Suliko non plus ...Héraclius n'est pas infaillible.
On sait que l'Église aura toujours été contre l'avortement. On sait aussi que les systèmes de justice prévoyaient des peines pour les coupables. L'argument n'est pas que l'Église aurait insisté anciennement pour que les cours pénalisent les femmes coupables, mais bien qu'elle devait redoubler d'indication à l'effet que le geste serait terrible, criminel et tout. Or ce redoublement de la part de l'Église, la volonté de surligner au marqueur jaune-orange fluo, témoigne de ce que le bon peuple fait une différence entre une méthode pour interrompre une grossesse et celui de Mark Chapman qui abat John Lennon. La fille de ferme de l'an 1917 qui menace d'être celle qui prend une potion abortive n'est pas celle à qui l'idée viendrait d'assassiner son père ou sa mère.Sauf que l'avortement est puni d'une excommunication latae sententiae déjà dans le droit canon de 1917, à une époque où c'était un acte puni pénalement et bien mal considéré par la société. L'argument me marche donc pas!
L'avortement est un phénomène largement répandu en Occident de nos jours, non pas parce que tout le monde s'Imagine spontanément qu'il y aurait un crime plus grave, plutôt parce que la chose semble bien moins grave que même le crime du pochard tuant accidentellement un piéton avec sa voiture. Ce n'est pas pour rien si l'Église a tant de mal à faire passer son message.
Prétendre, comme vous avez voulu le faire, Suliko, que la mort provoquée d'un embryon humain serait fondamentalement une réalité plus grave que le meurtre d'un enfant de cinq ans, tiens!, c'est comme un propos qui n'a pas de sens.
Au mieux, vous auriez pu dire que la chose devrait revêtir une valeur égale dans le système de pensée qui est celui de l'Église catholique. Eh bien, admettons que c'est le cas. Il n'en restera pas moins que - au naturel (oubliez la théologie ici) - la multitude va penser que c'est bien le meurtre d'un enfant de cinq ans qui constitue un vrai crime méritant parfaitement d'être châtié.
Ce qui ne fonctionne pas très bien c'est le coup de la loi naturelle à l'égard des embryons.
Il n'y a qu'à se rappeler ce qu'était seulement la réalité du monde de l'enfance, il y a cent ans et plus. Le droit des enfants? zéro. Les enfants avaient plutôt traditionnellement le droit de se taire, de se prendre des coups de bâtons. Le droit de l'enfance ressemblait souvent à celui de Cossette dans le roman Les Misérables. Alors un embryon, hein? Il serait probablement plus juste de penser que le bon peuple habitant à Villeneuve-le-Roy en l'an 1302 devait se montrer plus tolérant pour Bobonne ayant consulté la femme-ressource de la région. Il serait plus naturel de figurer une situation d'ensemble où ce sont bien les élites de la société qui imposaient (aujourd'hui comme hier) un certain système de valeur, dont l'interdiction de l'avortement pour les femmes. Sans le clergé, une foi les hommes d'Église déboulonnés de leur lieu de pouvoir : c'est le naturel qui revient au galop.