Message non lu
par chris-ostome » mer. 08 févr. 2017, 18:26
La Catena Aurea du Docteur Angélique reprend ces commentaires :
Mt 5,17-19
La Glose. Après avoir exhorté ses disciples à se préparer à tout souffrir pour la justice, et à ne pas tenir cachée la doctrine salutaire qu'ils allaient entendre, mais à la recevoir dans l'intention de la communiquer aux autres, il leur fait connaître ce qu'ils devront enseigner. Il suppose qu'ils lui font cette question: Quelle est donc cette doctrine qui ne doit pas rester cachée et pour laquelle vous nous ordonnez de tout nous offrir? Et il leur répond: «Ne pen sez pas que je sois venu détruire la loi ou les prophètes». - S. Chrys. (sur S. Matth). Il s'exprime ainsi pour deux raisons: premièrement, pour engager ses disciples à imiter son exemple, en s'efforçant d'accomplir toute la loi, ainsi qu'il le faisait lui-même; secondement, les Juifs devaient l'accuser plus tard de violer la loi (Mt 12 Mc 2 Lc 6 Lc 13 Jn 5 Jn 7 Jn 9, etc.); il fait donc raison de cette calomnie avant même qu'elle se produise.
Remi. Mais il ne veut pas qu'on s'imagine qu'il n'est venu que pour annoncer la loi, comme les prophètes; il nie donc d'abord qu'il soit venu pour détruire la loi, et il affirme ensuite qu'il est venu pour l'accomplir: «Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir». - S. Aug. (Serm. sur la mont). Cette maxime présente deux sens, car accomplir une loi c'est ou bien ajouter ce qui lui manque, ou faire ce qu'elle prescrit. - S. Chrys. Jésus-Christ a donc accompli les prophéties en réalisant tout ce qu'elles avaient prédit de lui, et il a également accompli la loi en n'omettant aucune des prescriptions légales et en justifiant les hommes par la foi, ce que la lettre de la loi ne pouvait faire. - S. Aug. (contre Fauste, liv. 19, chap. 7). Enfin, comme il était difficile, même à ceux qui vivent sous l'empire de la grâce, dans cette vie mortelle d'accomplir ce commandement de la loi: «Vous n'aurez pas de désirs coupables» (Ex 20, 17; Dt 5, 21; Rm 7, 8; 13, 9), le Sauveur, devenu notre Pontife par le sacrifice de sa chair, nous obtient miséricorde, et il accomplit encore ici la loi, car notre faiblesse et notre im puissance se trouvent guéries par la vertu de ce divin chef dont nous sommes devenus les membres. Je pense que ces paroles: «Je ne suis pas venu détruire la loi, mais l'accomplir», peuvent s'entendre aussi de ces additions qui expliquent le sens des anciens préceptes ou la manière de les mettre en pratique. C'est ainsi que le Seigneur nous a fait connaître qu'un sim ple mouvement de haine qui nous porte à nuire ànotre frère doit être rangé parmi les péchés d'homicide. Il nous dit encore plus loin qu'il aime mieux que nous restions dans la vérité suis recourir au serment que de nous exposer à tomber dans le parjure en jurant même selon la vé rité. Pourquoi donc, ô Manichéens, rejetez-vous la loi et les prophètes, alors que le Christ af firme qu'il est venu non pour les détruire, mais pour les accomplir? L'hérétique Fauste ré pond: Mais qui atteste que Jésus a tenu ce langage? Matthieu. Et comment donc Matthieu peut-il raconter ce que Jésus a dit sur la montagne, lui qui n'a suivi le Sauveur que lorsqu'il en fut descendu, tandis que Jean, qui était sur la montagne, n'en dit pas un mot? Saint Augustin répond: S'il n'y a pour dire la vérité sur le Christ que celui qui l'a vu ou entendu, personne aujourd'hui n'est en état de le faire. Pourquoi donc saint Matthieu n'aurait-il pu apprendre de la bouche de saint Jean la vérité sur le Christ, alors que nous, qui sommes nés si longtemps après, nous pouvons enseigner sur Jésus-Christ la vérité que nous puisons dans les écrits de saint Jean? C'est ce qui fait que non seulement l'évangile de saint Matthieu, mais encore celui de saint Luc et de saint Marc jouissent d'une égale autorité. D'ailleurs, est-ce que le Seigneur n'a pu raconter à saint Matthieu les faits qui avaient précédé sa vocation? Avouez donc fran chement que vous ne croyez pas à l'Évangile, car en ne croyant dans l'Évangile qu'à ce qui vous convient, c'est plutôt à vous-mêmes qu'à l'Évangile que vous croyez.
Fauste dit encore: Nous pouvons prouver qu'un autre que saint Matthieu (et je ne sais qui) a écrit cette maxime sous le nom de cet apôtre: «Lorsque Jésus passait, il vit un homme assis au comptoir, Matthieu était son nom». Et quel est donc l'écrivain qui, pour parler de lui-même, s'exprime de la sorte: «Il vit un homme», et non pas: «Il me vit ?» - Saint Augustin répond, saint Matthieu parle de lui commue d'une personne étrangère, de même que saint Jean l'a fait dans ce passage: «Pierre, se retournant, vit cet autre disciple que Jésus aimait», ce qui prouve que telle était la manière de s'exprimer des évangélistes dans leurs narrations.
Il y a plus, réplique Fauste, cette défense que Jésus-Christ nous fait de croire qu'il soit venu détruire la loi est bien plutôt de nature à nous faire soupçonner qu'il la détruisait réellement, car, puisqu'il ne violait aucun article de la loi, pourquoi les Juifs l'en auraient-ils soupçonné? C'est là, répond saint Augustin, une bien faible difficulté, car nous ne nions pas qu'aux yeux des Juifs inintelligents, le Christ n'ait passé pour un destructeur de la loi et des prophètes.
Fauste ajoute: D'ailleurs, ni la loi ni les prophètes n'ont besoin de cet accomplissement, puisqu'il est écrit: «Vous observerez les commandements que je vous donne, sans y rien ajouter, ni sans rien ôter».Fauste, répond saint Augustin, ne comprend pas ce que c'est que l'accomplissement de la loi, lorsqu'il l'entend de l'addition de nouveaux préceptes. La pléni tude de la loi c'est la charité (Rm 13, 18) que le Seigneur a répandue sur les fidèles en leur envoyant l'Esprit saint. La loi est donc accomplie lorsqu'on obéit à ses préceptes ou lorsque les événe ments réalisent les prédictions qu'elle a faites.
Fauste continue: Reconnaître que Jésus est l'auteur du Nouveau Testament, qu'est-ce autre chose que déclarer qu'il a détruit l'Ancien? Non, répond saint Augustin, car l'Ancien Testa ment renferme les figures de l'avenir, qui devaient disparaître devant les réalités apportées par Jésus-Christ, et dans ce fait même les prophètes trouvaient leur accomplissement, puisqu'ils annonçaient que Dieu devait donner aux hommes un nouveau Testament.
Fauste poursuit: Si le Christ a prononcé ces paroles, c'est évidemment dans un autre sens ou (ce qu'on ne peut admettre) c'est un mensonge, ou il n'a rien dit de semblable. Or, personne n'osera dire que le Christ a menti; ces paroles ont donc une autre signification, ou elles n'ont jamais été dites. Quant à moi, la foi des Manichéens me met en garde contre l'admission de ce chapitre, car elle m'a tout d'abord appris qu'il ne faut pas regarder comme venant du Sauveur tout ce que les Évangélistes lui attribuent, et qu'il y a beaucoup d'ivraie que le glaneur qui rôde pendant la nuit a répandue dans presque toutes les Écritures pour corrompre le bon grain. Saint Augustin répond: Le Manichéen t'a enseigné une opinion impie et perverse en vertu de la quelle tu acceptes dans l'Évangile tout ce qui favorise ton hérésie, et tu rejettes tout ce qui la condamne.
Pour nous, l'Apôtre nous a enseigné cette divine méthode de regarder comme anathème qui conque annoncerait un Évangile différent de celui que nous avons reçu. Et quant à l'ivraie, le Seigneur lui-même nous a expliqué ce que c'était. Ce ne sont point les erreurs qui seraient mê lées à la vérité des Écritures, comme il vous plaît de le dire, mais ce sont les hommes enfants du démon.
Fauste ajoute: Lorsqu'un Juif viendra vous demander pourquoi vous n'observez pas ce que prescrivent la loi et les prophètes, puisque le Christ n'est pas venu les détruire, mus les accom plir, vous serez forcé ou de devenir l'esclave d'une vaine superstition, ou de reconnaître que ce chapitre n'est pas authentique, ou de nier que vous soyiez le disciple du Christ. -
Les catholi ques, répond saint Augustin, ne son t nullement embarrassés par ce chapitre, comme s'il leur reprochait de ne pas garder la loi et les prophètes, car ils ont dans le coeur l'amour de Dieu et l'amour du prochain, deux préceptes qui résument la loi et les prophètes, et ils savent que tout ce qui, dans l'Ancien Testament, a été prophétisé allégoriquement par les événements, par la célébration des fêtes légales, par les expressions figurées se trouve accompli en Jésus-Christ et en son Église. Donc nous ne devenons pas tributaires d'une vaine superstition, nous ne nions pas la véracité de ce chapitre, et nous ne renonçons pas à être les disciples du Christ. Celui donc qui vient dire: Si le Christ n'avait pas détruit la loi et les prophètes, les anciens rites se seraient perpétués dans les cérémonies chrétiennes, peut ajouter: Si le Christ n'avait pas dé truit la loi et les prophètes, sa naissance, sa passion, sa résurrection seraient encore l'objet des promesses. Au contraire, une preuve qu'il n'a pas détruit, mais accompli la loi et les prophètes, c'est justement qu'il ne nous est plus prédit comme devant naître, souffrir et ressusciter, ce que proclamaient toutes les figures de l'ancienne loi; mais qu'on nous annonce sa naissance, sa mort, sa résurrection comme autant de faits accomplis que nous rappellent à l'envi toutes les solennités chrétiennes. Combien donc est grossière l'erreur de ceux qui pensent que le chan gement des signes et des rites a dû changer la nature des choses signifiées dont le rite prophéti que promettait l'existence, et dont le rite évangélique démontre l'accomplissement.
Fauste ajoute encore: Si le Christ est l'auteur de ces paroles, examinons pourquoi il les a dites. Est-ce pour adoucir la fureur des Juifs qui en le voyant fouler aux pieds ce qu'ils regardaient comme saint ne croyaient pas devoir l'entendre davantage? Ou bien est-ce pour nous engager à nous soumettre au joug de la loi, nous qui devions croire parmi les Gentils? Si ce n'est pas l'une de ces raisons, ce doit être l'autre, et en cela le Christ ne nous a pas induit en erreur. Il y a en effet trois sortes de loi, la première est celle des Hébreux, que saint Paul appelle loi de péché et de mort; la seconde, la loi des Gentils, qu'il appelle naturelle, en disant: «Les na tions font naturellement ce que la loi leur commande»; la troisième, la loi de vérité appelée par saint Paul: «La loi de l'esprit de vie». Il en est de même des prophètes: il y a les prophètes des Juifs, qui sont connus; les prophètes des Gentils, dont saint Paul écrivait: «Un de leurs compatriotes et leur prophète a dit». Enfin les prophètes de la vérité, dont le Christ a dit: «Je vous envoie des sages et des prophètes». Or, s'il avait parlé des observances judaï ques dans le dessein de nous les faire accomplir, nul doute qu'il ne fût ici question de la loi des prophètes des Juifs. Mais il ne rappelle ici que des préceptes plus anciens: «Vous lie tuerez pas, vous ne commettrez pas d'adultère», qui furent autrefois promulgués par Enoch, par Seth et par d'autres justes; il est donc évident qu'il veut parler ici de la loi et des prophètes de la vérité. Paraît-il au contraire vouloir parler des préceptes judaïques; c'est pour les déraciner complètement, comme celui-ci: «OEil pour oeil, dent pour dent». - Saint Augustin répond: On voit clairement quelle est cette loi, quels sont ces prophètes que Jésus-Christ n'est pas venu détruire, mais accomplir: c'est la loi qui a été donnée par Moïse. C'est une erreur de dire, comme Fauste, que le Seigneur est venu accomplir certains préceptes, ceux qui avaient été transmis par les anciens justes avant la loi, comme celui-ci: «Vous ne tuerez pas»; tandis qu'il en a détruit certains autres qui étaient propres à la loi mosaïque (comme celui-là: «oeil pour oeil, dent pour dent»), car nous tenons pour vrai que ces derniers préceptes ont été par faitement conformes au temps où ils furent établis, et que le Christ ne les a pas détruits, mais accomplis, comme nous le prouverons pour chacun d'eux. C'est ce que ne comprenaient pas non plus ces hérétiques appelés Nazaréens, qui, persévérant dans cette croyance perverse, voulaient forcer les Gentils convertis à judaïser.
S. Chrys. (sur S. Matth). Comme tous les événements qui devaient se passer depuis le com mencement jusqu'à la fin du monde, étaient allégoriquement prophétisés dans la loi, Notre-Seigneur pour éloigner cette pensée que Dieu aurait pu ignorer par avance quelques-uns de ces événements, ajoute: «Il ne peut se faire que le ciel et la terre passent avant que tout ce qui a été prédit dans la loi ne soit accompli et réalisé; c'est le sens de ces paroles: «Je vous le dis en vérité; le ciel et la terre ne passeront point que tout ce qui est dans la loi, jusqu'à un seul iota et à un seul point, ne soit accompli parfaitement».
Remi. Le mot amen est un mot hébreu qui signifie en latin, vraiment, exactement, ou ainsi soit-il. Le Seigneur emploie cette expression pour deux raisons, ou à cause de la dureté de coeur de ceux qui étaient lents à croire, ou pour avertir ceux qui croyaient de prêter une atten tion plus profonde à ce qui allait suivre. - S. Hil. (Can. 4). En s'exprimant de la sorte: «Jusqu'à ce que le ciel et la terre pussent»,il déclare que le ciel et la terre, qui sont les princi paux éléments de la création, seront dissous comme nous le croyons nous-mêmes. - Remi. Ils demeureront quant à leur substance, mais ils passeront en ce sens qu'ils seront renouvelés. - S. Aug. (serm. sur la mont). Par ces paroles: «Un seul iota ou un seul point de la loi ne pas sera»le Sauveur exprime avec énergie la perfection qui est renfermée dans chacune des lettres de la sainte Écriture. Parmi ces lettres la plus petite est l'iota, qui s'écrit d'un seul trait. Le point est un petit signe qui surmonte l'iota à son sommet. En s'exprimant ainsi, le Seigneur nous apprend que dans la loi les petites choses doivent être accomplies avec soin.
- Rab. C'est avec un dessein marqué qu'il emploie l'iota grec, et non l'iota des Hébreux, car l'iota exprime le nombre dix et par là même le nombre des préceptes du Décalogue dont l'Évangile est le point extrême et le plus haut degré de perfection.
S. Chrys. (sur S. Matth). Si un homme ami de la vérité ne peut s'empêcher de rougir lors qu'on surprend un mensonge sur ses lèvres, et si l'homme sage ne promet jamais rien qu'il ne l'exécute, comment les paroles divines pourront-elles demeurer sans effet? Et c'est pour cela qu'il conclut en disant: «Quiconque violera un de ces commandements les plus petits de tous et enseignera aux hommes à les violer, sera regardé comme le dernier dans le royaume de Dieu». Le Seigneur nous fait entendre clairement, ce me semble, quels sont ces commandements les moindre de tous, en disant: «Celui qui violera l'un de ces moindres commandements», c'est-à-dire, ceux dont je vais parler. - S. Chrys. (hom. 16). Ce n'est point des lois anciennes qu'il veut parler ici, mais des préceptes qu'il devait lui-même imposer; il les appelle les plus petits quoique de la plus grande importance, par ce même sentiment d'humilité avec lequel il s'est si souvent exprimé sur son propre compte. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien autrement, les commandements de Moïse, «Vous ne tuerez pas, vous ne commettrez pas d'adultère», sont d'un accomplissement facile, car l'énormité du crime effraie et arrête la volonté; aussi la récompense qu'ils promet tent est minime, bien que le crime qu'ils défendent soit grand. Les commandements du Christ au contraire: «Vous ne vous mettrez pas en colère, vous ne convoiterez pas», sont difficiles à observer, et par la même raison, la récompense qui les sanctionne est grande, bien que ce qu'ils défendent soit léger. Il s'agit donc ici de ces préceptes du Christ: «Vous ne vous mettrez pas en colère, vous ne convoiterez pas».Ceux qui commettent ces fautes légères seront les der niers dans le royaume de Dieu; c'est-à-dire celui qui se sera mis en colère sans commettre un grand péché, n'aura pas à craindre la peine de la damnation éternelle, mais il ne partagera pas la gloire de ceux qui auront observé ces commandements de moindre importance. - S. Aug. (serm. sur la mont., liv. 1, chap. 15, 16 ou 8). Ou bien, au contraire, ces moindres commande ments sont ceux de la loi ancienne, et ce sont les préceptes que le Christ va promulguer qui sont de la plus haute importance. Ces préceptes moindres que les autres sont indiqués ici par l'iota et par le point, celui-là donc qui les viole et qui enseigne aux autres à les violer de même sera appelé le dernier dans le royaume de Dieu. Et peut-être même n'entrera-t-il pas dans ce royaume des cieux, ou Dieu n'admet que ceux qui sont vraiment grands.
La Glose. Violer la loi, c'est ne pas faire ce qu'ordonne la loi bien comprise, ou ne pas com prendre la fausse interprétation qu'on lui donne, ou détruire dans quelqu'une de ses parties l'ensemble des commandements ajoutés par le Christ.
S. Chrys. (hom. 16). Ou bien dans ces paroles: «Il sera appelé le dernier dans le royaume des cieux, il ne faut voir autre chose que le supplice de la damnation éternelle. En effet, dans le langage ordinaire du Sauveur, le royaume des cieux ne signifie pas seulement la jouissance du bonheur éternel, mais le temps de la résurrection, et l'avènement terrible du Christ. - S. Grég. (hom. 12 sur les Evang). Ou bien par le Royaume des cieux il faut entendre l'Église où tout docteur qui viole un commandement de la loi est regardé comme le dernier, car celui dont la conduite est méprisable, comment peut-il empêcher que son enseignement ne soit méprisé? - S. Hil. (can. 4). Ou bien, par ces moindres choses, le Seigneur fait allusion à sa passion et à sa croix; celui qui par une fausse honte ne les confessera pas hautement, sera le plus petit, c'est-à-dire le dernier, et presque rien. Le Sauveur promet au contraire la gloire magnifique des cieux à celui qui ne rougira pas de les confesser; c'est pour cela qu'il ajoute: «Mais celui qui fera et enseignera sera appelé grand dans le royaume des cieux». - S. Jér. Le Seigneur flétrit ici la conduite des Pharisiens qui, n'ayant que du mépris pour les commandements de Dieu, leur substituaient leurs propres traditions, et il leur apprend que l'enseignement qu'ils donnent au peuple perd tout son prix, s'ils détruisent le plus petit commandement de la loi. Voici encore une autre explication :c'est que la science du maître, ne fût-il esclave que d'une faute légère, le fait descendre de la place élevée qu'il occupait; c'est qu'il ne sert de rien d'enseigner la justice si on la détruit en même temps par la moindre faute; c'est qu'on n'est souverainement heureux qu'en traduisant dans sa conduite le s enseignements que l'on donne aux autres. - S. Aug. Ou bien encore, celui qui violera les plus petits des commandements de la loi, et qui enseignera à les violer, sera appelé le dernier; celui au contraire qui accomplira ces moindres commandements, et qui enseignera à les accomplir, ne devra pas être regardé comme grand, mais il sera toutefois au-dessus de celui qui les viole. Celui-là seul sera vraiment grand qui pratiquera et enseignera ce que le Christ enseigne.
Mt 5,20-22
S. Hil. (can. 4). Dans ce magnifique début le Sauveur s'élève bien au-dessus de la loi an cienne; il déclare aux apôtres que l'entrée du ciel leur est fermée, si leur justice n'est supérieure à celle des Pharisiens; c'est le sens de ces paroles: «Je vous le dis en vérité, à moins q ue votre justice ne soit plus abondante, etc. - S. Chrys. (hom. 16). La justice dont il parle ici est la réunion de toutes les vertus, pour la pratique desquelles il faut ajouter le secours de la grâce: car le Sauveur veut que ses disciples, tout grossiers qu'ils sont encore, se montrent plus vertueux que les docteurs de la loi ancienne. Il ne dit pas que les Scribes et les Pharisiens sont des hommes d'iniquité, puisqu'il parle de leur justice. Remarquez aussi qu'il confirme la vérité de l'Ancien Testament, par la comparaison qu'il en fait avec le Nouveau; ils ne différent que du plus du moins, et sont du même genre. - S. Chrys. (sur S. Matth). Les justices des Scribes et des Pharisiens sont les commandements donnés par Moïse, et les commandements de Jésus-Christ sont le parfait accomplissement des premiers. Voici donc le sens des paroles du Sauveur: «Celui qui indépendamment des com mandements de la loi n'accomplira pas ceux que je donne moi-même, quelque peu importants qu'ils lui paraissent, celui-là n'entrera pas dans le royaume des cieux»; car les commande ments de Moïse délivrent bien de la peine portée contre les transgresseurs de la loi, mais ils ne peuvent introduire dans le royaume des cieux, tandis que mes commandements délivrent du châtiment et tout à la fois donnent entrée dans le royaume des cieux. Mais puisqu'il est certain que violer ces moindres commandements et ne pas les observer est une seule et même chose, pourquoi est-il dit plus haut que celui qui les viole sera appelé le dernier dans le royaume de Dieu, tandis que nous voyons ici que celui qui ne les garde pas n'entrera point dans le royaume des cieux? Je réponds à cela qu'être le dernier dans le royaume, ou n'y pas entrer reviennent au même, et qu'être simplement du royaume, ce n'est pas régner avec le Christ, mais faire seulement partie de son peuple. Il veut donc dire que celui qui viole ces commandements sera du nombre des chrétiens, mais relégué au dernier rang; celui au contraire qui entre dans le royaume devient participant de la royauté du Christ: par conséquent, celui qui n'y entre pas n'a point de part à cette gloire, mais il est cependant de son royaume, en ce sens qu'il est du nombre de ceux sur lesquels règne le Christ, le roi des cieux.
S. Aug. (Cité de Dieu, liv. 20, chap. 9). On peut encore donner cette explication: «Si votre justice n'est plus abondante que celle des Scribes et des Pharisiens qui n'observent pas ce qu'ils enseignent, et dont il est dit ailleurs: «Ils disent et ne font pas»; c'est-à-dire si votre justice n'atteint ce degré de perfection non-seulement de ne pas violer, mais de pratiquer ce que vous enseignez, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. Il faut donc entendre dans un sens différent le royaume des cieux, là où nous rencontrons ces deux sortes de personnes, celui qui transgresse ce qu'il enseigne, et celui qui le pratique, l'un appelé le plus petit, et l'autre grand; ce royaume c'est l'Église actuelle. Au contraire le royaume des cieux dans le quel n'entre que celui qui observe les commandements c'est l'Église telle qu'elle existera dans le siècle à venir. - S. Aug. (cont. Faust. liv. 9 et 10). Je ne sais si on pourrait trouver nommé une seule fois dans l'Ancien Testament ce royaume de Dieu dont il est si souvent question dans les discours du Seigneur. C'est une des révélations propres au Nouveau Testament, et cette révélation était réservée aux lèvres de ce roi dont l'Ancien Testament figurait l'empire sur ses serviteurs. Cette fin à laquelle doivent se rapporter les commandements dem eurait voilée sous l'ancienne loi, bien que les Saints qui la voyaient révélée dans l'avenir, en faisaient dès lors la règle de toute leur vie. - La Glose. Ou bien encore ces paroles: «Si votre justice n'est plus abondante»,ne se rapportent pas à ce que prescrivait l'ancienne loi, mais à la manière dont les Scribes et les Pharisiens l'interprétaient. - S. Aug. (cont. Faust. liv. 19, chap. 28). Presque tous les préceptes que le Sauveur fait précéder de ces mots: «Mais moi, je vous dis», se trouvent dans les livres de l'Ancien Testament; mais comme les Pharisiens ne comprenaient sous la défense de l'homicide que le seul fait de la mort donnée au prochain, le Seigneur leur découvre que tout mouvement de haine qui tend à nuire à notre frère fait partie du péché d'homicide. C'est pourquoi il ajoute: «Vous avez appris qu'il a été dit aux anciens: Vous ne tuerez pas». S. Chrys. (sur S. Matth). Le Christ voulant montrer qu'il est le même Dieu qui avait promulgué les préceptes de la loi ancienne, et qui donne ceux de la loi de grâce, pose en tête de ses préceptes ceux qui dans l'ancienne loi se trouvaient avant tous les autres, c'est-à-dire les préceptes prohibitifs qui ont pour objet le prochain.
S. Aug. (Cité de Dieu, liv. 20). De ce qu'il est écrit: Vous ne tuerez pas, nous ne concluons pas que c'est un crime d'arracher un arbrisseau, erreur grossière des Manichéens; nous n'appliquons pas non plus ce précepte aux animaux sans raison; car en vertu de l'ordre plein de sagesse établi par le Créateur, leur vie comme leur mort sont soumises à nos besoins. C'est donc de l'homme qu'il faut entendre ces paroles: «Vous ne tuerez pas»; vous ne tue rez pas un autre, vous ne vous tuerez pas vous-même; car celui qui se donne la mort, que fait-il d'autre chose que de donner la mort à un homme? N'allons pas voir non plus une violation de ce précepte dans la conduite de ceux qui ont fait la guerre par l'ordre de Dieu, ou qui dépo sitaires du pouvoir public ont usé de leur autorité pour prononcer contre des scélérats la juste sentence qui les condamnait à mort. Abraham lui-même qui voulut mettre à mort son fils pour obéir à Dieu, non-seulement n'est pas accusé de cruauté; mais l'Écriture fait le plus grand éloge de sa foi et de sa religion. Il ne faut donc pas comprendre dans ce précepte ceux que Dieu commande de mettre à mort, ou par une loi générale, ou dans un cas particulier, par un ordre exprès et transitoire. On ne peut non plus considérer comme homicide celui qui prête son concours à l'exécution d'un ordre légitime, pas plus que celui qui donne son appui au magistrat qui porte le glaive; et on ne peut excuser autrement Samson de s'être enseveli avec ses enne mis sous les ruines de la maison où il se trouvait, qu'en disant qu'il obéit en cela à l'inspiration se crète de l'Esprit qui avait opéré par lui tant de prodiges.
S. Chrys. (hom. 19). Par cette formule: «Il a été dit aux anciens», le Sauveur nous apprend qu'il y avait bien longtemps que ce commandement avait été donné aux Juifs. Il s'exprime ainsi pour entraîner vers des préceptes plus élevés, les esprits lents qui l'écoutaient, comme un maî tre qui voulant stimuler un enfant paresseux par le désir d'une instruction supérieure lui dirait: Vous avez perdu beaucoup de temps à épeler. Or le Seigneur ajoute: «Mais moi je vous dis que quiconque se mettra en colère contre son frère, méritera d'être condamné par le juge ment». Remarquez dans ces paroles la puissance du législateur; aucun des anciens n'avait parlé de la sorte, mais ils s'exprimaient ainsi: «Le Seigneur a dit». Ils parlaient comme des serviteurs qui portent les ordres de leur maître; Jésus-Christ parle comme le fils qui commande au nom de son père et en son propre nom. Ils annonçaient les ordres de Dieu à ceux qui étaient comme eux les serviteurs de Dieu; Jésus-Christ imposait ses lois à ses propres serviteurs. - S. Aug. (Cité de Dieu, liv. 9, chap. 10). Il y a parmi les philosophes deux opinions sur les passions de l'âme. Les Stoïciens ne veulent pas qu'un sage puisse y être accessible; les Péri patéciens admettent que le sage peut les éprouver, mais modérées toutefois et soumises à la raison, comme lorsque le sentiment de la compassion est tellement tempéré qu'il sauvegarde les droits de la justice. (Et au commencement du chap. 5). D'après les principes de la doctrine chrétienne, il est moins question de savoir si une âme pieuse peut se livrer au sentiment de la colère ou de la tristesse, que de connaître la source de ces impressions. - S. Chrys. (sur S. Matth). Celui qui se met en colère sans raison est coupable; si sa colère est motivée, il cesse de l'être, car sans cette irritation légitime, la doctrine ne fait aucun progrès; la justice n'a point de stabilité; les crimes ne sont point réprimés. Celui donc qui ne se met pas en colère lorsqu'il le doit, commet une faute, car la patience qui est déraisonnable devient la source de tous les vices, nourrit la négligence, et porte directement au mal, non-seulement les mauvais, mais les bons eux-mêmes.
S. Jér. Dans quelques exemplaires, on lit ces mots: sans cause, mais dans les plus exacts, la pensée est claire, et la colère est tout à fait défendue, car s'il nous est ordonné de prier pour nos persécuteurs, quelle occasion nous reste-t-il de nous mettre en colère? Il faut donc supprimer cette addition: «Sans cause», car «la colère de l'homme n'opère pas la justice de Dieu». - S. Chrys. (sur S. Matth). Cependant la colère qui a une cause légitime n'est pas colère, mais jugement, car la colère proprement dite est une émotion produite par la pas sion. Or, lorsque la colère a une cause raisonnable, elle n'est plus le fruit de la passion, et alors ce n'est plus de la colère, mais du jugement. - S. Aug. (liv. 1 des Rétract., chap. 19). Nous disons encore qu'il faut considérer attentivement ce que c'est que la colère contre son frère, car ce n'est pas se mettre en colère contre son frère que de s'irriter du mal qu'il a commis. Celui-là donc se met en colère sans raison, qui s'emporte contre son frère et non contre le péché dont il s'est rendu coupable. - S. Aug. (Cité de Dieu, liv. 14, chap. 5). Aucun homme raisonnable ne blâmera qu'on se mette en colère contre son frère pour le ramener au bien. Ces mouvements qui sont produits par l'amour de la vertu et par la sainte charité ne doivent pas être considérés comme des vices, puisqu'ils sont conformes à la droite raison. - S. Chrys. (sur S. Matth). D'ailleurs je pense que Notre-Seigneur Jésus-Christ ne parle pas ici de l'irritation qui vient du sang, mais de la colère qui a sa source dans l'âme, car on ne peut commander au sang de ne pas se troubler. Lorsque donc un homme irrité ne cède pas aux inspirations de la colère, ce n'est pas l'âme, c'est l'homme extérieur et sensible qui est irrité. - S. Aug. Dans cette pre mière partie, il n'est question que d'une seule chose, de la colère; dans la seconde, le Sauveur condamne à la fois la colère et les paroles qui en sont l'expression: «Celui», continue-t-il, «qui dira à son frère: Raca, méritera d'être condamné par le conseil».Il en est qui veulent tirer du grec l'étymologie de ce mot raca, et comme racos (ñáêïò) en grec signifie haillons, ils en concluent que ce mot veut dire: couvert de haillons. Mais il est plus probable que ce mot n'a aucune signification de terminée, et qu'il exprime simplement le mouvement d'une âme pleine d'indignation. Les grammairi ens appellent ces sortes de mots interjections, comme lors qu'un homme dans la douleur s'écrie: hélas ! - S. Chrys. (homél. 16). Ou bien raca est un terme de mépris et de dédain; cette locution correspond à celle dont nous nous servons en parlant à nos serviteurs ou à des personnes plus jeunes que nous: «Va-t'en toi, va le lui dire, toi».C'est ainsi que le Seigneur veut déraciner jusqu'aux moindres effets de la colère, et qu'il nous ordonne d'avoir les uns pour les autres les plus grands égards. - S. Jér. Ou bien raca est un mot hébreu qui signifie sans valeur, esprit vide et qui équivaut à cette expression inju rieuse : sans cervelle que nous n'oserions employer. C'est avec intention qu'il ajoute: «Celui qui dira à son frère». Car nul ne peut être notre frère sans avoir le même père que nous. - S. Chrys. (sur S. Matth). C'est une indignité de dire à un homme qu'il n'a rien en lui, alors que son âme est le temple de l'Esprit saint. - S. Aug.La troisième partie de ce précepte comprend trois choses, la colère, les paroles qui la manifestent, l'outrage qu'elles expriment: «Celui qui dira à son frère vous êtes un fou, sera passible du feu de l'enfer». - S. Aug. (serm. sur la mont). Il y a donc divers degrés dans ces péchés que la colère nous fait commettre: le premier est de se mettre en colère, tout en comprimant le mouvement de la colère dans son coeur; si l'agitation intérieure se trahit par une parole qui ne signifie rien, mais dont l'éclat seul atteste l'irritation de l'âme, il y a un degré de plus que dans la colère dont le mouvement est réprimé par le silence. Mais on est bien plus coupable encore si l'on s'emporte à des paroles évidem ment outrageantes. - S. Chrys. (sur S. Matth). De même qu'on ne peut appeler esprit vide celui qui possède l'Esprit saint, on ne peut appeler insensé celui qui connaît Jésus-Christ. Mais si le mot raca a le même sens que vide, c'est donc une même chose de dire, insensé et raca. Oui, mais ces deux mots diffèrent dans l'intention de celui qui les profère: le mot raca chez les Juifs était une expression en usage qu'ils employaient non pas sous l'impression de la colère ou de la haine, mais par un vain mouvement de présomption plutôt que par un sentiment de co lère. Mais si la colère n'y a aucune part, pourquoi est-ce un péché? Parce que c'est une ex pression qui favorise la dispute plutôt que l'édification, car si nous ne devons pas prononcer même une bonne parole, à moins qu'elle ne soit utile, combien plus devons-nous nous interdire ce qui est tout à fait mal en soi ?
S. Aug. (serm. sur la mont). Voici donc trois degrés de culpabilité qui nous rendent passibles du jugement, du conseil, du feu de l'enfer, et par lesquels le Sauveur nous fait monter de ce qui est léger à ce qui est plus grave. Dans le jugement, en effet, on peut encore se défendre; mais au conseil, il appartient de prononcer la sentence définitive, après que les juges ont conféré entre eux sur le châtiment qu'ils doivent infliger au coupable; dans la géhenne du feu, la condamnation est certaine aussi bien que le châtiment de celui qui est condamné. On voit donc la différence qui existe entre la justice des pharisiens et celle de Jésus-Christ: d'un côté l'homicide seul rend passible du jugement, de l'autre il suffit d'un simple mouvement de co lère qui est le plus faible des trois degrés dont nous avons parlé. -
Rab. Par le mot de géhenne, le Sauveur veut exprimer ici les tourments de l'enfer. On croit que ce nom vient d'une vallée consacrée aux idoles, près de Jérusalem, qui était remplie de cadavres, et que Josias livra à la profanation, comme nous le lisons au livre des Rois (2R 23,10). - S. Chrys. (hom. 10). C'est pour la première fois que le Sauveur prononce le mot d'enfer, et il ne le fait qu'après avoir parlé de son royaume, pour nous apprendre que l'un est un don de son amour, tandis que l'autre n'est que la punition de notre négligence et de notre lâcheté. Il en est beaucoup qui regardent comme trop sévère cette peine infligée pour une seule parole; aussi quelques-uns voudraient-ils ne voir ici qu'une hyperbole. Mais je crains qu'en nous abusant ici-bas sur le sens des paro les, nous ne nous réservions en réalité le dernier supplice dans l'autre vie. Ne regardez donc pas ce châtiment comme excessif, car les paroles sont pour la plupart des hommes le principe de leurs crimes et de leurs châtiments. Que de fois, en effet, des paroles légères ont conduit à l'homicide ou à la destruction de villes entières ! Et d'ailleurs estimez-vous donc une faute légère que de traiter son frère de fou, et de le dépouiller ainsi de la prudence, de l'intelligence, qui nous font ce que nous sommes, et nous distinguent des animaux sans raison. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien il sera passible du conseil, c'est-à-dire qu'il fera partie de ce conseil qui s'est déclaré contre le Christ, interprétation qui est celle des Apôtres dans leurs canons. S. Hil. (Can. 4). Ou bien celui qui traite d'esprit vide son frère qui est rempli de l'Esprit saint, méritera d'être traduit devant le conseil des saints, qui, devenus ses juges, lui feront expier par une sentence sévère l'outrage qu'il a fait à l'Esprit saint. - S. Aug. (serm. sur la mont). On me demandera peut-être quel supplice plus grave est réservé à l'homicide, si le simple outrage est puni par le feu de l'enfer; je répondrai qu'il faut admettre divers degrés dans les supplices de l'enfer. - S. Chrys. (sur S. Matth). Ou bien le jugement et le conseil sont des peines de la vie présente, et l'enfer le châtiment de la vie future. Jésus donne le jugement pour châtiment à la colère, pour montrer que s'il n'est pas possible à l'homme d'être tout à fait sans passions, il est en son pouvoir de leur mettre un frein; et la raison pour laquelle il n'assigne pas à la colère de châtiment déterminé, c'est qu'il ne veut point paraître l'interdire entièrement. Il met ici le conseil par allusion au grand conseil des Juifs, pour ne point passer toujours pour un novateur.
S. Aug. (serm. sur la mont). Dans ces trois sentences, il faut faire attention aux mots qui sont sous-entendus. La première est complète et ne laisse rien à désirer: «Celui qui se met en co lère» (sans cause selon quelques-uns); dans la seconde: «Celui qui dit à son frère: raca». il faut sous-entendre sans cause; et dans la troisième: «Celui qui dira: Vous êtes un insensé», il faut sous-entendre: «à son frère et sans cause ?» C'est ainsi qu'on justifie l'Apôtre d'avoir ap pelé insensés (Ga 3, 3) les Galates qu'il nomme ses frères, parce qu'il ne l'a pas fait sans raison.