Le théologien Charles Curran et le dissentiment
On a rappelé le rôle joué par le père Curran dans la campagne anti Humanae Vitae de 1968 et la possibilité du dissentiment pour les catholiques.
Curran se faisait le prédicateur et le champion du désaccord "responsable". par la suite, les prises de position du théologien, rendues publiques au printemps de 1986, suscitèrent des répliques à divers niveaux [...]J'insistais, dit-il, dans ses mémoires, sur le fait que notre position n'était pas basée sur le principe général de la liberté de conscience. Trop souvent à l'époque et plus encore aujourd'hui le problème est réduit à celui d'une opposition entre conscience et autorité, mais c'est une erreur. La conscience peut être faussée. Adolphe Eichmann proclamait qu'il avait suivi sa conscience, mais il fut puni justement pour ses crimes. Parfois, c'est par notre propre faute que notre conscience est faussée. L'ultime critère moral, c'est la vérité, et tant l'autorité que la conscience tendent à la vérité, mais aucune des deux ne peuvent prétende l'atteindre à chaque fois.
La réponse de la Congrégation pour la doctrine et la foi
Dans une lettre du 25 juillet 1986 adressée au père Curran, le cardinal Ratzinger, préfet de la CDF, [...] tient à éclaircir certains points de la défense du théologien américain : "Votre affirmation fondamentale a été que, puisque vos positions sont convaincantes pour vous et s'écartent seulement de l'enseignement non infaillible de l'Église, elles constituent un désaccord "responsable" et devraient par conséquent être permises par l'Église. "
Constat d'incohérence
Le père Curran s'écartait de l'enseignement de l'Église concernant la morale sexuelle. Le cardinal rappelle que selon Lumen Gentium 25, le magistère infaillible ne se limite pas aux questions de foi ou aux définitions solennelles, mais concerne aussi les moeurs. Il ajoute : "En outre, l'Église ne construit pas sa vie seulement sur son magistère infaillible , mais aussi sur l'enseignement de son magistère authentique ordinaire."
Sont alors soulignés les positions fausses du théologien sur l'indissolubilité du mariage sacramentel consommé, "défini par le concile de Trente" et qui appartient au patrimoine de la foi; et sur l'avortement, condamné par le concile Vatican II, concile auquel le père Curran ne donne pas un "poids suffisant".
La conclusion du cardinal est la suivante : "En tout cas, les fidèles ne sont pas seulement tenus d'accepter le magistère infaillible. Ils sont appelés à donner le religieux assentiment de l'intelligence et de la volonté à l'enseignement que le Pontife suprême ou le collège des évêques énoncent en matière de foi ou de morale lorsqu'ils exercent le magistère authentique, même s'ils n'entendent pas le proclamer par un acte définitif."
(Obéir ou assentir?, pp,180-182)