Bonsoir Christophe,
La Cité catholique n'a pas vocation à suppléer à la sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Et, en toute franchise, il semble que nos compétences théologiques sont très largement insuffisantes pour que nos réflexions fassent autorité.
Je suis tout à fait consciente que notre discussion ne pourrait remplacer celle de théologiens. Cependant, il me semble que chaque homme a un certain devoir de chercher la Vérité et d’essayer de s’en rapprocher, même s’il ne fait pas partie de la Sainte Congrégation pour la doctrine de la Foi. C’est clair que cet organisme serait de loin plus compétent pour définir précisément l’orthodoxie de certains points, mais quand, en tant que catholique, je cherche à suivre l’enseignement du Christ à la lumière de la Révélation et me trouve en porte-à-faux avec les directions concernant des vérités importantes données par les évêques et même le pape parfois, je me sens un peu obligée de chercher, d’étudier et de prier, même en tant que simple fidèle, car c’est Dieu et son enseignement qui doivent être la base de la foi, une foi soutenue par l’Eglise et le reflet de sa doctrine dans la bouche de la hiérarchie, mais quand les reflets semblent venus d’un miroir déformant, tout catholique est en droit et je dirais même devrait se poser la question du que devons-nous croire, devons-nous adhérer à ces nouveaux principes. Il me semble que ça dépasse le cadre de la confiance qu’il faudrait pouvoir donner entièrement à la Sainte Congrégation pour la doctrine de la foi, qui devrait donner un éclairage aussi aux autres organisme comme celui pour l’œcuménisme ou l’Unité .
Il me semble de plus que sur le strict contenu des textes de Vatican 2 avec une interprétation à la lumière e la Révélation et dans un esprit catholique nous ne soyons pas très loin de l'accord en tout cas, je suis en accord avec quasiment toutes les propositions de Vexilum Regis. Le problème reste donc pour moi l'interprétation qu'on en fait actuellement qui est parfois possible en partant de phrases de Vatican 2, mais qui alors n'est plus en lien avec la Révélation.
1] Faut-il proclamer davantage les vérités communes que les dogmes qui posent problèmes?
Ce n'est pas une position théologique mais pastorale et n'est donc en rien contraire à la foi catholique.
Je suis d'accord s'il s'agit d'une façon d'approcher les non-catholiques en partant de ce qu'ils connaissent déjà ou qu'ils croient déjà d'une façon partielle. Mais il me semble que prfois la tendance est à un chacun chez soi et chacun se respecte. Le respect est essentiel mais doit aboutir par le souci pour le salut du prochain et un devoir de charité envers lui à essayer de le ramener au sein de l'Eglise. Il ne faut pas oubier que seule la religion catholique est divine par essence et qu'elle a vraiment les moyens de conduire à Dieu. pour en venir au fait, je pensais par exemple à Assisse où, tout en ne jugeant pas l'intention du pape, le rassemblement de toutes les religions sans hiérarchie a profondément troublé l'esprit des gens. Toutes ces religions n'étant vues que comme autant de moyens de parvenir à Dieu et présentées l'une après l'autre sur un pied d'égalité. Pourquoi se convertir si au fond nous prions comme tous les autres et pouvons autant nous sauver par notre religion? Cet acte officiel de l'Eglise n'a pas été sans conséquence à mon avis sur l'évangélisation et l'état d'indifférentisme de beaucoup actuellement.
Concernant la conversion de toutes les religions, je pensais à l'idée qui maintient que la religion catholique doit avancer vers un état plus parfait comme les autres religions qui ne sont peut-être pas aussi avancées que l'Eglise catholique, mais qui tendent vers le même but. Il y a souvent mélange entre la conversion nécessaire de chacun, le catholique en essayant d'être plus fidèle au Christ, le non-catholique en venant à la religion catholique qui lui donnera le salut dans l'Amour de Dieu, et le perfectionnement de la religion. Cela revient à un point déjà débattu. A mon avis la religion catholique est déjà divine et ne manque de rien en elle-même, elle est déjà aboutie en quelque sorte, même si les hommes ne la suivent souvent qu'imparfaitement. Il me semble donc incorrect de prétendre la nécessité d'un perfectionnement ou d'un évolution de la foi catholique dans son essence.
Pour l'oecuménisme humanitaire, je soutiens tout à fait votre position par rapport au combat pour la paix dans le monde et l'Eglise se doit d'être le témoin de la charité du Christ. Cependant, si c'est un but pastoral important, elle ne doit pas pour cela mettre à l'ombre la premières de ses fonctions qui est d'annoncer le Christ. Certes, il faut chercher une harmonie entre les civilisations et à restreindre leurs confrontations en faisant d'elles un trésor particulier à chaque peuple mais aussi enrichissant pour tous. Cependant, dans l'activité missionnaire, certains ont tendance actuellement à mélanger religion et civilisations. Le respect des civilisations étrangères ne devraient pas impliquer à mon avis l'intégration de coutumes religieuses addressés à d'autres divinités dans le culte catholique. Différence de culture et partage oui, mais cela me semble un peu différent du partage des religions, puisque Dieu entre en ligne de compte avec le culte qu'Il a demandé aux hommes de Lui adresser.
Quant à la participation active des catholiques à un culte d'une autre religion, je ne connais pas non plus le texte exact du droit canon. Il me semble pourtant que le premier commandement et l'exemple des premiers chrétiens est assez clair. C'est pour cela que je ne peux que regretter l'attitude du St Père dans certains de ses voyages pastoraux où en tant que catholique, je me sens émue par son zèle infatiguable, mais aussi peinée, douloureusement peinée par certains actes officiels et donc en vitrine pour une grande partie du monde et qui me semblent pas dans la ligne de la religion catholique et du respect à Dieu, l'unique Seigneur.
Bonsoir Vexilum Regis,
Il est vrai que les éléments historiques que vous avez cité semblent présenter des ressemblances de formulation avec les textes de Vatican 2.
Laissez-moi cependant douter, non pas de leur historicité mais de la similarité de la situation avec l'époque actuelle. De fait, je ne me sens pas du tout opposé à un oeucuménisme catholique. Tous les hommes étant crée par le même Créateur et destiné au bonheur du même Dieu, il est normal qu'il y ait des essais de rapprochements entre les hommes et tout spécialement depuis que, par la Révélation, ils ont reçu une Eglise qu'ils doivent faire connaître pour mener à l'Amour de Dieu, à celui du prochain et au bonheur éternel offert à chacun. Dieu, qui est inscrit tout au fond du coeur de chaque homme, est celui que chacun recherche, mais certaines religions ont déformés son visage et son enseignement et il n'y a pas égalité dans les différentes manières de le professer. Ayant connaissance d'autres textes du Grégoire VII, je sais que son enseignement était fort éloigné d'un relativisation des religions. Aujourd'hui, même si elle n'est pas écrite textuellement dans le texte de Vatican 2, je ne crois pas que l'on puisse affirmer que cette relativisation n'a pas lieu à travers les différentes orientations oeucuméniques où il s'agit plus de reconnaissance mutuelle que véritablement de vie en commun et de conversion. "Il vaut mieux un bon juif qu'un mauvais chrétien" a dit en substance certain évêque chargé de missions oeucuméniques, dans cette orientation-là, je ne puis accepter ce point de vue.
Je crois qu'il reste à voir dans quelle mesure la collaboration avec les autres religions est productive. A mon avis, elle l'est dans la reconnaissances des richesses culturelles, scientifiques..., je pourrais citer les chorals de Bach chez les protestants, St Thomas reconnaissant le génie d'Aristote et bien d'autres encore. Il est aussi bon de reconnaître la bonne volonté et la grandeur des actions des personnes d'une autre religion, sans, pour autant en faire découler les fruits de la religion suivie. Ces richesses et ces actes là sont toujours en quelque sorte inspirées de Dieu, car tout bien vient de Lui et les catholiques les reconnaissent. Mais il faut se garder d'en faire un amlagame avec les richesses religieuses dans le sens strict et non culturel. Il me semble aussi que cet amlagame-là a souvent lieu aujourd'hui où la participation à un culte non-catholique a tendance à se transformer en une sorte de démonstration de son ouverture ou d'élargissement de son horizon spirituel...
Je pense en effet qu'il est intéressant de se nourrir de l'histoire, non pour s'y accrocher mais pour tirer leçon des évènements et comprendre certaines réalités que nous avons oublié peut-être aujourd'hui. La religion catholique prêche la charité mais cela ne doit pas empiéter sur son devoir de dire la Vérité. Assise était-elle une manière efficace par rapport aux hommes et légitime par rapport à Dieu de répandre l'enseignement du Christ? En sortant du contexte strictement oeucuménique, faut-il baisser les bras par rapport à l'avortement ou à l'homosexualité par exemple et faire des concessions pour ne pas se sentir en opposition avec la société libérale où nous vivons? Je crois qu'il y a un certain devoir d'affirmation de la Vérité qui aujourd'hui est négligé par nombre de pasteurs. La Vérité est-elle un empêcheemnt à la Charité? Je ne crois pas et pourtant, avec un grand V, elle a tendance à devenir synonyme d'intolérance, même dans les milieux catholiques.
Une partie d'une réflexion d'un théologien bien connu : Jean Rigal - tirée de la revue JONAS N°32."Aucune confession chrétienne ne détient, à elle seule, toute la vérité, mais chacune y participe pour sa part, et en détient même parfois une parcelle qui lui est propre. Vatican II reconnaît le fait: parmi les élèments et les biens qui constituent l'Eglise, - plusieurs, et même beaucoup et de grande valeur, peuvent exister en dehors des limites visibles de l'Eglise catholiques" Unitatis redintegratio N° 3
Je ne reviens pas sur cette intervention, mon père, partageant tout à fait la réponse de Vexilum Regis.
Bonne soirée à tous
Cordialement
Amica