Cher Cinci, j'ai bien compris les arguments de Suliko et les raisons pour lesquelles elle est déçue que ce professeur ne soit pas soutenue par sa hiérarchie et les évêques de Belgique. Personnellement, je comprends et soutiens les positions de ces derniers.Cinci a écrit : ↑lun. 24 avr. 2017, 17:08(...)
, ce serait introduire tout autre chose que ce dont il était question au départ, avec le souci de Suliko plus axé sur le fait du comportement de l'institution scolaire ou universitaire qui censure (oui, d'une manière) un de ses employés, celui tenant un discours catholiquement correct sur le fond. Suliko se désolait du fait que même les évêques n'étaient capables de se montrer solidaire publiquement d'un catholique pouvant tenir un discours pourtant conforme à l'esprit que l'on trouve présent dans le document de Vatican II. Les évêques donnent l'impression de se ranger du bord des censeurs de leur propre doctrine (!) Cinci
(....)
Voici la lettre écrite par les évêques de Belgique répondant à une pétition en faveur de S. Mercier :
Suite à la réaction de nombreux catholiques à l'éviction du Pr Mercier de l'Université catholique de Louvain, les évêques de Belgique ont tenu à préciser :
"Chère Madame, cher Monsieur,
Vous avez envoyé aux évêques francophones de Belgique une pétition lancée par la Fédération Pro Europa Christiana à propos de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’Université catholique de Louvain (UCL). Vous nous écrivez que S. Mercier « ne fait qu’exprimer la position officielle de l’Église catholique en ce qui concerne l’avortement ». Or, M. Mercier précise dans ses notes de cours : « Ce qui est proposé ici est un argument philosophique, pas un argument théologique » (La philosophie pour la vie. Contre un prétendu ‘droit de choisir’ l’avortement, § 2). M. Mercier se situe au point de vue philosophique.
Le point de vue de l’Église implique, par contre, une approche théologique et pastorale. Ainsi le pape François écrit-il, dans sa lettre apostolique « Misericordia et misera » (2016), au § 12, qu’il accorde à tout prêtre la faculté d’absoudre du péché d’avortement ; il ajoute : « Je voudrais redire de toutes mes forces que l’avortement est un péché grave, parce qu’il met fin à une vie innocente. Cependant, je peux et je dois affirmer avec la même force qu’il n’existe aucun péché que la miséricorde de Dieu ne puisse rejoindre et détruire quand elle trouve un cœur contrit qui demande à être réconcilié avec le Père. »
Telle est la position de l’Église. M. Mercier ne la développe pas car son objectif est d’ordre philosophique et non théologique. C’est pourquoi les évêques de Belgique francophone, formant le pouvoir organisateur de l’Université catholique de Louvain, appuient les autorités académiques de l’UCL dans leur démarche consistant à vérifier si M. Mercier a répondu aux exigences pédagogiques du cours d’initiation à la philosophie qu’il devait donner. Les autorités académiques n’ont pas à se prononcer sur une question théologique ou religieuse, mais sur la mise en œuvre d’un cours de philosophie. Cela est parfaitement conforme à la Constitution apostolique de S. Jean-Paul II « Ex corde ecclesiae », sur le fonctionnement et la mission des Universités catholiques. Dans cette optique les évêques ont publié ce 28 mars le communiqué suivant.
Déclaration des évêques francophones suite à la suspension des cours de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité, à l’UCL.
« Concernant la suspension des cours de M. Stéphane Mercier, chargé de cours invité à l’UCL, les évêques font confiance à la procédure interne menée actuellement par l’UCL.
Les évêques espèrent que la discussion qui vient de surgir contribuera à une discussion sereine sur l’avortement dans la société. »
« Les évêques sont opposés à l’avortement en raison du respect pour la vie. Selon le droit belge, il n’existe pas de droit à l’avortement. La loi prévoit que l’avortement peut être pratiqué moyennant certaines conditions stipulées par la loi sans entraîner de poursuites pénales. La loi prévoit ainsi dans quels cas l’avortement est autorisé ou non. Mais comme tel, l’avortement est un délit et relève toujours du droit pénal. »
« Même si l’Eglise est opposée à l’avortement, elle fait la distinction entre la personne et l’acte. L’Eglise comprend que certaines femmes en arrivent à décider d’un avortement quand elles sont dans des situations pénibles, difficiles voire désespérées. La gravité de l’avortement est un drame pour l’enfant, pour ses parents et pour la société. Par compréhension pour ces situations dramatiques, les évêques tiennent à ce que l’on parle toujours avec nuance et tact des personnes et des couples qui font le choix de l’avortement. Bruxelles, le 28 mars 2017. »
Les évêques resteront vigilants par rapport à la mise en œuvre de cette déclaration.
En vous remerciant de votre contribution à la clarification de cette question très actuelle, nous vous prions d’agréer, chère Madame, cher Monsieur, l’expression l’expression de nos salutations distinguées.
Les évêques francophones de Belgique"
Reprenons : Telle est la position de l’Église. M. Mercier ne la développe pas car son objectif est d’ordre philosophique et non théologique. C’est pourquoi les évêques de Belgique francophone, formant le pouvoir organisateur de l’Université catholique de Louvain, appuient les autorités académiques de l’UCL dans leur démarche consistant à vérifier si M. Mercier a répondu aux exigences pédagogiques du cours d’initiation à la philosophie qu’il devait donner.
Donc, les évêques précisent que la position officielle de l'Eglise catholique se situe dans une démarche théologique et pastorale, ce qui n'est pas le cas de la démarche d'un professeur de philosophie qui est censé avoir une démarche pédagogique avec mission d'éveil à la philosophie. Laquelle démarche pédagogique est très justement évaluée par la hiérarchie de l'UCL.
Vous êtes mieux placé que moi, Prodigal, étant vous-même professeur, pour expliquer en quoi M. Mercier n'a pas répondu ici aux exigences pédagogiques demandées par l'UCL. Pour moi c'est évident mais je peine à expliquer clairement comment le CONTEXTE, le CADRE et la MISSION concernant ce cours de philosophie dans l'UCL rendent le cours de S. Mercier non conforme aux attentes de son employeur, même catholique. (cela dit, les évêques sont assez clairs, même avec l'effort de diplomatie charmant dont ils font preuve, comme à leur habitude).
Bien à vous,
Axou