Oeuvres poétiques chrétiennes

« J'enlèverai votre cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36.26)
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elenos
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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par elenos » lun. 08 févr. 2016, 16:40

A propos de Marie
Merci à "coeurderoy" de rappeler ici cette grande poétesse plus récente que l'on lit sans trop en parler. (Elle parlait peu elle-même mais savait écouter). Même Henri de Montherlant qui passe pour un cœur sec disait en être ému.

Voici trois lien sur Marie Noël :


https://www.youtube.com/watch?v=ae1JIibqh3M

https://www.youtube.com/watch?v=4B_q1wrC1zM

https://www.youtube.com/watch?v=2dDFpwjAMb0

Et ces quelques vers de Marie Noël adressés à Dieu :

Que me veux-tu ?
Je n'ai rien à Te donner.
Depuis notre dernière rencontre,
je n'ai rien mis de côté pour Toi.
Rien... pas une bonne action. J'étais trop lasse.
Rien... pas une bonne parole. J'étais trop triste.
Rien que le dégoût de vivre, l'ennui, la stérilité.
Donne !
Dernière modification par elenos le mer. 04 mai 2016, 9:54, modifié 1 fois.

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par axou » mar. 09 févr. 2016, 12:05

Je suis tienne, pour toi je suis née

 Thérèse d'Avila


Je suis tienne, pour toi je suis née ;
Que veux-tu faire de moi ?
Majesté souveraine,
Éternelle Sagesse,
Bonté si bonne pour mon âme,
— Toi, Dieu, Altesse, Être unique, Bonté —
Vois mon extrême bassesse,
Moi qui te chante aujourd'hui mon amour.
Que veux-tu faire de moi ?


Je suis tienne, puisque tu m'as créée,
Tienne, puisque tu m'as rachetée,
Tienne, puisque tu me supportes,
Tienne, puisque tu m'as appelée,
Tienne, puisque tu m'as attendue,
Tienne puisque je ne suis pas perdue,
Que veux-tu faire de moi ?


Que veux-tu donc, Seigneur très bon,
Que lasse un si vil serviteur ?
Quelle mission as-tu donnée
À cet esclave pécheur ?
Me voici, mon doux amour,
Doux amour, me voici
Que veux-tu faire de moi ?


Voici mon coeur,
Je le dépose dans ta main,
Avec mon corps, ma vie, mon âme,
Mes entrailles et tout mon amour ;
Doux Époux, mon Rédempteur,
Pour être tienne, je me suis offerte,
Que veux-tu faire de moi ?


Donne-moi la mort, donne-moi la vie,
La santé ou la maladie
Donne l'honneur ou le déshonneur,
La guerre ou la plus grande paix,
La faiblesse ou la pleine force,
À tout cela, je dis oui :
Que veux-tu faire de moi ?


Donne-moi richesse ou pauvreté,
Réconfort ou désolation ;
Donne-moi la joie, la tristesse,
Donne-moi l'enfer ou donne-moi le ciel,
Vie douce, soleil sans voile,
Puisque toute à toi je me rends,
Que veux-tu faire de moi ?


Si tu le veux, donne-moi l'oraison ;
Sinon, donne-moi la sécheresse ;
Si tu le veux, donne-moi abondance et dévotion,
Et sinon, la stérilité,
Ô souveraine Majesté !
En cela seul je trouve la paix.
Que veux-tu faire de moi ?


Donne-moi donc la sagesse
Ou, pour ton amour, l'ignorance ;
Donne-moi années d'abondance,
Ou de faim et de disette ;
Donne-moi ténèbres ou clarté,
Bouscule-moi de-ci de-là,
Que veux-tu faire de moi ?


Veux-tu que je me repose ?
Par amour, je veux le repos.
Si tu m'ordonnes le travail,
Je veux mourir en travaillant
Dis-moi où, comment et quand,
Dis-le-moi, doux Amour, dis-le,
Que veux-tu faire de moi ?


Donne-moi Calvaire ou Thabor,
Désert ou terre d'abondance,
Que je sois Job en sa douleur,
Jean, reposant sur ton coeur,
Que je sois vigne féconde,
Ou stérile, s'il te plaît ainsi.
Que veux-tu faire de moi ?


Que je sois Joseph enchaîné,
Ou fait gouverneur de l'Égypte,
David souffrant des tourments,
Ou David élevé très haut ;
Que je sois Jonas naufragé,
Ou bien Jonas sauvé des eaux,
Que veux-tu faire de moi ?


Que je me taise ou que je parle
Que je porte des fruits ou non ;
Que la Loi me montre ma plaie,
Ou l'Évangile, sa douceur,
Dans la peine ou dans la jouissance,
Que toi seul tu vives en moi ;
Que veux-tu faire de moi ?
Je suis tienne, pour toi je suis née
Que veux-tu faire de moi ?

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par elenos » mer. 27 avr. 2016, 21:06

Tel que je suis, pécheur rebelle
Au nom du sang versé pour moi
Au nom de ta voix qui m’appelle
Jésus je viens à toi !

Tel que suis dans ma souillure
Ne cherchant nul remède en moi
Ton sang lave mon âme impure
Jésus je viens à toi !

Tel que je suis avec mes luttes
Mes craintes, ma timide foi
Avec mes doutes et mess chutes
Jésus je viens à toi !

Tel que je suis, je me réclame
De ta promesse par la foi
Au ciel tu recevras mon âme
Jésus je viens à toi !

Tel que je suis, ton sacrifice
M’arrache aux terreurs de la loi
Justifié par ta justice
Jésus je viens à toi !

Tel que je suis Dieu me convie
O mon Sauveur, pour être à Toi
A toi dans la mort, dans la vie
Jésus je viens à toi !

(Cantique traduit d’après un recueil anglais)

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par elenos » sam. 25 juin 2016, 15:29

Gloire à Jésus!

Une bonne nouvelle
Descend des cieux;
Pécheur, Jésus t’appelle,
Lève les yeux.
Chargé de ta misère,
De tes péchés confus,
Viens à Jésus, mon frère,
Viens à Jésus!

2
Le Fils de Dieu lui-même
Te racheta;
Vois son amour suprême
En Golgotha!
Au sang qui purifie
Les coeurs souillés, perdus,
Que ton coeur se confie;
Viens à Jésus!

3
Celui que Jésus lave
De son péché,
Au dur joug de l’esclave
Est arraché.
Dans son âme affranchie
Le mal ne règne plus,
L’Esprit le sanctifie.
Viens à Jésus!

4
Viens, que rien ne t’arrête,
Viens à l’instant;
Ta délivrance est prête :
Jésus t’attends.
Si tu crois, ô victoire!
Tes péchés ne sont plus,
Et tu peux chanter : Gloire!
Gloire à Jésus!

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Baruch » dim. 28 août 2016, 22:52

Extrait du poème de saint Prosper d’Aquitaine¹
Contre les ingrats²

Et la loi naturelle au fond des cœurs empreinte
Prescrit ce qu’au dehors Dieu marque en sa loi sainte
Mais dans ces derniers temps le divin Rédempteur
Joint les dons de sa Grâce aux dons du Créateur,
Et rendant aux mortels le salut plus facile,
À tous au saint Baptême offre un commun asile :
Afin que tout pécheur qui veut naître en cette eau
Trouve un heureux pardon dans son être nouveau
Que l’esprit par soi-même engagé dans le vice
Rentre aussi par soi-même en sa propre justice,
Et qu’étant rendu saint, sa seule liberté
Par son propre travail garde sa sainteté.
De ce grand Sacrement l’admirable alliance
Verse en nous ses trésors avec tant d’abondance,
Qu’on l’accorde aux enfants, quoique l’art du Très-haut
Forme en eux son portrait sans tâche et sans défaut.
L’âme bonne en naissant devient ainsi plus pure,
Et la grâce orne encore les biens de la nature.
Tout homme également a part à ce bonheur,
Et nul n’en est exclu par l’arrêt du Seigneur ;
Tous par la liberté que notre âme a dans elle,
Méritent ces grands biens que JÉSUS nous appelle ;
Biens dus à tous les bons, non dus aux malheureux,
Qui s’éloignant de Dieu les rejettent loin d’eux.
Ainsi de cet Ingrat l’altière frénésie
Semait de toutes parts sa damnable hérésie.
1. https://books.google.fr/books?id=AQuuW2o[...]
2. M. Guizot : « l'un des plus heureux essais de poésie philosophique qui aient été tentés dans le sein du christianisme », Histoire de la civilisation en France, p. 163
Dominus illuminatio mea et salus mea ; quem timebo ?
Dominus protector vitæ meæ ; a quo trepidabo ?

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J'avance, comme un âne

Message non lu par papillon » dim. 21 mai 2017, 3:19

Petit texte charmant, qui ne peut que plaire à ceux qui comme moi aiment les ânes et leurs petits sabots si jolis.
Quand j'en vois un, j'ai toujours envie de faire un câlin . Une affection particulière dont j'ignore l'origine et qui ne s'apaise pas avec l'âge...

J'avance, comme un âne
Auteur : Cardinal Etchegaray

J'avance, comme l'âne de Jérusalem dont le Messie,
un jour des Rameaux, fit une monture royale et pacifique.
Je ne sais pas grand'chose, mais je sais que je porte
le Christ sur mon dos
et j'en suis plus fier que d'être bourguignon ou basque.
Je le porte, mais c'est lui qui me mène : je sais
qu'il me conduit vers son Royaume et j'ai confiance en lui.
J'avance à mon rythme. Par des chemins escarpés,
loin de ces autoroutes où la vitesse vous empêche
de reconnaître monture et cavalier.
Quand je bute contre une pierre, mon Maître doit être
bien cahoté, mais il ne me reproche rien.
C'est merveilleux comme il est bon et patient avec moi :
il me laisse le temps de saluer la ravissante ânesse
de Balaam, de rêver devant un champ de lavande,
d'oublier même que je le porte.

J'avance, en silence. C'est fou comme on se comprend
sans parler ; d'ailleurs, je n'entends pas trop
quand il me souffle des mots à l'oreille.
La seule parole de lui que j'ai comprise semblait être pour
moi tout seul et je puis témoigner de sa vérité : '' Mon joug
est facile à porter et mon fardeau léger.'' (Mat. 11,30).
C'est comme, foi d'animal, quand je portais allègrement
sa mère vers Bethléem, un soir de Noël. Jules Supervielle,
le poète ami des ânes, l'a bien deviné : '' elle pesait peu,
n'étant occupée que de l'avenir en elle''.

J'avance, dans la joie.
Quand je veux chanter ses louanges,
je fais un boucan de tous les diables, je chante faux.
Lui, alors, il rit de bon coeur, d'un rire qui transforme
les ornières en piste de danse
et mes sabots en sandales de vent.
Ces jours-là, je vous jure, on en fait du chemin !
J'avance, j'avance comme un âne
qui porte le Christ sur son dos.

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Dominus vobiscum
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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Dominus vobiscum » dim. 13 août 2017, 20:32

Vive flamme et cantique spirituel de Saint Jean de la Croix.
"l' amour ne se paie que par l amour." St jean de la croix

Cinci
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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » ven. 22 sept. 2017, 14:42

Question d'enfant


- Qu'est-ce que tu fais?
- Je prie
-Ça veut dire quoi prier?
- Pour moi prier c'est lui ouvrir mon coeur
- Pourquoi tu pries?
- Pour lui dire merci
- Merci pourquoi?
- Parce qu'Il m'aime
- Et toi, l'aimes-tu?
- Un peu, j,espère, mais pas assez.
- Alors, pourquoi tu pries?
- Pour lui demander ...
- ... lui demander quoi?
- Qu'Il m'apprenne à l'aimer.

tiré de :
Marie Septembre, Quand Dieu fait l'amour à mon âme. Méditation poétique, 2004, p.77

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » sam. 23 sept. 2017, 15:29

Conjugaison

Tu conjugues le Verbe
Au passé antérieur
Je ne suis qu'un sujet
Qui vit à l'imparfait.

Tu habites le présent
Ma vie est un passif
Tu me donnes un futur
J'y met des conditions.

Mon passé est fort simple
Je n'avais pas le temps
De te donner du temps
Ô toi, Plus-que-parfait.

Je trouvais mille excuses
Mille compositions
Et mon pronominal
Était impératif.

Qu'a-t-il pu se passer
Pour qu'un jour, tout-à-coup
Mon présent s'enrichisse
D'un passé composé?

Qu'est-il donc advenu
Que l'être de ton participe
Soit soudain devenu
Tout mon impératif?

Tu oublies mon passé
Et, plein de miséricorde
Tu m'offre un radical
Qui fait que l'on s'accorde.

De tous mes singuliers
Tu fais des pluriels
Et mes terminaisons
Ne sont plus personnelles.

Mon état a changé
Il s'est fait un actif
Pour annoncer ton mode
Qui nous fait la promesse

De ton infini ...tif.


- Marie Septembre, 15 septembre 2003

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Re: J'avance, comme un âne

Message non lu par Anne » mar. 10 oct. 2017, 20:20

Aaaaahhh! Papillon!

Quel joli texte, tout aussi touchant qu'invitant à la réflexion...

Merci de l'avoir partagé (même si je suis un peu "en retard dans les nouvelles"! :coeur:
"À tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés;
nous sommes désorientés, mais non pas désemparés;
nous sommes pourchassés, mais non pas abandonnés;
terrassés, mais non pas anéantis…
".
2 Co 4, 8-10

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Milla » lun. 23 oct. 2017, 18:03

Mon Dieu qui dormez faible entre mes bras,
Mon enfant tout chaud sur mon cœur qui bat,
J'adore en mes mains et berce étonnée,
La merveille, ô Dieu, que m'avez donnée.

De fils, ô mon Dieu, je n'en avais pas.
Vierge que je suis, en cet humble état,
Quelle joie en fleur de moi serait née ?
Mais vous, Tout-Puissant, me l'avez donnée.

Que rendrais-je à vous, moi sur qui tomba
Votre grâce ? ô Dieu, je souris tout bas
Car j'avais aussi, petite et bornée,
J'avais une grâce et vous l'ai donnée.

De bouche, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour parler aux gens perdus d'ici-bas
Ta bouche de lait vers mon sein tournée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De main, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour guérir du doigt leurs pauvres corps las
Ta main, bouton clos, rose encore gênée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De chair, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour rompre avec eux le pain du repas
Ta chair au printemps de moi façonnée,
O mon fils, c'est moi qui te l'ai donnée.

De mort, ô mon Dieu, vous n'en aviez pas
Pour sauver le monde Ô douleur ! là-bas,
Ta mort d'homme, un soir, noir, abandonnée,
Mon petit, c'est moi qui te l'ai donnée.

Berceuse de la Mère-Dieu, Marie Noël
Dire que Dieu se détourne des méchants revient à dire que le soleil se cache des aveugles.
Philocalie des pères neptiques

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » mar. 24 oct. 2017, 5:14

De toute beauté, ce poème! Merci, Milla.

:)

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » mar. 24 oct. 2017, 18:17

Francis Jammes, il n'y a rien à redire. C'est du bon! Mais je ne connais pas le travail de Max Jacob.

:francais:
Dernière modification par Cinci le jeu. 26 oct. 2017, 2:09, modifié 1 fois.

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Re: Vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » jeu. 26 oct. 2017, 2:07

Ballade pour prier Notre Dame
François Villon

Dame du ciel, régente terrienne
Emperière des infernaux palus
Recevez-moi, votre humble chrétienne
Que comprise sois entre vos élus
Le biens de vous, Ma Dame et Ma Maîtresse
Sont trop plus grands que ne suis pécheresse
Sans lequels, biens âme ne peut mérir
N'avoir les cieux , Je n'en suis jongleresse
En cette foi je veux vivre et mourir.

A votre Fiis, dites que je suis sienne
De lui soyent mes péchés abolus
Pardonnez-moi comme à l'Egyptienne,
Ou comme il fait au clerc Theophilus,
Lequel par vous fut quitte et absolu
Combien qu'il eut au diable fait promesse.
Préservez-moi de faire jamais ce,
Vierge portant, sans rompre encourir,
Le sacrement qu'on célèbre à la messe
En cette foi, je veux vivre et mourir.

Femme, je suis pauvrette et ancienne,
Qui rien ne sait; oncques lettres ne lus.
Au moustier vois dont je suis paroissienne
Paradis peint, où sont harpes et luths,
Et un enfer où damnés sont boullus;
L'un me fait peur, l'autre joie et liesse,
La joie avoir me fais, haute Déesse,
A qui pécheurs doivent tous recourir
Comblés de foi, sans feinte ni paresse :
en cette foi, je veux vivre et mourir.

Vous portâtes, digne Vierge, princesse,
Jésus régnant, qui n'a ni fin ni cesse,
Le tout puissant, prenant notre faiblesse,
Laissa les cieux. et nous vint secourir,
Offrit à mort sa très chère jeunesse;
Notre Seigneur tel est, tel je confesse :
En cette foi, je veux vivre et mourir.

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Re: Poésie, vos poèmes chrétiens préférés

Message non lu par Cinci » sam. 06 janv. 2018, 15:30

J'avais marché neuf années
ayant aperçu une contrée, sous un soleil splendide
habillé d'un ciel translucide
comme un voile diffusant son éclat
cette contrée que nul ne peut nommer

Je marchai franc est sur une longue distance
sachant qu'il y a ce lieu atteignable
bien qu'éloigné
Où ma soif serait étanchée.

Au fil des années
la végétation ne cessait de diminuer
ce qui ne m'avait pas trop inquiété ...
Le pays que je cherche vaut bien quelque attente

Et voilà que graduellement le pays se changea en désert

[...]

Je vous parle maintenant de ce qui est arrivé.
Aucun secours n'est apparu ...
Aucune oasis non plus
Mais la sécheresse a activé ma foi.
Pour chercher la source,
un sens secret s'est éveillé.

La sentant autour,
je tendais la main,
mais toujours ne la trouvais point.

Et c'est alors seulement habité déjà par la mort
que je vis quelques reflets
comme un soleil se mirant délicatement
sur une eau tranquille
J'abaissai mon regard
C'était là sous mes yeux ...
Sous la transparence de mon propre corps ...
Une source en moi.

Il m'a fallu un temps pour m'habituer.
L'eau ne tarit pas.
J'ai pensé créer une oasis avec cette eau,
mais une voix aux creux de la source m'a dit :
"Tu dois garder ta marche et ne pas oublier
le pays qui t'a appelé."

Mais alors cette eau est-elle seulement pour moi ?
"Non, tu vois tous ces grains de sable ?
Aussi nombreux soient-ils, verse sur eux et sois généreux
mais n'arrête pas ta marche."

Chaque pas est un adieu.
Sur ce chemin, je ne passerai pas deux fois.
Chaque goutte donnée est unique.
Je la donnerai avec joie.

Désert aimé.
Brûle aussi mes pieds.
Par cette brûlure,
que je sache porter la fraîcheur des eaux.

Et comme le soleil dépassait le zénith, je pensais :
Voilà, les mirages sont tombés, j'ai trouvé ma voie.
Et la voix des eaux ne répétait :
"Tu n'y passeras pas deux fois.
Chaque moment est unique,
et unique aussi la vraie patrie des hommes."

frère François-Marie

In memoriam

27 décembre 1958/ 8 janvier 2012

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