Hymne à la mystique nuptiale

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » mar. 26 sept. 2017, 17:59

Dominus Vobiscum a écrit :
Pourquoi tout ces textes, Cinci???
Pourquoi?

Tout simplement parce que je participe, chaque mois, aux activité de L'école de vie intérieure. Ce sont des religieux et des religieuses qui auront mis ça sur pied depuis plusieurs années. Les personnes intéressées peuvent venir là-bas pour s'initier à la prière, toutes les formes que peuvent revêtir la prière chrétienne. Le tout s'inspire de la spiritualité qui est celle de sainte Thérèse d'Avila, cette grande amoureuse de Dieu comme on le sait. C'est une manière d'apprendre, de nous motiver à progresser dans le cheminement intérieur et pour connaître Dieu davantage.

Le texte du Cantique dans la Bible est comme la porte d'entrée du "château de l'âme", pour s'exprimer comme Thérèse. Il y a là comme une amorce de la vie intérieure. Parlons des abords de la vie spirituelle. Il n'y a pas de vie chrétienne sans relation personnelle et vivante avec ce Dieu qui est coeur de notre foi.

Ces textes sont comme une manière pour moi de prolonger les rencontres, pour les assimiler et pour en donner un écho à ceux du forum, tiens! Une forme de petit partage, si on veut.

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » jeu. 28 sept. 2017, 4:07

... Dieu est en absolu la source originaire de tout être; mais ce principe créateur de toutes choses [...] est d'autre part, quelqu'un qui aime avec toute la passion d'un véritable amour. De la sorte, l'eros est ennobli au plus haut point, mais, en même temps, il est ainsi purifié jusqu'à se fondre dans l'agapé.

A partir de là, nous pouvons ainsi comprendre que le Cantique des Cantiques, reçu dans le canon de la Sainte Écriture, ait été très vite interprété comme des chants d'amour décrivant, en définitive, la relation de Dieu avec l'homme et de l'homme avec Dieu. De cette manière, le Cantique des Cantiques est devenu, dans la littérature chrétienne comme dans la littérature juive, une source de connaissance et d'expérience mystique, dans laquelle s'exprime l'essence de la foi biblique; oui, il existe une unification de l'homme avec Dieu - tel est le rêve originaire de l'homme. Mais cette unification ne consiste pas à se fondre l'un dans l'autre, à se dissoudre dans l'océan anonyme du Divin; elle est une unité qui crée l'amour, dans lequel les deux, Dieu et l'homme, restent eux-mêmes et pourtant deviennent totalement un : "Celui qui s'unit au Seigneur n'est avec lui qu'un seul esprit", dit saint Paul (1 Co 6,17)

tiré de :
Benoit XVI, Dieu est Amour, 10

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » dim. 05 nov. 2017, 3:51

Reprenons :

A partir de là, nous pouvons ainsi comprendre que le Cantique des Cantiques, reçu dans le canon de la Sainte Écriture, ait été très vite interprété comme des chants d'amour décrivant, en définitive, la relation de Dieu avec l'homme et de l'homme avec Dieu. De cette manière, le Cantique des Cantiques est devenu, dans la littérature chrétienne comme dans la littérature juive, une source de connaissance et d'expérience mystique, dans laquelle s'exprime l'essence de la foi biblique; oui, il existe une unification de l'homme avec Dieu.

- Benoit XVI


La symbolique du vin

Dans la mythologie grecque le vin assurait le lien entre les dieux et les hommes, et les liens entre les hommes. Le vin est à la fois un don de Dieu et une offrande faite à Dieu. Le vin permet de se détacher des attaches terrestres et de s'intégrer à la divinité. Le vin est mentionné à sept reprises dans le Cantique. Symboliquement le vin exprime quelque chose de doux, fort, festif, enivrant. On associe le vin à une plénitude de vie, une métamorphose, la régénération du vivant. C'est un breuvage d'immortalité. Promesse d'une vie nouvelle. Jésus parlera du vin comme de son sang.

Ce grand poème est une merveille de sensualité; il y est question d'amour. Le vin y est également présent! Voilà une image de la foi qui m'enchante : humaine, charnelle, sensuelle, heureuse du bonheur des hommes et des femmes ... J'aime aussi les évangiles que j'ai fréquentés pendant mon enfance et mon adolescence. Je suis frappé par le fait qu'il est possible de trouver des choses sans cesse nouvelles dans le même texte. J'ai assisté l'autre jour , à un mariage d'un de mes neveux dans le Beaujolais. Les fiancés, issus d'une famille de vignerons, avaient choisi comme évangile l'épisode des noces de Cana. Moi qui suis en train d'écrire un Dictionnaire amoureux du vin, j'ai écouté avec mes deux oreilles. Quel beau texte, quelle merveilleuse leçon d'humanité et d'amour! Marie se rend compte qu'il n'y a plus de vin. Elle dit aux serviteurs : "Faites tout ce que mon fils vous dira." Et lui il n'a pas vraiment envie de faire quelque chose, il pense que ce n'est pas encore le moment de poser un geste public. Mais Marie ne doute pas : avec douceur et fermeté, elle amène Jésus a accomplir le miracle.

Et puis la cène continue : la tradition de l'époque était de servir le bon vin d'abord et ouis le moins bon ensuite, lorsque les convivent commencent à être un peu enivrés. Le Christ inverse les valeurs : il réserve le grand cru, le vin d'exception pour la fin. Voilà une image du royaume de Dieu qui me ravit! Si Jésus a aussi bien réussi - oui, quelle réussite! - c'est à cause de sa très grande humanité ...

La figure du Christ vous touche ...

Ce qui me touche en lui, c'est la figure de l'homme blessé, humilié, souffrant qui va payer très cher son amour de l'humanité. Les évangiles sont une source où l'on peut aller puiser quelques éléments de réponse. On y voit le Christ désarmer la violence et chercher, malgré la souffrance et la mort, des chemins de compassion et de pardon. Lorsqu'on regarde de quelle façon il s'y prend, il aurait dû échouer. Le christianisme n'aurait jamais dû réussir. Or, mystérieusement, depuis deux mille ans, il continue de vivre et même de se développer.

Bernard Pivot dans Panorama, septembre 2006
... à ce mot de Bernard Pivot l'on aurait pu ajouter que non seulement le grand cru est-il servi en dernier mais servi en quantité industrielle également. On a évalué que la quantité de vin signalé dans le récit équivalait à 600 litres! C'est comme la folie de l'amour. La démesure du Christ qui ne calcule pas son don comme le ferait un radin.


Chapitre 1.- Poème des poèmes

Poème des poèmes qui est à Shelomo.
Il me baisera des baisers de sa bouche; oui, tes étreintes sont meilleures que le vin.
À l’odeur, tes huiles sont bonnes, ton nom est une huile jaillissante; aussi, les nubiles t’aiment.
Tire-moi derrière toi, courons !

Le roi m’a fait venir en ses intérieurs.
Jubilons, réjouissons-nous en toi !
Mémorisons tes étreintes mieux que le vin ! Les rectitudes t’aiment.

(traduction d'André Chouraqui)

Déjà que le vin est bon et permet la communication ... on se rappelle que le don du Seigneur produira un saint délire chez les Apôtres lors de la Pentecôte et qui s'apparente lui-même à l'effet du vin doux. Mieux que le vin doux!

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » dim. 05 nov. 2017, 4:35

Dans les Pensées sur l'amour de Thérèse d'Avila :

L'épouse dit : il m'a introduite dans le cellier du vin et il a réglé en moi la charité (il a suscité en moi l'amour). Ces paroles ne donnent lieu de croire que la grandeur de cette faveur est vraiment merveilleuse, De même qu'on peut donner à boire une quantité de vin plus ou moins grande, un vin bon, puis un autre meilleur, et qu'on peut ainsi enivrer quelqu'un plus ou moins, de même en est-il des grâces du Seigneur. Il accorde à l'un une petite quantité du vin de la dévotion, à l'autre une plus grande; à celui-ci il augmente la mesure de telle sorte qu'il le tire de lui-même, de sa sensualité et de toutes les choses de la terre; à ceux-là il donne une grande ferveur pour le servir, ou bien de grands élans d'amour, ou encore une grande charité pour le prochain, de telle sorte que, tout enivrés de ce vin, ils ne sentent pas les grands travaux par lesquels ils passent. Mais ce que dit l'épouse indique une mesure abondante. Elle dit que le Roi l'a introduite dans le cellier pour qu'elle puisse s'y enrichir sans mesure.

Il ne semble pas, en effet, que le Roi veuille mettre des bornes à ses dons. Il veut, au contraire, que l'épouse boive selon ses désirs, qu'elle s'enivre bien en buvant de tous ces vins qu'il y a dans le cellier du Seigneur. Qu'elle goûte donc de toutes ces joies! Qu'elle soit dans l'admiration de toutes ces merveilles! Qu'elle ne craigne donc pas de perdre la vie en buvant à un tel excès, qu'elle dépasse la faiblesse de sa nature! Qu'elle meure dans ce paradis de délices! Ô la bienheureuse mort que celle-là qui donne une telle vie! Oui, en vérité, il en est ainsi. Ces merveilles que l'âme comprend, sans savoir comment elle les comprend, sont si élevées qu'elle en est complètement ravie, comme elle le dit elle-même par ces paroles : il a réglé en moi la charité (il a suscité en moi l'amour).

Ô paroles que ne devrait jamais oublier l'âme à qui le Seigneur accorde de tels bienfaits! Ô souveraine faveur! Comme on est loin de pouvoir la mériter, si le Seigneur nous prêtes son secours!

Thérèse d'Avila, Oeuvres complètes, Éd. du Seuil, page 1440



Chapitre 2.- Lotus des vallées

Moi, l’amaryllis du Sharôn, le lotus des vallées.
Comme un lotus parmi les vinettiers, telle est ma compagne parmi les filles.
Comme un pommier parmi les arbres de la forêt, tel est mon amant parmi les fils.

Je désirais son ombre, j’y habite ; son fruit est doux à mon palais.
Il m’a fait venir à la maison du vin ; son étendard sur moi, c’est l’amour.
Soutenez-moi d’éclairs, tapissez-moi de pommes : oui, je suis malade d’amour.

(Cantique; André Chouraqui)

Voilà ce que tu es : Désir de Dieu. Ce désir en toi, c'est la signature de Dieu, la marque de son Amour, de sa Présence. Ce désir, ce n'est pas une option, c'est l'exigence radicale de ton être ... si tu ne l'écoutes pas, c'est l'échec de ta vie. Si tu l'écoutes, c'est la réussite de ta vie. Tu es désir de Dieu. C'est ta grandeur et ta beauté.

Fr. Yvon Moreau

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » dim. 05 nov. 2017, 22:47

L'hiver de l'exil _ poème

Je suis noire mais je suis belle, filles de Jérusalem.

Chapitre 1
5 Je suis noire, mais belle, filles de Jérusalem

(Bible Crampon)

L'épouse est belle parce qu'elle est l'élue de son Bien-Aimé. Le bonheur de se savoir aimée la transfigure.


7 Ses princes surpassaient la neige en éclat, le lait en blancheur ; leur corps était plus vermeil que le corail, leur figure était un saphir.
8 Leur aspect est plus sombre que le noir même ; on ne les reconnaît plus dans les rues ; leur peau est collée à leurs os, elle est sèche comme du bois.

(Lamentations 4, 7-8)


Avant, après ...

L'Épouse (qui est Israël) était d'une blancheur immaculée du temps de sa splendeur et de sa justice, brillante comme du temps de Salomon. En conséquence de ses infidélités malheureusement, voici que l'épouse-Israël est alors devenue noire. Elle est exilée à Babylone. L'épouse est déchue comme au rang du pauvre métayer qui doit travailler dur pour le compte d'un autre et sur une terre qui n'est pas la sienne. Mais, en dépit de sa faute et des apparences, l'Épouse reste belle. Car l'Époux ne la renie pas. Il ne détourne pas le regard d'elle et la rétablit dans son alliance.
L'ÉPOUSE.

5 Je suis noire, mais belle, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Cédar, comme les pavillons de Salomon.
6 Ne prenez pas garde à mon teint noir,
c'est le soleil qui m'a brûlée ;
les fils de ma mère se sont irrités contre moi ;
ils m'ont mise à garder des vignes ;
ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.
7 Dis-moi, ô toi que mon cœur aime,
où tu mènes paître tes brebis,
où tu les fais reposer à midi,
pour que je ne sois pas comme une égarée,
autour des troupeaux de tes compagnons.
Les pavillons de Salomon (Salma; voiles de Salma) pourrait être une allusion aux voiles du Temple; la blancheur des voiles du Temple. Les tentes de Kédar sont un renvoi par opposition à la couleur noir des tentes des nomades du désert qui sont tissées en poil de chèvre noir. On passe du blanc au noir, comme on peut passer du noir au blanc. Les Pères de l'Église pourront parler de l'Église comme étant celle qui, en échange de sa noirceur ( de ses infidélités et des ses fautes), retrouve la blancheur (la beauté du Bien-Aimé). Un admirable échange! Le pardon ...

Terme de même racine :

Shelomo, Salmon, Salma, Salomon, Salomé, Shalom ... La paix.


Moi, noire, harmonieuse, filles de Ieroushalaîm, comme tentes de Qédar, comme tentures de Shelomo.
Ne me voyez pas, moi, la noirâtre : oui, le soleil en moi s’est miré.
Les fils de ma mère ont brûlé contre moi; ils m’ont mise gardienne de vignobles.
Mon vignoble à moi, je ne l’ai pas gardé !

Rapporte-moi, toi que mon être aime, où tu pais, où tu t’étends à midi ; car pourquoi serais-je comme affublée, auprès des troupeaux de tes amis ?

(traduction d'André Chouraqui)


L'Épouse demande à trouver le repos auprès de l'Époux. "Tires-moi vers toi, Seigneur; Entraîne-moi à toi."

Ce peut être une grâce à demander dans la prière, les jours où tout est difficile. Quand on se trouve dans l'adversité. "Si tu vois que je m'éloigne et que je suis infidèle, alors tires-moi à toi. Viens me tenir la main."

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » mer. 08 nov. 2017, 20:02

Le cantique utilise le symbole du vin. Mais il utilise aussi le langage de la bonne odeur. Les parfums ... C'est excellent pour évoquer Dieu ou la présence divine.

"L'arôme de tes parfums est exquis."

Symbole de l'attrait puissant du Bien-Aimé. Il attire. Le parfum s'insinue partout. Il s'attache à toutes choses. Il imprègne toutes les fibres de nos vies. Saint Paul écrivait :"Chaque chrétien doit répandre la bonne odeur du Christ" cf 2 Co 2,16 Il arrive que la personne parfumée quitte une pièce, mais l'on continue de sentir la présence.

Saint Bernard (1091-1153)
Moine cistercien et docteur de l'Église
10e sermon sur le Cantique des cantiques
La maison fut remplie par l'odeur du parfum

"L'arôme de tes parfums est exquis", lit-on dans le Cantique des cantiques (1,3) J'en distingue plusieurs espèces de parfum. Il y a le parfum de la contrition, et celui de la piété; il y a aussi celui de la compassion ... il y a donc un premier parfum que l'âme compose à son propre usage lorsque, prise au filet de nombreuses fautes, elle commence à réfléchir sur son passé. Elle rassemble alors dans le mortier de sa conscience, pour les détruire, les péchés qu'elle a commis; et dans la marmite de son coeur brûlant, elle les fait cuire au feu de son regret, de son repentir et de son amour pour Dieu. Tel est le parfum dont l'âme doit couvrir les débuts de sa conversion et oindre ses blessures; car le premier sacrifice qu'il faut offrir à Dieu est celui d'un coeur repentant et aimant.

Ce parfum invisible et spirituel ne pourra d'ailleurs nous sembler vulgaire et sans prix, si nous comprenons qu'il est symbolisé par le parfum que, selon l'Évangile, la pécheresse Marie-Madeleine a répandu sur les pieds du Seigneur. Nous lisons que "toute la maison fut remplie de cette odeur."

Souvenons-nous du parfum qui envahit toute l'Église par la conversion d'un seul pécheur; tout pénitent qui se repent et devient pour une foule d'autres une odeur de vie qui les éveille à la vie. L'arôme de cet amour de Dieu monte jusqu'aux demeures célestes puisque, selon l'Écriture :"Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui commence une vie nouvelle que pour 99 justes." (Luc 15,7 et 10)

D'autres aromates entrent dans la composition du deuxième parfum : ce sont les bienfaits que la bonté divine a départis au genre humain. Heureux celui qui a soin de les recueillir et de rendre grâce. Par la méditation et la contemplation, tous ses bienfaits sont réunis dans le feu allumé par le coeur et sur lequel on y verse l'huile de la joie. Ce parfum est plus précieux que le premier. Il a l'excellence de la louange. Le premier est versé sur les pieds et le second sur la tête. C'est parfumer la tête que de rendre des actions de grâce et de chanter les louanges de Dieu. Ainsi se répand la bonne odeur du Christ, selon les mots de saint Paul. "Que votre façon de vivre soit inspirée par l'amour à l'exemple du Christ qui nous a aimés et a donné sa vie pour nous comme une offrande et un sacrifice dont l'agréable odeur plaît à Dieu." (Ep 5,2)





Tantôt le parfum est un baume ou bien une huile.

Thérèse d'Avila : "Ô Amour je voudrais sans cesse redire ton nom." Il suffit de dire et de redire le nom de Jésus lentement pour qu'il descende au fond du coeur comme une huile pénétrante, afin qu'il opère guérison et renouvellement. C'est aussi une grâce à demander dans la prière : avoir un coeur absorbant qui sache retenir l'huile.

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » sam. 24 févr. 2018, 22:07

Bonjour,

Je voudrais rappeler que le Cantique des Cantiques est important car il est des écrits majeurs de l'Ancien Testament et où Dieu se révèle comme un Dieu amoureux. Ce n'est quand même pas banal. On se plaît souvent à imaginer et accuser le Dieu de l'Ancien Testament comme étant un Dieu punisseur, coléreux et tout. Eh bien, avec le Cantique on découvre tout autre chose !

Il n'est pas mauvais non plus de savoir que les Juifs récitent des passages du Cantique chaque journée de sabbat, encore de nos jours comme au temps de Jésus.

On pourrait juste songer par exemple que la Vierge Marie récitait souvent des passages tel celui de Ct 1,12 :

"... tandis que le roi est en son enclos,
mon nard donne son parfum.
Mon Bien-Aimé est un sachet de myrrhe
qui repose entre mes seins.
Mon Bien-Aimé est une grappe de cypre
dans les vignes d'Ein-Gedi.
- Cantique 1,12

Le passage du Cantique serait à mettre en relation avec le fait que Dieu a bien tenu une promesse absolument folle, une folie aux yeux des hommes, mais sagesse à ses yeux à Lui : "On ne te diras plus "Délaissée" et de la terre on ne dira plus "Désolation". Mais on t'appellera "Mon plaisir est en elle" et ta terre "Épousée". Car Yavhé trouvera en toi son plaisir, et ta terre sera épousée (Isaïe 62,4)

Jésus allait même plus loin : "Si quelqu'un m'aime , il gardera ma parole, et mon Père l'aimera et nous viendrons vers lui et nous, nous ferons une demeure chez lui." (Jn 14,23)

Ein-Gedi existe encore de nos jours et serait un oasis de verdure près de la Mer morte. Le cypre serait une fleur disposée en bouquet (fleur du cyprès) au milieu de cet oasis et répandrait une odeur suave et pénétrante.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ein_Gedi

Ein-Gedi

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » sam. 24 févr. 2018, 22:18

Je reprends tout un passage du Cantique

Chapitre 1


L'ÉPOUSE.

5 Je suis noire, mais belle, filles de Jérusalem,
comme les tentes de Cédar (tentes noires en poil de chèvre des errants du désert, comme les pavillons de Salomon. (voiles blancs de Salma à l'inverse)
6 Ne prenez pas garde à mon teint noir,
c'est le soleil qui m'a brûlée ;
les fils de ma mère se sont irrités contre moi ;
ils m'ont mise à garder des vignes ;
ma vigne, à moi, je ne l'ai pas gardée.

7 Dis-moi, ô toi que mon cœur aime,
où tu mènes paître tes brebis,
où tu les fais reposer à midi,
pour que je ne sois pas comme une égarée,
autour des troupeaux de tes compagnons.

LE CHŒUR.

8 Si tu ne le sais pas, ô la plus belle des femmes,
sors sur les traces de ton troupeau,
et mène paître tes chevreaux près des huttes des bergers.

L'ÉPOUX.

9 A ma cavale, quand elle est attelée aux chars de Pharaon,
je te compare, ô mon amie.
10 Tes joues sont belles au milieu des colliers,
ton cou est beau au milieu des rangées de perles.
11 Nous te ferons des colliers d'or, pointillés d'argent.

L'ÉPOUSE.



12 Tandis que le roi était à son divan,
mon nard a donné son parfum.
13 Mon bien-aimé est pour moi un sachet de myrrhe,
qui repose entre mes seins.
14 Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre,
dans les vignes d'Engaddi.

L'ÉPOUX.

15 Oui, tu es belle, mon amie ; oui, tu es belle !
Tes yeux sont des yeux de colombe.

L'ÉPOUSE.

16 Oui, tu es beau, mon bien-aimé ; oui, tu es charmant !
Notre lit est un lit de verdure.

L'ÉPOUX.

17 Les poutres de nos maisons sont des cèdres,
nos lambris sont des cyprès.


http://jesusmarie.free.fr/bible_crampon ... iques.html

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » sam. 24 févr. 2018, 22:56

Des petits détails ...


Les fils de ma mère se sont irrités contre moi. Les fils de ma mère ? Le rédacteur du Cantique fait allusion aux Babyloniens. La strophe du Cantique évoque l'épisode important de l'histoire juive et qui est celui de la déportation à Babylone. On peut mettre le passage en parallèle avec le Psaume 69

Le Psaume 69 est un appel au secours dans une immense détresse.

Sauve-moi, Ô Dieu :
les eaux m'arrivent à la gorge
J'enfonce dans la boue du gouffre
et rien où prendre pied;
je suis entré dans les profondeurs des eaux,
le courant me submerge.

Je me fatigue à crier,
mon gosier est en feu,
mes yeux se consument d'espérer en mon Dieu.

[...]

Ô Dieu, toi, tu sais ma folie,
et mes délits ne te sont pas cachés.

[...]

Car c'est pour toi que je porte l'opprobe,
que la confusion me couvre le visage
que je suis devenu un étranger pour mes frères,
un inconnu pour les fils de ma mère.


Les Juifs sont originaire de la Mésopotamie/Chaldée par leur ancêtre Abraham en quelque sorte. Ils sont frères avec les habitants de la plaine de Ninive ou de l'empire babylonien. Or ils sont devenus tels des ennemis pour les Babyloniens qui les ont réduit en esclavage chez eux cf. la déportation du temps des grands prophètes ... Ezéchiel, Jérémie, etc.

Le peuple d'Israël ou la "Bien-Aimée du Cantique" est traînée en esclavage, en exil. Dans la Bible, Israël est aussi appelée "la vigne de Yavhé". Dieu aime sa vigne. Mais il faut voir ce que Dieu dit aussi de sa vigne.

Le chant de la vigne

Je vais chanter pour mon bien-aimé
le chant de mon ami pour sa vigne.
Mon bien-aimé avait une vigne
sur un coteau fertile.
Il la bécha, l'épierra,
il y planta des ceps de choix,
au milieu d'elle il bâtit une tour,
il y creusa aussi une cuve,
il en attendait des raisins,
et elle donna des grappes sauvages !

Et maintenant, habitants de Jérusalem,
et vous, gens de Juda, jugez, je vous prie,
entre moi et ma vigne.
Que pouvait-on faire encore à ma vigne
que je n'aie fait pour elle ?

- Isaïe 5, 1

http://jesusmarie.free.fr/bible_crampon_isaie.html

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » dim. 25 févr. 2018, 2:53

Sur le verset 7 :

7 Dis-moi, ô toi que mon cœur aime,
où tu mènes paître tes brebis,
où tu les fais reposer à midi,
pour que je ne sois pas comme une égarée,
autour des troupeaux de tes compagnons.

A Babylone, les Juifs sont en contact avec de multiples dieux. Mais la Bien-Aimée dans "l'hiver de l'exil" garde le souvenir de son Bien-Aimé. On sait combien le culte des idoles fut toujours une menace, une tentation et un grave problème pour Israël. "... pour que je ne sois pas comme une égarée autour des troupeaux de tes compagnons."

Le verset 7 peut être le reflet de Jérémie 31, 1-28



1 En ce temps-là, — oracle de Yahweh, — je serai le Dieu de toutes les familles d'Israël, et elles seront mon peuple.
2 Ainsi parle Yahweh : Il a trouvé grâce dans le désert, le peuple échappé au glaive ; je veux mettre Israël en repos.
3 Yahweh m'est apparu de loin. Je t'ai aimée d'un amour éternel, aussi j'ai prolongé pour toi la miséricorde.

4 Je te bâtirai encore, et tu seras rebâtie, vierge d'Israël ; tu te pareras encore en main tes tambourins, et tu t'avanceras au milieu des danses joyeuses.
5 Tu planteras encore tes vignes sur les montagnes de Samarie ; ceux qui plantent planteront, et ils recueilleront.

6 Car le jour vient où les gardes crieront sur la montagne d'Ephraïm : " Levez-vous et montons à Sion vers Yahweh notre Dieu. "

7 Car ainsi parle Yahweh : Poussez des cris de joie sur Jacob, éclatez d'allégresse pour la première des nations ; faites-vous, entendre, chantez des louanges et dites : " Yahweh, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! "

[...]

10 Nations, écoutez la parole de Yahweh et annoncez-la aux îles lointaines ; dites : " Celui qui a dispersé Israël le rassemblera, et le gardera comme un berger son troupeau.
11 Car Yahweh a racheté Jacob, Il l'a délivré des mains d'un plus fort que lui. "

http://jesusmarie.free.fr/bible_crampon_jeremie.html


La question de la Bien-Aimée du Cantique au verset 7 - " Dis-moi, ô toi que mon cœur aime, où tu mènes paître tes brebis, où tu les fais reposer à midi [...] - résonnerait bien en sympathie avec la question des deux premiers disciples à Jésus " Rabbi, où demeures-tu ?"

38 Jésus s'étant retourné, et voyant qu'ils le suivaient, leur dit : " Que cherchez-vous ? " Ils lui répondirent : " Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeurez-vous ? "
39 Il leur dit : " Venez et vous verrez. " Ils allèrent, et virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. Or, c'était environ la dixième heure

Évangile de Jean 1, 38

On peut songer aussi aux deux disciples qui s'éloignaient de Jérusalem et qui ont fait la rencontre de Jésus ressuscité. A la tombée du jour, les deux vont prier Jésus de demeurer avec eux.

32 Et ils se dirent l'un à l'autre : " N'est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous expliquait les Ecritures ? "


C'est l'aspiration de la Bien-Aimée du Cantique : toujours demeurer avec le Bien-Aimé. "Ô toi que mon coeur aime".

"Tu nous as fait pour toi, Seigneur et notre coeur est sans repos tant qu'il ne demeure en Toi." (saint Augustin)

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » dim. 25 févr. 2018, 3:20

Je signale en passant qu'il existe une Retraite sur le Cantique des Cantiques par Christian de Chergé et qui avait parut aux Éditions Nouvelle Cité.

https://www.nouvellecite.fr/librairie/r ... cantiques/

Il serait intéressant - encore ! - de penser au fait que la Samaritaine que Jésus rencontre au puits de Jacob fini par poser d'elle-même la question de la vérité, à savoir où se trouverait "le" troupeau du bon berger, faisant valoir la division existante entre Juifs et Samaritains. L'épisode est riche de signification. - Va d'abord chercher ton mari. "Je n'ai pas de mari." Là, tu dis vrai car tu as déjà eu ...

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » jeu. 01 mars 2018, 4:16

Notes complémentaires tirées de Claire Patier, Le Cantique des cantiques. La voix de l'Amour, Éditions des Béatitudes, 2004 :


On pourrait appliquer au Cantique, ce que saint Ambroise dit des psaumes : « Qu'est-ce donc que le psaume ? C'est un instrument de musique dont joue le saint Prophète avec l'archet du Saint-Esprit et dont il fait résonner sur la terre la douceur céleste » (Commentaire de Saint Ambroise sur le psaume 1, Liturgie des heures.)



CANTIQUE DES CANTIQUES
DE SALOMON


Le premier verset constitue le titre du poème ; il est à lui seul déjà tout un commentaire de ce qui va être développé.




Les « douceurs célestes » du Cantique nous laissent pressentir combien il est bon d'être en Dieu, de goûter à son intimité, de vivre devant sa face. C'est pourquoi l'auteur du poème a utilisé un superlatif : il n'a pas écrit « Cantique » mais bien « Cantique des cantiques ». Les autres superlatifs de la Bible nous aident à saisir l'importance de ce « Cantique des cantiques ». Les textes sacrés nous parlent en effet d'un lieu au superlatif et d'un moment du temps au superlatif, les deux étant particulièrement sacrés : il s'agit du « Saint des saints » et du « Shabbat des shabbat ».

Le « Saint des saints » est le lieu de la rencontre avec le Tout Autre ; l'homme qui pénètre dans le Saint des saints entre « par delà le voile » et se trouve devant la face de Dieu. Le voile qui séparait le Saint des saints du reste de l'enceinte sacrée et du reste du monde, signifiait que l'univers de Dieu et celui de l'homme sont radicalement séparés et différents. Le Créateur et la créature ne peuvent communiquer naturellement depuis qu'Adam a refusé Dieu, comme il est écrit au livre du Lévitique :

« Parle à Aaron ton frère : qu'il n'entre pas à n'importe quel moment dans le sanctuaire derrière le voile, en face du propitiatoire qui se trouve sur l'Arche. Il pourrait mourir, car j'apparais au-dessus du propitiatoire dans une nuée » (Lv 16,2).

Propiatoire : plaque d'or recouvrant l'Arche d'Alliance, lieu où étaient offerts les sacrifices d'expiation, sacrifices « propices » (qui conviennent à Dieu), d'où le nom « propitiatoire ».


Le Cantique des cantiques nous invite à pénétrer dans le « Saint des saints » sans en mourir et nous disons, dans une lecture chrétienne du texte, que nous ne pouvons y pénétrer que si nous nous laissons attirer par l'Unique Bien-Aimé, Jésus-Christ, le Sauveur. C'est ce que dit l'Épître aux Hébreux :

« En elle (l'espérance), nous avons comme une ancre de notre âme, sûre autant que solide, et pénétrant par delà le voile, là où est entré pour nous, en précurseur, Jésus, devenu pour l'éternité grand prêtre selon l'ordre de Melchisédech » (Hé 6,19-20).



Jadis le grand prêtre entrait dans le « Saint des saints » une fois par an, le jour de Kippour qui est appelé le « Shabbat des shabbats » selon qu'il est écrit au livre du Lévitique :

« C'est en ce jour que l'on fera sur vous le rite d'expiation pour vous purifier. Vous serez alors purs devant le Seigneur de tous vos péchés. Ce sera pour vous un Shabbat des shabbats et vous jeûnerez. C'est une loi perpétuelle » (Lv 16,30-31).

Le jour de Kippour, le grand prêtre, accompagné par la prière du peuple, invoquait Dieu en faisant appel à sa miséricorde, à sa compassion, pour qu’il « couvre » (c'est le sens du mot Kippour) et qu’il efface les péchés du peuple :

« Et le peuple suppliait le Seigneur Très-Haut, adressait ses prières au Miséricordieux. (…) Alors (le grand prêtre) descendait et élevait les mains vers toute l'assemblée des fils d'Israël, pour donner à haute voix la bénédiction du Seigneur et avoir l'honneur de prononcer son Nom » (Si 50,19-20).


On voit bien le lien entre ces trois superlatifs : Saint des saints, Shabbat des shabbats et Cantique des cantiques. Il s'agit chaque fois de rencontrer Dieu dans son intimité. Le Saint des saints nous fait rencontrer le Tout Autre, le Shabbat des shabbats nous fait rencontrer le Dieu miséricordieux et le Cantique des cantiques nous met en présence de Dieu Époux et Bien-Aimé.

Aussi le Cantique constitue un sommet de joie, d'allégresse et de contemplation :
« Heureux à la vérité celui qui pénètre dans le 'Saint', mais bien plus heureux celui qui pénètre dans 'le Saint des saints'. Heureux celui qui célèbre le shabbat, mais plus heureux qui célèbre le 'Shabbat des shabbats'. Heureux de la même façon celui qui comprend les cantiques et les chante - personne en effet ne chante s'il n'est pas en fête -, mais bien plus heureux celui qui chante le 'Cantique des cantiques'. Et tout comme s'en faut de beaucoup que celui qui pénètre dans le 'Saint' puisse entrer aussi dans le 'Saint des saints' et que celui qui célèbre le Shabbat, qui a été institué par Dieu pour son peuple, puisse célébrer le 'Shabbat des sabbats', de la même manière il est difficile de trouver celui qui, effectuant le parcours de tous les cantiques contenus dans les Écritures, soit en état de s'élever jusqu'au 'Cantique des cantiques' » ( Origène, Première homélie sur le Cantique, Le Cantique des cantiques)

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » jeu. 01 mars 2018, 4:24

Écoutons aussi la tradition juive à travers le midrach, qui cite Rabbi Akiba :

« Dans toute l'histoire du monde il n'existe pas de jour comparable à celui où le 'Cantique des cantiques' fut donné à Israël. Car tous les écrits de la Bible ont un caractère de sainteté. mais le Cantique des cantiques est appelé 'Saint des Saints'. Car il a pour objet unique l'amour du « berger (paraphrase pour Dieu) et de sa compagne (la communauté d'Israël).

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » jeu. 01 mars 2018, 12:30

SIX CHANTS QUI CONDUISENT AU
CANTIQUE DES CANTIQUES


Le Cantique des cantiques étant un sommet, il est normal de suivre une trajectoire, un chemin balisé, une route, pour le comprendre dans toute sa richesse, autrement dit, il est nécessaire d'avoir déjà une certaine connaissance du Seigneur, de Sa Parole, des cantiques que l'Esprit Saint a inspirés à travers la Bible.

Origène énumère les six cantiques supposés connus pour comprendre le septième qui est le Cantique des cantiques :

Il te faut « sortir d'Égypte » (Ex 13,3) et une fois que tu es sorti de la « terre d'Égypte », il te faut traverser la « Mer Rouge », pour pouvoir chanter le premier cantique, en disant :

« Chantons au Seigneur car il a été glorieusement magnifié » (Ex 15,1).


Mais, tout en ayant chanté ce premier cantique, tu es encore fort loin du « Cantique des cantiques ».

Parcours spirituellement la terre du désert, jusqu'à ce que tu arrives au « puits qu'ont creusé des rois » (Nb 21,18), pour y chanter le deuxième cantique. Après cela, viens aux confins de la Terre sainte pour chanter, en te tenant sur la rive du Jourdain, le cantique de Moïse en disant :

« Ciel, sois attentif et je parlerai ; et que la terre entende les paroles de ma bouche ». (Dt 32,1).



Derechef, il est nécessaire que tu combattes sous les ordres de Jésus (Josué) et que tu possèdes en héritage la Terre sainte, que l' « abeille » te juge - « Déborah » en effet se traduit par abeille -, pour que tu puisses aussi chanter ce cantique qui est contenu dans le Livre des Juges (Jg 5,2).

Ensuite, progressant vers le Livre des Rois, viens-en au cantique chanté par « David quand il échappa aux mains de tous ses ennemis et à la main de Saül » et dit :
« Le Seigneur est mon soutien, ma force et mon refuge, mon libérateur » (2 S22,2).

Il te faudra parvenir à Isaïe pour dire avec lui :

« Je chanterai à mon bien-aimé le cantique de ma vigne » (Is 5,1).


Et lorsque tu seras passé progressivement de l'un à l'autre, monte plus haut encore, pour que toi, âme parée de beauté, tu puisses chanter aussi avec l'Époux le « Cantique des cantiques »1.

1 - « Chantons le Seigneur car il a fait éclater sa gloire : il a jeté à l'eau cheval et cavalier ! » (Ex 15,1).


La première rencontre avec le Seigneur se présente toujours comme la rencontre avec un Dieu Sauveur, un Dieu qui sauve des eaux profondes, de l'abîme des mers, des gouffres sans fond : tout ce qui est symbolisé par le passage grandiose à travers la Mer Rouge que le peuple traversa « à pied sec » comme il est écrit :

« Les Israélites pénétrèrent à pied sec au milieu de la mer, et les eaux leur formaient une muraille à droite et à gauche » (Ex 14,22).

On ne peut comprendre la révélation de l'Amour de Dieu si on n'a pas d'abord pris conscience que notre Dieu est Celui qui nous sauve de tous les dangers, du péché, du mal et de la mort. Il faut avoir chanté avec Moïse et Myriam sur les bords de la Mer Rouge, avoir entendu avec Isaïe ces paroles admirables :

« Si tu traverses les eaux je serai avec toi, et les rivières, elles ne te submergeront pas. (…) Ne crains pas car je suis avec toi ! » (Is 43,2).

Il faut avoir psalmodié avec David :
« Passerais-je un ravin de ténèbres, je ne crains aucun mal car tu es près de moi ; ton bâton, ta houlette sont là qui me consolent » (Ps 23,4).


2 - « Alors Israël chanta ce cantique : Sur le puits qu'ont creusé des princes, qu'ont foré les chefs du peuple avec le sceptre, avec leurs bâtons » (Nb 21,17-18).

Le deuxième chant cité par Origène est chanté dans le désert qui suit inévitablement la première rencontre avec Dieu Sauveur. Toute expérience spirituelle se poursuit dans le désert de ce monde, désert où l'on meurt de soif si l'on ne s'installe pas auprès des eaux vives de la Parole de Dieu, car il est dit :

« Alors Israël chanta ce cantique : Sur le puits qu'ont creusé des princes, qu'ont foré les chefs du peuple avec le sceptre, avec leurs bâtons » (Nb 21,17-18).

Ce puits a été creusé par des princes sur l'ordre de Dieu car Il est le seul à pouvoir nous désaltérer dans nos déserts :

« C'est au sujet de ce puits que le Seigneur avait dit à Moïse : rassemble le peuple et je leur donnerai de l'eau » (Nb 21,16).

Que le Sauveur soit l'eau vive dans nos déserts, Il l'a montré en rencontrant la Samaritaine auprès du puits de Jacob, comme le raconte Saint Jean :

« Jésus, fatigué par la marche, se tenait donc assis tout contre la source. C'était environ la sixième heure. Une femme de Samarie vint pour puiser de l'eau. (…) Jésus lui dit : (Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dis : 'Donne-moi à boire', c'est toi qui l'en aurais prié et il t'aurait donné de l'eau vive' » (Jn 4,6-10).

C'est aussi pourquoi nous chantons dans le Psaume :
« Dieu c'est toi mon Dieu, je te cherche, Mon âme a soif de toi, Terre aride, altérée, sans eau » (Ps 63,2).

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Re: Hymne à la mystique nuptiale

Message non lu par Cinci » jeu. 01 mars 2018, 12:40

SALOMON

Le Cantique des cantiques est attribué au roi Salomon : le premier verset annonce : « Cantique des cantiques de Salomon » (Ct 1,1).

Salomon est fils de David, son nom signifie « celui à qui appartient la paix ». Salomon a installé Dieu au milieu de son peuple puisque c'est lui qui a construit le Temple de Jérusalem, selon la prophétie annoncée à David son père :

« Voici qu'un fils t'est né ; lui sera un homme de paix et je le mettrai en paix avec tous ses ennemis alentour car Salomon sera son nom, et c'est en ses jours que je donnerai à Israël paix et tranquillité. Il bâtira une Maison à mon Nom, il sera pour moi un fils et je serai pour lui un père, j'affermirai le trône de sa royauté sur Israël pour toujours » (1 Ch 22,9-10).

A la fin des temps, un fils de David, prince de la paix est venu planter sa tente parmi nous pour accomplir les prophéties de l'Emmanuel : c'est Jésus le Seigneur, Dieu avec nous.

Dans le Cantique des cantiques, Salomon prête son nom à Dieu pour nous rappeler que c'est lui seul qui peut donner la paix, faire la grâce de ce don précieux : la pacification intérieure qui n'est possible que si on accueille la Parole de Dieu dans sa vie, selon qu'il est dit au livre des Psaumes :

« Ceux qui aiment ta Parole jouissent d'une abondante paix » (Ps 119, 165).

Du vivant du roi Salomon il est dit que :

« Il avait la paix sur toutes les frontières alentour. Juda et Israël habitaient en sécurité chacun sous sa vigne et sous son figuier depuis Dan jusqu'à Beer-Shéva » (1R 5,12).

Le prophète Isaïe, parlant du Messie attendu déclare :
« On lui a donné ce nom (…) Prince de la Paix » (Is 9,5).

Et Jésus affirme :

« Je vous laisse ma paix, c'est ma paix que je vous donne » (Jn 14, 27).

Salomon dans le Cantique des cantiques, c'est Dieu résidant au milieu de son peuple ou plutôt acceptant de revenir au milieu d'un peuple qui s'est éloigné de lui et qui, du fond de son exil, cherche à le retrouver. C'est aussi Jésus qui désire habiter en chaque homme et le reconstruire avec soin (comme pour la construction du Temple) en le comblant de sa paix, selon le cantique des anges de Noël à Bethléem, la nuit de sa naissance :

« Paix sur la terre aux hommes à qui Il veut du bien ! » (Lc 2,14).

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