Bonjour cgs
Merci pour tout ces rappels sur la découverte du Big Bang, vous écrivez bien et c'est agréable de vous lire.
Cependant votre raisonnement me pose problème. Je vais essayer d'éclaircir cela pour vous montrer qu'il n'y a pas de lien logique entre les observations scientifiques, et les conclusions auxquelles vous arrivez.
Commençons par résumer ce qui tient réellement du consensus.
L'univers a un début, ou du moins un horizon, qui correspond au moment où nos modèles physiques sont applicables. On constate aussi que, selon nos modèles, l'univers a subit des modifications et qu'il en subira à l'avenir. Tout cela fait consensus. On peut supposer alors (sans certitude) que nos modèle puissent, à terme, ne plus être valable, comme c'était le cas au moment du big bang. Même si cette idée est légitime, on sort déjà du consensus scientifique.
Dans toute ces observations, et même dans la part de suppositions, il n'y a aucune création ni disparition de matière. C'est pourquoi je n'arrive pas a trouver le lien que vous faites entre le Big Bang, et l'idée que la matière serait périssable.
Vous parlez d'une matière en potentialité pour les instants post Big Bang, mais c'est de la matière tout court, car c'est mesurable et connue, c'est quelque chose de l'ordre du matériel.
L'entropie peut en effet entrer dans la définition large de la matière, puisque c'est une loi de l'univers. En revanche, pour le temps, je ne suis pas d'accord. Le temps peut être défini comme l'instant, un état, mis en mouvement. Rien à voir avec la matière, ou alors tout est matière..
Le temps est l'une des première chose connu et mesuré par les hommes. Il est donc cohérent de le considérer comme étant de la matière, ou une de ses manifestations, ou si vous préférez une autre formulation, comme quelque chose de l'ordre du matériel.
Vous semblez surpris de l'idée que tout soit matière. C'est en pourtant une conclusion à laquelle on arrive vite en considérant que la matière est éternel. Sur un fil de discussion nommé "philosophie matérialiste", défendre la position que tout est matière constitue la suite logique.
Tout ce que nous observons est soumis au temps et à l'entropie. Si la matière est incréée, c'est-à-dire qu'elle a toujours existé, comment peut-elle être soumise au temps et à ses conséquences en terme d'entropie ? Le second principe de la thermodynamique énonce le caractère irréversible de l'usure qu'imprime le temps sur la matière. Une matière éternelle qui s'use me semble paradoxal.
Tout d'abord une première considération. Si on s'en tient aux strictes lois de la thermodynamique, la variation d'entropie dans un système isolé est supérieur ou égal a zéro. A priori donc, aucun lien avec la création ou la destruction de matière. Par contre, l'augmentation de l'entropie s’accommode très bien avec l'idée que la matière est un système isolé, ou en d'autre terme, qu'elle est la seule chose existante.
Quant à la supposé contrainte exercée par le temps et l'entropie sur la matière, il ne s'agit pas là d'une considération scientifique.
Pour l'illustrer, je vous propose l'exemple de la relativité : Pour les objets massiques, ou proche de la vitesse de la lumière, l'espace-temps est déformé, ce qui est plutôt en faveur d'une soumission du temps à la matière, et non l'inverse. Mais pour être dans le consensus scientifique, mieux vaut se limiter a cette formulation : le temps, l'espace, la masse et l'énergie sont lié. La science ne dit rien sur la "soumission" de l'un à l'autre, cela est de l'ordre de la pur interprétation.
Vous me demandez ensuite mon idée de l'univers quand son entropie est proche du maximum. Il n'existe pas de consensus la dessus mais avec mes connaissances et mon imagination limité, j'imagine cela comme un endroit très froid et quasiment figé. Mais même dans un système qui atteint son entropie maximum, il n'y a pas disparition de matière au sens large. C’est pourquoi l'entropie ne permet en rien de dire que la matière est périssable.
Maintenant, pour tenter de vous convaincre que le consensus scientifique n'est pas tel que vous le décrivez, j'aimerais vous faire remarquer que vos arguments portent sur des singularités, ou des extrêmes, qui concentrent beaucoup d'incertitudes. Cela est une mauvaise stratégie pour dégager un consensus. Et même là où la science est incertaine, il est difficile de suivre la logique de votre argumentation, qui repose sur des interprétations, ou des suppositions, sans liens avec les strictes observations scientifiques.
Je ne voit tout simplement pas par quel cheminement vous arriver à une matière périssable, si ce n'est une idée de paradoxe, plus ou moins confus, entre la matière éternelle et le fait que l'entropie augmente.
Or mon cheminement, que vous avez compris car la maxime de Lavoisier le résume assez bien, repose sur une observation fiable et solide, et non des interprétations sur des domaines mal maîtrisés : Dans toute les transformations, l'état final est toujours lié a l'état initial par des termes conservatifs, la matière vient toujours de la matière, et jamais du néant ni d'une entité immatérielle. Cela se révèle exact même avec l'entropie, car elle vient de la matière et de sa propension à se disperser sous forme d'énergie thermique.
La communauté scientifique ne recherche pas, d'ailleurs, comment une chose matérielle disparaît, ou est créée, car ce genre de recherche est considéré infertile de part le consensus. En revanche, une théorie du tout, qui unifierais toute les lois physiques, est une piste d'étude.
On peut donc résumer qu'en l'état des sciences actuelles, la matière se suffit à elle même.