Adam et Eve : une existence vraiment historique

« Alors il leur ouvrit l'esprit à l'intelligence des Écritures. » (Lc 24.45)
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Xavi
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St Augustin et la création

Message non lu par Xavi » dim. 17 mars 2013, 16:56

Soyons d’abord clair : pour Saint Augustin, l’homme est tiré du limon de la terre sans parents et Eve est tirée d’une côte de l’homme. Point. Il ne s’en écartera pas. Il n’avait aucune idée des australopithèques, de l’homo habilis, de l’homo erectus ou de l’homo sapiens vivant il y a cent mille ans. Il n’avait aucune idée de l’ADN qui compose un être, ni de la chaîne chromosomique provenant d’un mélange des gênes parentaux.

Mais, le sujet l’a profondément interpellé et sa réflexion très concrète est riche d’ouvertures vers une compréhension différente de celle qu’il pouvait avoir à son époque.

Il nous y encourage lui-même : « A-t-on une opinion plus vraisemblable sur ces vérités? Loin de la combattre, j'y applaudirai » (de la Genèse, L. VII, 42).

Pour Saint Augustin, il est clair qu’Adam et Eve ont réellement existé dans l’histoire réelle.

La première conviction très moderne de Saint Augustin, c’est celle d’une double création qui peut rejoindre la conviction actuelle qu’il ne faut pas nécessairement confondre l’adam (avec un article), l’humain terrestre, avec l’humain créé immortel à l’image de Dieu.

D’abord, il définit l’homme sur une base théologique. Il n’y a pas d’homme (au sens de Saint Augustin) lorsqu’il est seulement constaté une intelligence ou une religiosité terrestre : « l'homme est, comme la lumière primitive, une intelligence, et …, pour l'intelligence, exister, n'est au fond que prendre conscience du Verbe Créateur » (de la Genèse, L. III, 31).
« il fut créé par la connaissance même qu'il eut de son Créateur » (id., 32).

Notez le bien : sans cette « intelligence », cette « conscience du verbe créateur », cette « connaissance » de son Créateur, il n’y a pas d’homme, il n’existe pas.

« Si donc l'homme a été formé de la terre comme le reste des animaux, quel est son titre de supériorité sinon sa ressemblance avec Dieu ? Cette ressemblance ne consiste pas dans la forme du corps, mais dans l'intelligence » (L. VI, 22)

Pour Saint Augustin, il y a eu une double création. Il estime que « l'homme fait comme en germe dans les profondeurs de la nature, ainsi que, tous les êtres créés ensemble à l’instant où naquit le jour, aurait pris avec le temps ces formes sous lesquelles aujourd'hui il passe sa vie dans la pratique du bien ou du mal, de la même façon que l'herbe, faite avant d'avoir poussé sur là terre, se développa avec le temps et sous l'influence des eaux de la source » (id., L. VI, 1).

« De tous ces êtres celui qui est arrivé à l'existence apparaît avec les modifications qui composent la vie, et qui sont le développement effectif dans une substance réelle des causes secrètes, virtuellement contenues dans toute créature : telle fut l'herbe, après avoir poussé sur la terre, tel fut l'homme formé en être vivant, et, en un mot, les animaux ou les plantes que Dieu produit en vertu de son activité continue » (id., 17).

Qu’aurait-il pensé de la longue histoire anthropologique qui nous est aujourd’hui connue ?

« Dieu fit tous ses ouvrages à la fois, pour produire dans la suite des temps tous leurs effets : elles sont complètes, en ce que l'existence qu'elles acquièrent dans le cours du temps a toutes les qualités implicitement contenues dans le principe de leur espèce ; elles sont inachevées, en ce qu'elles renferment le germe d'êtres à venir qui doivent apparaître dans la suite des temps, au moment opportun » (id., 18).

« Dieu, ayant volontairement établi les causes primitives, n'a point dérogé à cet ordre, non plus qu'à sa volonté même. Au contraire, n'a-t-il point déposé toutes les causes dans la création primitive et en a-t-il gardé quelques-uns dans les mystères de sa volonté? Les effets de ces dernières ne sont point liés nécessairement aux effets des autres; cependant les principes que Dieu a voulu se réserver ne sauraient être contraires à ceux qu'il a voulu établir : car la volonté en Dieu ne saurait admettre de contradiction ; il a donc créé les premières de telle sorte que leurs effets soient possibles sans être nécessaires ; quant aux secondes, il les a enfermées dans l'univers, afin qu'elles produisent nécessairement les êtres, puisqu'elles sont la condition première de leur existence » (id., 29)

Quelle lucidité et quelle concordance par rapport aux connaissances scientifiques actuelles !

St Augustin perçoit toute la difficulté de sa réflexion : « On ne me comprendra peut-être plus; car je fais abstraction de toute idée physique, je dépouille les semences elles-mêmes de toute étendue. L'homme n'était pas même un raccourci d'atome, lorsqu'il fut fait dans la création des six jours. La semence fournit une métaphore assez heureuse pour faire comprendre cette idée, parce que les êtres qui doivent en sortir plus tard y sont virtuellement contenus; mais avant les semences matérielles, il y a les causes, les principes invisibles : c'est le point délicat à saisir. » (id., 11).

Délicat ? En effet. L’abstraction de toute idée physique ? Il imagine, dans les six jours, une création limitée aux « principes invisibles », avec, pour l’homme, « pas même un raccourci d’atome ».

Cependant, il admet que « lors de la formation de l'homme au sixième jour, la cause virtuelle du corps était renfermée dans les éléments matériels; tandis que l'âme créée comme le jour primitif, était restée enveloppée dans les oeuvres de Dieu jusqu'au moment marqué où le souffle divin l'associa au corps formé du limon de la terre » (L. VII, 35).

Donc, pas même un atome, mais néanmoins une cause « dans les éléments matériels ».

Mais, avec nos connaissances d’aujourd’hui, ne pouvons-nous comprendre que ce qui n’était « pas même un raccourci d’atome », c’est l’être nouveau en relation avec Dieu, l’homo capax Dei ? Ne pouvons-nous comprendre aujourd’hui qu’un hominidé a pu se développer comme les plantes et les animaux avant d’être créé homo capax Dei ?

Pour Saint Augustin, la création de l’homme « mâle et femelle » précède la formation de Eve dans le jardin d’Eden, ce qui peut ouvrir une compréhension distinguant clairement le développement des principes matériels de l’humanité et la création nouvelle qui s’est produite dans l’Eden de Dieu.

Il est même particulièrement affirmatif : « Le sixième jour en effet, Dieu, loin de créer l'homme, en laissant a la femme le temps nécessaire pour naître, « créa l'homme et le créa mâle et femelle: et il les bénit. » » (id., 3) et « l'Écriture énumère fort clairement les êtres créés le sixième jour, c'est-à-dire, les animaux selon leurs espèces, quadrupèdes, reptiles et bêtes, et l'homme créé mâle et femelle à l'image de Dieu ». (id., 5).

Or, constate-t-il, « les termes mêmes du récit où Dieu plante le Paradis, y place l'homme, son ouvrage, lui amène les animaux afin qu'il leur donne un nom, et ne trouvant point d'aide pour Adam qui fût semblable à lui, tire d'une de ses côtes et forme la femme, témoignent bien clairement que tous ces actes se rattachent, non aux oeuvres dont il se reposa le septième jour, mais à celles qu'il produit dans le cours du temps » (id, 5).

« Qu'on ne dise pas que l'homme fut créé mâle le sixième jour, femelle les jours suivants. L'Ecriture déclare expressément que « le sixième jour Dieu créa l'homme mâle et femelle et les bénit. » Ce fut donc encore une double création : l'une virtuelle, et comme un germe déposé dans le monde par la parole de Dieu, lorsqu'il fit à la fois les œuvres dont il se reposa le septième jour, et qui devaient être le principe de toutes les créatures appelées à naître chacune en son temps dans la suite des siècles; l'autre, analogue à celle d'aujourd'hui par laquelle Dieu opère dans le temps, le moment étant venu où Adam devait se former du limon de la terre, et la femme d'une de ses côtes » (id., 8).

« il est incontestable que la formation de l'homme tiré du limon de la terre, et celle de la femme, tirée d'une de ses côtes, se rattachent non à la création universelle et simultanée après laquelle Dieu se reposa, mais aux oeuvres qu'aujourd'hui encore Dieu accomplit dans la suite des siècles » (id., 4)

« Il y eut donc une double création, l'une en principe et en puissance, comme il convenait à l'œuvre où Dieu créait tout à la fois, et dont il se reposa le septième jour, l'autre effective et successive qu'il continue encore aujourd'hui » (id., 7)

« dans la création primitive et simultanée, l'homme, loin d'avoir atteint le développement de l'âge mur, était moins qu'un enfant qui vient de naître, moins qu'un embryon dans le sein maternel, moins que le germe visible dont il naît, on pensera peut-être que c'est un rêve de métaphysicien. Qu'on revienne alors à l'Ecriture : on y verra que le sixième jour l'homme fut créé à l'image de Dieu, et créé mâle et femelle. Qu'on poursuive et qu'on demande à quelle époque fût formée la femme; on trouvera qu'elle fut formée en dehors des six jours : car, elle fut faite à l'époque où Dieu fit produire, à la terre de nouvelles bêtes des champs, d'autres oiseaux du ciel; et non au moment où les eaux produisirent les oiseaux, et la terre, les animaux vivants auxquels se rattachent les bêtes des champs. Or, c'est à cette dernière époque que l'homme fut créé mâle, et femelle : l'homme fut donc créé à deux moments différents » (id., 10).

« dans la création primitive et simultanée, l'homme fut formé comme un être possible, c'est-à-dire, dans le principe dont il devait sortir, et non avec l'existence effective qu'il mena plus tard » (id., 16)

Ainsi, selon St Augustin, l’homme « fut formé ainsi à l'origine du monde, parmi les causes primitives, au moment où elles furent créées toutes ensembles » puis « il fut créé, quand le temps marqué fut accompli, visiblement dans son corps, invisiblement dans son âme, ayant été composé d'une âme et d'un corps » (id., 19).

Saint Augustin ne considère pas la création de l’homme, mâle et femelle, du sixième jour comme un achèvement : « Quelque attention que j'aie mise, dans les développements qui précèdent, à prévenir toute confusion dans l'esprit des lecteurs, je suis bien convaincu qu'une foule d'entre eux, loin d'y voir clair, s'imaginent que, dans la création simultanée, l'homme reçut la vie et fut capable de discerner, de comprendre et de saisir la parole divine : « Voici que je vous ai donné toute herbe portant semence. » Qu'on veuille bien ne me prêter ni une pareille idée, ni un pareil langage » (id., 9).

Dans « le cours du temps », l’homme à l’image de Dieu est créé lorsqu’il est fait « capable de discerner, de comprendre et de saisir la parole divine ». Avant, nous pouvons considérer aujourd’hui qu’il pouvait y avoir une espèce humaine, mais pas encore un homme créé à l’image de Dieu, avec une âme immortelle.

Avant les évènements du jardin d’Eden, il n’y a pas d’homme au sens que Saint Augustin l’a défini avec une « conscience du Verbe Créateur » et « la connaissance même qu'il eut de son Créateur ».

En résumé, selon Saint Augustin, « De quelque façon que Dieu l'ait formé, il l'a formé comme pouvait et devait le faire un être tout-puissant et sage. Il a en effet déterminé les lois selon lesquelles les êtres sortent de leurs germes et apparaissent avec toutes les propriétés de leur espèce, d'une manière si infaillible que sa volonté domine tout. Sa puissance a assigné aux créatures leurs limites, mais sans s'y renfermer elle-même » (id., 23) et « quand on dit qu'il fut créé, on entend que Dieu créa la cause dont il devait sortir au temps marqué » (id., 26).

Faut-il encore penser, dès lors, avec nos connaissances actuelles de la préhistoire humaine, que « Adam, il est vrai, a pour caractère particulier d'avoir été formé de la terre et de n'avoir point eu de parents » (id., 23) et qu’il « fut, pense-t-on, créé dans la vigueur de la jeunesse, sans se développer avec les années ». (id., 25) ?

Si Dieu a pu se faire homme dans une lignée historique par Marie, ne pouvons-nous découvrir aujourd’hui, à la lumière de nos connaissances actuelles, qu’Adam et Eve ont pu être créés à l’image de Dieu dans une ligne historique semblable ?

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Xavi
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Re: St Augustin et la création

Message non lu par Xavi » ven. 22 mars 2013, 15:32

Poursuivons notre méditation de la pensée de St Augustin sur la création.

Il a une perception très claire des règles de l’évolution qu’il constate dans la nature et Darwin, qui est venu 1.400 ans plus tard, ne lui aurait rien appris d’essentiel.

C’est très clair pour Saint Augustin : il sait que « pour se former et se développer », « tous les arbres ou tous les animaux que nous voyons naître … eurent à traverser une période de temps plus ou moins longue, selon les convenances de l'espèce». (L. VI, 25).

Les règles de la nature n’ont pas changé depuis le commencement du monde : « c'est à l'origine des temps, quand se fit le jour, que fut créé le monde et que furent déposés à la fois dans ses éléments les germes dont les plantes ou les animaux devaient sortir dans la suite des temps » (id., 2).

Il observe que « tout ce qui devait exister a été créé simultanément en principe » et que « les êtres … sortent de ces causes primitives, au moment marqué » (id., 17).

« Celui qui est arrivé à l'existence apparaît avec les modifications qui composent la vie, et qui sont le développement effectif dans une substance réelle des causes secrètes, virtuellement contenues dans toute créature : telle fut l'herbe, après avoir poussé sur la terre, tel fut l'homme formé en être vivant, et, en un mot, les animaux ou les plantes que Dieu produit en vertu de son activité continue. Du reste, tout être contient en soi un autre lui-même, grâce à cette propriété de se reproduire qu'il tient des causes primordiales où il fut enveloppé, avant de naître sous les formes propres à son espèce, au moment où le monde fut créé avec le jour » (id., 17).

Cette conscience de l’évolution qu’avait St Augustin ne garde-t-elle pas toute son exactitude ?

Comment cette pensée si juste a-t-elle été si peu observée ?

St Augustin n’est pas moins lucide lorsqu’il réfléchit à la création de l’homme : « Il serait par trop naïf de s'imaginer que Dieu forma l'homme du limon de la terre en le pétrissant avec des doigts : l'Ecriture eût-elle employé cette expression, nous devrions croire que l'écrivain sacré s'est servi d'une métaphore » (id., 20).

Il le sait : « l'homme a été formé de la terre comme le reste des animaux » (id., 22) et « son corps animal l'exposait à la mort » (id., 36).

Mais, Saint Augustin attire notre attention non seulement sur les causes primitives, les lois de la nature que la science étudie et ne cesse de découvrir, mais aussi sur les mystères de la volonté de Dieu qui ne cesse de pouvoir agir dans le monde matériel, en précisant que « cependant les principes que Dieu a voulu se réserver ne sauraient être contraires à ceux qu'il a voulu établir : car la volonté en Dieu ne saurait admettre de contradiction » (id., 29).

Dieu a créé les causes primitives en harmonie avec son action créatrice afin que ces causes primitives aient en elles des effets « possibles sans être nécessaires » (id.). Ainsi, tant dans ses actes créateurs que dans tous ses miracles de l’histoire, « Dieu, ayant volontairement établi les causes primitives, n'a point dérogé à cet ordre, non plus qu'à sa volonté même » (id.), mais tout n’est pas enfermé dans un dessein initial et, dans les causes primitives, Dieu en a « gardé quelques unes dans les mystères de sa volonté … de telle sorte que leurs effets soient possibles sans être nécessaires » (id.).

Rappelons-nous ici les paroles de notre pape émérite dans son dernier livre : « On concède à Dieu d’opérer sur les idées et les pensées, dans la sphère spirituelle – mais non dans la sphère matérielle. Cela dérange... Mais, il s’agit justement de cela : c’est à dire que Dieu est Dieu, et qu’il n’évolue pas seulement dans le monde des idées… La question en jeu est : la matière lui appartient-elle ? … Si Dieu n’a pas aussi pouvoir sur la matière, alors il n’est pas Dieu. Mais, il possède ce pouvoir » (Benoît XVI, L’enfance de Jésus, p. 83 - 84)

L’enseignement de St Augustin sur cette puissance mystérieuse de Dieu dans le monde nous invite à considérer que la création des premiers humains a pu se réaliser de manière miraculeuse dans sa réalité matérielle par l’éclosion d’une cause cachée dès les origines du monde.

Il en résulte un des plus beaux passages de sa méditation sur la Genèse : « Qui ne sait que l'eau mêlée à la terre, lorsqu'elle a pénétré dans les racines de la vigile, se transforme en sève et acquiert dans le bois la propriété de se changer en un raisin qui se développe insensiblement; qu'à mesure que le raisin se gonfle et mûrit, le vin se forme et perd son aigreur, bouillonne même dans la cuve, et fournit enfin, quand il s'est rassis avec le temps, une liqueur plus saine et plus agréable? Eh bien! le Seigneur s'est-t-il mis en quête de tous ces éléments, le bois, la terre, le temps, lorsqu'il changea, par un prodige instantané, l'eau en vin, et en vin assez exquis pour flatter les convives déjà satisfaits ? Le Créateur du temps a-t-il donc besoin du concours du temps ? Il faut au développement de chaque espèce un certain nombre de jours spécial pour chacune ; ainsi se forment, naissent et grandissent les serpents. Fallut-il attendre tout ce temps avant que la verge se changeât en serpent dans la main de Moïse et d'Aaron ? Quand ces faits s'accomplissent, l'ordre de la nature n'est interverti que pour nous, qui sommes accoutumés à la voir procéder autrement: il ne l'est pas pour Dieu, dont les oeuvres sont la nature elle-même » (id., 24).

St Augustin nous présente ici une clé de compréhension de la création des premiers humains, mais avec cependant une certaine réserve. Il n’affirme pas que cela s’est passé comme cela pour la création d’Adam et Eve, mais il nous en montre la possibilité.

Oui, Dieu peut, en un instant, faire surgir un être de causes cachées sans avoir nécessairement besoin du temps. Il a pu en être ainsi lors de la création d’Adam et Eve. C’est possible.

Mais, pas nécessairement, mais seulement « probablement » (id., 29). St Augustin, bien conscient des règles de la nature et de l’évolution progressive des êtres matériels, n’est pas affirmatif.

Il imagine que, comme l’eau transformée en vin, l’homme a pu être matériellement créé adulte en un instant, par un enchaînement extrêmement accéléré de causes secrètes inscrites dans la création, mais il reste prudent : « Adam fut formé du limon de la terre, probablement dans toute la vigueur de l'âge, selon le développement régulier des causes où l'homme fut créé parmi les oeuvres des six jours » (id., 29).

Le « probablement » a ici toute son importance car, en se référant au « développement régulier des causes », il a pu et dû imaginer que la survenance par des parents et des origines biologiques des causes primitives et de leurs effets successifs. Surtout après avoir affirmé que « l'homme a été formé de la terre comme le reste des animaux » (id., 22) et que « son corps animal l'exposait à la mort » (id., 36).

Ce qui reste certain, pour St Augustin, c’est que la formation de l’homme « fut la conséquence des causes destinées à faire sortir le premier homme, non de parents antérieurs, mais du limon de la terre, en vertu du principe où il avait été virtuellement créé. En effet, s'il avait été formé autrement, il n'appartiendrait pas aux oeuvres que fit Dieu dans la période des six jours » (id., 26)

Le limon de la terre contenait, dès l’origine, tout ce qui était destiné à faire sortir le premier homme. L’ADN d’Adam et Eve n’a pas été créé ex nihilo.

On dit que Adam et Eve n’ont pas de parents. N'est-ce pas la foi constante de l’Eglise ? Mais, de qui et de quoi parlons-nous ? : de deux corps mortels ayant existé à un moment de l’histoire du monde ? ou des premiers êtres créés à l’image de Dieu ? des premières âmes immortelles créés dans le monde ? des premières créatures capables de vie éternelle en communion avec Dieu ?

Aucune créature n’a jamais été capable d’engendrer, selon les lois de la nature ou par elle-même, un être à l’image de Dieu. Un être à l’image de Dieu n’a pas pu surgir dans le monde par des parents, par reproduction ou génération d’autres créatures naturelles antérieures.

Que reste-t-il de notre corps actuel quant il meurt sauf des éléments qui retournent à la poussière de la terre ?

Notre corps, comme celui des plantes et des animaux, a été créé dans les causes primitives et s’est développé selon les lois de la nature.

Faut-il à notre époque retenir l’hypothèse de Saint Augustin inspirée du miracle de Cana ? Faut-il penser qu’en un seul instant, la chaîne des causes successives normalement nécessaires pour constituer le corps humain selon les lois de la nature par une succession de causes et d’effets pendant une très longue durée de milliards d’années, se serait produite instantanément, comme l’eau devenant du vin lors des noces de Cana ?

Cette thèse n’est-elle pas aujourd’hui contredite par les découvertes scientifiques ?

Ne faut-il pas se rappeler ce que St Augustin nous a dit lui-même : « A-t-on une opinion plus vraisemblable sur ces vérités? Loin de la combattre, j'y applaudirai » (de la Genèse, L. VII, 42) ?

On a trouvé des restes très anciens d’une évolution des êtres humains (ou hominidés) avec des espèces différentes. L’homme de Néanderthal n’est pas un homo sapiens. On distingue des australopithèques, des homo habilis, des homo erectus, qui ne sont pas non plus des homo sapiens.

Leur existence a été reconnue de manière implicite par le pape Benoît XVI lorsqu’il a élevé au cardinalat l’abbé Julien Ries dont toutes les études anthropologiques ont montré cette évolution des êtres humains.

Mais, surtout, ni chez St Augustin, ni chez St Thomas, ni chez d’autres pères de l’Eglise, on ne trouve des arguments pour rejeter la possible création du corps des hommes par une évolution historique.

Une seule affirmation est fermement conservée par la Tradition : la création des premiers humains à l’image de Dieu ne vient pas de parents terrestres. Adam et Eve n’ont pas de parents, mais cette tradition ne concerne pas nécessairement la parenté biologique, mais la provenance de leur être.

Nous recevons notre existence par l’intermédiaire de nos parents. Mais, pas Adam et Eve. Ils n’ont pas reçu leur existence par l’intermédiaire de parents humains.

La lumière vient du Christ. Le Christ n’a pas reçu son incarnation par l’intermédiaire de parents humains. Ni Joseph, ni Marie, n’ont rien "fait" pour que le Christ s’incarne dans le sein de Marie. Ce fut un pur don gratuit et créateur de Dieu qui n’a demandé de Marie qu’une acceptation. Tout fut fait par l’Esprit Saint. L’enfant fut conçu uniquement par le fait de l’Esprit Saint. Marie n’a rien eu à faire pour cette conception, sauf accepter l’action de l’Esprit Saint.

Pour quel motif biblique ou théologique faudrait-il penser qu’il n’en a pas été de même pour les premiers humains créés à l’image de Dieu ?

Aucun parent biologique n’a pu faire quoi que ce soit pour que soit créé dans la chair un être à l’image de Dieu. Ce fut un pur don gratuit et créateur de Dieu. Tout fut fait par Lui. Le premier être créé à l’image de Dieu a été conçu uniquement par l’action de Dieu.

Et la Genèse est plus précise : il ne s’agit pas d’un être seul, mais d’un couple formé par deux êtres, l’un masculin et l’autre féminin. C’est l’humain, mâle et femelle, qui est créé à l’image de Dieu.

Le comment est mystérieux, mais l’intuition de St Augustin est déjà très précieuse pour nous guider dans le récit étrange de la côte d’Adam.

Il nous donne deux pistes principales de compréhension :
1. la création de l’humain, mâle et femelle à l’image de Dieu précède, dans le temps, le récit de la côte d’Adam, et,
2. ce récit se passe, dans la réalité terrestre, dans « le cours du temps » de la réalité historique, mais aussi dans le jardin d’Eden.

« Le sixième jour en effet, Dieu, loin de créer l'homme, en laissant a la femme le temps nécessaire pour naître, « créa l'homme et le créa mâle et femelle: et il les bénit. » Mais alors comment la femme fut-elle créée pour lui, lorsqu'il eut été déjà placé dans le Paradis ? » (id., 3).

« Qu'on revienne alors à l'Ecriture : on y verra que le sixième jour l'homme fut créé à l'image de Dieu, et créé mâle et femelle. Qu'on poursuive et qu'on demande à quelle époque fût formée la femme; on trouvera qu'elle fut formée en dehors des six jours » (id, 10) et « l'expression suivant laquelle Dieu fit l'homme à son image ne peut s'appliquer qu'à l'âme; les termes de mâle et de femelle ont trait évidemment au corps » (L. VII, 35).

« Adam eut un corps animal avant et pendant son séjour dans le Paradis. Il n'était spirituel qu'à l'intérieur, selon l'image de celui qui l’avait créé » (L. VI, 39).

A l’intérieur de son âme, mais aussi à l’intérieur du Paradis.

Vraiment rien ne semble justifier de confondre ce qui s’est passé dans le Paradis, dans le monde spirituel de Dieu, avec la provenance biologique du premier couple créé à l’image de Dieu.

Bien sûr, Adam et Eve avaient un corps animal pendant leur séjour dans le Paradis. Tous les évènements qu’ils ont vécu dans le jardin d’Eden, ils les ont vécus avec leur corps. Mais, ces évènements concernent ce qui se passe dans l’Eden, dans le monde spirituel de Dieu, dans leur âme spirituelle qui y participait.

Et, rappelons que, selon St Augustin « les termes mêmes du récit où Dieu plante le Paradis, y place l'homme … se rattachent, non aux oeuvres dont il se reposa le septième jour, mais à celles qu'il produit dans le cours du temps » (id, 5).

Dans le cours du temps ! Pas hors du temps ou de l’espace ou avant le Big Bang qui s’est produit, selon les dernières indications, il y a 13,8 milliards d’années.

Le texte complet de La Genèse par St Augustin est disponible en ligne :

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saint ... /gen3f.htm

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Suliko
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Suliko » mer. 24 juil. 2013, 17:42

Mais comment expliquer le péché originel si Adam et Eve ne sont pas les ancêtres de tous les êtres humains?
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Christophe67
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Christophe67 » mer. 24 juil. 2013, 18:50

Suliko a écrit :Mais comment expliquer le péché originel si Adam et Eve ne sont pas les ancêtres de tous les êtres humains?

Est ce que Adam et Eve ont existé ? Oui, et c’est même une vérité de foi (DENZINGER : Magistère pour l’Eglise, nº 787-792) car ne pas reconnaître le péché originel serait ne pas reconnaître Jésus. Maintenant est-ce que le récit de la Genèse emploie un langage historique, symbolique ... les deux sont possibles puisque le CEC dans son article 396 parle d'évocation symbolique concernant l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Quant à la question que je pose au-dessus (pourquoi Adam et Eve rencontraient des tribus après avoir été chassés), je serai bien incapable de me lancer sur cette voie si cette question m'était adressée.
Je l'avais posé à mon curé , il y a environ 6 ans, mais j'avoue avoir oublié sa réponse qui me paraissait bien nébuleuse à l'époque, mais il me semble qu'il avait insisté sur le côté symbolique/métaphorique et non le coté uniquement scripturaire (sans remise en cause de Adam et Eve bien entendu ce qui serait illogique).
C'est ce que j'essayais de soulever.

Cordialement.

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par levergero78 » ven. 16 août 2013, 9:05

Christophe67 a écrit :
Tenez histoire de compliquer un peu le tout, pourquoi Adam et Eve quand ils sont chassés du paradis terrestre rencontrent des tribus ? Qui épouse leurs enfants ?

Cordialement.

Bonne question !

Ils n'étaient donc pas les premiers car ils étaient entourés d'autres tribus avec les membres desquels leurs fils engendrèrent des enfants, etc, etc... :)

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léonard
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par léonard » sam. 17 juin 2017, 17:53

Lorsque des croyants se penchent sur des connaissances acquises par des découvertes scientifiques, ils confondent généralement deux domaines de la pensée : CONNAISSANCE et CROYANCE. La croyance est du domaine de l’imaginaire, mais un imaginaire qu’aucune expérience ne peut valider. Et l’imaginaire se fossilise bien souvent sous forme de dogmes, proclamés par quelque autorité religieuse. L’imaginaire s’efforce de fournir des réponses sur les grandes questions de l’humanité : les origines, la naissance, la mort. Et dans le domaine de l’imaginaire, il n’y a de limites que celles qu’imposent les autorités religieuses.
La science n’a pas pour but de contredire les croyances ou les dogmes. Ce n’est pas son domaine. Et – au fond – elle s’en fout. Elle avance des hypothèses basées sur des expériences, hypothèses d’ailleurs toujours révisables. L’hypothèse évolutionniste s’est trouvée confortée par de nombreuses découvertes archéologiques, puis par la biologie de l’ADN. Adam et Eve, ne préoccupe guère ceux qui s’efforcent – laborieusement – de reconstituer la généalogie de l’humanité.
Le dogme ne peut pas évoluer. Il est définitivement figé. Alors on assiste soit à un rejet des connaissances scientifiques, au nom de la foi, soit à une tentative de réinterprétation du dogme, dans un effort qui confine à la malhonnêteté intellectuelle. Un des champions du genre est Arun Yahya, créationniste turc et musulman.
Pourquoi vouloir faire dire à la Bible quelque chose qu’elle n’était pas en mesure de penser à son époque.
Lorsque Pie XII dit que le croyant n’est « pas libre » d’accepter la théorie de l’évolutionnisme, il sort de sa compétence. Tout simplement parce que son domaine, celui de la croyance et du dogme, n’a rien à voir avec la recherche scientifique. Il n’a aucune autorité et aucune expérience pour remettre en cause les hypothèses que formule la science.
Alors, pas de syncrétisme. La science n’est pas une religion, et ne demande pas d’adhésion inconditionnelle. Et elle n’a rien à dire sur les dogmes.
La croyance et le dogme ne sont pas des connaissances. Et la connaissance scientifique n’est jamais dogmatique. IL N’Y A PAS DE DOGME SCIENTIFIQUE. Pourquoi certains ne sont-ils pas capables de penser autrement qu’en terme de dogme ?
Mais chacun a le droit de croire que l’histoire de la vie n’a que 6000 ans, et que nous descendons tous d’Adam et Eve, les héros de la légende de Gilgamesh. Et chacun, aussi, a le droit de croire que la foudre est provoquée par Jupiter et que le soleil tourne autour de la terre.

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Fée Violine
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Fée Violine » sam. 17 juin 2017, 18:29

Bonjour Léonard,
Lorsque des croyants se penchent sur des connaissances acquises par des découvertes scientifiques, ils confondent généralement deux domaines de la pensée : CONNAISSANCE et CROYANCE.
N'est-ce pas plutôt l'inverse ?
Je ne connais pas de croyant qui mélange les deux, les croyants savent très bien que la science parle du "comment" et la religion du "pourquoi".
Par contre, je vois souvent des gens qui, au nom de la science, se permettent de critiquer la religion sans y rien connaître.
Le livre de la Genèse n'est pas issu de l'imagination fertile des hommes d'autrefois. Il décrit, sous une forme poétique, de profondes vérités anthropologiques.
Ce qui n'a pas grand chose à voir avec les dogmes.
la connaissance scientifique n’est jamais dogmatique. IL N’Y A PAS DE DOGME SCIENTIFIQUE. Pourquoi certains ne sont-ils pas capables de penser autrement qu’en terme de dogme ?
Alors là !!! Je ne suis pas de votre avis !!!
L'histoire de la science est remplie de preuves du contraire, parce qu'il est bien difficile de sortir de ses idées préconçues. La science est toujours plus ou moins soumise à l'idéologie en vigueur, et notre époque ne fait pas exception. On essaie d'encadrer les dérives avec des lois éthiques plus ou moins efficaces.
Ce qui est encore plus grave, c'est qu'en plus des contraintes idéologiques, la science est soumise au pouvoir de ceux qui la financent. C'est ainsi que notre ministre de la santé (soi disant) a l'intention de nous fourguer de gré ou de force 11 vaccins obligatoires qui n'ont aucune justification scientifique (à part une justification DOGMATIQUE), et surtout un grand intérêt financier pour ceux qui les fabriquent et qui de plus vendent aussi les médicaments destinés à soigner les maladies qui seront causées par ces vaccins.
Désolée, je m'éloigne d'Adam et Ève !

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Xavi
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Xavi » sam. 17 juin 2017, 19:33

Merci Leonard de vous intéresser à ce sujet. J’espère que vous l’avez lu.

Vous avez raison de ne pas vouloir confondre connaissance et croyance.

Mais, vous semblez croire qu’il n’y a qu’une seule connaissance : celle de la science.

Or la science ne peut connaître que ce que le cerveau humain lui-même est capable de saisir selon sa perception que vous savez très limitée. Comment ce minuscule organe à l’échelle de l’univers pourrait-il prétendre posséder les clés de tout le réel alors qu’il est manifestement limité à ce que ses sens lui permettent d’apercevoir et de comprendre ?

Le réel est bien davantage que les réalités que notre cerveau peut percevoir.

Votre croyance n’est-elle pas que la science est la seule voie possible de connaissance ?

N’est-ce pas un véritable dogme non religieux pour certains athées ?

Vous êtes ici dans un forum catholique où vous ne vous étonnerez pas de rencontrer des personnes qui croient que d’autres connaissances sont possibles.

Elle passent par le cœur, par l’amour, et, pour nous chrétiens, par le Christ.

Il nous révèle que l’homme ne vit pas seulement dans la réalité que la science peut explorer mais qu’il participe à bien davantage.

Au-delà des réalités que nous pouvons connaître, il y a une rencontre possible avec un autre que nous-mêmes. Notre vie n’est pas limitée à la vie précaire de notre corps et de notre cerveau. Il y a une connaissance qui va au-delà.

Mais, même si vous n’y croyez pas a priori, essayez au moins de ne pas en faire un dogme.

Adam et Eve c’est, en résumé et avant tout, une participation à une réalité et à une vie qui transcendent les seules réalités naturelles que la science peut connaître. Oui, nous sommes plus que nous-mêmes et Jésus de Nazareth nous a fait connaître que la vérité est plus grande et au-delà de nos pensées limitées.

Je ne peux que vous souhaiter de découvrir le chemin de cette aventure.

Vous avez raison de ne pas confondre connaissance et croyance, mais restez ouvert à d’autres connaissances que celles de la science.

Et contrairement à ce que vous pensez, un dogme n’est pas aussi figé que vous l’imaginez. Il exprime une conviction de l’Eglise qui reste certes inchangée, mais qui s’exprime dans un langage et avec des précisions que l’Eglise doit sans cesse réactualiser et réadapter aux connaissances actuelles.

Vous parlez de manière critique d’une « réinterprétation … dans un effort qui confine à la malhonnêteté intellectuelle » ce qui me semble révéler, en réalité, que vous ne comprenez pas ce qu’est un dogme.

Les Papes ne remettent pas en cause les hypothèses que formule la science, mais, en ce qui concerne l’exemple de l’évolution, le Magistère de l’Eglise corrige parfois des théories prétendument scientifiques qui, en réalité, prétendent implicitement et à tort connaître « tout » le réel et étendre leurs théories au-delà des limites des possibilités de connaissance de la science.

C’est d’ailleurs ce qui peut être reproché à votre message lorsqu’il considère qu’il n’y a pas d’autre connaissance que celle de la science.

C’est à tort que vous affirmez (de manière dogmatique !) sans motif et a priori que « La croyance et le dogme ne sont pas des connaissances ».

Affirmer que « la connaissance scientifique n’est jamais dogmatique » n’est donc pas non plus justifié.

Gilgamesh est une légende. Le soleil ne tourne pas autour de la terre. Sur ces exemples, nous sommes d’accord.

Mais, en ce qui concerne Adam et Eve, il vous est difficile de comprendre ce que peut être une création car celle-ci concerne principalement une réalité qui échappe à la science car ce qui est créé ce sont des êtres « à l’image de Dieu », des êtres qui vivent dans une réalité spirituelle qui dépasse les réalités terrestres.

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Cendrine » mar. 20 juin 2017, 10:23

Bonjour Léonard,

Avant de dire "oui" à Jésus Christ de tout mon cœur j'étais comme vous, prise dans un méli-mélo de clichés concernant la foi.

Depuis que je découvre ce que c'est que d'être croyante, que je prie, que je lis Bible et saints, et que je compare la brillance d'une pensée chrétienne avec le nouveau genre d'obscurantisme dressé comme modèle absolu par notre société qui a fichu Dieu à la porte, je peux vous dire que ça fait un choc.

Sans le savoir ou le vouloir, les "penseurs" modernes singent de piteuse façon des monstres d'intelligence priante, comme par exemple Thomas d'Aquin. Jamais je n'ai rencontré autant de rigueur intellectuelle que depuis que je côtoie les auteurs chrétiens, qu'ils soient d'aujourd'hui ou d'hier. Oh bien sûr cette rigueur intellectuelle ne sert ni la science qui débouche sur de sympathiques utilisations nucléaires, ni la satisfaction du confort moderne, non, elle sert le tréfonds de notre cœur, vous savez, ce qu'on appelle "la fine pointe de l'âme".

Très sérieusement, la société débarrassée de Dieu telle qu'elle se montre à tout bout de champ à nos regards vous paraît donc si édifiée ? Le quidam qui se ballade avec un écran perpétuel devant les yeux vous paraît-il particulièrement équilibré ou éclairé ? La télévision remplace la prière personnelle, la météo et les grand-messes sportives sont les nouvelles liturgies et d'obscures stars mondialement imbéciles font office de dieux et déesses, et c'est ce que nous sommes supposés considérer comme une culture qui tire l'être humain vers le haut ?

Le transhumanisme, conclusion logique de l'application des connaissances scientifiques les plus pointues, cet ultime délire de grandeur et d'orgueil scientifique, c'est ça que nous sommes sensés réclamer après des décennies d'abêtissement ? Vous seriez surpris de savoir à quel point nous sommes nombreux à nous en soucier comme d'une guigne et même à le percevoir comme un pur anéantissement de toute forme d'humanité vraie et belle...

Voici une revue qui devrait vous donner de dogmatiques boutons : http://revuelimite.fr/dnh-8-perfectionn ... pulsionnel :)

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par PaxetBonum » mar. 20 juin 2017, 15:22

Juste pour info l'ADN mitochondriale conforte l'idée d'Adam et Eve :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ève_mitochondriale
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Altior » sam. 24 juin 2017, 7:35

léonard a écrit :
sam. 17 juin 2017, 17:53
L’hypothèse évolutionniste s’est trouvée confortée par de nombreuses découvertes archéologiques, puis par la biologie de l’ADN.
Bonjour Léonard,

Je ne m'occupe pas de l'archéologie, c'est peut être pour cela que je ne suis pas au courant des «nombreuses découvertes» dont vous parlez. En échange, j'ai une certaine idée de la biologie de l'ADN. Pourriez-vous me dire en quoi elle conforterait l'hypothèse évolutionniste ?
La croyance et le dogme ne sont pas des connaissances. Et la connaissance scientifique n’est jamais dogmatique. IL N’Y A PAS DE DOGME SCIENTIFIQUE.
Vous me faites sourire. Il y a plein de dogmes scientifiques. Ce n'est pas seulement le dogme de l'évolution, loin de là. Il y a peu, un bien connu présentateur de la météo a été évincé, quoiqu'il faisait bien son boulot. Mais il a osé écrire un livre sur le réchauffement climatique. Pourtant, dans son livre il n'attaquait aucunement le dogme du réchauffement. Il ne mettait pas en doute ni même l'origine anthropique de ce réchauffement, thèse consubstantielle à ce dogme scientifique. Mais il a osé de dire, faits à l'appui, que le réchauffement serait une bonne chose. Au moins pour des uns. Là, c'était déjà trop. Car pour les théologiens du réchauffement ce n'est pas assez de reconnaître que le réchauffement existe. Ce n'est pas assez de reconnaître que la cause de ce réchauffement est l'activité humaine, encore faut-il le combattre. Oui, cet individu-là a été évince pour tièdeur dans la lutte avec le diable, car, en essence, son livre montrait qu'il y a pas mal de gens que le diable rend heureux.

Une des différences entre les dogmes de la religion et les dogmes de la science est justement dans leur nombre. Il y a peu de vérités de foi de niveau dogmatique. Par exemple, la vérité de foi qui dit qu'il y a un seul Dieu en trois Personnes divines est une vérité de foi de niveau dogmatique, puisque révélée. Une thèse de doctorat qui soutiendrait qu'il y a un seul Dieu en quatre Personnes divines serait, sans doute, mal vue. En échange, la vérité de foi selon laquelle il existe un limbo des enfants n'est pas de niveau dogmatique, mais de niveau immédiatement inferieur, que nous appelons de fide definita. Jamais révélé, l'existence de ce limbo infantum est un fruit du raisonnement des uns des plus grands saints et théologiens. En principe, une thèse de doctorat sur la non-existence du limbo des enfants devrait passer, car le sujet est matière à débattre.

Par contre, ce que vous formulez, correctement, comme étant «l'hypothèse évolutionniste» n'est plus depuis longtemps présenté en tant qu'hypothèse, mais comme une certitude au delà de tout doute et cela depuis les classes primaires. Le débat en est fermé. Un prof de biologie qui oserait enseigner autre chose serait en danger d'évincement, comme si, dans un séminaire, un prof de dogmatique dirait que Dieu, ça n'existe pas.

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Cinci » sam. 24 juin 2017, 12:41

Les 4 hérésies modernes ...

https://www.youtube.com/watch?v=XeC8LBycdv4

La première hérésie qui est le scientisme à partir de 1 : 34.

Commentaire de l'évêque :

Hérésie : cette 'idée que la réalité se réduit à ce que la science peut en dire. La réalité serait réductible à l'analyse des sciences empiriques ... mais elles ne sont pas douées pour s'interroger sur le sens ultime, sur la vérité ultime, la cause dernière. [...] les gens réagissent : "Si la science ne peut le voir, le mesurer, l'expliquer, ce n'est pas réel!" ... ; "la science exprime la réalité , elle est le moyen de comprendre toute la réalité ." Cette phrase elle-même constitue une affirmation non scientifique.

[...]

Il y a donc quelque chose d'auto-destructeur dans l'application du scientisme.

J'ai aussi insisté, sur Youtube, sur le fait que la science est fondée sur cette supposition fondamentalement mystique : l'idée que l'être est intelligible. Tout scientifique à l'assaut de la réalité doit supposer que ce qu'il va rencontrer est connaissable, est marqué par une forme ou une intelligibilité. Comment sait-on cela? Pas scientifiquement, puisque cette idée précède toute démarche scientifique. La science se fonde dans ce qui ressemble fort à une intuition philosophique, voire religieuse.

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Cinci » sam. 24 juin 2017, 13:18

Cette phrase :
La science n’a pas pour but de contredire les croyances ou les dogmes. Ce n’est pas son domaine. Et – au fond – elle s’en fout - Léonard
Elle s'en fout?

Oui, c'est justement cette "déconsidération de la religion" qui constitue une contradiction dans l'esprit des scientistes, qui s'imaginent qu'il n'y a de vrai que ce qui pourrait ressortir de leur discipline, du consensus de leur communauté de scientistes. Cette attitude pratique ou cette "posture mentale" véhicule du mépris envers le catholicisme (entre autres), et est bien cause de ce que notre société est devenue immuno-résistante à l'Évangile. Le scientisme est une vieille hérésie moderne.

Le scientisme n'est pas une fatalité, une obligation, une posture intellectuelle incontournable. Non, c'est une hérésie. On peut être scientifique sans être "scientiste" en réalité. La dérive "scientiste" ressort tout simplement du manque de foi, de l'absence de foi, de l'incrédulité sur le plan religieux.

Pour voir que l'indifférence religieuse ne date pas d'hier, on connaît la réplique du mathématicien Laplace à Napoléon, qui le questionnait au sujet de la religion :

- Dieu? Je n'ai pas besoin de cette hypothèse, Sire.

whisperhill
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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par whisperhill » lun. 26 juin 2017, 10:46

Je me permets juste une précision sur la relation entre science et foi.

S'il existe effectivement nombre de scientifiques athées ou agnostiques, il en existe également un très grand nombre qui sont croyants et dont les découvertes sont intimement liées à leur croyance et à la théologie.

Le meilleur exemple est très certainement Leibniz qui a découvert le calcul infinitésimal en grande partie grâce à sa foi et à la nécessité de prendre la défense de Dieu pour montrer qu'il avait effectivement créer le meilleur des mondes possibles.

Hegel était croyant, Wittgenstein également, etc.

Bref, la science et la foi ne s'oppose pas forcément comme on a l'impression de le lire.

Quoi qu'il en soit, un scientifique qui dirait comme Laplace, qu'il n'a pas besoin de l'hypothèse de Dieu pour son travail n'est pas un signe qu'il ne croit pas. Il affirme juste que son système est indifférent ou non à l'existence de Dieu ou à tout le moins, qu'il n'a pas à se soucier de la cause première de son système pour en expliquer le fonctionnement.

Enfin, même si Laplace était athée, j'ose espérer qu'un esprit comme le sien ne pourrit pas au fin fond de l'enfer, ce serait fort dommageable à mon humble avis.

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Re: Adam et Eve : Où et quand ?

Message non lu par Astya » sam. 19 août 2017, 0:56

Altior a écrit :
sam. 24 juin 2017, 7:35
léonard a écrit :
sam. 17 juin 2017, 17:53
L’hypothèse évolutionniste s’est trouvée confortée par de nombreuses découvertes archéologiques, puis par la biologie de l’ADN.
Bonjour Léonard,

Je ne m'occupe pas de l'archéologie, c'est peut être pour cela que je ne suis pas au courant des «nombreuses découvertes» dont vous parlez. En échange, j'ai une certaine idée de la biologie de l'ADN. Pourriez-vous me dire en quoi elle conforterait l'hypothèse évolutionniste ?
Les travaux récents en paléoanthropologie s'appuient sur l'étude des bouts de crânes qui semblent montrer nettement une évolution des zones du cerveau correspondantes. Quand on peut (quand y a de la moelle dans le bout d'os ?) les scientifiques recherchent l'ADN. Grâce à tous ces bouts d'ADN qu'ils ont trouvé, ils ont pu reconstituer une bonne partie des gènes d'homo sapiens neandertalensis et d'un autre, denisova. Or certains de ces gènes se retrouvent chez nous, sapiens sapiens. Donc ils en tirent la conclusion que cela va dans le sens d'une évolution, avec des croisements à des époques très anciennes.
Si du moins j'ai bien compris les conférences https://www.college-de-france.fr/site/j ... /index.htm

Xavi : pourquoi Dieu n'aurait-il pas créé la possibilité d'évolution ? Après tout, Dieu a créé le monde, donc il est fort en maths.
Et je ne vois pas pourquoi Dieu aurait méprisé les humains existant avant 6000 ans, sous quel prétexte ?

La question de Suliko : le péché originel disparaît si on admet l'évolution. Oui. Sauf si vous admettez que le péché originel, c'est la conscience du bien et du mal : il y a bien un moment où le pré-humain, mammifère sensible capable de ressentir des émotions, devient un peu plus que cela : un être capable de concepts et capable de comprendre que son temps de vie est compté.

PaxetBonum : concernant l'adn mitochondrial originaire : il faut admettre qu'à cette époque reculée, Eve était plutôt une guenon.
Il y a aussi un adn particulier aux hommes (masculins) qui remonterait à une origine unique au départ, une époque également très reculée, mais malheureusement pas la même que celle calculée pour l'Eve mitochondriale. Donc aucune possibilité pour ces deux archéo ancêtres de s'être connus à aucun sens du terme.

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