Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Suliko » sam. 20 mai 2017, 19:24

Cela signifie par exemple que deux personnes baptisées, athées, se mariant civilement pour des raisons purement administratives et financières, et divorçant quelques années après sont tenues comme indissolublement mariées par l'Église ? Les bras m'en tombent.
Pas du tout, car elles sont baptisées. Ainsi, pour elles, se marier uniquement civilement est considéré comme du concubinage pour l'Eglise, qui ne reconnaît aux baptisés que le droit au mariage religieux (sacramentel). Donc, pour résumer, ne recourir qu'au mariage civil est évidemment un péché grave, pour ne pas dire mortel, mais puisqu'il n'y a pas sacrement, ces personnes sont libres de se marier véritablement, càd devant Dieu, avec n'importe quel baptisé libre (non marié devant Dieu).

Pour le reste, je suis bien sûre du même avis que Tristan et Toto. Prodigal ne semble pas avoir encore compris que l'Eglise n'a pas à reconnaître les diverses législations non catholiques de tel ou tel pays ! Pour elle, il y a donc bien adultère lorsqu'un divorcé civilement se remarie civilement. Tel est l'enseignement traditionnel, dont François paraît se ficher totalement...
C'est pourquoi elle seule, prédestinée avant les générations et annoncée par les prophètes, la Mère du Créateur de tout l'univers, non seulement n'a participé en rien à la tache originelle, mais elle est toujours demeurée pure comme le ciel et toute belle. (extrait du règlement pour le monastère de Biélokrinitsa (1841)

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » sam. 20 mai 2017, 22:33

Suliko a écrit :
sam. 20 mai 2017, 19:24
Prodigal ne semble pas avoir encore compris que l'Eglise n'a pas à reconnaître les diverses législations non catholiques de tel ou tel pays ! Pour elle, il y a donc bien adultère lorsqu'un divorcé civilement se remarie civilement. Tel est l'enseignement traditionnel, dont François paraît se ficher totalement...
Ce n'est pas la question.
L'Eglise a toujours défendu, avec souvent beaucoup d'opiniâtreté, sa liberté. Et elle a bien fait.
Par exemple, l'Eglise ne reconnaît pas la polygamie, même là où elle est la norme. Elle fait bien. La polygamie entre en contradiction avec la valeur sacrée du couple, image de l'union du Christ et de son Eglise.
En revanche, l'Eglise reconnaît la valeur du mariage civil monogame (pléonasme). Elle exige de ceux qui veulent se marier sacramentellement qu'ils le soient devant la loi. Elle fait la différence entre s'unir à son conjoint et s'unir à un quelconque quidam qui passe par là. Ceci ne varie pas selon les législations de tel ou tel pays.
Cher Belin,
je suis bien d'accord avec vous. Le vrai drame, c'est celui de l'unité de l'Eglise, qui est brisée. Je ne suis pas du tout d'accord avec vous en revanche pour dire que c'est un drame nouveau, qui naît avec Amoris Laetitia. Bien au contraire, il faut saluer le courage du pape. Sans le courage de la vérité, il n'y a pas d'unité possible.
Que faire?
Prier, jeûner, obéir, et faire patiemment l'effort de se comprendre et de comprendre ce qu'enseignent nos supérieurs. Je ne vois rien d'autre.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Suliko » sam. 20 mai 2017, 22:50

En revanche, l'Eglise reconnaît la valeur du mariage civil monogame (pléonasme). Elle exige de ceux qui veulent se marier sacramentellement qu'ils le soient devant la loi.
Non, l'Eglise n'accorde absolument pas une quelconque valeur au mariage civil pour les baptisés. C'est juste que les circonstances politiques dans certains pays où le mariage religieux n'est pas reconnu devant la loi l'obligent à demander à ses fidèles de se marier civilement avant de contracter le mariage religieux, pour que celui-ci ait au moins une certaine reconnaissance légale. C'est donc une simple question de forme et la meilleure preuve de ce fait, c'est que durant la période qui suit le mariage civil, mais précède le mariage religieux, il n'est pas du tout permis au futur couple de vivre maritalement.
Mais je vous ai déjà expliqué tout cela, citant notamment saint Pie X. Si vous ne voulez pas écouter l'enseignement traditionnel de l'Eglise, mais suivre les innovations de François, tant pis pour vous...
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » sam. 20 mai 2017, 23:33

Détrompez-vous, chère Suliko, j'aime beaucoup l'enseignement traditionnel de l'Eglise, j'ai chez moi le catéchisme de saint Pie X et je m'en félicite. Si vous aviez pour le pape François la moitié du respect que j'ai pour saint Pie X, la discussion en serait grandement facilitée.
Mais bien sûr le catéchisme de saint Pie X ne dit pas un mot d'Amoris Laetitia. Et surtout, il ne dit rien, pour des raisons évidentes qui tiennent aux urgences de l'heure et donc au contexte historique, sur les problèmes qu'Amoris Laetitia résout, même si, qu'on le regrette ou non, celle-ci ne le fait pas d'une façon tranchée mais en appelant au discernement.
L'enseignement traditionnel de l'Eglise se perpétue dans l'Eglise d'aujourd'hui. Que le message soit brouillé, qu'une chatte n'y reconnaisse plus ses petits, que tout cela soit devenu terriblement confus, c'est un sentiment que vous avez le droit d'éprouver. Mais cela ne vous donne pas pour autant une autorité qui dépasserait celle de tous les papes réunis élus à partir de 1958.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Suliko » sam. 20 mai 2017, 23:47

Mais bien sûr le catéchisme de saint Pie X ne dit pas un mot d'Amoris Laetitia.
Bien sûr que si que ce catéchisme aborde certains thèmes présents dans Amoris Laetitia, et il tient un tout autre discours que ce document.
Et surtout, il ne dit rien, pour des raisons évidentes qui tiennent aux urgences de l'heure et donc au contexte historique, sur les problèmes qu'Amoris Laetitia résout, même si, qu'on le regrette ou non, celle-ci ne le fait pas d'une façon tranchée mais en appelant au discernement.
Ce que vous ne semblez pas comprendre, c'est qu'Amoris Laetitia ne résout rien dans un sens orthodoxe, le seul envisageable pour un catholique. Ce qui se passe à Malte est une claire illustration des conséquences néfastes, parce qu'hérétiques, de ce texte. Nul contexte historique ne saurait faire dire à l'Eglise le contraire de ce qu'elle a toujours dit au sujet du mariage chrétien : qu'il est indissoluble.
L'enseignement traditionnel de l'Eglise se perpétue dans l'Eglise d'aujourd'hui. Que le message soit brouillé, qu'une chatte n'y reconnaisse plus ses petits, que tout cela soit devenu terriblement confus, c'est un sentiment que vous avez le droit d'éprouver. Mais cela ne vous donne pas pour autant une autorité qui dépasserait celle de tous les papes réunis élus à partir de 1958.
Je ne crois pas que l'enseignement traditionnel se perpétue aujourd'hui. Nul besoin d'être un grand intellectuel pour constater que depuis le concile, et plus encore depuis ce pontificat, le discours de l'Eglise n'est plus du tout le même. Et cela, les fidèles l'ont constaté souvent avec douleur et ont déserté les églises. Si personnellement, vous avez le sentiment que saint Pie X dit la même chose que François, a la même foi que lui, grand bien vous fasse. Mes conclusions sont différentes.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » dim. 21 mai 2017, 0:02

prodigal a écrit : L'enseignement traditionnel de l'Eglise se perpétue dans l'Eglise d'aujourd'hui. Que le message soit brouillé, qu'une chatte n'y reconnaisse plus ses petits, que tout cela soit devenu terriblement confus, c'est un sentiment que vous avez le droit d'éprouver. Mais cela ne vous donne pas pour autant une autorité qui dépasserait celle de tous les papes réunis élus à partir de 1958.
Prodigal, la seule autorité qui vaille n'est pas celle des différentes déclarations officielles des papes, ou les préférences de chacun pour tel ou tel, mais celle du Magistère.

Voici ce que dit le Magistère :
Congrégation pour la doctrine de la foi (1994) a écrit : Le fidèle qui vit habituellement "more uxorio" avec une personne qui n'est pas sa femme légitime ou son mari légitime, ne peut accéder à la communion eucharistique. Si ce fidèle jugeait possible de le faire, les pasteurs et les confesseurs auraient, étant donné la gravité de la matière ainsi que les exigences du bien spirituel de la personne et du bien commun de l'Eglise, le grave devoir de l'avertir qu'un tel jugement de conscience est en opposition patente avec la doctrine de l'Eglise
http://www.vatican.va/roman_curia/congr ... ed_fr.html
Un autre pour la route :
Conseil pontifical pour les textes légistatifs (2000) a écrit : Le Code de Droit canonique établit que «Les excommuniés et les interdits, après l’infliction ou la déclaration de la peine, et ceux qui persistent avec obstination dans un péché grave et manifeste, ne seront pas admis à la sainte communion» (can. 915). Ces dernières années, quelques auteurs ont soutenu, s’appuyant sur divers raisonnements, que ce canon ne concernait pas les divorcés remariés.
[...]
Toute interprétation du canon 915 qui s’oppose à son contenu substantiel, déclaré sans interruption par le Magistère et par la discipline de l’Église au cours des siècles, est clairement déviante.
http://www.vatican.va/roman_curia/ponti ... on_fr.html
Dès lors Prodigal, il vous reste peu d'options :
  • reconnaître que cette interdiction fait bien partie du Magistère;
  • affirmer que cette interdiction n'a jamais fait partie du Magistère;
  • affirmer qu'elle en faisait partie mais que désormais elle n'en fait plus partie;
Je vous laisse juge, en votre âme et conscience, de l'option que vous devez choisir.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cinci » dim. 21 mai 2017, 2:11

Bonjour,

Je dois reconnaître que ces deux derniers documents apportés par Tristan ne laissent pas beaucoup d'espace pour le projet d'accommodement pastoral du pape François.



Avec cette lettre de 1994, c'est clair que c'est très exactement le projet du pape actuel qui est ciblé d'avance et rejeté comme impropre à faire partie de la doctrine commune de l'Église catholique.


Ici :
les pasteurs ont le devoir de rappeler à ces fidèles la doctrine de l'Eglise concernant la célébration des sacrements et, en particulier, l'accès à l'Eucharistie. Sur ce point, ont été proposées, dans diverses régions, durant les dernières années, différentes pratiques pastorales selon lesquelles une admission globale des divorcés remariés à la Communion eucharistique ne serait certainement pas possible, mais ils pourraient y accéder dans des cas déterminés, quand, en conscience, ils se sentent autorisés à le faire.

Ainsi, par exemple, lorsqu'ils ont été abandonnés tout à fait injustement, bien qu'ils se soient efforcés sincèrement de sauver leur précédent mariage, ou quand ils sont convaincus de la nullité du mariage précédent sans pouvoir la démontrer au for externe, ou lorsqu'ils ont déjà parcouru un long chemin de réflexion et de pénitence, ou encore quand, pour des motifs moralement valables, ils ne peuvent satisfaire à l'obligation de se séparer.

De diverses parts, il a aussi été proposé que, pour examiner objectivement leur situation effective, les divorcés remariés devraient nouer un colloque avec un prêtre prudent et expert. Ce prêtre cependant serait tenu de respecter leur éventuelle décision de conscience d'accéder à l'Eucharistie, sans que cela n'implique une autorisation officielle.

Dans ces cas et d'autres semblables, il s'agirait d'une pratique pastorale tolérante et bienveillante visant à rendre justice aux différentes situations des divorcés remariés.

4. Même si l'on sait que des solutions pastorales analogues furent proposées par certains Pères de l'Eglise et entrèrent en quelque mesure dans la pratique, elles ne recueillirent jamais le consensus des Pères et n'en vinrent jamais à constituer la doctrine commune de l'Eglise, ni à en déterminer la discipline. C'est au Magistère universel de l'Eglise qu'il revient, en fidélité à la Sainte Ecriture et à la Tradition, d'enseigner et d'interpréter authentiquement le dépôt de la foi.

Face aux nouvelles solutions pastorales mentionnés ci-dessus, cette Congrégation juge donc qu'elle a le devoir de rappeler la doctrine et la discipline de l'Eglise à ce sujet. Celle-ci, fidèle à la parole de Jésus-Christ(5), affirme qu'elle ne peut reconnaître comme valide une nouvelle union, si le mariage précédent l'était. Si les divorcés se sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu et, dès lors, ils ne peuvent pas accéder à la Communion eucharistique
http://www.vatican.va/roman_curia/congr ... ed_fr.html

- Il va me falloir faire amende honorable, les enfants.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Altior » dim. 21 mai 2017, 8:50

prodigal a écrit :
sam. 20 mai 2017, 22:33
Elle [l'Église] exige de ceux qui veulent se marier sacramentellement qu'ils le soient devant la loi.
Si vous me montrez dans quel endroit du droit canon le fait que ceux qui veulent se marier n'ont pas passé par le «mariage» devant le maire serait une cause de nullité, je promet que je mangerai, de façon publique, tout le Codex et que je ferai cela Dimanche, à la sortie de la Messe.

Non, ce n'est pas l'Église qui exige ce que vous lui attribuez, cher Prodigal. C'est la Constitution laïque. Nous avons là-bas l'image de ce que la laïcité comprend par la séparation de l'Église et de l'État: l'État doit se séparer de l'Église, mais gare à l'Église si elle se sépare de l'État. Un parfait exemple d'absurdité républicaine.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » dim. 21 mai 2017, 11:53

Précisons une chose : je me suis mal fait comprendre si on a cru que je voulais dire que le pape François ne faisait que répéter littéralement ce qui avait été dit avant lui. Bien au contraire, je suis d'accord avec tout le monde là dessus : Amoris Laetitia est un événement.
Mais la question est de savoir, pour reprendre la terminologie de Suliko qui a le mérite de la netteté, si c'est un texte hérétique, ou s'il est compatible avec la doctrine de l'Eglise.
Cela fait trois possibilités, qui rappellent celles que Tristan me propose.
1) Amoris Laetitia n'apporte rien de nouveau. Je crois que nul ne soutient cette thèse, pas même moi, donc, et je prie tout le monde de m'excuser si je n'ai pas été assez clair.
2) Amoris Laetitia apporte des nouveautés qu'il est du devoir de tout catholique de refuser. C'est la thèse de Tristan, d'Altior, de Suliko, et d'autres.
3) Amoris Laetitia apporte des nouveautés qu'il est du devoir de tout catholique d'accepter (ou, version minimaliste de cette thèse, qu'il est permis à tout catholique d'approuver). C'est ici que je me situe.
Il est intéressant cependant de vérifier factuellement dans quelle mesure et jusqu'à quel point Amoris Laetitia contredit un enseignement antérieur, ou s'il ne fait que l'amender. J'ai déjà reconnu qu'il s'opposait très clairement à Familiaris Consortio. Y a-t-il d'autres exemples?
Tristan en donne deux qui s'inscrivent, si je ne fais pas erreur, dans le développement de Familiaris Consortio. Il est donc normal d'y retrouver la même opposition. En tous cas, je peux répondre le plus clairement possible que l'exclusion systématique des divorcés remariés (entre autres cas liés au régime matrimonial) n'est plus affirmée, ou alors je n'ai rien compris à l'enseignement du pape François.
L'extrait proposé par Cinci, très complet, est également fort intéressant, d'autant plus qu'on y trouve non pas une simple affirmation mais un commencement d'explication. Il y est dit ceci : De diverses parts, il a aussi été proposé que, pour examiner objectivement leur situation effective, les divorcés remariés devraient nouer un colloque avec un prêtre prudent et expert. Ce prêtre cependant serait tenu de respecter leur éventuelle décision de conscience d'accéder à l'Eucharistie, sans que cela n'implique une autorisation officielle.
Or, l'idée selon laquelle la liberté de conscience l'emporterait sur l'avis du prêtre n'a jamais, à ma connaissance, été soutenue par le pape François. Il est clair que nul ne peut communier s'il n'y est autorisé par l'Eglise. La question est de savoir qui l'Eglise doit-elle empêcher de communier.
J'espère que ses précisions seront utiles, et je remercie tous ceux qui ont essayé de contribuer à un débat éclairé sur le sujet.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » dim. 21 mai 2017, 12:48

prodigal a écrit :
dim. 21 mai 2017, 11:53

Cela fait trois possibilités, qui rappellent celles que Tristan me propose.
1) Amoris Laetitia n'apporte rien de nouveau. Je crois que nul ne soutient cette thèse, pas même moi, donc, et je prie tout le monde de m'excuser si je n'ai pas été assez clair.
2) Amoris Laetitia apporte des nouveautés qu'il est du devoir de tout catholique de refuser. C'est la thèse de Tristan, d'Altior, de Suliko, et d'autres.
3) Amoris Laetitia apporte des nouveautés qu'il est du devoir de tout catholique d'accepter (ou, version minimaliste de cette thèse, qu'il est permis à tout catholique d'approuver). C'est ici que je me situe.
Prodigal, ma position n'est pas la position 2). Ma position est celle-ci : aucune interprétation catholique d'Amoris Laetitia ne peut contredire la doctrine immuable et intangible de l'Eglise. C'est de facto une impossibilité, toujours et pour toujours. Dès lors si Amoris Laetitia apporte des nouveautés, elles ne peuvent contredire la doctrine immuable et intangible de l'Eglise.

Or la doctrine immuable et intangible de l'Eglise comporte l'interdiction absolue d'accéder à la communion pour les divorcés civilement remariés vivant more uxorio. Cela a été dit et répété très explicitement par Saint Jean-Paul II, par la Congrégation pour la doctrine de la foi, par le conseil pontifical pour les textes législatifs, par Benoit XVI. La porte est définitivement fermée.

D'où la position du Cardinal Müller en février 2017 : pas même un pape, ou une cohorte d'anges ne peut changer la doctrine immuable et intangible de l'Eglise. Ce n'est pas une question d'opinion ou de préférences personnelles, ou une compétition du genre "plus miséricordieux que moi tu meurs". Donc si le pape François entendait, en sortant de l'ambiguïté, autoriser l'accès à la communion aux divorcés civilement remariés vivant more uxorio, il n'en aurait pas le pouvoir, et il ne pourrait jamais l'avoir. Clair, simple, logique, catholique.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » dim. 21 mai 2017, 13:01

C'est donc bien l'opinion n°2, assortie de la prétention à la vérité absolue. Mais cet ajout ne change rien quant au contenu de l'opinion elle-même.
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Suliko » dim. 21 mai 2017, 13:18

Prodigal,
Oui, on peut dire que ma position est la deuxième que vous mentionnez. Amoris laetitia, en autorisant la communion de certains divorcés-remariés, se s'oppose pas qu'à l'enseignement de Jean-Paul II, mais à celui de près de 2000 ans d'Eglise, que ce soit par la voix de saint Augustin, du concile de Trente, de saint Pie X, etc... La première caractéristique de l'Eglise, c'est l'unité dans la foi. Si le pape lui-même se met à errer sur ce sujet, il est évident que les fidèles ne sont pas tenus de le suivre et même plus, qu'ils sont tenus de ne pas le suivre. C'est le message de saint Paul aux Galates : " Si un ange de Dieu vous annonçait autre chose que ce que je vous ai annoncé, qu’il soit anathème."
Personnellement, je ne vais pas m'amuser, comme certains conservateurs ou traditionalistes, à interpréter ce texte d'une manière orthodoxe quand le pape lui-même, en laissant faire les évêques maltais, suggère bien que c'est l'interprétation hétérodoxe qu'il approuve !
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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Tristan » dim. 21 mai 2017, 13:32

prodigal a écrit :
dim. 21 mai 2017, 13:01
C'est donc bien l'opinion n°2, assortie de la prétention à la vérité absolue. Mais cet ajout ne change rien quant au contenu de l'opinion elle-même.
Vous n'avez pas compris, donc, je réexplique encore une fois : aucune interprétation catholique d' Amoris Laetitia ne peut apporter une nouveauté sur l'accès à la communion des divorcés civilement remariés vivant à la façon des époux. L'interdiction fait partie du Magistère, semper et pro semper, toujours et pour toujours, et nul catholique ne peut légitimement la contredire, jamais. Donc, il n'y a pas besoin de refuser cette nouveauté, puisqu'elle ne peut exister dans une interprétation catholique. Suis-je clair ?

Maintenant, c'est à vous de jouer. Relisez calmement, avec un esprit ouvert, les textes officiels de la Congrégation pour la doctrine de la foi de 1994 et du Conseil pontifical pour les textes législatifs pour 2000, et dites-moi si selon vous l'interdiction d'accès à la communion des divorcés civilement remariés vivant more uxorio fait partie du Magistère.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par Cendrine » dim. 21 mai 2017, 13:33

Bonjour,

Le Pape n'est pas le dépositaire de la tradition, il n'est pas le Magistère à lui tout seul, même si une encyclique paraît à certains pouvoir balayer ledit magistère, rien n'est fait pour autant pour bousculer l'administration des sacrements tant que la doctrine n'est pas officiellement changée et le catéchisme sur lequel nous nous appuyons en tant que fidèles balayé.

Libre à Sa Sainteté le Pape François de suggérer subtilement ce que chacun voudra bien y trouver en fonction de ce qu'il est admis de nommer "sensibilité", mais je ne vois pas où il y a lieu de proclamer qu'il y a une révolution, que l'on soit "traditionaliste" ou "progressiste". chacun voit dans Amoris Lætitia ce qu'il veut y voir : un pur scandale ou une porte grande ouverte à la consommation libre et joyeuse. Chacun se dépêtrant ensuite des péchés que sa lecture de l'encyclique lui aura fait faire au vu et au su de tous.

Cela signifie que beaucoup de fidèles s'engouffreront avec joie vers la communion avec une impression de plus grande facilité (la facilité étant devenue la norme absolue même chez les catholiques) et que beaucoup d'autres vont se ruer sur le Saint Père avec rage, ce que je peux comprendre, mais que je déplore quand cela est fait publiquement avec des mots bien peu charitables.

Personnellement je me contente de voir dans cette encyclique une sorte de porte ouverte aux courants d'air et aux rhumes de foi(n) divers et variés.

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Re: Les cinq dubia de quatre cardinaux au pape François à propos d'Amoris Laetitia

Message non lu par prodigal » dim. 21 mai 2017, 15:13

Tristan a écrit :
dim. 21 mai 2017, 13:32
aucune interprétation catholique d' Amoris Laetitia ne peut apporter une nouveauté sur l'accès à la communion des divorcés civilement remariés vivant à la façon des époux.
Bien sûr que si. De quoi discutons-nous à votre avis?
Votre proposition n'a de sens que si vous supposez que votre opinion est la vérité absolue, que nul ne peut penser autrement. J'ai donc raison de vous attribuer cette croyance.
Cendrine a écrit : Bonjour,

Le Pape n'est pas le dépositaire de la tradition, il n'est pas le Magistère à lui tout seul, même si une encyclique paraît à certains pouvoir balayer ledit magistère, rien n'est fait pour autant pour bousculer l'administration des sacrements tant que la doctrine n'est pas officiellement changée et le catéchisme sur lequel nous nous appuyons en tant que fidèles balayé.

Libre à Sa Sainteté le Pape François de suggérer subtilement ce que chacun voudra bien y trouver en fonction de ce qu'il est admis de nommer "sensibilité", mais je ne vois pas où il y a lieu de proclamer qu'il y a une révolution, que l'on soit "traditionaliste" ou "progressiste". chacun voit dans Amoris Lætitia ce qu'il veut y voir : un pur scandale ou une porte grande ouverte à la consommation libre et joyeuse. Chacun se dépêtrant ensuite des péchés que sa lecture de l'encyclique lui aura fait faire au vu et au su de tous.

Cela signifie que beaucoup de fidèles s'engouffreront avec joie vers la communion avec une impression de plus grande facilité (la facilité étant devenue la norme absolue même chez les catholiques) et que beaucoup d'autres vont se ruer sur le Saint Père avec rage, ce que je peux comprendre, mais que je déplore quand cela est fait publiquement avec des mots bien peu charitables.

Personnellement je me contente de voir dans cette encyclique une sorte de porte ouverte aux courants d'air et aux rhumes de foi(n) divers et variés.
Vraiment, Cendrine, je vous promets que je ne me place du tout du point de vue de l'idéologie. Peu m'importe de flatter l'orgueil des traditionalistes ou le laxisme des modernistes (tous deux supposés). Il s'agit seulement de rechercher le vrai et le bien en toutes choses. Si j'ai tort, il faut me donner tort. Si c'est bien de placer une partie de ceux qui voudraient suivre la voie du Christ devant un choix impossible, telle la mère lors du jugement de Salomon, alors il faut le faire. Mais en quoi est-ce bien? on a le droit, il me semble, de se poser la question.
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