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Bonjour Cinci, Héraclius et Teano,
Jésus en croix, reprenant le Psaume 22, s’est écri’ : « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » J’ai écrit que ces paroles sont claires et non interprétables. Mais si vous pensez le contraire, dites-moi comment vous les interprétez. En tout cas vous ne pouvez pas me dire, comme hélas je l’ai déjà entendu, que Jésus n’a pas été abandonné de Dieu.
Il ne l’a été que pendant les trois heures sombres de la sixième à la neuvième heure pendant lesquelles le Christ s’est trouvé privé de la bienheureuse communion de son Père dans laquelle il avait toujours vécu. C’est pourquoi Jésus n’a pas pu l’appeler Père : la Parole est précise. Pendant ces heures ténébreuses, il n'a pas affaire avec le Père comme tel, mais avec Dieu, le saint et juste juge, qui se doit de juger et de punir le péché. Le Christ est abandonné et éloigné de son Dieu, sous le poids écrasant de nos péchés, dans les angoisses de l’inexorable obscurité. Si Christ n'avait pas été véritablement homme, tout cela ne nous aurait servi à rien; et s'il n'avait pas été Dieu, il manquerait à son sacrifice ce qui lui donne cette valeur infinie, la valeur de sa personne. Mais il n’en est pas moins vrai que pendant ce temps tout particulièrement, Dieu a trouvé son plaisir en lui. En effet n'oublions pas que Jésus, tout en portant nos péchés et subissant en conséquence l'abandon de Dieu, est en ces moments une odeur agréable, un sacrifice acceptable pour le cœur de Dieu, comme l'homme obéissant et parfait, manifestant un dévouement volontaire jusqu'à la mort et une parfaite obéissance à la volonté divine.
Oui, Dieu était là, non seulement comme Celui qui approuvait ce qui était bon, mais comme Juge de tout le mal qui était placé sur cette tête bénie. C'était Dieu abandonnant le Serviteur fidèle et obéissant; pourtant il était Son Dieu: cela ne devait et ne pouvait jamais être oublié. En raison des nécessités inéluctables de l’expiation, Dieu n’a pas pu répondre immédiatement au cri déchirant de son fils crucifié. Mais Dieu a répondu à son Fils bien-aimé, comme il le pouvait, en le couvrant de gloire dans les radieuses splendeurs de la résurrection. Dieu a délivré le Saint et le juste de la puissance de la mort qui le transperçait. Dieu a sauvé le Christ des profondeurs de la mort dans laquelle il était entré. Et la mort n’a pas pu retenir le Seigneur dans son sein.
A la fin des trois heures sombres, alors que Jésus a pu dire « c’est accompli », il a retrouvé la communion avec son Père, en disant : « Père entre tes mains je remets mon esprit ».
J’admets que ces considérations touchent et même dépassent l’indicible. On ne peut en parler que les pieds déchaussés et en prenant garde de ne pas pénétrer à l’intérieur de l’arche. Si j’ai par inadvertance employé des expressions inappropriées, j’accepterais volontiers que vous me corrigiez dans l’esprit du lavage des pieds. Il n’en est pas moins vrai que le Christ a été, pendant ces trois heures, abandonné de Dieu. Il n’en a pas, pour autant, abandonné sa divinité, lui l’homme parfait. La Trinité n’est en aucun cas remise en cause par son sacrifice.
A présent je voudrais insister sur le « pourquoi » de son adresse à Dieu : pourquoi m’as-tu abandonné ? Christ le savait en fait parfaitement. A ce cri, sans hésitation, le cœur du croyant répond quant à lui : c'est pour moi! Avons-nous été à la croix par la foi pour entendre ce cri, et avons-nous dit: C'est pour moi que Christ était abandonné de Dieu! Il portait le jugement que j'avais mérité!
Dans la première partie sur la croix, il est mon substitut. Je ne puis venir en jugement, puisqu'Il a été jugé à ma place; il a été mon remplaçant sous la colère de Dieu que j'avais méritée. S'il n'avait pas souffert pour moi, la face de Dieu m'eût été cachée à toujours. Toutes les vagues de Son courroux passèrent sur Lui, au lieu de m'atteindre, et c'est en cela que mon âme trouve le repos. Ce n'est pas une simple théorie pour le croyant que cette délivrance de toute condamnation; c'est une réalité vivante, mais ce n'est qu'une partie de la bénédiction qui découle de l'oeuvre de la croix: S'Il a été fait péché pour nous, c'est «afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui.»
Héraclius vous écrivez :
Grand-Prêtre selon l'Ordre de Melchisédek est certes l'agneau divin offert au sacrifice, mais aussi le sacrificateur lui-même. C'est le Fils qui tient le couteau sacrificiel, qui fais couler Son sang salvifique, pas le Père.
Votre première phrase est exacte. La seconde ne l’est que partiellement. Il y eu un plein accord de toute la déité dans l’œuvre de la croix.
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