne manière de vivre la liturgie ?

Les fidèles ne connaissant plus le latin, ne peut-on pas considérer qu'il est préférable que la liturgie soit désormais dans la langue vernaculaire afin de mieux s'unir à la prière liturgique, de même que les lectures proclamées en langue vernaculaire ?
On entend ça et là que tout ne se résume pas à la compréhension intellectuelle, mais est-ce que cette barrière de la langue n'empêche pas la parole de pénétrer en nous ?

Le Concile Vatican II avait préconisé de conserver le latin comme langue liturgique mais Paul VI a désiré que la liturgie soit entièrement vernaculaire. Était-ce prophétique ?
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par PaxetBonum » jeu. 31 mai 2018, 11:31

Bonjour AdoramusTe,

Est-ce un défaut d'avoir le nez dans son missel ?
Lire le texte en l'entendant ne permet-il pas qu'il nous pénètre encore davantage ?
L'attention n'en est-elle pas redoublée ?
Combien sont capables de dire de quoi parlait l'Evangile à la sortie de la messe ?

Personnellement je pense que le latin sacralise la liturgie, la faisant plonger dans la tradition séculaire.
Il évite aussi les digressions si communes en FORM…
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 31 mai 2018, 21:19

Allez, je commence :)
PaxetBonum a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 11:31
Est-ce un défaut d'avoir le nez dans son missel ?
Vous faites ce que vous voulez, mais la liturgie sollicite tous les sens, dont la vue.
Et ça ne fonctionne pas lorsqu'on a le nez dans le missel.
Lire le texte en l'entendant ne permet-il pas qu'il nous pénètre encore davantage ?
L'attention n'en est-elle pas redoublée ?
Combien sont capables de dire de quoi parlait l'Evangile à la sortie de la messe ?
Non, s'appuyer sur l'écrit plutôt que l'oralité c'est de la paresse. On ne fait plus l'effort d'attention et de mémorisation.

Ne pas oublier que les missels des fidèles sont récents dans l'histoire de l'Eglise latine.
Issus du mouvement liturgique, ils ont pour but de raccrocher les fidèles à la liturgie, car ils avaient totalement décroché depuis plusieurs siècles, ne connaissant plus le latin, ce qui les amenait à faire autre chose pendant la messe.
Le missel est un pis-aller.
Personnellement je pense que le latin sacralise la liturgie, la faisant plonger dans la tradition séculaire.
Il évite aussi les digressions si communes en FORM…
Ce qui nous fait plonger dans la tradition séculaire, n'est-pas plutôt les textes ? Ce sont eux qui véhiculent la Foi, la doctrine
Pour peu qu'ils soient bien traduits, nous sommes en parfaite communion de foi.
Le latin n'est pas une langue sacrée. Nous ne sommes pas comme les musulmans obligés de prier dans une unique langue.

(j'attends avec impatience des réponses ;)
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Suliko » jeu. 31 mai 2018, 22:29

Ce qui nous fait plonger dans la tradition séculaire, n'est-pas plutôt les textes ? Ce sont eux qui véhiculent la Foi, la doctrine
Pour peu qu'ils soient bien traduits, nous sommes en parfaite communion de foi.
Alors pourquoi Dom Guéranger, dans son Année liturgique, ne traduisait jamais les paroles de la messe, préférant user de paraphrases ? Exemple : Nous allons maintenant essayer de réduire à la pratique ces sentiments dans une explication des mystères de la sainte Messe, nous efforçant d'initier les fidèles à ces divins secrets, non par une stérile et téméraire traduction des formules sacrées, mais au moyen d'actes destinés à mettre les assistants en rapport suffisant avec les paroles et les sentiments de l'Eglise et du Prêtre.
La vérité, c'est qu'il n'est pas forcément nécessaire de comprendre chaque parole de la messe pour y assister de manière fructueuse ! Le principal est de comprendre le Mystère qui a lieu là et d'être dans un état d'esprit recueilli et plein de révérence pour Dieu. Certains y parviennent en suivant chaque parole de la messe grâce à un missel (bilingue ou non), d'autres par le chapelet, etc...
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 31 mai 2018, 22:40

Suliko a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 22:29
Alors pourquoi Dom Guéranger, dans son Année liturgique, ne traduisait jamais les paroles de la messe, préférant user de paraphrases ? Exemple : Nous allons maintenant essayer de réduire à la pratique ces sentiments dans une explication des mystères de la sainte Messe, nous efforçant d'initier les fidèles à ces divins secrets, non par une stérile et téméraire traduction des formules sacrées, mais au moyen d'actes destinés à mettre les assistants en rapport suffisant avec les paroles et les sentiments de l'Eglise et du Prêtre.
Je dirais que L'Eglise n'a pas retenu dans son Magistère ces arguments de dom Guéranger.
La vérité, c'est qu'il n'est pas forcément nécessaire de comprendre chaque parole de la messe pour y assister de manière fructueuse ! Le principal est de comprendre le Mystère qui a lieu là et d'être dans un état d'esprit recueilli et plein de révérence pour Dieu. Certains y parviennent en suivant chaque parole de la messe grâce à un missel (bilingue ou non), d'autres par le chapelet, etc...
On entend souvent cet argument mais je répondrais que ces paroles étaient comprises par le peuple à une certaines époque.
C'est pour cela qu'on est passé du grec au latin dans la liturgie romaine. Donc, les autorités romaines avaient conscience de cette nécessité.
Pour cela ne serait-il plus le cas ?
Les paroles sont dans l'idéal faites pour atteindre les cœurs et ça ne va pas advenir dans une langue inconnue.
La liturgie passe par tous les sens, comme je l'ai dit, donc on occulte ici une dimension. Sinon, la seule voie est d'appendre le latin.

Je reste convaincu que le missel est un pis-aller. Quant au chapelet, ce n'est pas une pratique liturgique.
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Suliko » jeu. 31 mai 2018, 23:03

Je dirais que L'Eglise n'a pas retenu dans son Magistère ces arguments de dom Guéranger.
Et je vous répliquerai que cela fait des siècles que la liturgie est dite en latin et que l'Eglise n'a jamais jugé bon de passer au vernaculaire. Je m'en tiens à cela. Et j'en profite pour dire à quel point les débats liturgiques de ce forum me paraissent de plus en plus déplacés et détestables : la liturgie n'est pas un terrain de jeux et il est totalement irrespectueux pour un catholique, fut-il plus ou moins traditionaliste, d'exprimer sans nulle gêne que telle ou telle réforme devrait être adoptée, que telle ou telle pratique est incohérente ou douteuse, etc... La liturgie est un héritage auquel ne doivent être apportés que des changements rares, minimes et soigneusement réfléchis. Et ce n'est certainement pas le rôle des laïques...
Nous sommes dans une situation catastrophique où la très vaste majorité des catholiques a été coupée de sa tradition liturgique au profit d'une messe NOM sans saveur et à l'orthodoxie douteuse, si ce n'est dans la théorie, du moins dans les faits. Alors franchement, que les traditionalistes s'en tiennent à la messe traditionnelle sans rien y changer et qu'ils cherchent à se développer pour faire profiter un peu plus de fidèles de la liturgie et de la foi catholiques.
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » jeu. 31 mai 2018, 23:21

Suliko a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 23:03
Et je vous répliquerai que cela fait des siècles que la liturgie est dite en latin et que l'Eglise n'a jamais jugé bon de passer au vernaculaire. Je m'en tiens à cela. Et j'en profite pour dire à quel point les débats liturgiques de ce forum me paraissent de plus en plus déplacés et détestables : la liturgie n'est pas un terrain de jeux et il est totalement irrespectueux pour un catholique, fut-il plus ou moins traditionaliste, d'exprimer sans nulle gêne que telle ou telle réforme devrait être adoptée, que telle ou telle pratique est incohérente ou douteuse, etc... La liturgie est un héritage auquel ne doivent être apportés que des changements rares, minimes et soigneusement réfléchis. Et ce n'est certainement pas le rôle des laïques...
Je ne comprends pas ce que vous dites. En quoi les laïcs peuvent eux-même changer quoi que ce soit ? Ils ne célèbrent pas la liturgie.
En plus, vous devriez vous renseigner sur l'histoire de la liturgie. Par exemple, si on a l'élévation du Corps et du Sang du Christ à la messe, c'est historiquement à la demande des laïcs. On peut certainement trouver d'autres exemples.

Quand à vos propos sur l'irrespect de discuter de liturgie, on se demande d'où vous sortez ces principes. Je constate que vous idolâtrez la liturgie comme une vache sacrée.
Cela dit, vous trouvez ça tellement déplacé que vous y participez. Vous devriez vous appliquer vos commandements à vous-même en premier.
Nous sommes dans une situation catastrophique où la très vaste majorité des catholiques a été coupée de sa tradition liturgique au profit d'une messe NOM sans saveur et à l'orthodoxie douteuse, si ce n'est dans la théorie, du moins dans les faits. Alors franchement, que les traditionalistes s'en tiennent à la messe traditionnelle sans rien y changer et qu'ils cherchent à se développer pour faire profiter un peu plus de fidèles de la liturgie et de la foi catholiques.
C'est hors-sujet.
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Carhaix » ven. 01 juin 2018, 0:13

AdoramusTe a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 21:19
Allez, je commence :)
PaxetBonum a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 11:31
Est-ce un défaut d'avoir le nez dans son missel ?
Vous faites ce que vous voulez, mais la liturgie sollicite tous les sens, dont la vue.
Et ça ne fonctionne pas lorsqu'on a le nez dans le missel.
Lire le texte en l'entendant ne permet-il pas qu'il nous pénètre encore davantage ?
L'attention n'en est-elle pas redoublée ?
Combien sont capables de dire de quoi parlait l'Evangile à la sortie de la messe ?
Non, s'appuyer sur l'écrit plutôt que l'oralité c'est de la paresse. On ne fait plus l'effort d'attention et de mémorisation.

Ne pas oublier que les missels des fidèles sont récents dans l'histoire de l'Eglise latine.
Issus du mouvement liturgique, ils ont pour but de raccrocher les fidèles à la liturgie, car ils avaient totalement décroché depuis plusieurs siècles, ne connaissant plus le latin, ce qui les amenait à faire autre chose pendant la messe.
Le missel est un pis-aller.
Personnellement je pense que le latin sacralise la liturgie, la faisant plonger dans la tradition séculaire.
Il évite aussi les digressions si communes en FORM…
Ce qui nous fait plonger dans la tradition séculaire, n'est-pas plutôt les textes ? Ce sont eux qui véhiculent la Foi, la doctrine
Pour peu qu'ils soient bien traduits, nous sommes en parfaite communion de foi.
Le latin n'est pas une langue sacrée. Nous ne sommes pas comme les musulmans obligés de prier dans une unique langue.

(j'attends avec impatience des réponses ;)
J'ai trois cas à vous proposer. Le latin n'a jamais été compris que par un nombre très limité de gens. Premier cas : 99% des catholiques qui ont assisté à la messe entre, mettons, le 9e siècle (époque où le roman avait déjà remplacé le latin populaire) et le 20e siècle, soit pendant plus de mille ans, l'ont-ils fait avec un profit moindre que les clercs qui comprenaient ?
2e cas : quand vous êtes à l'étranger et que vous assistez à la messe sans comprendre, est-ce avec un profit moindre que ceux qui comprennent la langue ?
3e cas, quelqu'un qui est sourd, est-ce qu'il retire un profit moins grand que celui qui possède l'ouïe ?

C'est quoi la messe ?

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Suliko » ven. 01 juin 2018, 0:21

En plus, vous devriez vous renseigner sur l'histoire de la liturgie. Par exemple, si on a l'élévation du Corps et du Sang du Christ à la messe, c'est historiquement à la demande des laïcs.
Peut-être. Mais quand bien même ce serait le cas, il aura nécessairement fallu l'approbation du pape pour que cette pratique s'étende à toute l'Eglise latine (car je doute que tous les laïcs, dans tous les pays de tradition latine, se sont mis à réclamer l'élévation des Saintes Espèces en même temps...).
On peut certainement trouver d'autres exemples.
Trouvez-les.
Quand à vos propos sur l'irrespect de discuter de liturgie, on se demande d'où vous sortez ces principes. Je constate que vous idolâtrez la liturgie comme une vache sacrée.
Il y a évidemment une différence entre discuter de la liturgie dans le but de mieux connaître ses mystères et le faire dans l'idée de juger ce qui s'y trouve de bon et de moins bon...Cette nuance vous aurait-elle échappé ?
Cela dit, vous trouvez ça tellement déplacé que vous y participez. Vous devriez vous appliquer vos commandements à vous-même en premier.
C'est entendu. Ceci est mon dernier message sur ce fil. Je retourne à mes vaches sacrées (à défaut de me convertir au judaïsme...).
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » ven. 01 juin 2018, 8:08

Carhaix a écrit :
ven. 01 juin 2018, 0:13
J'ai trois cas à vous proposer. Le latin n'a jamais été compris que par un nombre très limité de gens. Premier cas : 99% des catholiques qui ont assisté à la messe entre, mettons, le 9e siècle (époque où le roman avait déjà remplacé le latin populaire) et le 20e siècle, soit pendant plus de mille ans, l'ont-ils fait avec un profit moindre que les clercs qui comprenaient ?
Oui. C'est pour ça que les fidèles ont perdu toute vie liturgique et l'ont remplacé par des devotions privées pendant la messe.
2e cas : quand vous êtes à l'étranger et que vous assistez à la messe sans comprendre, est-ce avec un profit moindre que ceux qui comprennent la langue ?
Oui. Forcément. C'est un pis-aller. Vous ne pouvez pas chanter les parties qui reviennent aux fidèles. Vous ne pouvez pas vous unir aux oraisons.
3e cas, quelqu'un qui est sourd, est-ce qu'il retire un profit moins grand que celui qui possède l'ouïe ?
Oui. Il ne peut pas bénéficier de ce que tous les sens peuvent transmettre.
C'est quoi la messe ?
La pointe de votre raisonnement ?
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Carhaix » ven. 01 juin 2018, 13:05

AdoramusTe a écrit :
ven. 01 juin 2018, 8:08
Carhaix a écrit :
ven. 01 juin 2018, 0:13
J'ai trois cas à vous proposer. Le latin n'a jamais été compris que par un nombre très limité de gens. Premier cas : 99% des catholiques qui ont assisté à la messe entre, mettons, le 9e siècle (époque où le roman avait déjà remplacé le latin populaire) et le 20e siècle, soit pendant plus de mille ans, l'ont-ils fait avec un profit moindre que les clercs qui comprenaient ?
Oui. C'est pour ça que les fidèles ont perdu toute vie liturgique et l'ont remplacé par des devotions privées pendant la messe.
2e cas : quand vous êtes à l'étranger et que vous assistez à la messe sans comprendre, est-ce avec un profit moindre que ceux qui comprennent la langue ?
Oui. Forcément. C'est un pis-aller. Vous ne pouvez pas chanter les parties qui reviennent aux fidèles. Vous ne pouvez pas vous unir aux oraisons.
3e cas, quelqu'un qui est sourd, est-ce qu'il retire un profit moins grand que celui qui possède l'ouïe ?
Oui. Il ne peut pas bénéficier de ce que tous les sens peuvent transmettre.
C'est quoi la messe ?
La pointe de votre raisonnement ?
Justement, je ne cherche pas à raisonner mais à confronter certains éléments.

Cas 1. D'après votre logique, l'épanouissement des fidèles à la messe ne remonte qu'aux années 1960, et se limite aux seules messes en vernaculaire (ne concernant donc ni les milieux tradis, ni les orthodoxes, chaldéens, syriaques, Ethiopiens, malabars, etc.). Bien, alors confrontons. Qui est affecté par une chute catastrophique des fidèles, de la transmission, et des vocations ? Les messes en vernaculaire. Comme c'est étrange ! Si les fidèles s'y épanouissent plus que les autres, ils devraient avoir plus de vocations, une meilleure transmission aux générations suivantes, et une meilleure fréquentation, mais c'est tout l'inverse ! À moins que selon vous, les gens s'épanouissent lorsqu'ils deviennent un club restreint de retraités ? C'est une façon de voir, mais drôle de raisonnement !

Cas 2. Le chrétien en vacances à l'étranger, selon vous, est handicapé dans sa foi et dans sa fréquentation des sacrements et de la liturgie ? Mais alors, il ne faut surtout pas faire de pèlerinage à Rome, à Jérusalem, et autres saints lieux, c'est ultra dangereux pour la foi ! Il ne faut surtout pas que des étrangers viennent à Lourdes ! Il ne faut surtout pas assister à une messe du pape ! Parce que c'est moins bien et moins sanctifiant que de rester au chaud dans sa petite paroisse, où au moins on comprend la langue.

Je ne fais qu'appliquer votre raisonnement.

Cas 3. Il faudra expliquer aux sourds, aveugles et muets que leur vie chrétienne sera moins riche et moins sanctifiante que celle des gens valides (et peut-être réécrire les Évangiles, du coup).

Pointe de mon raisonnement : la messe n'est-elle pas avant tout le renouvellement du sacrifice du Christ sur la Croix, et l'union dans la prière des chrétiens à ce sacrifice ? Et pour cela, pour entrer dans ce mystère, est-il nécessaire, justement, de "raisonner" ? La messe est-elle le lieu approprié où l'on raisonne ?

Cordialement.

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » ven. 01 juin 2018, 13:20

Cher Carhaix,

Je cherche à provoquer un débat pour pousser les arguments jusqu'au bout. Donc, je n'ai pas forcément d'opinion définitive.
D'autant plus que je suis la messe tradi le dimanche.
Carhaix a écrit :
ven. 01 juin 2018, 13:05

Justement, je ne cherche pas à raisonner mais à confronter certains éléments.

Cas 1. D'après votre logique, l'épanouissement des fidèles à la messe ne remonte qu'aux années 1960, et se limite aux seules messes en vernaculaire (ne concernant donc ni les milieux tradis, ni les orthodoxes, chaldéens, syriaques, Ethiopiens, malabars, etc.). Bien, alors confrontons. Qui est affecté par une chute catastrophique des fidèles, de la transmission, et des vocations ? Les messes en vernaculaire. Comme c'est étrange ! Si les fidèles s'y épanouissent plus que les autres, ils devraient avoir plus de vocations, une meilleure transmission aux générations suivantes, et une meilleure fréquentation, mais c'est tout l'inverse ! À moins que selon vous, les gens s'épanouissent lorsqu'ils deviennent un club restreint de retraités ? C'est une façon de voir, mais drôle de raisonnement !
Ce n'est pas ce que j'ai dit. Il existe une période où les fidèles étaient de langue latine et progressivement romane.
On connait des détails sur la vie liturgique des fidèles au premier millénaire.
Par contre, ce que vous dites sur les vocations ne s'applique qu'aux pays de vieille chrétienté, mais ni à l'Afrique et l'Asie où est certainement plus respectée la liturgie telle que le demande l'Eglise.
Cas 2. Le chrétien en vacances à l'étranger, selon vous, est handicapé dans sa foi et dans sa fréquentation des sacrements et de la liturgie ? Mais alors, il ne faut surtout pas faire de pèlerinage à Rome, à Jérusalem, et autres saints lieux, c'est ultra dangereux pour la foi ! Il ne faut surtout pas que des étrangers viennent à Lourdes ! Il ne faut surtout pas assister à une messe du pape ! Parce que c'est moins bien et moins sanctifiant que de rester au chaud dans sa petite paroisse, où au moins on comprend la langue.

Je ne fais qu'appliquer votre raisonnement.
C'est un peu excessif. Les pèlerinages sont généralement accompagnés par des prêtres qui célèbrent dans la langue du pélerin.
Quant aux messes du Pape, le Vatican donne des livrets pour suivre la messe.
Cas 3. Il faudra expliquer aux sourds, aveugles et muets que leur vie chrétienne sera moins riche et moins sanctifiante que celle des gens valides (et peut-être réécrire les Évangiles, du coup).
Ce n'est pas de leur faute. Évidemment, lorsqu'on est handicapé, on est empêché d'une manière où d'une autre. C'est valable dans toutes les dimensions de la vie.
Ce n'est pas pour rien que Jésus guérissait les boiteux, les sourds et muets.
Pointe de mon raisonnement : la messe n'est-elle pas avant tout le renouvellement du sacrifice du Christ sur la Croix, et l'union dans la prière des chrétiens à ce sacrifice ? Et pour cela, pour entrer dans ce mystère, est-il nécessaire, justement, de "raisonner" ? La messe est-elle le lieu approprié où l'on raisonne ?
Ainsi tout ce qui est dit à voix haute, tout ce qui est chanté, est sans importance, n'est pas fait pour être écouté et intériorisé ?
Que reste-t-il de votre messe ?
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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Carhaix » ven. 01 juin 2018, 13:20

AdoramusTe a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 22:40
Suliko a écrit :
jeu. 31 mai 2018, 22:29
Alors pourquoi Dom Guéranger, dans son Année liturgique, ne traduisait jamais les paroles de la messe, préférant user de paraphrases ? Exemple : Nous allons maintenant essayer de réduire à la pratique ces sentiments dans une explication des mystères de la sainte Messe, nous efforçant d'initier les fidèles à ces divins secrets, non par une stérile et téméraire traduction des formules sacrées, mais au moyen d'actes destinés à mettre les assistants en rapport suffisant avec les paroles et les sentiments de l'Eglise et du Prêtre.
Je dirais que L'Eglise n'a pas retenu dans son Magistère ces arguments de dom Guéranger.
La vérité, c'est qu'il n'est pas forcément nécessaire de comprendre chaque parole de la messe pour y assister de manière fructueuse ! Le principal est de comprendre le Mystère qui a lieu là et d'être dans un état d'esprit recueilli et plein de révérence pour Dieu. Certains y parviennent en suivant chaque parole de la messe grâce à un missel (bilingue ou non), d'autres par le chapelet, etc...
On entend souvent cet argument mais je répondrais que ces paroles étaient comprises par le peuple à une certaines époque.
C'est pour cela qu'on est passé du grec au latin dans la liturgie romaine. Donc, les autorités romaines avaient conscience de cette nécessité.
Pour cela ne serait-il plus le cas ?
Les paroles sont dans l'idéal faites pour atteindre les cœurs et ça ne va pas advenir dans une langue inconnue.
La liturgie passe par tous les sens, comme je l'ai dit, donc on occulte ici une dimension. Sinon, la seule voie est d'appendre le latin.

Je reste convaincu que le missel est un pis-aller. Quant au chapelet, ce n'est pas une pratique liturgique.
Mais peut-on mettre sur le même plan la mentalité du fidèle romain du IIe siècle, et celle du fidèle occidental contemporain ? Il ne faudrait pas faire d'anachronisme.

De plus, le latin n'est pas une langue inconnue. Tout le monde a plus ou moins des notions. Elle fait partie de la culture commune, et le clergé pourrait se soucier de maintenir vivante cette culture, d'ailleurs. Question de choix.

Enfin le latin n'est pas dénué d'effets sur l'expérience sensible du fidèle, me semble-t-il.

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par Carhaix » ven. 01 juin 2018, 13:24

À propos, je voudrais préciser que le livre à l'usage du fidèle n'est pas une invention moderne. Les grands seigneurs avaient des livres d'heures au Moyen Âge. Et dès l'invention de l'imprimerie, il s'en diffuse en plus grand nombre.

Et encore une fois, même au Moyen Âge, peu de gens connaissaient le latin.

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Re: De la liturgie en langue vernaculaire

Message non lu par AdoramusTe » ven. 01 juin 2018, 13:29

Carhaix a écrit :
ven. 01 juin 2018, 13:24
À propos, je voudrais préciser que le livre à l'usage du fidèle n'est pas une invention moderne. Les grands seigneurs avaient des livres d'heures au Moyen Âge. Et dès l'invention de l'imprimerie, il s'en diffuse en plus grand nombre.

Et encore une fois, même au Moyen Âge, peu de gens connaissaient le latin.
Ce livres sont faits pour une récitation privée, me semble-t-il. Et ceux qui les utilisent connaissent le latin.
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