Qu'est-ce que la conversion ?

« Dieu leur donnera peut-être de se convertir et de connaître la vérité. » (2Tm 2.25)
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Qu'est-ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » lun. 07 août 2017, 11:22

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Comment y accède t-on ? Cette notion a t-elle un sens pour le chrétien, et lequel ?

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Teano
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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Teano » mer. 09 août 2017, 19:48

Bonjour gerardh,

A mon sens et à la lumière de mon expérience de la rencontre avec le Christ mort et ressuscité, la conversion est un art de vivre et un défi : celui de choisir le Christ et de le suivre en faisant absolument confiance à Sa Parole.

On pourrait multiplier à l'envi les exemples de conversion foudroyante, à commencer par celle de Saint Paul. Il existe aussi des conversions opérées tranquillement, par petites touches, dans la banalité du quotidien.

Le converti tout frais émoulu aura tendance parfois à considérer qu'il a déjà gagné le prix. La vie se chargera de le faire redescendre sur terre, quand il constatera, comme Paul à Athènes puis à Thessalonique, que non, la sainteté, les dons spirituels et tutti quanti, ça ne va pas aller tout seul et ça ne va pas aller de soi. Il lui faudra sans doute un peu de temps (des années ? ) avant de comprendre que la conversion, c'est à chaque matin en se levant qu'il doit la renouveler, et choisir le Christ à chaque fois qu'il y aura un enjeu dans sa vie (une famille à fonder, un emploi à choisir, une vocation à suivre).

En tout état, ce n'est pas une chose à laquelle on accède, c'est quelque chose qu'on reçoit, comme toute grâce et ce n'est certainement pas une situation dont on serait propriétaire.

Dans la joie de Marie,

Teano
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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Altior » mer. 09 août 2017, 20:48

gerardh a écrit :
lun. 07 août 2017, 11:22

Comment y accède t-on ?
Par la coopération entre Dieu qui nous appelle tous et nous, ceux qui sommes appelés. Autrement dit, par répondre «oui» aux grâces actuelles.
Cette notion a t-elle un sens pour le chrétien, et lequel ?
Affirmatif.
La conversion c'est plus que avoir la foi. C'est plus que croire en Dieu. Car on peut croire dans un «dieu des philosophes». Mais le converti croit dans le Dieu vivant d'Abraham, de Isaac et de Jacob, dans ce Dieu-là qui dit «écoute, Israël!». Le converti a une relation personnelle avec ce Dieu personnel, il ne le perçoit pas seulement en tant que créateur qui s'est endormi après la création, en tant que rédempteur qui est maintenant dans les cieux éloignés en attente du moment de revenir, mais il le perçoit en tant que personne proche, qui parle et qui écoute.

Puis, le latin vient, comme d'habitude, à notre aide pour mieux comprendre le sens du mot. «Converti» cela veut dire «tourné complétement». Face de l'autre côté. Un converti est quelqu'un qui a changé de vie. Quelqu'un qui était avant dos à Dieu pour avoir maintenant complétement tourné.

In Christo, Rege,
A.

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » jeu. 10 août 2017, 18:00

Bonjour,

Merci à Teano et Altior d’avoir bien voulu donner leurs points de vues. [...]

Je reprends, en l’approuvant, l’explication d’Altior :

«
Converti» cela veut dire «tourné complètement». Face de l'autre côté. Un converti est quelqu'un qui a changé de vie. Quelqu'un qui était avant dos à Dieu pour avoir maintenant complètement tourné.
Dans le ski alpin, il y a une figure qui s’appelle opportunément la conversion. Elle consiste à se retourner sur place de 180 °, cela skis aux pieds. C’est à peu près cela la conversion chrétienne. Nous lisons en 1 Thessaloniciens 1, 9-10 : vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir* le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient. Dans 1 Pierre 2, 9 aussi : Sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

La conversion c’est passer de la mort à la vie, en naissant de nouveau d’une vie qui est éternelle. Cela peut être fulgurant, comme le souligne Teano au sujet de l’apôtre Paul. Cela de nos jours est le plus souvent progressif.


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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Cinci » jeu. 10 août 2017, 22:48

La pureté est impossible. "Fils de David, aie pitié de moi." Ce n'est pas par l'innocence, mais par la confiance en une parole de miséricorde qui fait la lumière sur nous, que nous accédons à l'alliance avec le Dieu chrétien.

"Il ne s'agit ni d'effort ni de record, mais de Dieu qui s'attendrit", résume saint Paul aux Romains. L'éclat de l'Être divin, Acte pur, nous fascine, mais il est inaccessible. Yaweh "est". Et nous ne saurions rien de plus si Lui-même ne nous avait pas dit "qu'il avait entendu la misère de son peuple et qu'il avait entendu ses angoisses" (Exode 3,7

[...]

Et pourtant le rêve de l'innocence habite tout homme. Le goût d'un paradis nous poursuit où il n'y aurait ni désordre ni difficulté, mais harmonie et transparence, celui d'un univers innocent à l'image de cristal. Des êtres sans défauts, sans reprise.

Nos premiers parents étaient innocents. Mais ils n'étaient pas saints. Alors que ceux que nous appelons les "âmes du Purgatoire" sont saints bien qu'ils ne soient plus innocents. Ceux-ci ont été atteints par la faute. Ils se sont souillés. Mais ils ont été renouvelés par le sang de l'Agneau. La sainteté est autre chose que l'innocence. Heureusement. Car si l'innocence était le but de la vie chrétienne, nous en serions exclus. La révélation en Adam et l'alliance avec Abraham ont promis le salut au genre humain. Mais promesse n'a jamais été faite de nous rendre innocents. La promesse a été accomplie de nous unir à la sainteté du Christ. Abraham a reçu à sa table les trois messagers divins. On ne lui demande pas l'innocence mais l'hospitalité.
C'est le Père Bernard Bro qui écrivait cela en 1984.

En résumé :

Par la confiance en une parole de miséricorde qui fait la lumière sur nous. Dieu qui s'attendrit, une volonté d'offrir l'hospitalité à Dieu chez soi en retour.

Je trouverais que c'est une belle formule.

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Cinci » sam. 12 août 2017, 19:53

Autre propos de table spirituel, échangeable entre la poire et fromage :

Ici :

Faire du péché une synonyme d'infraction à la pratique d'une règle est lui enlever son sens.

Si le péché et le manquement à la norme sont une même chose, saint Paul avant sa conversion est sans péché, car il observait scrupuleusement la Loi :"Pour la justice qu'on trouve dans la Loi, devenu irréprochable" (Ph 3,6) Encourager les gens à pratiquer "... obéissance, application, honnêteté, ordre, propreté, tempérance, loyauté, sacrifice et amour de sa patrie" peut paraître un appel à la conversion : en fait, la citation est empruntée à une inscription du plafond d'un des bâtiments administratifs de Dachau, le camp de concentration nazi, destinée à être lue et relue par les prisonniers. C'était une invitation à l'idolâtrie du troisième Reich et non un appel à se tourner vers Dieu.

Se convertir, ou faire pénitence, ne consiste pas simplement à renoncer à certaines formes d'infractions, ou à se refuser certains plaisirs légitimes, ou à se mortifier, ou à être plus strict dans l'observance des règles de l'Église. Il est possible d'être méchant et poussé à tout détruire, tout en vivant d'une manière ascétique; le membre d'une ligue anti-alcoolique, pilier d'église, non fumeur, petit mangeur, peut se muer en bourreau et assassiner sans scrupules. "Conversion" est la traduction du mot grec metanoïa qui veut dire un changement de l'esprit et du coeur, un changement de perspective.

Croire, comme chrétien, ce n'est pas avant tout acquiescer aux propositions du Credo; c'est avant tout remettre à Dieu mon être tout entier. Quand un couple se marie, il n'acquiesce pas d'abord aux rites de la cérémonie du mariage, mais au don mutuel qui les unit. Se convertir et croire à l'Évangile, c'est se détourner de l'idolâtrie du moi et permettre à Dieu d'être Dieu en nous, le Dieu de pitié qui aime tout ce qu'il a crée au point qu'il est venu à nous en Jésus et a donné sa vie pour chacun d'entre nous.


(à suivre)

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Cinci » sam. 12 août 2017, 20:06

(suite et fin)

Un indice ...

Un des signes de la vraie conversion, dans un individu ou dans l'Église, est l'esprit de compassion pour toute la création, qui transparaît à travers son comportement moral. Une morale sélective par exemple qui accentue le caractère sacré de la propriété et punit tout infraction plus sévèrement que les infractions aux droits de l'homme; ou qui met l'accent sur la morale sexuelle, mais reste aveugle ou muette quand il s'agit de la destruction de la vie humaine par l'âpreté au gain ou faux patriotisme, cette morale peut être une façon subtile de nous mettre à l'abri de Dieu et de ce qu'il demande; et elle est un signe de notre manque de repentir.

Le péché, ce refus de permettre à Dieu d'être Dieu, est profondément ancré dans notre nature. Nous avons tendance à penser que si seulement nos désirs charnels étaient contrôlés et maîtrisés, nous serions sans péché, mais notre péché se situe à un niveau plus profond que celui de nos désirs charnels, vérité exprimé par la Tradition dans l'explication de la chute des anges.

Le plus grand péché que nous puissions commettre n'est pas lié à la chair, mais c'est le péché de l'esprit, le péché de l'orgueil, cette tendance profondément enracinée en nous de vivre comme si toute la création devait nous louer, nous révérer, nous servir, nous et nos intérêts.

Dans son roman "Résurrection", Tolstoï donne une bonne description de cette tendance qu'à l'homme de s'emprisonner dans le tombeau de son orgueil quand il décrit l'attitude de Katioucha, la prostituée :
"On s'Imagine à tort que les voleurs, les assassins, les espions, les prostituées, jugent défavorablement leur profession et en éprouvent de la honte. Il n'en est rien. Les hommes que leur destin et leurs fautes placent dans un situation déterminée, si répréhensible soit-elle, se bâtissent une conception de la vie où leur situation particulière apparaît éminement utile et respectable. En vue de soutenir leur point de vue, ces gens s'appuient instinctivement sur un milieu qui admet leur conception de la vie en général et leur place dans cette vie en particulier. Cela nous étonne de voir des voleurs s'enorgueillir de leur adresse, des prostituées de leur corruption, des assassins de leur cruauté. Mais nous sommes étonnés que pour autant que le milieu de ces gens est limité, et surtout parce que nous n'en faisans pas partie.

Et cependant le phénomène n'est-il pas le même avec les riches s'enorgueillissant de leurs richesses, c'est à dire de leurs rapines, les chefs de guerre s'enorgueillissant de leurs victoires, c'est à dire de leurs assassinats, avec des puissants s'enorgueillissant de leur puissance, c'est à dire de leur tyrannie?

Si nous ne remarquons pas que ces gens, en vue de justifier leur situation, ont de la vie, du bien et du mal, une conception corrompue, c'est seulement parce que le cercle des gens qui ont adopté ces conceptions perverses est plus étendu et que nous-mêmes en faisons partie."
Katioucha, la prostituée, se considérait comme une personne très importante, et Tolstoï continue :
Elle attachait un grand prix à cette conception de la vie, plus qu'à tout autre chose au monde. Il ne pouvait en être autrement, car si elle avait adopté une autre point de vue, elle aurait perdu la signification que cette théorie lui donnait dans la société. Et pour ne pas perdre cette signification, elle se rapprochait instinctivement du milieu qui envisageait la vie de la même façon qu'elle.
La peur de Katioucha est celle de tout être humain : la peur de son insignifiance et de son néant. Chacun de nous, à sa manière, lutte pour vaincre cette peur, nous nous construisons un système de défense individuel ou collectif. La danger est d'utiliser nos moyens de défense, non pour aider notre croissance, mais pour nous protéger contre elle.

Nous interprétons mal cette peur de notre insignifiance. Nous ne sommes pas menacés d'anéantissement, mais invités à regarder la vérité en face. Les faits sont bons, car Dieu est dans les faits. Cette peur d'être insignifiant nous adresse un message :

Vos moyens de défense sont inutiles en fin de compte; vous avez tort de penser que votre valeur dépend de le puissance de vos inutiles moyens de défense. Dieu seul est votre rocher, votre refuge et votre force. Admettez cette vérité, et vous arriverez à connaître votre vraie valeur; car vous avez du prix à ses yeux et il vous aime. Il vous invite à avoir part à sa vie.

Le péché, c'est le refus d'accepter son invitation; nous préférons notre sécurité. Nous sommes comme Lazare dans nos tombeaux : Dieu nous appelle à la vie et nous répondons : "Je vous remercie, mais je préfère rester où je suis!"

Tiré de :

G. W. Hughes, s.j.,Le Dieu des surprises,1987, p. 114

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » dim. 13 août 2017, 9:32

Bonjour,

Voila la définition de la conversion donnée par l’Eglise Catholique de France :
« du latin, convertere : tourner, changer
C’est ouvrir son cœur et son intelligence à Dieu et avec sa grâce, réaliser de véritables changements dans notre existence en se détournant du péché et en étant de plus en plus fidèle à l’Évangile. La conversion est indispensable à la foi. Elle permet de recevoir le Christ, source de la vie éternelle ».
J’apprécie beaucoup cette définition, même si elle insiste trop à mon avis sur les conséquences de la conversion, et pas assez sur le fait lui-même.

Il y a une rupture, une transformation de par la conversion. Un « après » radicalement différent de « l’avant ». Un peu, toutes proportions gardées par les effets de la potion magique d’Astérix le Gaulois, moralement s’entend bien sur.

Wikipedia indique de son côté : La conversion religieuse est à la fois le processus, et l'aboutissement, d'un cheminement personnel où des croyances religieuses ou philosophiques, nouvelles ou anciennes, supplantent d'autres conceptions antagonistes. L'individu décide alors de suivre une voie, et souvent abandonne des comportements jugés néfastes ou des idées jugées fausses. Il rejoint un groupe ou un courant, réputés transmettre et pratiquer les valeurs préférées. La conversion a une dimension spirituelle, et peut être déclenchée à l'occasion d'un éveil spirituel ou, plus rarement, par une illumination, une saisie soudaine de la présence agissante de Dieu.

"Les chemins de la conversion" est un documentaire intimiste qui suit le parcours de ces adultes qui reçoivent la foi au milieu de leur vie. Des témoignages émouvants et sincères qui nous racontent comment la conversion change la vie : le chemin semé de difficultés et de joies de ceux qui choisissent de suivre le Christ. Une coproduction KTO / Grand Angle Productions 2016.

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Teano » dim. 13 août 2017, 19:38

Cher gerardh,

J'aimerais attirer votre attention sur 4 points :

1/ En fin de compte, aucune définition ni description n'embrassera jamais la totalité de la conversion qui est avant tout, l'expérience d'une rencontre. L'histoire des patriarches Abraham et Jacob est assez édifiante à ce sujet.

2/ La définition de l'Eglise catholique souligne qu'il ne peut y avoir de conversion réelle, sans fruits issus de cette conversion. Dans le NT, les images de la conversion et de la foi proposées dans diverses paraboles par le Christ sont souvent fondées sur des métaphores végétales (parabole du semeur, parabole du grain de moutarde) soulignant ainsi que la conversion est vivante, dynamique et produit du fruit en son temps. ce serait trop fastoche : il y a des tas de gens qui admirent le Christ et sont sensibles au contenu de la foi chrétienne mais ils gardent leurs distances, ils ne s'engagent pas. Sont-ils convertis pour autant ?

3/ Dans sa définition, l'Eglise indique que "la conversion est indispensable à la foi". Autant dire que chaque chrétien, même élevé dans sa tradition religieuse, ne peut se dédouaner d'une rencontre personnelle avec Son Dieu, d'une conversion dans sa propre vie. On peut aller à la messe chaque dimanche depuis toujours et avoir fait l'expérience de la conversion, d'un moment où ce qui a été reçu de la famille, du catéchisme à la paroisse, devient un engagement personnel et radical, à la suite du Christ.

4/ J'entends bien ce que vous dites quand vous parlez d'un "avant" et d'un "après". Mais mon expérience personnelle de la conversion (qui s'étend sur 18 ans) m'incline à me méfier des ruptures trop tapageuses ou brutales et des expériences de type "born again".


Dans la joie de Marie,

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Dominus vobiscum » dim. 13 août 2017, 20:09

La conversion,c est un retournement du coeur vers Dieu qui va entrainer tel ou tels changements dans notre vie.
Elle peut etre totale en une fois come pour certains saints,ou bien en plusieurs fois.
C est une grace qui se recoit.
Cependant il faut la demander.
"l' amour ne se paie que par l amour." St jean de la croix

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Cinci » dim. 13 août 2017, 23:42

Parmi les signes ...


Le vrai repentir

Le vrai repentir libère de la préoccupation de soi, parce que notre confiance est ancrée dans la bonté de Dieu à l'oeuvre en nous. C'est dans la lumière que nous voyons notre obscurité.

Le vrai repentir est source de joie et de liberté intérieure. Le vrai repentir fait bon accueil à la critique et sait en profiter. Le vrai repentir est source de compréhension, de tolérance et d'espoir. Le vrai repentir suscite la compassion et donc une sensibilité plus aigüe à toute forme d'injustice.

Dans le vrai repentir, la personne se sent attirée vers Dieu.


Le faux repentir

Le faux repentir nous plonge dans l'occupation de nous-mêmes. Nous nous délectons de ce que nous prenons pour notre vertu mais nous sommes irrités par notre péché, nous refusons de l'admettre et l'imputons aux autres.

Le faux repentir accroît l'anxiété et nous rend plus méfiants. Le faux repentir est susceptible devant la critique et n'en retire rien.

Le faux repentir engendre la rigidité de l'esprit et du coeur, le dogmatisme, l'intolérance : il est prompt à condamner. Le faux repentir à tendance à être hypersérieux et est incapable de rire de lui-même.

Dans le faux repentir, la personne se sent rejetée par Dieu.

dans :

Le Dieu des surprises, p.120

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » lun. 14 août 2017, 11:30

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Chère Teano,

Merci de me témoigner votre affection en m’appelant cher gerardh. J’en ai bien besoin. Vous écrivez :
1/ En fin de compte, aucune définition ni description n'embrassera jamais la totalité de la conversion qui est avant tout, l'expérience d'une rencontre. L'histoire des patriarches Abraham et Jacob est assez édifiante à ce sujet.
Sans doute, si ce n’est qu’une personne convertie doit normalement pouvoir être au fait de sa propre conversion et en témoigner : elle sait ce que c’est.
2/ La définition de l'Eglise catholique souligne qu'il ne peut y avoir de conversion réelle, sans fruits issus de cette conversion. Dans le NT, les images de la conversion et de la foi proposées dans diverses paraboles par le Christ sont souvent fondées sur des métaphores végétales (parabole du semeur, parabole du grain de moutarde) soulignant ainsi que la conversion est vivante, dynamique et produit du fruit en son temps. Ce serait trop fastoche : il y a des tas de gens qui admirent le Christ et sont sensibles au contenu de la foi chrétienne mais ils gardent leurs distances, ils ne s'engagent pas. Sont-ils convertis pour autant ?
Ils ne sont sans doute pas convertis : cela dit « le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim 2). Sinon, votre remarque revient au débat classique sur le salut par la foi et les œuvres. Pour nous les œuvres sont de toute importance car Dieu les apprécie et elles témoignent, essentiellement aux autres, de la réalité de la foi. Mais elles n’ont pas en elles-mêmes de vertu salvatrice. Il ne faut pas confondre le fait même de la conversion, et ses conséquences. A noter qu’autant je vous suis sur la parabole du semeur, autant j’ai une autre lecture de la parabole du grain de moutarde
3/ Dans sa définition, l'Eglise indique que "la conversion est indispensable à la foi". Autant dire que chaque chrétien, même élevé dans sa tradition religieuse, ne peut se dédouaner d'une rencontre personnelle avec Son Dieu, d'une conversion dans sa propre vie. On peut aller à la messe chaque dimanche depuis toujours et avoir fait l'expérience de la conversion, d'un moment où ce qui a été reçu de la famille, du catéchisme à la paroisse, devient un engagement personnel et radical, à la suite du Christ.
Nous sommes bien d’accord. Où en est la chrétienté de ce point de vue ? Sans doute dans un état affligeant.
4/ J'entends bien ce que vous dites quand vous parlez d'un "avant" et d'un "après". Mais mon expérience personnelle de la conversion (qui s'étend sur 18 ans) m'incline à me méfier des ruptures trop tapageuses ou brutales et des expériences de type "born again".
Je ne mets nullement en doute la réalité de votre conversion, bien au contraire. Mais il me semble que nous n’avons pas la même notion de ce qu’est la conversion. Pour moi la conversion est un changement radical qui se passe soit instantanément, soit en un laps de temps limité (quelques mois par exemple). L’expression « born again » n’est pas un gros mot et d’ailleurs elle figure dans la Bible. Certes je me méfie des côtés spectaculaires que lui confère un certain évangélisme nord-américain, trop mû par les émotions : dans ce cas ce peut n’être qu’un feu de paille ou des grains tombant dans le chemin. Il faut plutôt dans ces cas voir si cet élan initial perdure.

Bref je ne crois pas que la conversion puisse durer 18 ans ou s’étaler tout au long de la vie du croyant, ou s'étaler sur plusieurs fois. C’est une autre notion qui doit être appelée dans ce cas, à savoir la marche chrétienne. Cette marche doit tout au long de la vie du croyant, tendre vers la sainteté pratique. Cela montre la réalité de la foi ou de la conversion, mais n’est pas en soi la conversion.

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Par ailleurs j’avais cité hier le documentaire catholique « sur les chemins de la conversion », qui est très édifiant. Je note toutefois que la conversion des personnes adultes converties qui témoignent n’est nullement dépendante du sacrement, baptême ou confirmation. Ces dernières sont converties puis demandent le sacrement, dans leur esprit afin de mettre un sceau sur leur conversion. D’ailleurs se pose la question des personnes baptisées, comme je l’ai été, dès la prime enfance : peut-on dire qu’elles ont été converties de par cette cérémonie ? Certainement pas : elles auront encore besoin de se convertir à partir de l’âge de raison.

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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » lun. 14 août 2017, 15:49

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Bonjour Cinci,

Il n'y a pas de règles, mais en effet le repentir, ou plus encore la conscience de son état de pécheur, est le plus souvent le premier pas vers la conversion. On peut le voir en Luc 15 dans la parabole du fils prodigue.


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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par Teano » lun. 14 août 2017, 19:41

gerardh a écrit :
lun. 14 août 2017, 11:30
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Chère Teano,

Merci de me témoigner votre affection en m’appelant cher gerardh. J’en ai bien besoin.
Bonsoir cher gerardh,

J'espère que vous vous portez bien et c'est avec sincérité que je vous appelle "cher gerardh".
Vous écrivez :

Sans doute, si ce n’est qu’une personne convertie doit normalement pouvoir être au fait de sa propre conversion et en témoigner : elle sait ce que c’est.
En effet, c'est pour ça je préfère parler d'une expérience plutôt que d'une définition : on touche à quelque chose d'intensément vécu qui dépasse les limites étroites d'une définition. Quelque chose nous en échappe toujours bien que la réalité de la conversion soit visible pour l'intéressé(e) comme pour son entourage.
Ils ne sont sans doute pas convertis : cela dit « le Seigneur connaît ceux qui sont siens » (2 Tim 2). Sinon, votre remarque revient au débat classique sur le salut par la foi et les œuvres. Pour nous les œuvres sont de toute importance car Dieu les apprécie et elles témoignent, essentiellement aux autres, de la réalité de la foi. Mais elles n’ont pas en elles-mêmes de vertu salvatrice. Il ne faut pas confondre le fait même de la conversion, et ses conséquences. A noter qu’autant je vous suis sur la parabole du semeur, autant j’ai une autre lecture de la parabole du grain de moutarde
Non, je ne crois pas qu'il s'agisse du salut par la foi ou par les oeuvres mais du fruit que l'on porte, dans la participation à la vie divine, initiée par la conversion. Je ne pense pas qu'une personne convertie se mette en demeure de mettre sa vie en cohérence avec sa vie nouvelle seulement dans une optique de "thésauriser" ou "mériter" le salut. Il s'agit d'une véritable transformation intérieure, animée par le Saint-Esprit.
Je ne mets nullement en doute la réalité de votre conversion, bien au contraire. Mais il me semble que nous n’avons pas la même notion de ce qu’est la conversion. Pour moi la conversion est un changement radical qui se passe soit instantanément, soit en un laps de temps limité (quelques mois par exemple). L’expression « born again » n’est pas un gros mot et d’ailleurs elle figure dans la Bible. Certes je me méfie des côtés spectaculaires que lui confère un certain évangélisme nord-américain, trop mû par les émotions : dans ce cas ce peut n’être qu’un feu de paille ou des grains tombant dans le chemin. Il faut plutôt dans ces cas voir si cet élan initial perdure.

Bref je ne crois pas que la conversion puisse durer 18 ans ou s’étaler tout au long de la vie du croyant, ou s'étaler sur plusieurs fois. C’est une autre notion qui doit être appelée dans ce cas, à savoir la marche chrétienne. Cette marche doit tout au long de la vie du croyant, tendre vers la sainteté pratique. Cela montre la réalité de la foi ou de la conversion, mais n’est pas en soi la conversion.

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Je crois que c'est parce que vous distinguez la conversion de la marche chrétienne, comme vous dites. Pour moi, il n'y a pas vraiment de distinction : je me convertis tous les matins en me levant, en écoutant l'évangile du jour et en choisissant de suivre Jésus, encore un jour. Je me convertis à chaque fois qu'une "leçon d'Evangile" m'est donnée par quelqu'un de plus saint et de meilleur que moi et cela me vient souvent dans des situations et de la part de personnes inattendues.

Selon vos critères, ma véritable conversion serait intervenue à 38 ans : il y a là en effet, un avant et un après radical. Pourtant, il y a eu dans ma vie une marche chrétienne cahotique, commencée vers 17-18 ans quand j'ai eu pour la première fois, le Nouveau Testament entre les mains.
Par ailleurs j’avais cité hier le documentaire catholique « sur les chemins de la conversion », qui est très édifiant. Je note toutefois que la conversion des personnes adultes converties qui témoignent n’est nullement dépendante du sacrement, baptême ou confirmation. Ces dernières sont converties puis demandent le sacrement, dans leur esprit afin de mettre un sceau sur leur conversion. D’ailleurs se pose la question des personnes baptisées, comme je l’ai été, dès la prime enfance : peut-on dire qu’elles ont été converties de par cette cérémonie ? Certainement pas : elles auront encore besoin de se convertir à partir de l’âge de raison.

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Il m'a fallu 40 ans pour accueillir la grâce du baptême que j'ai reçue à 1 mois et demi, sans l'avoir demandé. Les sacrements ne sont pas des formalités de douane et l'Eglise a un enseignement précis là-dessus. Non, les personnes et en particulier, les enfants, ne sont pas convertis par le baptême. Un sacrement est avant tout une grâce que l'on reçoit, sans l'avoir mérité et parfois, sans l'avoir demandé (comme le baptême d'un bébé). Mais la grâce est réellement donnée par Dieu, c'est un vrai cadeau gratuit. Et comme un cadeau, vous pouvez le refiler sur leboncoin ou le garder précieusement et l'apprécier pleinement. Il se peut que bien des années et des circonstances soient nécessaires pour en estimer la valeur réelle.

Dans la joie de Marie,

Teano
"« Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, sainte Mère de Dieu. Ne repousse pas nos prières quand nous sommes dans l’épreuve, mais de tous les dangers, délivre-nous, Vierge glorieuse et bénie »"


Messages dans cette couleur (ou à peu près...) : modération du forum

gerardh
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Re: Qu'est- ce que la conversion ?

Message non lu par gerardh » mar. 15 août 2017, 11:41

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Bonjour chère Teano, vous écrivez :
Non, je ne crois pas qu'il s'agisse du salut par la foi ou par les œuvres mais du fruit que l'on porte, dans la participation à la vie divine, initiée par la conversion. Je ne pense pas qu'une personne convertie se mette en demeure de mettre sa vie en cohérence avec sa vie nouvelle seulement dans une optique de "thésauriser" ou "mériter" le salut. Il s'agit d'une véritable transformation intérieure, animée par le Saint-Esprit.
J’ai pu faire un transfert de sens en passant d’une part de la conversion et ses fruits, à d’autre part, le salut par la foi et les œuvres (les œuvres confirmant la foi). Même si ces deux notions peuvent différer quelque peu, je ne crois pas que cela soit inconséquent. Cela dit, dans les deux cas, il ne s’agit nullement de se « mettre en demeure » en quelque façon de mettre sa vie en cohérence avec sa vie nouvelle (merci d’employer cette expression), ni encore moins de « thésauriser « ou de « mériter » le salut. Vous me prenez certainement pour un catholique ! Non, les conséquences de la conversion, ou les œuvres du chrétien, se font « naturellement » par le fait de sa vie nouvelle, et sans aucune recherche de récompense. Oui, la conversion ou le salut sont bien une véritable transformation intérieure animée par le Saint Esprit : les conséquences, ou les œuvres, s’ensuivent.
Je crois que c'est parce que vous distinguez la conversion de la marche chrétienne, comme vous dites. Pour moi, il n'y a pas vraiment de distinction : je me convertis tous les matins en me levant, en écoutant l'évangile du jour et en choisissant de suivre Jésus, encore un jour. Je me convertis à chaque fois qu'une "leçon d'Evangile" m'est donnée par quelqu'un de plus saint et de meilleur que moi et cela me vient souvent dans des situations et de la part de personnes inattendues. Selon vos critères, ma véritable conversion serait intervenue à 38 ans : il y a là en effet, un avant et un après radical. Pourtant, il y a eu dans ma vie une marche chrétienne chaotique, commencée vers 17-18 ans quand j'ai eu pour la première fois, le Nouveau Testament entre les mains.
Revenez s’il vous plaît aux définitions, même si vous n’aimez pas trop cela. La conversion et la marche chrétienne, ce n’est pas la même chose, même si cette dernière est la conséquence de la première. Oui, votre conversion, cet « après », est bien intervenue, selon votre description, à vos 38 ans. Ce qui s’est passé auparavant, c’était sans aucun doute une préparation à votre future conversion. Il m’est arrivé à peu près la même chose : j’ai souvent été attiré par les choses de Dieu (avec des hauts et des bas) et pour ce faire, dans mon enfance et mon adolescence j’ai été très utilement enseigné par l’Eglise catholique. C’était un travail préparatoire de l’Esprit, mais pas encore la conversion. Cette dernière est arrivée vers l'âge de 20 ans, sans que je puisse lui fixer une date exacte. Quant à ma marche chrétienne, la miséricorde de Dieu m’a soutenu malgré quelques faux pas.
Non, les personnes et en particulier, les enfants, ne sont pas convertis par le baptême.
C’est très bien de dire cela. Tous ne semblent pas dire la même chose sur la Cité.
Un sacrement est avant tout une grâce que l'on reçoit.
Je ne comprends pas ce que cela veut dire. Expliquez-moi. Cela dit j’ai été validement baptisé (catholique) enfant, j’ai fait ma première communion, ma communion solennelle, j’ai reçu maintes fois ce que vous appelez l’Eucharistie. J’ai gagné un voyage à Lourdes étant deuxième de mon lycée au catéchisme. J’ai été confirmé. Je me suis confessé maintes fois : il y avait un petit carnet de catéchisme, que l’on devait faire signer par un prêtre chaque Dimanche après la messe, et chaque mois après la confession. Je ne regrette nullement cette période, mais en quoi aurais-je reçu des « grâces » ?


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