Message non lu
par le Béréen » ven. 18 nov. 2016, 0:11
Bonsoir,
Soyez assuré que mon éducation et le respect dû à chacun, quelque soit son opinion, font partie de ma manière d'échanger.
Si je désire intervenir sur ce thème, c'est qu'en le parcourant, je suis tombé sur la contribution de Mac du 9/4/2016 qui répondant à son interlocuteur, affirmait ceci: ''on adore que Dieu et les mages adorèrent l'enfant de la Sainte Vierge Marie donc Dieu''
Lorsqu'on se penche sur le texte, les choses peuvent se déduire différemment.
Voici ma contribution, et accepterai bien volontiers les analyses de ceux qui voudrait éclairer d'avantage le sujet.
Matt. 2 :11
Bible de Jérusalem – Version catholique:
‘’Entrant alors dans le logis, ils virent l'enfant avec Marie sa mère, et, se prosternant, ils lui rendirent hommage ; puis, ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l'or, de l'encens et de la myrrhe.‘’
L.Segond –Version protestante:
‘’Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l'adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l'or, de l'encens et de la myrrhe.’’
Ce passage est retenu comme preuve de divinité de Jésus, car seul Dieu peut être adoré.
Voici le texte grec :
Καὶ ἐλθόντες εἰς τὴν οἰκίαν, εἶδον τὸ παιδίον μετὰ Μαρίας τῆς μητρὸς αὐτοῦ,
Ils entrèrent dans la maison virent le petit enfant avec Marie la mère de lui
καὶ πεσόντες προσεκύνησαν αὐτῷ, καὶ ἀνοίξαντες τοὺς θησαυροὺς
et tombant se prosternèrent devant lui ils ouvrirent ensuite leurs trésors
αὐτῶν προσήνεγκαν αὐτῷ δῶρα, χ ρυσὸν καὶ λίβανον καὶ σμύρναν.
lui offrirent en présent de l'or de l'encens et de la myrrhe.
Mais nous notons une différence entre les deux versions :
celle catholique qui ne parle pas d’adoration mais de ‘prosternation’, alors que la version protestante traduit par ‘adoration’.
L’évangile de Matthieu a d’abord été écrit en hébreu (en araméen plus exactement). Il traduit le terme hébreux shahhah qui signifie se courber ou s’incliner en signe d’hommage, de respect, d’honneur comme entre des humains dans des les civilisations orientales.
Le terme hébreu traduit en grec par ‘proskunéo’ ne signifie pas adorer, car en effet, nous trouvons de nombreux passages bibliques où ce terme est employé, qui décrivent des humains se prosternant devant d’autres humains sans pour autant les adorer.
Sens du mot (lexicographie)
Origine
Proskunéo vient de pros et d'un probable dérivé de kuon (du sens d'embrasser, comme un chien léchant la main du maître)
Définition
Baiser la main de quelqu'un, en signe de révérence parmi les Orientaux, surtout les Perses, tomber sur les genoux et toucher le sol avec le front en expression de profonde révérence dans le N.T. par agenouillement ou prosternation, rendre hommage, marquer son obéissance, aussi bien comme marque de respect que pour faire une supplication utilisé de l'hommage montré aux hommes et aux êtres de rang supérieur, aux souverains sacrificateurs Juifs, à Dieu, à Christ, aux êtres célestes, aux démons.
Voici des passages de la Septante (pour rappel, c’est la traduction en grec au premier siècle des écrits hébraïques appelé communément Ancien -Testament) :
1Sam 24 :9
καὶ ἀνέστη Δαυιδ ὀπίσω αὐτοῦ ἐκ τοῦ σπηλαίου, καὶ ἐβόησεν Δαυιδ ὀπίσω Σαουλ λέγων Κύριε βασιλεῦ· καὶ ἐπέβλεψεν Σαουλ εἰς τὰ ὀπίσω αὐτοῦ, καὶ ἔκυψεν Δαυιδ ἐπὶ πρόσωπον αὐτοῦ ἐπὶ τὴν γῆν καὶ προσεκύνησεν αὐτῷ.
Saül se leva et reprit sa route. Et David sortit après lui de la caverne, et lui cria ces mots : Seigneur roi ; celui-ci se retourna pour regarder, quand David, se courbant jusqu'à terre, l'adora.
2 Samuel 2 :15
καὶ εἶδον αὐτὸν οἱ υἱοὶ τῶν προφητῶν οἱ ἐν Ιεριχω ἐξ ἐναντίας καὶ εἶπον Ἐπαναπέπαυται τὸ πνεῦμα Ηλιου ἐπὶ Ελισαιε· καὶ ἦλθον εἰς συναντὴν αὐτοῦ καὶ προσεκύνησαν αὐτῷ ἐπὶ τὴν γῆν.
Les fils des prophètes qui étaient à Jéricho, sur la rive opposée, le virent alors arriver, et dirent : L'esprit d'Elie est resté sur Elisée. Et ils allèrent à sa rencontre, et se prosternèrent devant lui la face contre terre.
2 Sam. 24 :20
αὶ διέκυψεν Ορνα καὶ εἶδεν τὸν βασιλέα καὶ τοὺς παῖδας αὐτοῦ παραπορευομένους ἐπάνω αὐτοῦ, καὶ ἐξῆλθεν Ορνα καὶ προσεκύνησεν τῷ βασιλεῖ ἐπὶ πρόσωπον αὐτοῦ ἐπὶ τὴν γῆν.
Orna était penché à sa fenêtre, et voyant le roi qui venait à lui avec ses serviteurs, il sortit, se prosterna devant le roi la face contre terre,
Genèse 23 :7
ἀναστὰς δὲ Αβρααμ προσεκύνησεν τῷ λαῷ τῆς γῆς, τοῖς υἱοῖς Χετ,
Et, s'étant levé, Abraham se prosterna devant les fils de Het, peuple de cette terre.
Genèse 33 :3
αὐτὸς δὲ προῆλθεν ἔμπροσθεν αὐτῶν καὶ προσεκύνησεν ἐπὶ τὴν γῆν ἑπτάκις ἕως τοῦ ἐγγίσαι τοῦ ἀδελφοῦ αὐτοῦ.
Lui-même (Jacob) s'avança devant eux tous, et se prosterna sept fois jusqu'à terre avant d'arriver à Esaü.
1 Roi 1:16
Bath -Shéba devenue femme de David, se prosterna devant lui. καὶ ἔκυψεν βηρσαβεε καὶ προσεκύνησεν (se prosterna) τῷ βασιλεῖ καὶ εἶπεν ὁ βασιλεύς τί ἐστίν σοι
Ruth 2:10
elles se prosterna devant Boaz ce dernier était un homme fidèle et Ruth aussi l’est devenue , puisque c’est pas leur lignée que viendra le Messie. καὶ ἔπεσεν ἐπὶ πρόσωπον αὐτῆς καὶ προσεκύνησεν (proskunéo : se prosterna)
1 Roi 1 :53
Adonija est venu se prosterner devant son père Salomon : Le roi Schelomo envoya et le fit descendre de dessus l'autel ; il vint et se prosterna devant le roi Schelomo. Schelomo lui dit : Va-t'en en ta maison." καὶ ἀπέστειλεν ὁ βασιλεὺς σαλωμων καὶ κατήνεγκεν αὐτὸν ἀπάνωθεν τοῦ θυσιαστηρίου καὶ εἰσῆλθεν καὶ προσεκύνησεν ( proskunéo : se prosterna) τῷ βασιλεῖ σαλωμων καὶ εἶπεν αὐτῷ σαλωμων δεῦρο εἰς τὸν οἶκόν σου
1 Sam 1 :2 l
Le jeune homme du camp de Saül , se prosterna devant le David . αὐτὸν πρὸς δαυιδ καὶ ἔπεσεν ἐπὶ τὴν γῆν καὶ προσεκύνησεν (proskunéo : se prosterna) αὐτῷ 3
Si ces personnages avaient en se prosternant (proskénia) rendent un culte comme vous l’entendez, ils auraient été mis a mort immédiatement comme le prévoyait la loi. Ce ne fut jamais le cas.
Il en va de même pour Matthieu 2 :8
Puis il (Hérode) les envoya à Bethléhem, en disant : Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant ; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer [proskuneo].
Les mots grecs pour différencier la prosternation de l’adoration existent :
μόνῳ λατρεύσεις. (rendre un culte, ou encore un service sacré)
Bien cordialement à tous.