Méditations pour la période de Carême

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Méditations pour la période de Carême

Message non lu par jean_droit » sam. 04 mars 2006, 11:44

« Le carême est une sorte de cure de désintoxication de l’âme »
Méditation de l’Evangile du dimanche 3 mars du père Cantalamessa

ROME, Vendredi 3 mars 2006 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile de ce dimanche, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc 1, 12-15

Aussitôt l'Esprit pousse Jésus au désert. Et dans le désert il resta quarante jours, tenté par Satan. Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient. Après l'arrestation de Jean Baptiste, Jésus partit pour la Galilée proclamer la Bonne Nouvelle de Dieu ; il disait : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ».

© AELF

Concentrons notre attention sur la première phrase de l’Evangile : « Aussitôt l’Esprit pousse Jésus au désert ». Cette phrase contient un appel important au début du carême. Jésus vient à peine de recevoir, dans le Jourdain, l’investiture messianique pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérir les cœurs affligés, prêcher le royaume. Mais il ne s’empresse de faire aucune de ces choses. Au contraire, obéissant à une motion de l’Esprit Saint, il se retire dans le désert où il demeure pendant quarante jours, jeûnant, priant, méditant et luttant. Tout cela dans la solitude et le silence profonds.

Tout au long de l’histoire, des foules d’hommes et de femmes ont choisi d’imiter ce Jésus qui se retire dans le désert. En Orient, à commencer par saint Antoine Abbé, ils se retiraient dans les déserts d’Egypte ou de Palestine ; en Occident, où il n’existait pas de déserts de sable, ils se retiraient dans des lieux isolés, des montagnes ou des vallées à l’écart du monde.

Mais l’invitation à suivre Jésus dans le désert s’adresse à tous. Les moines et les ermites ont choisi un espace de désert. Nous devons quant à nous choisir au moins un temps de désert. Vivre un temps de désert signifie faire un peu de vide et de silence autour de nous, retrouver le chemin de notre cœur, nous soustraire au vacarme et aux sollicitations extérieures, pour entrer en contact avec les sources les plus profondes de notre être.

Bien vécu, le carême est une sorte de cure de désintoxication de l’âme. La pollution provoquée par l’oxyde de carbone n’est pas, en effet, la seule pollution qui existe. Il existe aussi la pollution acoustique et lumineuse. Nous sommes tous un peu étourdis par le bruit et le monde extérieur. L’homme est capable d’envoyer ses sondes jusqu’à la périphérie du système solaire mais il ignore le plus souvent ce qu’il y a dans son propre cœur. S’évader, se distraire, se divertir : ce sont des mots qui indiquent tous le fait de sortir de soi-même, de se dérober à la réalité. Il existe des spectacles « d’évasion » (la TV en propose en quantité), une littérature « d’évasion ». On les appelle, de manière significative, fiction. Nous préférons vivre dans la fiction plutôt que dans la réalité. On parle beaucoup aujourd’hui d’extraterrestres, mais nous sommes nous-mêmes des « extraterrestres », victimes d’une « aliénation », sur notre propre planète. Nous n’avons pas besoin que d’autres viennent de l’extérieur.

Les jeunes sont les plus exposés à cette ivresse du bruit. « Qu’on alourdisse le travail de ces gens – disait le pharaon à propos des juifs, à ses ministres – qu’ils le fassent et ne prêtent plus attention » aux paroles de Moïse, et ne pensent pas à se soustraire à l’esclavage (cf. Ex 5, 9). Les « pharaons » d’aujourd’hui disent, de manière tacite mais non moins péremptoire : « Qu’on amplifie le bruit sur ces jeunes, que cela les étourdisse, afin qu’ils ne pensent pas, qu’ils ne décident pas par eux-mêmes, mais suivent la mode, qu’ils achètent ce que nous voulons nous, consomment les produits que nous décidons nous ».

Que faire ? Etant donné que nous ne pouvons pas aller au désert, nous devons faire un peu de désert au-dedans de nous. Saint François d’Assise nous fait à cet égard, une suggestion pratique. « Nous avons, disait-il, un ermitage toujours avec nous, où que nous allions, et chaque fois que nous le souhaitons nous pouvons nous y enfermer comme des ermites. L’ermitage est notre corps et l’âme est l’ermite qui y habite ! ». Nous pouvons entrer dans cet ermitage « portable » sans attirer l’attention de quiconque, même dans un bus bondé. Le tout est de savoir de temps à autre « rentrer en nous-mêmes ».

Que l’Esprit qui « conduisit Jésus au désert », nous y conduise également, nous assiste dans le combat contre le mal et nous prépare à célébrer Pâques, avec un esprit renouvelé !
ZF06030303

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Fée Violine
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Message non lu par Fée Violine » mer. 29 févr. 2012, 17:24

Et la méditation d'hier:
La tentation du sacrifice

Tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. ».

Psaume 39, versets 7-8

Il faut se méfier du sacrifice.
Parce que dans chacune de nos actions, nous sommes facilement tentés de faire tourner le monde seulement autour de nous. Le sacrifice devient alors une compétition avec soi-même, l’occasion de focaliser son regard sur soi, de se féliciter pour ses exploits, de se lamenter sur ses échecs. C’est le complexe de l’escargot qui s’enroule sur lui-même, et perd tout contact avec le monde extérieur.
Il faut s’en méfier aussi parce que même si nous maintenons le contact avec Dieu, si nous faisons nos sacrifices pour lui, la tentation subsiste d’une relation marchande avec lui. Dieu devient comme l’un de nos fournisseurs, il nous permet d’atteindre nos objectifs dans le domaine spirituel.

Finalement, il n’est plus qu’un distributeur de grâces, dans lequel il suffit de glisser la pièce de notre sacrifice.
Sortir de cette tentation, c’est se rendre compte que Dieu n’a pas besoin de nos sacrifices, que le sacrifice ne sert à rien. Mais un être humain ne fait-il que des choses utiles ? Parce que nous sommes créés à l’image de Dieu, nous pouvons parfois avoir envie d’actes de générosité gratuite, démesurée, qui ne cherchent pas à être rentables ni raisonnables. En devenant comme le prolongement de la générosité de Dieu, nous pouvons expérimenter la liberté de faire ce pour quoi nous sommes faits.

Anna-Lari
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Méditations pour la période de Carême

Message non lu par Anna-Lari » lun. 03 mars 2014, 17:56

« Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière, et que tu retourneras en poussières ».
Il me semble que cette phrase de la liturgie des Cendres est un rappel de notre condition mortelle. Elle nous pousse à donner notre vie : de toute façon, on doit la perdre un jour ; pourquoi ne pas la perdre pour assurer à notre âme le bonheur du Ciel, ou pour participer à l’œuvre rédemptrice du Christ ?

Bon Carême à tous.

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Re: Carême : l'homme est poussière ?

Message non lu par etienne lorant » mar. 04 mars 2014, 18:20

Merci. Cette année, j'ai presque hâte d'entrer dans le carême, en considérant le bonheur qui m'a été réservé de pouvoir, demain matin, recevoir les cendres. J'ai cette chance que beaucoup n'auront pas. Une personne de ma famille, qui travaille pourtant au secrétariat d'une institution catholique, dans l'enseignement supérieur, aurait dû prendre un jour de congé particulier pour participer à cette célébration.

Mon carême est en réalité déjà commencé depuis le 26 février, date à laquelle, en souhaitant discuter de transformations dans ma boutique, je me suis retrouvé à une table ... où j'ai été pris au piège. Non pas que je me sois laissé entraîner à boire, mais parce que j'étais sans aucune méfiance, en terrain "archi-connu": je me suis donc rendu aux toilettes en n'imaginant pas une seconde que l'on puisse "doper" mon verre en mon absence... ce qui me fut confirmé le lendemain.

Peu importe. Me sentant différent tout d'un coup, je suis rentré en hâte chez moi. Je me suis fait reconduire, car des crampes sévères au niveau des chevilles et des pieds ont vite commencé de me faire souffrir. J'ai failli appeler un service d'urgence, mais je m'en suis sorti grâce à un bain d'eau très chaude et un anti-inflammatoire. Le lendemain, je suis revenu travailler comme si rien ne s'était passé. Mais j'ai posé quelques questions et j'ai appris que je "dérangeais" avec mes "façons-de-voir"... Le changement de verre à ma table m'a été confirmé par le patron du café... qui a tout de même laissé faire.

Bref, depuis le 26 du mois dernier, je me tiens sur mes gardes à tout moment. Tous ces désagréments sont compensés d'une autre façon, par les visites d'une vieille connaissance, dont la survie dépend des allocations sociales et qui est bien au courant de tout ce qui se passe en ville. Ses services ne me coûtent quasi rien et je trouve que le Seigneur a de l'humour, puisque Christophe s'est toujours déclaré athée, mais qui se dit désormais "plutôt agnostique" - "Je ne sais pas..."

Bon carême à vous ! Ainsi qu'à toutes et tous sur le forum !
«Cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ mais bien pour les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’ëtre associés au mystère pascal ». ( Gaudium et Spes, le Concile Vatican II )

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Message non lu par Fée Violine » mer. 12 mars 2014, 13:32

Cette semaine, la Retraite dans la ville est animée par des détenus, avec l'aide d'aumôniers.
La méditation d'aujourd'hui:
La parole de Dieu


Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Évangile selon saint Matthieu, chapitre 4, verset 4

La méditation


Cette semaine, les détenus des prisons de Lille, accompagnés par le frère Franck
et l’aumônerie des prisons, nous donnent leur témoignage.


Je connais aussi mes traversées du désert.
En plus des pierres, des leurres, il m’offre Lucifer.
Mais moi, dans la détresse, je n’ai pas réfléchi.
Trop tard ! Je les ai prises, au péril de ma vie.
Comme un enfant qui n’écoute pas ses parents,
Aveuglément, j’ai voulu jouer au plus grand.
Ces pierres, ces leurres, sont devenues des fardeaux,
Au lieu de secours, ils m’ont cassé le dos.
À terre, c’est Toi seul Père, qui vient me relever.
Patient, Miséricordieux, Tu m’as sauvée.
J’ai négligé tes Paroles de vérité.
Combien de fois faudra-t-il me le répéter ?
Par amour, Seigneur, Tu nous a créés libres.
Et si les hommes ont besoin des épreuves,
Pour réaliser le bonheur à vivre,
Prends-moi la main, et permets-moi de te suivre.
De Tes Saints Commandements, je n’ai rien compris.
Enfant rebelle, pensant que d’ordres il s’agit !
Mais ils sont Lumière et font Chemin de Vie.
Seigneur, je t’en prie, accueille-moi repentie.
Vers Toi seul, Dieu, désormais, je veux me tourner.
Toute en joie, et paix, débarrassée du péché.
Toi seul est mon roc, ma forteresse,
Rien qu’un peu de foi, pour tant de richesses.
Je voudrais témoigner, mes frères, aujourd’hui,
Vous exhorter à recevoir ce don gratuit :
L’amour inconditionnel de notre Père,
Priorité absolue, Salut sur la Terre.


Méditation enregistrée dans les studios de RCF-Lille par deux aumôniers

p.cristian
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Re: carême 2014

Message non lu par p.cristian » mer. 12 mars 2014, 14:08

Bonjour,

Je voudrais partager ici mes dernières réflexions.

c'est sur un seul passage de l'évangile selon Saint Matthieu 21:18-21

Le lendemain matin, en revenant vers la ville, il eut faim. Voyant un figuier au bord de la route, il s'en approcha, mais il n'y trouva rien d'autre que des feuilles, et il lui dit : « Plus jamais aucun fruit ne viendra de toi. » Et à l'instant même, le figuier se dessécha.
En voyant cela, les disciples s'étonnèrent et dirent : « Comment se fait-il que le figuier s'est desséché à l'instant même ? »
Alors Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : si vous avez la foi et si vous ne doutez pas, vous ne ferez pas seulement ce que j'ai fait au figuier ; vous pourrez même dire à cette montagne : 'Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer', et cela se produira.


Marc 11:12-23, rajoute même que ce n'était pas la saison.
Le lendemain, quand ils quittèrent Béthanie, il eut faim.
Voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose ; mais, en s’approchant, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues.
Alors il dit au figuier : « Que jamais plus personne ne mange de tes fruits ! » Et ses disciples avaient bien entendu.
[.. passage sur l'expulsion des marchands et changeurs du temple..]
Le lendemain matin, en passant, ils virent le figuier qui était desséché jusqu’aux racines.
Pierre, se rappelant ce qui s’était passé, dit à Jésus : « Rabbi, regarde : le figuier que tu as maudit est desséché. »
Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : « Ayez foi en Dieu.
Amen, je vous le dis : quiconque dira à cette montagne : “Enlève-toi de là, et va te jeter dans la mer”, s’il ne doute pas dans son cœur, mais s’il croit que ce qu’il dit arrivera, cela lui sera accordé !


En première lecture, je trouve assez injuste de maudire un figuier qui ne produit pas de fruits surtout si ce n'était pas la saison, après tout ce n'est pas sa faute.

Alors qu'en comprendre?
Bien sûr, il faut regarder cela en fonction des événements autour, la destruction du Temple et la condamnation des pharisiens, qui utilisent les paroles saintes mais se contentent de la lettre.
Alors Jésus, parlant à la foule et à ses disciples, dit :
Les scribes et les pharisiens sont assis dans la chaire de Moïse. Faites donc et observez tout ce qu'ils vous disent ; mais n'agissez pas selon leurs œuvres.
Car ils disent, et ne font pas. Ils lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt.

(Mat 23)

En y réfléchissant, connaissant le nombre d'images sur les arbres qui produisent du fruit utilisés dans les paraboles, j'y lis une condamnation de l'orgueil (les feuilles), les fruits étant ceux que Dieu attend, l'Amour des autres.
Il n'y a pas de bon ou mauvais moment pour aider les autres, il est tellement facile de se trouver des excuses, ce n'est pas la saison, je n'ai pas le temps, ce n'est pas le bon moment.

Il est trop facile également de se cacher derrière sa pratique religieuse, de faire son quota de prière, de se congratuler d'avoir fait son devoir, parce que l'on a fait ce qu'il fallait, qu'on est allé communier quand il fallait, et fait les choses comme "il fallait". Quelqu'un sur un autre fil disait que le catholicisme n'est pas une orthopraxie. C'est vrai. Et c'est ce qui en fait la difficulté.


Je suis le carême à ma façon, mais au delà des pratiques, il convient que je m'interroge si cela va produire du fruits, ou seulement des feuilles?


edit: un point important est de cette image est que Jésus avait faim à ce moment-là: :
" Venez, les bénis de mon Père: prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde.
Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli
nu, et vous m'avez vêtu; j'ai été malade, et vous m'avez visité; j'étais en prison, et vous êtes venus à moi. "
" En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait. "
(Math 25)
Dernière modification par p.cristian le mer. 12 mars 2014, 15:17, modifié 1 fois.
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Message non lu par Fée Violine » dim. 16 mars 2014, 10:28

La méditation du jour, sur "retraite dans la ville", est si belle !
Votre corps est un temple du Saint-Esprit

Première épître aux Corinthiens, chapitre 6, verset 19

La méditation


Lorsqu’un homme est totalement donné à Dieu, totalement disponible à Dieu, et Jésus seul l’a été, cela transparaît sur son visage et dans son corps. C’est peut-être une expérience de cet ordre qui est à l’origine du récit de la Transfiguration.
Lorsque Jésus se met en prière sur la montagne, les trois disciples le voient autrement, entouré de lumière (*). La tradition chrétienne a connu, et nous peut-être aussi, des regards, des visages de saints d’où émanait à certains moments une « lumière incréée », comme le disent les orthodoxes, une lumière qui manifeste quelque chose de la vie d’union avec Dieu qui habite ce corps.
Et pourtant ce corps a tout en commun avec le nôtre. C’est dans une chair semblable à la nôtre que se manifeste la gloire de Dieu. Ce que nous pourrions prendre pour une manifestation exceptionnelle de ce qu’est cet homme unique, Jésus, est tout autant une révélation de ce qu’est le corps humain, lorsqu’il se laisse habiter par la présence de Dieu : un temple. Le temple dont parlait Jésus, c’était son corps (**), souligne saint Jean, et saint Paul en tirera pour nous les conséquences : « votre corps est un temple du Saint-Esprit ».
Ne regardons donc pas la scène de la transfiguration comme un prodige qui ne concernerait que Jésus. Osons la regarder comme la révélation de ce qu’est le corps humain dans le projet de Dieu : un temple. Mon corps est un temple, le lieu où Dieu est adoré, où il est présent. La communion au corps du Christ, à la messe, nous rappelle cela de manière particulièrement forte : le tabernacle, le lieu de la présence sacramentelle du Christ, c’est aussi mon corps après la commnunion, c’est aussi le corps de mon voisin.
Au centre de la scène, au sommet de la montagne, Jésus, le plus grand, Jésus, le Fils bien aimé, qu’il nous faut écouter. Sa transfiguration est un signe majeur de ce qui nous lie définitivement à Dieu : un corps humain a été habité par la présence de Dieu, par la lumière de Dieu. Et tous les corps de tous les hommes en ont été transfigurés. Ils y ont retrouvé leur dignité.
Et cela nous invite à percevoir, à contempler plus qu’à comprendre, que désormais, le chemin vers Dieu, ce que nous appelons la vie spirituelle, n’est pas un chemin de fuite du corps, ou d’élévation, mais un chemin d’incarnation. Comment considérer mon propre corps comme le temple du Saint-Esprit, sans mépris, mais sans effroi ? S’il est un temple, c’est qu’il n’est pas un dieu ou une idole, mais simplement le lieu où Dieu m’a rejoint en son Fils bien-aimé.




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Re: carême 2014

Message non lu par p.cristian » dim. 16 mars 2014, 22:31

http://www.missa.org/joie_parfaite.php
au-dessus de toutes les grâces et dons de l'Esprit-Saint que le Christ accorde à ses amis, il y a celui de se vaincre soi-même, et de supporter volontiers pour l'amour du Christ les peines, les injures, les opprobres et les incommodités ; car de tous les autres dons de Dieu nous ne pouvons nous glorifier, puisqu'ils ne viennent pas de nous, mais de Dieu, selon que dit l'Apôtre : « Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu de Dieu ? et si tu l'as reçu de lui, pourquoi t'en glorifies-tu comme si tu l'avais de toi-même ? ». Mais dans la croix de la tribulation et de l'affliction, nous pouvons nous glorifier parce que cela est à nous, c'est pourquoi l'Apôtre dit : « Je ne veux point me glorifier si ce n'est dans la croix de Notre-Seigneur Jésus Christ. »
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Re: carême 2014

Message non lu par Fée Violine » mar. 18 mars 2014, 12:17

La magnifique méditation d'aujourd'hui (carême dans la ville)
Mon corps est ton œuvre



La parole de Dieu
C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère, je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis

Psaume 138, versets 13-14.

La méditation


Dans le récit de la Transfiguration, il nous est dit que « le visage de Jésus en prière a resplendi comme le soleil ». Le visage, aspect éminemment humain de notre identité. Visage qui manifeste que nous sommes uniques au monde, mais en même temps visage que nous avons en commun avec tous les humains, hommes et femmes. Visage que nous avons en commun avec Jésus.
Lorsque le matin nous nous regardons dans la glace, souvent sans enthousiasme, que se passerait-il si nous nous disions : « Tiens, voilà quelqu’un qui ressemble à Jésus… » ? Il est difficile d’aimer nos proches. Plus difficile de nous émerveiller de ce qu’ils sont, que d’être obsédés par leurs défauts. Plus difficile encore de nous aimer nous-mêmes, de nous regarder nous-mêmes avec bienveillance, comme des créatures façonnées par Dieu. Le matin, pourtant, il regarde mon visage avec bonté, car mon visage lui rappelle tellement celui de son Fils.
Alors faut-il vraiment que je continue à rêver d’avoir une autre tête, ou à dissimuler mon visage derrière toutes sortes de masques ? Je ressemble au Fils, car il s’est fait homme, car son corps est l’œuvre de Dieu, comme le mien. Mon regard peut apporter dans le monde et sur moi-même un peu de la bonté qui animait le sien, car son Esprit habite en moi, parce que mon corps est le Temple de sa présence.

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Re: carême 2014

Message non lu par Fée Violine » dim. 06 avr. 2014, 21:38

La méditation du jour (et de la semaine qui commence) est du frère Manuel Rivero :

Marie, Marthe et Lazare, amis de Jésus

Il y avait un malade, Lazare, de Béthanie,
le village de Marie et de sa sœur Marthe

Évangile selon saint Jean, chapitre 11, verset 1

Béthanie, un village proche de Jérusalem. Des amis accueillent Jésus avec ses disciples. Il aime à refaire ses forces dans la douceur de l’amitié auprès de Marthe, de Marie et de leur frère Lazare. Le partage des repas devient alors l’occasion d’enseignements sur le mystère de Dieu. Jésus n’a rien d’un extraterrestre ni d’un être virtuel. Il a du cœur, des sentiments. Ses amis l’estiment et il tient à eux.
La charité est une amitié. Déjà, dans l’Ancien Testament, les prophètes sont appelés amis de Dieu. Moïse s’entretenait avec Dieu sur le mont Sinaï comme un ami parle à son ami et son visage rayonnait de la lumière du Très-Haut. S’adressant à ses disciples, Jésus les appelle amis car la connaissance de Dieu tenue secrète dès avant la fondation du monde leur est révélée. Le dialogue et l’ouverture du cœur caractérisent l’amitié. Saint Thomas d’Aquin reprend l’expérience de l’amitié humaine pour présenter la charité de Dieu. Saint Augustin voyait dans les amis « deux corps et une âme ».
Au cours d’une messe, j’ai posé cette question aux enfants : « Que faites-vous quand vous aimez quelqu’un ? » Un temps de silence. Une petite fille lève la main pour répondre : « On lui parle. » Les amis se parlent. C’est leur joie et leur récompense ! Que serait la vie sans nos amis ? Le bonheur, la douceur, la consolation dans les épreuves ne nous viennent-ils pas de nos amis ? L’amitié ne peut pas s’acheter. Elle n’aime pas le vite-fait.

Jésus prenait le temps d’échanger avec Marthe, Marie et Lazare. Son amitié ira plus loin : « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (*) Jésus ne se paye pas de mots. Ce ne sont pas des « amis » comme on les désigne trop facilement en politique ou sur Facebook !
Apprenant la maladie de Lazare, Jésus souffre déjà de la souffrance de son ami. Les épreuves font le tri entre les relations, les faux amis et les vrais amis. L’ami véritable se manifeste dans les difficultés, quand la maladie et la mort viennent rappeler la fragilité foncière de notre existence. « Je me sens comme amputé », s’exclame parfois l’ami frappé par le départ de son ami.
Jésus pleure devant le tombeau de son ami Lazare : « Voyez comme il l’aimait ! », s’exclament les voisins. Le cœur de Jésus connaît le trouble et l’émotion. Ses entrailles frémissent. Miséricorde est un mot d’origine latine qui veut dire « avoir un cœur sensible à la misère ». La miséricorde de Dieu se rend visible en Jésus de Nazareth. Agissant en faveur de son ami Lazare, Jésus annonce la résurrection de ceux qui cherchent l’amitié de Dieu.
Seigneur Jésus, nous te rendons grâce pour ton amitié. Nous te louons pour les amis que tu nous as donnés. Nous te confions nos amitiés pour qu’elles grandissent dans l’amour et la vérité et nous te prions pour nos amis malades. Envoie sur eux ton Esprit Saint et inspire en nous des gestes et des paroles d’affection à leur égard.

* Évangile selon saint Jean, chapitre 15, verset 13

Méditation enregistrée dans les studios de Radio-Dialogue à Marseille

06 Avr.
Interview du frère Manuel:
http://blog.caremedanslaville.org/linte ... 0GsnqLROzk

J'ai rencontré le frère Manuel il y a exactement un an, le 7 avril, car c'est devant lui, qui représentait le maître de l'Ordre, que je me suis engagée dans les Fraternités laïques dominicaines, à Nîmes.
Voir aussi le fil "Une mère chrétienne".

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Comment bien vivre le Carême

Message non lu par Fée Violine » dim. 22 févr. 2015, 20:42

"Vous reprendrez bien un peu de désert ? "


La parole de Dieu
Après son baptême, l’Esprit pousse Jésus au désert. Durant 40 jours, tenté par Satan.
Il était avec les bêtes sauvages et les anges le servaient.
Évangile selon saint Marc, chapitre 1, verset 12.

La méditation
Êtes-vous déjà allé dans un désert ? Le jour, il y fait très chaud ; la nuit, très froid. Rien n’y pousse, sinon des cailloux et du sable. Il y a certes de belles couleurs, matin et soir, mais le reste de la journée se passe dans un nuage de mouches et des litres de sueur. À quoi ça sert de commencer le Carême dans un désert ? Franchement !
On va au désert pour se préparer à une rencontre.
On a le temps de voir arriver celui qui vient de loin : vais-je fuir ou vais-je l’accueillir avec un cœur disponible ? Jeûner, prier et faire l’aumône, c’est mettre son corps au service du cœur, et de l’autre. C’est laisser Jésus remettre les choses à leur juste place dans ma vie. C’est l’accueillir en me bougeant un peu. Concrètement.
On va au désert pour découvrir qu’il n’est pas si désert.
Dans mon cœur, il y a Jésus poussé par l’Esprit Saint. Il y a Satan, le diviseur, le tentateur. Il y a même des bêtes sauvages et des anges. Et il y a moi qui suis déchiré entre les anges qui me rappellent que je suis fait pour la joie du ciel, et les bêtes sauvages qui me tirent vers les ténèbres. Comme des roquets, elles n’effraient que ceux qui les regardent alors je continue de marcher. La gorge un peu serrée, mais les yeux fixés sur Jésus.
On va au désert pour en sortir.
Le Carême est un temps pour atteindre la terre promise et non pour mourir la tête dans le sable comme une autruche effrayée par sa misère. Oui, quand je vois où je suis et là où Dieu m’appelle, je suis tenté d’arrêter de marcher. Mais « Dieu est fidèle : il ne permettra pas que nous soyons éprouvés au-delà de nos forces. » * Je ne suis pas appelé à être un héros mais un saint : Dieu ne me demande pas de faire des choses extraordinaires, mais des choses ordinaires en laissant son amour extraordinaire prendre toute la place dans ma vie.
Plongé dans mes pensées, j’ai oublié de lever la tête. Et voilà que je me découvre entouré d’une foule immense venue des quatre coins du monde. Sans que je m’en aperçoive, l’Esprit a poussé chaque baptisé au désert pendant ce temps de Carême. Il fallait du courage pour commencer, mais je ne suis plus seul : Jésus lui-même nous a offert sa prière pour la marche. Elle monte pas à pas vers le ciel et murmure : Notre Père.


frère Nicolas Burle, op

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Re: Comment bien vivre le Carême

Message non lu par Kerniou » lun. 23 févr. 2015, 11:35

Merci, chère Fée Violine, de nous avoir communiqué pour ce beau texte sur le désert.
" Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu , car Dieu est Amour " I Jean 4,7.

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J’ai quelqu’un dans ma vie

Message non lu par Fée Violine » jeu. 05 mars 2015, 0:06

Encore une méditation de carême du frère Burle, op (Carême dans la ville):
La parole de Dieu
Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 10.

La méditation
À Lourdes, sous la pluie, une grand-mère avec de grands yeux rieurs s’assoit à côté de moi face à la grotte.
« Vous savez, mon frère, je suis venue de loin pour dire merci au Bon Dieu et à Marie. Pendant des années, je me suis sentie coupable parce que nos enfants ne croyaient plus et nos petits-enfants n’étaient pas baptisés. Cela me rendait malheureuse et j’en avais même honte devant Dieu.
Alors, un jour, je Lui ai dit : “Écoute Seigneur : Toi, Tu peux tout. Ce que je peux faire pour Toi, je vais le faire de tout mon cœur et que ta volonté soit faite !” J’ai recommencé à prier chaque jour pour mes enfants et mes petits-enfants. Chaque dimanche, avec mon mari, nous allons à la messe pour eux. Quand ils ont des difficultés et qu’ils nous en parlent, nous leur proposons toujours de prier pour eux. Ils n’ont jamais refusé et en ont toujours été touchés. Nous avons laissé entrer Jésus au cœur de notre vie pour qu’il puisse un jour entrer dans le cœur de nos proches.
Et voilà que ma petite fille de vingt ans est venue me dire qu’elle allait demander le baptême. Elle avait un si grand sourire que j’avais du mal à la reconnaître. “Grand-mère, j’ai compris une chose en voyant les yeux de mes amis chrétiens et en pensant à toi et à grand-père. Vous avez quelque chose en commun : vous avez quelqu’un dans votre vie.” »
Alors, fixant la grotte, elle ajouta : « Il me semble, mon frère, que faire 1000 km pour dire merci au Bon Dieu et à Marie, c’était le minimum ! »

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Message de Carême 2016 du pape François

Message non lu par Guillaume C. » mar. 26 janv. 2016, 19:27

1. Marie, icône d’une Eglise qui évangélise parce qu’elle a été évangélisée

Dans la Bulle d’indiction du Jubilé, j’ai invité à faire en sorte que «le Carême de cette Année Jubilaire [soit] vécu plus intensément comme un temps fort pour célébrer et expérimenter la miséricorde de Dieu » (Misericordiae vultus, n. 17). Par le rappel de l’écoute de la Parole de Dieu et l’initiative «24 heures pour le Seigneur», j’ai voulu souligner la primauté de l’écoute priante de la Parole, plus particulièrement de la Parole prophétique. La miséricorde de Dieu est certes une annonce faite au monde: cependant chaque chrétien est appelé à en faire l’expérience personnellement. C’est pourquoi, en ce temps de Carême, j’enverrai les Missionnaires de la Miséricorde afin qu’ils soient pour tous un signe concret de la proximité et du pardon de Dieu.
Parce qu’elle a accueilli la Bonne Nouvelle annoncée par l’archange Gabriel, Marie chante prophétiquement dans son Magnificat la miséricorde par laquelle Dieu l’a choisie. La Vierge de Nazareth, promise comme épouse à Joseph, devient ainsi l’icône parfaite de l’Eglise qui évangélise car elle a été et demeure constamment évangélisée par l’œuvre de l’Esprit Saint qui a fécondé son sein virginal. Dans la tradition prophétique – et déjà au niveau étymologique – la miséricorde est étroitement liée aux entrailles maternelles (rahamim) et à une bonté généreuse, fidèle et compatissante (hesed) qui s’exerce dans les relations conjugales et parentales.

2. L’alliance de Dieu avec les hommes: une histoire de miséricorde

Le mystère de la miséricorde divine se dévoile au cours de l’histoire de l’alliance entre Dieu et son peuple Israël. Dieu, en effet, se montre toujours riche en miséricorde, prêt à reverser sur lui en toutes circonstances une tendresse et une compassion viscérales, particulièrement dans les moments les plus dramatiques, lorsque l’infidélité brise le lien du pacte et que l’alliance requiert d’être ratifiée de façon plus stable dans la justice et dans la vérité. Nous nous trouvons ici face à un véritable drame d’amour où Dieu joue le rôle du père et du mari trompé, et Israël celui du fils ou de la fille, et de l’épouse infidèles. Ce sont les images familières, comme nous le voyons avec Osée (cf. Os 1-2), qui expriment jusqu’à quel point Dieu veut se lier à son peuple.
Ce drame d’amour atteint son point culminant dans le Fils qui s’est fait homme. Dieu répand en lui sa miséricorde sans limites, au point d’en faire la «Miséricorde incarnée» (Misericordiae Vultus, n. 8). En tant qu’homme, Jésus de Nazareth est fils d’Israël dans le plein sens du terme. Il l’est au point d’incarner cette écoute parfaite de Dieu demandée à tout Juif par le Shemà qui constitue, aujourd’hui encore, le cœur de l’alliance de Dieu avec Israël: « Ecoute, Israël: le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces» (Dt 6, 4-5). Le Fils de Dieu est l’Epoux qui met tout en œuvre pour conquérir l’amour de son Epouse. Il lui est lié par son amour inconditionnel qui se manifeste dans les noces éternelles avec elle.
Ceci constitue le cœur vibrant du kérygme apostolique où la miséricorde divine tient une place centrale et fondamentale. Il est «la beauté de l’amour salvifique de Dieu manifesté en Jésus-Christ, mort et ressuscité» (Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 36), cette première annonce «que l’on doit toujours écouter de nouveau de différentes façons, et que l’on doit toujours annoncer de nouveau durant la catéchèse» (Ibid., n. 164). La miséricorde alors «illustre le comportement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle possibilité de se repentir, de se convertir et de croire» (Misericordiae vultus, n. 21), restaurant vraiment ainsi la relation avec Lui. En Jésus Crucifié, Dieu veut rejoindre l’homme pécheur jusque dans son éloignement le plus extrême, précisément là où il s’est égaré et éloigné de Lui. Et ceci, il le fait dans l’espoir de réussir finalement à toucher le cœur endurci de son Épouse.

3. Les œuvres de miséricorde

La miséricorde de Dieu transforme le cœur de l’homme et lui fait expérimenter un amour fidèle qui le rend capable d’être, à son tour, miséricordieux. C’est à chaque fois un miracle que la miséricorde divine puisse se répandre dans la vie de chacun de nous, en nous incitant à l’amour du prochain et en suscitant ce que la tradition de l’Eglise nomme les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Elles nous rappellent que notre foi se traduit par des actes concrets et quotidiens, destinés à aider notre prochain corporellement et spirituellement, et sur lesquels nous serons jugés:le nourrir, le visiter, le réconforter, l’éduquer. C’est pourquoi j’ai souhaité que «le peuple chrétien réfléchisse durant le Jubilé sur les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles. Ce sera une façon de réveiller notre conscience souvent endormie face au drame de la pauvreté, et de pénétrer toujours davantage le cœur de l’Evangile, où les pauvres sont les destinataires privilégiés de la miséricorde divine» (Ibid., n. 15).
Dans la personne du pauvre, en effet, la chair du Christ « devient de nouveau visible en tant que corps torturé, blessé, flagellé, affamé, égaré… pour être reconnu par nous, touché et assisté avec soin» (Ibid.). Inouï et scandaleux mystère qui prolonge dans l’Histoire la souffrance de l’Agneau innocent, buisson ardent brûlant d’un amour gratuit, et devant lequel nous ne pouvons, à la suite de Moïse, qu’ôter nos sandales (cf.Ex 3,5); et ceci plus encore quand ce pauvre est notre frère ou notre sœur en Christ qui souffre à cause de sa foi.
Face à cet amour, fort comme la mort (cf. Ct 8,6), le pauvre le plus misérable est celui qui n’accepte pas de se reconnaître comme tel. Il croit être riche mais, en réalité, il est le plus pauvre des pauvres. Et s’il est tel, c’est parce qu’il est esclave du péché qui le pousse à user de la richesse et du pouvoir non pas pour servir Dieu et les autres, mais pour étouffer en lui l’intime conviction de n’être, lui aussi, rien d’autre qu’un pauvre mendiant. D’autant plus grands sont le pouvoir et les richesses dont il dispose, d’autant plus grand est le risque que cet aveuglement devienne mensonger. Il en vient à ne même plus vouloir voir le pauvre Lazare qui mendie à la porte de sa maison (cf. Lc 16, 20-21), figure du Christ qui, dans les pauvres, mendie notre conversion. Lazare est cette opportunité de nous convertir que Dieu nous offre et que peut-être nous ne voyons pas.
Cet aveuglement est accompagné d’un délire orgueilleux de toute-puissance, dans lequel résonne, de manière sinistre, ce démoniaque «vous serez comme des dieux» (Gn3,5), qui est à la racine de tout péché. Un tel délire peut également devenir un phénomène social et politique, comme l’ont montré les totalitarismes du XXème siècle, et comme le montrent actuellement les idéologies de la pensée unique et celles de la technoscience qui prétendent réduire Dieu à l’insignifiance et les hommes à des masses qu’on peut manipuler. Ceci, de nos jours, peut être également illustré par les structures de péché liées à un modèle erroné de développement fondé sur l’idolâtrie de l’argent qui rend indifférentes au destin des pauvres les personnes et les sociétés les plus riches, qui leur ferment les portes, refusant même de les voir.
Pour tous, le Carême de cette Année jubilaire est donc un temps favorable qui permet finalement de sortir de notre aliénation existentielle grâce à l’écoute de la Parole et aux œuvres de miséricorde. Si à travers les œuvres corporelles nous touchons la chair du Christ dans nos frères et nos sœurs qui ont besoin d’être nourris, vêtus, hébergés, visités, les œuvres spirituelles, quant à elles, – conseiller, enseigner, pardonner, avertir, prier – touchent plus directement notre condition de pécheurs. C’est pourquoi les œuvres corporelles et les œuvres spirituelles ne doivent jamais être séparées. En effet, c’est justement en touchant la chair de Jésus Crucifié dans le plus nécessiteux que le pécheur peut recevoir en don la conscience de ne se savoir lui-même rien d’autre qu’un pauvre mendiant.
Grâce à cette voie, « les hommes au cœur superbe », « les puissants » et « les riches », dont parle le Magnificat ont la possibilité de reconnaître qu’ils sont, eux aussi, aimés de façon imméritée par le Christ Crucifié, mort et ressuscité également pour eux. Cet amour constitue la seule réponse à cette soif de bonheur et d’amour infinis que l’homme croit à tort pouvoir combler au moyen des idoles du savoir, du pouvoir et de l’avoir. Mais il existe toujours le danger qu’à cause d’une fermeture toujours plus hermétique à l’égard du Christ, qui dans la personne du pauvre continue à frapper à la porte de leur cœur, les hommes au cœur superbe, les riches et les puissants finissent par se condamner eux-mêmes à sombrer dans cet abîme éternel de solitude qu’est l’enfer. C’est alors que résonnent à nouveau, pour eux comme pour nous tous, les paroles ardentes d’Abraham : «Ils ont Moïse et les Prophètes, qu’ils les écoutent!» (Lc 16,29). Cette écoute agissante nous préparera le mieux à fêter la victoire définitive sur le péché et sur la mort de l’Epoux qui est désormais ressuscité, et qui désire purifier sa future Épouse dans l’attente de son retour.
Ne laissons pas passer en vain ce temps de Carême favorable à la conversion! Nous le demandons par l’intercession maternelle de la Vierge Marie, qui, la première, face à la grandeur de la miséricorde divine dont elle a bénéficié gratuitement, a reconnu sa propre petitesse (cf. Lc 1,48) en se reconnaissant comme l’humble Servante du Seigneur (cf. Lc 1,38).

Du Vatican, 4 octobre 2015
Fête de Saint-François d’Assise
FRANCISCUS

http://fr.zenit.org/articles/message-de ... -francois/
Il n'y a qu'une Église, une par l'unité de la doctrine comme par l'unité du gouvernement, c'est l'Église catholique (Léon XIII, lettre Testem benevolentiæ sur la condamnation de l'américanisme)

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C'est Carême!

Message non lu par Fée Violine » mer. 10 févr. 2016, 22:19

Carême 2016

La première méditation du Carême dans la ville 2016, par le Frère Jean-Luc-Marie Fœrster op, du Couvent de Poitiers :
Commence par t'asseoir •

La parole de Dieu

« Qui de vous, s’il veut bâtir une tour,
ne commence par s’asseoir ? […]
Quel est le roi qui, partant en guerre,
ne commencera par s’asseoir ? »
Évangile selon saint Luc, chapitre 14, versets 28 et 31

La méditation
Avant de partir à la guerre ou de construire une tour, dit Jésus, dans deux petites paraboles, commence par t’asseoir. Pour mieux peser la décision à prendre.
Peut-être est-ce ce qu’il nous faut faire, là, aujourd’hui, en ce début de carême. Pourquoi se lancer dans une démarche de retraite ? Jésus nous invite dans l’évangile de ce mercredi des Cendres à vivre ce temps sous le signe du partage, de la prière et du jeûne. C’est concret. Pourquoi y aurait-il besoin de faire plus ?
Pourquoi prendre un temps quotidien de retour sur soi en suivant cette retraite ?
Eh bien, d’abord parce que ce retour sur soi est avant tout un retour vers ce Dieu que Jésus nous invite à découvrir comme son Père et notre Père. Notre retraite n’est donc pas une invitation à se recueillir, mais à accueillir. Quel sens cela aurait-il de faire l’aumône si je n’accueille d’abord celui ou celle qui me tend la main ? De prier si je n’accueille pas le Dieu qui vient faire sa demeure en moi ? Et de jeûner si je ne m’accueille pas moi-même, dans une démarche de réconciliation souvent nécessaire et même urgente, avec ce que je suis.
On mène souvent une vie de fou. Entrer dans une démarche de retraite, c’est prendre le temps de se poser, de faire silence, de se mettre à l’écoute de sa parole. Une parole pour me découvrir ou me redécouvrir. Non seulement homme ou femme à la dignité unique et incomparable, non seulement croyant en Dieu. Mais redécouvrir que je suis aimé de Dieu. Avec tout ce que je suis, avec tout ce que je fais ou ne fais pas, je suis aimé. Comme ça. Gratuitement. Inconditionnellement. Aimé. Bien aimé.
Quels que soient les déserts de ta vie, c’est maintenant le temps ; « Entre et ferme la porte derrière toi !* » Assieds-toi et entends la voix du Seigneur te murmurer : « C’est la miséricorde que je veux ** ». Ta retraite a commencé. Bonne route.

* Évangile selon saint Matthieu, chapitre 6, verset 6.
** Livre d’Osée, chapitre 6, verset 6.
Méditation enregistrée dans les studios de RCF Poitiers.

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