Didyme :
Penser que quelqu’un puisse se rendre définitivement mauvais c’est dire qu’il est foncièrement mauvais dès l’origine.
L'Église dit le contraire pourtant.
Un mauvais usage du libre-arbitre peut contribuer à ce phénomène qui fait
qu'une personne sera plus vicieuse à l'arrivée qu'elle ne l'était au départ.
Ce n'est pas la "nature de la personne", pas son potentiel ou ses talents qui sont crées mauvais, ou qui de "ontologiquement bons" devraient se transmuter en qualités "constitutivement méchantes" et par l'on ne sait quel tour de magie.
La personne qui est dans les ténèbres n'use pas de sa capacité d'agir, de son bon potentiel ou ses talents valables en soi pour faire ce que Dieu lui demande, pour aimer Dieu et marcher de coeur avec Dieu. En ce sens-là, la personne est vicieuse. La personne qui a l'esprit "enténébré par sa propre faute" utilise les dons qu'elle aura reçu pour du moins bon. Les talents reçus de Dieu sont exploités comme une arme à retourner contre Dieu.
J'ai reçu l'intelligence en partage, j'utilise donc cette intelligence pour ratiociner contre l'existence de Dieu, etc. J'ai obtenu la grâce d'être toujours épris d'un vif sentiment de justice, de bien percevoir l'Importance de la justice, je tombe amoureux de ma propre définition de la justice, et c'est ainsi que je deviens un enragé de l'injustice de Dieu, un dénonciateur de tout ce que Dieu ne fait pas et qu'il aurait dû faire, etc.
La dynamique vicieuse procède du coeur de la personne, de la volonté du sujet de s'inventer un rapport aux choses ou aux personnes différent de celui de Dieu. C'est ce qui abîme la personne.
Une personne n'est pas crée avec une volonté mauvaise. Sauf la personne peut progressivement s'abandonner à une volonté personnelle qui sera de plus en plus mauvaise. Processus inflationnaire. Endurcissement. Tours d'écrou supplémentaires et résolutions plus fermes avec le temps, avec l'expérience, avec l'assurance que tout retour en arrière serait impossible, désespérance et volonté ferme d'être désespéré et de le resté, juste pour le plaisir d'avoir raison. Orgueil ... "Non, monsieur, Dieu ne m'aura pas! On ne me l'a fait pas à moi! Je ne suis pas d'accord. J'ai mon jugement personnel et mon jugement me dit que je préfère un autre mode relationnel que celui issu des choix divins. Je ne vais pas me rabaisser. Je ne veux pas de ce que Dieu veut. Spirale descendante dans l'aveuglement."
[...]
L'âme du juste est comme un miroir sans tache qui reflète la lumière divine. On prend le même miroir et on le plongerait dans les ténèbres. Le miroir ne reflète alors plus la lumière. Le miroir est gâté dans le sens qu'il ne remplit plus la fonction de miroir. Pourtant? La composition chimique du miroir n'a pas été modifié. Le miroir n'a pas été métamorphosé en matière noire. Juste que le miroir ne peut pas remplir la fonction pour laquelle il aurait été crée.
On peut descendre plus bas dans l'esclavage du péché, toujours plus bas dans l'enténébrement. Il est possible au contraire de progresser dans la grâce vers davantage de liberté. Dans la mort, les sujets finissent par être assujettis à
un stade final résultant de leur choix définitif, soit d'être esclave du péché (
enchaîné à soi-même) soit d'être libre de cette liberté qu'on dit être celle des enfants de Dieu (
dépossédé de soi-même, arraché à soi, ce n'est plus moi mais Christ qui vit en moi, etc. ).