Les prêtres d'abord; jusqu'à l'enfance de mes parents, tout le village dont ils sont issus, et tous les villages alentours étaient d'une piété exemplaire. Peut-être pas aussi cultivés que dans certains témoignages que je lis, c'étaient tous des gens simples, paysans, artisans ou un peu commerçants, mais la piété et la foi, c'était quelque chose! A coté de cela, j'ai toujours entendu ces adultes, quand j'étais enfant faire part de leur déception face à leurs prêtres: on m'a souvent dit "avant, c'était trop rigide, après, ça ne l'était pas assez". Et d'illustrer leurs propos par combien certains prêtres se fichaient éperdument de leurs fidèles une fois la messe finie à grands coups d'anecdotes malheureuses, qui ont trouvé leur paroxysme un jour de ma jeunesse, quand m'étonnant de l'athéisme d'un village entier, on m'appris que c'était pour protéger les petits garçons, objets d'attentions à taire...
Je pourrais en dire autant des prêtres et des catéchistes d'aujourd'hui, et je me retrouve dans les propos de Suliko ou d'autres :
Personnellement, le bon et saint prêtre qui a accompagné toute la paroisse pendant 30 ans ou plus, je ne connais pas. Comme dit plus haut, je suis confirmée; je ne me souviens pas d'un seul mot ni idée de mon catéchisme, et quand en fin d'adolescence il fut temps pour moi d'entrer dans l'âge adulte avec tous ses pièges, aucun moment de mon catéchisme ne m'a donné la moindre voie à suivre. Les principes que la religion était censée me transmettre pour me former n'ont donné chez moi qu'un vide ...sidéral! Un grand blanc! Ensuite, jeune adulte, j'ai eu ce que beaucoup ont eu, une sorte de rencontre, de redécouverte de Dieu (sans miracle je vous rassure). A partir de là, je me suis définie chrétienne et croyante par choix, plus par transmission familiale; forcément un retour à la foi vivant et profond interroge assez pour qu'on réalise son vide et qu'on essaie d'en savoir plus, de se former. Donc on va voir un prêtre; qui s'en fout. Donc un autre prêtre; qui ne comprend pas, et qu'on lasse en moins de 30 minutes. Donc un autre prêtre; dont on se demande quelle moquette il fume et vous parle du diable... et ainsi de suite. Autant de prêtres, autant de murs d'indifférence d'eux ou d'incompréhension de ma part. Je suis tombée sur des jeunes des cités chez qui j'ai cru voir briller l'amour des plus petits, jamais chez un prêtre. J'ai lu des tas de bouquins sur la foi, en prenant soin de bien choisir des livres avec imprimatur, mais aucun conseil de lecture ou de conduite ne m'est venu d'un prêtre. Mon prêtre actuel ne veut pas qu'on prie seul dans l'église, et n'expose jamais le saint-sacrement. Bref, je ne veux pas continuer sur cette lancée pour ne pas plus encore manquer au devoir de charité, mais vous voyez où je veux en venir... Si je suis chrétienne pratiquante et convaincue, attirée par la prière, je sais que c'est à Jésus que je le dois, mais que ses serviteurs, pour moi, ça été jamais.Pathos a écrit : La préparation par les laïcs aux sacrements c'est également problématique. Je généralise mais quand même : Il y a peu, pour seconder un couple de ma paroisse j'ai participé à la préparation aux baptêmes de jeunes parents. Je suis passé aux yeux de mes collègues condescendants pour un ringard en venant avec ma bible et mon catéchisme de l'Eglise catholique. On a parlé de tout sauf de St Jean-Baptiste. A un moment, j'ai du commettre le crime de lèse-majesté lorsque j'ai évoqué le pêché originel ; dommage ça avait l'air d'intriguer certains parents. Mais non, mes collègues expérimentés ont parlé de Darwin... on repris des techniques débiles d'expression : petits papiers dispersés sur la table avec un mot écrit dessus.
"J'ai choisi le mot "eau" parce que c'est symbole de pureté !" C'est bien. Un point. Et oui celui qui aurait choisi le mot "dragée" serait forcément passé pour un c... Mon Dieu dites moi que je rêve.
Evidemment le dimanche à la messe je n'ai jamais recroisé qui que ce soit.
Et de traverser 24 ans de foi ainsi, dans autant de solitude, avec tous les aléas, les doutes et les risques que cela oblige à traverser, ça pousse vraiment à s'interroger sur le rôle véritable du prêtre (en dehors des sacrements) et des catéchistes. Comme Pathos, je croise des catéchistes qui n'ont pas encore compris leur mission et à qui on n'a apparemment pas donné les moyens pédagogiques de la transmission de la foi.
Je vois bien qu'à tenir ce propos certains sauteront sur l'occasion d'incriminer Vatican II. Pour moi l'argument ne tient pas. Les prêtres "d'avant" étaient eux aussi à revoir, car eux aussi avaient encore bien du des choses à éclaircir avec leur méthodes, leurs menaces et leurs contraintes parfois si mal ajustées.
Il y a certes une désertion de la foi, grave et préoccupante, qui pose urgemment la question de la transmission de la foi. ET là il y a effectivement un problème de formation à la foi et de formation à la pédagogie de la transmission.
Mais au delà de tous ces aspects, il y a la foi, c.a.d le rapport personnel de chacun à Dieu . La foi, c'est en grande partie, je dirais même entièrement, fait d'amour. On court après Celui que l'on aime, on pense sans arrêt à Celui que l'on aime, on se prépare sans relâche pour Celui que l'on aime, on se sent pousser des ailes pour Lui, on veut Lui parler chaque jour; c'est cela que je n'ai jamais trouvé chez un prêtre, vieux ou jeune, ou chez un catéchiste: ils ne brûlaient pas, ils ne brûlent toujours pas, alors que chez des gens simples et taiseux, je l'ai trouvé, ce feu dévorant et nourrissant, ce quelque chose qui est d'évidence le pivot central de la construction de leur être, et c'est après cela que je soupire! S'il m'est donné un tant soit peu une minuscule flamme de cet amour sincère, c'est cela que je voudrais coûte que coûte laisser à mes enfants comme mon plus grand trésor, et c'est cela que j'ai désespérément soif de trouver chez les serviteurs de Dieu, ceux qui sont sensés me guider pour développer cette petite flamme si vive, si dévorante et si nourrissante à la fois.
L'impression que j'ai, c'est qu'on ne peut pas transmettre ce que l'on ne possède pas, ce que l'on a pas entretenu de toute une vie en nous. Et ce contact amoureux avec Dieu, les chrétiens dans leur immense majorité, clercs ou laïcs, l'ont perdu, et ce depuis bien avant Vatican II.
Vatican II n'est que la partie visible d'une transformation mal comprise et mal anticipée, qui est largement généralisée depuis des siècles dans notre monde occidental. Je ne pense pas qu'aucune époque n'ait manqué des saints nécessaires à la survie de la foi, mais aujourd'hui, nous sommes coupés de quelque chose, d'un lien spirituel à eux, qui nous mettrait en marche vers les relais qu'ils représentent.
On n'aime plus Dieu. Du coup Il n'est plus au centre de notre quotidien, de nos pensées, de nos actes et de nos principes. Et quand on n'aime plus, on ne donne pas à la génération suivante l'envie de connaître, on ne transmet plus, et on oublie.
C'est un retour vrai et profond vers Dieu dont nous avons besoin; mais pour cela nous devons tous nous prendre en charge et lutter contre tout un monde. Un monde qui désormais nous écrase de son hédonisme.
Heureusement que Dieu est toujours là, Lui!