Suliko,
... non éclairés par la lumière de la vraie foi, nos contemporains considèrent comme acceptables des comportements allant à l'encontre de cette loi [naturelle]
... qui pourrait être l'indice de ce que je dis. En
dehors de la religion, le grand nombre trouverait plutôt acceptable des idées comme la contraception ou l'idée de pouvoir arrêter une grossesse dans ses débuts. Les gens auraient plutôt bien du mal à découvrir un "crime abominable" là-dedans.
On ne peut pas faire intervenir la loi naturelle partout, tout le temps; un peu comme si cette fameuse loi devrait n'être qu'une doublure profane de tout ce que l'Église dit, Suliko. Ce serait bien trop commode pour l'Église!
Non
Il n'existe pas de loi naturelle qui dicte aux gens d'aimer leurs ennemis. Quand bien même ce serait la chose à faire pour des chrétiens, le mieux, l'idéal, la perfection. Quand même c'est ce que Dieu voudrait à la fin!
L'amour des ennemis procède de la
charité et qui est elle-même comme une vertu théologale (un don de Dieu, une grâce). Or depuis toujours les gens croient plutôt qu'il faut se venger des ennemis, leur faire payer cher leur hostilité. La morale naturelle des iroquois serait plutôt d'aller lever quelques chevelures chez l'ennemi, comme la morale naturelle des caïds ou du syndicat des travailleurs du port. Un certains sens inné de la justice tirerait plutôt les gens vers la vision de la balance : oeil pour oeil, dent pour dent. Il n'y a pas de loi naturelle qui impose aux gens de penser, sentir et agir comme le père de la Parabole de l'enfant prodigue! Ou de se comporter comme le patron qui donne même salaire à tout le monde!
La loi naturel fonctionne pour le vol. Parce que même si Al Capone ne verrait pas d'inconvénient à voler les autres, en revanche il tolérerait très mal qu'on aille le dépouiller, lui. Le vol est clairement un mal, et même un mal potentiellement passible de la peine de mort (quand on s'appelle Capone et qu'on serait soi-même la victime). La pédophilie est clairement un mal et un mal qui réclame la peine capitale ... selon les experts en loi naturel que sont les prisonniers du bloc B à sécurité maximale. L'homosexualité aussi contreviendrait à la loi naturelle (tout comme les union homosexuelle), en sorte que les crânes rasés de l'Alabama ne verraient pas d'Inconvénient non plus à imiter le comportement des miliciens de l'État islamique et jeter les délinquants du haut des édifices.
Sauf que le concept de loi naturel ne fonctionne pas avec l'avortement précoce (style : boire une "potion magique" qui délivre la femme d'une grossesse non voulue). Le concept est invalide dans ce cas 1) A peu près personne n'irait tenir la femme agissant ainsi pour une meurtrière, de la même façon que personne tiendrait une femme victime de viol et qui se fait avorter ensuite pour une criminelle. 2) C'est la famille qui bien souvent encourage la femme à avorter (père, mère, grand-mère, soeurs ... mari, amant ...)
Le geste consistant à sauver l'enfant d'abord, - surtout l'enfant encore au stade embryonnaire, envers et contre tout, au risque même que la femme y laisse sa peau - : ce n'est pas là un geste perçu comme étant bien normal, naturel, attendu, mais héroïque, incroyable et complètement dingue à quelque part, outrancier ... une folie totale ... une folie "probablement digne de la Croix et contraire aux idées du monde", pourrions-nous dire.
Le concept de loi naturel
Il fonctionne avec l'idée de l'infanticide. Entendre : une femme qui tue de ses propres mains son enfant à peine né. Parce que le geste est assimilable à un assassinat, une volonté de défier la loi des hommes, dans l'indifférence du sentiment des autres (parents, époux, voisins, figure d'autorité en général). Il ne fonctionne pas avec l'idée de contraception.
Vous sous-estimez les conséquences du péché originel, qui peut évidemment éloigner de plusieurs points de la morale naturelle des sociétés entières.
C'est moi qui vous trouverais un peu confuse ici, Suliko.
Le
péché qui est un concept religieux à la base (oui, même s'il doit nous renvoyer à une réalité), qui implique que les hommes auraient la tendance inconsciente à repousser Dieu, malheureusement jusqu'à y engager souvent aussi leur pleine volonté entière, dans un refus conscient de se soumettre à la volonté de Dieu, lorsque cette volonté divine serait connue bien entendu (connue et surtout reconnue en son fors intérieure comme étant bien "la" volonté de Dieu; "Je le sais, je reconnais que Dieu existe et qu'il a bien commandé ceci ...
mais moi je veux faire le contraire, etc."). Cf,
péché de David qui commet l'adultère avec Bethsabée ... sachant ce qu'il faisait, brisant avec la volonté de
son Dieu et avec lequel il était lié par un lien d'intimité et de confiance.
Le concept de
péché concerne la liaison consciente d'un pacte établi avec Dieu ("notre" Dieu, celui avec lequel j'accepte d'échanger, celui que je veux aimer et envers lequel je dois me soumettre). Il n'en concerne pas tellement une loi de nature.
La nature
Sur le plan naturel, les rapports sont inconscients. C'est un peu comme l'instinct. Même les animaux supérieurs peuvent parfois posséder un certain sens inné de la "balance de justice". Des animaux sociaux comme des singes peuvent ressentir comme incorrect tel geste qui violerait la loi du groupe. Mais l'on ne trouverait pas là-dedans l'idée de la conscience vraie de l'autre, comme celle de Dieu, comme celle d'un vrai pacte libre et volontaire à respecter avec une personnalité divine.
La loi naturel peut tout au plus être comme un "reflet de l'activité divine chez les êtres crées" dans ce que nous appelons "la nature", mais qui demeure incognito chez les sujets (Ici c'est ours, lion, singe, dauphin, homme ... peu importe!) Ainsi, la loi naturelle voudrait que la femelle s'occupe de sa portée, comme d'une mère de son enfant. Toutes les mères du monde (religieuses ou pas) s'occupent généralement de leurs enfants ... mais une fois nés. D'où l'inacceptation universelle de l'infanticide. La contraception vise à éviter de devoir procéder à un infanticide (en trichant avec le calendrier) et de là une plus grande tolérance universelle pour l'intervention précoce.
Il n'y a pas de loi naturelle qui impose aux femmes de se sacrifier pour un embryon. Soyons sérieux! Si c'était le cas, aucune femme n'aurait plus jamais le moindre mérite à mener une grossesse à terme dans n'importe quelle condition! Absurde.
C'est pourquoi l'on ne peut pas parler de loi naturelle touchant des enfants à l'état embryonnaires. Non, mais en revanche des chrétiens qui ont la foi peuvent témoigner, eux, qu'ils seraient capables de garder des enfants dans toutes les conditions, témoignant héroïquement, par amour pour Dieu, parce que Dieu leur demanderait à eux de manifester un grand amour de charité.
Dans une république d'incroyants et de sans-Dieu : il en reviendrait à Suliko en personne de se sacrifier, elle, le cas échéant. Il ne ferait aucun sens d'expédier au bagne des incroyants et au motif que ces derniers contreviendraient au commandement d'un Dieu qu'ils ignorent, parce qu'ils mépriseraient la pensée spéciale de l'archevêque. La coercition est bonne parmi la "république des croyants", dans le royaume de France et où 90% des gens sont baptisés, et où l'on prend pour acquis que toutes les familles des gens du peuple veulent se soumettre à la loi divine.