Définition du schisme

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Définition du schisme

Message non lu par Cinci » lun. 06 mars 2017, 21:33

Toujours utile à rappeler

Cajetan :

Car celui-là est schismatique qui refuse d'agir comme partie de l'Église. Peu importe les motifs : dès qu'on en vient à refuser de se comporter comme partie d'une unique Église catholique , on tombe dans le schisme. Quelques variées que soient les raisons et les passions qui poussent les chrétiens à se soustraire à la communion, à vouloir sanctifier et être sanctifié, instruire et à être instruit, diriger et à être dirigé ... non plus comme parties de l'Église catholique, mais comme s'ils étaient eux-mêmes des touts à part, ils sont schismatiques, non ut pars Ecclesiae catholicae, sed tanquam ipsimet sint velut quoddam totum seorsum, schismatici sunt.

Saint Thomas :

Ceux-là donc sont schismatiques qui refusent la soumission au souverain pontife et à la communication avec les membres de l'Église qui lui sont soumis, schismatici dicuntur qui subesse renuunt summo pontifici, et qui membris Ecclesiae ei subjectifs communicare recusant


Deux façons de faire le schisme

Refuser la connexion, c'est refuser d'entrer comme partie dans le dynamisme de la vie spirituelle que le Christ imprime du dedans à toute son Église et qui réside salutairement dans les membres justes, instrumentalement dans les membres pécheurs. En d'autres mots, c'est refuser de participer à l'unité de la grâce sacramentelle de l'Église.

Refuser l'orientation, c'est refuser d'entrer comme partie dans l'unité de tâche que le Christ propose du dehors à toute son Église, d'abord par sa propre prédication personnelle, puis par son magistère apostolique. En d'autres mots, c'est refuser de participer d'aucune manière à l'unité de direction imprimée au corps mystique par la voie juridictionnelle authentique. Cela suppose plus qu'une simple désobéissance. Il faut qu'il y ait rébellion. Il faut que tout en croyant de foi divine à la légitimité du pouvoir juridictionnel, je refuse hic et nunc de me soumettre à lui, de le reconnaître pour mon supérieur.

La raison de schisme, dit saint Thomas, suppose non seulement une désobéissance, mais une sorte particulière de rébellion, faite d'un mépris obstiné des préceptes de l'Église et d'un refus de se soumettre à sa décision. Il s'agit d'une rébellion qui se dresse contre l'autorité même dont on sait par la foi que le pape est investi.

Si obstinée soit-elle, la désobéissance n'est pas un schisme, tant qu'elle ne comporte pas une révolte contre la fonction du pape ou de l'Église.

Si, continuant de reconnaître le souverain pontife comme mon supérieur, je lui désobéis néanmoins, par intérêt ou par passion, il peut y avoir un péché très grave de désobéissance, ce n'est pas encore le schisme; et si je récuse une de ses décisions dont j'ai l'évidence qu'elle est erronée, étant prêt d'ailleurs à lui obéir, il peut n'y avoir aucune faute du tout; mais si je refuse de le regarder comme mon supérieur, tout en croyant qu'il l'est, voilà le schisme. Je secoue de moi l'unité de direction que le Christ a voulu donner à tout le corps mystique.

On reconnaît ici les deux signes qui ont servi traditionnellement à dénoncer le schisme. Saint Ignace d'Antioche les concrétisait dans la soumission à l'évêque et dans la fidélité à l'eucharistie qu'il préside.

Au vrai, le schisme est le refus coupable et obstiné de communier avec l'Église universelle, avec la Catholica. Le conflit avec une Église particulière est signe d'un conflit avec l'Église universelle - et ce conflit est lui-même signe de schisme. Dans la mesure, en effet, où une Église particulière est accordée à l'Église universelle et organiquement insérée dans l'Église universelle,on ne rompt avec elle qu'en rompant avec l'Église universelle. Voilà le point de vue des Pères.

Source : Card, C. Journet, L'Église du Verbe incarné. Sa structure interne et son unité catholique, p. 1380

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » lun. 06 mars 2017, 22:00

Comment un pape pourrait-il devenir schismatique?


Cajetan répond que le pape pourrait rompre la communion en renonçant à se comporter comme chef spirituel de l'Église, décrétant par exemple d'agir comme pur prince temporel. Pour sauver sa liberté, il éluderait alors les devoirs de sa charge. Quant à l'axiome : où est le pape, là est l'Église, il vaut lorsque le pape se comporte comme pape et chef de l'Église : autrement, ni l'Église n'est en lui, ni lui en l'Église.

Des analyses que nous avons faites, il résulte plutôt qu'il peut , lui aussi, pécher deux manières contre la communion ecclésiastique :

1. En brisant l'unité de connexion, ce qui supposerait chez lui la volonté de s'arracher à l'invasion de la grâce en tant qu'elle est sacramentelle et fait l'unité de l'Église.

2. En brisant l'unité de direction, ce qui se produirait, selon la pénétrante analyse de Cajetan, s'il se rebellait comme personne privée contre le devoir de sa charge, et refusait à l'Église - en tentant de l'excommunier tout entière ou simplement en choisissant de vivre en pure prince temporel - l'orientation spirituelle qu'elle est en droit d'attendre de lui au nom d'un plus grand que lui, du Christ même et de Dieu.

(p. 1382)

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » lun. 06 mars 2017, 22:33

Raison de l'excommunication

Le pouvoir canonique pourra recourir contre certains fidèles gravement coupables aux mesures extrêmes de l'excommunication, soit pour sauvegarder le bien commun de toute l'Église, soit pour tenter d'émouvoir le pécheur lui-même en lui retirant ouvertement certains secours spirituels, et en le privant d'une certaine communion avec les fidèles jusque parfois dans le domaine profane.

On se souvient des grands textes scripturaires qui fondent ce pouvoir de sévir : "S'il n'écoute pas non plus l'Église, qu'il soit pour toi comme le païen et le publicain" (Mt XVIII, 17); "Au nom de notre Seigneur Jésus-Christ ... qu'un tel homme soit livré à Satan pour la perte de sa chair. afin que l'esprit soit sauvé au jour du Seigneur" (1 Co V, 4-5); "Si quelqu'un n'obéit pas à ce que nous disons dans cette lettre, notez-le et, pour sa confusion, abstenez-vous de frayer avec lui. N'allez pas pour cela le traiter en ennemi; corrigez-le comme un frère" (II Thess III, 14-) ; "Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut! Car celui qui lui dit : Salut! participe à ses oeuvres mauvaises" (II Jean 10-11).

Les anciens distinguaient une excommunication mineure excluant de la réception des sacrements, et une excommunication majeure excluant en outre des prières et de la fréquentation des fidèles.

Le Code de Droit Canon actuel range l'excommunication parmi les censures. "La censure est une peine par laquelle un homme baptisé, lorsqu'il est pécheur obstiné, est privé de certains biens spirituels, jusqu'à ce que, revenant à résipiscence, il soit absous." Can 2241.


Situation des excommuniés

Sont-ils encore de l'Église?

Ils peuvent n'être ni hérétiques ni schismatiques. Dans ce cas, en raison des valeurs spirituelles qui subsistent en eux, ils demeurent à l'intérieur de l'unitas communionis, qui, nous l'avons vu, comprend des pécheurs, et n'est déchirée que par l'hérésie et le schisme. Ils sont donc encore des enfants de l'Église, mais des enfants pénalisés.

Si, comme le Manfred de la Divine Comédie, un excommunié renaissait à la grâce sans trouver le temps de se réconcilier extérieurement avec l'autorité canonique, son corps à bon droit serait privé de la sépulture ecclésiastique, mais son âme ne serait point ensevelie dans l'enfer.

(p. 1393)

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » mar. 07 mars 2017, 5:27

Une remarque de Cajetan sur l'unité

On n'est membre de l'Église d'une manière complète et en acte achevé, que si l'on est participant de son ample et mystérieuse communion, que si l'on est entraîné - directement comme les membres justes, ou indirectement comme les pécheurs non schismatiques - à la fois dans le courant de sa vie spirituelle et dans le progrès de sa croissance historique. Au point que, d'une part, on devient incapable d'être et d'agir autrement que comme partie du tout : même les actes d'amour les plus secrets des justes se reversent sur toute l'Église, même les fautes les plus secrètes des chrétiens pécheurs entravent l'élan de toute l'Église; et que, d'autre part, on devient incapable de refuser l'Église du présent pour celle du passé ou de l'avenir, de se disjoindre de l'unité divine sous sa forme historique contemporaine, pour lui préférer des formes historiques imaginaires ou déjà révolues. (p. 1368)
Vous lisez bien comme moi ?

Le contraire du comportement schismatique c'est de ne pas préférer l'Église du passé à celle du présent. Le catholique non schismatique ne se disjoint pas de l'unité divine sous sa forme historique contemporaine. Le juste dans l'Église ne préfère pas à l'Église du présent une Église historique imaginaire ou révolue.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par prodigal » mar. 07 mars 2017, 11:37

Cher Cinci,
je pense que Cajetan vise ici les protestants.
Cependant, il n'est pas rare qu'en visant une cible on en atteigne une autre par ricochet, et votre sous-entendu me paraît tout à fait pertinent.
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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » mar. 07 mars 2017, 19:47

Bonjour Prodigal,

Oui. Merci!

Et alors je trouvais que les choses sont bien exprimées à travers ces sources que le cardinal Journet utilisait. Le commentaire au sujet d'un schisme théorique du pape montre sans doute qu'il serait hautement improbable que notre pape actuel ne serait plus lui-même le vrai pape de l'Église catholique. Et pour les raisons de connexion et de directions également.

Il est intéressant de voir comment les divorcés qui se remarient tomberaient, par exemple, sous le coup d'une excommunication mineure en réalité. On connaît la fameuse privation des sacrements seulement. Il est intéressant de voir en même temps comment certains divorcés-remariés ne pourraient jamais en venir à résipiscence. C'est à partir de là que le maintien de la censure ne fait plus aucun sens. La mesure se veut médicinale au départ. Or quand il est sûr que la médecine ne pourra jamais être suivi d'effet ...

Le commentaire de Cajetan sur ceux qui préfèrent une Église imaginaire du passé est tellement pertinent quand on songe à nos forums catholiques, toutes nos discussions et au vaste nombre des critiques catholiques qui prétendent ne pas pouvoir supporter l'Église d'aujourd'hui. On peut deviner que l'Église du présent n'a jamais dû être "très supportable" pour un nombre assez significatif de baptisés.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par gerardh » mar. 07 mars 2017, 19:58

________

Bonjour,

Suite à l'affaire du veau d'or, Moïse a quitté le camp d'Israël et a dressé sa tente hors du camp.

Etait-ce un schisme ?

___________

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Héraclius » mer. 08 mars 2017, 18:50

gerardh a écrit :
mar. 07 mars 2017, 19:58
________

Bonjour,

Suite à l'affaire du veau d'or, Moïse a quitté le camp d'Israël et a dressé sa tente hors du camp.

Etait-ce un schisme ?

___________
Stricto-censu, l'idée de schisme est lié à la structure de l'Eglise, et donc de la Nouvelle Alliance ; le schisme amène une rupture dans la communion d'amour de l'Eglise-Corps-du-Christ. Donc non, ce n'est pas un schisme au sens strict, même si cela peut être lu comme une pré-figuration des schismes et hérésies à venir ; le refus de se tenir à côté des idolâtres évoque l'anathème tel qu'il existe dans l'Eglise, comme exclusion de la communion d'amour pour faute grave contre cette communion. Maintenant Moïse n'a pas excommunié les hébreux, ce serait anachronique ; le peuple juif et le peuple chrétien ne sont pas basés sur les mêmes fondations (même si ils sont liés par ailleurs).
''Christus Iesus, cum in forma Dei esset, non rapínam arbitrátus est esse se æquálem Deo, sed semetípsum exinanívit formam servi accípiens, in similitúdinem hóminum factus ; et hábitu invéntus ut homo, humiliávit semetípsum factus oboediens usque ad mortem, mortem autem crucis. Propter quod et Deus illum exaltávit et donávit illi nomen, quod est super omne nomen, ut in nómine Iesu omne genu flectátur cæléstium et terréstrium et infernórum.'' (Epître de Saint Paul aux Philippiens, 2, 7-10)

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Altior » mer. 08 mars 2017, 19:33

Cinci a écrit :
mar. 07 mars 2017, 19:47

Le commentaire de Cajetan sur ceux qui préfèrent une Église imaginaire du passé est tellement pertinent quand on songe à nos forums catholiques, toutes nos discussions et au vaste nombre des critiques catholiques qui prétendent ne pas pouvoir supporter l'Église d'aujourd'hui. On peut deviner que l'Église du présent n'a jamais dû être "très supportable" pour un nombre assez significatif de baptisés.
«Lorsqu'on a un marteau dans la tête, on voit des clous partout» pourrait bien s'appliquer à votre commentaire sur ce que Mgr Cajetan dit. Oui, vous avez raison: on peut penser que l'auteur, en lisant par clairevoyance nos forums catholiques, vise le vaste nombre des critiques catholiques qui prétendent ne pas pouvoir supporter l'Église d'aujourd'hui. Car l'Église d'aujourd'hui, heureusement, ce ne sont pas seulement les progrésistes grisonnés qui vivent dans la nostalgie de leur 68. L'Église d'aujourd'hui c'est aussi la Messe dans ce latin qu'ils abhorrent. L'Église de hier c'était l'Église des prêtres en trenning, éventuellement rouge, tendis que l'Église d'aujourd'hui c'est l'Église des prêtres en soutane, cette soutane-là qu'ils ont de la peine à la regarder. L'Église de hier c'était l'Église où tout l'évêché de votre pays, de votre Belle Province s'en fichait de Humanae Vitae, tendis que l'Église d'aujourd'hui c'est aussi l'Église d'un cardinal Lacroix, d'un Ouellet, d'un Raymond Burke. Oui, vous avez raison, il y a bien des catholiques dans l'attitude schismatique décrite par Cajetan. Mais de moins en moins il y a de ceux qui, ayant du mal à supporter l'Église d'aujourd'hui, ce refugient et pratiquent l'entre soi dans leurs paroisses vieillottes. Car, suite à la contraception qui correspond à leur (manque de) vision sur le péché, ils on de moins en moins d'enfants et de petits enfants et ceux qu'ils ont encore ne les accompagnent pas à leurs Messes, ni au catéchismes. C'est normal, car il ne reste plus grande chose à transmettre par les catéchistes ringards dont Cajetan sans doute parle, par ceux schismatiques qui préfèrent le passé à l'Église d'aujourd'hui.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par gerardh » mer. 08 mars 2017, 21:04

______

Bonsoir Héraclius,

Vola définition du schisme prise dans Wikipedia (d'autres sources meilleures sont recevables) : un schisme est une rupture dans la communion d'une religion, le rejet de l'obédience commune qui entraîne la sécession d'une fraction de la communion ecclésiale, une séparation volontaire sans forcément renoncer aux dogmes.

Moïse a t-il été schismatique en sortant hors du camp d'Israël ?


__________

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » mer. 08 mars 2017, 22:07

Bon commentaire, Héraclius!

Astya
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Re: Définition du schisme

Message non lu par Astya » jeu. 09 mars 2017, 12:44

Ce n'est pas très clair pour une définition.
Cajetan entérine le Gallicanisme et essaye de ramener les Luthériens à une sorte de compromis où ils resteraient quand même dans l'Eglise ?
C'est bien ça ?

Et par honnêteté intellectuelle (ou par prudence), il admet qu'un Pape pourrait se trouver en situation d'hérésie. Sans préciser ce qui se passerait alors au niveau de l'organisation de l'Eglise ?

Mais alors si tout le monde peut être en situation d'hérésie, tout en se croyant de bonne foi en situation orthodoxe, et en disant que c'est l'autre qui est hérétique : c'est la confusion permanente !

Dire que c'est l'Eglise du présent qui doit être préférée : c'est une position politique pour Cajetan. Mais c'est impossible : le présent n'est que le résultat de l'ensemble des situations passées. L'Eglise d'aujourd'hui choisit d'être fidèle à certaines propositions et pas à d'autres. Les "hérétiques" font exactement la même chose mais pour d'autres propositions.

Si on résume l'Eglise d'aujourd'hui à des "progressistes" attachés à Vatican II, et à des "traditionalistes" qui s'attachent aux conciles antérieurs, on passe sur la majorité silencieuse qui recherche une spiritualité simple, une liturgie esthétique, et pas du tout à se faire embrigadé par les uns ou les autres. Si l'Eglise devient juste le lieu du conflit entre traditionalistes et progressistes, la majorité n'y va plus.

Il semble que Cajetan ait intuitivement senti le problème : il essaie de faire passer des concessions aux Luthériens pour les garder dans le sein de l'Eglise; mais ses contemporains ont refusé : c'est l'intransigeance qui crée l'hérésie.

La réconciliation est une belle chose.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » jeu. 09 mars 2017, 17:06

Bonjour Altior,

J'ai réaménagé pour mieux voir,

Aujourd'hui :
Car l'Église d'aujourd'hui, heureusement, ce ne sont pas seulement les progressistes grisonnés qui vivent dans la nostalgie de leur 68. L'Église d'aujourd'hui c'est aussi la Messe dans ce latin qu'ils abhorrent. [...] l'Église d'aujourd'hui c'est l'Église des prêtres en soutane, cette soutane-là qu'ils ont de la peine à la regarder. [...] l'Église d'aujourd'hui c'est aussi l'Église d'un cardinal Lacroix, d'un Ouellet, d'un Raymond Burke.
Hier :
L'Église de hier c'était l'Église des prêtres en trenning, éventuellement rouge, L'Église de hier c'était l'Église où tout l'évêché de votre pays, de votre Belle Province s'en fichait de Humanae Vitae,
Oui, vous avez raison, il y a bien des catholiques dans l'attitude schismatique décrite par Cajetan.

Mais de moins en moins il y a de ceux qui, ayant du mal à supporter l'Église d'aujourd'hui, se refugient et pratiquent l'entre soi dans leurs paroisses vieillottes. Car, suite à la contraception qui correspond à leur (manque de) vision sur le péché, ils on de moins en moins d'enfants et de petits enfants et ceux qu'ils ont encore ne les accompagnent pas à leurs Messes, ni au catéchismes. C'est normal, car il ne reste plus grande chose à transmettre par les catéchistes ringards dont Cajetan sans doute parle, par ceux schismatiques qui préfèrent le passé à l'Église d'aujourd'hui.
Mais pourquoi parlez-vous de ceux qui se réfugient dans leurs paroisses vieillottes? pour pratiquer l'entre soi?

Les paroisses vieillottes sont les paroisses normales et régulières de toujours. Personne ne veut fuir spécialement le cardinal Ouellet ou le cardinal Lacroix en participant du culte dans l'une des églises régulières de nos vieilles paroisses!!! Les églises régulières des paroisses sont désertées par la grande masse des citoyens actifs et accessoirement baptisés soit! Il en reste quelques un(e)s pour demeurer fidèle au culte malgré tout. Parce que ces derniers ne sont pas nombreux, il ne veut pas dire qu'ils pratiqueraient l'entre-soi. Dans les paroisses, on n'y refuse personne.

L'Église d'aujourd'hui pour moi c'est l'Église de tous ceux qui demeurent en communion avec l'ensemble des évêques et en union avec le Saint-Siège à Rome et donc avec l'évêque qui préside "dans la région des Romains".

C'est normal qu'il puisse y avoir des divergences de vue sur bien des sujets. Ça, ce serait de tous les temps. On continue de faire partie de l'Église tant qu'il n'y a pas la volonté de refuser de prendre part au culte commun et à la réception des sacrements, du moment que l'on ne refuse pas obstinément de se soumettre à l'unité d'orientation comme dit plus haut.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par Cinci » jeu. 09 mars 2017, 17:17

Astya,
Cajetan entérine le Gallicanisme et essaye de ramener les Luthériens à une sorte de compromis où ils resteraient quand même dans l'Eglise ? C'est bien ça
Je ne suis pas sûr de bien voir à quoi vous feriez allusion. A priori, je douterais que Cajetan ait jamais pu entériner le Gallicanisme, même si c'est vrai que l'Église de son temps était moins centralisatrice qu'elle aura pu le devenir plus tard et comme au XIXe siècle par exemple.

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Re: Définition du schisme

Message non lu par prodigal » jeu. 09 mars 2017, 18:23

Astya a écrit :
jeu. 09 mars 2017, 12:44
Mais alors si tout le monde peut être en situation d'hérésie, tout en se croyant de bonne foi en situation orthodoxe, et en disant que c'est l'autre qui est hérétique : c'est la confusion permanente !
Chère Astya,
c'est bien pour cela qu'il y a, ou qu'il y avait, des procès en hérésie. Pour éviter l'arbitraire, en théorie du moins.
Il me semble que pour être hérétique, il faut d'une part affirmer quelque chose qui entre en contradiction avec le dogme, d'autre part en être informé (et donc savoir clairement qu'on s'oppose à la foi catholique) et persister dans son affirmation.
Il ne suffit donc pas de se tromper, c'est un peu plus objectif que ça, me semble-t-il.
Remarquons qu'on peut être hérétique sans vouloir rompre avec l'Eglise. C'est tout le problème.
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