Pipeline forcé sur réserve indienne

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Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Wazabi » mer. 23 nov. 2016, 23:06

Désolé c'est en anglais... mais ce n'est pas aux USA qu'ils vont parler Français...


North Dakota Access Pipe Line Protest rubber bullets/tear gas/ concussion grenades 11/20/2016
https://www.youtube.com/watch?v=xdqVsZUZX-E


BARBARIC Dakota Access Oil Police Cause Mass Hypothermia
https://www.youtube.com/watch?v=ySe5zskfyKw


Standing Rock: Dallas Goldtooth on Suspicious Fire Near Resistance Camp & Repression of Movement
https://www.youtube.com/watch?v=xXz8pEknwp0


ow The Police Target People at Standing Rock
https://www.youtube.com/watch?v=_qH0yUKBYVw

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » dim. 27 nov. 2016, 14:23

Vous l'avez en français par-ici :

https://www.youtube.com/watch?v=kU0R4zgqpkE

Pipeline, pouvoir et démocratie (Bande annonce, documentaire, ONF)

(Parce que le problème se pose au Canada et là où existe aussi des territoires indiens)

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » dim. 27 nov. 2016, 15:44

D'ailleurs, il était question ce vendredi dernier d'un autre projet de loi de "nos" libéraux au pouvoir (un autre projet de loi maléfique, un de plus ...)
"Les observateurs consultés par Le Devoir se montrent en effet très critiques des intentions des libéraux avec le projet de loi 102, qui doit modifier la Loi sur la qualité de l’environnement et qui fait actuellement l’objet de consultations en commission parlementaire. [...]

« Le ministre peut décider de mener des consultations ciblées, et ce, pour des projets qui risquent d’avoir des impacts majeurs, insiste Jean Baril. Concrètement, on donne au ministre [avec ce nouveau projet de loi] le pouvoir de limiter les sujets sur lesquels la population pourrait se prononcer. Et selon moi, c’est justement l’objectif : cibler les sujets, les thématiques, les territoires ou les organismes. Le projet de loi n’est pas là pour favoriser une participation plus large des citoyens. »

http://www.ledevoir.com/environnement/a ... e-denature
En d'autres termes, l'Industrie pétrolière est irritée par la mécanique institutionnelle et démocratique de protection de l'environnement ou les mécanismes institutionnels de défense des intérêts élargis du grand public.

Aussi, le milieu des affaires aimerait-il rendre "plus efficace" ces outils d'examen. Comment? En limitant la portée de l'examen justement (!), en restreignant son domaine d'application, retirant au public un droit de regard sur la question, etc. On veut accélérer la possibilité pour les entreprises d'y exploiter les ressources naturelles théoriquement disponibles sur le territoire. C'est le "tout à l'économie" en application la plus rude,

"Gouvernance", vous dites?

Pour planter le décor :

Le parti libéral au Canada c'est le parti "naturel" de la gouvernance, des milieux d'affaires, du Canada anglais et des immigrants.

On procède à une élection demain et quatre "Français du Canada" sur cinq votent pour ficher à la porte ce parti le plus aisément corruptible de tous. Mais un vote des 4/5e des Québécois contre les libéraux ne sera pas suffisant pour les en déloger de la place. Très difficile. Parce que le gouvernement fédéral canadien (et anglais) dispose de toutes les facilités possibles et imaginables pour soudoyer n'importe quel politicien franco-canadien, et l'encourager à démarrer son propre parti politique d'alternance, avec pour effet de fragmenter l'opposition du bloc "franco". C'est ce qui se produit en ce moment au Québec. Les médias fédéralistes qui supportent quant à eux la cause de l'unité nationale anglo-affairiste n'auront pas de mal non plus à accorder beaucoup de visibilité aux tiers partis divisionnistes.

Le combat contre le rouleau compresseur est éternel. Jamais fini. Toujours à recommencer. Un combat inégal.
Dernière modification par Cinci le mer. 30 nov. 2016, 21:00, modifié 1 fois.

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » dim. 27 nov. 2016, 16:34

Enfin, dans le dossier "environnement", il faudra dire que les indiens d'Amérique se trouvent alliés avec les citoyens du Québec alors soucieux de protéger leur environnement naturel. On parle d'une bonne majorité de citoyens ici. Une majorité qui trouverait logique d'encourager au plus vite le passage vers une économie "verte", moins polluante, plus axée sur les énergies renouvelables comme dans le cas de l'hydro-électricité ainsi que par le biais d'autres technologies révolutionnaires.

:)

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » lun. 28 nov. 2016, 4:04

Mais ...

Le milieu politique canadien ne peut qu'affaiblir la potentialité d'une résistance du Québec à l'offensive des pipelines. Maintenant, si on veut bien comprendre, aussi, pourquoi le Canada va tellement insister pour pousser plus avant avec ses projets d'extraction de pétrole sale en Alberta, il faudra se tourner vers Jane Jacobs qui résume cela très bien.

Ici :
  • "... il faut bien saisir la vision traditionnelle de l'économie canadienne et l'approche qui en découle en matière de développement économique. Le Canada exploite et exporte des ressources naturelles et néglige le développement d'industries et de services axés sur la fabrication de produits et les innovations. Le pays privilégie une approche économique profondément coloniale, mais ce colonialisme ne lui a pas été imposé. Le Canada fait librement le choix du colonialisme.

    Les fortunes canadiennes les plus grosses et les plus rapides amassées, qu'elles soient publiques ou privées, sont venues constamment de l'exploitation des ressources naturelles : les fourrures, le bois, le cuivre, l'argent, le blé, le cobalt, le poisson, l'uranium, l'hydroélectricité, l'aluminium, la potasse, le pétrole, le gaz naturel, pour ne nommer que quelques unes des sources des fortunes les plus influentes. Or, à l'instar des personnes, les sociétés se façonnent au fil de leur expérience, ce qui fait que l'expérience de l'enrichissement rapide a façonné toutes les grandes institutions du pays : le gouvernement national, les gouvernements provinciaux, les banques et les autres institutions financières. Elle a orienté l'utilisation du capital de risque et les subventions, le choix de certains projets de développement plutôt que d'autres, ainsi que les principes suivis par pratiquement tous les dirigeants. Ce ne sont pas des choses faciles à changer,

    Lorsqu'une telle approche unique et dominante de l'économie et de la création de la richesse a été appliquée avec autant de constance et aussi longtemps, comme c'est le cas au Canada, elle devient profondément enracinée dans les moeurs. Elle fini en particulier par gouverner l'utilisation du capital. Des sommes d'argent énormes sont disponibles pour exploiter les ressources naturelles ou réaliser de vastes projets de construction liés à leur exploitation, comme des barrages, des pipelines, des raffineries, des grands réservoirs et des entrepôts.

    A l'Inverse, on n'investit que des capitaux dérisoires dans le développement initialement modeste de l'innovation. Et encore, de tels investissements sont largement limités à l'Ontario. Si une entreprise veut produire une vanne électromagnétique pour les systèmes de canalisation des réacteurs chimiques ou encore un nouveau type de poêle à bois à haute efficacité, elle aura de la difficulté à trouver le petit capital de risque dont elle a besoin. Pratiquement aucun capital n'est mis à la disposition des nombreux petits fournisseurs de composants de pièces, d'outils et de services qui sont essentiels au développement pragmatique d'une économie novatrice et diversifiée.

    Tout cela a d'énormes conséquences.

    L'une d'entre elles a été résumée comme suit en 1967 par J.J. Brown, spécialiste de l'histoire des technologies au Canada :
    La valeur des contributions des Canadiens à la science et aux technologies dépasse largement leur petit poids démographique. Certaines innovations canadiennes sont à l'origine d'industries dans le monde entier, mais nous en sommes réduits à importer d'Angleterre, de Belgique, d'Italie et des États-Unis des milliards de dollars d'équipement inventé chez nous. Voilà le problème fondamental de notre pays [...] S'il n'est pas corrigé bientôt, nous ne serons pas capables d'affronter la concurrence en tant que pays industrialisé, dans le monde moderne. (J.J. Brown, Ideas in Exile, Toronto McClelland and Stewart, 1967; un ouvrage fondamental et éclairant sur l'économie canadienne)
    [...]

    Les métropoles régionales du Canada n'agissent pas comme de véritables moteurs économiques. Elles sont en plein essor lorsque l'exploitation des ressources de leur arrière-pays va bon train. Elles stagnent lorsque l'exploitation des ressources plafonne. Elles subissent un déclin lorsque l'exploitation des ressources régresse. Les régions canadiennes où les ressources naturelles cessent d'engendrer toujours plus de richesses s'en trouvent dévastées.

    Les métropoles régionales passives sont incapables de se substituer à l'exploitation des ressources, puisqu'elles ne sont pas génératrices d'innovations [...] Halifax, qui s'est développé en flèche il y a longtemps, en même temps que l'exploitation des ressources dans les provinces maritimes, ne peut pas relancer l'économie de ces provinces (Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île du Prince-Edouard), aujourd'hui appauvries. Bien que Winipeg ait connu une période de forte croissance liée au boom de la culture du blé dans les Prairies, et bien qu'elle ait connue son heure de gloire sous l'effet de la Bourse des grains, la plus importante au monde à une certaine époque, la ville s'est mise rapidement à stagner une fois achevée la colonisation des terres propres à la culture du blé et à la construction de vastes installations de transports et d'entreposages des grains. L'essor actuel des villes pétrolières d'Alberta, Edmonton et Calgary, débouchera probablement sur la stagnation, lui aussi, car nous sommes en présence d'une tendance lourde, qui est la conséquence de l'utilisation curieusement déséquilibrée des capitaux et de l'approche profondément coloniale de l'économie privilégiée par le Canada.

    Source : Jane Jacobs, La question du séparatisme. Le combat du Québec pour sa souveraineté, VLB, 2012, pp. 66-67 [1980, pour l'édition originale : Quebec and the Struggle over Sovereignty, New-York, Random House]

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » lun. 28 nov. 2016, 4:35

Un excellent site en français qui informe les citoyens sur la question.

Ce sont les gens de stop oléoduc (entre autres) qui interviennent dans le documentaire de l'ONF Pipeline, Pouvoir et démocratie et qui auront fait suffisamment de chahut à Cacouna pour inciter la compagnie Transcanada à suspendre volontairement ses travaux préparatoires, en vue de la construction d'un terminal pour les pétroliers.

http://www.stopoleoduc.org/

Il peut s'y trouver des infos au sujet de ce qui se passe aux États-Unis également.

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » lun. 28 nov. 2016, 4:51

Une entrevue avec Éric Pineault pour expliciter cette question du pétrole non-conventionel, les enjeux impliqués. Pour vulgariser la chose auprès des néophytes.

http://lautjournal.info/20160608/le-pie ... c-pineault

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » lun. 28 nov. 2016, 19:15

Sur les indiens du Dakota :
"Depuis août dernier, les autochtones de Standing Rock et des milliers de sympathisants manifestent contre la construction de l’oléoduc Dakota Access. Ce dernier, s’il est construit selon les plans actuels, passera sous les deux principales sources d’approvisionnement en eau de la communauté lakota, soit le lac Oahe et la rivière Missouri."

http://ecoquebecinfo.com/pipeline-dakot ... ding-rock/

Notre ami Trump :
  • Pendant la campagne présidentielle, celui qui était alors candidat républicain a appuyé le projet Keystone XL de TransCanada, qui doit transporter le pétrole des sables bitumineux albertains vers le centre des États-Unis. Il est cependant resté muet sur le pipeline Dakota Access, un projet auquel il n’est pas étranger.

    http://ecoquebecinfo.com/trump-a-dimpor ... ess-ajout/

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » mer. 30 nov. 2016, 19:29

Ottawa est d'accord avec l'industrie pétrolière
"Le gouvernement Trudeau a choisi de répondre aux souhaits de l’industrie pétrolière et d’approuver deux importants projets de pipelines destinés à l’exportation de la production croissante des sables bitumineux. Une décision qui revient à laisser tomber la lutte contre les changements climatiques, dénoncent les groupes environnementaux, même si Ottawa affirme le contraire. [...]"


http://www.ledevoir.com/environnement/a ... der-morgan
On peut accueillir la nouvelle sans surprise aucune ... après avoir lu le texte de Jane Jacobs plus haut.

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Re: Pipeline forcé sur réserve indienne

Message non lu par Cinci » mer. 30 nov. 2016, 20:42

Voir :
"... notre principale place financière, Toronto, est profondément marquée par l'extractivisme, comme le montrent les travaux d'Alain Deneault pour le secteur minier. Les grandes banques canadiennes qui forment le coeur oligopolistique de cette place financière sont profondément liées aux sociétés extractivistes. Elles desservent l'industrie à titre de fournisseurs de services financiers, mais plus profondément elles sont directement [...] les plus importants actionnaires des entreprises monopolistiques extractives et d'importants créanciers.

[...]

Très concrètement, l'État extractiviste canadien se distingue par son soutien massif au secteur des hydrocarbures extrêmes, soutien dont la base est le régime d'accès à la ressource.

A cela s'ajoute trois appuis indirects que nous considérons comme autant de dimensions fondamentales de l'hégémonie du capital extractif au canada

1) l'arrimage de la politique d'emploi canadienne aux besoins de l'industrie, en particulier par les réformes successives de l'assurance emploi qui incitent les travailleurs à la mobilité
2) une transformation en profondeur des politiques environnementales afin qu'elles cessent d'être un frein au développement de la chaîne extractive
3) le renforcement de la capacité de dépossession de l'industrie et du gouvernement, en particulier envers les communautés autochtones et les municipalités qui pourraient limiter ou freiner l'expansion ou le développement spatial de la chaîne extractive, tant au point d'extraction que le long des corridors de transport.

L'ensemble de ces politiques démultiplie et renforce la pression capitaliste à extraire et renforce aussi le colonialisme inhérent à l'État canadien.

[...]

Mais du point de vue de la science des changements climatiques, du point de vue de l'avenir écologique de la planète, du point de vue des communautés autochtones dépossédées le long de la chaîne extractive, et même du point de vue d'un modèle de développement économique plus équilibré et diversifié, moins primarisé, les 160 millions de barils [la réserve théorique de barils que représente les sables de l'Alberta] n'ont certainement pas la valeur que leur attribuent les capitalistes qui détiennent les droits pour les extraire. Leur valeur est essentiellement négative, ils représentent 75 milliards de tonnes d'émissions de CO2 en trop, amplement de quoi faire basculer le climat de la planète.

Énergie Est*, à l'Instar des autres projets de pipelines qui visent à désenclaver le complexe des sables bitumineux est une pièce maîtresse dans le processus de valorisation économique des 160 milliards de barils de pétrole. Cela implique toutefois la restitution dans une atmosphère déjà saturée de gaz à effet de serre (GES) des 75 milliards de tonnes de carbone qui lui ont été soutirées au Crétacé, avec des conséquences que nous savons désatreuses pour l'équilibre climatique de la planète.

Source : Éric Pineault, Le Piège Énergie Est, p.158
___

Le projet Énergie Est représente le projet de la compagnie TransCanada visant à relier le complexe pétrochimique de Sarnia en Ontario vers l'autre complexe pétrochimique de Saint Jean au Nouveau Brunswick, nécessitant la construction d'un immense pipeline devant traverser le Québec, la vallée du Saint Laurent, pour y traverser 200 cours d'eau au Québec dont le fleuve Saint Laurent évidemment. Le pipeline projeté serait le plus gros en Amérique du Nord, avec une lumière d'un mètre de large contre 30 ou 40 cm habituellement, avec un débit moyen prévu de 300 000 litres de pétrole par seconde.

Le projet est actuellement à l'étude.

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