Oui, d'accord. A ceci près que je ne prétends pas que les lois naturelles ne sont pas de Dieu. J'envisage seulement qu'elles se soient dégradées. Quant à savoir comment le monde aurait évolué sans le péché d'Adam, personne ne le dit. Pourquoi aurait-il dû évoluer, d'ailleurs ? Il est seulement question de cultiver le jardin et de soumettre la nature, croître et multiplier. Qu'est-ce que cela veut dire, on n'en sait rien. Il me semble que la vocation de l'homme est d'aimer, adorer et louer Dieu éternellement, et c'est uniquement dans ce cadre que peut se comprendre la croissance, multiplication et culture du "jardin" de la Création : le cultiver en sorte qu'il soit une louange perpétuelle de Dieu, qui ne ferait que croître et multiplier par le ministère de l'homme.Xavi a écrit : ↑mar. 18 avr. 2017, 18:56Pierre Carhaix écrit :Merci Pierre pour votre réflexion intéressante et pertinente. Je suis bien d’accord avec la quasi totalité de votre message, car il est certain que le monde présent va vers sa dissolution et vers des cieux nouveaux et une terre nouvelle.Pierre Carhaix a écrit : ↑mar. 18 avr. 2017, 17:46
Pour la nature, je ne sais pas, ça demande vérification. En tout cas, l'homme est bel et bien déchu. C'est une vérité théologique.
La beauté ne veut rien dire. Le Diable est beau, par exemple. Ce n'est pas la séduction des yeux qui est censé mener à Dieu, même si la beauté en elle-même évoque aussi celle de Dieu. Elle est ambiguë, et, je regrette, elle est aussi déchue, car elle se flétrit, elle ne dure pas. La laideur existe aussi dans le monde, contrebalançant la beauté. Une fleur est belle à un moment donné, sa beauté éclot, croît, arrive à un point culminant, puis décline, se flétrit, et aboutit à la mort. Preuve de corruption de ce monde.
Certes, il y a la théologie du grain tombé en terre qui doit mourir pour renaître. Oui, mais c'est justement une donnée de ce monde marqué par la mort, qui paradoxalement contient le germe de son salut. C'est le paradoxe de la bienheureuse faute qui nous a valu d'être rachetés. Mais sur la nouvelle terre promise à la fin des temps, il n'y a plus besoin de cette mort salvatrice. La mort n'existera plus. Le lion couchera près de l'agneau. La mort, en soi, fondamentalement, est une cruauté, un désordre. Lisez bien. Au début, dans le paradis, Dieu donne à manger l'herbe et les fruits du jardin à l'homme et aux animaux. Pas de la viande. Signe que ce monde était paisible. C'est une image, bien entendu, car je pense qu'il est impossible de savoir à quoi ressemblait réellement le paradis, de quoi il était composé. Et je ne pense pas non plus qu'il y ait eu un serpent avec des pattes qui aurait donné un fruit à manger cueilli sur un arbre. Le discours de la Genèse est complètement imagé.
Et pourquoi Adam et Eve n'auraient pas copulé dans l'Eden avant la faute, alors que toute la nature, plantes et animaux, auraient copulé ?
Et pourquoi dans le paradis à venir, le Christ dit lui-même qu'il n'y a plus ni homme ni femme, mais que l'on est comme des anges qui volent dans le ciel ? C'est donc qu'il n'y plus de copulation. Donc plus de mort. Et pourquoi dit il qu'il n'y aura plus non plus de soleil, mais que tout homme sera éclairé par le Christ ? Plus de soleil ? Alors plus d'astres, plus de galaxies, plus d'étoiles. C'est donc que ces astres sont la marque de notre monde provisoire, et non pas du monde éternel, cette nouvelle terre. Et si donc le monde présent doit être remplacé par une nouvelle terre exempte de corruption, c'est donc bien qu'il est marqué par la corruption, sinon il n'y aurait pas besoin de le remplacer.
Je ne fais que rechercher une logique.
Mais, ce qui a suscité ma réaction à votre message précédent ne concerne pas votre réponse.
Qui peut savoir quelle transformation et quel développement auraient dû être réalisés par l’humain sans le péché originel ? Il est certain que le monde devait être transformé par l’homme et qu’il n’a pas été confié à l’homme comme un produit fini et figé.
Il est évident qu’aujourd’hui, nous pouvons constater la corruption partout dans la nature autant que dans notre propre corps, mais cela ne signifie pas nécessairement que la nature, y compris notre corps, ait changé ou ait été déchue. Le péché originel a déchu notre personne. C’est nous qui sommes déchus, pécheurs et perdus loin de Dieu. C’est nous que le Christ vient sauver dans notre situation blessée par le péché.
La différence est considérable entre un monde dont les lois naturelles seraient mauvaises depuis le Big Bang comme certains l’affirment (il me semble que c’est cette thèse que vous avez présentée) et un monde seulement désordonné parce que l’humain en a perdu la maîtrise qu’il devait assurer. Dans le premier cas, les lois naturelles, la nature et notre corps auraient été rendus mauvais et une telle conviction peut affecter notre affection, notre respect et notre admiration pour la création, pour la nature, y compris notre corps, alors que, dans le deuxième cas, la nature et notre corps dans le monde présent sont bien ceux créés par Dieu et s’ils nous font si souvent souffrir, ce n’est pas à cause de Dieu mais uniquement à cause du péché de l’homme qui n’en a plus le contrôle.
Si nous reconnaissons que le péché originel n’a pas directement changé la nature mais que la nature subit seulement les désordres causés par l’absence de sa gouvernance par l’homme en harmonie avec Dieu, alors nous pouvons comprendre que la nature et le corps dans lesquels nous vivons sont bien l’œuvre de Dieu et que les lois naturelles sont bonnes, mais que la corruption que nous constatons dans le monde comme dans notre corps ne sont que des désordres causés par le péché des hommes.
Le monde n’a pas changé lorsque Adam et Eve ont été chassés de l’Eden de Dieu, mais ce monde s’est dégradé à partir de ce moment car il n’est plus gouverné comme il devrait l’être.
Vous me direz que, dans les deux cas, nous reconnaissons tous que le monde est désordonné et cause de souffrances, de même que notre corps. Mais, rien dans l’enseignement de l’Eglise ne permet d’affirmer que les lois naturelles que nous pouvons observer (et notamment les lois de la reproduction d’êtres précaires) sont elles-mêmes marquées par le péché. Le péché ou le mal n’est pas dans la nature, il est seulement en nous.
La nature est et reste bonne. C’est la nature créée par Dieu. Notre corps est bien une réalité essentielle de notre être qui a toute sa valeur.
Et, lorsque le Christ se fait homme sans le péché, il nous montre par ses miracles et sa résurrection qu’en communion avec Dieu, tout reste possible car ce monde n’est pas régi que par les lois naturelles.
Mais, la nature toute entière souffre et est soumise à la mort parce que l’homme a trahi sa mission de la gouverner en communion avec Dieu. Et cet homme est hélas bel et bien déchu, comme vous l’écrivez. Mais c’est sa personne même qui est déchue et qui doit être sauvée. La nature n’en est qu’une victime indirecte.
Adam a refusé, préférant tourner la nature vers son seul profit, et le résultat est ce monde marqué par la mort.
Je ne crois pas qu'il faut lire la Genèse au pied de la lettre.