Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » sam. 07 oct. 2017, 8:28

Suliko a écrit :
ven. 06 oct. 2017, 22:53
J'ai une pensée pour les divorcés sans faut de leur part qui s'efforçaient jusqu'ici de rester fidèles à leur mariage et qui sont à présent dans une confusion et un doute terribles en raison des revirements du Vatican.
Vous avez raison Suliko de soulever ce point essentiel oublié par le saint Père : ses propos poussent à la faute ceux qui dans des efforts extrêmes restent fidèles au sacrement du mariage qu'ils se sont donnés.
Pousser ainsi au péché ne peut être une œuvre de Dieu.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » sam. 07 oct. 2017, 8:56

Pathos a écrit :
ven. 06 oct. 2017, 21:59
Vos propos sont durs et vous ne me comprenez pas

Je pense avoir fait l'essentiel : pardonner à mon épouse malgré bien des humiliations (et alors même qu'elle ne m'a jamais demandé pardon) et prier pour son âme.
Je savais que mes propos pourraient vous blesser mais comme je vous l'ai dit 'je suis désolé de devoir vous répondre en vérité'.
Il m'aurait été plus facile et paisible de vous louer et de vous féliciter, mais cela aurait été un mensonge de ma part.

Par contre je vous félicite fraternellement dans le pardon que vous avez accordé sincèrement à votre épouse.
Ceci est un chemin de sainteté qui vous honore et rend Gloire à Dieu.
Mais en rien cela ne peut excuser, justifier la vie adultère que vous dites vivre désormais et encore moins vos paroles de justification prenant Dieu Lui-même à témoin : " IL me préfère pécheur que pharisien comme je l'étais"
C'est contraire à tous les enseignements du Christ qui aux adultères dit avec amour : 'Va et ne pèche plus…'
Le Seigneur est clair sur le salaire du péché : "Plus tard, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit: Voici que tu as été guéri; ne pèche plus désormais, de peur qu'il ne t'arrive quelque chose de pire."

En aucun cas je peux vous laisser dire que Dieu vous préfère pécheur même a un état de pharisien.
Le Seigneur vous a livré la parabole du pharisien et du publicain. Si le pharisien n'est pas justifié c'est parce qu'il se justifie lui-même bien qu'observant fidèlement tous les préceptes de sa religion. Si le publicain est justifié c'est parce qu'il pleure, il regrette son état de pécheur.
Actuellement vos paroles sont celles du pharisien qui prend Dieu a témoin de sa propre justification : 'tu me préfères pécheur que pharisien'.
Je ne peux que vous appeler à comprendre que vous ne faites que rajouter des excuses à votre péché ce que le pharisien ne faisait pas.

Je prie pour que le Seigneur vous accorde sa Paix et sa Joie dans l'abandon du péché.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » sam. 07 oct. 2017, 11:39

Cher PaxetBonum,
vous exploitez une confidence que vous a faite Pathos pour lui faire la leçon. Je ne pense pas que ce soit charitable, ni que la vérité y trouve son compte.
Pathos ne s'est pas justifié, il a d'une part posé une hiérarchie de gravité entre deux péchés, en prenant conscience de son état passé de pharisien, et d'autre part témoigné d'une grâce, quelque chose s'est ouvert devant lui.
Cela n'en fait pas un être parfait mais je ne pense pas que ce forum ait vocation à lier et délier les péchés de ceux qui s'y confient.
Et j'ai pour ma part trouvé ce témoignage émouvant et précieux. Non pas parce qu'il constituerait un modèle à suivre, mais parce qu'il parle vrai tout simplement.
Pathos, je vous remercie de vos mots.
"Dieu n'a pas besoin de nos mensonges" (Léon XIII)

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Pathos » sam. 07 oct. 2017, 11:44

cher P B

Je ne justifie pas mon état, je dis être dans le pêché, je ne communie plus, mais j'espère que Dieu a pitié de moi.

Si j'ai écris que Dieu me "préfère" pour l'instant ainsi plutôt que pharisien (pécheur par orgueil) c'est que j'en ai l'intime conviction . Ce n'est en rien une justification de mon état, c'est je l'espère une étape.

Oui mon amie agnostique (que DIEU aime autant sinon plus que moi) m'a ouvert les yeux ; j'ose vous dire que Dieu m'a parlé à travers elle : j'étais mort à la vie, je voyais le mal partout, je me croyais supérieur aux autres parce que je résistais .. (et pourtant la nuit je pleurais je Lui disait de prendre ma vie tellement je n'avais plus aucun attachement sinon celui d'éduquer mes enfants.), je l'ai bombardé de bondieuseries en voulant sincèrement la convertir, mais tout celà sans m'intéresser à sa personne..
et puis je tombe sur ce texte de Thomas Merton :
“The beginning of love is the will to let those we love be perfectly themselves, the resolution not to twist them to fit our own image. If in loving them we do not love what they are, but only their potential likeness to ourselves, then we do not love them: we only love the reflection of ourselves we find in them”
― Thomas Merton, No Man Is an Island

Le lendemain, jour de la St Padre Pio un ami m'envoie une lettre admirable de ce grand saint.
Une phrase est tellement bouleversante qu'elle n'apparaît pas toujours selon les sites sur internet. Je vous laisse chercher laquelle
http://adoratioiesuchristi.blogspot.fr/ ... lcina.html


Lorsque vous me comparez à la femme adultère c'est sévère, je suis plutôt comme la samaritaine ("tu faits bien de dire que tu n'a pas de mari car celui avec qui tu vis n'est pas ton mari) or à cette femme Jésus ne dit pas "va et ne pêche plus" ; IL la place "seulement" face à sa Vérité, qu'elle reconnaît de fait.

Une fois encore je vous mets en garde contre l'orgueil. Celui d'être tout le temps dans le jugement ou l'auto flagellation ; c'est tout ce que souhaite l'Adversaire, or le Christ nous dit "Que votre coeur ne se trouble pas!"
Dieu seul sonde les reins et les coeurs
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » sam. 07 oct. 2017, 15:19

prodigal a écrit :
sam. 07 oct. 2017, 11:39
Cher PaxetBonum,
vous exploitez une confidence que vous a faite Pathos pour lui faire la leçon. Je ne pense pas que ce soit charitable, ni que la vérité y trouve son compte.
Cher Prodigal

En rien je ne cherche à faire la leçon à Pathos : je suis le pire des pécheurs de quelle droit le ferai-je ? Je cherche à me faire des amis dans le ciel pour le jour où le Seigneur me renverra je puisse leur demander leur aide… Son message disait que Dieu le préférai pécheur que pharisien.
C'est le message d'un frère trompé par le péché qui risque sa vie, une main tendue à laquelle je réponds par le vérité, qui, aussi blessante soit-elle, est seule source de salut.
Je ne désire rien d'autre que le bien de Pathos pour l'éternité au-delà du ressenti subjectif blessant d'un instant sur le net.
Dernière modification par PaxetBonum le sam. 07 oct. 2017, 15:42, modifié 1 fois.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » sam. 07 oct. 2017, 15:40

Pathos a écrit :
sam. 07 oct. 2017, 11:44
cher P B

Je ne justifie pas mon état, je dis être dans le pêché, je ne communie plus, mais j'espère que Dieu a pitié de moi.

Si j'ai écris que Dieu me "préfère" pour l'instant ainsi plutôt que pharisien (pécheur par orgueil) c'est que j'en ai l'intime conviction . Ce n'est en rien une justification de mon état, c'est je l'espère une étape.
― Thomas Merton, No Man Is an Island

Le lendemain, jour de la St Padre Pio un ami m'envoie une lettre admirable de ce grand saint.
Cher Pathos,

Vos paroles ici correspondent mieux au chemins du Seigneur pour deux raisons essentielles : vous mettez entre parenthèse le verbe préférer là où vous prétendiez que Dieu vous préférais pécheur, et que vous explicitez ne pas vous complaire dans cet état.
Alleluia !

La phrase de M Merton raisonne très juste au niveau humain. Par contre à l'échelle divine elle est fausse : nous devons nous changer, nous pétrir, nous laisser buriner, nous convertir pour être selon la volonté de Dieu.
Si vous avez trouvé mes paroles blessantes, veuillez m'en excuser mais elles n'ont pas d'autres but que de vous pousser à ne pas vous poser là où vous êtes mais à poursuivre courageusement votre chemin de sainteté. Merci pour le texte de St Padre Pio que j'affectionne particulièrement, il montre ici encore combien il était dur dans ses paroles par fidélité au Seigneur. Parler de marteau et de burin n'est pas tendre, mais éclaire combien le Seigneur peut nous bousculer parfois violemment par amour pour nous afin que taillés selon sa guise nous trouvions notre place dans l'édifice de son Eglise.

J'imagine (corrigez moi si je me trompe) que vous évoquiez :
"Ayez la certitude que tout ce que votre âme a éprouvé a été disposé par le Seigneur. Alors, n'ayez pas peur de tomber dans le mal et l'offense de Dieu. Qu'il vous suffise de savoir qu'en tout cela vous n'avez jamais offensé le Seigneur, mais qu'au contraire il en a été davantage encore glorifié."

Mais j'ai peur que nous ne l'entendions pas pareillement.
J'imagine (ce n'est pas précisé) qu'il s'adressait à un de ses fils spirituels et le St Padre Pio avait ce dont de vision des âmes et il s'avait que cette personne était tourmentée par la peur de tomber dans le mal et l'offense à Dieu. Le St Padre Pio lui précise qu'il n'en a rien été mais que cette personne est sortie victorieuse de ses épreuves pour la plus grande Gloire de Dieu. Il le soulage d'un scrupule là où la personne a évité le péché mais en doute encore.

Je prie pour que vous poursuiviez votre chemin sur Le Chemin, La Vérité et La Vie dans la Paix et la Joie !
Priez pour moi pauvre pécheur.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cendrine » sam. 07 oct. 2017, 16:11

Merci Pathos pour ce que vous nous confiez avec tant de confiance et d'affection, et merci PaxetBonum pour vos encouragements, qui s'adressent aussi à chacun de nous. En vous lisant tous les deux je retrouve cet amour et cette aide entre chrétiens dont parle si bien saint Paul.

Pathos nous rappelle le risque toujours possible de l'idée d'une perfection comme idolâtrie, cette passion naît de notre orgueil et justement ce n'est pas notre orgueil qui doit nous conduire à obéir parfaitement à Dieu, mais notre amour pour Lui. Peut-être que le fragile pharisien parviendra un jour à ne plus l'être (tout en continuant par ailleurs à faire ce qu'il fait depuis des années) en ajoutant à sa vie intérieure un surcroît d'amour pour Dieu et son prochain ?

C'est justement parce que nous avons la vérité devant les yeux inlassablement que nous pouvons nous y appuyer pour marcher, c'est pourquoi l'Église, tout en tenant compte de nos réalités terrestres actuelles, doit continuer à être claire et à diriger sans relâche et fermement.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Pathos » sam. 07 oct. 2017, 16:52

Merci à chacun de votre soutien

Je ne veux que la conversion de mon amie pour vivre dans les commandements de Dieu
.. mais serai-je exaucé ? elle qui se sent blessée lorsqu'elle perçoit que c'est mon but caché.

Merci pour vos prières
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par papillon » dim. 08 oct. 2017, 21:00

Cher Pathos,

Je ne viens plus très souvent sur ce forum et j'y lis peu de choses, mais aujourd'hui je me suis empressée de lire vos messages en apercevant votre pseudo, qui se fait plus rare qu'avant lui aussi me semble-t-il.
Votre souffrance, que vous résumez si bien et que vous avez le courage de regarder en face avec tout ce que cela implique était parfaitement perceptible, croyez-moi.
Je la ressentais dans vos écrits, dans vos mots, dans votre agressivité, dans vos excès de conformisme religieux, dans votre obsession du mal que vous voyiez effectivement partout.
Votre souffrance, je la percevais dans vos lignes et aussi entre les lignes, et cela me faisait mal.
Je suis très heureuse de voir que vous allez mieux, et aussi que vous vous intéressez à Thomas Merton, dont les écrits m'ont aussi beaucoup aidée.
Pathos a écrit : Je ne justifie pas mon état, je dis être dans le pêché, je ne communie plus, mais j'espère que Dieu a pitié de moi.
Soyez-en sûr.

Pathos a écrit : Oui mon amie agnostique (que DIEU aime autant sinon plus que moi) m'a ouvert les yeux ; j'ose vous dire que Dieu m'a parlé à travers elle : j'étais mort à la vie, je voyais le mal partout, je me croyais supérieur aux autres parce que je résistais .. (et pourtant la nuit je pleurais je Lui disait de prendre ma vie tellement je n'avais plus aucun attachement sinon celui d'éduquer mes enfants.), je l'ai bombardé de bondieuseries en voulant sincèrement la convertir, mais tout celà sans m'intéresser à sa personne..
et puis je tombe sur ce texte de Thomas Merton :
“The beginning of love is the will to let those we love be perfectly themselves, the resolution not to twist them to fit our own image. If in loving them we do not love what they are, but only their potential likeness to ourselves, then we do not love them: we only love the reflection of ourselves we find in them”
― Thomas Merton, No Man Is an Island
:coeur:

Voici un autre texte de Thomas Merton qui pourrait vous intéresser (traduit en français):

" Après plusieurs années je me retrouvai un jour dans mon village natal...C'était comme si soudain je voyais la beauté secrète de tous ces coeurs, la profondeur de ces coeurs où ni le péché ni le désir ni l'auto-conscience ne peuvent atteindre le noyau de leur réalité, la personne que chacun est aux yeux de Dieu. Si seulement ils pouvaient tous se voir eux-mêmes comme ils sont réellement. Si seulement nous pouvions nous voir les uns les autres constamment de cette façon. Il n'y aurait plus de guerre, ni de haine, ni de cruauté, ni de cupidité...
Mais cela ne peut être vu , seulement cru et 'saisi' par un don particulier. Encore cette expression qui me revient : le point vierge .
Au centre de notre être il y a un point de néant qui n'est pas touché par le péché ni par l'illusion, un point de vérité pure, un point ou une étincelle qui appartient totalement à Dieu, qui n'est jamais à notre disposition, d'où Dieu dispose de nos vies, qui est inaccessible aux fantaisies de notre propre mental ou aux brutalités de notre volonté. Ce petit point de néant et de pauvreté absolue est la plus grande gloire de Dieu en nous. C'est en somme son nom écrit en nous, en tant que notre filiation.
C'est comme un diamant pur, brillant de la lumière invisible. Il est en chacun (...)
La porte du ciel est partout. "

Ce point vierge, vous le portez en vous, Pathos, et votre amie aussi.
Je crois qu'il serait bon de vivre votre foi simplement, en aimant votre amie de tout votre coeur telle qu'elle est, sans chercher à la convertir, mais plutôt en la laissant trouver son chemin par elle-même, dans le respect total de sa liberté et de ses choix.
Les buts cachés ne trompent personne, sont effectivement blessants et tuent l'amour.
Il faut avoir confiance en Dieu et en la vie et cesser de vouloir tout contrôler en fonction de soi-même.

À ce propos :

'Un ami de Merton, le raccompagnant à sa chambre, lui rapporta qu'une religieuse fut étonnée de ce que, durant sa dernière allocution, Merton n'ait pas parlé du besoin de convertir les autres.
Il répondit : " Ce qu'il nous est maintenant demandé, c'est moins de parler du Christ, que de le laisser vivre en nous, de telle sorte que les gens puissent le trouver en sentant combien il vit par nous."
Ce furent ses dernières paroles.'


Les extraits cités sont tirés du livre "Un torrent de silence" de Placide Gaboury.


Bonne route, Pathos, et prenez soin de vous . :fleur:

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par axou » lun. 09 oct. 2017, 1:50

Pathos a écrit :
ven. 06 oct. 2017, 21:35

Pour ma part j'aurai "tenu" 2 ans.
Alors que j'étais victime de ma femme adultère me voici selon notre catéchisme à mon tour adultère (même si cela parait révoltant pour le commun des mortels) avec une autre personne dans le même cas que moi.

Et bien mes amis j'ose vous écrire que pour l'instant, IL me préfère pécheur que pharisien comme je l'étais

J'ai été retourné comme un crêpe, moi qui croyais pouvoir tenir..
Je n'incite personne à abandonner sa croix, ni à relativiser notre Saint catéchisme, j'ai été très meurtri de franchir cette ligne rouge, je l'ai ressenti dans ma chair toutefois j' ai vu aussi tellement de signes de Sa Tendresse !!, c'est fou..
Dieu nous parle !
Souvent à travers des personnes qui n'ont pas la foi
Soyons humbles, toujours aimants, arrêtons de mettre les gens dans des cases, les plans de Dieu nous dépassent complètement.

Le jour où je suis tombé j'ai pris en pleine gueule l'Evangile du jour : " Je veux la Miséricorde, non le sacrifice"
Cher Pathos, quel magnifique témoignage !!! En fait l'amour d'une femme vous ouvre à la tendresse de Dieu et cela même en dehors du cadre habituellement "licite". (Ce n'est pas moi qui vais m'en étonner !).
N'attendez pas bien sur que tous vous comprennent ou même simplement vous acceptent en cette expérience car il arrive que seuls ceux qui ont expérimenté eux-même cet amour fou de Dieu dans l'imprévu puissent vous rejoindre. C'est ce que le pape François veut dire lorsqu'il parle de "Chemin" à côté des "normes figées".

Je suis d'accord avec Papillon, je ne pense pas que souhaiter à tout prix la conversion de votre amie soit la meilleur chose. Je pense que la confier au Seigneur et rendre grâce pour cette si belle rencontre qui vous a redonné la vie est plus juste et respectueux de son cheminement. Son amour vous libère vous libère et en plus vous ouvre à l'intelligence des Ecritures. Que demandez de plus ? C'est tellement bouleversant. Merci encore, vous nous faîtes beaucoup de bien !

Axou

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par PaxetBonum » lun. 09 oct. 2017, 8:46

Pathos a écrit :
sam. 07 oct. 2017, 16:52
Je ne veux que la conversion de mon amie pour vivre dans les commandements de Dieu
.. mais serai-je exaucé ? elle qui se sent blessée lorsqu'elle perçoit que c'est mon but caché.
Cher Pathos

Si vous aimez cette personne en vérité, vous ne pouvez qu'espérer son salut et donc sa conversion.
Vous pouvez lui expliquer qu'elle n'a pas à se sentir blessée par votre désir de la voir rencontrer Notre Seigneur.
Si il en était autrement de votre part cela voudrait dire que vous ne l'aimez pas.
Un homme qui a trouvé un grand trésor mais le cache à son amie n'a pas confiance en elle ou ne l'estime pas digne.
Celui qui veut partager ce trésor avec elle, lui accorde toute sa tendresse.

Je prie à cette intention pour votre Paix et votre Joie à tout deux dans les chemins du Seigneur
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Pathos » lun. 09 oct. 2017, 13:54

Merci à tous chers amis pour votre bienveillance ; chacun de vous m'apportant un éclairage (Papillon vous m'avez mis à nu... Paxet B vous êtes très fort.... Axou vous avez toujours été bienveillante à mon égard par MP).

Je ne vais pas vous raconter ma vie ici mais je vois tellement de signes de Sa Tendresse, si belle par sa surprise, son originalité, sa discrétion ... c'est fou comme IL nous aime..

Merci pour vos conseils et vos prières.

Je vous exhorte à mon tour à ne pas vous quereller en discussion stérile, les uns ont raison sur la Loi les autres ont raison sur la Miséricorde.
Désormais je ne veux plus invectiver personne politiquement, religieusement, je ne veux que prier pour mes frères

Que Dieu vous bénisse tous, et bénisse ce forum : il n'y a pas si longtemps je disais à quelques amis paroissiens que je trouvais plus d'effervescence ici avec des inconnus qu'à la sortie de la messe...
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par archi » lun. 09 oct. 2017, 19:23

Je réponds tardivement à Suliko (désolé pour le délai :oops: ), si elle suit encore le fil.
Concernant les Pères de l'Eglise, pourriez-vous indiquer les œuvres dans lesquelles est traitée la question du remariage (car vous vous doutez bien que je ne vais pas m'amuser à lire tout Origène dans l'espoir de trouver un extrait approprié !) ?
Il faut aussi savoir que ce n'est évidemment pas parce qu'un ou plusieurs Pères de l'Eglise ont eu tel ou tel avis que ce dernier est juste. Il faut un consensus des Pères au sujet dudit avis pour qu'il puisse être considéré avec sérieux.
Le meilleur recueil que j'ai trouvé pour les citations patristiques et les canons anciens sur le sujet est ce document, en anglais malheureusement (en français, j'ai trouvé pas mal de littérature actuel sur le sujet, mais aucun qui liste clairement les oeuvres et les passages concernés):
https://ejournals.bc.edu/ojs/index.php/ ... /2633/2281

Les citations sont citées au milieu d'un commentaire qui va inévitablement orienter leur interprétation, mais les sources sont quand même très complètes (y compris p.ex les pénitenciers et les conciles de l'époque carolingienne sur lesquels on trouve très peu de choses).

Il est clair que les avis des Pères ont varié, que lesdits Pères ne parlent pas toujours exactement de la même chose (avec la difficulté de situer la citation dans le contexte où elle a été écrite), et que les interprétations des divers écrits sont très variées et ont donné lieu à une abondante littérature. J'ajouterais que la vision qu'a chaque Père du mariage n'est pas forcément la même.

Néanmoins, il est clair qu'à côté d'une règle générale d'interdiction du remariage du vivant des époux (avec ou non une exception pour le remariage en cas d'un divorce consécutif à l'adultère de l'autre conjoint, il me semble à la lecture des textes qu'il y a nettement ambiguïté), il y a eu de nombreuses exceptions.

Je pense pour ma part qu'il ne faut pas oublier le motif de la règle interdisant le remariage tel qu'il a été exposé dans le document le plus ancien sur le sujet (le Pasteur d'Hermas): parce que tant que le conjoint est vivant, la réconciliation est considérée comme possible.

Et la réflexion d'Origène qui atteste du fait que certains évêques de son temps ont autorisé la communion à des divorcés qui en étaient théoriquement empêchés par "ce qui était écrit", et qu'il ne les en blâme pas dans la mesure où c'est pour éviter des choses plus graves (et souvenons-nous du motif biblique de l'institution du mariage: "il n'est pas bon que l'homme soit seul").

Je pense pour ma part que le christianisme n'est pas une religion de la Loi mais de la Charité, et que la Loi sur le divorce doit être comprise dans le sens de la Charité... pour éviter le risque que la Charité ne s'oppose à la Loi. L'adultère manifeste est peut-être le plus grand péché contre la Charité, dans ce lieu privilégié de la Charité qu'est le mariage chrétien (symbole de l'union du Christ et de son Eglise), le divorce en est un quand il constitue une répudiation de l'autre conjoint.

Beaucoup de bonnes choses ont été dites dans les dernières pages. Un grand merci à Pathos pour son témoignage.

In Xto,
archi.
Nous qui dans ce mystère, représentons les chérubins,
Et chantons l'hymne trois fois sainte à la vivifiante Trinité.
Déposons maintenant tous les soucis de ce monde.

Pour recevoir le Roi de toutes choses, Invisiblement escorté des choeurs angéliques.
Alléluia, alléluia, alléluia.

Tristan
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » mar. 10 oct. 2017, 0:01

La base de données la plus complète et la mieux mise à jour est accessible ici :

Elle est tenue, sans commentaire mais avec sélection évidemment, par Andrew Guernsey, favorable à la prohibition traditionnelle :

Denzinger Timeline of the Controversy over Communion For the Divorced and Civilly ‘Remarried’ in Adultery in Church History and the Pontificate of Pope Francis

https://docs.google.com/document/d/1XKi ... y6mMXIxDE/

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Guillaume C.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Guillaume C. » jeu. 12 oct. 2017, 23:30

Correction filiale : « les accusations d’hérésie ne sont pas fondées »


Le texte a fait grand bruit. Dans une correction filiale adressée au pape François le 11 août, rendue publique le 24 septembre, un groupe de laïcs, de clercs et de théologiens l’accuse de propager sept hérésies avec son exhortation Amoris Lætitia. Ces accusations sont-elles fondées ? Amoris Lætitia porte-t-elle atteinte au magistère de l’Église ? Éléments de réponses du père Thomas Michelet op., professeur à l’Angelicum, l’Université Pontificale Saint-Thomas d’Aquin à Rome.


La correction filiale affirme que le pape François a propagé sept hérésies. Il s’agit d’une accusation grave. Est-ce une première ?


N’exagérons rien. Ce n’est pas la première fois que des chrétiens accusent le pape d’hérésie. C’est même habituel de la part de groupes schismatiques, ou en passe de le devenir, qui justifient ainsi leur rupture.

Dans le cas d’Amoris Lætitia, il y avait déjà eu en juin 2016 un texte de 45 signataires auquel celui-ci fait d’ailleurs référence. Il dressait une liste de 19 propositions assorties de censures : 11 jugées hérétiques et contraires à la Révélation (scandalosa, prava, perversa, perniciosa, impia, blasphema, etc.) ; d’autres tombant sous des qualificatifs moins graves (contraires à la foi, téméraires, ou simplement fausses). La presse s’en était fait un peu l’écho à l’époque, puis on n’en a plus du tout parlé. C’est retombé comme un soufflé.

Le présent texte constitue une sorte de relance, 18 des premiers signataires étant les mêmes. Pour l’instant, il semble avoir plus de succès. Peut-être est-ce dû à un « choc de simplification » : de onze hérésies, on passe à seulement sept (excusez du peu !) Il y a la force du symbole, le chiffre sept ayant des résonances apocalyptiques. Sans doute aussi le fait qu’il s’agit d’une pétition que l’on peut signer sur un site internet dédié (233 signataires à ce jour). Mais souvenons-nous qu’une « supplique au pape François en vue du Synode » à l’initiative du cardinal Burke avait recueilli en 2015 près de 500 000 signatures…

On pourrait se laisser impressionner par la qualité des signataires, souvent des autorités académiques ou civiles, ou des pasteurs. Mais à y regarder de plus près, il ne s’y trouve aucun théologien de renom, aucun évêque en poste. Les fameux dubia des quatre cardinaux étaient autrement plus sérieux, s’agissant de proches collaborateurs du pape. Accuser le pape d’hérésie, c’est évidemment grave. Mais ça le serait beaucoup plus si ces accusations étaient fondées ; ce qui n’est pas le cas.

Le pape a-t-il « directement ou indirectement approuvé les croyances selon lesquelles l’obéissance à la loi de Dieu peut se trouver être impossible ou non souhaitable » comme le laisse entendre la correction ?

L’Abbé Guillaume de Tanoüarn, de l’Institut du Bon Pasteur, déclarait récemment sur les ondes : « Tout cela me semble disproportionné et déplacé. Le pape est le pape […] Je n’ai jamais vu sous sa plume, ou entendu dans sa prédication, la moindre chose qui puisse ressembler à une hérésie. En réalité, on juge un silence. […] On peut contester les raisons pour lesquelles le pape garde le silence, mais on ne peut pas de ce silence tirer une hérésie. Cela ne me semble pas logique. »

Ce qui est frappant dans ce texte de dénonciation, c’est que contrairement au texte précédent des 45, il ne s’agit pas de citations d’Amoris Lætitia, mais de propositions qui ne se trouvent nulle part dans le texte alors qu’on les met entre guillemets. Procédé parfaitement malhonnête. Qu’ils produisent donc leurs sources ; et s’ils ne le peuvent, qu’ils se taisent.

Selon les signataires, le pape approuverait que « l’adultère soit considéré comme compatible avec le fait d’être un catholique pratiquant ». Est-ce juste ?

Ce sont eux qui le disent. Mais ce n’est pas ce que dit le texte, qui parle bien de « situations objectives de péché » (AL 305). C’est donc toujours un péché, et ça le reste. Mais il faut distinguer le plan objectif et le plan subjectif, l’acte extérieur et les intentions et circonstances.

Voici ce que dit le pape : « À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église » (AL 305).

C’est plutôt une bonne nouvelle. Ce n’est pas parce que l’on est engagé dans une situation peccamineuse que l’on ne peut pas recevoir des grâces – à commencer par des grâces de conversion. Qu’y trouve-t-on à redire ? En quoi cela n’est-il pas catholique ?

Souvenons-nous de Jésus qui proclamait déjà : « les publicains et les prostituées vous précèdent au Royaume de Dieu ». Lui aussi a été jugé hérétique et blasphémateur. La logique de l’Évangile bouscule souvent nos habitudes de pensée et nos conceptions de la morale. Prêchez l’amour, et l’on vous crucifiera.

Sur quels textes se basent les signataires ? Ont-ils la même valeur ?

Précisément, on est en peine de trouver à quoi ces signataires peuvent faire allusion. Au moins, dans le texte de 2016, on citait réellement le texte d’Amoris Lætitia, puis on en donnait une interprétation qui paraissait possible et l’on présentait des textes du magistère dans le sens contraire. Ici, rien de tel. On prête au pape des propos qu’il n’a pas tenu ; ou s’il l’avait fait, on n’en donne pas les sources, ce qui ne permet pas de les vérifier. On est très deçà du minimum requis pour un travail universitaire ou journalistique. Ce n’est pas sérieux.

Pourquoi Amoris Lætitia suscite-t-elle autant d’oppositions ?

Il faut du temps pour comprendre les changements. Car il y a bien un changement. D’abord d’attitude pastorale : accueillir plutôt que rejeter ; ne pas fermer des portes, mais ouvrir des chemins. Accompagner dans la durée plutôt que de se satisfaire d’une solution instantanée (que ce soit pour donner la communion ou la refuser). Bref, rechercher le salut des âmes, plutôt que le confort du pasteur. Ensuite, il y a un changement d’appréciation : il faut discerner pastoralement. Autrefois, si l’on était engagé dans une situation de péché public, on était jugé d’office coupable, interdit de communier. À présent, on nous demande de discerner à la lumière des consciences, ne pas se contenter des apparences mais voir la réalité des cœurs. Ne pas condamner en bloc, mais voir le bien qui est possible, pour faire progresser vers le bien (via caritatis). Faut-il s’en offusquer ?

On peut regretter que le texte de l’Exhortation, très long, ne soit pas très précis quant au parcours concret de l’accompagnement, quant aux étapes à franchir et aux conditions à remplir pour retrouver l’accès à la communion pour les divorcés remariés civilement. Certains ont cru que le pape voulait brader l’enseignement traditionnel, proposer une nouvelle conception du mariage qui ne soit plus catholique, autorisant le divorce ou la communion aux pécheurs publics. C’est lui faire un mauvais procès. Le texte ne dit rien de tel, et affirme régulièrement le contraire. Ce qui est certain, c’est que le pape ne veut pas donner la communion à quelqu’un qui ait un péché grave sur la conscience. Tout ce qu’il demande, c’est de vérifier que tel est bien le cas in concreto, sans se contenter de juger in abstracto.

Amoris Lætitia porte-t-elle atteinte à l’enseignement traditionnel de l’Église ?

Dom Basile Valuet, préfet des études de l’Abbaye du Barroux, a publié dans la Revue thomiste un long article qui montre qu’Amoris Lætitia n’est en rien une révolution. Il y voit plutôt un développement homogène de l’enseignement du Magistère sur l’erreur invincible, autrefois appliquée aux seuls païens, et désormais reconnue pour les chrétiens eux-mêmes. Les vérités autrefois évidentes en pays de chrétienté ne sont plus forcément accessibles à tous dans des pays en voie de déchristianisation où les mentalités sont de plus en plus gravement déformées par l’esprit du monde qui les imprègne. Il faut en tenir compte.

Par ailleurs, tout texte du magistère doit être lu dans la lumière de la foi catholique, de l’Écriture, de la Tradition et du Magistère précédent, en marquant davantage la continuité et le développement homogène que la rupture. C’est une règle constante d’interprétation. Partir du principe qu’il contredit l’enseignement traditionnel de l’Église, c’est se mettre soi-même en rupture avec la Tradition, car c’est adopter une « herméneutique de rupture » que partagent ceux qui veulent la Révolution dans l’Église. Plus on soutiendra qu’Amoris Lætitia permet de faire ce qui était auparavant interdit, plus on donnera du poids à ceux qui le revendiquent. Les contestataires des deux bords se rejoignent ; les extrêmes sont dans un même genre.

Le pape doit-il répondre aux contestataires, ceux de la correction filiale comme aux cardinaux des dubia ?

On ne peut pas reprocher aux quatre cardinaux d’avoir écrit au pape ces fameux dubia. Ils en avaient parfaitement le droit, et ils l’ont fait selon les règles. Mais en aucun cas, ils ne devaient les publier. C’est là une faute grave, qui compromet définitivement les chances d’une réponse.

D’une certaine manière, le pape a répondu un an après, le 8 septembre dernier, en supprimant l’Institut Jean-Paul II dont le cardinal Caffara était le fondateur, soit deux jours après sa mort. Désormais, c’est un nouvel Institut Jean-Paul II qui prend la place, avec un nouveau fondateur. Si l’on veut savoir comment interpréter Amoris Lætitia, c’est de ce côté-là qu’il faut regarder. Dans le fait que l’on ne se contente pas d’un modèle idéal des familles, mais que l’on doit partir de leur réalité concrète, existentielle, avec les difficultés qui sont les leurs, pour montrer comment un chemin de croissance évangélique peut s’ouvrir pour elles, quelle que soit leur situation.

Dans le cas de la « correction filiale », la lettre aurait été remise au pape le 11 août 2017, et elle a été publiée dès le 24 septembre 2017. Ce n’est pas raisonnable. Même pour l’administration française, il faut au moins deux mois de silence pour que l’on puisse considérer qu’il s’agit d’un refus (d’ailleurs, depuis 2014, le principe est renversé : le silence vaut accord, sauf exceptions). Cela montre qu’on ne cherchait pas au fond une vraie réponse, mais plutôt à créer un mouvement d’opinion. Or l’Église n’est pas une démocratie ; encore moins une société de consommation régie à coups de pressions médiatiques ou de lobbies.

Le pape est souverain : il est libre de répondre ou non. Exiger de lui une réponse, c’est le mettre à notre niveau. Le mettre publiquement en situation d’accusé, ce n’est pas faire preuve de respect filial envers notre Saint-Père. S’il y a manque de respect de la tradition, c’est plutôt là qu’il se trouve.


Famille chrétienne
Il n'y a qu'une Église, une par l'unité de la doctrine comme par l'unité du gouvernement, c'est l'Église catholique (Léon XIII, lettre Testem benevolentiæ sur la condamnation de l'américanisme)

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